4.
PS: Mieux vaux relire les dernières lignes du précédent chapitre pour se remettre dans le bain si tu n'as pas une mémoire infaillible ;)
***
Edna Fall
Lorsque je rentre dans notre appartement, le cœur en tachycardie total, la peur au ventre et le souffle court, je n'ai qu'une envie, c'est de pleurer. De peur, bien sûr.
C'est tellement effrayant ce genre de situations.
Ce genre de choses ne devrait pas m'arriver. Nous arriver.
Sauf que je me fige en voyant Billie grommelait devant la télé, son assiette sur les genoux, les traits serrés, en train de manger.
Comme si notre vie avait encore un semblant de normalité.
Alors, la première chose que je fais, c'est de verrouiller la porte à double tour, puis de me diriger vers les fenêtres pour fermer les rideaux comme une folle.
Je sens le regard de Billie sur moi, mais je m'en moque.
— Qu'est-ce que t'as ? me questionne-t-elle la bouche pleine. On dirait une folle à t'agiter partout.
— Ils savent où on vit Billie.
— Quoi ? Qui ? Je ne comprends rien.
— Les types que je vois dans mes visions, m'écrié-je en faisant volte-face.
Elle clignote des yeux, le temps que l'information monte à son cerveau. Puis, elle ricane en agitant l'os de poulet qu'elle tient.
— T'es sérieuse là ? Comment c'est possible ? Ça doit être les émotions de ce soir qui te jouent des tours ...
— Ça ne me fait pas rire. Il était en bas. Je l'ai vu de mes propres yeux, puis il m'a suivi avant de disparaître. Mais avant il m'a fait le signe de mort, expliqué-je en frissonnant de terreur. Tu crois que je délire ?! C'est plus ton genre les délires hallucinatoires.
Elle prend une petite moue comme si elle concédait à ce que je venais de dire.
— Ils savent où on habite, répété-je. On est foutues !
Je m'assis, dépitée et soupire lourdement.
Est-ce qu'il y aurait un bouton « pause » pour que toute cette histoire cesse ou encore un bouton qui peut tout effacer ?
Je ne suis pas capable de supporter tout ça.
Ma tête entre mes mains, je ne sens pas directement la présence de Billie à mes côtés, sauf lorsqu'elle pose sa tête sur mon épaule avec un soupir.
— Je te crois, Edna. Vraiment. Et ... je dors avec toi. J'ai peur ! Ça me fait flipper là. Je ne sais pas me battre mais toi, oui. En plus, tu as un flingue alors ...
Je parviens à rire malgré la peur qui me consume lentement.
Billie sourit et me donne un coup de coude avant de soupirer à nouveau.
— Pour te changer les idées, je t'annonce que ma mère a appelé.
Je l'observe, les yeux plissés et lui demande si tout allait bien, car ce n'était pas le genre de tata Maria d'appeler Billie le soir. Elle me rassure puis m'explique la raison de son appel.
Au fur et à mesure de son explication, Billie montre clairement son agacement face à la situation.
J'admets que son géniteur est assez lourd.
— Il m'énerve, Edna ! Il m'énerve ! Pour qui il se prend d'appeler ma mère ? C'est un malade ce type ! Enquête sur lui, s'il te plait.
— Je vais le faire, lui assuré-je. Demain. Mais ...
Nous nous fixons du regard longuement et elle comprend où je veux en venir.
Elle devrait tenter d'en savoir plus sur cet homme grâce à ses visions. Elle en a une qui veut se déclarer à chaque fois qu'il est là, alors pourquoi ne pas céder ?!
Après, je peux comprendre sa crainte mais ça nous aiderait vraiment.
Elle ricane nerveusement et se lève d'un bond.
— Non. Non ! Je ne veux pas savoir ce qu'il a foutu. Et je ne veux pas le revoir. Ça serait de la torture et lui, il aura de l'espoir.
— Billie. Au point où en est ... je pense qu'on ... qu'on devrait « embrasser » nos ...dons.
Elle hoquète face à mes propos.
— Non ! Je sais retenir ses visions alors je ne vais pas faire en sorte d'en avoir. La vie secrète ne m'intéresse pas vraiment.
— Et si ... on avait pas le choix ?
Elle réfléchit quelques secondes avant de se laisse tomber à côté de moi.
— Ton cerveau déconne là, Ed ! Sincèrement, je n'ai pas envie « d'embrasser » mes pouvoirs. Ça ne m'amuse pas et ça ne m'intéresse pas. Ce n'est pas fait pour moi. Aux dernières nouvelles, c'est toi la flic, pas moi. C'est légitime qu'ils te choisissent parce que tu es quand même très forte dans ton domaine mais moi ! J'ai rien de spécial à part dire des conneries. Et tu le sais.
Je le regarde et dis :
— Tu te négliges trop Billie. Tu te dénigres trop. Ça ne devrait pas être le cas et pour personne. L'autre soir, tu m'as bluffée. Je dois l'avouer.
— Arrête de me caresser dans le sens du poil.
— Mais c'est vrai ! Puis, tu devrais accepter. Dieu a entendu tes prières et là, tu auras des choses à raconter et pas seulement une histoire d'amour ridicule sur moi, dont tu t'inspires, mais sur ce qu'on va vivre. Je ne veux pas mourir par des vieux fous, mais si je peux changer certaines choses dans ce monde, alors, je suis prête.
Elle me regarde effarée comme si je venais d'un autre monde.
— Je vais aller me coucher. Cette soirée nous a perturbée.
Elle ne dit rien et va en direction de ma chambre comme si de rien était.
Je reste quelques temps toute seule dans notre salon en train de dévorer silencieusement le diner de ma mère.
Du baume au coeur grâce à sa nourriture délicieuse, je vais me coucher après avoir fait ma petite toilette, puis après avoir vérifié que aucun de ses hommes ne peut entrer dans notre appartement.
Une fois dans ma chambre, Billie ronfle, étalée comme je ne sais quoi. Je suis obligée de la pousser pour me faire un peu de place.
Elle gigote dans son sommeil mais ne se réveille pas. Je pose mon arme sur ma petite table de chevet.
Je ne sais vraiment pas comment elle fait pour dormir, alors que nous avions la mort aux trousses.
Elle est si nonchalante face aux situations critiques. C'est d'ailleurs pour ça que je l'aime ma folle de Billie. Son attitude m'apaise lorsque j'ai peur. Elle me montre qu'elle prend tout au second degrés alors que ce n'est pas le cas. Elle joue parfaitement le jeu et ça marche.
Ça marche pour nous. Nous sommes totalement opposées sur certaines choses et c'est ça qui fait que notre amitié, qui est bien plus que cela, je dois le souligner, est presque parfaite.
On se complète mutuellement et c'est parfait.
Je la secoue doucement en l'appelant et évidemment, elle grogne mécontente.
— Tu dors Billie ?
Elle produit juste un stupide son qui m'indique clairement que je viens de la réveiller.
— Il faut que je te confie quelque chose.
— Je dors et je ne suis pas ton mec, grommelle-t-elle.
— Tu ne dors plus et tu es bien plus qu'un simple mec, Billie ! T'es ma jumelle antérieure dans une autre vie.
— Edna, tu parles trop bien, grogne-t-elle.
Je souris dans la pénombre.
— C'est au sujet de Gideon. Tu crois ... qu'il a des sentiments pour moi ?
J'admets avoir lâché une bombe nucléaire à cet instant. Surtout à Billie qui est trop enjouée dans ce type de situation.
Malheureusement, la vie est si imprévisible que ça me taraude l'esprit de ne pas avoir les idées claires à ce sujet.
Puis, revoir Aaron m'a clairement fait réalisé que j'avais perdu trop de temps à ne plus vouloir aucune relation de peur de me faire briser le coeur.
Elliott avait raison dans ses propos.
Billie ne répond pas pendant plusieurs minutes qui me parait une éternité.
J'étais dans l'obligation de me confier à elle à ce sujet.
Elle, elle sera sincère et ne se laissera pas happer par le mouvement actuel.
Elle finit par soupirer puis elle se décide de répondre :
— En tout cas, il n'est pas 100 % attiré par les hommes. Je peux y mettre ma main à couper. Même les filles le pensent pour le peu qu'elles l'ont vu.
J'hésite à lui révéler la vérité, mais je finis par capituler.
— Bon, je dois t'admettre que ce n'est pas le cas. Mais personne ne doit le savoir.
Elle se redresse d'un coup pour allumer la lumière et elle est soudainement bien éveillée.
— Tu le sais depuis combien de temps ?
— Depuis ... le début, je crois, répondé-je.
— C'était é-vi-dent ! Par exemple, Edward est gay ! Et même en exagéré mais c'est pour ça qu'on l'aime.
— Oui, bref, mais il me l'a confirmé il y a un an. Billie ... Elliott pense qu'il m'aime plus qu'amicalement parce que ... Gideon m'a ... je ne sais même pas comment te l'expliquer.
— Avec des mots ! Raconte vilaine !
Je décide de me confier sur sa façon d'agir qui me laisse perplexe maintenant. Ensuite, je termine par ce qu'il s'est passé lorsque je l'ai raccompagné après le boulot.
Billie hurle et s'esclaffe comme une cinglée alors qu'il n'y a rien d'amusant.
Ça me fait paniquer plus qu'autre chose. Elle est dans un état d'euphorie qui frise la folie.
— Billie, calme-toi voyons ! Y'a les voisins.
— Me calmer ! ME CALMER ! Alors que je le savais ! JE LE SAVAIS BORDEL !
Elle rit comme une sorcière puis pose ses mains sur ses hanches avec un air vainqueur.
— Mon histoire va devenir encore plus palpitante Edna ! Je te jure que Dieu m'aime.
— Dieu aime toutes ses créations sauf celles qui tournent mal.
— Fais pas ta religieuse steuplait, dit-elle en levant les yeux. Breffffeuhh ! C'est trop bien ! Pourquoi tu ne tenterais pas avec lui ? Il est vraiment mignon et adorable et quand il te regarde, c'est vraiment avec tendresse.
— Quoi ? ... Je ... Je ne vais pas sortir avec lui. C'est mon collègue de travail, Billie ! Et c'est mon ami ! Ça ne se fait pas.
— Euh ... dois-je te rappeler que tu vas épouser ton collègue de travail pour une mission suicide, que des psychopathes nous ont donnés ?! Puis, Edna, entre nous, Gideon, tu l'aimes plus que bien, mais tu es tellement fermée aux relations amoureuses à cause de fils de pomme d'Aaron, pour ne pas être vulgaire, que tu n'as pas conscience que ton Gideon là, tu n'aimes pas le blesser.
Oui mais ça, c'est normal, ai-je envie de lui répondre.
Mais elle reprend aussitôt :
— Dès qu'il est mécontent, tu te sens de suite coupable, dès qu'il ne répond pas à tes messages importants selon toi, alors que tu poses juste des stupides questions existentielles auxquelles je ne veux pas répondre, tu te demandes si tu as fait quelque chose de mal, alors que c'est juste qu'il est occupé. Tu es super protectrice avec lui ! Ton Gideon, personne ne le touche parce que sinon on aura à faire à toi. Et pour finir, il est clairement ton genre de mec. Attendrissant, touchant, doux, un peu timide et pas trop du genre à oser. Alors, ça veut tout dire selon moi. Et, il est clairement jaloux d'Elliott.
Je reste muette et analyse ses paroles. Je les enregistre bien dans ma boite crânienne en me disant qu'elle n'avait certainement pas tort sur certains points.
Gideon c'est comme ... je ne pourrais pas vraiment le qualifier, mais j'ai horreur qu'on s'en prenne à lui. C'est comme si, on s'en prenait à moi. Dès que je l'ai vu la première fois, j'ai eu cette envie de le fréquenter et de le protéger.
Bien qu'il soit un grand homme et qu'il puisse le faire seul ...
— Tu réfléchis trop copine ! me coupe-t-elle dans mes pensées. Parfois, il faut prendre les choses comme elles viennent ...
— Dans ce cas-là, dis-je avec malice, je veux que tu re-considères tout ce qu'il nous arrive ces derniers temps.
Eh bah oui ! Elle veut me conseiller mais sans elle, je ne pourrais pas réaliser les missions. On doit être ensemble dans ce bourbier ou sinon rien. C'est donc très simple.
Elle me pointe du doigt, les yeux plissés et marmonne :
— Ça s'appelle du chantage Edna. Tu vas faire quoi ?
— Que dois-je faire ?
— Demande-lui ! répond-t-elle avec le sourire. Tu es plutôt du genre direct alors demande-lui si hier soir, il a tenté de t'embrasser ou si ce n'était qu'une erreur.
— Mouais.
— Si c'est le fait de te marier avec Elliott qui entre en jeu, sache que ce n'est qu'une question de période. On est d'accord que la totale fidélité est importante mais ... tu pourrais passer à côté de quelque chose à cause d'un faux mariage.
Je ne dis plus rien, le cerveau totalement embrouillé par tout ce qu'elle me dit.
— Bon, éteins la lumière. Je bosse demain, moi. D'ailleurs, tu l'appelles cette directrice d'école ou je le ferai. Je te connais Billie. Tu veux glander !
Elle râle et je décide de ne pas l'écouter.
Je porte mes espoirs sur le diction « La nuit porte conseil » et sincèrement, ça marche pour moi.
*
J'attends avec une certaine appréhension Gideon.
Il doit arriver dans quelques secondes pour qu'on puisse aller chez le garagiste dans un premier temps, ensuite au poste de police.
J'ai bien réfléchi à la façon dont je devais agir avec lui et j'allai simplement l'appliquer lorsqu'il sera là.
Je regarde en direction de son bâtiment avant d'être attirée par la sonnerie de mon téléphone. Qui peut bien m'appeler à 8h30 du matin ?
Malgré tout, je décroche face au numéro que je connais pas.
— Allô ?
— Ahhhhh Edna ma chérie ! Comment vas-tu ? Ça fait longtemps.
Je disjoncte mentalement par cette voix que je connais très bien pour les quelques fois que je l'ai entendu.
Comment a-t-elle eu mon numéro ? Ça doit être à cause de son connard de fils.
— Bonjour madame Levy, dis-je en essayant d'adopter son ton enjoué.
— Houlà ! Tu m'appelles Pattie ou belle-maman maintenant ! J'ai appris la nouvelle ! Vous allez vous marier ! Je suis tellement heureuse que je serai prête à aller à l'église, pour aller remercier pour la première fois de ma vie, Dieu. Il a exaucé mon vœu le plus cher ! Tu ne peux savoir mon état d'euphorie ma chérie !
— Euh ... Elliott vous a donné mon numéro ?
— Je l'ai harcelé, répond-t-elle avec fierté. Son père me l'a annoncé en rentrant du travail. J'ai pleuré d'émotion, même s'il a tenté de me calmer en m'expliquant que ce n'était qu'une mascarade, mais je l'aime cette mascarade. Donc, je me suis battue bec et ongles pour le numéro. Il faut bien que je te parle de l'organisation. En tout honnêteté, tu n'as rien à préparer. Vraiment. On s'en charge. Il faut que je rencontre au plus vite de tes parents. Ta mère précisément. Oh, et vous avez choisi une date ? Parce que ...
Gideon décide d'apparaître enfin, et c'est tout sourire qu'il s'engouffre dans la voiture avec un vent frais, mais surtout son parfum que j'ai toujours apprécié.
Ses yeux bruns me provoquent des choses dont je n'avais pas conscience jusqu'à présent.
C'est stupide mais un seul déclic peut tout changer.
— Salut Edna Sunshine ! lance-t-il.
Je ne parviens pas à lui répondre détaillant son visage angélique et poupin. Il est tellement mignon. Je l'ai toujours pensé. Je lui répétais souvent que j'avais envie de le croquer ce qui le faisait rire.
— ... Donc il faut faire haut plus vite ma chérie. Edna ? Tu m'as écouté ? Ah et tu passes toujours avec tes amies à 18 heures ...
— Euh, je dois vous laisser, dis-je en reprenant conscience sous le regard curieux de mon passager.
— D'accord. Bien. Je constate que tu es en compagnie de ton ami...
— C'est ça. À plus tard.
Je raccroche avec empressement, ce qui le décroche un sourire qui me remue le cœur bien plus que je ne l'aurais cru.
Tellement mystique à mon goût. Mais, c'est plaisant.
— C'était qui, pour que tu sembles aussi déconnectée ?
— Madame Le... Personne d'important, répondé-je en attachant ma ceinture. Ça va ?
— Oui. J'espère qu'ils ont trouvés une solution avec ma voiture. Je n'aimerais pas que tu joues mon chauffeur tout le temps.
Je me décide de démarrer en lâchant :
— Ma compagnie est si excessive dans ta vie mon petit Gideon ? le taquiné-je.
— Non, absolument pas. J'ai toujours et j'apprécierai éternellement ta compagnie. Et tu le sais.
Je lui jette un bref coup d'œil car j'aimerais éviter un accident avec son sourire qui me perturbe trop. Je l'ai toujours aimé son sourire sauf que là, j'ai l'impression de l'aimer d'une autre façon.
Quelle horreur en fait !
J'ai l'impression d'être cette gamine du lycée raide dingue de son crush du moment.
Et quand je l'étais, j'étais mais vraiment conne.
— T'es adorable de dire ça, Deon. C'est réciproque.
Il sourit simplement avant de me demander avec un certain engouement comment s'était passé ma soirée d'hier soir.
Je me décide de tout lui raconter sans hésiter. Il éclate de rire au passage du cinéma de mon père, tout comme moi, sauf qu'il rit beaucoup moins lorsque je parle du retour d'Aaron, dont il ne connaissait pas l'existence, et l'intervention d'Elliott qui fut très aimable de sa part, je devais l'admettre.
— Sois méfiante envers Aaron, Ed. Il a l'air d'avoir de la rancœur envers toi et ce n'est jamais bon.
— Je sais mais j'en ai aussi, alors on est bien parti pour la guerre. Il a cru quoi ? Que j'allai accepter de me marier avec lui pour faire plaisir à mon paternel ? Jamais de la vie ! Je préfère me marier 20 fois avec Elliott, conclus-je avec un petit rire. Un malade ce type !
Gideon ne réagit pas et acquiesce seulement de la tête.
Je me sens embarrassée ayant soudainement conscience de ce que j'ai dit et m'apprête à changer de sujet lorsqu'il bronche :
— Ça va se faire quand ?
Je fais la sourde oreille en lui demandant de quoi il parle, alors que je sais très bien de quoi il s'agit.
— Arrête. Votre mariage factice.
— Je ne sais pas. On en a pas parlé. Déjà que mon père a dû mal à le voir en peinture.
— C'est compréhensif de ton père. Il n'a pas été tendre avec nous durant ces deux années. Je ne sais même pas comment tu as pu le pardonner aussi finalement. M'enfin ! Tu es Edna et ça ne devrait pas me surprendre.
Je sens beaucoup d'amertume dans ce qu'il dit, mais je préfère ne pas creuser la dessus.
Bon ... où est parti mon courage pour que je lui parle de ce « faux-vrai »baiser ?!
Je préfère le rassurer à ce sujet.
— Tu sais très bien que je n'ai pas le choix. Ce n'est pas de gaieté de cœur qu'on va faire ça.
— Oui bien sûr. Dois-je rappeler qu'il est quand même potable, voire très potable ?! Non, ce n'est pas nécessaire, je pense que tu en as conscience.
— Deon ! Ça n'a rien à voir. Sérieux ! Ce n'est pas ça ...
— Bref, on est arrivé.
Je le remarque après ce qu'il a dit.
Je coupe le moteur et il sort avec empressement, sans m'attendre. J'exhale et je me dis que Billie a raison. Il est jaloux d'Elliott alors qu'il n'y a aucune raison.
Je sors à mon tour et le rejoins avant qu'il n'entre dans le garage.
C'est silencieux et nous voyons sa voiture au loin.
Une jeune femme d'une couleur de cheveux très clair et les yeux bruns s'élance à notre rencontre avec le sourire. Elle porte une tenue de garagiste et je suis presque choquée de voir ça car c'est tellement rare.
Oui, même de nos jours.
Dans toute ma vie, j'en ai vu qu'une seule et à présent, elle est la seconde.
Elle tend sa main à Gideon qui la sert sans hésiter et moins surpris que moi, visiblement.
— Bonjour. Gideon Mitchell, le propriétaire de la voiture et ...
— Sa collègue de travail et amie, Edna Fall, dis-je en lui serrant la main.
— Enchantée. Je suis Carlie, propriétaire de ce garage.
— Waouh ! laché-je malgré moi. Propriétaire carrément. C'est ... C'est rare.
— Entièrement d'accord avec toi, admit-elle. Je te tutoie hein ! Mais je suis fière de l'être et fière de ce que je fais.
— Et moi aussi je suis fière pour ... toi. C'est toujours bien de voir des femmes dans ce genre de métier.
— Je ne te le fais pas dire. Même si c'est difficile, parce que certains hommes sont encore fermés d'esprit à ce sujet. Cela dit, je m'en moque, s'ils ne sont pas contents, ils n'ont qu'aller ailleurs. Vous me suivez ?
On arrive devant la voiture de Gideon et elle nous explique la panne.
— C'était ton alternateur qui était hors service.
— Ah. Je ne sais pas ce que c'est, mais elle marche alors c'est le principal, dit Gideon.
Elle sourit et nous montre où ça se trouve.
— Normalement, le voyant de ta voiture aurait dû s'allumer pour te signaler la défaillance, mais ça n'a pas été le cas sinon tu l'aurais emmené avant chez le garagiste, explique-t-elle. En tout cas, c'est réglé. Elle devrait être en forme pendant quelques temps. Je me suis permise quelques autres vérifications par rapport à la batterie, au moteur et le reste.
— Merci beaucoup Carlie.
— De rien. Passons au règlement.
On s'apprête à aller dans son bureau lorsqu'un client apparaît tout sourire.
Elle s'arrête et toujours aussi souriante, l'accueille.
— Hé Henry !
Elle l'enlace rapidement avant de nous le présenter comme l'un de ses plus gros clients.
— Le pauvre ! Il a tout le temps des pannes ! N'est-ce pas ? Je le soupçonne de faire exprès pour venir me voir.
Le type qui ne doit pas être plus âgé que nous, sourit en rougissant.
Billie aurait ri en pensant la même chose. Et peut-être qu'elle aussi ne voit rien. Parce que c'est vrai qu'il a ce « regard » lorsqu'il la regarde.
— C'est ma voiture qui aime se faire bichonner ici, dit-il pour détruire le malaise qu'il subit.
— Aussi, commente-t-elle. Tu m'attends ici, je reviens.
— Pas de souci.
Nous arrivons donc à son bureau, très bien agencé. Elle nous explique qu'elle travaille avec trois autres hommes et qu'elle aurait aimé recruté une autre femme, mais qu'elle n'en trouve pas.
En tout cas, elle est satisfaite de ses employés qui l'écoutent et qui parfois, la défendent du sexisme et surtout du machisme de ce secteur, ne croyant pas à ses compétences de technicienne garagiste.
— Ça ne doit pas être facile tous les jours, dis-je pendant que Gideon signe les documents.
— Oui mais j'aime mon job comme tu aimes le tien. Tu fais quoi ?
— Je suis policière. Je bosse avec lui.
— Ahhhh des femmes policières, j'aime. Persévère et ne te laisse pas marcher sur les pieds.
— Promis. Et toi aussi. Et je viendrai ici pour ma voiture dorénavant. Et je vais t'amener toutes mes copines.
Elle rit tandis que Gideon garantit d'en faire de même.
— Merci, vous êtes adorables. Ça me fait plaisir.
— Je soutiens la gente féminine, dis-je avec le sourire.
— Regarde-moi cette féministe, commente Gideon.
— Je ne suis pas féministe, me défendé-je. Certaines de leurs idées sont très exagérées. Je suis juste pour le respect et la réévaluation de la position de la femme dans la société d'aujourd'hui. On est capable de bien des choses, n'est-ce pas ?
— Exactement Edna ! Je t'adore ! C'est totalement ça ! Les femmes peuvent changer les choses.
J'adjuge ses propos et Gideon nous rappelle que c'est l'heure.
— Ça m'a fait plaisir de vous rencontrer. Vous êtes venus ensembles ? questionne-t-elle.
— Oui, répondé-je.
— Eh bien, ta voiture te sera livrée à ton lieu de travail, Gideon. Ça fait partie de notre offre.
— D'accord. Merci encore.
On salue le Henry en question avant de quitter le garage.
Un sourire sur les lèvres ne me quitte pas.
Je suis tellement contente d'avoir fait la rencontre de ce genre de femmes. Il y en a tellement peu que ça me chiffonne à chaque fois que je réalise la situation.
Oui, peut-être que dans certains travaux, nous avons besoin des hommes, mais pas besoin de nous balancer direct dans la case « incapacité à accomplir cette tâche ». Tout est une question d'apprentissage.
— Je suis vraiment vraiment contente Gideon ! Elle a son propre garage ! Tu t'en rends compte ? C'est génial !
— Tu veux ton propre poste de police et créer une armée entièrement féminine ? me taquine-t-il.
— Pourquoi pas ! Ça serait génial.
Il rigole et on pénètre dans ma voiture et je suis tellement de bonne humeur que je lance sans préambule :
— Au fait, depuis hier, j'ai une question te concernant qui me taraude l'esprit Gideon.
Son regard me liquéfie entièrement, mais je dois me comporter en femme forte alors, je prends mon courage à deux mains, lorsqu'il me demande qu'elle est cette question.
— Eh bien ... en sortant de la voiture, hier, tu ... je ne sais pas. J'ai eu l'impression que tu as tenté quelque chose.
Je regarde droit devant moi et je sens clairement ses yeux pointer vers moi. Ça m'incendie littéralement.
— De quoi tu parles ? ricane-t-il.
Bon. Ça s'annonce bien plus difficile que je ne le pensais.
Pourquoi ne peut-il pas faciliter les choses ?
Je décide donc de me rétracter avant de me prendre un « râteau » monumental.
— Finalement, laisse tomber.
— OK.
Le reste du trajet est silencieux.
Je me gare non loin du poste comme à mon habitude. On quitte la voiture comme un seul homme, puis nous nous dirigeons vers notre lieu de travail côte à côte.
J'ai encore plombé l'ambiance. Et je n'aime pas ça.
Je lui jette donc un bref coup d'œil et je constate qu'il a l'air d'avoir l'esprit torturé. D'ailleurs, il me barre le passage, ce qui me provoque un sursaut de surprise, et il plonge son regard dans le mien comme jamais il ne l'avait fait.
Mon cœur s'emballe aussitôt face à ce regard d'une puissance inouïe et il ouvre la bouche pour dire ce qu'il a sur le cœur.
— Je suis désolé Edna. Tu ne me laisses pas le choix. Tu as raison. Hier, j'ai ... j'ai tenté maladroitement, je le reconnais, de te montrer que ... j'éprouvais plus que de l'amitié envers toi. Mais, ça doit faire maintenant plus d'un an que je le fais, ricane-t-il, mais tu n'as jamais vu mes signaux ! Aucun !
Il a un air triste qui me fend le cœur et qui me donne juste envie de le serrer contre moi.
Comment ai-je pu ne rien voir ? Durant autant de temps surtout. Suis-je si ... comment puis-je qualifier le fait que je n'avais rien vu ?
Je trouve presque mon attitude regrettable mais il reprend :
— Une chose est sûre, c'est que c'est trop tard maintenant. Tu vas te marier, même si c'est factice mais quand même. Ce n'est pas négligeable, alors je prends enfin mon courage à deux mains pour te le dire. J'ai des sentiments pour toi. J'ai vraiment essayé de les réprimer. Je te l'assure mais comment résister ? Je n'y arrivai pas !
— Gideon ...
— Laisse-moi finir avant que je ne fasse une syncope pour ce type de déclaration, nul à chier.
Je souris, touchée et le laisse finir.
— J'ai tenté de rester discret, mais je sais que certains l'ont remarqués. Je suis assez jaloux d'Elliott alors que je n'ai pas à l'être. Puis, je suis supposé être un gay donc ...
— Tu aurais dû me dire tout ça bien avant, le coupé-je.
Il rit en secouant la tête, puis prend ma main qu'il fixe et qu'il presse doucement comme si j'étais une chose fragile à ne pas casser.
— Ah oui ? Mais, lorsqu'on sort, aucun gars ne t'approche à cause de ton regard menaçant, et tu clames très souvent que tu préfères être seule que mal accompagnée.
— Oui mais ...
— J'ai compris, me coupe-t-il à son tour, aujourd'hui, pourquoi tu étais si rédhibitoire avec les hommes. C'est à cause de cet Aaron. Mais, nous ne sommes pas tous comme lui, Edna Sunshine.
— Je sais, murmuré-je après plusieurs secondes. Je l'ai réalisé hier seulement.
On se fixe du regard puis sans plus de cérémonie, il dépose ses lèvres contre les miennes avec douceur et une certaine hésitation que je trouve toujours charmant de sa part.
Bien sûr, je reste figée face à ce contact que je ne connais plus.
C'est tellement étrange et surprenant. Je n'avais jamais envisagé cette possibilité là avec Gideon. Ça ne m'avait même pas effleuré l'esprit.
Je n'ose rien faire, comme une débutante à son premier baiser (ce que je suis après cette retraite anticipée), mais il pose ses mains tièdes de part et d'autres de mes joues pour approfondir ce contact. Il ne fait rien de plus lui aussi et je ne sais pas si j'en veux plus. Tout se chamboule dans mon esprit.
Il finit par y mettre fin et je n'ose pas le regarder dans un premier temps, très gênée mais il éclate de rire et je finis par le rejoindre. Tout est si simple avec lui. Je ne sais pas comment il fait pour me détendre aussi facilement.
— Quoi ?
— Tu n'as pas embrassé de mecs depuis Aaron hein ?! me raille-t-il.
— Hééééé ! Dis que j'embrasse mal aussi.
Je lui fous mon poings dans les côtes ce qu'il le fait rire davantage.
— Ce n'est pas ça, mais je m'en doutais alors, je ne préférais pas te choquer avec tout le reste, sous-entend-t-il.
— Salaud !
Je lui bondis dessus, morte de rire. Il n'a pas tort. Valait mieux un contact simple que je ne sais quoi de cinématographique qui aurait pu me dégouter à vie. Je le sais d'expérience avec Mirah qui est tombé sur un mec qui l'avait embrassé d'une façon « sauvageonne » qu'elle avait dû le frapper.
Lorsqu'on s'apprête à enfin faire notre apparition dans le poste, nous constatons qu'Elliott se tient non loin derrière nous et qu'il a probablement vu toute la scène.
Il nous observe bizarrement sauf que Gideon et moi, haussons tous les deux les épaules avec un sourire ridicule avant de rentrer dans le poste.
Je me dirige comme à mon habitude vers l'accueil où Cassandra se tient tout sourire.
À notre vue, elle écarquille des yeux et me fait un signe du doigt pour m'approcher.
— Salut Cassa...
— Attends ! J'ai entendu des choses qui me sidèrent jeune fille !
Je fronce les sourcils et la regarde avec curiosité. Qu'est-ce qu'elle a encore entendue celle-là ?
— Ah oui ? Lesquelles ? J'aime tellement qu'on parle de moi.
Je termine avec un petit sourire, mais cela ne défroisse pas ses traits. Au contraire, elle est davantage mécontente en regardant derrière nous.
Évidemment, je me retourne et je constate la présence de l'autre individu.
Soudainement, beaucoup de nos collègues nous regardent, mais il a l'air de ne pas s'en préoccuper et il préfère passer à côté de nous pour monter à notre unité.
— Cet impolie ! Regarde-moi ça ! Il passe à côté de nous et il ne daigne même pas nous saluer. Ahhh je n'aime vraiment pas ça Edna ! Je suis déçue !
— Déçue de quoi Cassandra ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce qu'Elliott t'as fait ? Et pourquoi tout le monde nous regarde comme ...
Je me stoppe un instant en réalisant la situation.
Le Chef a forcément mis au courant nos collègues et la nouvelle s'est répandue comme une trainée de poussières. Le regard que Gideon me porte, me confirme mon idée de la situation et je décide de monter en vitesse à l'étage à mon tour.
Mon apparition dans l'unité crée une vague de silence tandis qu'Elliott était en pleine explication.
D'ailleurs, il me regarde de haut en bas avant de lâcher :
— Je rappelle les propos du Chef, nous faisons ça, parce que cette mission nous a été donnée. On ne l'a pas choisi, croyez-moi. Puis, Edna sort avec Gideon. Au fait, félicitation !
Le connard !
J'ouvre la bouche, prête à lui lancer des remarques piquantes sauf que rien n'en sort et tous les regards se portent vers moi. Je me sens soudainement trop oppressée par ces regards dardants sur moi.
Je préfère donc descendre pour être réconfortée par une Cassandra mécontente, mais en marchant à reculons, j'entre en collision avec Gideon.
Je décide donc de le contourner et le Chef fait apparition miraculeuse. Il nous indique d'un ton calme qu'il veut me parler ainsi qu'à Elliott.
Y trouvant une issue de secours, je le suis sans hésiter dans son bureau, m'interrogeant sur ce qu'il a pu leur raconter.
Une fois tous les trois, il nous invite à nous asseoir. Ce que je refuse. Il ne préfère pas insister, alors que je croise les bras, dans l'attente de ses explications.
— Comme vous avez pu le remarquer, vos collègues sont au courant, débute-t-il. Je ne suis pas passé par quatre chemins et je leur ai annoncé votre mariage, dans le cadre d'une mission confiée par le FBI. Bien sûr, Jessica Shawn m'a appuyé dans cette nouvelle.
— Pourquoi elle a fait ça ? interviens-je. Ils vont pensés que j'ai été favorisée, parce que Billie et moi avons arrêtés ces types. Beaucoup d'entre eux aimeraient être pris en formation au FBI.
— Tu vas te plaindre maintenant ? ricane Anthony. Je pensais que c'était ce que tu voulais, Edna.
Je m'apprête à rétorquer avec virulence mais rien n'en sort. Ce n'est décidément pas ma journée.
Il décide donc de reprendre :
— Et nous sommes tous invités à votre mariage. Elle me l'a dit ce matin.
J'exhale et ai juste une envie de me barrer.
— C'est n'importe quoi. Ça devient n'importe quoi ! Je préfère partir avant de dire des choses que je pourrais regretter.
Et c'est ce que je m'apprête à faire lorsque mon téléphone vibre dans ma poche.
Le numéro est inconnu mais c'est comme si mentalement, je le connaissais ce numéro alors je décroche sous leur regard.
— Allô ?
— Bonjour Edna Fall. Quittez le bureau de votre patron et rendez vous aux toilettes en veillant à ce que personne ne vous suit.
J'ai l'envie de rétorquer mais j'abdique en quittant le bureau sous le regard ulcéré d'Anthony.
Je fais inconsciemment ce que la voix robotique me demande.
Une fois dans les toilettes, je vérifie qu'il n'y a personne.
— Verrouillez la porte principale. Nous allons discuter.
— Pourquoi je devrais vous écouter ? demandé-je en obtempérant malgré tout. Comment saviez-vous que j'étais dans le bureau de mon patron ?
— Parce que vous êtes intelligente Edna et vous voulez des réponses. Et je sais obtenir les informations que je désire.
— Vous allez m'en donner ?
— Lesquelles voulez-vous ?
— Qui êtes-vous ?
— Billie et vous, le saurez tôt ou tard.
— Pourquoi nous avoir choisi ? Pourquoi avoir forcé Elliott à être si ...
— Méchant avec vous et votre collègue ? Tout simplement pour pouvoir vous étudier plus en profondeur. La réaction et la psychologie humaine est très surprenante. Billie a été facilement percée, même si on en découvre des choses sur elle, qu'elle découvre aussi. Lorsqu'on travaille sur un programme comme celui-ci, on doit connaitre vos points faibles, ainsi que vos points forts. Et, nous avons constatés que vous êtes une personne patiente et à l'écoute. Peut-être un peu trop parfois.
— Je ne veux pas me marier. Je n'y vois même pas l'utilité par rapport à votre maudit programme ! On veut abandonner ! On ne veut pas en faire partie !
— Ah oui ? Ce n'est pas ce que vous pensiez hier soir. Vous tentiez même de convaincre Billie « d'embrasser » vos dons. Puis, qui vous dit que ce mariage n'est pas utile ? Vous n'en savez rien.
Un frisson terrible me parcourt. Comment sait-il cela ? Mon cœur tambourine dans ma poitrine à une vitesse phénoménale.
— Comment vous savez ça ? Vous me faites peur ...
— Sachez que la peur est un bon dopant pour relever les challenges. Surtout ceux qui vous attendent. Et encore, bravo pour ce que Billie et vous avez accomplies lundi. Ce n'était pas gagné. Et admettez que c'est ... gratifiant de pouvoir arrêter des malfrats de cette envergure. Vous voulez changer le monde Edna ?
Je ne dis rien et analyse chacun de ses propos.
Je ne dois surtout pas paniquer, ça ne me serait pas bénéfique. Il le sentirait.
— Nous ne sommes pas des expériences, dis-je.
— Comment devrions-nous vous qualifier ? Vous êtes les candidates qu'il nous fallait Edna. C'est une chance inouïe ...
— Que sont devenus les dix premières candidates dont vous parliez dans la lettre ? le coupé-je abruptement.
La personne préfère se taire et ne rien dire. Alors, j'enchaine :
— Parce que si je me souviens bien, vous disiez « que votre programme sera un succès et non un échec » car le premier l'a été. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Vous ne voulez plutôt pas savoir de quoi s'agit le programme ?
— De quoi s'agit le programme ?
— Vous recevrez un courrier de ce programme. J'espère que ça vous ralliera définitivement à notre cause. À très vite Edna.
— Attendez ! Qui a installé le pop-up sur l'ordinateur de Billie ?
— Regardez votre téléphone.
C'est ce que je fais en vitesse, l'haut parleur s'enclenche et une image apparait. L'image est noire et il n'y a qu'une simple lampe illuminée. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas l'intérêt de cette image mais la voix reprend :
— Ce pop-up, ça peut être tout le monde comme personne, Edna. La lumière que vous voyez, c'est la lumière du savoir. Billie et vous pouvez changer les choses. Soyez notre lumière. Comme vous l'avez si bien dit « Embrasser vos dons ».
Subitement, mon téléphone s'éteint.
Je reste stoïque tellement je suis chamboulée.
Qu'est-ce qu'il vient de se passer ?
J'ai à peine le temps de réaliser que la porte tambourine. Je range en vitesse mon téléphone et la déverrouille sous le regard insistant de Marilyn.
— Ça va Edna ?
— Je ne crois pas, répondé-je après avoir déglutie.
Elle penche sa tête sur le côté et me fait un sourire contrit.
— Si c'est pour l'histoire du mariage ...
— Cassandra n'est pas contente, dis-je en saisissant la perche qu'elle me tend.
Je ne voulais pas qu'elle joue la grande curieuse de service.
— Qui l'est sérieux ? ricane-t-elle. Ça a été une grande surprise pour tout le monde. Surtout lorsqu'on considère le fait qu'Elliott a été traumatisant. Alors, que tu acceptes une mission du FBI avec lui, ça a été surprenant. Cassandra a juste peur. Tu la connais.
J'acquiesce mollement en ne lâchant pas son regard.
— Mais tu sais ce que tu fais hein ? Si tu peux avoir un petit coup de pouce pour ta carrière, alors saisis ta chance Edna. Ne te laisse pas toucher par ce que les gens peuvent penser. Ça te freinera et ça te fera douter de toi.
Je la regarde et lui souris faiblement. Ses paroles me réchauffent le coeur très rapidement. C'est vrai ! Je n'avais pas à préoccuper de ce que les gens peuvent penser ou dire de moi. Ils ne me fournissent en rien sur cette Terre, alors j'ai bien le droit d'agir comme bon me semble.
— Merci Marilyn.
Je l'enlace avant de la laisser faire ses petites affaires.
C'est donc la tête haute que je retourne dans mon unité, prête à bosser. J'avais trois types à trouver, un dealer New-Yorkais à choper, en savoir plus sur Russell McCarthy et savoir qui était cette voix robotique.
*
Russell McCarthy a l'air d'être un type clean.
Son casier judiciaire est vide. Il bosse en Angleterre, depuis pas mal de temps comme ingénieur en biologie cellulaire et Billie a une demi-soeur de 19 ans qui s'appelle Charlotte. Russell a divorcé avec la mère de Charlotte depuis 5 ans et ils sont en très bons terme.
Honnêtement, rien ne l'incrimine.
Je décide d'imprimer tout ça pour le lui donner et pour qu'elle puisse le lire elle-même.
Malgré tout, je reste sur mes gardes avec cet homme. Pourquoi Billie aurait des envies de vision en sa présence s'il est si parfait ?
Je suis en pleine réflexion lorsque mon téléphone me signale sa présence encore une fois. Je décroche sans me poser de questions en voyant le numéro de Tammy s'afficher.
— Allô Tammy ?
Sa voix est sanglotante et je me lève directement pour enfiler mon blouson.
— Ed ... tu peux venir s'il ... te plaît ?! Vite !
— J'arrive Tammy ! Où es-tu ?
Je fais signe à Gideon et Elliott de me suivre car ils travaillaient sur des dossiers de leur côté et nos collègues nous jettent des coups d'oeil plein de curiosité.
Depuis mon retour, je n'avais pas démenti le fait que j'étais en couple avec Gideon et encore moins ce faux mariage.
— Dis ... Dis-moi quand tu es là. Appelle-moi.
Elle raccroche et je détale presque les escaliers pour atteindre notre voiture de police à l'extérieur.
Je m'installe au volant et allume le moteur, prête à démarrer.
Les gars finissent par arriver et je démarre en faisant crisser les pneus après avoir mis le gyrophares.
— Qu'est-ce qu'il y a ? me questionne Gideon.
— C'est Tammy. Il s'est passé quelque chose de grave.
Il n'ajoute plus rien et en moins de vingt minutes, nous arrivons dans son quartier, au Nord de New-York. Toutes les prostituées fuient en pensant à une descente de police et les clients aussi.
Je sors mon arme en ne me préoccupant de personne. Je sais qu'une chose terrible est arrivée. Et je le sens.
Je dégaine mon téléphone de ma poche pour l'appeler, mais Tammy apparait au coin de la rue, chancelante, du sang sur le visage et sur les mains. Ses joues sont inondées de larme et le choc se lit clairement sur sa figure.
J'abaisse immédiatement mon arme et accoure vers elle.
— Ils étaient ... trois. Trois hommes. Dans ... Dans son appartement, bafouille-t-elle avec difficulté. Ils ... Ils ont tués El..Elsa.
Je la confie à Gideon avant d'accourir vers le coin de la rue, puis de monter dans le bâtiment miteux en question.
J'arrive en vitesse au troisième étage et ouvre la porte.
L'odeur du sang envahit mes poumons mais je continue d'avancer en sentant cette douleur au bras qui commence à me lancer.
Je n'ai besoin que de faire deux pas de plus et je vois la scène macabre.
La pauvre femme n'est même pas habillée d'une robe blanche et son corps a subi un acharnement qui est différent des autres victimes.
Un haut le coeur me prend et la vision me happe. Je me retrouve au moment de la scène.
Encore une fois, ils la ligotent, elle se débat mais ne peut rien faire.
Pour une fois, ils agissent en pleine journée. Toujours habillés en noir avec ce masque neutre sur le visage. Sauf qu'ils prennent moins le temps et je le constate car j'ai l'impression que cette victime n'a pas été choisie en avance.
Ils la posent au sol et procèdent à la même torture, sous les cris étouffés et pleins de douleurs de la victime.
Elle fait plusieurs fois des pertes de connaissance sous la douleur et le choc.
Le type qui s'occupe de la boucherie qu'il commet, prononce des mots en latin que je ne comprends pas mais que j'essaye de mémoriser.
Ensuite, il termine en lui plantant un couteau en pleine poitrine ce qui achève sa souffrance.
Je mets ma main sur ma bouche pour retenir le cri qui a voulu m'échapper, même si j'avais conscience qu'ils ne me voyaient pas. Des larmes bordent soudainement mes yeux et je tremble presque. Ils n'avaient aucune pitié.
L'homme se lève et même si je suis toute retournée, je tente d'imprimer le plus d'information possible. J'essaye de trouver un détail qui pourrait m'aider à savoir qui ils sont.
Alors je m'approche tandis qu'ils balancent les bols négligemment et je n'ai que les temps de voir que celui qui s'occupe de mutiler les corps, porte une montre de fortune. Une montre de marque suisse qui vaut des fortunes. Je veux en savoir plus, mais je quitte la vision au contact d'une main sur mon bras.
Je chancelle et halète, totalement en sueur.
— Edna ? Qu'est-ce que tu as vu ? Tu as une vision ?
Je ne parviens à rien dire et mon regard se porte vers le mur. Je m'éloigne donc d'Elliott pour lire ce qui est inscrit sur le mur décrépit de la pièce.
« Ceci n'est que le début. Ceci n'est qu'un sacrifice. Arrêtez le programme. »
Je reste là, à fixer le mur.
Je suis comme dans un autre monde. Même les sirènes de police et les voix bourdonnants autour de moi ne me font rien.
Je suis ailleurs. Je tente de rassembler les puzzles et je tente de comprendre la situation.
Et, je l'ai peut-être comprise.
Mais, je dois d'abord en savoir plus sur ce programme. Comment ce programme peut-il provoquer ce genre d'atrocité ? Billie et moi sommes-nous les prochaines ? Est-ce que c'est le message que le type d'hier veut faire passer ?
C'est la présence de Gideon qui me fait revenir à la réalité. Je repère aussitôt le médecin légiste, le patron et d'autres personnes qui s'affairent.
— Viens, me dit-il doucement.
Il me prend par les épaules et je quitte la pièce.
Dehors, je vois Tammy qui se fait examiner. Elle porte son regard vers moi et je me dirige instinctivement vers elle pour lui montrer mon soutien. Je l'enlace avec force avant de la relâcher.
— Ils sont partis comme si de rien était. Ils m'ont vu et n'ont même pas paniqués, Edna. Ils étaient trois. Trois hommes, répète-t-elle. Ils étaient habillés tout en noir avec ce masque terrifiant où on ne voit rien. J'ai peur Edna, me confie-t-elle. Elsa était si gentille. Vraiment.
Elle se remet à pleurer à grands sanglots ce qui me peine bien évidemment.
— Ça va aller Tammy. Qu'est-ce que tu as vu d'autres ? On va retrouver ces salauds.
Elle essuie ses joues avec rage.
— Y'en a qui ... qui avait une montre. Elle était belle. Et elle vaut beaucoup. La marque est Jaeger LeCoultre. Je l'ai reconnu cette montre parce que ... j'en ai volé une à un type dans la rue, avoue-t-elle.
— Et il y avait autres choses ?
Elle tente de se rappeler mais hoche de la tête négativement.
— Ils ont dû laisser des empreintes, Edna. Vous allez les retrouver hein ?!
— Oui Tammy, on va les retrouver.
*
Toujours aucune empreinte.
Toujours le crime parfait.
Ils ont fait un carnage sur cette de crime, mais rien. Ils procédaient méticuleusement à leur atroce meurtre.
Nous retournons donc au poste, dépités avec une Tammy choquée. Je songe à l'emmener dormir chez nous, le temps que ça aille mieux, mais ça n'ira pas mieux tant que nous ne les avions pas retrouvés.
J'ai été silencieuse tout le trajet et Gideon monte avec Tammy pour qu'on prenne sa déposition.
En effet, mon père se tient devant le poste ainsi, il a vu toute l'équipe et l'état de froideur qui règne parmi nous. D'ailleurs, ses traits se serrent face à ce défilé de policiers.
Je reste malgré tout surprise de le voir. Il n'avait jamais mis les pieds au poste de police depuis que j'y travaille. Pour lui, venir au poste, signifierait qu'il accepte ce que je fais. Il me l'avait clairement fait comprendre. Je m'avance donc vivement vers lui.
— Bonjour Papa. Qu'est-ce que tu fais là ?
— Pourquoi cette femme est tachée de sang ? Est- ce que ça va ? s'inquiète-t-il.
— Oui, répondé-je. On bosse sur une affaire et ...
Il acquiesce comme s'il comprenait la situation et qu'il ne voulait pas en savoir plus. J'ai conscience que sa présence relève d'un effort surhumain pour lui.
Mon père n'est pas du genre à s'excuser et là, le fait de le voir, je le prenais comme tel.
— Tu as un peu de temps ? Je veux discuter avec ma fille.
— Ouais. Allons en face.
Nous allons donc dans le café.
Je commande à mon père un café et je décide de prendre un verre d'eau qui me fait le plus grand bien. Je m'installe à côté de lui et lui mets ses trois sucres habituels, même si maman me giflerait.
Mon père a une glycémie assez élevée alors elle veille à sa santé mais Monsieur en profite en cachette. Et j'admets l'y aider. Mais comme il me dit toujours « Tu sais Edna, tant que je peux marcher, manger et respirer, tout va bien. Dieu merci. Alors pourquoi me priver de bonnes choses, alors qu'un jour tout ça va finir hein ?! ».
Il n'avait pas tort mais plus il restait longtemps parmi nous et en bonne santé, mieux ça serait.
— Merci. Tu n'es pas comme Hanna qui dit à ta mère dès que je prends trois sucres ou des petites gourmandises. Même si je l'aime ma dernière petite princesse. Elle a grandi si vite, Edna.
Je lui souris, même si je n'ai pas l'humeur et il le remarque.
— Ça a l'air difficile cette affaire.
— Ça l'est.
— Dieu va t'aider.
Je prends une gorgée de mon verre d'eau sans le quitter du regard. J'espère vraiment qu'il va m'aider Dieu, parce que pour l'instant, c'est comme rechercher une aiguille dans une botte de foin.
Mon père pose sa tasse sur la table, puis se frotte les mains comme s'il préparait au combat. Il vient définitivement s'excuser et c'est un exploit de sa part qui me touche énormément sans qu'il en est réellement conscience. Pour lui, les parents ont toujours raison et les enfants ont toujours tort.
— Tu sais Edna, je n'ai pas dormi de la nuit à cause de toute cette histoire.
Je le regarde et l'invite à continuer.
— Je vous ai toujours poussé à faire ce que vous voulez. Toujours. Mais ... ton choix professionnel ne m'a jamais convaincu et tu sais pourquoi ? Parce que j'ai peur. Je sais que la mort ne prévient pas. Mais toi avec ce métier, tu vas vers la mort. On va tous mourir un jour, mais qui me dit que demain, ça ne sera pas ta mort ? Qui me dit que demain, je ne vais pas enterrer mon propre enfant ?
— Papa ...
— Attends Edna. Laisse-moi finir. Je n'ai pas à avoir peur que Dieu t'enlève à moi. Ta mère a raison. Si Dieu a décidé que tu devais être policière, ça doit rester ainsi. En plus, tu es très bien dans ce métier.
Je fronce les sourcils me demandant comment il peut penser cela.
— Tes collègues de travail m'ont dit que c'était le cas et je les crois. Je n'ai jamais douté de tes capacités, sache-le. J'ai juste très peur.
— Tu n'as pas à l'être, papa. J'ai décidé de faire ce métier en ayant pleinement conscience des risques.
Il ricane doucement et dit :
— Toi, tu aimes trop le danger avec ta tête dure là ! Je te jure que ta tête, c'est du caillou.
Je ris doucement et m'élance vers lui pour le serrer contre moi. Il ne me repousse pas et caresse même ma tête tout en soupirant.
— Tu as bien la force et le courage des Fall, ma fille. On n'abandonne rien. On ne lâche rien. On se bat jusqu'au bout.
— C'est exactement ça, lui confirmé-je.
Je me redresse et lui dévoile toute ma dentition, heureuse qu'il le reconnaisse. Il lève les yeux, agacé par mon attitude.
— Range tes dents. Faut pas être trop contente aussi ! Je voulais juste te dire que voilà, j'accepte mais j'accepte pas. J'ai pas trop le choix donc voilà, se justifie-t-il.
J'éclate de rire ce qui l'irrite mais dans le fond, il a envie de rire aussi. Mon père est un grand acteur vous savez. Toujours à en rajouter alors que ce n'est pas nécessaire.
— Lahilah ! Tu es impolie Edna ! Je vais partir même ! Elle rigole comme une chèvre ici !
Je ris davantage ce qui nous attire bien des regards mais je m'en moque. Son attitude me fait tellement rire. Il couvre son visage d'une main et me tape sur la main pour que je cesse.
Je finis donc par me calmer.
Ce type m'a fait oublié tous mes problèmes en quelques secondes.
— Vous n'assumerez jamais que vous êtes venu vous excusez monsieur Idriss Fall ! lui dis-je.
— Hé Edna ! Tu prends la confiance hein ! Tu comprends le chinois ou c'est comment ? J'ai dit j'accepte mais pas trop. J'ai pas fait des excuses hein ! Elle est malade cette fille ! Tu comprends rien !
Il bredouille je ne sais quoi et je me décide de lui dire des mots que je lui ai dit que très rarement.
— Je t'aime papa, déclaré-je.
— Ouais ouais ! Et demain, tu vas m'annoncer autre chose qui va me rendre malade. D'ailleurs, ton blanc là, il y aura vraiment le mariage ou c'est comment ? Je ne paye rien hein !
Je lève les yeux, hilare.
— Oui, je vais devoir l'épouser. Et j'appuie sur le fait que c'est pour le boulot, papa. Et tu n'auras rien à payer.
— Tant mieux ! Il va sortir la dot ?
— Papa ! m'exclamé-je. Sérieusement, tu exagères ! On ne se marie même pas vraiment puis, c'est un truc d'époque. Et, je suis trop chère pour qu'on m'achète à toi !
— Ahhhhh ! Ça, c'est sûr ma fille ! Il ne pourrait même pas y mettre le prix ce chenapan. Bon ... J'ai confiance en toi Edna, tu le sais.
— Oui, je le sais.
Je lui prends la main qu'il presse.
— Il y aura beaucoup d'invités ! Peut-être 300.
— Alors là, tu rêves.
— Je devrais te frapper pour cet affront ! D'ailleurs, j'ai voulu corriger ce garçon là, Aaron ! Je l'ai croisé avec son père, ce matin. Je l'ai bien menacé comme il faut ce petit salaud ! Il est fou lui ! Cet infidèle là ! Ce petit diable ! Dieu sait que mon cœur était chauffé hein !
Je ris à nouveau et lui aussi.
Qu'est-ce que je l'aime mon père même s'il fait tout un pataquès pour des choses futiles.
On discute encore un peu et il me confie qu'Elliott n'a pas l'air si mauvais que ça. Et qu'il a même apprécié le fait qu'il me défende. Cependant, il veut rester sur ses gardes et rencontrer la « belle-famille ». J'ai l'impression qu'il ne comprend pas très bien que tout ça est une mascarade professionnelle mais bon, la mère d'Elliott est pareille alors...
Je finis par lui annoncer que je dois retourner travailler.
On se quitte donc devant le café et ses derniers mots me galvanisent d'une force qui se propagent à travers moi.
— Je t'aime, ma fille. Je ne suis pas ce genre de père qui vous le dit tout le temps parce que vous le savez, mais je t'aime. Je suis fier de toi. Et de ton frère et de notre petite diablesse. Je suis fier de vous et d'avoir épousé votre mère, qui m'a trop pris la tête depuis hier soir. Cette femme parle trop, mais je l'aime aussi. Je vous aime tous. Que ça reste dans ton crâne dur hein ! Quoiqu'il arrive, la force de Dieu et de ton père est avec toi ! Le réalisateur de Star Wars a volé ma phrase Edna. Il a volé ça même ! Je t'avais dit que c'était mon ami ...
Il avait ajouté à cela, un baiser sur mon front avant de s'en aller avec sa démarche de beau gosse pour me faire rire.
Je le regarde disparaître au coin de la rue, un sourire aux lèvres, après qu'il est démarré avec précision pour frimer devant moi.
Et c'est après ce genre de petits moments là, qu'on se rend compte que le meilleur remède à nos douleurs, nos peines et nos craintes, c'est la famille. Et bien sûr, les amis que vous catégorisez comme des membres de votre famille.
***
« Certes, l'amour des proches est une chose fragile, car on peut être trahi par l'un d'eux mais, ce que j'ai constaté avec les années, c'est que cet amour finit toujours par renaitre de ses cendres. Tout simplement parce que cet amour est inqualifiable et indéfinissable. Cet amour, il sera toujours là que vous le vouliez ou non. Il reviendra toujours parce que c'est une évidence. C'est plus fort que nous. Et, cet amour nous rend plus fort comme il peut nous rendre plus faible. Mais, retenez que le bon. Le mal ruine toujours tout. Toujours. Ayez conscience de cela ». JFL
***
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