3.

Hey mes Blanc de dinde ❤️ (je mange le paquet comme si c'était des bonbons 😪),

WASSUUUUP ? 

Franchement, il déchire un peu mon chapitre haha. Naaan mais j'ai kiffé l'écrire quoi. Avec mes deux go ! xD. 

Petit warning cependant. Certains propos peuvent choquer MAIS je rappelle que ce n'est qu'une histoire et que ce sont les personnages qui pensent comme ça et pas moi. Je raconte leur histoire, c'est touuuuut ! Alors, laissez-moi faire mon job. 😌. Puis bon, j'avais prévenu que certains moments seront peut-être un peu choquant. Alors je vous présente d'avance mon majeur pour vos commentaires "caca nerveux". Merci bien. 

ANY-WAY les Cocos, bonne lecture ! Lâchez-vous en commentaire et votez. Merci d'avance of course 😉. 

Des bisous. 

PEACE AND LOVE- 

-JFL 

***

Billie Fernandez

Dans les situations cinématographiques, à cet instant précis, j'aurais explosé de rire devant l'écran, avec Edna à mes côtés. On en aurait eu mal au ventre, tellement on se serait sentie mal pour le personnage en question malheureusement là, c'était Edna.

Et ça ne me faisait plus trop rire.

Bah oui ! Ce connard d'Aaron réapparait dans nos vies sans crier gare. Aaron quoi !

Le mec qu'elle a aimé comme ... je ne sais pas moi ! mais je sais juste que ça a été le seul mec de sa vie et qu'il lui a brisé le coeur et qu'après lui, elle n'a eu personne d'autre, même si on la poussait à la rencontre ou tout simplement avec les hommes qui la draguaient. 

Elle pensait vraiment que c'était l'homme de sa vie. Qu'il était son futur, son tout.

Tchiiiip (j'arrive à le faire hein), j'ai presque envie d'enlever ma botte et de le frapper avec au visage.

En plus, il est resté charmant garçon. Toujours aussi grand, toujours aussi bien habillé avec une grande prestance. 

Tchiiiip, Connard.

Je serre les poings tandis qu'Hanna, Tata Eva et Fatima sont tous aussi choquées. Bien sûr, elles avaient entendus parler de ce type.

Sauf monsieur Fall et son fils. Évidemment.

Alors, je sens clairement, notre instinct féminin dans les airs. Elles ont presque oubliées Elliott, l'ancien faux raciste et machiste, très beau garçon.

On a toutes juste envie de le chasser de cette maison. Il n'était certainement pas le bienvenue.

Mais Idriss - qui depuis qu'Edna et moi avons 21 ans, a envie qu'on se marie, parce que pour lui, une fille ne peut se permettre de rester célibataire trop longtemps au risque de finir vieille fille - était heureux à cet instant.

Ses yeux brillent de milles feux car il connait sa fille. Il sait que c'est le genre de gars, d'Edna. Il le sait. Pareil pour le grand-frère qui va serrer la main d'Aaron avec le sourire.

Eva et Fatima le dévisagent, mais il ne le voit pas.

— Bienvenue Aaron, dit Zack. Je suis Zackaria, mais tout le monde m'appelle Zack.

— Content de te connaitre, sourit-il.

Un coup de coude d'Elliott fait réagir Edna qui en sursaute presque et le regarde. Ensuite, elle voyage ses yeux vers Aaron qui croise son regard. Et tente je ne sais quoi par les yeux. 

Il est Ri-di-cule.

J'ai presque envie de lui sauter dessus pour son culot. Ce bâtard ...

Mais avant que le père d'Edna ne dise quelque chose, elle ouvre enfin sa bouche.

— Papa, tu es sérieux là ?

Il toise sa fille avec un mauvais regard, ne comprenant pas sa réaction et surtout le ton de sa voix qui est agacé.

— Très même, appuie-t-il. Il est de bonne famille, je connais son père et c'est un bon garçon. Et il est dans la religion. Et, ça ne le gêne pas que tu sois policière...

— Encore heureux, le coupe-t-elle. Mais, je ne cherche pas à me marier, alors il peut partir. Je t'ai dit d'arrêter de faire ça. C'est un diner en famille, dit-elle durement.

Son père ricane en agitant son index vers elle, irrité à son tour.

— C'est chez moi, c'est mon invité, Edna ! Faut me parler sur un autre ton hein ! Et c'est qui lui alors ? désigne-t-il.

Edna serre les poings et on sent la catastrophe approcher.

Zack se tourne et reporte son attention à Elliott qui n'avait rien dit.

— J'espère que j'ai mal entendu tout à l'heure Ed, rétorque son grand-frère, menaçant.

— Non, répond-t-elle le regard plein de défi. C'est Elliott Levy, mon collègue du boulot. Et je l'ai invité parce que je dois vous dire un truc nous concernant.

Et là, stupéfaction totale de Papa Fall. Hanna parvient à glousser discrètement, son téléphone toujours en main. Idriss est littéralement estomaqué à présent.

— Allons à table ! lance Eva en sentant la catastrophe. Merci pour le bouquet Elliott. C'est gentil.

Zack et son père sont presque muets face à ce qu'elle a dit, mais on se dirige vers la table.

— J'ai l'impression qu'on est dans un film Billie ! Ça déchire, me chuchote Hanna toute excitée. Même si je veux aller boxer ce petit con, d'Aaron. Je te jure qu'il n'épousera pas ma soeur ! Il l'a trompé une fois, il pourrait le faire ce chien ...

— Chut ! lui intimé-je, ne parle comme ça. Mais tu as raison ! Ce petit con là ...

Tout le monde s'installe autour de la table circulaire et je m'assois à côté d'Edna pour la soutenir en cas de pépin et Elliott est à sa droite.

Idriss dévisage Elliott comme si c'était un extra-terrestre et Zack a vraiment envie de régler les choses à sa façon, tandis qu'Aaron cherche le regard d'Edna qu'il ne trouve pas.

Ça promet !

On commence à se servir en silence de la salade lorsque son père ne tient plus.

— Comment tu peux l'emmener chez nous, Edna ? Je croyais que c'était un méchant garçon, raciste et maintenant, il va manger avec nous ? Il se passe quoi là ?

Edna se sert et en fait de même avec Elliott, et lâche :

— Mama et toi m'avaient toujours appris à pardonner et c'est ce qui est arrivé.

Son père est de plus en plus abasourdi. 

— Pourquoi tu as dit que c'était l'ami avec Billie ? intervient Zack, piqué à vif. Tu sais très bien que j'ai horreur des mensonges. En plus, tu mens sur Billie !

— Maman, tata Ed a menti à Papa ? questionne Jamal discrètement.

Sa mère l'invite à rester silencieux, mais je vois bien qu'il tente de comprendre la situation.

— Le problème n'est pas là Zack, rétorque Edna.

— Jeune homme, tu es gêné de manger autour d'individus noirs ? fait son père, irrité. Parce que si c'est le cas, la porte est là-bas hein ! À coup de balai même !

Elliott rougit mais parvient à répondre.

— Avec tout le respect et la sincérité que je vous dois monsieur Fall, je ne suis pas ce que vous pensez et Edna est ici pour en témoigner.

Il ricane en faisant bouger ses épaules pour bien marquer son agacement total avant de dire :

— Donc ma fille te défend ?! Enfant faible ! Tu n'es pas un homme ? Répète tout ce que tu lui as dit durant ces deux années !

Hanna glousse au parole « enfant faible » et j'admets que moi aussi.

Idriss Fall est vraiment en colère et ne le cache pas.

Elliott ne sait pas quoi faire et se sent très mal à l'aise. Edna n'a pas envie de l'aider et commence à manger comme si de rien était.

Malheureusement, je ne peux lui chuchoter de se ressaisir face à Aaron, parce que je sais bien qu'elle n'a qu'une envie, lui en décoller une. Alors, elle préfère jouer à l'indifférence la plus totale.

Elliott se racle la gorge et s'apprête à parler lorsque Zack ricane à son tour. Sa femme le dévisage mais il ne dit rien.

— Franchement Elliott, je ne sais même pas comment tu as pu avoir le culot de te ramener ici. Même si ma soeur est convaincante, j'aurais été à ta place, j'aurais refusé. Tu es un sale type.  Vraiment. Tu l'as traité, tu as remis en question son travail parce que c'est une femme ... combien de fois, j'ai voulu passé au poste pour venir te régler ton compte ?!

Il secoue la tête et l'observe avec mépris.

— Les gens comme toi ne changent pas. Et Edna, je ne te pensais pas si naïve. Qu'est-ce qu'il t'a dit pour que tu ne le détestes plus et que tu aies même l'audace de l'inviter ici ?!

Elle dépose ses couverts et rit nerveusement.

— Pourquoi autant jouer sur le suspens hein ?! Je ne vais donc pas passer par quatre chemins, parce que vous ne faites aucun effort et moi, je ne veux pas en faire non plus.

Je lui pince la cuisse mais elle ne réagit pas.

Voilà, elle ne tâte même pas le terrain. Elle va servir ça comme ça...

— Bon Edna, va droit au but hein ! Je n'ai pas ton temps ! s'impatiente son père. C'est quoi ce cinéma ? Tu crois que j'ai l'âge !

Elle lève donc sa main gauche et la leur présente avec dédain.

Elle veut sa mort cette fille.

Son père fronce les sourcils, tandis que sa mère lâche un hoquet de surprise. Zack comprit de suite et Hanna a la bouche grande ouverte.

— Elle est belle la bague tata ! commente Jamal, innocemment.

Sa mère lui fait signe de se taire, mais Edna le remercie d'un sourire.

— C'est vrai, elle est belle la bague, admet Idriss avec une petite moue. Mais y'a quoi ? Tu l'as acheté et quoi ? Explique hein !

— Papa, tu fais semblant ou ?

— Semblant de quoi imbéci...

Il se fige et regarde tour à tour sa fille, puis Elliott qui tente de ne pas s'effondrer face à la pression. Et Edna, téméraire qu'elle est, sourit et annonce :

— Je ne peux pas me marier ou ne serait-ce côtoyer le mec que tu m'as emmené, parce que je vais me marier avec Elliott. C'est pour ça qu'il est ici. Je vais me marier avec lui, papa.

— Hé Allah ! s'exclame-t-il.

Hanna explose de rire sous la pression.

— Edna ma fille, tu plaisantes hein ?! fait son père, les yeux écarquillés.

— Non.

— Hé mon coeur ! Mon coeur ! Il commence à partir ! Aidez-moi ! Aidez-moooooiiiii !

Bon, nous savons tous qu'il joue la comédie à cet instant, mais son fils lui vient en aide et dévisage sa soeur.

— T'es sérieuse, Edna ?

— Oui, très. C'est pour mon travail ! Je dois me marier. 

— Avec un mec qui t'a insulté, parce que tu étais noire et parce que tu es une femme ! Il a insulté ton ami, Gideon ! Tu débloques là !?

— Je vais mourir ! s'exclame-t-il. Mon coeur ! Appelle l'ambulance, mon fils !

— Oh Idriss, arrête ! intervient Eva, qui râle. Tu es mauvais acteur alors arrête ça de suite. C'est du sérieux là. 

Idriss se calme un peu mais respire fortement.

Hanna n'a pas cessé de rire et franchement, j'ai envie d'en faire de même, mais ça serait déplacé.

Si Edna rit, je rirai, plus simple. De cette façon, je ne passerai pas pour une impolie.

— Il l'a marabouté, Eva ! Tu ne vois donc pas ? Il a ensorcelé ma fille ! Je savais que les blancs faisaient dans ça aussi. Je te l'avais dit ! Je te l'avais dit ! répète-t-il. Sors de chez moi, enfant du diable ! Sors !

Bon, là, je ris ainsi que les autres. Même Edna. Elliott ne rit pas et se lève, ce qui choque tout le monde, parce que personne ne s'y attendait. 

Il se donne contenance, racle sa gorge et finit par parler :

— Je ne peux rester ici, je vais donc m'en aller. Ça vaut mieux. Merci Edna pour l'invitation et merci Madame Fall pour ce repas que je n'ai pas pu savourer. Mais, je ne peux tolérer ces moqueries. Je sais, j'ai eu tort. J'ai le droit à ces moqueries de votre part. Edna a dû tellement vous raconter des choses sur moi que vous avez sa vision de la situation et je comprends ça tout à fait. Malheureusement, je ... je n'ai peut-être pas cette force qu'elle a, de supporter ce type de propos. Donc, je m'en vais avant que la situation ne s'envenime, ce que je ne veux absolument pas. 

— Mais tu plaisantes !? gronde Idriss. Donc, tu reconnais que ma fille est forte, pauvre bougre ? Je devrais te faire mon karaté sénégalais ici même, mais Dieu me voit ! Il me voit ! Je reste calme, parce que j'ai peur d'après la mort, mon garçon. Ma fille n'est pas faite pour toi et oui, faut reconnaitre même sa force !

Ils se regardent et Elliott décide de poursuivre. 

— Oui, votre fille est forte, Monsieur. Et vous pouvez être fier d'elle. Vous avez beau ne pas aimer le métier qu'elle fait, elle est douée pour ça. Vraiment. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on doit se marier. Pour une affaire. Et malgré qu'elle ne m'apprécie pas, son travail passe avant tout et elle est décidée à le faire. Vous avez une fille sincère et qui aime ses proches. Elle aurait pu décider de ne rien dire, mais elle l'a fait. Elle a été prête à affronter votre colère pour son travail.

Edna est bouche-bée comme tout le monde finalement. Ceci est tellement inattendu de sa part. Surtout que ça a l'air tellement sincère et c'est si touchant que j'ai presque envie de lui faire des bisous, parce qu'il est tout juste craquant comme ça.

Ouais, trop trop trop appétissant ...

Idriss semble réfléchir à ses propos et ses traits se détende légèrement. 

Sachez que mon père de coeur, n'est pas méchant pour un sou. Il aime juste laisser une forte impression aux inconnus. 

— Y'en a qui devrait en prendre de la graine, commente Fatima avec dédain. Au lieu de ne pas assumer qu'ils sont mauvais ...

Tout le monde tourne sa tête vers elle et elle hausse les épaules avec nonchalance. Aaron comprend enfin qu'il est de trop et se lève à son tour.

— Je vais m'en aller pour que vous régliez vos affaires familiales, Idriss. Ce n'est pas le bon moment ...

— Tu restes Aaron, ordonne Idriss. Et Elliott aussi. On va régler tout ça, aujourd'hui. Donc, c'est un mariage pour le travail ? reprend-t-il après une longue minute de silence.

— Oui, confirme-t-elle. Que pour le travail, papa. 

— J'espère Edna. Tu as conscience que c'est un homme blanc et que les relations comme ça, ça ne tient pas ma fille.

Eva roule des yeux, dépassée par ses propos qui sont limites, mais il n'en a rien à faire.

Sachez aussi que je ne suis pas si choquée par ses propos. Il est en colère, mais il ne le pense pas. C'est juste pour secouer Elliott qui n'a dû jamais être confronté à ce type de remarque. 

De plus, Edna est aussi bornée que son père. Aucun des deux ne lâche le morceau.

— Aaron est le bon, Edna. Je te le garantis. Tu devrais apprendre à le connaitre. Tu peux être heureuse. Moi, je vieillis et j'aimerais voir tous mes petits enfants. Puis, toi aussi tu vieillis. Le mariage, c'est une affaire sérieuse. Tu crois que tu vas rester éternellement jeune et célibataire ? C'est pas bon ça ! Edna, je te jure que je ne veux que ton bien. Tu sais très bien que beaucoup d'hommes seront effrayés de se marier avec une femme qui a un certain pouvoir et un certain métier ...

— Papa ...

— Laisse-moi finir, Ed ! Tu vas épouser pour de faux ce garçon là mais, garde Aaron pour une vraie union. Il te correspond ...

— Idriss, tu exagères vraiment ! s'interpose sa femme, la voix en colère. C'est quoi ça ? Tu dis vouloir donner des valeurs à tes enfants et là, c'est tout le contraire ! Accepte qu'elle doit être une policière merde ! Accepte que les hommes ne l'intéressent pas pour le moment, mais sa carrière oui ! J'en ai marre que tout le temps tu me parles de ça ! C'est sa vie, c'est son choix ! Si Zack avait choisi ce métier, est-ce que tu aurais réagi comme ça ?

— Non, parce que Zack est un homme, répond-t-il avec sérieux. 

— Excellent Idriss, ricane-t-elle, énervée. Excellent ! Ses répliques à deux balles qu'on entend tous les jours ! Tous les jours, nous les femmes !

— Je t'ignore de toute façon toi, réplique-t-il. Edna sait ce qu'elle a à faire. N'est-ce pas ? Tu ne veux pas décevoir ton père ?

Il plonge son regard dans le sien et elle en fait de même.

Idriss sait qu'Edna est une fille qui pense au bien-être et à la paix de sa famille avant tout. Elle a horreur de se quereller avec sa famille. Et quand cela arrive, elle fait un effort considérable pour s'excuser.

— Oui, je sais ce qu'il y a à faire, papa.

Idriss sourit grandement, se sentant vainqueur mais sa fille ainée ajoute :

— Je ne vais pas apprendre à connaitre Aaron parce que lui et moi, on se connait très bien. N'est-ce pas Aaron ? Dis à mon père la vérité. Vas-y ! Qu'il comprenne pourquoi, je refuse de faire cet effort là.

Son père plisse les yeux soudainement et le dévisage.

— Parle ! Qu'est-ce qu'elle dit encore ?

Aaron n'ose pas répondre, embarrassé. Il croyait pouvoir s'en sortir, ce salaud. 

Il l'a bien mérité celle-là ! Alors, Ed décide de le faire à sa place.

— Edna dit qu'elle est sortie avec ce gars pendant qu'elle était au lycée et qu'il lui a brisé le coeur en la trompant alors qu'elle l'aimait de tout son coeur, déballe-t-elle sans respirer. Elle dit qu'elle était prête à ne pas être flic pour lui. Qu'elle était prête à tout pour lui, enchaine-t-elle avec rancoeur. Mais aujourd'hui, rien que d'entendre son prénom, elle a envie de vomir.

La figure patriarcal est littéralement déboussolé par ses propos d'une franchise totale. Il sait bien qu'elle ne ment pas et Aaron n'arrange aucunement la situation, en ne se défendant pas. Encore heureux, ouais ! Nous l'aurions ramassé ici, même. 

— On s'en va, Elliott. Billie, toi aussi. Je pense qu'on a plus rien à faire ici puisque Monsieur mon père ne veut pas comprendre qu'on ne se marie pas par dépit, mais par amour. Je veux me marier, vraiment, appuie-t-elle, avec une personne que j'aime. Et ça arrivera, quand ça arrivera. Et concernant la couleur et la religion, l'amour n'a aucune de ces identités là. Il est universel et c'est toi qui me l'a dit.

Elle se lève à son tour, déçue puis Hanna lâche :

— Sérieux !? On peut se chicaner après qu'on ait mangé parce que la salade, ce n'est pas trop pour moi. Et puis papa, tu devrais laisser Edna gérer sa vie. Elle est droite et tu le sais. Arrête d'avoir peur pour elle. Et Aaron, tu devrais t'en aller avant que mon frère ne te boxe à la tête ! Vieux mec qui trompe des filles !

Fatima le toise et lâche un « Tchiiip » qui signifie tout.

Les deux « chefs » de famille sont estomaqués par la tournure de la soirée. Vraiment.

— Donc, toi tu sors avec les garçons ?! s'étrangle son père.

Finalement, Edna soupire et se rassoit en tirant Elliott au passage pour qu'il en fasse de même.

J'ai envie de rire car c'est tout ce qu'il a retenu ! Ah sacré Monsieur !

— C'est le seul, répond-t-elle.

— Donc toi, tu dragues les filles ? s'adresse-t-il à Aaron. Ma fille ! Mais tu es fou !

Eva secoue la tête, ulcérée par son mari et Aaron est le seul à être debout.

Il décide de s'adresser à Edna qui ne daigne même pas le regarder.

— Edna, tu sais très bien à quel point je m'en suis voulu à l'époque. J'étais con. Vraiment. Mais l'influence a fait ...

— Ou ce qu'il y a entre tes jambes plutôt, corrigé-je.

J'étais dans l'obligation de le faire. C'était à moi de commenter et de dire ça. C'était mon moment ! Oui, c'est assez inapproprié mais, c'est la stricte vérité.

Idriss écarquille les yeux de stupéfaction.

— StarfAllah ! lâche-t-il au bord de la syncope. Mais c'est quoi ces conneries ?!

— Billie a raison de le spécifier, rétorque Fatima. Nous étions toutes là lorsqu'Edna était triste. Tu as été un vrai petit salaud ! Je t'aurais réglé comme il faut, mais avec ses copines, elles se sont occupées de ton cas. 

Aaron devait se douter que nous étions responsables du saccage de sa voiture mais là, il en a clairement la confirmation. J'en jubile presque et je le sens aussi émaner d'Edna qui sourit au coin à ce souvenir. Ça avait été une excellente soirée.

— Donc vous le saviez depuis toutes ces années ?! s'écrie Zack.

— Bah je suis sa mère, réplique Eva. C'est ma fille. Je sais lorsqu'il y a un homme dans sa vie et lui, il a été là quand même assez longtemps pour qu'Edna ait envie de le présenter à ton père, car elle pensait que c'était l'homme de sa vie.

Elle lorgne Aaron qui ne sait plus où se mettre, mais il s'approche d'Edna et lui demande s'ils peuvent aller discuter dehors.

— Mais, je vais le frapper ce type ! Il a trompé ma soeur ! Il l'a blessé ! C'est un connard !

Zack se lève prêt à découdre avec lui, mais Edna se lève d'un bond.

— Je vais lui parler. Viens.

Ils décident de s'en aller dehors et Idriss est clairement dans tous ses états.

— Donc vous m'avez mentis. Elle m'a mentis ! Ce garçon m'a menti ! Je suis déçu, vraiment. C'est trop quoi ! se plaint-il.

— Arrête Idriss, s'il te plaît ! hausse Eva, la voix encore une fois. Tu veux juste fermer les yeux sur certaines choses, alors que tu connais la vérité. Edna n'a rien fait de mal que d'aimer. Et il a été mauvais avec elle. Point. Elle s'est relevée de cette peine et puis c'est tout.

— Mais, je n'ai rien vu ! Pourquoi tu ne m'as rien dit Eva ? C'était ton devoir de mère !

— Oui et on connait les traditions africaines. Et je ne les juge pas. On les a subis. Tu ne ramènes pas tes petits-copains à tes parents. Sauf pour le mariage comme elle l'a fait ce soir. Hanna l'a dit, Elliott l'a dit, Edna est une fille droite. Je la connais. Je ne douterais jamais d'elle. On l'a élevé comme il le fallait.

— Des ? Elle en avait plusieurs ? Hééééé Dieu pourquoi !?

— Mais non, papa ! Elle n'a eu qu'Aaron ! explique Hanna.

— Hé toi ! Va dans ta chambre. Vilaine ! Si tu as un garçon là, je vais te corriger comme il faut. Attends, je vais voir ton téléphone tout à l'heure. 

Hanna se lève en roulant des yeux. Elle prend son assiette qu'elle remplit et part avec son petit neveux qui ne rechigne pas.

— Bisou à Edna de ma part Billie, fait-elle. Et t'es vraiment sexy, Elliott. Je t'aime bien. Finalement, plus qu'Aaron. 

Elliott rougit et Fatima sourit en coin. Ça, c'est typique d'Hanna.

— Dégage Hanna ! Elle est malade cet enfant ! interfère son père. Sexy ? Sexy ? C'est quoi ce mot même ! Nan, je crois que je vais aller dormir. Je ne me sens pas bien. Vraiment. Vous voulez ma mort maintenant.

— Elliott, excuse-nous pour tout ce mélodrame, émet Eva. Vous devriez peut-être vous en aller après le retour d'Edna. Je vais vous donner à manger. Je suis désolée pour tout ça.

— Ce n'est pas grave madame. Tout n'est qu'imprévu. C'est à moi de m'excuser et encore une fois, dit-il en s'adressant de manière générale, Edna sait maintenant toute la vérité me concernant. Je ne suis pas raciste ou homophobe, je ne suis rien de tout ça. Vous ne savez même pas comment je me détestais de devoir agir comme ça chaque jour avec elle, avec eux. Ce n'était pas moi mais ... pour affaire personnelle, je devais le faire. Et elle le sait donc c'est tout ce qu'il compte.

Eva sourit avec sincérité.

— J'ai confiance en ma fille. Et ça se voit que tu n'es pas quelqu'un de mauvais. N'écoute pas son aigri de père. Il s'y fera un jour.

— Je suis là Eva hein ! Ta bouche commence à me piquer là.

— Je vais vous préparer les assiettes, l'ignore-t-elle.

— Triple portion tata, lui demandé-je sans gêne.

Bah oui, on a presque rien mangé et je meurs de faim. Edna aussi. J'en suis certaine.

— Évidemment ma chérie.

Elle me caresse l'épaule au passage et s'en va vers la cuisine tandis que Zack rumine dans son coin la situation pendant plusieurs minutes avant de lâcher :

— Pourquoi vous vous mariez ? À la police on fait ça maintenant ? questionne-t-il.

— C'est pour notre couverture, répond Elliott.

— Ah. Mais comment ça va se passer ? Vous allez vivre ensemble ? Il y aura vraiment une fête ...

— Zack, arrête de jouer à l'idiot, rigolé-je. Il a dit que c'était pour leur couverture, alors oui.

— Ma fille ne vivra pas avec toi. Tu es peut-être un peu gentil, mais si c'est un faux mariage alors vous ne vivez pas ensemble. C'est interdit dans la religion, commente-t-il.

— Ça me va, Monsieur. Je n'en ai pas parlé avec Edna mais ...

— Oooooh mais y'a pas de « mais » ! C'est tout ! Tu crois même en Dieu toi ?!

— Je dois vous avouer que ... que je ne sais pas.

— Hééé mon Dieu ! Mais, c'est quoi ça ?!

— Arrête ça Idriss, bon sang ! Tu as bien des amis athées, agnostiques et autres, dit Eva qui revient avec les assiettes bien pleines.

Oui, je le sens.

— Oui mais ce ne sont pas les futurs faux maris d'Edna. C'est une nuance non négligeable !

— Elliott, ignore-le. Il est fatiguant et tout ça l'a chamboulé, lui conseille Eva. 

— Tu me fais passer pour un homme sénile, Eva ! Je n'aime pas ça hein ! Faut te calmer !

— Tu es contradictoire, Idriss. C'est vrai ! Zack, ton père ne vous a pas toujours prôné la paix, l'ouvert d'esprit, le fait de ne pas juger et tout ça, n'est-ce pas ?

— Oui, répond-t-il.

— Et bien regarde-le, maintenant. Il devient comme les fausses personnes qui disent « Ça ne me gêne absolument pas. Si, ça m'arrivait, je ne réagirai pas comme ça ... » mais regarde ! Quand ce genre d'histoires t'arrivent, ces personnes se braquent et tout ce qu'ils ont dit, n'étaient que de la poussière.

— Donc, tu veux dire que je suis un menteur, Eva ? Là, tu abuses. Je vais me coucher. Moi, je veux le bien de nos enfants mais toi, tu veux leur donner la liberté qui n'est pas forcément bonne, si elle est mal utilisée. Alors, si Edna meurt à cause de son boulot, ça sera de ta faute ! Si Edna ne se marie jamais avec un homme bien et ça commence bien, ça sera de ta faute !

— Papa, ne dis pas ça, intervient Zack. Tes paroles dépassent ta pensée. 

Son père le toise avant de s'en aller, en colère. 

— Laissez-le, fait-elle. Dans les moments comme ça, je me dis, pourquoi Edna n'a pas choisi un métier comme qualifier d'un métier féminin ? Nous n'aurions pas eu toutes ces disputes depuis qu'elle est dans cet univers.

— Ne t'en fais pas mama, dit Fatima, réconfortante envers sa belle-mère. C'est normal qu'il est du mal. Mon père aurait réagi comme ça. C'est dans leur éducation.

— C'est dans la mienne aussi, mais si Dieu a décidé ainsi, qu'il finisse par l'accepter. Je l'ai accepté moi. Même si j'ai peur ! Et c'est normal d'avoir peur pour son enfant. 

— Je lui en parlerai maman, ajoute Zack. Tu as raison. Il doit s'y faire. Quant à toi Elliott, je pense qu'on va devoir refaire les présentations dans une atmosphère plus ... chaleureuse. Là, ça a pris une tournure que je ne saurai qualifier. M'enfin. Merci d'avoir ... défendu ma soeur et ... de t'être excusé. 

Il se lève et va voir son père.

Je décide d'aller voir si Edna n'a pas tué Aaron - peut-être que je pourrais lui filer un coup de main.

— Je reviens, Elliott.

— Euh ... d'accord.

— On ne va pas te manger, rit Fatima. Du coup, on va apprendre à te connaitre. 

Je m'éclipse donc et je sors à l'extérieur pour voir où s'en est, cette conversation. Elle a l'air houleuse mais, Edna lui tient tête et lui dit tout ce qu'elle avait gardé sur le coeur.

Il est penaud mais c'est trop tard. Il n'avait pas à jouer le malin. Je décide de les interrompre et Edna a l'air heureuse de me voir.

— C'est définitivement terminé Aarron, crache-t-elle. Ne me parle même pas de mariage ou de ressortir ensemble. Tu as laissé passer ta chance. Je ne suis pas la femme qu'il te faut visiblement et tu n'es pas l'homme qu'il me faut.

— Edna, pitié ! Arrête d'être bornée ! Je gagne bien ma vie, j'ai encore des sentiments forts et puissants pour toi. Ça pourrait marcher entre nous ...

— Tu devrais rentrer chez toi Aaron, interviens-je.

Aaron me fusille du regard pendant quelques instants.

Lorsqu'il sortait avec Edna, notre entente était, comment dire, cordiale. Ce n'était pas la grande éclate pour je ne sais quelle raison (probablement parce que j'avais senti qu'il ferait ça, un jour), mais il disait toujours à Edna que j'étais trop présente dans sa vie et que je l'influençais sur certains choix.

Alors, ça m'énervait qu'il tente de ternir notre relation mais ça n'avait jamais marché.

— Toujours aussi fine bouche, Billie. Tu n'as pas changé.

— Évidemment. Comme toi. Maintenant casse-toi. Tu as tout gâché ce soir. 

Il ricane et nous dévisage tour à tour.

— Edna, reste sur tes gardes. Je dis ça, je dis rien.

— Des menaces maintenant ?! Aaron, tu restes le pauvre type que tu es ! rétorque-t-elle, ulcérée. 

— Laisse-le, Edna. Il s'est tapé la plupart des filles des États-Unis et maintenant, il revient comme une fleur. On s'en va. Il n'en vaut pas la peine.

Edna a presque envie de le tuer, mais je la force à bouger et on retourne chez elle.

Elle reste silencieuse même lorsqu'Elliott a fait tomber la chemise (ceci est une expression). Calmez-vous les filles, il a juste retirer son blouson pour aider Eva et Fatima à ranger.

Edna lance un petit sourire avant de se diriger vers sa mère qu'elle enlace avec force et qu'elle embrasse sur le front.

— Je gère Mama, dit-elle pour la rassurer.

— Je sais ma fille, je sais. Vous êtes des femmes fortes. J'espère que tu as bien dit à ce Aaron d'aller se faire voir.

— Oui, sourit-elle.

Elle la relâche et en fait de même avec sa belle-soeur, puis on décide de s'en aller avec les assiettes prêtes pour nous. Et Fatima m'a donné le numéro de sa patronne que je dois contacter pour un entretien afin de décrocher l'emploi d'assistante.

Je ne sais pas si je vais l'appeler. J'aime bien ma vie sans boulot ... 

Ahhhh mais ce putain de problèmes d'argent dont nous en avons besoin ... Cette maudite dépendance ...

— Ne lui en veux pas hein, lui conseille sa mère. Tu le connais ton père. Tu as pris cet entêtement de lui.

— Ouais. Je t'appelle.

— D'accord. Merci Elliott et à très vite avec tes parents, dit Eva qui nous embrasse tour à tour.

— Pas de souci, Madame.

— Eva, ai-je dit, dit-elle en le frappant gentiment à l'épaule. Allez, faites attention.

On quitte enfin la maison dans un silence religieux et le trajet en voiture n'arrange rien.

Habituellement, bavarde que je suis, je pousserai Edna à se confier à moi, à se plaindre comme je fais d'habitude, car ça ne marche que comme ça avec, mais Elliott est parmi nous et il est aussi plongé dans ses pensées.

Après une bonne demi-heure à travers la circulation New-Yorkaise, nous arrivons enfin devant notre bâtiment. Elle parvient à trouver une place pour se garer et elle coupe le moteur.

Un soupir lui échappe et elle tourne sa tête vers Elliott qui est sur le siège passager.

— Tu es venu en voiture ? Je dois te déposer ?

— Ma voiture est de l'autre côté de la rue.

Elle acquiesce et je lance subitement :

— Je vais vous laisser discuter. Elliott, tiens ton assiette. Et Ed, ne tarde pas trop. Je ne risque pas de t'attendre pour manger.

Elle me remercie du regard et je sors de la voiture avec un sourire après avoir salué l'homme du soir.

Je marche rapidement jusqu'à notre bâtiment car le vent frais me fait grelotter et fonce à notre étage pour pouvoir arriver rapidement chez nous.

Mon ventre m'appelle.

*

Après m'être changée en deux temps, trois mouvements, je m'apprête à regagner mon assiette, lorsque je reçois un appel de ma mère.

Je décroche sans hésiter car ce n'est pas dans son habitude de m'appeler aussi tard.

— Qu'est-ce qu'il y a, Maman ? Ça va ?

— Oui, oui. Ne t'inquiète pas ma chérie. Comment tu vas, toi ?

— Je vais bien.

— Tu as trouvé un boulot ? J'ai une amie ...

— Maman, je suis sur un cas là. Donc voilà. Ne vas pas me recommander à tes amies pour que je détruise votre amitié par ma fainéantise.

Elle rit tendrement en lâchant des « Ah Billie, tu ne changeras jamais ! ».

— Non, je ne changerais pas. Sinon, pourquoi tu m'appelles à cette heure-ci ? Tu ne le fais jamais ? Ton compagnon Ray va bien ?

— Oui Billie. Ne commence pas por favor ! s'agace-t-elle.

Je devine soudainement la raison de son appel.

— Je n'ai pas le droit d'appeler ma fille pour savoir comment elle va ? poursuit-elle, irritée.

— Si, mais abrège. Je sais de quoi tu veux me parler. Il t'a parlé ?

Ma mère soupire, défaite et je m'assois sur mon lit, énervée.

— Arrête de lui parler Mama ! Vraiment ! Qu'est-ce que tu espères là ?

— Billie ! Tu joues à la tête brulée là ! Laisse-le s'expliquer quand même. 

— Nan ! Nan ! Je refuse ! Et tu ne me feras pas changer d'avis. Bonne nuit.

— Billie...

Je lui raccroche au nez et balance mon téléphone derrière moi avant de me lever pour aller manger.

Elle abusait clairement là. Et cette balance de Russell McCarthy qui lui dit notre rencontre.

Grrr, je le déteste ce type.

Je retrouve mon assiette chéri et me mets à manger avec colère, mais cela s'apaise à chaque bouchée.

Russell McCarthy n'entrera pas dans ma vie.

*


Edna Fall

Je me retrouve seule avec Elliott qui ne bronche pas. Il ne dit rien et regarde droit devant lui.

Il fait nuit noire et les lampadaires éclairent la rue. J'aime bien la nuit et le calme des rues. C'est apaisant et très différent de la cohue New-Yorkaise. Quoique qu'à Times Square, il doit y avoir encore du monde.

Je soupire pour la centième fois depuis que je suis dans ma voiture.

Je suis agacée au plus haut point.

J'ai envie de ... de ... 

Grrr, je suis si en colère. J'ai tellement de rage en moi que j'ai envie d'exploser pour me soulager de cette rage.

— Tu veux qu'on marche jusqu'à ma voiture ?

Je me tourne vers Elliott qui me sonde de son regard troublant et acquiesce.

Ma voiture verrouillée, je croise les bras pour me protéger du froid et nous marchons vers sa voiture en toute tranquillité.

Je me rejoue la soirée et surtout le moment où Aaron est apparu.

Il est revenu comme ça. Sans crier gare. Je ne comprends pas. Je pensais qu'il était parti à Los Angeles comme c'était prévu... 

Bon, ça remontait à notre remise de diplôme, mais après je ne l'avais pas croisé et personne d'autres d'ailleurs. Que faisait-il comme métier d'ailleurs ?

Pourquoi revenait-il maintenant ? La bouche en coeur, voulant jouer au petit con qui voulait se marier avec moi. Tant de questions le concernant...

Argff, juste au fait d'y penser, je suis dégoutée par la personne qu'il est.

Il est d'une arrogance et d'une présomption horrible.

Oui, il n'a pas énormément changé. Il est toujours grand, charismatique et charmant comme au lycée. Il a toujours ses airs de basketteur adulé par des lycéennes, ce que je n'étais pas.

En lui parlant, il avait tenté de jouer de ses charmes comme si j'allai tomber aussi facilement. Comme si j'étais encore cette lycéenne qui lui aurait pardonné si elle n'avait pas eu des amies aussi sensationnelles, et une mère ainsi qu'une belle-soeur déjà adorable à l'époque qui lui avaient dit de ne pas lui pardonner.

À cet instant, je regrette tellement d'être sortie avec lui.

Mais, il avait su me rendre dingue de lui, même s'il a ramé avant qu'on ne sorte ensemble. Oui, j'étais éperdument amoureuse de ce type à une certaine époque. Son sourire, sa façon de parler, sa façon de mordre sa lèvre inférieure et son regard qui ...

— Edna, tu peux ... me parler si tu veux.

Je sors de mes pensées et je croise le regard de mon collègue de travail et futur faux-époux.

Il a l'air préoccupé par mon état, mais il ne peut rien faire pour arranger la situation.

— Te parler de quoi ? rétorqué-je, froidement. De cette soirée désastreuse ? Oh mais à quoi je m'attendais aussi ? Que ma famille saute de joie ?! Je suis si bête parfois.

— Non, tu ne l'es pas, dit-il. Et ... je crois que cet Aaron ne faisait pas parti de la soirée donc ...

Il sourit en coin pour tenter de détendre l'atmosphère, mais ça ne marche pas.

J'avais complètement oublié qu'il sait maintenant que j'ai eu le coeur brisé par un goujat de première. Je me suis affichée devant toute ma famille. J'ai failli presque pleurer lorsque je lui avais dit tout ce que j'avais sur le coeur.

Quelle conne !

— Ta famille a l'air génial. Vraiment. Même si j'ai eu peur pour ma vie plusieurs fois, mais mis-à-part ça, ils ont l'air vraiment sympa.

Je ne préfère rien dire et continue de marcher à ses côtés.

— Je sens ta ... ta tourmente mentale Edna. Sincèrement, ne te prends pas la tête.

Je le regarde et l'agresse presque pour lui demander de quoi il parle, mais il reste toujours aussi calme et il se stoppe pour me faire face.

— À propos d'Aaron, répond-t-il. Ce mec ne mérite pas ta considération ! s'exclame-t-il presque irrité. Il a été bien plus que con de t'avoir fait ça. Je ... Je ne connais pas toute l'histoire mais ... il a eu tort. Les hommes infidèles sont inqualifiables et irrespectueux. Il t'a brisé le coeur et ça se voit. Tu es encore touchée par cette rupture. Tu as dû mal à tourner la page, parce que tu l'aimais vraiment comme tu l'as dit ce soir. Et peut-être parce qu'une partie de toi se sent coupable de sa tromperie. Mais tu n'as rien fait ! Ne te rends pas malade pour lui. Il n'était pas fait pour toi. C'est tout.

Il s'avance d'un pas vers moi sauf que je recule aussitôt, estomaquée par ses paroles bien trop éloquentes à mes oreilles. 

Il ne prend pas mal mon geste et reste à sa place tout en me sondant du regard.

Ma poitrine bat avec vitesse tandis que je tente de calmer la colère et la douleur qui tente de s'échapper de moi.

Il a raison. Aaron m'a fait sentir coupable de sa tromperie. Après lui et à cause de lui, je ne suis plus sortie avec aucun homme de peur de subir la même chose, la même souffrance qu'on ne voit pas mais qu'on ressent au plus profond de soi.

Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point, c'est blessant ce sentiment de trahison. Vous donnez tout à une personne mais en contre-partie, elle vous détruit votre coeur.

Pourtant, à l'époque, j'étais persuadée que c'était l'homme de ma vie.

J'étais, ce genre de petite fille rêveuse qui allait épouser son premier amour et vivre avec pour le restant de ses jours ...

En même temps, c'est ce qu'il m'avait promis du haut de nos 17 ans. 

Ça serait mentir si je vous disais qu'il ne m'avait jamais aimé comme je l'avais aimé. Vraiment. On s'aimait mais ... de mois en mois, les hormones le travaillaient, ces amis l'influençaient et il voulait franchir une étape que je refusai catégoriquement de lui céder, parce que j'étais ce genre de filles, et je suis encore ce genre de filles, qui veut se donner pour un seul homme.

Vous pouvez trouver cela pathétique et cela n'avait rien à voir avec ma foi en Dieu, mais ça me tenait à coeur ce genre d'acte. Réellement. J'y croyais tellement au prince charmant ...

De nos jours, j'ai l'impression que les filles qui pensent comme moi, car nous sommes encore nombreuses, on se fait regarder de travers pour ce choix. On nous juge, on nous interroge avec moquerie, mais c'est plus une question de conviction et surtout de ne pas faire comme tout le monde.

Parce qu'aujourd'hui, oui, s'unir avec quelqu'un dans le cadre d'une relation amoureuse est juste normale, voire obligatoire alors que non ! On fait encore ce que l'on veut. Alors les filles qui sont dans cette optique et celles qui ont déjà passées le cap, ne vous précipitez pas, car la société d'aujourd'hui a rendu des choses importantes en choses banales.

Ne souffrez pas intérieurement de votre acte, si vous avez cédés sans le vouloir, pour plaire. Pour qu'il reste... C'est vous, c'est votre choix, c'est votre corps ! Vous êtes faites ce que vous voulez et aucun homme n'a à vous mettre la pression. Même s'il dit vous aimez à en mourir.

Et il disait que j'étais la femme de sa vie, qu'il m'aimait à en mourir pourtant ...

— Tu pleures Edna ?

Je redresse vivement ma tête vers lui qui me lorgne comme un demeuré et j'essuie ma joue en vitesse.

— Non. C'est le froid, répondé-je. 

Il n'est pas convaincu, mais ne persiste pas.

— Tu l'aimes toujours ?

— Non. Absolument pas. J'éprouve plus ... de la rage envers lui qu'autre chose, ajouté-je. Tu sais, la douleur des promesses non-tenues.

Je ricane et reprends :

— Il m'a menti. Et j'ai cru en tout ce qu'il disait parce que c'était mon premier amour. Je l'aimais tellement, Elliott ! dis-je en reprenant la marche. Je pensais à lui, H24. Si je ne le voyais pas de la journée, je n'étais pas si ... enjouée. J'étais dingue de lui. C'est clairement ça. Puis, tu sais, il y a tellement de magnifiques histoires d'amour comme ça ! Avec les filles, on était à fond dedans, ris-je, faiblement. C'était ridicule mais on y croyait et j'y croyais.

— Pourquoi ne plus y croire ? Pourquoi t'arrêter à un échec Edna ? me questionne-t-il. Oui, certaines ont trouvés l'homme de leur vie du premier coup et vice-versa, mais chacun son destin. Tout le monde a essuyé au moins un coeur brisé. Bien sûr, on se retrouve au plus bas, mais après on se relève et ça va mieux et on retombe amoureux et voilà, tu connais la suite.

— Tu y crois toi ? Tu t'es déjà fait brisé le coeur ?

— Oui, j'y crois, sourit-il. Ne me regarde pas comme ça. Et j'espère rencontrer un jour la femme de ma vie et oui, bien sûr. Plusieurs fois même, mais à chaque fois, ça m'apprend de nouvelles choses. Ce sont les expériences de la vie. Tu n'as pas à avoir peur Edna. 

Je l'observe, curieuse de savoir quel type de filles a pu lui briser le coeur, mais nous arrivons devant sa voiture.

Il en cache des choses celui-là.

— Bon, je vais y aller et savourer le plat de ta mère. Et je n'en veux pas à ton père même si je pense qu'il peut s'entendre avec ma mère. Ils sont tous les deux fous non ?

— Ouais, ricané-je. Désolée pour ce qu'il a dit. Pour lui, ce n'est pas normal que je ne sois pas mariée ...

— Tu n'as pas à te justifier. Juste, oublie cet Aaron. Bon, s'il t'embête, en tant que futur mari, je serai obligé d'intervenir.

Je lui souris ce qui provoque le sien.

— Je suis certain qu'il parle pour rien. C'est le genre de types qui crient pour rien.

— Il m'a quand même menacé, dis-je.

— C'est vrai ? Je ...

— Mais, c'est mon problème, pas le tien, le coupé-je. Comme tu dis, il crie pour rien.

— Bon. OK, fait-il.

Il déverrouille sa voiture et ouvre la portière sans pour autant y entrer.

— Je te raccompagne, il fait nuit.

— Tu rêves ! Rentre chez toi. Je suis à deux minutes de chez moi, Elliott. Ça va.

— Six minutes à vrai dire.

Je lève les yeux ce qui le fait rire.

— Bon, j'y vais. Et Edna ?

— Quoi ?

Il plonge son regard dans le mien et parait hésitant avant de laisser échapper :

— Je suis convaincu que Gideon n'est pas ce qu'il prétend être et qu'il a des sentiments pour toi. C'est bien plus qu'amical à ce stade. Ça se voit. Tu pleures pour un mec qui t'a trompé, alors qu'il y en a d'autres qui ont l'espoir d'être un jour avec toi et de t'aimer. Crois-moi. Ouvre cette porte qui te fait peur. 

Je reste figée et lui bafouille pour savoir pourquoi il dit ça.

— Tu l'as déposé plus tôt et j'étais derrière vous. Il t'a embrassé non ?! En tout cas, c'est ce que j'ai vu.

J'ouvre la bouche, prête à répondre mais rien ne sort.

Il sourit faiblement avec un regard tellement attendrissant envers moi que ça me touche vraiment. Beaucoup plus que je ne le penserai. 

— Ouvre les yeux Edna. T'as des tas de mecs qui aimeraient être avec toi. Sache-le.

Il s'avance vers moi, dépose un léger baiser sur ma joue sans que je ne puisse le repousser. Et, il s'engouffre dans sa voiture et démarre après avoir croisé mon regard ébranlé.

Je vois sa voiture se réduire au fur et à mesure qu'il prend de la vitesse.

Je reste choquée par ses propos, mais j'avance vers l'appartement, le cerveau dans un état de surchauffe complète.

Gideon ... Avoir des sentiments pour moi ? Et Elliott a vu ça ?! Même Billie ne le sait pas. Et des mecs aimeraient être avec moi ?

Oh là là ...

Je n'ai pas le temps d'imaginer davantage ce que Gideon pense de moi, car je sens une présence m'épier. Je tourne donc ma tête à droite mais personne.

Je traverse la rue en vitesse en pressant le pas mais j'ai toujours cette conviction qu'on me regarde.

Et j'ai raison.

En tournant ma tête à gauche, je vois un homme habillé un noir avec un masque neutre. Comme ceux de mes visions lors des scènes de crime. 

Je me liquéfie sur place tandis qu'il ne bouge pas d'un poil.

Il lève sa main gantée, ce qui me terrifie intérieurement, mais je suis tellement choquée par cette présence que je ne bouge pas.

Il est là, de l'autre côté de la rue et il passe son pouce sous son cou pour me faire un signe de mort.

J'hoquète de terreur alors qu'il se met à marcher dans ma direction. Mon coeur bat à toute allure et je me mets à courir vers l'entrée de mon bâtiment. Lorsque j'y arrive enfin pour l'ouvrir, je jette un bref coup d'oeil derrière moi sauf que l'homme a disparu.

Il n'est plus là. Il a disparu. Comme s'il n'était qu'une illusion.

Et il sait où nous habitons.

Ses hommes et lui savent où nous habitons.

***

" Le souci avec la peur, c'est que ça tenaille tes entrailles avec une puissance dont elle seule à le secret. La peur te hante, te fait croire des choses, te tourmente, tout ça pour te pousser à bout, pour te rendre dingue. Pour que tu aies du mal à démêler le vrai du faux. Pour que tu commences à douter de toi-même et de sa santé mentale. Elle te donne des sueurs froides, elle accélère ton rythme cardiaque et joue avec tes émotions que tu finis presque paranoïaque. La peur est vicieuse. La peur cherche à te détruire, alors ne te laisse pas entrainer par elle. Surpasse ta peur. Sois plus fort. Ne la laisse pas gagner cette garce". JFL

***

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