3.

Hey mes Mentos aux fruits exotiques ❤️,

PEACE AND LOVE-

-JFL

PS : Je rappelle pour que ça rentre clairement en tête que les thèmes abordés (racisme, religion et autres) ne sont pas le CENTRE de l'histoire. Ça fait partie mais c'est SURTOUT ce programme, ce POP-UP et de l'amour qui nous intéresse parce que le but, c'est de vous rêver, rire, stresser, flipper et évader 😜

Et ne parlons plus de mes longueurs 😂 (sauf quand c'est extrême). 

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Billie Fernandez

Je me réveille d'un coup comme électrocutée par quelque chose et je regarde autour de moi, affolée avant de me calmer. 

Le soleil est déjà levé et baigne notre salon de sa lumière.

Je me frotte les yeux et je vois Edna, à côté de moi, allongée au sol.

Qu'a-t-on fait hier soir ?

...

...

...

Soudain, tout me revient en tête.

Mon ordinateur a fait une crise et a fait apparaitre des images mystiques sur les écrans puis après on s'est endormi.

Super soirée !

Attendez ...

C'est peut-être Dieu qui a entendu mes prières.

Je me lève d'un bond toute heureuse de cette révélation. Comme par hasard, tout va bien avec mon ordinateur. Il est même resté sur l'image de la série. La télé aussi a l'air de bien aller et l'électricité est de retour.

Dieu merci sinon Edna m'aurait tué.

Je vais payer ça aujourd'hui comme ça, elle ne pourra pas me dire que je ne l'ai pas fait ou que j'ai encore une fois oublié.

Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais en tout cas, c'est un signe pour moi.

Je me décide de réveiller Edna, car il est quand même 8 h 30 et qu'elle est sacrement en retard et j'ai très bien dormi quand même, lorsque je m'arrête et que je souris toute seule.

Vengeance me voilà !

Je vais donc dans ma chambre, trouve ma ceinture dans ma boite, la prends, reviens au sol et hop, un petit coup sur la fesse.

Effet immédiat !

Elle se réveille d'un bond et moi, je me marre hilare face à sa tête.

Elle a une main sur la fesse et le visage tordu en grimace.

— Nan mais t'es malade toi !

— Je voulais voir si ça avait le même effet ! C'est un bon réveil, Edna !

Elle grogne et se lève puis elle regarde notre montre murale et vois l'heure. Ses yeux s'élargissent comme des soucoupes et elle plaque ses deux mains sur son visage.

Moi, je me tords davantage de rire.

Edna ne connait pas vraiment le retard professionnel.

— Oh. Mon. Dieu. Je suis en retard ! Je suis en retard ! répète-t-elle. JE SUIS EN RETARD, BILLIE !

— Et ? Ça arrive. On a bien dormi en plus. D'ailleurs, je crois que j'ai reçu mon signe de Dieu, Edna ! lui annoncé-je.

Elle arrête de paniquer, se demande si je ne suis pas folle et laisse échapper :

— Quoi ?

Je m'approche d'elle et l'attrape par les épaules.

— Écoute. Hier, je suis partie à l'église et je me suis « confessée ». Et ça m'a apaisé et guidé. J'ai fait 5 ans d'études pour obtenir un diplôme littéraire. Je suis faite pour écrire, Ed ! Et ce qui nous ait arrivé hier soir, ça m'a inspiré ! Je me sens ... en forme, lui expliqué-je.

Elle me lorgne comme si j'étais sonnée de la tête et repousse mes mains.

— Tu es sérieuse là ?

— Extrêmement sérieuse !

— Ce qui nous est arrivé n'est pas normal. Je prends ton ordinateur et je vais le montrer à quelqu'un au boulot.

— Mais ça devait être une blague ! Va voir Elliott et essaye de discuter avec lui et fais-lui admettre qu'il a fait ça. S'il l'admet, c'est qu'il est un peu gentil.

Elle me contourne et va dans sa chambre.

Moi, je me recouche sur le canapé tout sourire après avoir pris la télécommande.

Ahhhh ! Quelle joie de ne pas aller bosser ! Mon rêve quotidien. Si seulement l'argent et la nourriture pouvait tomber du ciel, ça serait par-fait !

Elle revient 15 minutes plus tard, lavée, habillée et prête à se tirer.

Elle prend mon ordinateur sans mon autorisation.

— Héééééé ! Je fais comment pour écrire moi ?

— Prends mon ordinateur. Il est sur mon bureau. Tu ne manges pas à côté.

— OK. Merci.

Je m'emmitoufle dans mon plaid avec le sourire. Elle se retourne vers moi et me demande curieuse :

— Ça va ton bras ?

— Ouais pourquoi ?

— Hier soir, on a touché au même endroit notre bras, me dit-elle.

— Hier, un client trop con m'est rentré dedans avec force au Starbucks. Il m'a fait mal au bras, il ne s'est même pas excusé ce con et il s'est barré. Je n'ai même pas pu voir s'il avait un potentiel d'action avec Amiri.

Elle m'observe longuement tout analysant mes propos.

Qu'est-ce qui lui prend ? Si elle pouvait bouger devant la télé pour que je regarde cette émission de télé achat, ça serait cool.

— Tu peux bouger Edna, s'il te plait ?

Elle réalise enfin puis s'en va sans me dire « salut ». Ce qui est très rare de sa part.

La pauvre, elle doit être encore sous le choc.

Moi, ça va parfaitement bien.

Je vais peut-être retourner à l'église si je n'ai pas trop la flemme de sortir pour remercier Dieu.

*

Il est déjà 14 heures.

J'ai eu le temps de me rendormir, de déjeuner, de prendre un bain et de me faire jolie et fraîche.

Je suis devant l'écran d'ordinateur d'Edna.

Étrangement, l'inspiration ne me vient pas. Il me manque des trucs.

Je grignote un cookie et regarde par la fenêtre. Les oiseaux chantent, le temps est clément, les bruits de voitures égayent le quartier, bref ... je vous épargne cette description extérieure.

Je soupire et je me décide d'appeler ma mère avant d'oublier sinon je vais me faire trucider.

Je patiente le temps qu'elle décroche et elle le fait avec sa voix chantonnante.

Ça me déprime déjà.

— Holà mi hija !

— Salut maman.

— Tu décides enfin à m'appeler. Je t'ai laissé des tonnes de messages. Heureusement que tu écoutes Edna hein.

Je ne dis rien et joue avec le bout de mes cheveux blonds. J'ai des beaux cheveux quand même.

— Billie por favor ! No me llames por no decir nada ! Me duele el corazón, yo sabes ! (Ne m'appelle pas si ce n'est pour rien dire ! Ça me fait mal au cœur, tu sais ! ).

Je soupire encore et me lève de la chaise de bureau d'Edna pour aller m'allonger sur son lit sentant l'adoucissant à plein nez.

Mh, il sent bon celui-là. C'est un nouveau et même pas elle partage avec moi...

— Billie ...

— Quoi ? C'est toi qui veut me parler, pas moi.

— Billie Dios mio ! Tu dois me parler. Tu connais très bien la situation actuelle.

— Oui, Russell McCarthy est revenu dans ta vie, après t'avoir abandonné avec sa fille de l'âge de 6 mois. Oui, maman, je veux parler de ça. Tu as raison ! Allons-y commençons !

À son tour de soupirer et moi, je suis en colère.

J'avais réussi à occulter cette mauvaise histoire de mon esprit et la voilà de retour.

Oui, mon père anglais Russell McCarthy a croisé ma mère à New-York, il y a deux semaines et il se permet de lui demander s'il peut me voir. Il est apparemment en voyage d'affaires ici.

C'est simple et clair dans ma tête, c'est un « non ».

Il est parti, ciao !

Il revient comme une fleur et se permet ce genre de demande que ma mère ose me proposer pour renouer les liens. Quel lien ? La dernière fois qu'il m'a vu, j'étais potelée et je bavais.

Évidemment, je me braque parce qu'au lieu de l'envoyer bouler comme il se doit, elle sympathise avec l'ennemi.

Moi, je ne veux pas de ce type dans ma vie, ni aujourd'hui, ni demain. J'ai grandi sans père et ma mère a dû jouer le rôle.

Ça va, je n'étais pas une gamine difficile et j'étais souvent chez les Fall alors ce manque, je ne l'ai pas trop ressenti.

Mais le fait de le savoir si près de moi me fait frissonner.

J'ai tellement de haine contre lui.

Il a laissé un bébé à sa mère et est retourné en Angleterre pour vivre sa vie. Quel goujat ! Il a donc fait son choix, non ?

Mi amor, il faut savoir pardonner dans la vie. Si Dieu pardonne à l'Homme, alors tu peux le faire aussi. À quoi ça sert de ruminer le passé hein ? Ça noircit juste ton cœur.

— Mon cœur est clair, merci. Et pour ta gouverne, je ne vais pas lui sauter dans les bras aussi. Si toi, tu es comme ça, c'est ton problème.

Elle râle en espagnol et j'ajoute :

— Et Ray a dit quoi hein ? Il aurait dû le frapper pour intrusion inacceptable dans la vie d'autrui !

— Billie lástima ! (Billie pitié)

Ray est le petit-ami de ma mère depuis maintenant deux ans.

Il est gentil et a de la discussion. Il est facile à supporter. Je l'aime bien quoi.

Ma mère ne s'est jamais mariée. Du moins, administrativement, parce qu'avec l'autre idiot, ils s'étaient mariés religieusement. Maman y tenait vraiment. Elle est très croyante.

C'est pour ça que j'ai pris son nom et pas celui Russell.

Ce type qui ose se nommer mon père, lui avait promis monts et merveilles lorsqu'elle était jeune. Ils s'étaient rencontrés au carnaval mexicain. La famille de ma mère, n'étant pas très riche, n'a pas pas trop hésité sur les réelles sentiments de Russell. Il était beau. Il était jeune. C'était en anglais, il avait donc de l'argent pour pouvoir voyager ...

Ma mère a donc atterri aux États-Unis après ce mariage religieux. Sauf qu'après, il est parti et elle a perdu tout contact avec sa famille et elle avait surtout honte de dire que son « mari » s'était barré. Elle s'est débrouillée seule et a pris son courage à deux mains.

Elle s'est battue pour que nous ayons un toit décent sur la tête, pour que je puisse manger, pour que je puisse m'habiller et aller à l'école.

C'est une femme courageuse ma mère. Et je suis certaine que sur cette Terre, il y a des tas de femmes comme elles qui ne se laissent pas briser par ce type d'abandon. Ou par n'importe quel coup de la vie. Elles encaissent et pleurent en silence intérieurement tout en gardant le sourire pour ne rien laisser paraître.

Elles se battent ! Pour leurs enfants et pour elles !

C'est pour vous montrer à quel point, le cœur d'une femme peut être profondément blessée mais elle sait prendre sa revanche sur la vie.

Et après on dit que les femmes sont faibles ? Pff, foutaise ! Elles sont bien plus fortes mentalement que les hommes. Mais physiquement aussi. Attendez. Porter la vie pendant 9 mois et mettre au monde c'est extraordinaire.

Et ma mère fait partie de ces femmes fortes.

— Je ne veux pas le voir, mama ! J'ai 25 ans c'est bon ! Tu crois quoi ? Qu'il va me border la nuit ?

Elle rit doucement et moi aussi.

Bien. Je peux te laisser encore réfléchir ?

— Ouais, répondé-je pour lui faire plaisir.

Perfecto ! Sinon, ça va le boulot ?

Je m'esclaffe.

— J'ai été virée.

— Billie ! Encore tes retards !

— Nan mais c'est normal ! Je suis en train de trouver ma voie. Dieu me guide. 

— Depuis quand Dieu te guide toi ?!

— Depuis hier. Je suis partie à l'église. 

— Tu plaisantes là ?

— Je suis sérieuse. C'était sympa.

Qué ? Mais raconte-moi ma chérie ! s'excite-t-elle.

Je lui raconte donc mon escapade ce qui l'enchante bien sûr. Elle me réprimande à la partie du téléphone mais ça l'a fait rire.

— Tu es incorrigible ! Comme va ma fille Edna ?

— Très bien. Elle est partie travailler.

— Ah ! Une vraie bosseuse ! Tu devrais prendre exemple sur elle.

— On est tous différents Maria (c'est son prénom)! Mais je vais chercher du boulot parce qu'on habite ensemble.

— Évidemment. Passez à la maison quand vous avez le temps, d'accord ? Je vous ferais des tacos.

— Alors là, on dit « oui » sans hésiter.

— Ça m'a fait plaisir de te parler ma puce. J'espère que Dieu te montrera que le pardon est bon.

— Oui bah ne compte pas trop dessus. Il m'aide déjà sur ma carrière.

— N'importe quoi. Allez, je t'embrasse fort.

— Moi aussi.

Je coupe la communication avec le sourire.

Je ne peux pas trop en vouloir longtemps à ma mère. Ça serait irrespectueux et manquer de respect à ma mère, c'est interdit chez moi.

Quand je vois certains gamins qui insultent leur mère sans scrupule alors qu'elle les a porté 9 mois en elle, ça me donne envie de vomir. Après, bien sûr, il y a des mères affreuses mais le cœur d'une maman, en général, c'est immense et lumineux.

Ça aime et ça protège.

Moi, ma mère, je l'aime.

*

Edna Fall

Lorsque j'arrive au poste de police, tout le monde me regarde mystiquement. Et j'en fais de même en me dirigeant vers Cassandra qui m'accueille comme à son habitude avec le sourire.

— Hé ma chérie ! Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ce matin ? Tout le monde s'est inquiété ici.

— Ah oui ?

Je fronce les sourcils, surprise et elle acquiesce.

— Je ne me suis pas réveillée. J'ai eu un petit souci.

— Oh. D'accord. Ah et Marilyn m'a dit pour Elliott. Tu ne vas pas me croire, mais depuis ce matin, il est doux comme un agneaux.

— Tss. Ça a dû le marquer. Bref, je monte. On déjeune ensemble ?

— Oui, ma belle. Et c'est quoi cette ordinateur ?

— Le mien. C'est le souci. Et au fait, tu ne sais pas qui serait un pro du décodage informatique et autres ? Je me débrouille mais ce n'est pas terrible et mon problème est gros.

Elle grimace et dit :

— Il a des gars au service info, mais ils sont débordés et tu ne peux même pas leur parler. Sinon, il y a ... Elliott.

— Quoi ?

Oh non...

— Bon, je vais me débrouiller. Merci.

Je la salue et je monte vers mon unité.

Quelques collègues me saluent et je les dévisage parce qu'ils ne le faisaient pas avant.

Ont-ils peur pour leur appareil ? Ça va ! Je n'ai pas toujours recours à cette technique.

Je pénètre enfin dans notre unité et le brouhaha qu'il y avait devient un silence complet.

OOOOO.KKKKK. (Juste, ça s'est vraiment un truc à moi et mon clan de copines pour que vous ne vous dites pas qu'il lui manque des cases hein ...)

Déjà que ma journée et ma soirée d'hier ont été trop mystiques à mon goût, aujourd'hui, cette attention envers moi me gêne clairement. J'ai toujours préféré rester discrète alors là, être exposée comme ça, je me sens presque nue.

Je me dirige donc vers mon bureau en cherchant du regard Gideon qui se lève de sa chaise et s'approche de moi.

Je n'ai pas le temps de lui demander ce qu'il se passe puisque je vois un bouquet de roses rouges sur le bureau.

OOOOO.KKKKK. Sommes-nous dans un épisode de X-Files ?

Je pose presque au ralenti l'ordinateur pour regarder ce bouquet de fleurs. En 25 ans d'existence sur cette Terre, on ne m'a jamais offert de fleurs.

Ne riez pas mais c'est réellement le cas.

En plus, c'est un énorme bouquet.

Je relève ma tête et je vois Chris et Jackson s'approcher de mon bureau.

— C'est de notre part. On tenait à s'excuser de notre comportement, explique Jackson.

— Si on avait répondu plus tôt, peut-être que Gideon et toi, n'auriez pas eu à subir tous ses propos, ajoute Chris. Tu as eu entièrement raison de nous rappeler à quel point nous étions cons. 

Et dans le plus grand des calmes et des chocs pour moi, Elliott fait son apparition.

Je crois que je ne suis pas encore réveillée ou que je délire.

— Et je tiens à m'excuser aussi.

Je m'assis sur ma chaise trop éberluée par ses propos.

C'est trop pour moi.

— Où est la caméra cachée ?! m'esclaffai-je, nerveusement. Parce que ... parce que ... vous vous excusez ? Sérieux ?

Ils hochent la tête tous les trois.

— C'est déjà fait avec Gideon, dit Chris. On t'attendait ce matin et personne ne t'a vu. On a tous penser que tu avais quitté de ton poste, alors que t'es vachement douée, Edna. On s'est senti mal.

Je regarde Elliott qui me fixe longuement et dit :

— Heureux de te voir parmi nous. Et pour ta gouverne, mon père ne dirige pas une grosse firme mais il y travaille comme directeur du département d'un système informatique, je ne suis pas ici par piston, mais j'étais sur liste d'attente et oui, je suis un idiot de blanc qui a proféré des remarques racistes et homophobes. Et si tu veux savoir, je n'ai pas de réel confession. Mon père est juif et ma mère est athée. Euh ... ces informations n'étaient peut-être pas utiles, ajoute-t-il faiblement. 

Je le fixe, incrédule tandis qu'il me regarde une dernière fois avant de retourner à son bureau comme les autres.

Je parviens à nouveau à respirer et je clignote des yeux.

Je crois que je vais prendre ma journée.

— Quoi ? s'exclame Gideon. Et pourquoi ça ?

Ah ! Parce que maintenant je parle à haute voix.

Edna, ce n'est pas bon tout ça.

Deon me sourit et pose une main amicale sur mon épaule.

— C'est ...surprenant je sais mais tant mieux. Une prise de conscience rapide, c'est mieux.

— J'ai besoin de mon Latte, Gideon.

Il rit doucement.

— Viens, on va le chercher.

Je m'apprête à le suivre tel un automate et le Chef Taylor débarque tout sourire. Oh non ! Là, c'est trop. Ce type ne sourit que très rarement.

— Ah ! Tu es là Edna ! Ça m'aurait étonné que tu ne bosses plus avec nous. Je suis content que toute l'équipe parte sur de nouvelles bases parce que c'est ce que je veux, une équipe qui gagne ! dit-il plein d'entrain et vraiment heureux de cette avancée spectaculaire pour un simple coup de genoux bien placé et quelques paroles acerbes lancées.

— Vous savez, débute-t-il en hochant sa tête doucement, la multiculturalité dans ce monde devrait être une force et non, une faiblesse. Si nous ne regardions pas à l'apparence première, tout le monde verrait qu'on est tous composés de la même chose. Exactement la même chose, appuie-t-il. Mais nos différences extérieures font de nous des êtres uniques. Et ça, c'est une force. Le racisme ne sert à rien, la haine religieuse encore moins puisqu'on dit bien « Chacun pour tous, Dieu pour tous » ...

Hein ? Là, il a retravaillé la phrase à sa manière.

— ... alors chacun le prie de la façon qu'il veut. Et si certains ne veulent pas le prier, ça ne devrait pas être un souci. Quant aux orientations sexuelles, c'est la même chose. Chacun ses problèmes ! dit-il en délitant chaque mot. Balayez devant vos portes avant de balayez devant celles des autres jeunes gens. Vous êtes jeunes ! Vous êtes une génération d'espoir. Les choses ne devraient pas régresser comme à mon époque ou celles de vos parents, elles devraient s'améliorer parce qu'on est supposé apprendre de l'histoire alors s'il vous plait, vos mentalités à la con et arriérés laissez-les en dehors de mon unité. J'aurais dû le dire plus tôt, mais je pensais que vous étiez tous assez intelligents pour le savoir. On apprend des uns des autres ! Croyez-moi. Ensemble nous sommes plus forts, conclut-il son discours.

Je clignote une nouvelles fois des yeux. Depuis quand il se tente sa candidature à la présidence ?

Jackson est le premier à applaudir et les autres le suivent et son sourire s'élargit.

Moi, je suis juste dans un autre monde.

Anthony me regarde avec le sourire et je dis juste :

— J'ai besoin de mon Latte.

— Ah vas-y bien sûr ! dit-il en s'écartant de chemin. Revenez vite pour bosser sur vos cas.

Je dévale presque les escaliers tandis que Gideon me demande de l'attendre.

Mais tout ce que je veux, c'est de l'air.

Une fois dehors, j'aspire plusieurs grosses goulées en m'appuyant sur le mur.

Mais c'est quoi cette journée ?

Je ne comprends rien.

Gideon arrive enfin et m'interroge du regard.

— Ça va ? Tu n'as pas l'air en forme, Edna.

— Rien n'est normal là, Deon !

Il pouffe et me prend par les épaules.

— Qu'est-ce qui ne va pas ?

Je plonge mon regard dans le sien et je me demande si je peux lui raconter ce qu'il nous est arrivée à Billie et moi.

Celle-là a l'air de s'en moquer, illuminée comme jamais et moi, ça me préoccupe parce que mon intuition me dit que ce n'est pas normal.

— Allons prendre mon Latte.

*

Au café, je suis silencieuse.

Il a décidé qu'on avait le temps de s'asseoir quelques minutes pour discuter.

Je ne refuse pas.

Je savoure tranquille ma boisson chaude en essayant de visualiser chaque élément à partir du « pop-up » sur l'ordinateur.

C'était trop bizarre et mystique. Comment un foutu « pop-up » internet avait pu déclencher ça ? Ces images et cette coupure de courant parce que je suis certaine que cela a un lien.

Quelque chose cloche.

La main de Gideon me fait réagir.

Je la regarde. Elle est posée sur la mienne qui tient le verre.

Nos regards se croisent et il la retire aussitôt, rougissant.

Je ne veux même pas lui demander ce qu'il lui prend.

Vous voulez savoir son secret dont j'étais la seule en avoir connaissance ?

Gideon n'est absolument pas gay. C'est pour ça que les propos que tenaient Elliott et les autres ne l'atteignaient pas vraiment.

C'est juste que pour postuler à notre unité et quitter Atlanta, il a fait croire à tout le monde qu'il l'était. Sinon, il n'aurait pas pu être muté ici. Il aurait été sur liste d'attente. Et, il ne voulait pas attendre plus longtemps. 

Et vous savez que maintenant - même si ce n'est pas vraiment dit par le gouvernement - il y a des quotas qui sont faits.

Et c'est souvent par rapport à la couleur ou à l'orientation sexuelle des gens.

Dans notre unité, il était le seule.

Du moins, c'est ce que tout le monde pense ... Mais il me l'a révélé au bout d'une année.

En fait, j'avais eu des doutes sur lui dès le début.

Lorsque Brittany m'était quelques tee-shirts en V, il n'hésitait pas à loucher sur les deux autres yeux qu'elle avait comme c'est assez opulent, il faut l'avouer. Mais tout à fait, naturel. Enfin, je crois, je n'ai pas demandé non plus. Ou, il ne parlait jamais de mecs.

Il ne les regardait même pas en fait. Même en soirée. Il regardait plus les filles.

Alors, pour moi, soit il était des deux bords, soit il avait menti.

Et ma deuxième supposition était la bonne.

Il avait menti pour quitter Atlanta. Après pourquoi avoir quitté sa ville natale, je ne savais pas.

— Parle-moi, me dit-il.

Je souffle et croise mes jambes.

— Imagine qu'ils nous font une blague, me confié-je.

— Pourquoi tu es méfiante comme ça ? Je suis content qu'ils réalisent enfin leur erreur. Deux ans, ça avait trop duré.

Je pose mon menton dans ma paume et le fixe.

Ça n'a pas l'air de réellement le déstabiliser que je le fixe ainsi. Il a la peau mate et une légère petite barbe qui lui va bien. Ça le rend un peu plus ... homme, mais il est très bien sans barbe.

Il me sourit.

— Quoi ?

— Qu'est-ce qu'ils t'ont dit à toi ?

— Qu'ils étaient désolés pour leurs propos homophobes. Surtout Elliott qui a dit qu'il avait un ami gay. Et que c'était même un très bon ami à lui et qu'il l'avait toujours soutenu.

Alors lui, je crois que c'est celui qui m'a le plus choqué.

C'est vrai que par rapport à ce que j'ai dit hier, je l'ai balancé en ayant entendu du ragot. Oui, moi, Edna Fall je m'étais rabaissée à ça alors que mon père me disait toujours « La première phrase dite d'une personne, sera au finale transformer dans 100 versions différentes par chaque personne qui la raconte. Fies-toi donc à tes propres informations et certainement pas à celles des autres ».

Et il avait entièrement raison.

Je ne le supportais pas parce qu'après nos premiers jours, où nous commencions à tous à nous connaitre, il m'a fait chier sans de raisons apparentes avec des petits commentaires sexistes, puis ça a pris le chemin du racisme mais après, je ne le connaissais pas plus que ça.

J'avais dit ces mots, mais je n'avais jamais vérifié la véracité des propos.

Au moins, je sais la vérité maintenant ...

— On devrait y aller. Hier, après ton départ, Elliott et moi on est parti chez le type. On l'a questionné sous les yeux de son père qui déclare que la victime est une menteuse et qu'elle veut se faire de l'argent sur cette affaire. Mais on attend les analyses d'ADN pour aujourd'hui.

— Bien, dis-je en me levant. Si c'est lui, c'est moi qui le menotte ce pauvre type. On verra ce qu'il a à dire au poste. Et Gideon, tu te débrouilles sur les ordis ?

— Tous les mecs se débrouillent sur les ordis, lâche-t-il en se levant.

— Alors, ça, c'est super sexiste ! Il y a des filles aussi.

— Oui mais pas toi !

Je lui tire la langue ayant retrouvé mon semblant de rationalité.

— Bon, bah si tu te débrouilles, est-ce que tu pourrais jeter un coup d'œil au moins ? Il a beugué hier soir. Et je ne sais pas si on peut remonter à la trace d'un « pop-up » ou truc du genre. Ça a fait sauté notre électricité.

— Là, ce n'est pas vraiment de mon ressort. Demande à Elliott. Il le fera.

— Demande-lui pour moi s'il te plait.

— Tu es une grande fille ! chantonne-t-il.

— Je suis encore sous le choc alors je ne peux pas le faire. Comme on dit, je pardonne mais je n'oublie pas.

Il lève les yeux avant de capituler et d'ajouter sa condition. Être présente.

J'accepte volontiers comme ça je pourrais en savoir plus.

*

Évidemment, les résultats sont tombés et les tests ADN ne trompent pas.

Parker Morris a agressé sexuellement Mary Banks et nous sommes dans notre voiture de fonction en direction de son université pour l'inculper.

Je suis donc en voiture avec Gideon et Elliott.

C'est le silence complet et le plus gênant qui soit.

Je prie juste pour qu'on arrive le plus vite possible sur le campus.

Ma prière se fait entendre.

Sur le campus, on attire immédiatement des regards curieux, mais on ne les calcule pas étant habitués à ce genre de choses. On va dans l'amphithéâtre de droit où se trouve Parker Morris, après avoir été guidé.

Et en plus, il fait du droit.

Sacré culot ce bonhomme !

Je ricane dans ma barbe et nous entrons dans l'amphithéâtre, bondés d'étudiants qui commencent à chuchoter. On avance vers l'enseignant qui se fige et on lui montre nos badges. Ça fait toujours cet effet de voir la police débarquer à l'improviste.

Toujours.

— Bonjour, nous sommes là pour l'étudiant Parker Morris, lance Gideon.

— Bonjour, bafouille l'enseignant. Il est présent effectivement.

Je tourne ma tête vers le blondinet qui me fixe. Il a compris.

Je sais ce qu'il prépare.

Je descends donc de l'estrade et je me mets à courir aussitôt qu'il tente de fuir.

Pauvre lâche !

Je lui bondis dessus et des exclamations de choc envahissent l'amphithéâtre.

Gideon et Elliott hurlent aux étudiants de ne pas filmer pendant que nous tombons ensemble sur les marches, mais je le maîtrise et sors mes menottes.

Il se débat sous moi mais je m'en sors. J'ai l'habitude maintenant.

Je lui dis la réplique typique des films et des séries, car c'est réellement la réalité des choses.

Si je ne lui dis pas, je suis hors-la-loi et il peut attenter un procès contre moi.

— Parker Morris, vous êtes arrêté pour l'agression sexuelle sur Mary Banks. Vous avez le droit de garder le silence. Dans le cas contraire, tout ce que vous direz pourra et sera utilisé contre vous devant un tribunal. Vous avez le droit de consulter un avocat et d'avoir un avocat présent lors de l'interrogatoire. Si vous n'en avez pas les moyens, un avocat vous sera désigné d'office, et il ne vous en coûtera rien. Durant chaque interrogatoire, vous pourrez décider à n'importe quel moment d'exercer ces droits, de ne répondre à aucune question ou de ne faire aucune déposition.

— Lâchez-moi ! Mon père va vous attenter un procès !

Je le menotte et les gars m'aident à le contrôler et à le relever.

— Que ton père le fasse. Ça va être bien. Il verra son fils payer son crime, dis-je.

Il me méprise du regard et on l'emmène avec nous.

*

Nous sommes tous les trois derrière le miroir sans teint.

Il est en train de parler à son avocat qui lui dit de plaider non-coupable.

— Je hais lorsque les preuves sont là, mais que l'accusé persiste dans son mensonge, commente Gideon avec un soupir.

Je le regarde.

— J'y vais pour l'interroger.

Je lui prends le dossier des mains, passe à côté d'Elliott qui ne bronche pas et me trouve dans l'autre pièce.

L'avocat et Parker me regardent.

— Il va plaider non-coupable, dit l'avocat.

Je ricane.

— Non-coupable ? Alors qu'on a trouvé son ADN sur elle ? Ça ne passera pas. Même pas devant le jury. Surtout avec ce type de dossier.

Je balance à l'avocat le dossier de Mary avec son témoignage.

— Le père de Parker a tenté d'étouffer les indices. C'est de la complicité. Il vaut mieux que vous revoyez votre défense avec votre client.

Je les dévisage tous les deux, prête à m'en aller mais il hurle que Mary est une allumeuse et qu'elle l'a chauffé.

Mais bien sûr !

Ces types me dégoûtent et me font pitié.

Et le pire, c'est quoi ? C'est que sa peine ne sera même pas élevé pour ce qu'il a fait.

*

Nous sommes dans le bureau avec Gideon.

C'est silencieux.

Les autres n'ont pas finis de déjeuner mais nous, c'est le cas.

Cassandra nous a bien gâté avec un gratin de macaroni au fromage.

Je suis à deux doigts de dormir tellement j'ai mangé et Gideon aussi.

Mais je me donne une claque pour terminer ma déposition et mon rapport sur l'affaire lorsque que des bribes d'images apparaissent. Ça me fait un mal de chien et je distingue des visages précis dans mon esprit avant qu'ils ne s'effacent.

Je ferme les yeux et grimace avant de les rouvrir.

Je pose ma tête entre mes mains et je soupire.

Je lorgne le bouquet de roses qui prend de la place sur mon bureau et l'ordinateur portable.

Elliott débarque et je me lève pour aller vers Gideon qui était en train de faire la même chose que moi. C'est le moment parfait !

— Gideon, n'oublie pas mon service, chuchoté-je.

Il lève les yeux vers moi et on jette un coup d'œil à Elliott qui se poste derrière son bureau.

Deon soupire et je le remercie tandis qu'il me suit pour récupérer l'ordinateur et se dirige vers Elliott.

Je fais mine de bosser, l'oreille bien tendue.

— Elliott, désolé de te déranger mais mon ordinateur a beugué hier soir à cause d'une fenêtre « pop-up ». Ça a eu du mal à partir et ça a fait sauté le courant chez moi. Je sais que tu t'y connais un peu alors ...

— Oh euh oui, bien sûr. Donne. Je vais regarder ça.

Il prend l'ordinateur et l'ouvre.

Je les regarde.

Mon Dieu ! J'espère que Billie n'a pas de trucs bizarres sur son ordinateur. Elle ouvre des tonnes de pages de magasin en ligne et des blogs sur la beauté ou je ne sais quoi ou elle lit ses histoires d'amours là.

D'ailleurs, Gideon se racle la gorge et je croise son regard.

Je le savais !

— En fait, tu veux que je retrouve le « pop-up » en question ?! demande Elliott.

— C'est ça !

— Avec les anti-virus du marché et tous les autres logiciels pour protéger l'ordinateur, ça ne bloque pas les « pop-up » surtout si tu vas sur des sites de partages pour regarder les séries et les films, explique-t-il.

— Oh. OK.

Je vais vraiment avoir du mal à me faire à l'Elliott gentil.

Il pianote sur le clavier rapidement puis il fronce ses sourcils avec un petit rire.

— Euh ... Wow. C'est une sacrée adresse ce « pop-up » ! s'exclame-t-il. C'est ... Ça n'a laissé que la trace de l'apparition, mais c'est codé et crypté, Gideon.

— Quoi ?

Ils lèvent leur tête vers moi et je déglutis.

— Euh ... en fait, c'est l'ordinateur de ma meilleure amie, décidé-je d'avouer après plusieurs secondes.

Je me lève et je m'avance vers eux.

Elliott sourit en coin.

— Je me disais bien que Gideon n'allait pas regarder des vêtements sur Zara, Asos, Forever 21, Urban Outfitters et tout le reste, commente-t-il.

Puis nos regards se croisent et il décide de justifier.

— Pas que tu n'es pas le droit hein ! Mais, ça me paraissait évident. Puis, y'a le fond d'écran de session de ton amie, ajoute-t-il.

— OK, on a compris, le coupé-je, c'est pour moi que tu le fais. Bref. Comment ça a pu apparaître sur son ordinateur ce truc ?!

— Je ne sais pas, dit-il en haussant les épaules. La personne s'est très bien s'y faire. Elle a fait ça à distance pour pirater votre système, mais la personne a dû être en contact avec l'ordinateur pour insérer le « pop-up » de ce genre et le déclencher à distance. C'est un « pop-up » programmé en fait. Il a été crée que pour son ordinateur. Tu n'as pas une idée de qui ça peut être ?

— On a aucun ami professionnelle de l'informatique et son ordinateur, tout le monde le touche alors ...

— Eh bien, je ne peux pas t'aider plus mais je peux demander à mon père ...

Je referme l'écran et récupère l'ordinateur.

— Ça ira, Elliott. Je ne t'importunerai plus. Merci.

Je jette un regard à Gideon et je retourne à mon bureau.

Cette histoire de « pop-up » est clairement louche.

Qui s'amuserait à nous faire ça ?

*

18 heures.

Fin de journée.

Oui, parfois, nous finissions tôt comme parfois très tard.

Nous avons terminés notre rapport, le père de Parker Morris a fait un scandale, mais devant les preuves irréfutables accablant son fils, il s'est bien vite calmé et Parker va plaider coupable. Il n'avait pas trop le choix en même temps.

Mary sera sous protection judiciaire parce que le cas où la jeune fille meurt quelques jours plus tard, arrive souvent.

Nous avons été les premiers à finir notre cas et j'en suis satisfaite.

La victime a eu justice.

Gideon est parti depuis trente minutes car un ami à lui est en ville et moi, je m'apprête à y aller.

Je ramasse mes affaires et prends ce bouquet trop volumineux qui va faire rêver Billie d'un prince charmant. Moi, j'aime bien le romantisme mais je suis réaliste, des Ryan Gosling dans la vie réelle, ça n'existe pas. En tout cas, Billie y croit dur comme fer et ça me fait rire.

Je salue pour la première fois mes autres collègues ce qui les surprend mais bon, s'ils font des efforts, je dois en faire aussi.

Même Brittany s'y met, en revanche, aucune sincérité émanant d'elle.

Je ne sais pas si elle pense que je suis sa rivale mais si elle veut tous les gars de l'unité ou se faire passer pour la meilleure, je n'ai aucun souci avec ça.

Je sais ce que je vaux. Le regard des autres m'importent peu.

Je descends et je papote quelques minutes avec Cassandra qui ne finit que dans une heure, avant de lui souhaiter une bonne soirée.

Enfin, je quitte le poste de police et j'entends une voix masculine que je reconnais.

Je fronce les sourcils pour voir Elliott et une femme d'âge mûre à qui il dit que ce n'est pas nécessaire d'emmener des gâteaux.

Je m'avance en me faisant discrète parce que je devine que c'est sa mère - dingue de son fils pour venir au poste, et elle l'a fait plusieurs fois, mais toutes les autres, je n'étais pas là - sauf qu'elle s'exclame vivement :

— Mon chéri ! Ce n'est pas ta petite-amie que voilà !?

Je me tourne pour me dire qu'elle doit parler d'une fille derrière moi ou de Brittany parce qu'ils semblent proches tous les deux mais non. Il n'y a personne sauf des passants.

Je décide de continuer ma route mais elle en rajoute une couche.

— Ah mais c'est elle ! s'égosille-t-elle. Tu m'as parlé de ce bouquet ce matin !

Quoi ? Je regarde le bouquet et j'ai failli le lâcher.

Elle s'avance vers moi sans que je n'ai le temps de réagir et me fait presque sursauter lorsqu'elle m'enlace avec vivacité.

— Oh Edna ! C'est bien ça ?!

Elle s'écarte de moi et prend mon visage en coupe pour me regarder de haut en bas.

— Quelle belle jeune femme ! Mon fils avait raison, couine-t-elle avec un petit rire.

Dans ma tête, c'est le chaos.

Je vous assure que je suis à deux doigts de l'assommer cette femme. Elle est malade ou quoi ?

Je ne suis pas la copine de son fils hein ! Archiiiiii pas !

— Oh ! Quelle impolie je fais ! Je suis Patricia Levy. La mère d'Elliott, se présente-t-elle en me serrant la main, de sa main libre qui ne tient pas le Tupperware de gâteaux.

Hé! Ça a l'air bon ce qu'il y a dedans...

Ça me fait penser aux gâteaux de la mère de Mirah. Une autre très bonne amie à nous qui est d'origine iranienne et algérienne. Elle a aussi un peu d'Egypte en elle.

En tout cas, leur pâtisserie orientale était juste fabuleuse. Amiri, Billie et moi, on se tuait l'estomac lorsqu'on était chez Mirah et qu'on buvait le thé et tout le reste. Sa mère est aussi une divine cuisinière.

J'admets que Billie et moi, on s'entoure de personnes qui savent reconnaître la valeur de la nourriture.

Et oui, nous avons des amies de toute horizon. Comme la nourriture.

Mais je reviens rapidement à moi lorsqu'elle lâche :

— Oh mais Ellie mon chéri ! Ne fais pas ton timide voyons ! Viens !

Elliott aussi est en mode « choc » et sa mère se tourne vers moi avec le sourire.

— Je comprends pourquoi il ne voulait pas que j'entre dans le poste de police pour donner ces gâteaux que j'ai fait. C'est parce que tu es là et que depuis un an et demi, son père et moi, on lui demande de te nous présenter. Mais à chaque fois, il nous sort l'excuse que tu n'as pas le temps. Alors là, je suis très contente de te voir.

Dieu. Si tu m'entends, fais que cette journée cesse.

Mais c'est quoi cette blague ?

Elliott arrive à nous avec un sourire crispé.

Alors lui, il est foutu. Je vais l'a-che-ver !

Donc ça fait un an et demi que je sors avec un type qui m'insultait juste hier de guenon et sa mère a l'air de s'en foutre.

OOOOOO.KKKKKKK

Sa mère sautille presque lorsqu'il se poste à côté de moi, moi, j'ai juste envie de le frapper à nouveau.

— Vous êtes a-do-rables ! Vous ferez de beaux petits bébés ! J'ai hââââââte ! 

— Maman ...

Oh mon Dieu ! Donc maintenant, on passe direct à ça ?! Non, là, c'est une blague monumentale ! Ma vie prend un tournure cha-o-tique !

Moi, j'attends que Boris Kodjoe entre dans ma vie ouais ! Je n'ai pas ces projets là avec lui.

— Quoi ? se défend sa mère. Ça fait un an et demi que vous êtes ensembles quand même ! Edna ma chère, que dirais-tu de dîner chez nous vendredi soir ?! Ça nous ferait extrêmement plaisir. Elliott t'as assez caché comme ça hein ! Coquin va ! dit-elle en gloussant puis en lui frappant l'épaule.

Je crois que je vais faire un malaise.

Je veux faire un malaise !

Mais il n'arrive pas !

IL N'ARRIVE PAS CE MALAISE !

Respire Edna, respire !

Tu vis un énorme gag là.

Donc, je me mets à rire nerveusement devant eux.

Réaction normale.

Sauf qu'elle ne comprend pas que son fils lui a menti.

Et elle pense que je ris avec elle.

Et Elliott me regarde et me supplie de ne rien dire.

Je m'apprête à ouvrir la bouche, mais les paroles de ma mère s'invite dans mon esprit « Aide ton prochain ».

Euh ça non ! Il a menti. Mentir, c'est péché !

— Je l'aime déjà mon cœur. Alors, tu acceptes ?

— Maman, laisse-là rentrer, elle est fatiguée.

Voilà ! Aide-moi à me casser d'ici.

— Tu ne la raccompagnes pas ? le questionne-t-elle presque outrée.

— Je ...

— Je vais voir une amie.

Ils me regardent tous les deux.

Il faut que je fuis de ce monde qui ne tourne plus rond depuis hier.

Rien n'est normal.

Tout part en cacahuète.

— Ahhhhhhhh ! laisse-t-elle échapper avec soulagement. J'ai appris la galanterie à mon fils quand même ! Ça me rassure. Bon, eh bien, on va te laisser. Tiens, prends ces gâteaux du coup. C'est pour toi. Je suis contente d'avoir fait ce saut au poste, sinon j'aurais encore attendu longtemps avant de te voir. On se voit vendredi alors ?

Quoi ? Je n'ai pas donné ma réponse et elle pense que j'ai accepté.

— C'est ça, grimacé-je un sourire.

Jamais, je n'irai à ce plan foireux.

— Au revoir, madame Levy.

— Appelle-moi Pattie ou belle-maman, glousse-t-elle.

Là, je dis mentalement « Starf'Allah » comme mon père dit lorsqu'on dit des conneries selon lui.

Elle me plante un baiser sur la joue et je décide que c'est le moment de partir mais ...

— Chéri ? Tu ne dis pas au revoir à ta petite-amie ?! Ne faites pas les timides voyons ! J'ai vécu la période hippie moi !

Ouais, ça ! Je ne doute pas !

Elle a trop fumé de l'herbe à cette époque et le reste est encore dans son organisme.

Quel « au revoir » même ?

Alors là, dans ma tête je « Tchip » comme Mama, Cassandra et Marilyn.

Elle est dans l'abus le plus extrême. Son attitude est un choc intergalactique pour moi. Cette femme est toquée.

Et là, je me dis que je vais lui dire que je suis malade, mais elle m'a déjà embrassé trop de fois.

Et encore une fois, je suis au bord du cataclysme mental.

Elliott s'approche de moi et je recule d'un pas, mais je n'ai pas le temps de lui dire de ne rien faire et il dépose ses lèvres à la commissure des miennes.

Je me liquéfie, ne laisse rien paraître et montre mes dents comme une idiote de première.

Heureusement qu'il n'a pas posé ses lèvres sur les miennes. Il n'est pas suicidaire. Il aurait pu quand même me faire ça sous la joue.

Sa folle de mère s'excite davantage. Je n'ai jamais vu une femme comme ça. Je ne savais même pas que ça existait à vrai dire.

— Des petits timides ! Allez, on te libère jeune femme vaillante ! Rentre-bien ma belle et n'oublie pas vendredi soir.

Je garde ce sourire factice sur le visage et déguerpis aussi vite que possible et je me dis que dès que je rentre, je ... je ... je pleure sur mon sort ?!

Je l'entends dire « Elle a une sacrée vue postérieure hein ! J'aime beaucoup. » et je me retiens de me retourner pour insulter cette femme.

Elliott la réprimande et je m'engouffre le plus vite possible dans ma voiture pour fuir cette journée.

Ma vie n'est plus normale.

Hier tout allait bien.

Aujourd'hui, c'est n'importe quoi.

Et demain, ça sera le chaos ? 


***

« Le changement ne prévient jamais. Il apparaît comme un cheveu sur la soupe et attend la suite des événements. Cela se fait sans qu'on ait le temps de faire pause. Amusant non, le changement ? ». JFL


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