9.
HELLLOOOOWWWWWWW YOUUUUUUUUUU !
Je ne parle pas, je vous laisse juste lire le chapitre...
On se retrouve à la fin. 😎
PS : Faites-moi plaiz', commentez, aimez et kiffez (c'est la même chose, nous sommes d'accord).
***
(NDA : À ÉCOUTER AVEC "THE END OF LOVE" DE FLORENCE+THE MACHINE, EN BOUCLE )
Billie Fernandez
Les applaudissements d'Edna parviennent à attirer mon attention vers elle, ce qui me détourne de mon envie de les buter un par un.
Certaines personnes se lancent déjà dans leur cinéma des larmes aux yeux, avec encore sur eux, les derniers vestiges du mariage.
Mais je ne tomberai pas dans le piège.
Edna se poste à côté de moi et laisse échapper un rire qui me fait frissonner. Je ressens son envie de tout foutre en l'air et de les faire payer autant que moi. Cette colère et ce choc qui me ronge est comme un poison puissant.
J'ai vraiment envie de les tuer.
— Lequel on tue en premier ? me demande-t-elle. Évidemment, on finira par la grande Jessica Shawn, car elle, au moins, elle a eu la décence de nous dire la vérité ! vocifère-t-elle à bout de nerf. Que dis-je, ce n'était pas toute la vérité, car elle était tenue au secret professionnel.
— Écoutez Billie et Edna, lance-t-elle, les choses ...
— Ferme ta putain de gueule ! hurlé-je à mon tour. Le jeu nous appartient à présent. Asseyez-vous !
Ils se regardent entre eux mais en particulier, lui, qui nous fixe sans ciller.
— J'ai dit « ASSIS » ! répété-je hors de moi.
— Vous feriez mieux de l'écouter, ajoute Edna avant de m'imiter en pointant l'arme, que j'avais certainement posé sur le tableau de bord de l'autre côté de la salle.
À présent, nous avons toutes les deux, les armes tendus.
La tension est à son comble.
Ça se voit bien qu'ils ont peur de ce que l'on peut faire ... ou ne pas faire.
— Faites ce qu'on vous dit, dit-elle entre ses dents.
Ils finissent par s'asseoir autour de la table. L'une des personnes sanglote et j'ai juste envie de la secouer pour lui dire d'arrêter son jeu d'acting merdique.
C'était trop facile de pleurer. C'était trop tard !
C'était fini.
— Bien, lancé-je. Moi, je propose qu'on sache rapidement toute l'histoire et qui est à la tête de toute cette merde.
— La personne qui est à la tête de tout ça, n'est même pas là. Et, je te rappelle que ton père en fait parti, répond-t-il.
Il avait un air sacrément hautain alors qu'il devrait se taire. Étrangement, il n'est plus aussi beau. Il me dégoute même.
Néanmoins, je pouvais enfin voir son vrai visage.
D'ailleurs, Edna s'approche de lui et plante son arme sur son front. Il tressaille mais maitrise sa personne. Ils se fusillent du regard et je ressens le désarroi et la peine qu'Edna ressent. Tellement de colère la baigne et l'habite. C'est limite si elle ne se laisse pas couler pour éviter d'apprendre le pire.
— Je ne te permets pas de lui parler comme ça, dit-elle d'une voix si calme qu'elle n'avait rien de positive.
C'est même un mauvais présage.
Et j'avais raison, car avec la crosse de son arme, elle lui flanque un coup et sa tête pivote telle un pantin.
Les autres bondissent de leur chaise pour l'aider, mais j'appuie à nouveau sur la gâchette, toujours aussi menaçante et sérieuse.
— Vous bougez, j'en tue un ! Je n'en ai plus rien à foutre.
Ils se rassoient et Edna attrape la tête de ce traître qui saigne de la bouche.
— Je devrais te tuer. Pour ce que tu m'as fait. Tu le sais ça ? Si Billie et moi, tuons, nous serons à 100 % de notre capacité.
Il ricane et Edna resserre son emprise, pleine de rage qu'elle parvient à contrôler d'une certaine façon.
— Je sais, Edna. Tu ne m'apprends rien. Qu'est-ce que vous attendez ? Laissez les implants prendre le contrôle pour que tout le monde soit sauvé ...
— Qu'est-ce que tu racontes ? Ce n'est pas le but. Elles peuvent atteindre les 100 % sans tuer. Elles ne sont pas ...
— Quoi ? Elles ne sont pas quoi, Amiri ? Des meurtrières ? Sincèrement, j'en doute à présent, parce que tout ce que je veux à cet instant, c'est te tuer de mes propres mains, hurlé-je. Comment tu as pu nous faire ça ? Tu étais notre meilleure pote !
Elle parait choquée par mes propos et ses yeux se bordent davantage de larmes. Elle s'apprête à répondre, mais je l'arrête aussitôt, car je ne veux rien savoir.
— Et arrête de pleurer s'il te plait ! Ça ne marche pas. Tu nous répugne plus qu'autre chose...
— Et toi, tu prends clairement la confiance Billie Jean, intervient Edward qui se lève. Tu te la joues Tomb Raider, parce que tu tiens une arme à la main, alors que tu es ridicule dans ta robe médicale là ! Redescendez un peu qu'on vous explique ce qu'il se passe. Vos esprits s'échauffent pour rien et la situation est chaotique là.
Je ne sais pas ce qu'il me prend, mais j'appuie sur la gâchette et la balle part.
Tout le monde me regarde, tétanisés et moi, tout ce que je veux, c'est qu'on en finisse au plus vite.
— Ferme ta bouche au plus vite et pose ton petit cul de merde sur la chaise, Edward Cullen de mes deux. Je n'ai aucune patience à cet instant, alors tu gardes tes commentaires pour toi. T'es vraiment un vampire dans le fond.
Il est tout simplement abasourdi et se tient l'oreille comme si je l'avais touché, alors qu'il n'en était rien. La balle l'avait frôlé pour aller se loger dans le mur.
Et il abdique sans broncher, à présent, totalement choqué.
Edna ne l'est pas et reporte son attention sur sa victime.
— Qui est le chef ? lui demande-t-elle.
— Ce n'est pas à moi te le dire, répond-t-il.
Elle lui flanque un nouveau coup beaucoup plus fort et sa tête pivote encore une fois.
Puis, elle l'attrape par le col de sa chemise avec force que son visage vire au cramoisi.
— Qui est le chef ? réitère-t-elle.
— Va.Te.Faire.Foutre, Edna.
Un autre coup s'abat sur lui et Jessica décide d'intervenir encore une fois.
— S'il te plaît, Edna. Je vais te le dire. Tu vas le tuer, si tu continues. Ta force est bien plus supérieure qu'à la normale.
— Sans blague ! commenté-je.
Elle me lance un bref regard qu'elle détourne aussitôt pour regarder de nouveau Edna qui respire fortement.
Je ressentais tout ce qu'elle ressentait à cet instant. Je comprends cette trahison envahir tout son être.
Parce qu'il est là, lui aussi... Il m'a lui aussi trahi.
— Qui est le chef ? questionne-t-elle encore une fois.
— Nous ne le sommes pas, répond Jessica. Nous travaillons tous pour le programme. Nous sommes tous responsables de son relancement. Mais Gideon n'est absolument pas le chef. Crois-moi.
Edna fixe Gideon qui a la bouche en sang et qui ne la lâche pas du regard.
« Elle devrait le tuer. Il lui a brisé le coeur. Ça sera parfait.... ».
Et ma voix intérieure n'avait pas si tort que ça. Gideon n'était plus Gideon. Il n'avait pas la tête de celui qu'on connaissait. Et c'était son vrai visage. Rien de rassurant, de mignon ou de doux n'émanait de lui.
Juste de la froideur.
L'amour que je voyais dans son regard, lorsqu'il regardait Edna, n'y était plus. Il n'y avait plus rien du tout. Ou peut-être, qu'il n'y avait jamais rien eu.
Edna le relâche violemment qu'il faillit tomber de sa chaise et l'un des autres membres du programme décide d'intercéder à son tour.
— On comprend votre choc, commence-t-il en m'observant car mon arme était dans sa direction, mais nous le sommes aussi. Ce qu'il s'est passé ce soir, est juste incompréhensible. Ça ne devait pas arriver, je vous le jure. Comme vous le savez, il y a une taupe parmi nous et c'est cette personne qui a dû balancer des informations aux membres de l'Ordre Suprême, car c'est clairement leur acte !
— Douglas, rétorque Gideon, arrête ...
— Non ! Elles ont le droit à la vérité aussi dure soit-elle. Je vous l'avait dit que ça se finirait mal cette histoire. Je vous l'avait bien dit que nous devions les informer plus tôt ! Je suis responsable, comme tous les autres, mais toi et le Chef, vous êtes encore plus responsables que nous ! s'écrit-il en colère. Tous ces morts, c'est de votre faute.
Gideon le lorgne, sans rien dire et je vois bien qu'il se retient de lui balancer une réplique tranchante, mais il ne le fait pas.
— Douglas a raison, déclare Brittany qui n'avait rien dit depuis le début. Nous aurions dû tout leur dire. Nous sommes désolés, Billie et Edna, même si ça n'effacera jamais votre douleur.
Douglas se lève et Edna dirige son arme vers lui tandis que la mienne tremble un peu.
C'est l'effet « Douglas » ça.
Bordel de merde, je ne devais pas laisser place à mes sentiments précaires. De toute façon, c'était un beau salaud. Je n'aurais jamais dû lui faire confiance. C'était trop beau pour être vrai qu'il s'intéresse à une fille comme moi.
Maintenant, je prends conscience que tout ça a été une mise en scène que ce soit du côté de Douglas, de Gideon ou des autres. Ils se connaissaient tous ! Et dire, que nous avions fait des présentations alors que ...
Tss, je ne savais pas si je pouvais être plus en colère que je ne l'étais déjà.
Néanmoins, je me sens perdre mes moyens face à ses yeux que j'aime tant. Mais, je dois me ressaisir, car il m'a trahi, il m'a menti.
Ils nous ont tous menti : Amiri, Edward, Douglas, Brittany, Jessica et Gideon, ici présent.
— Vous êtes tous des sacrés salauds. Même le mot est faible. Comment vous avez pu nous faire ça ? Comment ? questionné-je presque au bord de la folie.
— Je suis celui qui a installé le pop-up sur ton ordinateur, avoue Edward, très calmement.
J'écarquille des yeux et je ressens le choc d'Edna. Elliott avait donc raison sur ce pop-up. C'était bien une personne proche de nous qui l'avait installé.
— Quoi ? Tu es la raison de tout ça ? m'exclamé-je, ulcérée.
— En partie. C'était juste un pop-up d'activation, explique-t-il.
— On se connait tous un peu près depuis quelques temps, ajoute Brittany. Tout a été mis en scène, les filles. Encore une fois, nous sommes désolés. J'ai fait exprès de provoquer la bagarre avec Edna pour l'aider à augmenter la puissance de l'implant. Mais ... je ne te veux pas du mal, Edna. Je t'ai toujours apprécié, dit-elle en esquissant un léger sourire. Et je suis fière que vous soyez l'image du programme Girl Power.
Je tombe de haut, tout comme Edna qui doit se dire que sa collègue de travail qu'elle détestait n'était pas si mauvaise que ça. Elle était même bienveillante envers nous.
— Puisque nous sommes aux révélations, soupire Douglas, je suis celui qui a implanté ton implant, Billie. Et Aaron est celui qui l'a fait chez Edna, dans différents cafés, mais en même temps. C'était pour que vous soyez un duo parfait. Mais, vous n'avez rien vu et ça s'est passé très vite.
J'ai l'impression de tomber sans m'arrêter.
Néanmoins, en y repensant, je voyais ce moment. Et, je ne savais pas si c'était grâce à mes dons, mais j'arrivai à voir distinctement que c'était lui.
Ouais, c'était définitivement un connard sans limite.
— Je suis celle qui pouvait surveiller vos données vitales et qui pouvait vous surveiller à distance, ajoute Amiri, peinée.
— Je suis le bras droit du Chef du programme et ... Richard Verneuil est l'un des créateurs du Girl Power, ainsi que le Chef, annonce Gideon sans nous quitter du regard.
Mais les autres le regardent aussi, car j'ai l'impression qu'ils ne savent pas qui est le Chef.
Je regarde Edna qui est abasourdie tout comme moi. Les révélations étaient fracassantes. Et la chute était douloureuse.
— Et, nous avons d'autres membres que vous connaissez plus ou moins, dit une voix derrière nous.
Nous nous retournons vers la voix et la surprise nous fige littéralement sur place.
Edna bafouille et se met à trembler. Et je la comprends, encore et toujours. C'était comme si nous étions connectées. Je ressentais ce qu'elle ressentait. Nous n'avions pas besoin de communiquer.
Elle observe l'homme qui s'avance vers nous et se poste devant nos armes, en nous craignant pas.
— Je pense qu'on devrait tous, garder l'esprit clair. La guerre est déclarée. L'Ordre Suprême vous cherche, tout comme vous, vous ne voulez qu'une chose : retrouver ces salauds pour mettre fin à leurs jours, comme ils l'ont fait avec vos proches.
Mon coeur s'arrête littéralement face à ses dires.
Et les visions du mariage reviennent plus fortement. Je sens que mon Alpha se dissipe peu à peu pour laisser place à ma personne entière.
Alors, j'abaisse mon arme et un sanglot m'échappe.
— Est-ce que Russell, il est ..., demandé-je la voix larmoyante.
— Je suis désolé, dit-il tout simplement.
Et là, je craque. Je pleure. Tout ce que j'avais réussi à enfouir en moi, vient de s'échapper, comme une vanne ouverte.
Russell est mort. Je revois notre dernière danse où ... je lui disais que je lui pardonné. Je revois son corps. Je revois ce massacre...
— Et ... mon père ? demande Edna, la gorge enrouée. Et Fatima ? Et tous les autres ? Où est Elliott ? Et ... et les filles vont bien ? Les invités ?
— Allons discuter ailleurs, dit-il. Vous avez besoin d'être assises ...
— Réponds-moi, Anthony ! Réponds-moi ! hurle-t-elle.
Il n'a pas besoin de nous le dire, mais nous devinons qu'il est le Dit Chef du programme Girl Power. Il nous observe en gardant une mine qui ne laisse rien paraitre. Mais, je parviens à ressentir, à travers mon coeur en miettes, qu'il est touché.
Il est en colère. Il est dépassé.
Mais certainement pas autant que nous.
Alors, il soupire et répond à sa question.
— Ton père est mort, Edna. Fatima a perdu son bébé, mais elle est en vie. Ta soeur est avec ta mère. Quand à ton frère, il est avec sa femme et son fils. Aaron est avec eux, car il fait parti du programme. Ton frère et Aaron font parti du programme. Quant à Elliott, il a perdu son père et Patricia, son époux. Daniel Levy est mort. Et la liste n'est pas plus réjouissante, achève-t-il. Nous avons perdu certains de nos collègues ...
Mes larmes redoublent de puissance. Je sanglote et tombe à genoux.
— Tu mens, dit Edna, d'une voix éteinte.
— Je suis désolé Edna ...
— C'est faux, c'est faux !
Elle se déplace pour quitter la pièce, mais Anthony lui barre le passage.
— Tu ne vas nulle part !
— Laisse-moi passer ou je te tue ! Je n'en ai rien à faire ! C'est de votre faute ! JE VOUS HAIS ! LAISSE-MOI PASSER !
Elle se débat comme une dingue, tandis qu'Anthony a réussi à lui prendre l'arme.
— VOUS AVEZ TUÉ CEUX QUE NOUS AIMIONS ! JE VOUS DÉTESTE !
Je me balance d'avant en arrière et pleure davantage. Au mesure des cris d'Edna, je sens mon coeur disparaitre de plus en plus, et mon corps devenir comme un amas de chair. Je sens mon âme ou peut-être est-ce mon Alpha, qui me regarde me transformer, me changer de part le chagrin qui m'habite.
Je me sens devenir celle que je ne voulais pas être. Je me sens me perdre.
Et les cris d'Edna sont tellement poignants que j'ai envie de disparaitre sous terre. J'ai envie de la consoler, mais je ne parviens pas à bouger.
J'ai trop mal. C'est trop douloureux.
J'ai perdu deux pères ce soir. Un qui s'est occupé de moi, comme si j'étais sa fille et l'autre que je venais à peine de retrouver.
La colère en moi était telle que j'ai du mal à respirer.
Mais en même temps, je n'arrivais pas à agir. Je n'arrivais à rien.
Je ne serais plus Billie.
Et elle ne sera plus Edna.
Nous serions les individus qu'ils voulaient qu'on soit : les femmes du Girl Power qui ne craignaient plus rien. Pas même la mort.
***
Edna Fall
Lorsque je me réveille, je me sens lessivée et vide.
Très très vide. Et, c'est bizarre, c'est inexplicable ce sentiment, cette émotion qui réside en nous. J'ai l'impression de ne plus pouvoir rien ressentir.
J'ai l'impression d'être anesthésiée. D'être hors de mon corps. D'être une personne différente.
Je pose une main sur ma poitrine pour sentir si mon coeur bat toujours.
Et c'est le cas. C'est juste qu'il n'est plus comme avant.
On l'avait vidé de tous. Il n'en reste que du sang et l'oxygène et le dioxyde de carbone qui se croisent, sans jamais se calculer.
Je me redresse doucement et je vois que Billie est sur l'autre lit à côté de moi.
Elle regarde le plafond et moi, j'expire en fermant les yeux.
Je suis éreintée. Je n'ai plus rien à donner ou faire. J'ai envie de dormir et ne plus me réveiller.
Mais, nous devons quitter ce lieu. Je dois retrouver ma famille. Nous apprendrons plus tard la vérité.
Juste au fait de penser à ma famille, les larmes bordent mes yeux.
— Billie ?
Ma voix sort très grave. Billie ne bouge toujours pas, alors je quitte le lit pour rejoindre le sien. Je m'assois près d'elle et lui prends sa main, comme si ça pouvait me donner de la force ou je ne sais pas ... quelque chose.
— Billie ?
Je presse sa main pour qu'elle serre mes doigts, mais elle ne fait rien. Tout ce qu'elle fait, c'est un sourire.
— Tu crois que Dieu me fait payer pour tout ce que j'ai pensé de mon père ? Tu crois qu'Il me fait payer, parce que je n'ai pas eu la foi ?
— Billie ...
Elle se relève doucement et me regarde, ses yeux verts complètement éteints.
Il n'y avait plusse lumière, il n'y avait plus ... rien.
— Pourquoi Dieu nous fait ça ?
Elle m'observe comme si j'allais pouvoir lui donner une réponse. Sauf que je n'en savais rien.
Même moi, je ressentais cette impression que Dieu nous avait abandonné.
Pourtant, je ne devais pas penser cela.
Je savais, qu'un jour ou l'autre, nous devions tous retourner auprès de Lui, que nous le voulions ou non.
Mais pour l'instant, je ne voulais pas comprendre, j'étais en colère.
— Je ne sais pas, Billie.
— Comment les personnes qui ont la foi, font lorsqu'ils perdent des gens qu'ils aiment ? Gardent-ils leur foi ?
— Je ne sais pas Billie, répondé-je. Tout ce que je sais à cet instant, c'est que je veux qu'on retrouve nos familles. Ils ont besoin de nous. On a besoin d'eux.
Ses yeux verts sont si ternes que j'ai l'impression que je ne retrouverais plus jamais, la Billie pleine de vie que j'avais toujours connu.
— Allons-y.
Nous quittons la chambre, main dans la main, puis nous longeons le couloir et atteignons un escalier. Nous débouchons sur un autre couloir et nous finissons par passer près de leur bureau. Nous n'y prêtons même pas attention lorsque deux voix que je ne connais bien, tentent de nous arrêter, mais nous continuons nos chemins.
— Où allez-vous ? Revenez, nous ordonne Anthony Taylor.
— Edna !
Je me retourne au son de sa voix qui me fait frissonner et le foudroie du regard dans l'espoir de le tuer, mais tout ce qu'il fait, c'est de m'observer.
— Ne t'avise plus de m'approcher ou de respirer la même air que moi, Gideon. Ne t'avise plus de me parler. Fais comme si tu n'existais pas.
Je me retrouve face à lui. Son visage tuméfié par mes coups de la veille et ses yeux qui me faisaient fondre, me scrutent, m'épient, m'étudient.
— Si, tu m'as aimé, ne serait-ce, qu'un seul instant de ta misérable vie de merde, ignore-moi.
— Et comme ça n'a jamais été le cas Edna, je ne peux pas. Le temps nous manque. Il faut que vous vous ressaisissiez. Vous êtes notre salut.
Énième coup au coeur.
J'ai envie de pleurer, j'ai envie de le frapper. Il est sérieux. Il ne revient pas sur ses paroles. Il est sincère. Il ne flanche pas, face à ses mots tranchants.
Alors, je réalise enfin : Gideon ne m'a jamais aimé. Gideon n'était pas amoureux de moi.
Tout ce qu'il m'avait dit n'était que conneries et mensonges. C'était pour se rapprocher de moi et atteindre son but.
Tout ça n'était qu'une mise en scène où j'étais prise pour une conne de service.
Honte à moi.
Parce que, j'y avais cru.
Mon coeur saigne et il y a un trou béant qu'il a créé. C'était bien plus douloureux que lorsqu'Aaron m'avait trompé. Et, je ne savais même pas que c'était possible.
Je me retiens de me jeter sur lui, pour le tuer et lui faire éprouver la douleur qui siège dans mon corps, mon coeur et mon esprit.
Et notre échange de regard est tellement intense qu'Anthony se racle la gorge et se place entre nous.
— Je vais vous accompagner voir votre famille, dit-il, mais après, on se met au boulot. On vous raconte tout, pour que vous soyez opérationnelles. Je vais déjà commencer en chemin. Comme Gideon l'a dit, le temps nous manque. Allons-y.
Anthony tente de me faire partir, mais je ne bouge pas. Je suis visée au sol, dévisage avec toute la haine et le dégout que j'ai envers Gideon Mitchell.
Comment avait-il pu ?
Je ne connaissais pas ce type qui était là, juste par intérêt.
— Edna, on s'en va, insiste Anthony.
— Tu devrais l'écouter, dit-il. Il ne faudrait pas que le test sentimental montre que cela influence sur votre façon d'être. Du moins, ta façon, puisque Billie s'en sort mieux de ce côté là.
Je ne me retiens pas et je lui décolle une gifle de la haine qui fait valdinguer sa tête. Je m'apprête à le cogner, mais Anthony m'attrape fermement et me fait avancer.
— Sale connard, craché-je assez fort pour qu'il m'entende. Je te souhaite la mort Gideon.
Je parviens enfin à reprendre la marche et je retrouve Billie qui ne dit rien.
***
— Par où commencer ...
Nous sommes dans la voiture d'Anthony.
Billie et moi, sommes à l'arrière et chacune de nous, nous regardons le paysage défiler.
— Je suis l'un des créateurs du programme Girl Power, dit-il. Russell McCarthy ne s'est pas souvenu de moi, car beaucoup de choses ont été supprimées de sa mémoire par les fédéraux avant qu'il ne se retrouve en Angleterre. Quant à Daniel Levy, il a travaillé dessus sans le savoir. C'était au niveau de la nouvelle programmation de l'implant. Mais lui aussi, a subi une suppression de la mémoire. Richard Verneuil aussi a travaillé dessus. Nous avions eu un financement de 500 000 dollars à l'époque. Je vous avoue que ce n'était pas suffisant. Et Richard a toujours eu énormément d'argent de part ses affaires. Alors, il a financé le reste, sans que le gouvernement ne le sache. Ce que je ne savais pas, à cette époque, c'est qu'il était le meilleur ami de ton père, Edna. Il voulait l'intégrer dans ce programme, car ton père ... était un sniper, annonce-t-il avec précaution.
Je sens son regard à travers le rétroviseur et je sais bien qu'il s'attend à ce que je sois choquée.
Mais, plus rien ne me choque et je comprends à cet instant, pourquoi mon père ne voulait pas que je sois policière. Il avait certainement peur que je découvre un jour ou l'autre son secret.
Sauf que tout fini par se savoir, un jour ou l'autre.
— Zack, en travaillant pour le programme, a appris le passé de ton père, continue-t-il. Bien sûr, ton père pensait que personne d'autre le savait. Richard t'expliquera mieux. Mais, ton père a subi aussi une suppression de souvenirs. Et, il y avait deux autres hommes avec nous qui ont été tués. Lorsque le gouvernement américain a vu que notre programme Girl Power était défaillant, ils ont voulu nous faire disparaitre, alors qu'il devait fonctionner. Alors, ils nous ont séparés des uns et des autres. Mais, je savais que dans le gouvernement, certaines personnes mal attentionnés, avaient d'autres projets. Parce que, dans le fond, notre programme les dérangeait beaucoup.
— C'est l'Ordre Suprême, n'est-ce pas ? demande Billie, d'une voix blanche.
— C'est ça. Des membres de l'Ordre Suprême, ont tous simplement balancé l'information. Mais à la base, l'Ordre Suprême ... c'est dans l'historique familiale de Richard, explique-t-il. Je ne sais pas si c'est clair.
— Richard Verneuil est l'Ordre Suprême. Je l'ai vu tuer ces femmes, dis-je.
Anthony ricane nerveusement, ne me croyant pas.
— Je dis la vérité. Où est-il actuellement ? Hein ? C'est lui le problème. Il joue sur deux tableaux.
Il n'a pas l'air serein, mais il répond :
— Il a disparu. Mes hommes le recherchent activement.
C'est à moi de ricaner.
— Que cet homme est intelligent, répliqué-je. Comment mon père a pu être ami avec lui ?!
Il me regarde encore une fois à travers le rétroviseur et tique à ma question.
— C'est une longue histoire. Zack te la rencontrera mieux, puisqu'il était en contact avec Richard, sans que ton père ne le sache.
Je m'adosse au siège, dépitée.
Mon frère faisait parti du programme...
Il nous a vu souffrir et nous a menti, alors qu'il était au courant de tout ...
— Je ne veux pas lui parler, je veux juste voir ma mère, ma soeur, mon neveu et ma belle-soeur. Zack n'a qu'aller se faire foutre.
Je ne dis plus rien, néanmoins, Billie me prend la main.
***
À l'hôpital, il y a carrément une salle d'attente rien que pour les familles des invités à mon mariage.
Et, il n'y a pas tant de monde que ça.
Ceux qui n'avaient plus rien à faire, étaient partis.
J'avais appris que Niya, Mirah et leurs parents, ainsi que Jude allaient bien. Ils n'avaient pas été blessés corporellement, mais mentalement, ça devait être le chaos.
De ce qui est de Cassandra et Marilyn, Cassandra avait été blessée par balle, mais elle était repartie avec son mari, un peu plus tôt ce matin.
Ce qui est de ma famille, ils sont encore là pour Fatima.
Et la mère de Billie, ainsi que son beau-père aussi, sont là.
J'imagine que c'est difficile de quitter l'hôpital où notre proche est mort et la vie est tellement courte que ...
— Edna, lance ma mère les yeux rouges en me voyant arriver.
Je me dirige vers elle et sans plus attendre, je la prends dans mes bras. Je la serre aussi fort que possible et je craque comme un bébé.
Elle me rassure et me dit que tout irait bien, alors que c'est complètement faux.
Hanna se joint à nous et mes larmes redoublent.
— Ça va aller Edna, me dit ma mère. Calme-toi.
Je sanglote tellement que j'ai l'impression que je n'arriverais plus jamais à m'arrêter de pleurer.
Au même moment, je sens Billie consoler sa mère.
Je sens la tristesse de Billie, mais elle, elle a la force de pleurer silencieusement.
— Papa est mort, réussis-je à dire.
— Je sais mon coeur, je sais. C'est comme ça, c'est la vie.
Le dire est juste déchirant.
Et non, ce n'était pas la vie. Il était mort injustement, comme tous les autres.
Idriss Fall nous avait quitté en nous laissant ses secrets et son passé comme un trou béant au sol.
Et je n'étais pas prête à regarder ce trou et ma famille non plus.
Je finis par relâcher ma mère qui sèche mes larmes et celles de ma soeur.
— Arrêtez de pleurer, les filles. Votre père ne voudrait pas de ça. C'est clair ? réplique-t-elle d'une voix dure.
J'acquiesce parce que je sais qu'elle a raison. Papa nous aurait gronder et prit une fausse mine sévère, pour tenter d'être menaçant. Mais pour lui, mourir sur un mort, c'était se fatiguer pour rien. Bien que la tristesse et le deuil soit normal, il disait que ça ne changerait rien à la situation.
Parce que oui, les morts ne revenaient jamais parmi les vivants.
— Où est Jamal ? Où est Zack ? la questionné-je en me calmant.
— Zack est avec Fatima. Elle a perdu le bébé, m'informe-t-elle. Mais, elle est réveillée et sa vie n'est pas en danger. Et les parents de Fatima sont avec Jamal. Ils l'ont emmené avec eux.
Je ferme les yeux et exhale avant de laisser ma mère pour aller présenter toutes mes condoléances à Maria.
Nous procédons donc à l'échange et Billie va voir ma mère.
— Je suis tellement désolée Maria, déclaré-je.
— Ohhh Edna !
Je l'étreins fortement pendant de longues secondes avant de la relâcher.
— J'ai contacté sa femme et sa fille, Charlie. Elles ont pris le premier vol, m'informe-t-elle.
— Tu as bien fait, Maria.
Elle me touche la joue en larmes et Ray qui n'avait pas pu être présent pour la cérémonie pour raisons professionnelles était là. Toujours aussi gentil et bienveillant, il lui propose d'aller prendre l'air ce qu'elle accepte.
Au même moment, Zack apparait dans la salle et croise mon regard. Je ne sais absolument pas ce que j'éprouve à son égard.
Je comprends aussi rapidement qu'il sait, du moins, que nous savons la vérité.
Alors, il ne sait pas quoi faire. Il ne sait pas comment je vais réagir et à vrai dire, moi non plus.
Alors, il ose s'approcher de moi et me prend dans ses bras sans que je ne dise rien ou que je ne fasse rien.
Mes bras sont ballants le long de mon corps et il pleure.
— Je suis tellement désolé Edna, dit-il. Pardonne-moi. Dieu merci, tu vas bien, vous allez bien.
Je ne dis rien.
À cet instant, je devine que maman et Hanna sont curieuses de savoir pourquoi il dit cela.
Mais, je sais une chose : c'est qu'il leur dirait la vérité. Ce n'était pas à moi de le faire et je n'imaginais même pas, comment maman allait réagir et encore moins, Fatima.
Elles vont tellement lui en vouloir, qu'il se retrouvera seul et c'est tout ce qu'il aura mériter.
Il finit par me relâcher et il essuie ses joues.
Il regarde Anthony qui acquiesce et je comprends que Zack doit nous parler.
Au même moment, Aaron apparait avec des cafés et il est à deux doigts de tout faire tomber, mais il se ressaisit. Il a envie de s'approcher de moi, sauf que le Chef l'arrête.
— Allons dehors. Tu viens Billie ?
Billie le dévisage et nous le suivons sans esclandre.
Une fois dehors, l'air glacial me fait un bien fou, en comparaison à la bouilloire intérieure que je vis.
Billie et moi, nous l'observons déambuler devant nous.
Il se prend la tête, botte l'air avec son pied, s'abaisse, lâche quelques cris, pleure et il se reprend après cinq minutes qui me paraissent être une éternité.
— Je ne sais pas quoi vous dire, à part que je suis désolé. J'ai merdé ! J'aurais dû vous dire la vérité. J'aurais dû insister auprès de Gideon pour vous dire la vérité. Jusqu'à hier soir, je ne savais pas que ton chef, Edna, était en fait, le chef du programme, enchaine-t-il. Gideon était son bras droit donc, nous n'avions aucun moyen de lui parler. Gideon était l'interface, il ... exécutait les ordres de Taylor et de Verneuil.
Nous ne disons rien.
Mon aversion envers Gideon est à son comble.
— Je ... Ça fait cinq ans que je suis dans le programme, dit-il en nous regardant tour à tour. J'y suis entré, grâce ou à cause de Richard.
Alors lui, la première chose que je ferai en le voyant, c'est de le tuer, de le ramener à la vie et de le tuer à nouveau.
— Je l'ai connu du fait que ... j'étais curieux. J'étais curieux de savoir qui était ce type. Papa nous avait parlé de lui, mais nous ne l'avions jamais vu. J'avais l'impression qu'il mentait. Alors, je l'ai cherché et il m'a trouvé. Quand je l'ai vu, j'étais choqué. Il dégageait la peur, mais il était heureux de me voir. De voir le fils de son meilleur ami, de son frère de coeur, explique-t-il en baissant la tête. Il m'a tout raconté. Sur lui et papa. Parce que je voulais savoir la vérité et qu'à l'époque, papa nous saoulait avec le fait que tu voulais être policière. Ça m'intriguait beaucoup trooop Edna, insiste-t-il. Et, j'ai compris. J'ai compris grâce à son passé. C'était un sniper Ed ! L'un des meilleurs. Un tueur à gage !
Qu'il le dise, ça rendait les choses encore plus réalistes.
Papa n'était pas le père que nous connaissions.
Mon frère exhale comme si ça le libérait d'un poids.
— Comment tu as fait pour ne pas le confronter à son passé ? le questionne Billie.
— Je n'avais pas le choix, car il m'a parlé du combat de l'ombre qui se passait. Il m'a parlé de l'Ordre Suprême, du Girl Power et du fait qu'ils avaient trouvé les candidates parfaites et ce, depuis quelques années, répond-t-il. J'ai été emballé. Je voulais faire parti des soldats de l'ombre. Je voulais que la lumière le remporte sur les ténèbres. Et quand ils m'ont annoncé que ce n'était autre que toi et Edna, j'ai ... eu peur. Mais, avec des arguments, des preuves de leurs recherches et le fait que je vous ai vu grandir, on fait que ... c'était évident que vous étiez faites pour ce programme. Que vous étiez les meilleures candidates...
— Tu nous as vendu, craché-je avec répugnance.
— Non ...
— BIEN SÛR QUE SI, SALE CONNARD ! hurlé-je. C'est de ta faute tout ça. Si Fatima a perdu votre bébé, c'est de ta faute, si papa est mort, c'est de ta faute, si Russell est mort, c'est de ta faute, si Daniel est mort, c'est de ta faute, toutes ces femmes mortes, c'est de ta faute, TOUT EST DE TA FAUTE ZACK ! m'époumoné-je en face de lui.
Je ne sais pas si c'est le respect que j'avais pour lui qui faisait que je le cognais pas, mais je me retenais. Mon torse se soulevait avec rapidité et j'avais les poings serrés.
Mes yeux étaient noirs, je le savais et il le voyait.
Je le fusille du regard, sans qu'il ne bronche malgré que les larmes coulent sur ses joues.
Mes accusations sont fortes, mais véridique. Comment faire autrement ?
— Je suis désolé, répète-t-il.
— Non, tu ne l'es pas, rétorqué-je avec froideur. Si nous mourrons, tu auras une énième mort sur ta conscience Zack. Est-ce que ton âme aura le courage de supporter ce fardeau que tu t'es infligé ? Si tu avais dit la vérité depuis le début, tout ça ne serait pas arrivé...
— MAIS COMMENT FAIRE AUTREMENT EDNA ? DIS-MOI ce que tu aurais fait à ma place ! J'ai confiance en toi, comme j'ai confiance en Billie. Je n'ai jamais douté de vos capacités. Je sais que vous y arriverez.
— J'aurais dit la vérité ! m'exclamé-je.
— Tu es de mauvaise foi ! ricane-t-il.
— Il a raison sur ce point là, dit Billie. Nous aurions agi comme eux.
Je me tourne vivement vers elle. Ses yeux ne sont pas noirs donc elle accepte l'information, bien mieux que moi ...
« Finissons-en Edna ! Allons tuer ces gars nous-même ! ».
— Comment tu peux le défendre ? la questionné-je. Ils nous ont menti, Billie.
— Comment tu peux l'accabler de tous ces morts, alors qu'il n'est pas le seul ? Après tout, ton père nous a menti. Anthony nous a menti. Est-ce que je dois énumérer les autres pour te prouver que nous étions les deux seules aveugles de l'histoire ?!
— Dans ce cas, ce sont tous des tueurs, conclus-je.
— Tu vas un peu fort et l'implant te fait dire ça, me dit-elle. Essaye de te calmer. On doit en finir avec cette histoire.
Elle me prend de force contre elle et me sert dans ses bras.
— Si les gens croient en nous, c'est que nous pouvons le faire, m'intime-t-elle.
Je finis par la prendre dans mes bras et émotionnellement faible, je pleure à nouveau.
***
Billie Fernandez
Je ne sais pas si tout est fini par rentrer dans l'ordre, mais Zack était resté à l'hôpital auprès de sa femme, tandis que le reste de la famille était rentrée pour se reposer et commencer à préparer les enterrements.
Et dire que nous avions organisé un mariage, donc la joie, il fallait organiser ça, donc la tristesse.
Nous n'avions pas vu Elliott et son père, au grand damne d'Edna. Elle avait tenté de le joindre, mais c'est tombé sur sa messagerie.
J'avais fait promettre à maman et Eva que nous rentrions le soir pour diner. Mais c'est surtout, parce que je ne voulais pas qu'elles restent seules de leur côté. Elles devaient se soutenir.
À deux ou à plusieurs, on est beaucoup plus forts et le chagrin est beaucoup moins envahissant.
La noirceur des ténèbres est donc moins tenté de nous approcher.
Honnêtement, entre vous à moi, je ne sais pas comment je fais pour gérer cette situation et pour soutenir Edna.
Je la comprends en même temps. Apprendre que son père avait un passé des moins glorieux et que son frère et son ex font parti d'un programme qui a changé nos vies, ce n'est pas simple.
Moi, il n'y avait juste que mon père et ... l'autre connard dont je suis tombée amoureuse.
Mais heureusement que les sentiments, ça peut disparaitre vite aussi.
Nous sommes donc de retour sur notre lieu de travail avec Anthony Taylor et Aaron qui a essayé de faire la conversation avec Edna.
Malheureusement ou heureusement, elle l'a ignoré.
Tout ce qu'elle voulait, c'était de savoir si Elliott et son père vont bien.
— Des agents sont partis chez eux, répond Taylor. Ne t'en fais pas, nous aurons très vite de ses nouvelles.
J'avais envie de lui demander comment se faisait-il qu'elle ne lui en voulait pas ou du moins, moins que les autres.
— C'est simple : le programme l'a inclus sans le vouloir. Il a subi, tout comme nous. Ce n'était qu'un pion, tout comme nous, répond-t-elle par la pensée.
Je la regarde et me demande comment elle arrive à faire ça avec facilité.
— J'entends tout ce que tu penses Billie. Et, j'ai décidé d'utiliser mes pleins pouvoirs. Je veux anéantir l'Ordre Suprême, mais il faut qu'on trouve ce fils de pute de Verneuil, continue-t-elle en regardant les autres dans la salle qui nous exposait un plan que je n'écoutais pas.
— Mais, s'ils n'ont pas réussi, comment nous allons faire ?
— On va utiliser tes visions, me répond-t-elle tandis qu'elle fait semblant d'acquiescer face aux propos de Anthony. Si tu peux voir qui sont les gentils et qui sont les méchants sans que tu ne le veuilles, tu peux provoquer la vision.
— Oui, mais faut que je sois proche de la personne.
— Je sais. Et, j'ai été la dernière personne en contact avec lui. Quand tout ça est arrivé, je dansais avec lui. C'est comme s'il avait laissé son empreinte sur moi. Est-ce que tu comprends ?
Je l'observe à nouveau et lui réponds que c'est le cas, avant que Anthony ne nous sorte littéralement de nos pensées.
— Est-ce que c'est un peu plus clair ? Grâce à l'aide de Jessica, nous découvrons peu à peu les membres de l'Ordre Suprême.
— Ça ne peut pas être plus clair, répond Edna, sous le regard curieux des autres. Tu viens Billie, nous allons nous entrainer.
Elle se lève et quitte la salle sans m'attendre, alors que les autres m'examinent du regard.
Ils doivent se douter de quelque chose, mais ils ne disent rien.
Je quitte donc la salle et retrouve Edna dans le couloir qui gagne la salle d'entrainement, pleines d'équipements de haut niveau.
— Tu étais sérieuse quand tu parlais d'entrainement ? la questionné-je.
— Pas vraiment non. Mais mon Alpha m'a dit que nous pouvions nous connecter. Je peux voir des visions, comme toi tu peux vivre mes voyages astraux.
— Quoi ? m'exclamé-je totalement perdue. Ton Alpha raconte de la merde. Tu le laisses trop prendre le dessus, dis-je tandis qu'elle met en marche le tapis de course.
Elle me scrute rapidement avant de retirer son gilet qu'elle balance à même le sol, dans un geste brusque. Et, je n'ai pas besoin de voir ses yeux pour voir savoir que ce n'est plus elle.
— Vous voulez avoir confiance à qui dans ce genre d'histoire ? me dit son Alpha. Nous devons réussir, un point c'est tout. Jusqu'à preuve du contraire, si nous étions réellement le mal, nous aurions réussi à vous faire tuer.
— Où est Edna ? lui demandé-je.
Edna ou son Alpha se met à courir doucement, puis elle me regarde et je vois que c'est Edna.
— Elle a raison. Écoutons nos Alphas et finissons-en, Billie. Bref ! Laisse-moi t'expliquer l'idée. Je vais courir jusqu'à je sente que je peux faire marcher mon implant. Parce que jusqu'à aujourd'hui, c'est l'implant qui nous lançait le signal. Lorsque le bon moment sera venu, il faudra prendre ma main et c'est à toi de jouer avec ton Alpha. À deux, dans mon voyage et toi, grâce à tes visions, on retrouvera sa trace. D'accord ?
Je ne dis rien, mais je ne le sens pas ce truc. C'est démentiel et nos esprits ne sont pas en état. Notre traumatisme est encore là.
— On devrait peut-être attendre qu'ils le retrouvent Edna. Je ne le sens pas. Imagine qu'on reste bloquée. Ou pire, qu'on meurt dans ton voyage et que ... Richard nous a tué, lui expliqué-je. Ce soir, je veux retrouver maman et les autres. Je ne suis pas prête à mourir.
Elle accélère le rythme et tous ses muscles bougent en harmonie. Elle a l'air concentré et je sais que je n'arriverai pas à lui faire entendre raison, car tout ce qu'elle veut, c'est se venger.
Et, je la comprends parce que c'est ce que je veux aussi, mais je ne suis pas en état et elle non plus.
Nous venons de perdre des parents, alors ça influencera forcément nos réactions.
Puis ce truc de voyage astral, je n'y ai jamais cru jusqu'à ce qu'Edna voit les morts de ces femmes.
— Personne ne mourra. C'est fini. Je te le promets, ajoute-t-elle.
Je ferme les yeux, réfléchis quelques secondes et revois mon dernier moment avec mon père...
— Tu es magnifique, Billie. J'aimerais vraiment que tu me pardonnes, dit-il.
Je le regarde et sous cette musique This Woman's Work de Maxwell. Depuis gamine, ou du moins, depuis la sortie de cette musique, Edna et moi étions catégoriques dessus : nous danserions avec notre père sur cette musique. Bien sûr, plus jeune, j'avais eu un brin d'espoir quand au retour de mon géniteur. Mais avec l'âge, ce rêve n'était plus et je voulais que ça soit Idriss et Ray qui le fassent.
Mais aujourd'hui, je suis là avec mon père.
— Je te pardon...
— Billie ? J'y arrive presque. Tu es prête ? m'interroge Edna qui m'a tiré de mon souvenir douloureux.
J'acquiesce vivement et me rends compte qu'une larme m'avait échappé. Alors, je la fais disparaitre rapidement et me prépare à vivre une expérience hors-norme et au-delà de mon imagination.
Cinq secondes plus tard, Edna bondit du tapis roulant et je prends ses mains.
Mon Alpha prend place et ce qui se passe est vraiment incroyable.
Je me sens propulsée dans un autre univers, dans un autre monde, dans une autre dimension.
Je revois la vie d'Edna et je m'y vois. Je nous vois.
Ses yeux sont blancs et je comprends qu'elle fait son voyage. Je ferme donc mes yeux et me retrouve dans son voyage astral, comme si j'avais fait ça toute ma vie.
Et c'est stupéfiant car nous sommes en plein New-York, entourées de ces habitants, travailleurs et autres.
Nos corps et nos esprits sont totalement dissociés. Et, je ne pensais pas que c'était possible.
— T'es enfin là, me dit-elle en avançant.
— Mais ... comment c'est possible ce qu'on fait ?
Elle me balance un petit sourire et lâche :
— En fait, rien n'est impossible. C'est juste que le monde de l'invisible nous ne le connaissons pas.
Je la suis et analyse ses paroles tandis qu'elle s'arrête face à un immense building.
— Les gens nous voient ?
— Seulement si on veut qu'ils nous voient, répond-t-elle. Richard est là. Je sens sa présence répugnante.
Et, elle ne ment pas car, au même moment, Richard Verneuil quitte le building, le téléphone à l'oreille et vérifiant bien qu'il n'est pas suivi, avant de rentrer dans sa voiture.
— Suivons-le, me dit-elle.
Mais, des voix lointaines apparaissent dans mon esprit. C'est une voix féminine et celle de Richard, je crois. Et mon implant me fait mal. Je grimace donc et apporte ma main à l'endroit.
Edna se retourne vers moi, inquiète.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Je ... J'entends...
Je m'écrie et tombe à genoux, face à l'élancement qui me prend.
Cette douleur à mon abdomen dévie mon regard et je vois une trace de sang se dessinait sur mon tee-shirt. Mes doigts deviennent rouges, la panique me gagne, parce que je ne comprends pas et ...
— Billie ! hurle-t-elle avant de tomber auprès de moi. Qu'est-ce qu'il se passe ? Viens, on s'en va.
Elle tente de me relever quand elle aussi hurle de douleur et regard son abdomen.
Elle saigne à son tour et nous nous regardons, mortes de peur à cet instant.
Mais qu'est-ce qu'il se passait ?
Nous n'avons pas plus de temps pour réfléchir qu'un ricanement sinistre se fait derrière notre dos, avant que la personne n'apparaisse.
— Je savais bien que vous étiez assez connes pour tenter ce type d'expérience pour me chercher, dit-il.
Nos regards hagards, sous le point de sombrer, Edna crache du sens et tente de se relever en appuyant sur sa blessure.
— Je vais vous tuer !
— Tu es sur le point de mourir ma chérie, réplique-t-il vainqueur. Nous aurons enfin, nos dix sacrifices. Ça y'est ! C'est fini. L'Ordre Suprême a gagné.
Elle avance vers lui, mais elle tombe et se retrouve sur le dos.
Je tente à mon tour de le faire et à cet instant, j'aimerais que mon Alpha prenne le dessus, mais il est aux abonnées absents.
Alors, la dernière chose que je vois avant de me sentir happer et de fermer les yeux, c'est le regard malsain et diabolique de Richard Verneuil.
Il a raison, il a gagné.
Il nous a tué.
***
Au même moment Richard Verneuil arrive enfin sur la base du programme.
Hier soir, il a du fuir rapidement pour se mettre dans un lieu sûr. Il ne devait certainement pas mourir maintenant. Ce n'était pas le bon moment.
Il devait finir quelques petites choses.
Un sourire est sur ses lèvres. On ne sait pas si c'est de la joie ou de la tristesse, mais il a hâte d'en finir avec toute cette histoire.
Il descend donc, puis retrouve son équipe et ses collègues au bureau. Il n'y a que Gideon, Douglas et Aaron. Brittany, Jessica, Amiri et Edward se sont mis au travail. Ils sont tous stupéfaits de le voir. Surtout qu'ils avaient du le rechercher.
— Où étais-tu, merde ? le questionne Anthony, à la fois rassuré et impatient.
— J'ai dû partir au plus vite. Ils voulaient me tuer aussi. Je ne pouvais pas rester. Ça va ? Où sont-elles ?
— Elles sont parties s'entrainer, répond Douglas. Heureusement que tu es revenu. Je commençais à croire Edna quand elle disait que tu jouais sur les deux tableaux.
Douglas lui lance un mauvais regard, mais Richard n'en a que foutre. Son instinct lui indiquait quelque chose d'étrange se passait ...
— Allons-les voir. J'ai un mauvais pressentiment.
Sans plus attendre, ils prennent la direction de la salle et ce qu'ils y voient, les laissent sans voix.
— Putain de merde.
C'est une scène de meurtre.
Mais qui a tué Billie et Edna ?
***
" Le problème avec les questions, c'est qu'on ne trouve pas, tout le temps, une réponse immédiate". JFL
***
ALOOOOOOOORS !!!!!!!!!
Dites-moi TOUUUUUT ! Ai-je bien signé mon retour ? Déçu ou satisfait ?
J'attends vos avis.
Bisous ❤️
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