3.

Hello mes petites glaces ❤️, 

J'espère que vous allez très bien 😊. 

L'instagram lié à ma vie de Wattpad : ayssa.jfl

PEACE AND LOVE-

- JFL


*****


Billie Fernandez

La matinée avait été des plus agréables.

Il suffit de quelques moments de joie, entouré de nos proches pour tout changer. Et ça me faisait énormément du bien de me ressourcer auprès de mes amies pour la vie, validée par la street et par ma famille avec l'organisation du mariage ma soeur de coeur.

Ouais, ça mettait clairement du baume au coeur avec tous les évènements qui nous étaient arrivées à Edna et à moi.

Et sincèrement, Pattie était la belle mère idéale. Elle avait tout minutieusement planifié et ça fonctionnait du tonnerre.

Edna avait fini par envoyer les photos de la salle pour la décoration. La salle était juste parfaite et on savait d'avance que le mariage serait un carton.

C'était parfait.

Et j'espère que ça le sera le jour J.

Je venais de quitter les filles pour me rendre à la boutique Pronovias pour la robe de mariée d'Edna et nos robes.

J'avais laissé les filles se charger de la surprise que nous réservions pour Edna, le jour J. C'était une chorégraphie que nous avions réalisé, lorsque nous étions au lycée et je sais que cela la toucherait énormément si on la reproduisait pour se souvenir de ces moments d'innocence la plus totale.

Je me dépêche donc de marcher à travers les rues. Je suis un peu en avance pour le rendez-vous à la boutique donc j'en profite pour me rendre à l'église qui n'est pas trop loin, pour aller saluer le Père Patrick que je n'avais pas vu depuis l'incident d'Edna.

Je rentre dans celle-ci après avoir fait le signe de croix et je trouve le Père Patrick discutait avec un homme. Il remarque ma présence et me sourit. Il s'excuse auprès de l'homme avant de se diriger vers moi. Je me sens presque privilégiée et souris grandement aussi avant de le prendre dans mes bras.

Je sais qu'il est surpris et que ça ne se fait pas, mais ce n'est pas grave. Il m'avait manqué le pépère !

— Comment tu vas mon Père ?

Il me regarde légèrement sonné par mon attitude et un sourire crispé se dessine sur ses lèvres.

— Il faut éviter de faire ça, Billie.

— Ça va ! Ne dit-on pas qu'il faut s'aimer et tout et tout ?

Il ne sait pas quoi répondre face à ma réplique alors je le tapote à l'épaule.

— Bon, plus besoin d'aller se cacher pour se confesser hein ! Puis, je n'ai que 10 minutes à t'accorder.

Ses épaules s'affaissent et il soupire avant de m'indiquer l'un des bancs pour qu'on s'y assoit. J'obtempère et il me demande comment va Edna.

— Elle va bien. Tout va mieux, menté-je légèrement.

— Ça me rassure énormément. J'ai énormément prié pour ça s'arrange. Elle a eu énormément de chance. Ça aurait pu être si dramatique.

— Tu me crois alors ? Sur tout ce que j'ai dit ? Parce qu'Edna sait que je te l'ai dit, mais elle est persuadée que tu ne me croirais jamais. Puis, t'es tenu au secret professionnel aussi, sinon Dieu va te punir, alors tu ne dois rien dire à personne, même sous la torture.

Je conclus d'un petit clin d'oeil et il secoue la tête.

— D'ailleurs, elle va se marier.

— Euh ... C'est formidable ça ! Félicitations à elle ! Et pour ton roman. Tu m'avais dit que tu avais besoin d'une histoire d'amour pour alimenter ton imaginaire.

— Tout à fait, c'est pour ça que c'est pour de faux. C'est pour parfaire notre couverture d'agent de choc.

Il perd la face et je lui tapote amicalement l'épaule, parce qu'il a l'air déçu.

— Tu me marieras si tu veux, proposé-je. Je suis à fond sur Douglas, mais je perds un peu mes moyens face à lui. Il me perturbe, Père.

Et là, il se met à rire ce qui me choque presque.

— Vous, Billie, vous perdez vos moyens ?!

— Eh bien oui ! Et pas besoin de faire le cérémonieux et encore moins de me juger. C'est interdit dans la religion. Bref, oui, je perds mes moyens parce que ... je sens vraiment que c'est le bon.

— Eh bien, lance-toi. La vie est courte, jeune fille. Vous dites quoi déjà les jeunes ?! La Friendzone ?! Il faut que tu sortes de la friendzone que tu t'instaures. Il te plait, fais bouger les choses, Billie. Allez, je pense que les dix minutes sont écoulées, dit-il en se levant.

Je reste scotchée au banc car il a dit « Friendzone » et genre, un père religieux me donne des conseils sentimentaux.

Trop choquant.

— Vous êtes sérieux là ?

— J'ai été jeune Billie et je ne suis pas né dans mes fonctions religieuses. Tout le monde a un passé, sache-le.

À la suite de cela, il ajoute un clin d'oeil avant de prendre une direction que je ne connais pas, certainement ses bureaux pour travailler.

Je me lève donc et sur le point de quitter l'église, il lance :

— Tu salueras ton père de ma part. Ça m'a fait plaisir de le voir.

Durant mon trajet jusqu'à la boutique, je suis partagée entre plusieurs émotions. Mon géniteur était-il parti voir mon Père ? Et si oui, pourquoi ?

Et pourquoi a-t-il dit que tout le monde a un passé ?

C'est mitigé que je rentre dans le magasin où Edna, Eva et Fatima m'attendent.

Je souris et les salue avant de remarquer que ma meilleure amie à l'air absente, assise sur sa chaise.

— Nous n'attendions plus que toi Billie, dit sa mère avec un soupir de soulagement. Et dis quelque chose à ta copine, parce qu'elle commence à m'énerver à rester terrer dans son coin. Depuis qu'elle est venue, elle n'a presque rien dit, alors que c'est quand même un jour heureux. Tchiiip ! Les enfants d'aujourd'hui vous exagéraient trop.

Eva lance un dernier regard à sa fille qui ne voit même pas le regard qu'elle lui lance et Fatima hausse les épaules, contrite et rejoint sa belle-mère certainement pour parler à la vendeuse des potentiels robes.

Je m'approche donc d'Edna et je m'abaisse pour capter son attention. Cela marche instantanément après quelques secondes car elle me donne un léger sourire et presse ma main.

— Que se passe-t-il ? lui demandé-je de but en blanc.

— Rien, Billie. J'ai eu un coup de fatigue.

Je lui fais le regard « arrête ça avec moi » et elle soupire.

— Qu'est-ce qu'Elliott a fait pour que j'aille lui montrer le karaté sénégalais de ton père ?

Elle rit doucement et regarde nos mains avant de relever son regard vers moi.

— Tu sais, j'ai vu ...

Malheureusement, nous sommes interrompu par la vendeuse qui revient avec Eva et Fatima.

— Plusieurs robes ont été mises de côté. Vous êtes prête pour l'essayage ?

— Oui, répond-t-elle. Je t'explique plus tard, ajoute-t-elle doucement.

Elle se lève et je me redresse aussi. Elle s'en va donc essayer plusieurs robes sans vraiment exprimer ce qu'elle pense ou ressent. Elle a l'air réellement ailleurs. C'est au bout de la cinquième robe que nous avons réellement une réaction de sa part, ce qui ravit sa mère et nous autres.

— J'aime beaucoup celle-là, dit-elle face au miroir.

— Moi aussi, adjuge sa mère. Magnifique celle-là. Elle te va trèèèès bien.

Sa mère est animée d'émotions, mais Hanna arrive enfin dans la boutique, s'exclame en voyant sa soeur dans cette magnifique robe qui lui va à merveille.

Ma meilleure amie déchire dedans et elle n'est même pas maquillée et coiffée.

— Tu es magnifique grande-soeur chérie ! Elliott va avoir un arrêt cardiaque et Gideon va peut-être faire une tentative de kidnapping en te voyant.

Tout le monde rit et Hanna enlace sa soeur.

— Merci Hanna Banana de ton commentaire, dit Edna heureuse de voir sa soeur.

— Prends-là, réplique-t-elle. Je n'ai pas vu les autres, mais c'est déjà ma préférée.

— Je suis d'accord avec ta soeur, rétorqué-je légèrement émue.

Edna me sonde du regard et elle sait très bien que je suis super sensible, alors elle sourit pour éviter une crise de larmes pathétiques de notre part.

— Bon, avant de pleurer pour rien du tout, je vais me changer. Je vais prendre celle-là, Madame.

— Parfait. Il suffira de faire quelques petites retouches. Elle vous va vraiment à ravir cette robe. Vous serez une magnifique mariée.

— Merci.

Edna suit donc la dame dans l'arrière-pièce pour les retouches et Hanna vient faire un bisou au front d'Eva, car elle sent que celle-ci a envie de pleurer.

— C'est tellement surprenant de la voir dans cette robe, explique Eva. C'est une femme maintenant.

— Comme si tu doutais de ça, Mama. Puis, je te rappelle que c'est faux ! la taquine sa fille. Garde tes larmes pour le jour J. Et toi aussi Fatima. 

Fatima est déjà en larmes et essuie rapidement ses joues.

— Je le fais pour votre frère qui ne l'a pas encore vu comme ça, se défend-t-elle.

Nous rigolons et les autres filles finissent par arriver ainsi que Pattie toute heureuse.

— Alors, les essayages ? questionne-t-elle.

Eva lui explique qu'Edna a trouvé sa robe et c'est à notre tour d'essayer nos robes de demoiselle d'honneurs.

La gérante qui s'appelle Sophie nous les apportent et nous les voyons enfin.

Elles sont tout simplement magnifiques. Elles sont en soie et de couleur grise. C'est simple et ça ressemble beaucoup à Edna et ce qu'elle recherchait pour nous.

Nous sortons donc de nos cabines pour lui montrer et celle-ci nous reçoit avec un immense sourire.

— Vous êtes canons. Vraiment. Pattie vous lisez dans mes pensées. Je les voyais exactement comme ça.

— De rien, ma chérie. Ça me fait vraiment plaisir.

*

Nous sommes chez Pattie et Daniel.

Tout le monde est là et l'ambiance est bonne. Elle a invité quelques voisins et proches à eux pour annoncer que son fils allait se marier.

Pattie discute et cuisine avec Eva et ma mère ainsi que Fatima, tandis qu'Idriss parle avec Daniel. Ils rigolent ensemble comme si ça faisait des années qu'ils se connaissaient.

Des amis à Daniel se joignent à eux et s'en suit un débat sur je ne sais quel sujet.

Les filles sirotent tranquillement leur cocktail et moi, je suis un peu stressée à l'idée de voir mon père.

Apparemment, il était invité.

Et je ne l'avais pas revu depuis notre déjeuner au restaurant où il m'avait plus ou moins révélé le pourquoi de son départ forcé.

Bref, ça me mettait dans un réel état de stress.

Je jette un rapide coup d'oeil à mon téléphone lorsque je vois un message de Douglas.

Je l'ouvre donc sans plus attendre et j'y découvre une invitation au cinéma pour une séance de 22 heures.

Mon coeur palpite à l'idée de le retrouver.

— Pourquoi tu souris comme une psychopathe ?

Je sursaute et me retourne vers Edna qui est beaucoup plus souriante que pendant son essayage.

— T'es une vraie sorcière à apparaître comme ça.

Elle rigole doucement avant d'apporter son verre de boissons à ses lèvres.

— Alors, c'est Douglas j'imagine, dit-elle.

J'acquiesce et elle secoue la tête avec un sourire narquois sur les lèvres.

— Quoi ?

— Vas-y. Va le rejoindre.

— Quoi ?

Elle m'arrache mon téléphone des mains et je la vois pianoter dessus, puis me le rendre. Je lis donc le message qu'elle lui a envoyé pendant qu'elle s'explique.

— Tu vas aller au cinéma avec ce type qui te rend dingue. Et ne bronche pas, parce que je sais que tu en crèves d'envie. Tout ça, dit-elle avec un geste de la main, ça peut paraitre réel alors que ça ne devrait pas l'être Billie, alors vas-y. Ne gâche pas cette possibilité pour moi.

— Ed ! Mon père est censé arriver et j'aimerais lui parler. Et on doit discuter de ton état de cette après-midi ...

— Je m'occupe de ton père et on aura cette discussion quand tu rentreras, d'accord ? Je t'attendrai.

— Edna, ça ne se fait pas. On est dans cette merde ensemble, alors je ne devrais pas te laisser à ce cocktail de pré-mariage.

— T'es mignonne quand tu veux me soutenir, réplique-t-elle, mais la vie est courte donc vas-y !

Elle me pousse presque vers la sortie pour récupérer mon manteau, pendant que les filles se demandent où je vais, ainsi que ma mère. Sauf qu'Edna fait un signe du pouce et m'accompagne sur le palier.

— Passe une bonne soirée et embrasse-le.

Elle dépose un baiser sur ma joue avant de me claquer la porte au nez.

Je reste stoïque face à son attitude.

Ce n'est pas l'Edna que je connais comme ma poche, mais celle-ci me plait bien. Elle est si spontanée et moins « prise de tête ».

J'appelle donc l'ascenseur pour descendre et reçois un autre message de Douglas qui est heureux que j'accepte son invitation. Il est déjà en chemin donc je ne devrais pas trop l'attendre en bas. Les portes de l'ascenseur s'ouvre et je découvre donc Gideon, toujours aussi mignon.

— Hé !

— Salut Billie ! Euh ... tout va bien ? me questionne-t-il en me voyant entrer dans l'ascenseur à sa place.

— Ouais, ne t'en fais pas. Je dois juste m'en aller, mais tout se passe bien à la soirée.

— Génial. Génial, dit-il un peu tourmenté, je dirais.

Je lâche le bouton de l'ascenseur qui permet de garder les portes ouvertes avant d'appuyer sur le « 0 » et je lui souhaite une bonne soirée avant qu'il ne m'interroge sur Edna.

Je ré-appuie donc sur le bouton et il poursuit.

— J'aimerais vraiment ... qu'elle et moi, ça soit du sérieux, mais j'ai la sensation que ça n'arrivera pas. J'ai été con d'attendre aussi longtemps pour lui dire mes sentiments. Je regrette tellement. Tu ... Tu pourrais me dire que je me trompe ?!

Ses yeux qu'Edna aiment tant, sont presque suppliants.

Moi, je suis juste embarrassée par ce que je ne sais pas trop quoi dire et surtout parce qu'Edna a beaucoup moins de certitudes qu'il y a quelques semaines. Tout cette historie lui laisse des séquelles que je n'ai pas forcément ou que j'arrive plus facilement à contrôler ...

Je ne sais pas en fait.

— Je pense que tu te trompes Gideon, dis-je avec un sourire confiant. Je sais qu'Edna t'apprécie énormément et elle discerne bien la réalité d'un mensonge je dirais. Tu dois te dire que ce n'est pas facile pour elle, ni pour moi, ni pour personne. Nous mentons à nos proches, mais on doit jouer le jeu. Alors, aies confiance en elle.

Gideon sourit en coin avant de me remercier.

Les portes de l'ascenseur se referment donc et c'est l'esprit embrumé de pensées négatives que je vois Douglas dans sa voiture.

Soudain, tous mes tourments s'envolent et je me dirige vers lui avec le sourire.

— Quel bâtiment classe !

— T'as vu ça. C'est la belle-famille d'Edna qui habite ici. On y va ?

Il se mord la lèvre avant d'acquiescer. Il ouvre la portière coté passager et je m'engouffre dans sa voiture. Elle sent son odeur et je n'ai pas le temps de sniffer davantage son odeur qu'il prend place derrière le volant.

— J'espère qu'elle ne t'en veux pas, Edna.

— Elle m'a poussé carrément à partir, lui expliqué-je. Elle doit s'imaginer qu'on va batifoler comme des lycéens et tout. Je lui ai dit qu'entre toi et moi, c'était bien plus que ça.

Il démarre hilare et je ris aussi.

Les paroles de Père Patrick me viennent en tête et il n'a pas tort.

Si je le veux, je dois faire en sorte de l'avoir, un point c'est tout.

— Tu es moins ... timide lorsque nous sommes tous les deux, commente-t-il.

— T'exagère ! Devant les filles je dois paraitre douce et tout. Je pensais que tu avais compris ma technique. Je suis déçue, Douglas.

— Mais j'avais compris Billie. C'est pour ça que je comptais sur cette sortie de dernière minute pour que tu me déclares ta flemme et qu'on s'embrasse à en perdre haleine, dit-il le regard pleins de malices.

Je me retiens de m'étouffer et de faire la danse de la joie face à sa déclaration.

Je savais qu'il m'avait validé.

Lui et moi, c'était écrit, mes Cocos !

Pour toute réponse à ses dires, je secoue mes cheveux et fais mine de ne pas être touchée par ce qu'il vient de dire, alors que tout ce que je veux, c'est qu'il m'embrasse à la Jack Dawson.

— Je ne sais pas si tu mérites cette déclaration qui vaut une fortune, Douglas Glas. Ni ce baiser en fait. On verra si tu es sage.

Il me sourit tout simplement et continue de conduire jusqu'au cinéma en question.

*

Ce que j'apprécie avec Douglas, c'est qu'il joue franc jeu et qu'il n'est pas dans les manières «  faut que je la pécho, alors je me la joue dragueur lourd », vous voyez ce que je veux dire ?

Cette séance de film était juste extra. Il n'avait pas choisi un médiocre film d'horreur pour me faire flipper, ni un film d'action, mais un film d'humour bien con où nous étions tous les deux hilares comme des otaries.

Je me suis même étouffée avec du pop-corn, que j'ai accidentellement recraché sur le crâne d'un mec chauve ce qui n'était pas très glamour, mais il m'a quand même tapoté dans le dos, puis nous avions ri encore plus.

Alors, j'ai eu tout simplement l'impression que ça faisait des années qu'on était ensemble.

C'était si naturel avec lui, si vivifiant ...

— Vous êtes arrivée chez vous, magnifique créature humaine.

Je sors de mes pensées. Il m'avait raccompagné ce qui était normal pour la reine que je suis.

— Arrête, on dirait un vampire.

— Peut-être que j'en suis un.

Je rigole et sors donc de la voiture et il en fait de même pour me raccompagner jusqu'à notre étage.

— C'était vraiment super. Merci beaucoup Douglas.

— Tout le plaisir a été pour moi. Ça faisait longtemps que je n'avais pas pleuré de rire. T'es vraiment rigolote en fait.

— Je ne vais pas me vexer pour cette fin de phrase, mais oui, j'ai beaucoup compétences sur mon CV.

Nous arrivons donc devant la porte de l'appartement. J'expire donc fortement et sonde mon regard au sien.

— Écoute, ton CV me plait bien. J'aimerais ... t'embaucher en tant que petite-amie. J'espère que ce n'est pas ringard de demander à une fille de sortir avec ...

— Ça l'est un peu mais tu es pardonné, dis-je avec un énorme sourire aux lèvres. Et j'espère que c'est un contrat sérieux parce que sinon je ne signe pas. J'ai déjà du mal à trouver un boulot fixe.

Il ricane doucement et il fait un pas de plus vers moi.

— Ce que je propose est réellement de longue durée, murmure-t-il d'une voix tellement sexy que je crois fondre. Et, ajoute-t-il avant de m'attirer vers lui d'un geste brusque et inattendu, j'aimerais sceller ce contrat de façon formelle.

Ses magnifiques yeux s'ancrent aux miens avant de jeter un coup d'oeil sur mes lèvres.

Et arriva ce qui devait arriver.

Son baiser fend la Terre sous mes pieds. Sa chaleur provoque en moi la fonte des glaces, son coeur dicte le rythme cardiaque que doit adopter le mien. Ses lèvres vont parfaitement avec les miennes, ses mains sont chaudes et douces sur mes joues et ... 

Je reviens plus tard.

Il finit par mettre fin à notre baiser avant de plonger son regard au mien pour me droguer davantage à lui.

— Je te souhaite une agréable nuit, Billie.

Ce mec m'a fait perdre la capacité de communiquer. D'ailleurs en le constatant, il en sourit et s'en va sans rien ajouter ou faire.

Il aurait pu retenter l'expérience quand même. Je voulais presque lui courir après, pour lui demander de ne plus me lâcher et de ne plus partir. Je voulais rester accrocher à lui pour l'éternité.

Alors, c'est avec un soupir que j'insère les clés dans la serrure et malgré tout, un sourire niais aux lèvres.

— Edna, je suis là, lancé-je en voyant ses chaussures au sol.

Je rentre donc dans notre salon et je la vois avec la personne que j'attendais le moins au monde à cet instant.

***

Plus tôt dans la journée ... 

Edna Fall

— Edna ..., dit-il.

Je déglutis tandis que la main d'Elliott m'agrippe pour que je me dépêche sauf que lui aussi, remarque sa présence.

Je me m'attendais absolument pas à le voir.

Que faisait-il ici, habillé comme un homme d'affaire ?

Il dit quelque chose à l'homme avec qui il parle, puis il s'avance vers vous alors que je m'échappe de l'emprise d'Elliott pour faire le reste du chemin.

— Qu'est-ce que tu fais là ? le questionné-je presque agressive.

— Je pourrais te retourner la question, dit-il en me fusillant du regard.

Et il regarde par-dessus mon épaule et je sais qu'il regarde Elliott avant de reporter son attention à moi.

— J'aimerais qu'on parle, déclare-t-il.

— Moi aussi. J'ai des questions à te poser.

Il me sonde du regard et Elliott m'interpelle. Je me retourne rapidement et lui fais comprendre que tout va bien.

— Alors, vous allez vraiment vous marier ?

Je ne préfère pas lui répondre et lui demande s'il pouvait m'attendre quelques minutes le temps d'aller visiter la salle.

— Je t'attends au bar de l'hôtel.

J'acquiesce et retourne auprès d'Elliott qui me prend par la main non sans jeter un regard froid à mon ex.

— Pourquoi tu es partie le voir ? Tu devrais tout simplement l'ignorer. Il n'est pas bon pour toi Edna. 

— Arrête Elliott, le coupé-je. Je dois lui parler. J'ai besoin de lui parler.

À l'entente de mes propos, il m'observe comme si je venais d'une autre planète. Néanmoins, il entrelace nos doigts comme pour me ramener sur terre.

— J'aime pas ce type, me confie-t-il. Il t'a brisé le coeur, il t'a trompé et ... je crois que tu n'arrives définitivement pas à tourner la page de votre histoire.

C'est à mon tour de le regarder comme s'il venait d'une autre planète, parce que ce n'est pas le cas.

Certes Aaron a été pour moi, et pendant longtemps, l'homme idéal, celui à qui j'étais prête à remuer ciel et terre, mais c'était fini maintenant.

C'était juste que ... le voir, le revoir me faisait quelque chose.

Toujours...

Je décide de ne rien dire et nous arrivons enfin devant la salle en question avec un James qui était agacé par notre arrêt en cours de route.

Je m'excuse donc et je voyage mon regard à travers la salle.

Elle est vraiment grande et elle a une jolie décoration naturelle qui est rassurante et chaude. J'aimais beaucoup l'atmosphère qui y régnait.

— Elle peut contenir jusqu'à 200 personnes, mais Pattie m'a dit que vous seriez beaucoup moins que ça. Comme vous pouvez le voir, il y a une estrade pour l'orchestre ou le DJ, tout dépendra de ce que vous prendrez, nous pouvons fournir des nappes, mais encore une fois, Pattie m'a dit que vous prenez une décoratrice spécialiste des mariages donc c'est parfait, explique James.

— Je peux prendre des photos ?

— Bien sûr. Je vous laisse quelques instants pour chercher les documents, j'imagine que vous acceptez.

Je regarde Elliott qui hausse les épaules.

— Oui, on va la prendre.

James tape dans ses mains et s'éclipse pour aller chercher les papiers, alors je me retrouve seule avec Elliott dans cette immense salle de réception.

Dire que dans deux semaines on se retrouverait ici, devant nos invités à jouer un rôle que nous ne voulions pas forcément jouer.

J'exhale donc et mon futur mari s'approche de moi en me tendant sa main.

— Prends ma main, m'ordonne-t-il.

— Euh ... à quoi tu joues ?

Il ne me laisse pas le temps de jacasser et prend ma main avant de m'approcher de lui et de se mettre à danser tout en chantonnant une chanson que je reconnais immédiatement, ce qui me fait sourire.

La musique qu'il chantonnait était l'un de mes petits péchés mignons.

Elle était belle et douce et les paroles m'avaient toujours parlé. Et c'était peut-être l'un des Disney où la princesse ne me faisait pas trop chier, même si elle était niante-niante à souhait, mais tellement adorable aussi.

Ainsi je le laisse me border hors de cette salle avec sa jolie voix. Je ne savais même pas qu'il avait la capacité de chanter. Cependant, je ne préfère pas lui faire la remarquer, car cela casserait ce doux moment, où on se regarde sans gêne et où ça me fait plaisir qu'on soit ensemble à cet instant.

— Qui te l'a dit ? C'est Billie hein ?

— Pas seulement. Il y a Hanna aussi qui m'a dit que cette musique te faisait fondre, répond-t-il avec un sourire en coin. Tu es une romantique Edna.

— Je n'ai jamais dit le contraire, dis-je en souriant grandement.

Il me fait tournoyer, puis me récupère alors je ris avec lui.

Je comprends bien vite qu'il veut faire partager la chorégraphie même si ce n'est que quelques pas.

— Nous allons danser sur cette musique à notre mariage. Ça sera notre musique d'entrée, qu'en dis-tu ?

— Je ne peux refuser, répondé-je, elle est parfaite.

Il me dévoile donc sa dentition et il me montre rapidement les autres pas que nous devrons retravailler bien sûr.

Et Monsieur veut tellement un porté que je découvre qu'il est perfectionniste, alors je me prête au jeu du porté.

— Super ! me félicite-t-il en me reposant au sol. Oublie pas qu'on doit leur en mettre plein la vue Edna.

— Ne t'en fais pas. Par contre, je veux que tu me fasses basculer à la fin hein.

— Comme ça ?

Je laisse échapper un petit cri qui le fait rire car j'ai été prise de cours par son geste.

— T'es dingue ! ris-je.

Il ne dit rien et ne fait que de me regarder profondément que mon coeur ressent le message qu'il veut me faire passer.

— C'est ici que je suis supposé t'embrasser ? me demande-t-il.

— Pas devant mes parents. Ils en feront un arrêt cardiaque, surtout mon père, dis-je doucement.

Il me redresse donc et je me retrouve plaquée contre son torse, très proche de ses lèvres, très proche de son souffle chaud.

Je m'étonne donc de vouloir l'embrasser, mais je réprime cette envie en l'embrassant sur la joue avant de le relâcher.

Et ça tombe bien car James revient avec les documents que nous signons avec une certaine joie.

*

Nous venons de quitter James qui a l'air vraiment heureux que notre mariage se passe dans cet hôtel.

Je me rends compte que ça nous a pris une trentaine de minutes cette histoire et que peut-être qu'Aaron est déjà parti tandis que je vais vers le bar de l'hôtel avec Elliott avec moi.

Il était catégorique : il ne me laisserait pas seul avec lui.

Je n'avais pas trop envie de me disputer avec lui à ce sujet, j'avais juste appuyé sur le fait qu'il ne serait pas là à écouter notre conversation. Il avait râlé mais il avait fini par accepter.

C'est donc avec une certaine appréhension que je le cherche du regard. Ça ne dure pas longtemps car il me fait signe de la main.

Je m'apprête donc à me diriger vers sa table lorsqu'Elliott m'attrape par le poignet pour que je fasse volte face.

— S'il se comporte mal avec toi, j'interviens sans ton autorisation Edna, c'est clair ?

— Je sais me défendre Elliott mais merci de ta proposition, répliqué-je, irritée.

— C'était plutôt un avertissement.

Je lève les yeux et sans m'y attendre, il dépose ses lèvres contre les miennes une longue minute avant de me relâcher et d'aller prendre place au bar.

Quel salaud !

Cette tactique me retourne l'estomac de bonnes sensations, néanmoins, je suis super embarrassée qu'Aaron ait vu ça. C'est tout simplement ridicule.

Je déglutis donc et vais m'installer à sa table.

— Merci d'avoir attendu.

— C'est la moindre des choses après ce que j'ai fait, dit-il sans détour.

Je me permets de le détailler du regard.

Ouais, il était toujours aussi attirant, toujours aussi canon, toujours aussi craquant. Et, il était toujours celui que j'avais connu. J'avais en face de moi, l'homme dont j'étais tombée follement amoureuse.

Il n'avait pas vraiment changé.

Il se triture les doigts et moi, j'attends juste qu'il se mette à parler. J'attends des paroles sincères venant de sa part.

J'attends des paroles que j'ai toujours attendu.

— Je tiens à m'excuser pour ce que je t'ai fait enduré, débute-t-il. Je m'excuse pour t'avoir blessé comme je n'ai jamais blessé personne, Edna. Je m'excuse pour les menaces que j'ai balancé quand j'étais chez toi. C'était con et immature de ma part de faire ça.

Je ricane nerveusement en passant une main dans ma chevelure sans le lâcher un seul instant du regard, tout comme il le fait.

— Je suis censée te pardonner là ?

Il ne dit rien alors je dis :

— Je t'ai pardonné depuis longtemps Aaron, déclaré-je. Qui suis-je pour ne pas te pardonner ? C'est juste que je n'oublierais jamais. Jamais ! Tu m'as anéanti mais je pardonne parce que Dieu pardonne et parce que je devais avancer. Il fallait que cette emprise de toi disparaisse et c'était la seule solution, te pardonner.

— Chaque jour de ma vie Edna, je regrette tellement ce que j'ai fait. Si je pouvais remonter le temps, je l'aurais fait ...

— Tout ça pour une histoire de coucherie, l'interrompé-je, amère. Dans le fond, ce qui m'a le plus blessé, c'est que tu ne me respecte pas en allant voir ailleurs, pour une stupide question de sexe. Tu étais ridicule Aaron, dis-je dégoutée.

— J'étais un lycéen imbu de ma personne Edna ! se défend-t-il. J'étais le favori de l'équipe de basket, le leader. J'étais con et en quête de plus de popularité. Tu as raison de me blâmer.

Je me retiens tellement de lui foutre mon poing dans sa gueule et cela depuis mes 17 ans. Malheureusement nous sommes entourés alors je me tiens à carreaux.

En même temps, je me mords fortement la lèvre inférieure et refoule les larmes qui veulent m'échapper, parce que je n'avais jamais réellement eu une conversation avec lui, après cette maudite histoire de tromperie. Je ne lui avais pas laissé le temps de s'expliquer et les filles non plus.

Puis, il n'avait pas cherché à se battre davantage. Il avait rampé mais pas tellement. Pas comme il le fallait pour que je lui donne une nouvelle chance ...

J'apporte mes deux mains vers mes lèvres et l'observe sans ciller. Même lorsqu'il pose ses mains sur les miennes, je ne bouge pas. Je l'écoute tout simplement, je tente de réparer la dernière blessure que je n'avais réussi à soigner.

— Sache que tu n'es pas coupable, c'est moi le seul coupable, le seul monstre de l'histoire. Je t'ai brisé le coeur mais j'ai aussi brisé le mien. Si j'avais patienté, si je n'avais pas été influencé, si ...tellement de choses, tu serais à cet instant ma femme, tu serais la mère de mes enfants, tu serais ma meilleure amie, mon amante, mon tout, mon coeur. Tu serais mon monde Edna, dit-il, ému. Je le sais. Et tu le sais.

Sa voix est tremblante et ce salaud parvient à me faire lâcher une larme que j'efface bien vite.

— Dis-moi que j'ai raison.

— Bien sûr que tu as raison. Après toi, il n'y a eu personne. Personne.

Je déglutis et tourne ma tête vers le bar où je vois Elliott qui a envie de nous rejoindre pour voir ce qu'il se passe, mais je détourne son regard et scrute Aaron qui tient mes mains à présent.

Est-ce normal que ça me fasse du bien ? Est-ce normal que je me sente plus légère ?

— Mais je vais me marier. Avec Elliott. Il m'aime lui. Il m'aime de tout son coeur Aaron. Peut-être que tu ne m'as jamais aimé autant que lui...

— Ne dis pas ça, me coupe-t-il en me lâchant.

— Il me respecte et je ... c'est l'homme que je vais épouser. J'aurais dû être ta femme, mais tu as décidé à notre place ...

— Prenons à un nouveau livre ! s'exclame-t-il. Oublions le passé. On était des lycéens Ed !

— Et alors ? Ça prouve que tu n'es pas super fiable ! Qu'est-ce qui me garantie que tu ne recommenceras pas hein ? Rien du tout ! Sauf des pauvres paroles.

— Qui seront lourdes de sens parce que tu seras ma femme et que je ne te trahirai pas Edna ! Tu n'es pas obligée de te marier avec lui. Tu ne l'aimes même pas. Je le sais, je le vois dans ton regard.

— Tu es insupportable, déclaré-je, acide.

— Je te dis juste la vérité.

Je reste muette et il tente un nouveau contact, mais j'éloigne mes mains de lui.

Ce type m'a retourné l'esprit. Ce premier amour que j'ai en face de moi est juste destructeur. C'est juste horrible de ressentir un nouvel espoir nous habiter. C'est juste horrible de ne pas pouvoir oublier les magnifiques moments qu'on a passé ensemble.

— Est-ce que tu étais là ?

— Quand ? me questionne-t-il en fronçant les sourcils.

— On a voulu me renverser pour me tuer, il y a quelques jours, répondé-je. J'ai des problèmes, Aaron. Et ce jour-là, j'ai cru te voir. J'avais quitté le poste de police pour aller te casser la gueule, car mon chef m'avait dit que tu t'étais ramené au poste faire ton scandale.

Il écarquille les yeux de surprise et bégaye avant de me répondre que ce n'était pas le cas.

— Pourquoi tu es passé au poste pour menacer Elliott et mon équipe ?

— Parce que j'étais fou de jalousie et je suis toujours jaloux. Il a ce que je n'ai pas.

— Je ne suis pas un objet.

— Tout à fait, tu es la femme de ma vie.

Je secoue la tête avec un rire nerveux.

Ce qui n'a pas changé chez lui aussi, ce sont ses belles et magnifiques disquettes.

Cependant, mon coeur tambourine dans ma poitrine et je comprends que c'est le moment pour moi d'achever cet échange qui avait aspiré toutes mes forces.

— Je dois m'en aller.

— Attends Edna. Si tu as des soucis, je peux t'aider. En tout bien, tout honneur bien sûr. Et sache que je ne te ferais jamais du mal ... du moins, tu comprends ce que je veux dire.

Je me lève tout simplement et il en fait de même. Nous nous tenons donc face à face. Lui, les mains dans les poches de son pantalon qui lui va à merveille et moi, les bras croisés.

— Tu bosses dans quoi ? Tu fais toujours du basket ?

— Je suis manager. Je m'occupe de jeunes basketteurs prometteurs. J'ai eu une blessure à l'université, alors je n'ai pas pu continuer dans cette voie là.

— Une blessure ? Je suis étonnée ! Tu te donnais tellement pour les échauffements...

— Ouais, ricane-t-il. Sauf que ce jour-là, j'étais revenu à New-York pour voir mes parents et je t'ai vu. J'ai traversé la rue pour venir te saluer, mais une voiture a foncé droit sur moi. Je ne te raconte pas la suite hein...

Je fus navrée pour lui. Il était tellement doué en basket que j'étais dégoutée pour lui. Puis, il s'était blessé parce qu'il voulait me parler ...

Comment se faisait-il que je ne l'avais pas vu ?

— Tu avais tes écouteurs, tu n'as pas vu l'incident.

— Je suis désolée pour toi.

— C'est Dieu qui m'a puni non ?!

Encore une fois je ne dis rien. Ça aurait été méchant de lui dire que c'était effectivement le cas mais bon.

— Tiens ma carte. En cas de besoin, n'hésite pas.

Je la prends et la regarde. On y voit sa jolie tête et son magnifique sourire. Tout ça pour faire vendre et ça devait marcher du tonnerre.

— Toujours dans la subtilité, le raillé-je.

— Toujours.

Je relève mon regard vers lui avec un léger sourire et il s'approche de moi pour m'enlacer.

Je me fige à ce geste de sa part et ne fais rien en retour. Cela n'a pas l'air de le déranger, car il resserre son étreinte et moi, mon esprit me rejoue nos moments, ensemble.

— Tu m'as manqué Edna, comme tu ne peux l'imaginer.

Il me relâche et dépose un baiser sur mon front avant de s'en aller en ayant crée des pensées chaotiques dans mon esprit.

*

Sur le trajet pour la boutique de robe de mariées, Elliott n'avait pas décroché un mot et moi non plus. Lorsqu'il m'avait déposé, il n'avait rien dit non plus.

Alors, en voyant ma mère et Fatima tout heureuses, j'ai de suite était froide.

Aaron m'avait lessivé et me tourmentait avec tout ce qu'il avait dit.

Et si je faisais une erreur avec Gideon pour qui je développais de vrais sentiments ? Et si je ne devais pas tomber dans le piège des gens du programme en me mariant avec Elliott ?

Peut-être qu'Aaron était celui qu'il me fallait.

J'étais dingue de penser ça !

Billie me truciderait, les filles me boxeraient et je me donnais envie de vomir.

Aaron c'était le passé, c'était le diable déguisé en ange.

Méfiance était mère de sureté avec ce type qui était réapparu dans ma vie, dans une période bien trouble.

Il n'augurait rien de bon.

*

La petite réception qu'avait tenu Pattie se tenait très bien. Je m'amusais bien avec les filles et je décompressais tranquillement, même si Billie n'était pas là.

J'espère qu'elle s'amuse comme une petite folle avec son Douglas.

Gideon avait fini par arriver et il avait l'air intimidé par tout ce monde. Heureusement que mon frère Zack discutait avec lui, pendant qu'Elliott était avec certains de ses amis qui étaient vraiment sympas d'ailleurs.

La plupart d'entre eux, étaient surpris qu'il se marie, mais ils avaient réellement d'être heureux pour lui. Il y avait aussi quelques collègues du poste, comme Marilyn et Cassandra ainsi que le patron. Tout ce beau monde me faisait plaisir à voir.

Néanmoins, j'attendais la venue du père de Billie. Il n'était toujours pas là et il fallait absolument que je lui parle. Que Billie et moi, nous lui parlons.

— Hé Edna, viens ici, m'ordonne mon père qui voulait un peu s'éloigner de tous ces invités.

Je croise le regard de ma mère qui sourit et je me lève du canapé pour aller voir mon cher Idriss.

Il m'emmène vers le balcon et me couvre de sa veste avant qu'on ne sorte dehors. Le temps froid me fait de suite frissonner et cela fait rire Monsieur.

— Vraiment les enfants d'aujourd'hui, vous êtes faibles ! Il fait même pas froid.

— Excuse-nous Monsieur Fall, dis-je en rigolant.

Je vais me blottir dans ses bras et il fait mine de me repousser avant de me câliner comme lorsque j'étais gamine.

— En plus, vous êtes des bébés. Tchip !

Je rigole encore une fois avant de le lâcher. Ensuite, il regarde à travers la vitre et me fait un signe de tête la direction de Gideon et Zack.

— Gideon n'est pas heureux d'être là hein ! Tu l'as salué comme si c'était un ami, alors que tu m'as dit que c'était ton copain. C'est quoi ça comme bêtise Edna ? Ça ne se fait pas hein !

Mon père avait raison.

Lorsque Gideon est arrivé, je l'ai accueilli assez froidement. Beaucoup de nos invités ne savaient pas qu'il était mon petit-copain et ça serait d'autant plus bizarre étant donné qu'on faisait une réception pour mon mariage avec Elliott.

J'avais juste joué mon rôle davantage. Et cela semblait ravir Patricia qui avait des doutes sur ma relation avec Gideon.

— Ce n'est pas facile pour moi papa, dis-je en évitant de le regarder.

Le silence qui s'ensuit signifie beaucoup pour moi. Je sais que mon père doit tenter de découvrir ce que je veux dire par là et son instinct paternel est suffisamment fort, pour deviner que ma vie ne se passe pas comme prévu.

— Si tu as des problèmes, tu peux me le dire, Edna.

Je l'observe et découvre dans son regard une lueur d'inquiétude. Pour le rassurer, je lui souris.

— Ça va. Je gère.

— Tu gères, tu gères ... Si je te retrouve à l'hôpital ou Billie, je vous tue moi-même hein ! me menace-t-il avec son index.

Je ris puis je l'étreigne encore une fois avant de l'observer.

— Toi, ça va ? J'ai vu sur la liste d'invitées que Richard Verneuil était invité. C'est super ça !

Il soupire et a l'air mal à l'aise.

— Ouais ouais. Il vient à la maison, lundi.

— Wow ! Génial ! Je serai là, papa. Je suis impatiente de le rencontrer.

Mon père évite tout simplement mon regard et sourit faussement. Cela m'inquiète, mais il coupe court à ma future question.

— Bon, j'ai froid maintenant. Allons rejoindre les autres. Daniel est vraiment gentil hein. C'est un chouette type.

— Euh ouais. Il est cool.

Il s'apprête à faire coulisser la porte du balcon mais je l'arrête dans sa démarche.

— Papa. Si tu avais des problèmes, tu me le dirais n'est-ce pas ?

Ses yeux noirs me fixent et un sourire s'étale sur ses lèvres.

— Bien sûr. Mais sache que ce sont les parents qui doivent veiller sur leur enfant jusqu'à qu'ils aient la capacité à prendre la relève et à en faire de même pour leur parents.

Il n'ajoute rien de plus et rentre dans la salle de séjour.

C'est à mon tour de tenter de déchiffrer ce message codé de sa part.

Que voulait-il dire par là ?

*

La soirée se termine très bien.

Gideon s'est finalement détendu et j'ai pu lui confirmer notre diner de demain soir ce qui lui redonna la pêche aussi.

Avec Elliott, c'était ... bizarre. Il m'ignorait sauf quand il fallait jouer le jeu. Ça ne m'avait pas plus perturbé que ça et j'attendais juste qu'il me parle de ce qui l'embêtait avec Aaron.

Certes, c'était honorable de sa part de vouloir me protéger de lui, mais sa réaction était trop démesurée à mon goût.

Russell McCarthy n'avait pas fait acte de présence, ce qui désole Maria tout de même.

Les filles étaient parties, et Pattie m'avait assuré que je pouvais en faire de même, car je devais être le plus reposé possible avant le jour J.

Gideon décide donc que c'est le moment pour lui de partir et de me déposer.

Je ne refuse pas, donc je salue mes parents qui veulent rester un peu et Zack m'assure qu'il les déposerait. J'embrasse ma belle-soeur et Hanna quand Elliott décide de nous raccompagner en bas. Je croise le regard de Gideon qui hausse les épaules et nous prenons le chemin de la porte.

Dans l'ascenseur, un bâillement m'échappe et mon petit Deon passe son bras autour de mes épaules avant de m'embrasser le front. Cela me fait un bien fou.

— Tu as l'air d'avoir passé une journée éprouvante.

— C'est le cas, dis-je en même temps qu'Elliott qui nous regarde.

Du coup, Gideon fronce les sourcils et je m'écarte de lui, pendant qu'Elliott déverse son mépris d'Aaron.

— On a croisé Aaron, Gideon. Et je crois qu'Edna a toujours des sentiments pour lui. Et il le sait et il en profite. Mec, je préfère 100 fois la voir avec toi, qu'avec ce type. Je n'ai pas confiance en lui et ...

— Il t'a trompé, achève mon petit-copain actuel, la mine déconfite. C'est vrai ce qu'il dit ?

— Oui, nous l'avons croisé et non, je n'ai plus de sentiments pour lui. J'ai été émue de lui parler, dis-je en toute honnêteté. Il faut que vous comprenez les gars, que ce type, c'était ... c'était l'homme de ma vie pour moi. Mon seul et unique mec ! Bon, maintenant, je t'ai Gideon, mais c'est mon premier amour. Arrêtez de croire que je vais retomber dans ses bras.

Nous arrivons enfin au rez-de-chaussée et je suis la première à sortir de l'ascenseur, car j'avais l'impression de suffoquer, face à ce guet-apens. 

— Pourquoi tu te braques alors ? me questionne Elliott.

— Toi, tu me provoques clairement ! m'exclamé-je en me retournant vivement. Pourquoi tu ouvres ta bouche ? C'est quoi ton but au juste ?

— Mon but ?! Mon but ?! Je te retourne plutôt la question ! On essaye de vous aider Gideon et moi, mais vous ne faites aucun effort.

— Ahhh parce que maintenant ça a un rapport avec cette histoire de Girl Power ? Tu es ridicule Elliott.

Il ricane et balance :

— Mais tout a un rapport avec ce foutu programme Ed ! Ouvre les yeux !

Je dévie mon regard vers Gideon en attendant son soutien et il dit :

— Elliott a raison. Tu devrais te méfier d'Aaron. Et je pense comme lui, ce programme « Girl Power » a l'air très ... ambiguë. Peut-être qu'Aaron en fait partie. Si, on regarde bien, il est revenu au moment où tout a commencé ...

Gideon regarde ensuite Elliott et je comprends de suite qu'ils avaient parlé ensemble.

— Excellent ! m'écrié-je. J'ai compris. Vous doutez de nos capacités à Billie et moi.

Elliott roule des yeux et Gideon m'explique que ce n'est absolument pas le cas. Je décide de ne pas en entendre plus.

— On se voit demain Deon. Pas besoin de me raccompagner.

— Ed ...

Je m'en vais sans attendre et heureusement qu'un taxi arrive rapidement au moment où les gars s'apprêtent à m'arrêter, mais je m'engouffre dans le taxi et indique l'adresse au conducteur.

Je finis par soupirer et tente de me calmer.

— Vous voulez écouter un peu de musique ?

Je croise le regard du conducteur et le reconnais de suite.

C'était lui qui nous avait déposé devant le bâtiment de Lindsey, c'était celui avec qui j'avais eu une conversation étrange mais selon Billie, je dormais tout simplement.

Ses yeux étaient toujours aussi bleus et avait troqué son pull des Chicago Bulls pour une polaire North Face.

— Je vois que vous m'avez reconnu ...

— Qui êtes vous ? Vous me suivez ? commencé-je à m'inquiéter.

Ce type était la fois troublant et rassurant.

— Tout ça n'a aucune importance, Edna. Tout ce que je veux dire, c'est que vous devez combattre corps et âme l'Ordre Suprême. Ça suffit le suspens. Ça suffit les recherches tranquillement dans votre canapé. Il faut prendre le taureau par les cornes. Billie et toi êtes capables de choses que personne d'autre ne peut accomplir. Alors ma question ou plutôt notre question est : qu'est-ce que vous attendez ? Votre amie Tammy la prostituée est morte, ainsi que votre avocate Lindsey. D'autres jeunes femmes meurent et je sais que vous savez ce que ça signifie. Billie et vous faites parties de cette liste. Le type qui vous a renversé vous l'a dit. Pourquoi on sacrifie des femmes ? Pourquoi le retour de certaines personnes dans vos vies ? Pourquoi vous ? Pourquoi pourquoi pourquoi ?

Je ne bouge pas d'un iota. Je suis comme paralysée, comme figée. Ce type sait beaucoup de choses.

— Vous travaillez aussi pour le programme.

Son rire est gras et je croise une nouvelle fois son regard dans le rétroviseur du taxi.

— Ou peut-être que je ne suis que le fruit de ton imagination.

Il balance un clin d'oeil et je sursaute lorsque le conducteur se retourne. Je constate rapidement que ce n'est plus mon chauffeur aux yeux bleus océan et à la barbe de plusieurs jours.

— Qu'est-ce que vous attendez Mam'zelle ? J'ai d'autres clients hein !

— Oh je ...

J'ouvre mon sac et lui tends une billet de 20 dollars avant de sortir de la voiture, comme électrocutée. Le taxi démarre au quart de tour et je le regarde jusqu'au bout de la rue, le coeur battant.

Celui-ci bat davantage lorsque je sens une présence m'épier. Comme le soir où j'avais présenté Elliott à ma famille.

Je tourne donc ma tête vers la gauche, sauf qu'il n'y a personne, puis j'en fais de même avec ma droite. Subitement, mon bras me lance et je comprends que le danger est là, pas loin.

La voix s'insinue de nouveau dans mon esprit et chuchote « détruis le mal ».

Je sens aussi mes yeux changer de couleurs et devenir noirs.

Je me sens hors contrôle mais surtout comme en pilote automatique. Je suis tout simplement la voix et mon instinct. Je me dirige vers « le mal » qui m'épie, que je sens, avant de me mettre à courir vers le parc non loin de chez nous.

Ce que j'y vois m'horrifie.

Deux hommes entièrement vêtus de noirs tabassent Russell McCarthy. 

Cagoulés, je ne peux voir leur visage, mais ils s'arrêtent en sentant ma présence et se mettent en position de combat pour m'attaquer.

Je me prépare aussi à leur faire face. Ils s'y mettent à deux dans un premier temps. Mon coeur bat à tout rompre, mais cette voix intérieure sait m'apaiser et à gérer mon stress et ma peur.

C'était comme si nous faisons qu'un. Je savais que cette force, provenait de cet implant, que je n'étais pas totalement maitresse de moi-même, mais j'aimais cette sensation.

Je flanque mon poing dans la mâchoire d'un des types avant de faire une acrobatie martiale que je n'aurais pas pu faire sans cinq bonnes années d'entraînements. Il chancèle et je l'achève en l'assommant d'un coup de pied à la tête.

Étant concentrée sur celui-ci, l'autre type tente de me planter son couteau, mais Russell intervient et l'assomme avec un vieux morceau de bois.

Ma poitrine se soulève avec rapidité tandis que l'homme tombe à mes pieds comme une poupée de chiffon.

Je le remercie du regard et je m'apprête à décamper avec lui, lorsque la voix me retient et me dit distinctement :

— Tues ces deux hommes Edna. Tues-les. Détruis le mal ...

Mon bras me fait horriblement mal à cet instant, surtout que je ne veux pas faire ça. Je ne veux pas retirer la vie de quelqu'un. Et je le fais comprendre à cette voix qui me contrôle en tentant de marcher, mais mes pas sont lourds et maladroits.

— Edna, nous devons partir avant qu'ils ne ré-attaquent, me dit Russell.

Son regard m'indique qu'il est inquiet pour moi. Et bien évidemment, ce regard sombre que j'ai le terrifie, mais il reste face à moi, tandis que je me bats contre moi-même.

— Tues-les Edna !

— Non ! hurlé-je à cette voix dans ma tête.

— Rentrons Edna, me dit tout doucement Russell qui tend lentement sa main vers moi. Ça va aller.

Je ferme les yeux et une envie d'hurler se niche dans ma gorge. Je tremble, je transpire et j'ai froid. Je secoue la tête comme une folle et grogne de douleurs.

— TUES-LES ! TUES-LES ! TUES-LES ! TUES-LES !

La voix fait écho en moi avec tellement de puissance que malheureusement, je ne contrôle plus rien. La voix me contrôle. C'était comme si j'avais quitté mon corps.

Je me retourne machinalement et ramasse le couteau qui est par terre.

Je m'assois à califourchon au-dessus de l'homme inconscient, lève l'arme blanche et enfin, le cri m'échappe, alors que je suis sur le point de le planter dans le coeur de cet homme.

Sauf que la main de Russell m'arrête au moment où j'allai commettre une énorme erreur.

— Edna, tu n'as pas à faire ça. C'est l'implant qui te contrôle. Tu peux gérer ça. Je sais que tu le peux. Tu es forte. Billie et toi êtes fortes, c'est pour ça que vous allez réussir à gérer tout ça. Bats-toi contre cette voix. Elle te teste ! Tu dois apprendre à la maitriser.

Je respire fort et au fur et à mesure de ses paroles, la voix s'évanouit lentement en moi, comme si elle n'avait jamais été là.

Doucement, je sens reprendre le contrôle de mon corps et je sais que mes yeux sont redevenus normaux.

Je lâche le couteau et Russell m'aide à me relever.

— On y va.

*

Le retour à la maison se fut silencieux.

Je ne savais pas quoi dire et Russell non plus.

Je savais juste une chose, c'est qu'il en savait plus qu'on ne le croyait.

Je suis donc assise, silencieusement sur le canapé et il nous apporte des tasses de thés.

Il m'en tend une, avant de s'installer à mes côtés.

Je le remercie faiblement, totalement lessivée, et prends une gorgée de cette boisson chaude qui me fait un peu du bien.

Je le sens hésitant et surtout gêné.

— Ça va mieux ? me questionne-t-il.

Je le regarde et acquiesce avant de poser ma tasse sur la table basse.

— Où étiez-vous ce soir ? On vous attendez ? le demandé-je à mon tour.

Ses yeux me fixent quelques secondes avant de les détourner.

— Je retrouvais mon passé et ça m'a pris du temps, répond-t-il avec honnêteté.

On s'observe et je lui fais comprendre, qu'il doit m'en dire plus.

— Je ... Je constate que ... que certains éléments ont été supprimés de ma mémoire, dit-il le regard dans le vide. Ce vide que je ressentais depuis des années, était causé par le fait que j'ai abandonné ma femme et ma fille, mais aussi parce que je sentais ce manque ... d'informations. Ce trou de mémoire béant dans ma tête.

Il ricane doucement et passe sa main sur sa mâchoire.

— Et je commence à retrouver certains éléments. Ce n'est pas facile, mais heureusement que le cerveau est magique et garde toujours quelques données, même les plus minimes pour nous aider en cas de besoin.

Je le scrute et je comprends que lui aussi est en quête de compréhension.

— Et vous ... la retrouver cette mémoire ?

Il semble réfléchir à la réponse qu'il va me donner et il soupire.

— Oui. Je ... m'auto-inflige quelques expériences douteuses, mais ça marche, rétorque-t-il sans en dire plus. C'est le plus important. Je comprends de plus en plus de choses et j'aimerais parler à Billie et à toi de mes découvertes. Dès ce soir. C'est de la plus haute importance. Tout doit changer à partir de maintenant. Je dois vous dire toute la vérité, sur cet implant. Je suis l'un des inventeurs, mais je pense que vous vous en doutiez déjà. Maintenant, il vous faut toute l'histoire pour que vous ne mourriez pas comme les précédentes candidates. Et avec ce que j'ai vu ce soir, ça ne me rassure pas tout, avoue-t-il.

Je suis juste choquée par ses propos, sauf que je ne peux pas le questionner davantage car j'entends les clés dans la serrure.

Je me racle la gorge et je me lève tandis que Billie annonce sa présence.

— Edna, je suis là.

Elle fait son apparition dans le salon avec un sourire radieux avant de le perdre. Elle se fige en me voyant avec son père.

— Billie, tu devrais venir t'asseoir. Ton ... ton père doit nous parler.

Elle déglutit et clignote des yeux avant de laisser glisser son sac le long de son épaule. Puis, elle s'avance vers nous.

La soirée promet d'être longue et surtout, elle signait définitivement le nouveau virage que nous allions prendre à partir de ce soir.

Nous ne serons plus Billie et Edna à partir de maintenant.

Nous étions des candidates d'un test.

Et ce test devait marcher.

Cela en allait de notre survie.

***

« À partir du moment où tu prends conscience que le changement s'opère, tout devient plus clair, moins lourd, moins pesant et moins effrayant. Alors, il faut savoir saisir cette opportunité et déjouer tous les pronostics pour réussir avec succès ». JFL

***

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