4.
Appartement du Maitre de l'Ordre Suprême - Monsieur Castle
Plus tôt dans la journée - Au lendemain de son entrevue avec son élève.
Monsieur Castle était dans son lit King Size, le souffle court, très souffrant, enveloppé d'un drap en soie, thermo-régulatrice qui lui soulageait les jambes, même s'il ne les sentait presque plus.
La climatisation était à fond et dès qu'il exprimait qu'il gelait, c'était le chauffage qui subissait ce sort.
Il tombait dans l'inconscience très facilement. Et à son réveil, il était tout simplement déboussolé et en nage. Il lui fallait quelques minutes avant qu'il ne se rappelle de l'endroit où il était.
Son médecin personnel était à son chevet, depuis plusieurs heures déjà.
À vrai dire, il avait appelé son médecin dès qu'il avait senti son coeur se contracter étrangement. Comme s'il allait avoir un arrêt cardiaque, mais ce n'était pas ça. Ce n'était pas un arrêt cardiaque qui profilait à l'horizon.
Bien que le médecin lui ait ordonné maintes et maintes fois d'aller à l'hôpital, monsieur Castle refusait complètement cette idée de se retrouver à l'hôpital, entouré de malades, de morts et aucunement de son luxe opulent. Juste le fait d'y avoir pensé, cela l'avait rendu davantage malade et ça l'avait écoeuré.
S'il devait mourir, il voulait mourir dans sa richesse opulente et dans des choses lui appartenant.
Sa chambre était à son image : décorée d'or et d'argent, du mobilier valant des fortunes et un dressing qui sera peut-être proposé aux enchères.
Il avait chaud, il avait froid.
À cet instant, il désirait juste une chose : que la douleur cesse. Pour de bon. Il souffrait trop. Beaucoup trop. Pourtant, il était encore là. Toujours pas mort...
Son épouse lui tenait la main, en pleurs et la serrait très fort. Elle savait très bien qu'il allait mourir. Rien n'allait le sauver. Et lui aussi le savait malgré son état.
Il savait qu'il allait mourir et que c'était un assassinat.
Et il connaissait son tueur : son élève.
Aucun doute dessus.
Sa relève l'avait battu à plate couture.
Il ne se serait jamais douté de ce geste de sa part, mais ... il savait que c'était lui.
Tous les éléments qu'il avait rassemblé, pendant qu'il agonisait le ramenait à lui...
Drahcir Liuen-Rev.
Il le considérait comme son fils. Il l'avait modelé à son image. Et comme il n'avait pas eu d'enfant, Drahcir était parfait. Son prénom atypique était mystérieux et son nom de famille qu'il s'était donné à lui-même ne connaissant pas ses parents biologiques, le rendait totalement parfait.
D'ailleurs, il ne faisait que répéter son prénom. Il voulait le voir une dernière fois avant de mourir, de quitter définitivement ce monde.
— Mon Dieu ! Rappelez donc Drahcir ! s'égosilla madame Castle à bout de nerfs.
— Drah ... cir, répéta lentement Monsieur Castle, ayant du mal à respirer.
— Oh mon amour. Il va venir Georges. Il est dans les embouteillages...
Elle prit une serviette pour faire disparaitre les grosses gouttes de sueurs sur son visage qui revenaient aussitôt.
Le Grand Monsieur Georges Castle savait que le temps lui était compté. Que ce n'était qu'une histoire de quelques minutes. Son coeur n'allait pas tenir bien longtemps.
— J'appelle les secours, lâcha le médecin. Je ne peux rester là sans rien faire.
Il quitta la chambre et au même moment, Drahcir fit son apparition, accompagné de ses gardes du corps.
Madame Castle laissa échapper un soupir de soulagement et fondit davantage en larmes tandis que Drahcir s'approchait du lit du Maitre, avec une démarche savamment travaillée.
Bien sûr, excellent acteur, il prit une mine choqué et attrapa la main moite de Georges en arrivant à son chevet.
— Maitre ..., commença-t-il en feignant d'être ému.
Georges secoua la tête pour lui demander d'arrêter son cinéma, mais qui pouvait comprendre ce geste venant de lui ?
Alors, il pressa la main de Drahcir qui s'abaissa et comprit qu'il voulait lui dire ses derniers mots et il le fit avec énormément de difficulté.
— Bra...vo... Drah... cir. On ... se... retrouvera ....
Il toussa si fortement qu'il laissa échapper du sang de sa bouche. Drahcir prit son mouchoir personnel pour essuyer les traces de sang du Maitre.
Georges poursuivit quand même :
— ... en ... enfer. Mais ... fais... ce que... tu... as... à faire. Fais ... le !
Drahcir se redressa et l'observa. Georges lui pressa la main encore une fois avec l'autre sur sa poitrine. Ils ne se quittèrent pas du regard et Drahcir ne savait pas si Georges avait tenté un dernier sourire, ce qui était fort probable, mais il arrêta de s'agiter et ses râles se transformèrent peu à peu en silence.
— Partez l'esprit tranquille Maitre Georges. Je prendrais la relève. Comme vous me l'avez appris.
Pour Drahcir Liuen-Rev, c'était enfin un soulagement. C'était une consécration.
Il avait réussi.
Son plan marchait.
Il passerait Maitre de l'Ordre Suprême.
Et il ferait ce qu'il avait à faire pour avoir les pouvoirs suprêmes.
Et commencer son règne.
Longue vie au Maître.
***
Hôpital Mount Sinaï
Le lendemain matin ...
Brittany préparait son départ. Elle quittait l'hôpital. Finalement, tout allait bien, après les derniers examens. Elle n'avait pas besoin de subir de chirurgie inutile, juste une surveillance régulière de ses blessures, mais rien de plus.
Néanmoins, elle se fixait au miroir. Les anti-douleurs ne la soulageaient pas vraiment et tout était encore si bouffis et si sombres, qu'elle se demandait si c'était une bonne idée de continuer à être la taupe du programme pour aider le futur Maitre de l'Ordre Suprême.
Elle savait très bien que d'autres blessures pourraient lui couter la vie. En même temps, Edna n'y avait pas été vraiment de main morte avec sa nouvelle force sur-humaine.
Sauf qu'elle devait poursuivre ce qu'elle avait commencé. Elle voulait tellement prouver à Drahcir Liuen-Rev qu'elle était à la hauteur. Et surtout, peut-être verrait-il son amour pour lui ...
Elle soupira face à son reflet. Elle n'était absolument pas à son avantage comme ça et elle était convaincue qu'elle ne pouvait pas lui plaire.
Heureusement que le maquillage existait, ce qui l'aiderait un peu à cacher ce massacre. Si seulement elle pouvait se venger d'Edna ...
De toute façon, ça ne saurait tarder.
Si tout se passait comme prévu pour le sacrifice, elle mourrait ainsi que sa meilleure amie Billie qui lui sortait par les trous du nez.
Au moment d'achever son maquillage sauvetage, on frappa à la porte de sa chambre.
Elle se jeta un dernier rapidement coup d'oeil avant de sortir de la salle de bain en boitant et découvrit dans sa chambre une personne du programme qui lui fit un sourire contrit.
— Tu es bien amochée, dit la personne en s'approchant d'elle pour l'étreindre.
Elle grimaça de douleurs à son contact et s'écarta d'elle.
— Il le fallait bien, rétorqua-t-elle avec un faible sourire. Ce programme est une chose énorme pour notre future.
Elles se fixèrent.
Les deux savaient l'un comme l'autre qu'elle mentait. Mais la personne ne disait jamais rien. Quant à elle, elle avait une certaine confiance en cette personne. Elle savait qu'elle n'était pas la plus fiable du programme et qu'elle était encore moins la plus convaincue par le choix des candidates, même si elle faisait partie du cercle des plus proches du bras droit du cerveau de ce programme relancé.
— Allez viens, je t'emmène à la planque. Il y aura tout ce qu'il te faut là-bas. Jessica t'a dit comment nous allions procéder ? lui demanda-t-elle.
— Pas vraiment mais je dois disparaitre du paysage. J'ai fait retiré ma plainte donc Edna n'aura pas de poursuite et j'imagine que vous bossez toujours sur ...
— ... le fait de voir si les sentiments amoureux et autres jouent sur l'implant, continua-t-elle. Ouais, on continue dessus. Je trouve ça juste ridicule et pathétique. Comme si l'amour ça pouvait aider ou sauver ? Au contraire, ça détruit plus que ça ne répare ou aide.
Elle acquiesça et elles sortirent de la chambre après qu'elle se soit installée sur le fauteuil roulant.
— Et du coup, Billie tombe dans le panneau ?
La personne ne répondit pas immédiatement et Brittany aurait voulu être totalement apte à marcher pour voir les expressions de son visage.
— J'en ai bien l'impression. Une séance de cinéma a été organisé à la dernière minute pour la faire succomber et un baiser a été échangé, répondit la personne.
Brittany ne dit rien, mais elle était si impatiente de voir Billie et Edna tomber de haut en voyant qui étaient les membres du programme ...
— Et Aaron joue bien son rôle, j'en ai l'impression.
— Yep. Le mariage approche. Elles vont bientôt être prêtes pour les vraies choses...
Rien de plus n'a été ajouté.
***
Billie Fernandez
Face à Edna et mon géniteur, je ne sais pas trop comment réagir.
Toute ma bonne humeur a disparu et une certaine colère m'envahit.
J'essaye de la réfréner, mais c'est difficile parce que j'ai l'impression que l'heure est vraiment grave et qu'Edna n'est pas bien.
Elle me cache des choses et je n'aime pas ça.
Je m'avance donc vers eux et m'assois près d'elle tandis que mon paternel se tient devant nous, avec un air penaud et perdu.
— Il faut que je vous aide. C'est mon devoir de vous aider dans cette affaire, dit-il doucement sans nous regarder.
Edna se raidit et moi, je ne fais que de regarder ce type qui se tient face à moi.
Il prend son souffle et débite des paroles qui font écho en moi. Edna boit littéralement ses paroles et son expression me confirme clairement que nous entendons bien la même chose.
— Je pense que vous savez que je suis le créateur du projet « Girl Power ». Mais, je ne suis pas le seul. Nous étions plusieurs. Mais, je n'arrive pas à me souvenir de qui il était, dit-il, agacé. Je ... Ce programme était voué à l'échec depuis le début, déjà avec le peu de financement. Et c'était évident ! L'Homme ne connait pas encore toutes les parties du cerveau. Le cerveau n'a pas encore livré tous ses secrets et malheureusement, en 1997, on était loin des découvertes d'aujourd'hui.
— Mais ..., intervient Edna, concrètement, c'était quoi le but de cet implant ? Mis à part, améliorer l'intelligence féminine et ses capacités physiques ? Ce, qui je tiens à dire et juste dégueulasse. Comme si nous avions besoin d'un implant pour être "meilleure", plus forte ...
— Honnêtement, le but de cet implant, c'était surtout de pouvoir contrôler des femmes. Enfin, je crois. Et, je suis entièrement d'accord avec toi, Edna. C'est juste dégradant. Mais, ce n'était qu'un test, un projet ...
— Dont tu es responsable, dis-je en le fixant.
Il plante son regard dans le mien. Il est embarrassé mais c'est la stricte vérité. Ce qu'il a en partie crée nous a mis dans un sacré pétrin.
— Est-ce que vous auriez ... le programme ? En version original ? Nous n'avons plus qu'en lire quelques parties.
— Non, répond-t-il à Edna. Mais, je peux vous aider. Je peux vous aider à retirer cet implant.
Edna et moi, nous nous regardons, puis regardons mon géniteur qui a l'air sérieux.
— Tu peux vraiment retirer l'implant ? le questionné-je.
— Oui, dit-il en acquiesçant, mais ce n'est pas sans risque. J'ai bien peur qu'il soit bien ancré en vous. Après, ce que j'ai vu d'Edna, ce soir, ça m'a l'air difficile. Mais, mieux vaut tard que jamais. Le problème avec cet implant, c'est la perte de contrôle de la porteuse. À l'époque, elles avaient du mal à discerner la réalité de l'hallucination. Et ... à partir du moment où la porteuse avait ... éliminé un individu dangereux, c'était comme si elle aspirait cette énergie négative. Cette énergie lui donnait beaucoup plus de force et la rendait plus dangereuse. La pression de l'implant est tellement importante qu'on ne comprenait pas comment un implant pouvait autant prendre le contrôle sur le cerveau.
À présent, j'observe Edna qui regarde ses mains. Je veux comprendre ce que mon scientifique de géniteur vient de dire.
Qu'a-t-elle fait ce soir ?
— Qu'est-ce que tu as fait Edna ?
— Elle m'a sauvé Billie, répond-t-il à sa place. Deux hommes m'ont attaqué. Je serais mort si elle n'était pas intervenue. Mais en même temps ...
— C'est comme s'ils m'attendaient, dit-elle. En arrivant à la maison, j'ai senti la présence du ... mal, si je peux dire ça comme ça. Mes yeux sont devenus tout noirs. Et la voix était là. Elle m'aidait à agir. Comme ton père l'a dit, elle nous contrôle. Elle me contrôlait Billie. Je ne faisais qu'une avec cette ... chose. Et ... sans ton père, dit-elle, honteuse, je les aurais tué. L'envie était tellement puissante.
Elle ferme les yeux, comme pour revivre cette soif de tuer.
Puis, elle rouvre les yeux et ils sont de nouveau noirs.
Je recule instinctivement et l'inquiétude envahit son visage avant qu'elle ne secoue la tête et je la scrute pour voir si elle a recouvert ses yeux bruns.
Et c'est le cas.
C'était complètement flippant et choquant.
Que nous arrivait-il ?
— Il faudrait qu'on fasse ça au plus vite, dit Russell après ce qu'il venait de voir aussi. La semaine prochaine, ça serait parfait. Le temps que je récupère tout le matériel qu'il me faut pour procéder à l'extraction de l'implant. Et à un nettoyage sans risque de ... votre cerveau. J'imagine que vous avez acquises des capacités qui dépassent la réalité.
Edna hoche la tête et je lui prends la main que je presse pour lui montrer que tout ira bien.
Nous irons bien.
— Ouais, confirmé-je. Tout commence par un picotement à l'endroit où l'implant est placé. Je peux ... d'un regard, découvrir la vie cachée de personne que je ne connais pas. Et Edna a des visions. Elle peut revivre des scènes passées ou qui vont arriver ou qui se produit. Et, on peut communiquer par la pensée.
À ma dernière phrase, il est tout aussi surpris que Jessica lorsque nous lui avions annoncé cela.
— C'est ... c'est vrai ? Waouh. C'est ... L'implant a été vraiment retravaillé.
— Je pense que c'est au-delà de l'implant, dit-elle.
Il acquiesce.
— Puis-je vous poser une question ?
Je lorgne Russell et c'est toujours Edna qui répond pour moi.
— Allez-y.
— J'imagine que vous avez été contacté ... qui est-ce ?
— La directrice du FBI. Jessica Shawn, répond-t-elle. Elle joue juste l'interface avec ceux qui ont remis le programme en route. Apparement, Billie et moi étions parfaitement éligibles pour cet implant. Ça fait un certain temps qu'ils nous étudient, ajoute-t-elle. Depuis le lycée, je crois. C'est à cause d'un Pop-up installé sur l'ordinateur de Billie que nos vies ont changés.
— Et ... parce qu'on doit combattre un truc qui s'appelle l'Ordre Suprême, répliqué-je.
— Ils ... Je bosse sur une enquête où des jeunes femmes, d'environ notre âge, sont tuées. C'est pour un sacrifice morbide. Et, hier, ils ont encore frappés. Ils ont même tués mon amie, Tammy, rétorque-t-elle, émue. Mais, ils ont surtout laissés un message sur la signe de crime.
Elle déglutit et l'énonce :
— Un nouvel Ordre Mondial se fera. Le sang des morts sera sur vos mains. Acceptez votre destin et des vies seront épargnées. Sinon, guerre des Ténèbres contre Lumière sera lancée. Ils veulent notre mort. Nous faisons parties du sacrifice.
Un long frisson me parcoure tandis que Russell ne laisse rien transparaitre.
Néanmoins, je sens que tout ça ne le laisse pas de marbre.
Au contraire, il a l'air autant dépassé que nous.
— En fait, ceux qui ont remis le programme en route, veulent qu'on détruise l'Ordre Suprême parce que ça a été crée en même temps que le programme « Girl Power », expliqué-je. Tu as travaillé avec les créateurs de l'Ordre Suprême, Russell, lui annoncé-je. Mais, j'ai bien l'impression que tu ne t'en souviens pas. Puis, en 1997, quand le programme faisait plus de dégât qu'autre chose, tu n'étais plus sur le territoire américain. Mais, celui qui nous a choisit nous connait très bien. Ou te connait très bien.
Il s'apprête à dire quelques choses mais rien ne sort de sa bouche.
Il est tout juste abasourdi.
D'ailleurs, il s'assoit sur l'autre canapé d'Edna. J'ai l'impression qu'il a vieilli d'un coup.
— Je suis tellement désolé les filles.
Nous ne disons rien et Edna soupire.
— Ce n'est pas vraiment de votre faute. Nous saurons bien le fin de l'histoire.
Il relève sa tête vers vous et affiche un faible sourire.
— Et vous pouvez rester ici cette nuit, propose-t-elle.
Là, je la regarde et lui pince le bras mais elle ne réagit pas.
Elle exagérait trop à lui proposer ça.
Et pour couronner le tout, Russell me regarde pour attendre mon accord.
Quel ...
La situation est critique, alors il sait très bien que j'ai un coeur et que je commence à aller à l'église donc que je dois aider mon prochain alors ...
Argff !
— Tu ... peux rester ici, dis-je avec difficulté.
Edna me sourit sincèrement et nous nous levons en même temps. Je ne la lâche pas et elle dit qu'elle va lui ramener de quoi se couvrir.
Nous gagnons sa chambre et je ferme aussitôt la porte derrière moi pour l'agresser verbalement.
— T'es sérieuse de faire ça, Edna ? Qui te dit qu'il n'est pas fou ? Qui te dit que ce n'est pas un piège ?
Elle lève les yeux et sort de son armoire parfaitement rangée une couette fraiche et propre, ce que je n'ai pas dans ma chambre.
— Ton père a l'air vraiment sincère, Billie. Il est aussi déboussolé que nous. On doit se serrer les coudes là. S'il peut nous aider, ça ne sera pas de refus.
— Tu ne peux pas dire ça ! Il a quand même quitté ma mère ...
— Parce qu'il n'avait pas le choix. C'est toi même qui me l'a dit et tu l'as vu dans ta vision.
Nous nous lorgnons et je souffle fortement.
— Je préfère rester sur mes gardes, dis-je.
— Crois-moi, je suis pareille. Allez, on lui donne la couette et l'oreiller et on dort. Je suis morte de fatigue.
Je ne dis rien et je prends l'oreiller et elle, la couette que nous lui apportons.
Il nous remercie chaleureusement et nous souhaite une bonne nuit.
— Bonne nuit à vous aussi Russell, dit-elle.
Il esquisse un sourire et moi, je préfère ne rien dire, sinon il va prendre trop la confiance.
Edna est tout simplement trop gentille.
Nous regagnons sa chambre, après fait notre toilette.
Je vous avoue que je la suis comme son ombre. J'ai peur pour elle. Elle a l'air ... ailleurs.
Éteinte. Pas elle-même et ça me fait peur.
Donc, je veille au grain. Sans Edna dans ma vie, je fais quoi, moi ?
Nous finissons par gagner son lit et elle éteint la lumière.
Je me colle à elle, déjà, parce qu'il fait froid dans son lit et parce que je veux lui apporter du réconfort. Lui montrer que je serai toujours là pour elle, quoiqu'il arrive.
Sauf que cette jeune femme est ingrate et me repousse d'un coup de coude.
— Tu fais quoi là ? Je suis pas Douglas hein !
— Détends-moi ma soeur ! Je t'aime, alors je m'inquiète pour toi, parce que ça se voit que tu n'es pas la Edna habituelle.
Même si nous sommes dans la pénombre, je sais la tête qu'elle fait. Elle me toise méchamment, je le sens.
— Je suis juste fatiguée Billie, râle-t-elle avant de se recoucher.
— Tu vois, ça, ce n'est pas l'Edna de base. Tu ne plains jamais de fatigue. C'est mon rôle ça.
Elle se tortille quelques secondes et je l'entoure de mon bras.
Le silence nous berce doucement mais je ne parviens pas à m'endormir.
Tant que je ne lui aurais pas dit que j'avais embrassé l'homme de ma vie et que je ne saurais pas ce qu'il s'est passé avant qu'elle ne débarque à la boutique des robes, je ne dormirais pas.
Elle croit trop que j'oublie facilement. Mais, en fait, j'oublie que ce que je veux oublier. Genre, payer les factures.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé pour la visite de la salle ? la questionné-je.
Sa respiration était régulière et calme. Elle ne dormait pas encore et ma question ne changeait rien.
— Edna ...
Elle exhale et dit :
— On a croisé Aaron. J'ai parlé avec lui. Tu savais qu'il était manager pour des jeunes basketteurs ?
— Euh nan ! Parce que je ne l'aime pas ce connard et comment ça, il était là-bas ? Allume la lumière qu'on parle vraiment, parce que là, je comprends pourquoi t'es comme ça. Ce vampire a aspiré ton énergie. Je te jure je vais aller lui faire un ravalement de façade ...
Edna rigole et rallume la lumière sans pour autant la mettre à la puissance maximale au risque de nous aveugler.
Elle s'allonge sur le dos et je la regarde en attendant la suite, ce qu'elle ne tarde pas à faire.
Elle me balance toute leur conversation. De A à Z. Limite sans prendre aucune pause.
Et je suis obligée de souligner un point très important : Ce type la tourmente encore. Il sait comment s'y prendre avec elle.
Quel salaud ! Mais quel salaud !
Elle me raconte à quel point, il a été « touchant ». Tchiiiiiiiiiiiiiiip. J'ai envie d'aller chez lui et ...
— Je sais que c'est un beau parleur Billie, dit-elle. Je le sais. On le sait. Mais, ... argfff ! Je ne sais pas. Ça m'a fait quelque chose cette discussion.
Je la dévisage avec une envie de la gifler.
— Edna ?
— Quoi ?
— Nan ! Où est la vraie Edna ? Tu débloques complètement là ! Ne me dis pas que tu as couvé toutes ces années des sentiments pour lui, parce que là, je vais me chauffer ! l'avertis-je.
— Naaaaaan ! Jamais ! répond-t-elle, horrifiée. Le problème là, c'est que ... que je me demande si c'est bien que je sois avec Gideon. J'ai des sentiments pour lui, c'est certain. Il est tellement chou. Et, je pense que je ne devrais pas me marier avec Elliott, juste pour un foutu programme. Qu'est-ce que j'en ai à foutre de leur test. Il s'agit de ma vie, Billie. Ma putain de vie !
— Ahhhhh ! Là, je reconnais ma Edna, dis-je légèrement rassurée. En tout cas, promets-moi de ne pas tomber dans le piège d'Aaron. Je t'en supplie. Je te ferais même 3 ans de lessive si tu veux. Mais on ne veut pas de lui. C'est un vieux mec, certes, sexy, mais quand même. Il t'a trompé pour aller tremper son biscuit. Tchiiip !
Edna rit et là, ça me rend heureuse et ça me fait plaisir.
— Arrête de tchiper, Billie. Tu n'es même pas crédible. C'est ridicule sur toi.
— C'est quel propos raciste ça ? Genre parce que je suis blanche, je ne peux pas « tchiper » ?
— Hé, vas-y ! On ne veut même pas rentrer dans ce débat encore une fois ...
— OK. Bon, c'était tout ?
— Oui. Non, en fait ! Avec Gideon, je suis vraiment perdue. Je ne veux pas le perdre et je ne veux pas lui briser le coeur Billie. C'est trop un pilier pour moi, ce type.
— Eh bien, fais comme moi. Donne-lui un baiser de cinéma, demain à votre diner ...
Là, elle se redresse toute excitée par ce que je viens de dire.
— Ahhhhhh mais c'est vrai ! Ça m'était sortie de la tête. Pardon ma Billie. Allez ! Raconte-moi ! C'était comment ? Oh là là ! Je suis trop contente !
Je lui raconte donc toute ma soirée avec Douglas, pleins d'étoiles dans les yeux. Elle sourit bêtement pendant mon récit et ça me fait au chaud de la voir si enthousiaste pour nous.
— Il est romantique celui-là. « Ça te dirait un contrat avec moi ? » tente-t-elle de l'imiter avant d'éclater de rire, après que j'ai tenté de la frapper.
— Arrête Ed ! Je te jure que j'ai fondu. Vivement mon mariage avec lui.
— T'es malade ma pauvre. Sois raisonnable sinon il va décamper, me conseille-t-elle.
— Jamais de la vie. Je suis une future star. Il serait perdant dans l'histoire.
— Pff.
Nous continuons à discuter pendant une trentaine de minutes de nos relations « amoureuses », avant que je ne somnole tout comme elle. La fatigue est enfin là.
— Bon, dit-elle après avoir baillé. Dormons.
Elle éteint la lumière et je m'accroche comme un bébé koala à sa maman.
— Ed ?
— Mh ?
— Nos discussions comme ça, sont des choses qui me font oublier nos problèmes. Ça me ramène à la réalité.
— Moi aussi Billie, moi aussi.
***
Sur le toit d'une tour à Manhattan
6 h 47.
Il n'est que 6 h 47.
Et il était debout depuis 3 heures en ce dimanche matin. Il n'avait pas dormi et avait menti à sa tendre Eva. Pour ne pas se faire interroger par madame, il avait prétexté une urgence à l'aéroport, du moins, un coup de main à un collègue.
Eva, endormie, n'avait pas cherché à comprendre et elle s'était rendormie.
6 h 50.
Il regarde l'immensité du ciel qui se couvre légèrement d'une teinte plus claire. Néanmoins, le soleil n'est pas prêt de se lever.
Avec ce temps hivernal, il souffle sur ses mains nues pour les réchauffer.
En effet, il est mort de froid. Ça faisait une heure qu'il était sur ce toit à se demander ce qu'il devait faire ou ne pas faire.
Pour tout avouer, ce n'était pas spécialement la saison qui était responsable de son corps engourdi.
C'était aussi le stress qui le gagnait au fur et à mesure que le temps passait, qui ajoutait un sentiment de gèle dans tous ses organes.
Il avait l'impression de suffoquer.
C'était horrible cette sensation de se sentir autant démuni. Autant englouti par son passé ...
Ce service lui a donné la migraine dès lors qu'il était sorti du café où Richard lui avait confié cette mission. Ce service le rongeait, le tourmentait.
En fait, depuis le retour de Richard Verneuil dans sa vie, il ne dormait plus aussi bien.
Il avait peur et ça faisait longtemps que ce sentiment là, ne l'avait pas habité.
Pourquoi avait-il accepté ? Pourquoi ne pas dire la vérité à sa famille ?
6 h 55.
Idriss Fall ne savait pas trop quoi en penser. Il était totalement perdu. Et totalement noyé face à ce secret.
Il soupire et ferme les yeux. Il prie Dieu et lui demande de l'aide. Il est sur le point de craquer. Il est sur le point de tout arrêter.
Puis, il n'était pas certain de réussir. Il avait vieilli. Il n'était plus tout jeune. Il tremblait un peu. Il se demandait s'il avait encore ce « talent » que beaucoup l'enviait à l'époque. Il était très vénéré par ce qu'il savait faire. Il avait amassé tellement d'argent grâce à ça. Certes, de l'argent malhonnête, mais c'était ce qu'il savait faire de mieux à cette période de sa vie.
Ça remontait à si loin...
Bon sang !
Il ne pouvait pas faire ça. Il n'était plus comme ça. Dieu ne lui pardonnerait pas... ou plus.
Il s'était repenti. Il avait tout maintenant. Il avait retrouvé le droit chemin. Il ne pouvait pas faire ça.
Tant pis pour Richard. Il allait rentrer et tout dire à Eva.
C'était la meilleure des choses.
Alors, il commence à ranger le matériel qu'on lui avait confié et qu'il était parti chercher, quand sa montre lui signale qu'il est 7 heures.
7 heures pile.
Il se fige, regarde en direction de la tour et son coeur bat fortement.
Il ne sait pas quoi faire. Son conscience et sa raison se disputent.
Il hésite.
Que faire ?
Le choix est fait.
Il s'abaisse pour regarder dans le viseur de son fusil de précision. Un fusil qui vaut une fortune sur le marché des armes de précision. Un véritable bijou. Avec un viseur électronique et optique. La caméra est optimale et donne une très bonne image.
Une excellente image même.
L'homme est parfaitement placé. Il sourit à son épouse qui lui prépare sa tasse de café, pendant qu'il arrange sa cravate pour aller au travail. Eh oui, les hommes d'affaires ne se reposent pas.
Travailler plus pour gagner plus avait vraiment du sens.
Instinctivement, le doigt d'Idriss se pose sur la gâchette. Il n'a pas perdu ses réflexes d'ancien sniper.
Oui, par le passé sombre d'Idriss, il avait été sniper. Bien sûr, cela n'avait rien à voir avec quelques choses de légal ...
Il fait calculer la trajectoire du tir et bingo ! Oui, tout était parfait.
S'il appuyait maintenant, la balle traverserait la vitre parfaitement et en silence avant de se loger dans le coeur de cet homme qu'il ne connaissait pas. Il ne connaissait que son nom, son travail, sa vie de famille et ses placements financiers dans des comptes off-shores...
Son doigt appuie un peu plus sur la gâchette, son souffle se fait court et il se concentre. Cette crainte d'échouer est là. Cette crainte de voir sa vie voler en éclat est là.
S'il échoue, il est foutu.
Il le sait.
Néanmoins, s'il réussit ...
Les secondes sont précieuses et son hésitation ne l'aide en rien. Il savait bien qu'il aurait peut-être pas d'autres opportunités comme celle-ci.
Il ferme les yeux, s'éloigne de son fusil et jure.
Il ne savait pas quoi faire.
En fourrant les mains dans les poches de sa veste, il y trouve une pièce.
Il ne réfléchit pas plus. Si c'est pile, il ne fait rien. Il rentre chez lui et il dira tout.
Et si c'est face, il fait ce qu'il a à faire.
7 heures 05.
Il regarde le ciel, comme pour montrer à Dieu qu'il attend un signe de Lui et lance la pièce en espérant que ça soit pile.
Lorsque la pièce retombe dans sa main, il exhale un bon coup, pose la pièce sur le dos de sa main et regarde sa décision.
Face.
La pièce est tombée sur face.
Aussitôt, il retourne vers l'arme, règle encore une fois la trajectoire, l'homme embrasse sa femme sur la joue, avant d'apporter sa tasse à ses lèvres et ...
Un : il pose son index sur la gâchette.
Deux : il retient son souffle.
Trois : il appuie sur la gâchette et le tire part.
Il ne quitte pas la scène du regard, même s'il sait qu'il devrait ranger le matériel au plus vite, car sa femme regardera forcément vers la fenêtre en tenant son mari mort dans ses bras.
La balle traverse la vitre sans la briser et comme prévu, traverse le corps de l'homme qui se fige. Celui-ci regarde son torse qui tâche sa chemise de sang et sa femme est totalement liquéfiée sur place tandis qu'il bascule vers elle.
Idriss a juste le temps de voir qu'elle ouvre la bouche pour crier.
Il n'entend pas le son, mais il le ressent.
Il se sent mal, il se sent terriblement mal en abaissant l'arme et en rangeant tout à la vitesse éclaire.
Il essaye de ne pas réfléchir et agit machinalement.
7 heures 10.
Il a quitté la tour en question en veillant à ce que les caméras de sécurité ne le repèrent pas.
7 heures 12.
Une berline boire s'arrête devant lui. Il rentre dedans sans se poser de questions. Il dépose la mallette avec l'arme à l'arrière et ne dit rien. L'homme qui conduit ne dit rien non plus.
7 heures 25.
L'homme le dépose à l'endroit où sa voiture est garée.
— Monsieur Verneuil vous contactera, dit le conducteur.
Idriss observe le type et ricane froidement.
— Dites-lui d'aller se faire foutre.
Et il sort de la voiture, pour regagner la sienne.
Il faut absolument qu'il aille à l'aéroport pour badger son passage au cas où, on mènerait une enquête.
Durant tout le trajet, Idriss était étonné de son attitude.
Il agissait comme s'il n'avait jamais arrêté.
Il agissait comme si de rien était.
Comme s'il ne venait pas de tuer un homme.
Et ça lui faisait peur.
Il éprouvait du dégoût pour lui mais aucun remord.
Voilà pourquoi il ne voulait pas que sa fille Edna soit policière. Il avait peur qu'elle sombre de ce monde atroce avec des histoires morbides et surtout, qu'elle découvre, par hasard son passé.
Mais, Edna était têtue et elle était policière. L'une des meilleures de cette promotion. Et il en était fier, même s'il se sentait coupable de lui avoir transmis cette fibre : le goût du risque, le goût de la mort.
Il le sentait.
Il savait que sa fille enlèverait à son tour la vie de quelqu'un ...
C'était une policière après tout.
***
Edna Fall
Je me réveille, fatiguée.
Billie ronfle à côté de moi, prenant toute la place. Elle a surtout sa main sur mon visage.
Je repousse sa patte ce qui ne parvient à la réveiller malgré tout.
Je baille avant de me lever.
Je fais tout machinalement : ma douche, mon brassage dentaire et le rangement.
Je suis lessivée sans énergie, j'en ai l'impression.
Je finis par gagner notre salon. Je remarque rapidement que Russell McCarthy n'est plus là. Je vois qu'il a eu la décence de laisser un mot que je lis.
Je ne voulais pas vous réveiller,
mais je devais partir pour me mettre au travail au plus vite.
Je vous recontacte très rapidement et ne vous inquiétez pas pour moi.
À très vite,
Russell
Je soupire et pose le papier sur la table basse pour qu'elle puisse le lire en se réveillant. Puis, je poursuis mon ménage.
C'est la seule chose qui m'apaise et qui me fait penser à autre chose.
J'aime faire le ménage pour me concentrer sur autre chose que mes pensées.
*
Billie finit par faire acte de présence.
Pour un dimanche, elle est déjà prête et toute pimpante. Je lui souris en lui tendant son Latte au Caramel que je suis partie acheter au café du coin de la rue.
Oui, je reste tout de même efficace.
— Tu aurais dû m'attendre pour le ménage, dit-elle faussement déçue.
— Mais bien sûr !
Elle sourit malicieusement et déguste son Latte.
— Alors, tu as quelque chose de prévu aujourd'hui ?
— Non. Je compte avancer sur mon histoire. J'ai pleins d'idées là. Et bosser sur mes cours de français avec mes élèves. Et j'ai envie de passer un dimanche tranquille, répond-t-elle. Et toi ?
— Rien du tout. Je vais regarder des séries je pense et bosser un peu sur cette affaire, avant de retrouver Gideon.
Elle roule des yeux.
— Ne te prends pas la tête sur ce sujet aujourd'hui. Faisons comme si de rien était. OK ? Juste, où est mon géniteur ?
— Il veut vraiment nous aider. Il est parti ce matin. Il a laissé un mot.
Je lui indique d'un signe de tête le mot sur la table basse, qu'elle lorgne de loin.
— Oh. OK. Et c'est la moindre des choses qu'il puisse faire, fait-elle amèrement.
Je secoue la tête et elle hausse les épaules avant de déguerpir de la cuisine pour me laisser seule.
Ça sera un dimanche normal en perspective.
*
Je viens de finir de me préparer.
Cette journée à ne rien faire, a été vraiment ... sympa. J'en avais pas forcément l'habitude car en étant policière, j'avais souvent des urgences mais là, ce n'est plus vraiment le cas.
Je vais carrément bosser pour le FBI. Et ça, ça me rend heureuse.
J'entends Gideon et Billie en train de discuter. Je jette un dernier coup d'oeil à ma tenue très simple pour le coup. Un simple jean, un pull plutôt stylé et des petites bottines noires.
Je n'avais pas spécialement envie de faire d'effort, en plus il faisait un froid de canard.
J'ai tout misé sur le maquillage et mon magnifique rouge à lèvres.
Je prends mon long manteau après avoir mis un peu de parfum et je sors de ma chambre.
Je les retrouve dans le salon et je souris immédiatement en voyant Gideon toujours aussi craquant.
— Regarde-moi, celle-là ! Elle, non plus n'a pas fait d'effort. Vous êtes vraiment faits pour être ensemble. Des flemmards !
Je la frappe à l'arrière de la tête avant d'embrasser la joue de Gideon.
— Ça va ?
Il acquiesce et me prend la main.
— Bon, on s'en va. Surtout, n'hésite pas à m'appeler Billie, s'il y a un souci et je reviens vite.
— Je suis grande Ed ! dit-elle en levant les yeux. Profitez bien les amoureux. À plus tard.
Je lui envoie un baiser volant et nous quittons l'appartement.
— J'ai eu peur que tu annules, me confie-t-il une fois dans l'ascenseur.
— Pourquoi ?
— Parce que j'ai l'impression que la terre entière se ligue contre nous.
— N'importe quoi. Allez, on va passer une soirée super cool, Deon.
Je l'embrasse à la commissure des lèvres ce qui le fait rougir, surtout lorsque j'efface la trace de rouge à lèvres.
*
Je suis juste sur un nuage.
En fait, c'est Gideon qu'il me faut tout le temps pour que j'aille mieux en un clin d'oeil. Je l'écoute attentivement me raconter des anecdotes de son passé juvénile.
Il est tellement impliqué dans ce qu'il raconte que je souris bêtement.
— Tu m'écoutes Edna Sunshine ?
Il esquisse un sourire et plonge son regard dans le mien.
— Bien sûr mon Deon. T'es juste trop mignon quand tu es ... pris par ton histoire.
Il rit et moi aussi.
— J'ai l'impression d'avoir le monopole de la conversation. Ça ne fait pas trop narcissique non ?
— Un peu, mais t'es adorable. Puis, j'adore t'écouter parler. Ça me détend.
— Euh ... je ne sais pas comment le prendre.
Il prend ma main qu'il embrasse.
— Ce n'est que du positif, crois-moi.
Il ancre davantage son regard dans le mien et je devine de suite qu'il a envie de me parler de quelque chose qui le chiffonne, alors je l'incite du regard à se confier.
— Je suis désolé pour hier. Je ne voulais pas te mettre en colère. Mais, Elliott a raison au sujet d'Aaron alors ...
À l'entente de ces prénoms, je redescends doucement de mon nuage douillet et je retire ma main de la sienne.
— Ed ...
— Vous faites une fixette énorme sur lui, Gideon ! C'est le passé bon sang ! Vous pensez que je suis si conne que ça ? Je ne ressens absolument rien pour lui. Même s'il a dit des choses qui m'ont fait plaisir, j'ai été trop blessée parce qu'il a fait pour me laisser piéger encore une fois.
— OK, dit-il après plusieurs secondes.
— Tu n'as pas l'air convaincu.
— J'ai juste super peur pour toi. J'ai l'impression que je ne peux pas t'aider à aller mieux, Edna. J'ai peur de la fin de cette histoire, répète-t-il.
Ce qu'il me dit me touche mais en même temps, ça m'énerve.
— Qu'est-ce tu veux concrètement ? Si tu veux, on arrête de sortir ensemble ... que dis-je ! C'est notre première sortie en tant que couple là ...
À présent, je suis agacée et je n'ai qu'une envie : rentrer.
— Je n'ai pas dit ça. Et ce n'est pas facile pour moi Edna. Je veux être là, mais je ne peux pas vraiment parce que tu vas te marier avec Elliott et que ... voilà. Hier, ça m'a blessé que tu m'ignores en début de soirée. Je ne me sentais pas à ma place. Heureusement que Zack était là.
Ses mots me rappellent ce que mon père m'a dit hier soir. C'est vrai que je n'avais été très gentille, mais ce n'était facile pour personne.
— Je m'excuse vraiment, Deon. Tu sais très bien que si j'avais pu faire autrement, je l'aurais fait.
Il acquiesce et me propose de quitter le restaurant pour que nous marchions un peu.
Je ne refuse pas et nous quittons après qu'il ait payé.
Du coup, nous marchons jusqu'à mon appartement pour qu'il puisse récupérer sa voiture.
Même si nous avions rien dit durant le trajet, je tenais fermement sa main comme il le faisait avec moi.
Je ne voulais pas qu'il me lâche.
Alors, en bas de notre bâtiment, je lui propose de monter et de dormir chez nous. Il est surpris et ça me fait rire.
— Tu es sérieuse là ?
— Oui. Ça sera la première fois que tu dormiras à la maison en tant que petit-ami. Allez !
— Idriss Fall va me tuer, ricane-t-il.
— Il n'est pas là pour le moment. Allez mon Deon.
Je lui fais mon regard auquel il ne peut pas résister et il finit par céder.
— OK.
Ouais, c'était définitivement un dimanche agréable.
***
" Tout le monde a le droit au repos. Même si ça dure trois secondes, trois heures, trois jours, trois mois ... Bien entendue, la reprise va être difficile, parce qu'en général, après le calme, vient la tempête". JFL
***
HEY MES GÂTEAUX TROIS CHOCOLATS 😍❤️
Allez, je vous laisse parce que sinon je vais jamais arrêter mais vous m'avez trop manqué 😍.
Votez, commentez, aimez ou détestez ! Et argumentez si vous voulez ! Toujours un plaisir de vous lire mes petits chats !
Des bisous ! 😘
PEACE AND LOVE-
-JFL
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