8.

Edna Fall

— Je suis é-pui-sée Ed ! lâche Billie.

Nous n'avions pas dormi de la nuit, après cette attaque d'ombres.

À vrai dire, j'avais dormi un peu plus que Billie qui n'avait pas fermé l'oeil de la nuit, alors je la comprenais.

Mais, nous devions continuer de marcher. Même si nous n'avions pas de direction précise.

Le soleil venait de se lever dans ce monde irréaliste.

Et sincèrement, c'était beau à voir.

Je me stoppe quelques instants pour contempler cette magnifique vue. 

Tout à l'air si paisible. Le ciel est si vaste avec ses dégradées de couleurs que je regrette de ne pas prendre plus de temps à regarder le ciel en temps normal. Alors qu'on devrait le faire chaque jour. Juste pour se rendre compte que la paix peut être atteignable si tout le monde se serrait les coudes. Juste pour se rendre compte que le ciel, pouvait prendre de nouvelles couleurs à n'importe quel moment.

J'inspire profondément et ferme les yeux en entendant les pas de Billie qui s'approche de moi.

Elle s'était vaillamment battue cette nuit. Je ne l'avais toujours pas félicité pour la force mentale dont elle avait usé pour nous sortir de ce maudit test.

Elle avait agi avec instinct et elle s'était laissée aller pour exposer cette facette, qu'elle refermait au plus profond d'elle, la craignant.

J'avais toujours su que Billie était une grande bagarreuse. Elle jouait juste le jeu de la jeune femme fébrile mais, elle savait utiliser ses poings.

D'ailleurs, je me remerciais moi-même de l'avoir emmenée quelques fois à des cours de boxe et de self-défense.

Elle n'avait pas oublié les techniques que je lui avais prise, pour se défendre contre des personnes bizarres.

En effet, durant ma formation en tant que future policière, je l'avais contrainte plusieurs fois à venir avec moi à la salle de sport, pour suivre quelques entrainement, afin qu'elle sache se défendre toute seule. Car, on ne sait jamais sur qui on peut tomber.

J'ouvre mes yeux et je me retourne pour lui suggérer une pause.

Peut-être qu'elle pourrait dormir quelques heures. Ça lui ferait du bien.

Elle est en nage face à ces deux heures de marche où je la devançais de plusieurs mètres.

Elle repousse les quelques mèches qui collent son front et s'appuie sur ses genoux pour reprendre son souffle.

— Tu ... marches trop vite ! Combien de fois je te l'ai dit ?! se plaint-elle.

— Tu vas te reposer un peu. Tu as besoin de dormir, Billie.

Elle chasse d'un geste de main mes paroles et se redresse.

— Continuons. Je sens qu'on aura une autre épreuve, tout à l'heure. Ça fait une semaine qu'on est ici non ? Je déteste Man vs Wild ! C'est nul ! s'exclame-t-elle en regardant le ciel. Vous devriez le savoir, chers détraqués !

Elle n'arrêtait pas de crier ses plaintes aux personnes qui nous avaient enfermés dans cet endroit.

J'aurais pu agir comme elle mais, je ne le faisais pas. Ça ne servait à rien, car ils devaient bien se délecter des images que nous renvoyons.

D'ailleurs, j'espérais qu'ils avaient eu le temps de prévenir nos familles. Ces salauds nous avaient pris nos téléphones.

Je m'assois sur l'herbe fraiche et utilise mon sac comme support pour ma tête. Billie reproduit mon action et soupire d'aise avant de fermer les yeux.

Je sais d'avance qu'elle s'est endormie. Cette fille s'endort à la vitesse éclaire.

Même si j'ai tout aussi sommeil, j'en profite pour réfléchir à ce qui va nous attendre une fois sortie d'ici.

Qu'allait-il nous arriver ? Serions-nous complètement conditionnées ? Serions-nous changées ?

Je regarde mon bras ou plutôt l'endroit où la douleur apparait souvent.

Je sais qu'ils nous ont mis quelques choses. Et je sais aussi que ça nous change.

En bien ou en mal ... Seul le temps nous le dira.

Mais dans le fond, j'avais quelques doutes concernant ce programme.

Et pour être honnête avec moi-même, je savais que des problèmes apparaitront et que peut-être, ça serait un terrible échec.

***

Ce sont des bruits de mastication qui me réveillent.

Je m'étais assoupie sans m'en rendre compte.

Je me frotte les yeux et regarde Billie qui mange ses gâteaux en visualisant le paysage devant elle. Elle tourne sa tête vers moi et me propose l'un de ses biscuits mais, je refuse.

Elle hausse donc les épaules et continue.

— J'ai dû perdre 5 kilos en moins de 24 heures. C'est le top non !?

— Ne compte pas sur moi pour te passer mes gâteaux plus tard, dis-je en me redressant.

— Je sais que tu ne me laisseras pas mourir de faim et je sais aussi que tu as très peu mangé depuis hier. Tu devrais reprendre des forces.

Ce sommeil avait réveillé toutes les douleurs des coups que je m'étais pris par ces ombres. Je grimace de douleurs en touchant ma côte.

Ça fait un mal de chien.

— Ça va ?

Je lui jette un bref coup d'oeil et je veux regarder l'heure à mon poignet mais, bien sûr, je n'ai plus ma montre.

Je soupire d'exaspération et repousse mes cheveux courts vers l'arrière.

— Il est peut-être 13 heures ou 14 heures. En tout cas, je me suis bien reposée, même si les moustiques ont fait de moi leur plat de résistance. Je te jure que mon sommeil devait être bien profond pour que je ne les entendes pas faire le vieux son autour de moi.

Je souris en coin et me demande par quelle force, elle peut toujours parler autant.

— On devrait reprendre la marche. Et trouver un lieu pour dormir.

— Après ce qu'il s'est passé cette nuit, je pense qu'on devrait dormir en journée et marcher la nuit, suggère-t-elle.

Je l'observe et lâche :

— Je ne t'ai pas remercié, Billie. Merci d'avoir été là. Et d'avoir agi, ajouté-je. Malgré ta peur.

— Pfff, fait-elle avec dédain. Je n'ai même pas eu, un peu peur. Je faisais genre. Tu me connais.

Un sourire s'affiche sur mes lèvres et je reprends :

— Tu vois que tu peux accomplir ce type de choses !

Elle fixe droit devant elle, très dubitative face à mes propos mais rétorque :

— Je ne pense pas que ça soit moi, Edna. J'ai ... C'est ... cet implant, je crois. Je t'ai vu. J'ai eu peur que cette ombre s'en aille avec toi et que je me retrouve seule alors, j'ai dû ... tirer. Entre nous, tu sais très bien que je ne suis pas comme ça.

Son regard s'ancre au mien et j'ai envie de la secouer comme un prunier pour lui faire réaliser qu'un implant ou peu importe la chose, elle était quand même maitresse d'elle-même.

C'est fou comme l'être humain a tendance à trouver une raison à ses actions, alors qu'il n'y a aucune raison sauf celle d'agir sur le coup.

— Je ne vais pas remettre cette discussion sur le tapis Billie Fernandez mais, tu sais aussi bien que moi que tu n'es pas ce que tu crois.

Elle ricane en secouant la tête.

— Genre ? Je devrais laisser ce côté obscur prendre l'ascendant sur moi ? De temps à autres ?

— Oui, répondé-je. Tu sais c'est quoi le problème avec les gens comme toi ma Billie ? C'est que vous avez peur de ce que vous pouvez être. Vous avez peur de perdre le contrôle. Tu sais très bien qu'il y a toujours un équilibre entre le bien et le mal. Toujours. Si tu trouves cet équilibre, tu pourras être entièrement toi.

Elle analyse mes paroles tandis que je me lève et lui tends ma main pour qu'elle en fasse de même à son tour.

— Comment as-tu trouver le tien ? finit-elle par demander.

Je ne sais pas vraiment quoi lui répondre.

En travaillant dans les forces de l'ordre, il est vrai que j'ai dû trouver cet équilibre pour toujours garder la tête froide face aux pires situations. Vous savez, ne pas perdre son sang-froid, ne pas se laisser envahir par la peur et tout ça ...

Je devais savoir où ma colère pouvait me pousser.

Cette colère me permettrait-elle de me dépasser ou d'agir contrairement à la déontologie de mon métier ?

Et avec les mois, j'ai découvert qu'elle me poussait à me surpasser, à me donner à 3000 %. Si je voulais réussir, c'était pour moi et pas pour les autres.

Et ça, ça me ramenait toujours à mes proches.

Ils étaient mon équilibre et Billie en faisait partie.

— C'est facile. Ce sont mes proches et tu en fais partie. Il me suffit de penser aux gens que j'aime pour me raisonner.

Je lui souris pour lui laisser le temps d'assimiler la réponse que je venais de lui donner et nous reprenons nos expéditions.

**

En ce lundi matin, l'inquiétude ronge beaucoup de proches de Billie et d'Edna.

Depuis samedi, ils n'avaient eu aucunes nouvelles des deux jeunes femmes. Leur appartement était vide de leur présence, elles ne répondaient pas à leur téléphone et la voiture d'Edna avait été retrouvé dans le parking du centre commercial.

Elles avaient comme disparues. Elles s'étaient volatilisées dans la nature.

Bien sûr, Eva Fall et Maria Fernandez étaient mortes d'inquiétudes car, les filles n'agissaient jamais de la sorte. Elles les prévenaient toujours, si elles s'en allaient pour quelques temps.

Idriss masquait son inquiétude en rassurant les membres de la famille et les amies des filles en disant, qu'elles avaient dû se faire un week-end entre elles.

Mais dans le fond, il avait quelques doutes. Il savait qu'Edna et Billie avaient dû se mettre dans un pétrin dont elles seules pouvaient s'en sortir.

Le père de Billie aussi avait été mis au courant et étrangement, il pensait comme Idriss.

D'ailleurs, Idriss aimait bien cet homme qui n'avait pas été présent dans la vie de sa fille par substitution. Bien sûr, qu'il considérait Billie comme sa fille. La question ne posait même pas. Parfois, il avait l'impression que Billie et Edna n'étaient qu'une seule et même personne.

Il ne l'avait pas jugé comme il aurait pu le faire et comme beaucoup l'aurait fait. Il avait accueilli cet homme avec le sourire et en lui laissant le bénéfice du doute. Idriss Fall savait bien que beaucoup d'hommes s'en allaient par honte, par désespoir et surtout pour protéger leur famille. Bien sûr, qu'il avait aussi conscience que certains hommes partaient et abandonnaient leur famille par lâcheté et égoïsme mais, il savait que ce Russell McCarthy n'était pas ce type d'homme.

La future - fausse - belle-mère d'Edna avait été aussi mise au courant par Eva.

Elle avait voulu soutenir la famille mais, son fils Elliott lui avait tout simplement interdit de se rendre chez la famille. Cela l'avait beaucoup chagriné mais, elle ne cessa de penser à ces deux jeunes femmes qui étaient parties sans prévenir leurs proches.

Son mari Daniel n'omettait aucune inquiétude et appuyait fermement sur le fait qu'elles avaient dû se faire un petit trip imprévu entre filles.

Elliott n'avait rien dit.

À vrai dire, il ne savait pas trop quoi penser de tout ça.

Samedi après-midi, Gideon et lui, avaient tentés de joindre Edna pour qu'elle vienne au poste en renfort sur une autre affaire.

Eh oui, même si les policiers ont des jours de repos, ils peuvent être appelés à tout moment.

Sauf qu'ils n'avaient eu aucune réponse de sa part. Ce qui perturba beaucoup Gideon car, quelques heures plus tôt, il avait échangé des messages avec Edna concernant le diner qu'ils avaient prévus.

Alors, le fait qu'elle ne réponde plus le laissa perplexe.

Quant à Elliott, il avait ressenti un certain soulagement, si nous devions y mettre un mot dessus, qu'Edna ne réponde plus aux appels de Gideon.

Mais ça, c'était dans un premier temps. C'était avant de savoir qu'elles étaient introuvables alors qu'hier soir, ils avaient tous passés une excellente soirée à préparer ce mariage factice.

Parce que oui, il avait apprécié cette soirée avec les copines d'Edna, sa mère et son père qui étaient à fond dans cette organisation.

Il n'avait jamais pensé une seule seconde, qu'il avait les mêmes goûts en matière de décoration ou d'idées sur le mariage qu'Edna. Il ne pensait pas qu'ils avaient autant de points communs, parce qu'il n'avait jamais cherché à la connaitre avec toutes ces menaces qu'il recevait.

Pour lui, Edna avait toujours été cette fille souriante, serviable, dingue de son travail et très protectrice envers les gens qu'elle appréciait mais, rien de plus.

Hier soir, il avait découvert une jeune femme très à l'écoute des avis des autres, très axée sur le partage et le bonheur des autres et très désireuse de faire plaisir aux autres.

Il avait trouvé ça tellement adorable de la voir demander sans cesse son avis sur les idées qu'elle proposait car c'était « leur mariage ».

Ainsi, que ce diner soit annulé l'arrangeait bien. Même s'il se demandait où étaient les filles. Il n'éprouvait pas vraiment de crainte ou tenter de s'en convaincre.

C'était tout le contraire de Gideon avec qui, il s'était associé pour savoir où les jeunes femmes se trouvaient.

À force d'avoir passé plusieurs heures avec lui, il avait clairement vu que Gideon tenait vraiment à Edna. Peut-être un peu trop, même si c'était normal car, Gideon lui avait déclaré sa flemme.

Ils étaient passés plusieurs fois voir les parents d'Edna et de Billie et c'était à chaque fois Gideon qui se faisait le porte-parole, ce qui l'agaçait beaucoup. Mais, il n'en fit rien. Après tout, Gideon les connaissait beaucoup mieux que lui.

En d'autres termes, ce fut un week-end mouvementé pour tout le monde.

Même au poste, ils étaient très nombreux à être inquiets et le Chef Taylor avait voulu déployé de plus grandes recherches mais, Gideon avait suggéré que ce n'était pas la meilleure option, alors il avait décidé d'attendre un peu.

C'est ainsi qu'Elliott arriva au poste, lundi matin. Avec un trouble dont il ne saurait mettre des mots.

Il croise Cassandra et Marilyn qui discutent avec Gideon. Il se décide d'aller les rejoindre même s'il a l'impression que ces deux femmes ne le portent pas vraiment dans son coeur. Il les salue brièvement et s'adresse à Gideon pour savoir s'il a eu des nouvelles.

— Toujours rien, répond-t-il avec un soupir.

— Je suis certaine qu'elles n'ont rien, déclare Cassandra. Il ne faut pas trop s'en faire hein !

Personne ne dit rien et les gars décident de monter à leur unité quand un gars débarque.

Il était habillé d'un gros pull noir et de sa veste en cuir et d'un jean de couleur brut déchiré au niveau des genoux. Il retire son bonnet ce qui dévoile sa longue chevelure et constate ses innombrables bagues tandis qu'il avance vers l'accueil.

— Mh un joli garçon, commente Marilyn.

Dans d'autres circonstances, Elliott aurait ri mais, ce type avait l'air inquiet.

Le type déglutit et les salue ne sachant pas vraiment quoi dire.

— Euh ... Je ... Je suis à la recherche d'Edna Fall. Elle est supposée travailler dans ce poste.

— Pourquoi tu la cherches ? le questionne Gideon, très méfiant.

Ah ! Ça, c'est la jalousie qui parle ... eut envie de lâcher Elliott mais, il ne le fit pas. C'était déplacé et de très mauvais goût.

Mais, la réaction de Gideon annonçait clairement la couleur.

L'homme au long cheveux et aux yeux très perçants, déglutit, gêné.

— Euh ... parce que j'aimerais lui parler si c'est possible.

Ils regardent tous ce type qui ne veut clairement pas en venir au fait, ce qui agace Gideon et ce qui donne envie à Elliott de rire.

Gideon est tellement jaloux avec Edna qu'il se demande comment ça va se passer après le mariage ...

Lui avait-elle dit qu'il allait dormir chez elles ? Précisément dans la chambre à Edna sur un lit d'appoint ? ...

— Vous pourriez en venir au fait Monsieur ...

— Foley. Douglas Foley. Dites-lui que j'aimerais lui parler.

— Elle n'est pas là, lâche Elliott.

— Oh. Et comment pourrais-je la joindre ?

— Tu ne peux pas la joindre mon chou, répond Cassandra. Elle n'est pas là pour le moment.

Le dénommé Douglas a l'air désespéré par les réponses qu'on lui fournit alors, Elliott s'apprête à cesser tout ça lorsque Gideon prend la parole.

— Sincèrement, qu'est-ce que tu lui veux ? Je ne te connais pas et elle ne m'a jamais parlé de toi. D'où tu viens ?

Gideon tente de lui faire peur du regard mais, à la surprise général, Monsieur Douglas Foley ricane face à lui.

— Mec ! J'ai compris que c'était ta copine. Pas besoin de monter sur tes grands chevaux. Je voulais lui parler, parce que je n'ai pas de nouvelles de sa meilleure amie, Billie. Et ça m'a inquiété, voilà tout. Rassuré, Monsieur le Jaloux ?

Cassandra et Marilyn gloussent derrière et Elliott se retient de rire aussi face à la mine déconfite de Gideon qui rougit aussitôt.

Il se confond en excuse et lui explique la situation avec toujours, ce type d'émotion que les gens prennent lorsqu'ils sont inquiets.

Elliott trouve ça presque touchant la façon dont Gideon est touché par la situation.

Il se demande juste si un jour, il pourrait ressentir ce type d'émotions pour une personne.

Le Douglas en question aussi affiche aussitôt cette inquiétude sur le visage et Elliott comprend que ce type s'est attaché à Billie. En même temps, comment ne pas l'être.

Pour avoir passé plusieurs heures avec Billie, il avait compris qu'elle comptait énormément pour Edna et vice-versa. Elles ressemblaient à des soeurs à se quereller pour un oui ou un non. Puis, Billie était une personne tellement enjouée qu'elle ne pouvait qu'être appréciée. Elle était beaucoup moins sérieuse qu'Edna et il appréciait beaucoup ce trait de caractère chez cette femme.

— Et ... vous ne savez vraiment pas où elles peuvent se trouver ?

— Elles reviendront, dit Elliott pour le rassurer. J'ai un mariage à assurer avec Edna et Billie aime trop les fêtes pour y échapper.

Douglas cligne des yeux, surpris par ce qu'il vient de dire et secoue la tête.

— OOOOKKKK, fait-il. Je ne veux même par chercher à comprendre ce que ... tu viens de dire. Euh ... je vais vous laisser mon numéro parce que je dois aller bosser, sinon je vais être en retard.

Il demande une feuille et un stylo que Cassandra lui donne et laisse la feuille.

— Tenez-moi au courant, s'il vous plait.

Il replace son bonnet sur sa tête avant de quitter le poste de police.

— Je ne pense pas qu'il était nécessaire que tu lui donnes ce type d'information, lance Gideon, acerbe. 

Elliott le lorgne et sourit en coin après avoir échangé un bref regard avec Cassandra et Marilyn.

(NDA : À ÉCOUTER AVEC "If you went away" de Daniel Wilson. Ce type est juste un génie 😍)

— Tu vas devoir t'y faire Deon, se permet-il de dire. Tu vas bientôt recevoir le faire-part. On va se marier Edna et moi.

Désinvolte, il lui lance un clin d'oeil et monte enfin vers son unité, étrangement heureux de sa répartie.

Il était pressé de revoir Edna tout de même. Son bureau vide n'était pas attrayant lorsqu'elle n'y était pas. Il ne pouvait pas la regarder en douce, en train de froncer les sourcils et de se mordiller la lèvre inférieure en pleine réflexion.

***

Billie Fernandez

Nous ne savons pas l'heure qu'il est et encore moins le jour que nous sommes.

J'en ai clairement ras le cul de tout ça !

Le soleil nous tape dessus et je transpire comme une fontaine. J'ai l'impression que le sac pèse une tonne sur mon dos pourtant ça ne devrait pas être le cas.

Je le réajuste et jure faiblement.

Edna est toujours devant moi. Cette femme est d'une force. Je ne sais pas où elle la puise. 

En même temps, elle a presque subi le même type d'entrainement.

De temps à autres, elle se retourne vers moi, pour voir si je suis la cadence.

Comme à cet instant.

Elle voit que je galère alors, elle fait marche arrière et me prend mon sac qu'elle porte à l'avant.

— Allez Billie ! Ne lâche pas. 

— J'en peux plus Ed, dis-je, éreintée. Vraiment.

— Parce que ton cerveau te dit que tu ne peux pas le faire. Rien n'est impossible.

Je m'appuie sur elle et nous marchons jusqu'à qu'elle s'arrête et se mord fortement la lèvre inférieure sous une douleur dont je n'avais pas connaissance.

Je la regarde, sceptique puis, elle tombe à genoux en hurlant de douleurs et en se tenant la tête entre les mains.

Je me laisse tomber à côté d'elle pour voir ce qu'elle a. Elle s'agite de partout et je tente de lui demander ce qui ne va pas mais impossible de lui faire dire un mot.

Elle pousse presque des cris d'agonis et moi, je me sens démunie face à la situation. C'est toujours elle qui gère les truc comme ça.

— Edna. S'il te plait. Arrête de t'agiter !

Elle ouvre ses yeux qui passent du noir au blanc puis, elle referme aussitôt.

Je recule de peur en la regardant souffrir.

Son corps se tortille dans tous les sens puis, elle finit par hurler « Cours Billie ! » d'une voix gutturale.

Ni une, ni deux, je me lève, attrape mon sac et me mets à courir en jetant quelques regards derrière moi.

Mon Dieu. Je ne peux pas l'abandonner. Quelle lâche je fais ! Elle ne m'aurait jamais laissé !

Je m'apprête à retourner auprès d'elle mais, elle est debout, un couteau à la main, le regard noir entourée de deux ombres.

Je suis littéralement liquéfiée sur place.

Je sais que ce n'est pas Edna.

Je sais que ce n'est pas elle.

Elle fait un premier pas et les deux ombres la suivent puis, tous les trois, ils se mettent à courir vers moi.

Je ne réfléchis pas plus longtemps et je me remets à courir comme si ma vie en dépendait.

Mais bien sûr que ma vie en dépendait !

Je cours, je cours, sans me retourner. Je sais qu'Edna va me rattraper. Elle court plus vite que moi. Elle est plus forte que moi.

Et elle veut me tuer.

Je traverse tout un tas de feuillage lorsqu'une première ombre me bondit dessus.

Nous tombons et nous roulons pendant plusieurs mètres. Je sens ma peau me brûlait à vif, à cause de mes coupures mais comme hier, j'ai cette brûlure aux bras et j'ai mon instinct combattif qui s'enclenche.

Je parviens à me débarrasser de la première ombre qui disparait. Je n'ai juste le temps de me relever pour reprendre la course lorsque je sens le couteau siffler près de mon oreille avant de s'échouer dans le tronc d'arbre. Je sens même un liquide s'écouler de ma joue. Du sang.

La connasse ! Elle a frôlé ma belle joue avec sa lame.

Je la regarde et reprends ma course. Heureusement que je sais qu'il y a Edna quelque part dans ce corps qui ne lui appartient plus.

Je zigzague à travers la végétation et je m'arrête juste à temps avant de constater la falaise qui se trouve plus bas.

Je me retourne et la seconde ombre fonce droit sur moi.

Je ne réfléchis pas longtemps et agis comme les acteurs de film et me décale au bon moment pour que l'ombre chute de l'autre côté et c'est ce qu'il arrive.

L'ombre disparait et je me retrouve avec Edna qui a ce foutu couteau à la main.

— Edna. C'est Billie. Tu ne vas me tuer quand même ! m'exclamé-je.

Tout en disant cela, je me décale du bord de la falaise. Elle ne dit rien et me fixe de son regard translucide. La colère et la haine émane d'elle.

Qu'est-ce qui lui ont fait ?

— Edna ...

— Tu vas mourir, dit-elle d'une voix très calme que je ne reconnais pas.

— Quoi ?

Elle se rue sur moi et je décide d'agir en conséquence en lui donnant un coup de pied à l'estomac.

— Désolée Edna ! En plus, je sais que tu as déjà mal et ...

Elle revient à la charge et tente de me toucher avec cette arme blanche. Il faut absolument qu'elle ne l'ait plus.

Je prends donc mon courage à deux mains et me décide de l'affronter. Je tente de lui donner un premier un coup de poing, qu'elle évite puis c'est à son tour de me donner un coup de pied qui me fait chanceler.

Je me redresse bien vite malgré la douleur et évite son énième coup, attrape sa main avec le couteau et lui donne un coup de tête qui me fait autant mal qu'à elle mais, je réprime la douleur et ramasse le couteau avant qu'elle ne revienne à la charge.

Soudainement, je me retrouve envahie par cette sensation de contrôle. J'ai l'impression qu'on tente de me contrôler. Alors, j'essaye de ne pas me laisser faire mais, c'est le moment parfait pour Edna de me donner un bon crochet.

Je me retrouve au sol avec une envie de la tuer et de lui dire que je suis Billie qu'elle n'est pas vraiment elle à cet instant.

Sauf que l'envie de la voir morte et de gagner prend le dessus. Je devais la battre et l'abattre.

Je me relève et un combat dont je n'ai pas forcément conscience commence pour nous deux.

Alors, que je ne m'étais jamais, au grand jamais battue avec elle. Même pour rire.

***

— Si l'une d'elle meurt, je le tue ! lance la voix menaçante. Ce que nous faisons est malsain, appuie-t-elle.

La personne paniquait intérieurement. Cette scène lui brisait le coeur. Elle voulait faire cesser cela.

Edna et Billie se battaient comme des professionnels des combats martiaux.

La personne avait même du mal à les reconnaitre. Mais la personne savait aussi que l'implant était responsable en partie, de cette force et puissance qu'elles usaient.

La personne savait aussi que ce test, ce troisième test était déterminant.

En effet, en faisant en sorte qu'elles n'aient plus réellement conscience de leur amitié, il fallait qu'elles sachent contrôler la puissance de cet implant, car bien qu'il soit retravaillé, l'implant prenait souvent le pouvoir sur l'hôte avec le temps, ce qui a fait que les précédentes candidates étaient mortes.

Et ça ne devait pas arriver à Billie et Edna qui étaient leur plus grand espoir.

Tout le monde regardait le combat qui se déroulait à l'écran silencieusement.

Les personnes étaient surprises par la force et la rapidité d'Edna. Les personnes étaient surprises face à une Billie qui ne lâchait rien et qui apprenait très très vite ce qui promettait d'être excellent pour la suite.

Les personnes présentes, masquaient aussi cette peur qu'elles se blessent mutuellement mais, le cerveau de ce plan savait que ça n'arriverait pas.

Le cerveau de ce plan savait qu'elles trouvaient l'équilibre pour pouvoir s'arrêter avec le drame.

La personne y croyait dur comme fer.

Un moment d'inattention de la part de Billie fit qu'Edna enchaina des prises, dont elle seule avait le secret et Billie se retrouva pour la énième fois au sol.

Edna se place à califourchon sur elle, prit le couteau de ses mains et le souleva en lâchant :

— Tu vas mourir, Billie.

Le cerveau de ce plan, se redresse, le doute s'immisçant en lui.

Ça ne devait pas arriver.

Edna était celle qui avait le plus de contrôle et pourtant, c'était celle qui avait du mal à retrouver ses esprits et ne plus laisser l'implant prendre le dessus sur son esprit.

Billie était haletante sous elle et attrapa ses bras pour empêcher le couteau de traverser sa poitrine. Il n'était qu'à quelques millimètres de sa peau. Elle sentait même le bout de la lame.

— Edna, lance-t-elle avec les dernières forces. Regarde-moi. Je suis Billie. Tu ne me tueras pas.

Malgré ses dires, Edna appuyait encore.

— Elle va le faire, rétorque l'un de membres de ce programme.

Non, elle ne le ferait pas, se dit le cerveau du groupe. Mais, la personne ne le dit pas à haute voix.

Toutes les respirations s'étaient arrêtées pour connaitre le dénouement de cette scène.

Billie n'abandonnait pas mais, elle n'allait pas tenir bien longtemps alors elle joua le tout pour le tout.

— Edna. Je fais partie de ton équilibre. Tu l'as dit tout à l'heure. Si je tombe Edna, tu ..., s'écrit-elle.

Étrangement, Edna commençait à changer d'attitude et Billie se mit à lui hurler « Si je tombe Edna, tu ... » pour obtenir une réponse et ce fut un déclic, car Edna recouvrit sa réelle couleur des yeux, le souffle court et laissa échapper :

— Je tombe, Billie. Je tombe.

Des soupirs de soulagements envahissent la pièce tandis que Edna se laisse tomber à côte de Billie, après avoir balancé le couteau le plus loin possible d'elle.

La personne en tête retient son soupir de soulagement et croise le regard de l'autre personne.

Celle-ci lui cracha au visage :

— La prochaine fois, essaye sur Billie. Je ne sais pas si tu auras autant de chance que cette fois.

— C'est ce que je comptais faire, rétorque la personne avec dédain.

Elles se dévisagent avec haine et elle appuie sur un bouton, la joie l'envahissant. La personne savait que ces deux filles n'échoueraient pas.

La sirène retentit et les filles se bouchent les oreilles avant d'entendre « Troisième test réussi ».

Elles sont toutes les deux allongées sur l'herbe et regardent ce ciel crée à l'ordinateur, par ces gens qui s'amusaient avec elles.

Edna était en train de réaliser qu'elle n'est pas si infaillible que ça et qu'elle avait failli blesser sa Billie, si Billie ne l'avait pas ramené à la raison, tandis que Billie se demande si après toute cette histoire, leur amitié ne sera touchée d'aucune séquelle, car elle devait bien se l'avouer, elle craignait que sa Edna ne déraille.

Et qu'elle ne change à jamais.

***

« Le problème, c'est que l'humain a tendance de croire que toutes les choses sont acquises, à partir du moment que tout se passe bien et qu'il n'y a pas de brouillard à l'horizon. Sauf, que ça ne devrait pas être le cas. Il faudrait qu'on ait entièrement conscience que d'une seconde à une autre, les choses peuvent prendre un autre tournant. Que tout peut changer. Que les cartes peuvent être redistribuées. Et que surtout, la situation peut soudainement vous dépasser et prendre le dessus sur vous et qu'à la fin, il ne restera plus rien sauf le passé et les souvenirs de cet avant ». JFL.

***

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