6.

Le sommet.

Les gens se réunissent que très rarement pour le sommet.

Il ne faudrait pas qu'on découvre qui ils sont et le pourquoi de ce sommet.

Mais là, il n'y a pas le choix. Le sommet doit se réunir pour avertir ses membres de la situation actuelle des choses.

Les personnalités politiques de ce monde ont investi beaucoup trop d'argent sur ce plan, alors qu'il échoue, n'est pas envisageable.

En effet avec les années qui découlent, et au lieu de voir une progression de l'humain, on y voit une régression constante de la race humaine... à croire que l'histoire n'a pas assez marqué notre monde et ce constat a été sans appel de la part du « président de ce sommet » et de ses membres.

La femme prend de plus en plus de place dans le monde. Depuis peu, on la voit beaucoup trop.

Certaines se disent féministes tandis que d'autres défendent la cause de la femme en demandant juste une égalité avec les hommes dans plusieurs catégories.

Les femmes prennent davantage de place et prennent davantage la parole, alors qu'à une certaine époque et encore dans certains pays, elle est soumise à l'homme.

Mais, les gens du sommet sentent qu'une rébellion peut être lancée. Il suffit d'une étincelle pour renverser la situation. Ainsi, il faut éteindre les braises au plus vite.

Bien sûr que la femme en a marre d'être pointée du doigt pour diverses raisons.

Bien sûr que l'homme sait influencer une femme sur ses décisions.

Bien sûr que les femmes entre elles, ne s'entendent pas et se la jouent hypocrites en se sentant supérieures à d'autres.

Bien sûr que les femmes sont les premières à juger celles qui ne les ressemblent pas.

Bien sûr que la femme est un sujet de discorde permanent et bien sûr qu'elle a énormément de défauts, mais la femme doit avoir une place importante dans cette société tels que les hommes.

La femme fait certainement plus de choses que les hommes mais ça, il ne faut pas le dire car apparement certaines tâches sont prédestinées seulement à la femme et certainement pas à l'homme.

Le problème est que la femme demande le respect et la prise de conscience de la part des hommes que ce n'est pas facile tous les jours pour elle.

La femme ne veut pas spécialement se sentir supérieur à l'homme, c'est vrai, chacun à un rôle déterminant dans la société et ce, depuis la nuit des temps.

C'est juste que la femme d'aujourd'hui, veut être comprise des hommes. Elle veut montrer qu'elle est capable de bien des choses et tente (si elle n'est pas le genre de femmes axée sur l'apparence, la médisance et l'hypocrisie) de rassembler ce monde qu'elle trouve en perdition.

La femme d'aujourd'hui aimerait que les misères du monde cessent.

La femme d'aujourd'hui aimerait être davantage entendu dans le monde politique.

La femme d'aujourd'hui voudrait davantage que les femmes soient des femmes entreprenantes, chef de leur propre entreprise.

La femme d'aujourd'hui ne devrait pas avoir peur que l'homme lui rit au nez et devrait s'allier à d'autres femmes qui ont la même vision des choses. Le femme d'aujourd'hui se préoccupe des générations futures.

En outre, faire un grand pas vers une meilleure monde.

Et c'est certainement possible si ces femmes s'écoutent et se comprennent afin de mettre la machine en marche. Cette rébellion en marche ...

Ça ne serait tarder avec tous ces crimes qui souillent chaque jour, un peu plus notre monde.

En effet, ces guerres qui sont provoqués par les plus riches, les crimes quotidiens, la famine qui est encore courante, alors qu'il y a suffisamment à manger pour tout le monde ... 

Et encore une fois, tout est une question d'argent. 

Ces groupes extrémistes de toutes sortes qui sont crées juste pour mener à une discorde totale entre tout le monde, alors qu'on sait très bien au fond de nous, qui financent ces types de groupe qui nous séparent au lieu de nous unir, ces problèmes environnementaux dont les chefs d'États s'en moquent tant que ça fait de l'argent ...

Toujours et encore l'argent ...

Ah ! Si les gens avaient réellement conscience qu'en mourant, on ne les enterrait pas avec leurs biens et surtout leur putain de billet qui n'est simple papier que tout le monde réclame finalement ...

Peut-être que beaucoup de femmes commencent à se réveiller et à voir que les hommes au sommet n'en ont que faire de ces problèmes, car l'argent est l'un des vices de l'Homme.

Et ça, le sommet en a peur de ces femmes car, il constate qu'il y a de plus en plus de ce type de femmes qui se bat pour ce qu'elle désire et qui décide de ne pas rester cloitrer dans les cases que les hommes ont dictés.

Ça fait peur. Les femmes ne peuvent gérer le monde. L'équilibre précaire de ce monde s'effondrait. Et c'est intolérable ! Ils ne peuvent pas rester les bras croisés.

Éteindre les braises avant que le feu ne soit raviver. 

Alors, ils ont mis en place ce plan de détruire les jeunes femmes qui peuvent faire bouger les choses, en secouant leur congénères par la force des mots.

Évidemment, les choses nouvelles, ça fait craindre.

Alors, dans le nouvel air de la technologie de pointe et de la puce, un possible contrôle de la femme sans qu'elle ait conscience ait devenu réalisable.

Ne vous m'éprenez pas. Certaines femmes hauts placés font parti de ce sommet. Elles se sentent privilégiées et pensent certainement méritaient leur place, alors elles sont d'accord pour ce plan. Elle veulent qu'il soit mis à exécution le plus rapidement possible.

La pièce où se trouve ses membres se situe dans une des tours les plus majestueuses de New-York.

New-York est bien connu pour ses grattes-ciels.

La pièce donne une vue imprenable sur toute la ville mais, ce n'est pas la préoccupation majeure des participants .

Une cacophonie sourde y règne. Les chuchotements font partis du décor. Les questions fusent de partout. Pourquoi ce sommet ? Ce n'était pas prévu ...

Et le président de ce sommet n'a pas besoin de l'entendre cette cacophonie pour savoir ce que les gens pensent. Il parcourt donc du regard toutes les personnes présentes. Son regard ne laisse rien échapper.

Il connait les questionnements.

Il sait bien dans quoi il s'est engagé lorsqu'on lui a proposé ce poste qui ne figure aucunement dans son CV de grand magna de l'industrie informatique et de l'audiovisuel.

Cet homme qui est à la tête de plusieurs entreprises internationalement connues, est multi-milliardaire. On le voit très peu. Il a dû faire quelques apparitions brèves pour sa sécurité, mais il a soif d'argent, de fortunes et de conflits mondiaux.

Vous ne saviez pas ?! Certains hommes gagnent de l'argent sur des morts de guerre politiques ou pétrolières. Et encore, ce n'est qu'une partie de l'iceberg. Ces types de personnes se sentent intouchables.

Trop de confiance en leur personne, en même temps, personne n'a tenté de les arrêter.

Un geste simple de sa part attire tous les regards.

Il ne chancèle pas devant certains regards impertinents. Il se lève même pour montrer davantage son pouvoir.

Et il se met à parler.

— Le lancement de notre plan ne devrait pas tarder d'après ce qu'ils m'ont dit. Les sacrifices qui sont faits ne sont pas encore terminés, alors nous devons patienter tant que l'ordre suprême n'a pas été donné.

Là, à cet instant « l'ordre suprême » vous intrigue.

Évidemment, il y a plus haut que cet homme qui se tient devant toutes ces personnes. Lui, il est juste l'intermédiaire entre eux. Il a été l'élu. Celui qui leur communique leur attentes.

Alors il poursuis :

— Vous savez très bien que les sacrifices ne sont pas faciles à réaliser. En effet, des soupçons sont portés sur le fait, que nous avions des potentiels personnes qui aimeraient contrecarrer notre plan.

Les voix se lèvent déjà, mécontentes, mais encore une fois, un signe de main stoppe tout.

— Ils sont à la recherche de ce groupe. Pour l'instant, deux femmes ont été ciblées, mais visiblement, elles ne n'en savent pas plus que l'ordre lui-même. Ça signifie que ce sont des personnes qui ont probablement ou qui côtoient les services secrets du gouvernement pour être aussi bien cachées.

— Comment est-ce possible ? s'écrie une femme. Le lancement du plan doit se faire avant la fin d'année. C'est ce qui a été prévu. Et combien de sacrifies ont été réalisés ? Je commence sérieusement à douter de l'ordre suprême.

Certains acquiescent et l'homme reste de marbre face à l'affront de cette femme politique dont il connait bien ses péchés.

D'ailleurs, un sourire carnassier apparait sur son visage en répondant à ses questions.

— Pour l'instant, deux. Et une troisième victime a été sacrifié il y a plusieurs heures, mais elle ne faisait pas parti de la liste. Contre-temps, ajoute-t-il avec un sourire en coin. Mais sachez que Madame la Ministre, il n'y a pas à douter de l'ordre suprême. Le lancement sera fait.

Ils sont très peu à être convaincu ce qui commence à agacer cet homme d'envergure.

— Écoutez, l'ordre suprême sait ce qu'il fait. Ils ont des fidèles un peu partout dans ce pays et dans les agences gouvernementales qui sont supposées protéger la population. Ils seront rapidement retrouvés et arrêtés. Douter d'eux, c'est remettre en question, le pourquoi de votre engagement envers l'ordre. Et ne pas avoir confiance en eux, signifie clairement un risque de mise en danger de l'ordre suprême alors ...

La menace est clairement dite. Un mauvais pas de leur part ou une tentative de rétraction, la mort viendrait frapper à leur porte sans crier gare.

Certains finissent par regretter leur présence dans ce sommet. Et l'homme le sent. Donc, il dévoile encore son sourire d'une arrogance suprême et regarde sa montre. Une Jaeger Lecoultre. Il adore sa montre.

— Vous pouvez disposer. Vous serez contactés si un autre sommet doit se réunir. Bonne fin de soirée.

Lui, il y croit en cet ordre suprême qu'il a rencontré plusieurs fois. Privilégier qu'il est.

En fait, il fait office d'intermédiaire, mais il a sa place de membre de l'ordre suprême et ça, les autres ne le savaient pas.

C'est pour ça qu'il joue plusieurs rôles qu'il sait jouer à la perfection.

***

« L'Homme n'est qu'un mur qu'on tente souvent de contourner, pour en savoir plus sur la dite personne. On grimpe ce mur, on le brise mais il y a toujours un autre mur qu'on érige pour se prévenir des potentiels risques. Et malheureusement, plus on creuse, plus on n'y trouve des choses affreuses. Et souvent le mal est plus fort que le bien. Si tout être a une partie lumineuse, sa partie sombre est là et parfois, elle prend le dessus en faisant disparaitre cette lumière qui baigne en la personne. Puis, ce n'est plus un humain qu'on trouve en face de nous. Mais, un monstre dont on n'a pas connaissance de sa noirceur, car son sourire est un leurre. » JFL

*

Billie Fernandez

— Qu'est-ce que tu fais là ?

C'est tout ce qui me sort de la bouche, lorsque je le vois se tenir dans son éternel costume et son long manteau noir.

Je ne peux rien dire de plus pendant un moment.

J'ai l'impression d'être dans un mauvais rêve. Je ne comprends plus. Oui, je ne comprends plus sa persistance.

Je ne comprends pas pourquoi ma mère se permet de lui donner mon adresse. Car, c'est forcément elle. Personne d'autre. Et, ça m'énerve, grandement que je n'ai qu'une envie, lui claquer la porte au nez. Ou pire ... le frapper ! Avec son sourire débile, qui se veut attendrissant, sur les lèvres.

Malheureusement, je suis figée. Je ne le quitte pas du regard et lui, non plus. Il me défit presque.

Il sait que d'une certaine façon, je suis au pied du mur, à cet instant même. Il sait qu'il a envahit mon territoire sans me demander l'autorisation.

Il sait qu'il a gagné d'une certaine façon.

— Je réitère ma question, qu'est-ce que tu fais là ?

Ma voix tente de se faire mesurer et calme alors que je n'ai qu'une envie, lui hurler dessus de quitter une bonne fois pour toute ma vie.

Il se décide donc de me répondre après quelques secondes qui me semblent interminable.

— Ta mère m'a donné ton adresse. Je tiens absolument à m'expliquer avec toi avant de disparaitre, une nouvelle fois dans ta vie. Comme tu le désires tant, ajoute-t-il.

Ses yeux bruns me détaillent en entendant patiemment que je défaille face à ses paroles qui font écho en moi. Sauf que je ne le ferais pas et mon bras qui me lance pour voir cette vision apparaitre, n'apparaitra pas.

Je m'en contre-fiche de sa vie de truand. Je ne veux rien savoir de lui.

Il peut même être enfermé pendant 25 ans dans une prison à haute sécurité, je ne serai même pas touchée.

— Tu ne comprends pas ? dis-je alors qu'un ricanement nerveux m'échappe. Je ne veux pas entendre des explications. Je pensais être claire l'autre fois.

La douleur à mon bras commence à devenir de moins en moins supportable, mais j'essaye de masquer cette douleur qui traverse tout mon corps, tant bien que mal.

Je fais même profil bas lorsque je sens que les filles regardent dans notre direction. Je sens ce silence pesant et les questionnements qui traversent leur esprit. Elles se demandent qui est cet homme.

Seul Edna était au courant de son retour. Je n'avais pas trouvé important à leur dire.

Et cet inqualifiable homme ose donc lever la main dans leur direction pour les saluer.

Je me tourne brièvement vers elles, pousse Russell McCarthy pour pouvoir sortir et je ferme la porte derrière moi.

— Va -t-en, s'il te plaît. Tu n'as définitivement rien à faire ici. Je me demande même pourquoi ma mère t'a donné mon adresse. Je lui en veux terriblement.

— Écoute Billie, je comprends ta réticence ...

— J'en ai rien à foutre merde ! m'écrié-je à bout. Tu ne comprends pas que ta présence m'est intolérable !

La douleur commençait vraiment à être atroce et je me sens suer. Je tente de contrôler mon souffle qui se fait de plus en plus difficile en fermant les yeux quelques instants.

Je les rouvre et découvre un regard que je n'aurais jamais pensé qu'il pourrait me porter.

Il était soudainement inquiet et concerné par mon état.

— Billie, ça va ? me questionne-t-il inquiet.

Il tente de prendre un pas vers moi mais je recule.

— Dégage avant que je ne te dise des mots atroces. Je ne veux pas de toi dans ma vie. Tu devrais dégager, sinon j'irai porter plainte contre ta persistance à vouloir me parler, rétorqué-je menaçante.

Il a l'air choqué de ma réaction et l'ascenseur montre sa présence.

C'est Edna qui en sort et elle se fige à son tour en voyant qui se trouve face à moi.

Sa présence me soulage immédiatement. Elle s'approche de moi en dévisageant l'homme qui me sert de géniteur. Il la regarde aussi, puis je croise le regard d'Edna qui s'inquiète de mon état. Elle comprend pourquoi je suis comme ça alors elle décide de régler la situation.

— Bonsoir Monsieur McCarthy. Je suis Edna Fall. La soeur de Billie, dit-elle avec sérieux.

Il fronce les sourcils au mot « soeur » car évidemment, nous n'avons aucune ressemblance et elle poursuit aucunement perturbée par ce regard hautain.

— Vous devriez vous en aller. Je suis agent de police et je crois deviner que Billie ne veut pas de vous, alors vous devriez gentiment vous en aller.

— Mais j'aimerais m'entretenir avec elle, se défend-t-il aussitôt, presque affolé. C'est import...

Elle arrête d'un geste de la main et lui plante un regard dur.

— Je comprends tout à fait votre positionnement mais, vous ne pensez pas que votre façon d'agir est à la limite de l'harcèlement ? Si elle veut vous parler, elle le fera. Vous n'avez pas à la contraindre de vous écouter. En fait, vous n'avez aucun droit sur elle. Vous l'avez perdu le jour de votre départ Monsieur McCarthy, avec tout le respect que je vous dois.

Tout d'abord, les paroles d'Edna le blessent fortement. Je le vois dans son regard mais, Edna a tout à fait raison. Ensuite, son regard se teinte de tristesse puis il nous regarde tour à tour et acquiesce gentiment à ma grande surprise.

— Bien. Dans ce cas, je vais m'en aller. Je peux vous laisser ma carte ? Vous pourriez peut-être la convaincre de me parler. J'ai l'impression que vous pourriez lui faire entendre raison étant sa ... soeur.

Il s'active en lui tendant sa carte, puis me regarde tristement avant de prendre l'ascenseur et de s'en aller.

Edna laisse plusieurs secondes avant de me regarder et de m'interroger sur mon état.

Le départ de Russell me permet de respirer beaucoup mieux et surtout, la douleur disparaît comme elle apparait. Je soupire de soulagement en m'appuyant sur ma super Edna. Je la remercie du regard tout en essuyant mon front légèrement en sueur et lâche :

— J'ai envie de débarquer chez ma mère pour l'engueuler, dis-je d'une voix affaiblie. Elle est dans l'excès là !

Elle sourit faiblement et rétorque :

— Elle ne pensait pas à mal Billie. Tu connais Maria. Elle s'emballe autant que toi sur certaines choses. Je pense qu'elle veut que tu apprennes un minimum à connaitre ton père.

Je secoue ma tête. Il est hors de question que je le nomme comme ça.

— Il n'est pas mon père, Edna. Il n'a jamais été là pour moi et je te jure que ça doit être un criminel. Dès qu'il est là, mon bras me fait mal et la vision veut apparaitre. Heureusement que je parviens à la bloquer. Je ne veux pas savoir ce qu'il a fait, me confié-je.

Elle acquiesce doucement sans me quitter du regard.

— J'ai son dossier dans mon sac à dos. Tu pourrais peut-être le lire et après, on en parlera. Je pense que ... que tu devrais voir cette vision, me suggère-t-elle.

— Alors là, tu rêves ! ricané-je. Mais je veux bien le dossier. Bon, allons chez ta future belle-mère, dis-je pour changer de sujet.

Elle a l'air surprise par mon changement d'attitude. Et, je n'en tiens pas compte et retourne à notre appartement.

Amiri, Mirah et Niya cessent aussitôt leur conversation et c'est avec le sourire le plus faux du monde que je leur annonce qu'elles avaient vu mon géniteur récalcitrant.

— Ton ... Ton père ?! bafouille Amiri, interloquée.

— Merci de ne pas le nommer comme ça. Bref, faites comme s'il n'avait jamais existé les filles !

— Au fait, salut ! Je vais me changer et on va chez Madame Levy ! lâche Edna avant de s'éclipser.

Les filles ne la calculent pas vraiment, trop ébranlées par la nouvelle et c'est Niya qui décide de laisser échapper un commentaire pendant qu'on enfile nos manteaux.

— Je trouve que tu lui ressembles Billie, dit-elle.

— Évite de dire ça Niya. Merci, tiqué-je.

Ça me donne la gerbe juste au fait d'y penser.

— Il est plutôt bel homme, ajoute Mirah. Puis, c'est génial que tu puisses enfin le voir, après tant d'années. J'aurais tout donné pour revoir mon père une dernière fois.

Je croise son regard et me sens gênée face à ce qu'elle dit, même si elle sourit pour masquer sa tristesse.

En effet, Mirah a perdu son père très jeune. Nous ne la connaissions pas encore, mais pour le peu qu'elle nous en avait parlé, elle l'aimait beaucoup son père. Et il lui manquait chaque jour.

Malheureusement, je ne ressens aucunement ce type d'émotion.

Edna décide d'apparaitre et c'est avec la voiture de Niya que nous nous rendons chez Madame Levy.

L'ambiance est bonne enfant durant le trajet même si je sens Edna ailleurs.

C'est Amiri qui décide de lui poser la question fatidique la concernant avec Gideon. Je n'ose pas le faire, après le sauvetage in-extremis dont elle m'avait fait honneur.

Infortunément, elle devine que je suis responsable de la mise à jour auprès des filles. Et étant sur le siège passager, elle se tourne vers moi et me fusille du regard.

— Merci pour ta légendaire discrétion concernant mes affaires privées Billie, crache-t-elle agacée.

— Pas de quoi.

— Allez ça va, Ed ! fait Niya en pouffant. On se dit le maximum de choses et tu le sais. Surtout concernant nos aventures amoureuses.

Celle-ci ronchonne et croise les bras. On commence toutes à râler à cause de son attitude. Elle finit par capituler, mécontente. De toute manière, elle cède toujours sous notre pression.

— Vous êtes les filles les plus chiantes au monde ! s'exclame-t-elle, irritée.

— C'est pour ça que tu nous aimes aussi ! souligne Mirah. Allez balance la sauce, ma soeur !

— Eh bien, on dine demain soir ensemble, dit-elle vaguement. Je ne sais pas encore où, mais voilà.

On couine comme des folles en laissant échapper quelques hurlements de joie. Elle fait un signe de main pour qu'on se calme.

Évidemment, ça l'a met dans l'ambiance, direct, lorsqu'on s'agite comme ça, donc elle commence à avoir des ailes et elle se met à sourire malicieusement.

— Et ... il m'a avoué ressentir des choses depuis pas mal de temps et on s'est embrassé vite fait.

Niya, bien qu'elle soit au volant, met une musique indienne de son pays d'origine et commence à se déhancher. Bien sûr, elle n'hésite pas à klaxonner quelques fois. Edna éclate de rire et j'avoue qu'on commence à bouger comme des idiotes, trop heureuses que l'une de nous va être potentiellement en couple.

Nous sommes désespérantes, je sais ! Mais l'amour, et aimer, c'est la base des bases dans ce triste monde.

— Stop les filles ! demande Amiri. Alors, elles sont comment ses lèvres ? Son organe buccal a été utilisé ?

Edna lève les yeux tout en secouant la tête, hilare.

— Je veux savoir aussi, Ed ! dis-je. Fais pas ta timide !

— Mais y'a rien eu de tout ça !

— C'est un débutant en la matière alors, commente Mirah. En tout cas, il aime aussi les femmes ! C'est la magie Edna ça !

Elle ricane et Niya adjuge ses propos. Évidemment, on l'harcèle de question durant tout le trajet, pendant qu'elle indiquait le chemin à Niya.

Elle répondait vaguement à certaines de nos questions et c'était tellement mignon, qu'elle soit si gênée que j'avais l'impression de retrouver l'Edna du lycée qui était gênée, dès lors qu'un mec lui demandait une feuille.

On se foutait bien de sa tête à cet époque.

Finalement, tout ça a réussit à me faire occulter mon père et son dossier qui m'attend à la maison.

Niya parvient à se garer non loin de la tour en question.

Lorsqu'on marche vers celle-ci, nous sommes subjuguées par la hauteur du bâtiment et surtout le quartier.

— Si tu ne veux pas d'Elliott, donne-le moi Edna, laisse échapper Mirah.

— Je te jure, les temps sont difficiles, rétorque Amiri. Edward a vraiment raison.

— Vous n'avez encore rien vu ! dit-elle avec vantardise.

On entre dans le bâtiment après qu'elle ait signalé sa présence à l'interphone. La voix de cette Madame Levy est chantonnante et gaie. Elle nous ouvre et nous traversons le couloir tout en marbre avant qu'elle appelle l'ascenseur.

La beauté des lieux est vraiment digne des habitations de luxe pour les célébrités.

L'ascenseur finit par être là et Edna nous avertit de nous tenir à carreaux.

Nous arrivons au 37ème étage de cette tour flamboyante et nous sommes à peine sorti de l'ascenseur qu'une femme avec une classe incontournable nous accueille avec un sourire jusqu'aux yeux.

Enfin, elle enlace surtout sa future « fausse » belle-fille avec joie.

— Je suis si heu-reuse de te revoir ma belle Edna !

Edna est évidemment beaucoup moins réceptive et elle nous présente à cette charmante femme qui s'habille très très bien. Cette jupe crayon et ses talons de grandes marques lui vont très bien. Elle est tellement classe que je la jalouse mentalement.

— Voici Billie. Je la considère comme ma sœur. Je la connais depuis que je suis petite. Puis là, vous avez Niya, Amiri et Mirah. Billie et moi les avons connues au lycée et depuis on ne se lâche plus. Nous sommes comme des sœurs. 

— Comme c'est attendrissant ! J'a-dore ! Je suis honorablement touchée et enchantée de rencontrer les amies d'Edna. Appelez-moi Pattie. Allez, venez ! Le festin vous attend !

On regarde toutes Edna avec le sourire et celle-ci hausse les épaules.

Lorsque nous entrons dans ce luxueux appartement, digne d'être présent dans un magazine de décoration d'intérieure, nos yeux papillonnent partout tandis qu'Edna l'aide à nous débarrasser de nos manteaux.

Mirah s'exclame en voyant un tableau accroché sur l'un de murs.

— Vous détenez une peinture de Leonara Carrington ! C'est incroyable ! Je vous aime déjà Madame Levy !

Celle-ci sourit comme une dingue et je comprends Edna lorsqu'elle me disait que cette bonne femme était probablement toquée, car elle est tellement enjouée qu'on se demande si elle connait le sentiment de tristesse.

— Déjà, tutoies-moi très chère ! Et oui, c'est un tableau de Leonara. Je l'ai obtenu de ma mère, il y a bien des années.

— Si vous le vendez, vous gagnerez tellement d'argent dessus, même si c'est pas si beau que ça, commente Amiri avec naïveté.

Mirah la fusille du regard et la bonne femme Levy rit.

Mirah et les tableaux artistiques, c'est une grande histoire d'amour alors, mieux vaut éviter de dire qu'une oeuvre est moche, sinon, c'est la guerre et ça part en monologue de sa part.

— Ne t'offusque pas Mirah, intervient-elle. Tu dis ce que tu penses ma chère Amiri.

Amiri joue des sourcils auprès de Mirah et une voix masculine qui se fait lointaine s'approche de plus en plus du salon, tout en demandant à Pattie où se trouve son pull.

Bien sûr que je devine que c'est Elliott tout comme Edna qui fronce les sourcils avec surprise. Les filles aussi le savent et attendent son apparition avec excitation.

Celui-ci fait son apparition, avec une simple serviette nouée autour de la taille.

Il se liquéfie en nous voyant toutes et sa mère glousse en le voyant. Il vire au cramoisie et déglutit plusieurs fois que je trouve ça trop mignon.

Edna a de la chance ... Ah mais c'est Gideon son futur mec !

— Ellie chéri ! Ce n'est pas une façon d'accueillir des jeunes femmes. Va donc te couvrir veux-tu ? Excusez-le, les filles. Allons à table. Tu nous rejoins mon chéri ?!

Sauf qu'aucune de nous ne bouge.

Oui, on est bloquée.

Cet Elliott est vraiment vraiment vraiment pas mal ... Bien bâti, des muscles saillants, mais pas à en vomir non plus, une peau qui a l'air lisse avec ces gouttelettes d'eau...

Douglas !

Ouais !!!! Il y a Douglas dans ma vie ! L'homme de ma vie ! Pourquoi il ne peut pas se présenter comme ça ?! Pour que je compare ses abdos à ceux d'Elliott qui sont quand même très présents. Normal, c'est un policier alors la forme physique est de rigueur tout comme chez Edna.

Bon, Edna a énormément de la chance quand même.

Celui-ci croise le regard d'Edna avant de s'en aller. Et Edna se tourne aussitôt vers Pattie qu'elle mitraille du regard.

— Vous m'avez menti ! s'exclame-t-elle.

— Il n'était pas prévu, Edna ! Mais, c'est mon fils. Je n'allai pas lui refuser sa venue tout de même ! se justifie-t-elle.

Edna fulmine intérieurement et c'est Niya qui détend l'atmosphère en lâchant :

— Madame Levy, je veux bien être votre belle-fille. Vous pourriez venir en Inde ! Gratis ! Avec moi, bien sûr !

Tout le monde rit sauf Edna qui boude. Je peux comprendre sa rancune envers Elliott, mais il l'a défendu comme un boss au dîner.

— Eh bien, c'est mon fils qui choisit !

— En tout cas, je veux bien des accueils de la sorte, rétorque Amiri. J'adore ce type d'entrée. 

Pattie sourit et nous demande de la suivre.

La table est déjà mise et elle nous permet de nous installer pendant qu'elle ramène les plats.

Ça sent tellement bon que j'en ai l'eau à la bouche.

— Alors les filles, ne soyez pas timides sur la quantité. Je vous ai préparé de la limonade maison. Edna m'a dit qu'aucune de vous ne buviez d'alcool.

Elle envoie un petit clin d'œil à ma meilleure amie qui ne confirme rien.

Je la regarde pour lui dire d'arrêter de faire la tête, mais la présence d'Elliott l'embarrasse définitivement.

Qu'est-ce qu'il s'est passé entre eux ?

Bon ... La nourriture m'appelle donc je jouerai mon rôle de super amie plus tard, pour l'instant, le plat de macaroni me fait de l'œil, alors Edna et ses bouderies, on en a rien à faire.

Pattie nous fait la discussion avec plaisir et nous lui retournons ses questions.

Elle est super cool en fait. Très euphorique mais adorable et chaleureuse.

Qui ne rêverait pas d'une belle-mère comme ça ? Je ne sais pas de quoi elle se plaint Edna. 

D'ailleurs, celle-ci mange en silence, même si je sais qu'elle rêve de s'extasier à haute voix du goût des macaronis.

En tout cas, je le fais sans gêne.

— Ma mère fait des macaronis qui sont démentiels Pattie, Tata Eva aussi mais les vôtres, elle sont d'un niveau ... j'ai envie de manger l'assiette avec, dis-je.

— Merci Billie !

— Elle a entièrement raison ! Tu sais qu'Edna nous a vendu du rêve lorsqu'elle nous a raconté ce qu'elle a mangé chez toi, réplique Niya se croyant chez elle et en la tutoyant avec facilité.

C'est du Niya tout craché ça.

Pattie est émue par tous nos compliments.

C'est Elliott qui coupe encore une fois cette bonne ambiance en se raclant la gorge.

Il a l'air intimidé par tant de femmes que j'ai envie de rire, mais il parvient à annoncer à sa mère qu'il s'en va.

— Tu es sûr mon cœur ? Tu peux te joindre à nous. Ça ne gênera pas les filles, n'est-ce pas ?

On répond tous à l'affirmatif et Amiri ajoute :

— Et si tu ne veux pas rester à cause de cette tête de mule d'Edna, fais-comme si elle n'existait pas. Ce n'est pas difficile. 

Edna roule des yeux et il sourit en coin.

— Non, je vais y aller. J'ai à faire. Bonne appétit. Je t'appelle, maman.

— D'accord. Tu ne veux pas une ...

— Non, la coupe-t-il. Salut. 

Nous le saluons et il nous quitte comme il est apparu.

Sans qu'on ne s'y attende, Edna se lève après s'être excusée et s'en va le rejoindre.

Pattie pétille de joie à cette action de sa part, tout en reprenant sa fourchette. Je la regarde, les yeux plissés et un petit sourire aux lèvres.

— Vous avez fait exprès de dire à votre fils de venir, deviné-je.

— Je l'avoue. Ce n'était pas prévu et j'aurais désiré qu'il reste dîner ici, pour que vous puissiez faire connaissance avec lui et que vous voyiez qu'il n'est pas le mauvais garçon qu'Edna vous a raconté. Parce que je sais qu'elle vous a parlé de son comportement envers elle. Puis, ils vont se marier ... même si c'est pour le boulot. J'aimerais vraiment qu'ils s'entendent bien, dit-elle avec une voix beaucoup plus basse.

— Edna nous a tout dit sur lui. Depuis le début, admets-je.

— Ça, c'est clair ! On a fini par le détester avec elle, commente Niya. Il n'a pas été très cool.

— C'est totalement compréhensible ! Je ne vous en veux pas. C'est tout à fait normal mais je le répète, il n'est pas comme ça, dit-elle.

Bien sûr, je ne dis rien car je sais toute la vérité le concernant. Alors, je rebondis en disant :

— Edna est difficile à convaincre et méfiante. Surtout lorsqu'on l'a blessé. Elliott l'a blessé, mais je suis d'accord sur le point qu'ils devraient essayer de bien s'entendre. Ça arrangerait tout le monde et surtout eux.

— Totalement ! s'exclame Pattie. Ça serait bien qu'ils aient un mariage dans la joie et la bonne humeur. C'est ce que je désire le plus. D'ailleurs, vous allez pouvoir conseiller votre amie quant aux choix que j'ai fait pour ce mariage ...

Elle se lève pour nous montrer un gros cahier remplis de choses concernant le mariage.

Nous sommes excitées comme des puces à l'idée de ce prochain mariage et moi, la première.

Même si c'est une union arrangée, le mariage doit être sensationnel.

*

Edna Fall

Lorsqu'il s'en va, je quitte la table après m'être excusée. Je ne pouvais tout simplement pas le laisser partir comme ça.

Je devais lui toucher deux mots sur ... sur sa présence mystique autour de moi.

Je n'aimais absolument pas ça. J'avais l'impression d'agir de la mauvaise façon, lorsqu'il me prenait sur le fait.

Sentiment étrange, je vous l'accorde mais avec ce mariage, je ressens le besoin d'une discussion claire dans tous les sens du terme.

Il a juste le temps d'appeler l'ascenseur que j'arrive près de lui ce qui le surprend.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— On doit parler.

— Je suis pressé. Demain.

C'est sec et son attitude m'irise le poil. Je n'arrive pas à cerner le nouveau « lui ».

Il s'apprête à rentrer dans l'ascenseur, mais je lui bloque le passage avec un air de défi dans le regard et cet idiot n'a que ça à faire de me pousser pour que je rentre dans l'ascenseur avec lui. Il bloque à son tour mon passage et appuie pour qu'on descende avec un sourire victorieux aux lèvres.

— T'es vraiment insupportable, Elliott ! craché-je.

Il roule des yeux et me tourne le dos comme si je n'étais qu'un pauvre être insignifiant à son existence.

Irritée, je décide de rester silencieuse durant toute la descente des 37 étages sauf qu'il en décide autrement en se justifiant sans que je ne lui en donne l'autorisation.

— Je ne savais pas que tu te trouverais chez mes parents, avec tes copines, appuie-t-il, si c'est ça qui t'offusque. Ma mère se prend pour une entremetteuse, alors que ce n'est pas le cas, ricane-t-il avec dédain. Bref, je m'excuse donc de ma présence si c'est ça que tu veux entendre de ma bouche.

Je ne dis rien et fixe tout simplement son dos.

Le tintement me sort de ma fixation et il sort de l'ascenseur. Je décide donc de le suivre pour mettre les choses à plat avec ce type.

— Arrête toi, Elliott. On peut discuter tranquillement ?!

Il soupire et se retourne avec un faux sourire sur les lèvres.

— Qu'est-ce que tu veux à la fin ? râle-t-il. Je t'ai tout dit Edna ! Je me suis confié à toi. Je tente de me racheter auprès de toi pour ce que j'ai fait, mais tu me détestes toujours alors, je ne vais pas me mettre à genoux pour que tu tournes la page de l'histoire. Je ne suis pas un gamin. Et toi non plus, alors fais ce que tu veux. Je ne veux pas me prendre la tête. Quand tu as besoin de moi, viens me voir sinon on continue nos chemins séparément. Le mariage, c'est que du bluff, alors j'ai vraiment pas envie de me donner à 200 % dans un truc où je serai le seul à donner et rien recevoir en retour, narre-t-il sans pause.

Il se tait enfin et m'observe avant de détourner son regard et de passer une main dans sa chevelure encore humide.

Quel idiot ! Il pourrait tomber malade par ce froid automnale.

Dans un premier temps, je ne préfère rien dire et je le scrute du regard m'interrogeant sur le pourquoi de cette explication sincère venant de sa part. C'était à moi de lui dire ce genre de choses et pas le contraire.

Ensuite, je réalise que je n'ai pas vraiment de raison de l'avoir suivi. Mais, je ne veux pas de malaise entre nous, alors je dis :

— C'est par rapport à Gideon, n'est-ce pas ?

Il souffle et se mordille la lèvre inférieure avant de me répondre :

— Je m'excuse d'avoir annoncé votre « couple ». C'est ça que tu voulais de moi ?!

Je secoue la tête incrédule. Qu'est-ce qu'il est têtu ce garçon !

— Ce n'est pas une question d'excuse, Elliott. C'est une question de ta présence. Et comment tu le prends. Tu es trop mystique pour moi, me justifié-je, maladroitement.

Il ricane nerveusement en me dévisageant presque.

— Donc, je suis en tort ? C'est le comble !

— Quel comble ?! m'exclamé-je. Tu dis te confier à moi, mais je sais que ça t'irrite de me voir avec Gideon. Tu ne m'en as même pas parlé ! Tu as presque essayé de nous éviter, aujourd'hui. En une journée, tu m'as vu deux fois l'embrasser ...

Il me coupe d'un signe de main.

— Tu sais Edna, je suis très content que tu sois avec Gideon. Sincèrement. Je l'ai toujours su qu'il éprouvait des choses pour toi. Tout le monde le voyait sauf toi, bien sûr. C'est un bon mec ! Il est clean, il est gentil et serviable. Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Que je l'envie ? Non ! Bien sûr que non ! Je suis ce que je suis. Je comprends que tu ne puisses pas me pardonner aussi facilement après tout ce que je t'ai dit, mais je pense mériter un minimum de respect. Au moins, agissez comme un couple loin de mes yeux. C'est tout ce que je demande. Et aux yeux de l'équipe. D'accord, ce mariage est factice, mais j'ai ma fierté et je t'avoue que ça me fait clairement chier si vous commencez à vous bécotez devant moi, me confie-t-il. Et les autres, ajoute-t-il.

Je l'observe et analyse ses paroles.

Je peux comprendre son ressentiment. Je le comprends tout à fait.

Et ça me replonge à ma dernière année lycée où quelques mois avant ma graduation, je voyais Aaron bécoter d'autres filles pour me faire rager.

Même si mes sentiments pour lui, s'étaient transformés en haine, c'était insupportable à voir. Alors, je le comprenais.

— Gideon et moi, y'a rien de ... de concret. C'est ... C'est très flou, expliqué-je.

C'est à son tour de m'observer avec minutie et je me dis que les cheveux humides, ça lui va bien. Ça adoucit ses traits.

— Ça devait se faire un jour ou l'autre, me dit-il. Ce n'est peut-être pas le bon moment, mais on va faire avec.

— Je peux ... repousser tout ça. Avec lui.

Il se moque de moi en riant.

— Tu penses qu'il va t'attendre sagement que l'histoire soit terminée ? Pour qui te prends-tu Edna Fall ?!

Il est moins tendu et je lui souris même par son changement d'attitude. On rigole ensemble face à ses propos. C'est vrai que c'est stupide de ma part de penser que Gideon allait comprendre tout simplement la situation, alors qu'il a tellement attendu que je vois ses sentiments.

— Arrête de te moquer de moi. Et je me prends pour une fille qui est gentille et qui sait raisonner. Si ça te gêne, je vais faire une concession. Je ne veux pas que ça soit un sujet de conflit parce qu'on travaille en équipe. Je me suis confiée à toi concernant nos visions et Gideon sait tout aussi, alors on doit tous bien s'entendre.

— Soyez ensemble. Ça ne me pose pas de problème. Vraiment, persiste-t-il.

J'ancre mon regard au sien et je décide donc de le surprendre en disant :

— Qui habitera chez qui ? Après le mariage, précisé-je.

Il fronce les sourcils et se frotte l'arrière de la tête avec un sourire en coin avant de planter son regard gris dans le mien.

— Ton père a été clair dessus ...

— Mon père, je m'en charge. Puis, je ne sais pas ce que ces personnes désirent en nous mariant mais autant jouer le jeu. Donc ... ?

— Mon appartement est probablement plus grand que le tien, sous entend-t-il.

— C'est pour ça que tu viendras chez nous. Avec Billie et moi. Je ne peux pas la laisser toute seule. Et, tu seras là pour nous protéger des méchants, plaisanté-je.

— Je ne dormirai pas sur le canapé, prévient-il avec un léger sourire.

— On a un lit d'appoint chez nous. On le mettra dans ma chambre. Ça te va ?

Il semble réfléchir à l'idée et finalement, il acquiesce.

— Je pars et je reviens quand je veux.

— Bien sûr ! accepté-je.

— Marché conclu, fait-il.

— Je reste, Edna Fall. Je n'ai jamais voulu prendre le nom de famille de mon futur mari.

— Même celui d'Aaron ?

— Même celui d'Aaron.

— Pas de souci, sourit-il. Sinon, j'ai pensé qu'on pouvait se marier dans plusieurs semaines. Comme ça sera une petite cérémonie. Ah et pas de religieux. Je parle du mariage bien sûr.

— Dans un mois, nous serons vers la fin décembre.

On se fixe, devinant chez l'un comme l'autre, une tentative de date, puis nous lâchons en même temps :

— 26 décembre !

On rigole en même temps, heureux que nous tombions sur le même chiffre.

Il peut être chaleureux quand il le veut, le coco !

— Va pour le 26 décembre, conclut-il. Tu l'annonceras à ma mère.

— D'accord. Je veux qu'on danse comme des malades à mon mariage. Genre, il faut qu'on fasse des chorégraphies, Elliott ! dis-je soudainement très enthousiaste.

Il secoue la tête en agitant son index devant moi pour me faire comprendre que ça ne serait pas possible.

— Je ne danse pas moi ! Je ne veux pas me ridiculiser.

— Eh bah tu vas danser, le toisé-je de haut en bas. Tu n'as pas le choix mec ! Apprends avec Youtube, je ne blague même pas avec ça. Parlons nourriture ...

— Ma mère va s'en charger, dit-il.

— La mienne aussi. Je te préviens.

— Moi, du moment qu'il y a à manger, je ne me prends pas la tête avec.

— Un gâteau à étages ou pas ? le questionné-je.

— Ouaiiiiis ! fait-il comme un gamin. Trois étages suffisent ! Un pour toi, un pour moi et un pour Gideon. Pour notre mariage à trois !

Je ricane en l'insultant.

— Va pour trois étages. Musique d'ouverture de bal ?!

Il réfléchit en plissant ses lèvres et lâche :

— Du coup, on peut faire ta chorégraphie sur la musique que je choisis ?! propose-t-il.

— Je dois y mettre mon véto. Tu sais, dans un mariage, c'est la femme la base de tout. Toi, t'es un détail, la décoration !

Il éclate de rire tout comme moi.

— Mais bien sûr ! Allez, fais-moi confiance sur la musique et la chorégraphie. Tu vas aimer !

Je reste dubitative.

— OK. Si c'est nul, je refuserai catégoriquement.

— Deal ! Pas de limousine.

— D'accord avec toi. Je veux une calèche et tout.

Il me dévisage, choqué.

— Je plaisante Elliott. On va trouver une salle ...

— Ma mère a une amie qui a un ami qui gère un hôtel. Il faudrait juste qu'on aille visiter la salle, mais on pourrait l'avoir cette salle.

Il enchaîne avec les propositions, étrangement très impliqué ce qui me fait sourire.

— Tu parles de ce mariage avec ta mère n'est-ce pas ?

— Depuis qu'elle le sait, elle m'harcèle de messages avec donc oui, m'avoue-t-il. Et il faut que mes parents rencontrent les tiens. Venez chez nous, propose-t-il.

— Jamais. Monsieur Idriss Fall refusera. Vous, vous venez !

— Encore une fois, tu diras ça à ma mère.

— Et si tu remontais pour qu'on le dise ensemble ?

Il semble hésiter et je le pousse gentiment.

— Arrête de faire le mec t'es occupé ! Tu allais rentrer pour dormir donc viens. On montre qu'on se comporte en adulte en prenant en charge notre propre mariage. Puis, après une journée pareille, ça fait du bien de penser à autre chose.

Je sous-entends notre affaire de meurtre sans indice et il finit par acquiescer.

— Bon, d'accord, cède-t-il. Je ne dure pas longtemps.

On remonte donc en bon terme tout en parlant encore des détails. Bien sûr, ma mère s'occupera de tenues. Ça sera son petit plaisir.

En arrivant dans le salon, elles nous regardent toutes et Pattie a les yeux qui brillent.

Qu'est-ce que cette femme exagère ! 

Je lève donc les yeux et rejoins ma place avec sur mes talons, Elliott qui prend une chaise pour s'installer à mes côtés.

Il s'esclaffe en voyant sa mère avec un gros cahier pleins de post-it.

— T'es sérieuse, maman ? D'où tu sors ça ?

— Ne te moque pas de moi voyons ! J'ai toujours tenu ce cahier pour ton mariage.

Une tarée cette femme ! Mais je suis obligée de reconnaître que c'est presque mignon de sa part. Elle a l'air de vraiment être gaga de son seul et unique fils.

— Et il est génial ! s'exclame Billie. Franchement, vous n'avez presque rien à organiser. Pattie a déjà prévu une grosse partie de l'événement.

— Ça va être le feu ! s'égosille Niya.

— Eh bien, nous avons quelques exigences dont Elliott et moi avons parlés alors ...

— On devrait s'y mettre, reprend-t-il, comme ça, on aura juste à présenter la chose à ses parents et tout mettre en place.

Elles nous regardent toutes, choquées de notre attitude, ce qui nous fait rire tous les deux et tout en mangeant, je réalise que je devrais vraiment, mais vraiment essayer de mettre mon ancienne rancœur de coté, pour apprendre à davantage à le connaitre.

Après tout, j'allai l'épouser. Et le fait qu'il s'implique dans ce mariage et surtout qu'il tolère ma « possible » relation avec Gideon me conforte de l'idée que l'image qu'il renvoyait est totalement fausse et que finalement, c'est juste un type sympa et nonchalant.

Et ça, ça me donne envie de faire des efforts avec lui.

***

« Sachez que personne ne naît méchant ou gentil. Tout le monde est neutre, puis on finit par se créer sa propre personnalité avec les années. On se découvre partiellement chaque jour car l'Homme est toujours plein de surprises. Et souvent, nos convictions les plus fortes se retrouvent bafouées par un événement, une action, des mots, quelque chose ... et on tente de changer. On tente d'apprendre et on apprend surtout à laisser le bénéfice du doute, car personne n'est parfait. » JFL

***

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