2.
Edna Fall
À ma grande surprise, le diner s'est passé agréablement. Sans aucun pépin, sans esclandre.
Et c'était reposant.
Le fait d'avoir un diner normal, autour de gens que j'aime, m'avait ramené à la réalité et m'avait fait oublier cette très longue journée, ainsi que les événements passés.
Même Billie s'était prêtée au jeu. Elle ne menait pas la discussion comme à son habitude, mais répondait aux questions qu'on lui posait.
Et, je la voyais lutter contre la douleur qui la prenait. Force est de constater, qu'elle savait davantage gérer ses visions que moi, c'est pourquoi personne n'a pu déceler ces moments de douleurs intenses qui la prenaient, mais je sentais bien ses ongles, pincer la chair de ma peau.
Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour une amie qu'on chérissait plus que tout au monde ?
J'avais remarqué qu'elle s'était laissée voir l'une des visions qu'elle tentait de réfréner, car elle avait les yeux, puis elle avait fixé son père plusieurs minutes avant de détourner son regard au moment où il allait croiser le sien.
Elle parut aussitôt accablée. J'étais vraiment mal pour elle. C'était ma meilleure amie - et encore, je la considérais comme ma soeur jumelle - et je n'aimais pas la voir, attristée, par ce type de situation. Ça me faisait mal au coeur.
Nous allions passer au dessert lorsque Billie se proposa d'aller le chercher comme pour respirer autre chose que le minois gêné de son père.
Je comprends immédiatement qu'elle veut me parler, alors je me propose aussi sans que nos parents y prêtent réellement attention, entièrement plongés dans leur conversation concernant ... je ne sais plus vraiment.
Il n'y a que Russell qui se doute qu'on veut s'éclipser.
Et Hanna est sur son téléphone donc elle se moque bien d'où nous allons, sinon elle aurait émis un commentaire.
Nous arrivons à la cuisine et je sors les assiettes à dessert que ma mère a pré-sorti pendant que Billie sort le gâteau du réfrigérateur, bien silencieuse. Ça me manque presque de lui demander de se taire.
Et je comprends bien qu'un changement s'opère chez elle comme chez moi. Contre notre gré.
Je lui jette un rapide coup d'oeil avant de sortir les cuillères, ne sachant comment lancer la conversation. Elle est totalement enfouie dans ses pensées ce qui me perturbe. Ça doit être grave.
— Edna, Billie ?! Dépêchez-vous de ramener le gâteau que j'ai fait ! hurle mon père du salon. Mangez ça là-bas, je vais venir vous cogner, gourmandes que vous êtes ! Vous nous croyez bêtes ou quoi ?! Je vous jure ses filles, elles ne vont pas se marier, elles ne pensent qu'à manger ...
Billie sort de ses pensées, le sourire aux lèvres et on éclate de rire.
Qu'est-ce que mon cinglé de père m'avait manqué. Il ne faisait que de commenter et de sur-commenter. Il était juste inépuisable. Surtout lorsqu'il y avait des invités. Et ce soir, il avait fait le grand diplomate, philosophe, orateur ... Tout ce que vous voulez. À croire qu'il avait vécu 45 vies.
Mais, ça me rendait très fière de lui toutes ses connaissances qu'il avait.
— Monsieur Idriss Fall nous connait trop bien. Si j'étais dans mon état normal, c'est-à-dire très bavarde et commentatrice, je me serai servie une part de gâteau avant tout le monde pour éviter ...
— Tout risque d'empoisonnement possible, terminé-je le sourire en coin. Tu te souviens lorsqu'on avait mangé tout le gâteau de la voisine et qu'après on l'avait caché à ma mère ?!
— Oui, s'esclaffe-t-elle. On avait décidé de ne rien dire, puis la voisine a demandé à ta mère, comment était le gâteau, alors qu'il avait déjà disparu dans nos estomacs.
Nous rions à nouveau en se tapant dans les mains comme des idiotes. On finit par se calmer pour éviter que mon père ne débarque et un constat se tient devant nous : nous avions toutes les deux peur de la suite des événements et des changements qui s'opéraient dans notre vie.
— Ah ! C'était si simple lorsqu'on était gamines, dis-je avec un soupir.
Elle acquiesce en repoussant une mèche de cheveux et je finis par lui demander ce qui n'allait pas.
Elle me regarde avant d'exhaler et se lance :
— J'ai ... eu une brève vision de Russell, répond-t-elle. Une brève vision, répète-t-elle.
Je m'en doutais. Je la connaissais comme ma poche ma Billie.
Touchée par son mal être visible, je l'étreins d'un bras pour la consoler et lui montrer que je serai toujours là pour elle.
— Tu veux en parler ?
— Je ... Je sais que tu y crois au pardon, dit-elle. Edna, tu pardonnes toujours parce que tes parents t'ont appris le pardon. Ma mère aussi me l'a appris, mais je n'y arrive pas. Je ne suis pas comme toi. Sauf que maintenant ... je devrais ... peut-être ... lui laisser une chance. Pour qu'il s'explique.
Je m'éloigne d'elle doucement, ancre mon regard au sien et l'interroge sur sa vision. Elle a l'air davantage perturbée et elle se tripote les doigts dans un geste nerveux.
— Il ... Je ne pense pas qu'il ....
— Mon Dieu, les filles ! Papa nous fait péter un câble parce qu'il en peux plus d'avoir fait un gâteau, débarque Hanna. Vous êtes là à papoter alors qu'il fait sa pub là-bas ... Ah ! Je vous dérange vraiment, constate ma petite soeur.
— C'est bon, Hanna Banana. On en parle plus tard, intimé-je à Billie.
Elle acquiesce, se colle un sourire joyeux sur la face et nous regagnons le salon.
Au moment où Billie sert toute le monde et que je distribue les assiettes, la porte sonne.
— Vous attendez quelqu'un ? demandé-je à ma mère.
— Non. Vas-y ma chérie.
Je ne me fais pas prier et découvre un Gideon, gêné. Je lui lance donc un regard surpris et mon coeur commence légèrement à accélérer face à son regard insistant et son joli minois que j'aime tant.
— Hé ! Qu'est-ce que tu fais là ?
Un sourire inattendu s'étale sur mes lèvres, réellement heureuse de le voir après notre brève embrassade plus tôt dans la journée dans les vestiaires. Quand j'y repense, Gideon est probablement le petit ami idéal. Il est toujours protecteur et très à l'écoute avec moi. Et ce, depuis le début.
Tous nos moments ensembles me reviennent en mémoire durant cet instant de silence.
Ses grands yeux bruns m'auscultent avec insistance, alors je brise ce silence en réitérant ma question.
Il me regarde hébété, se demandant si je viens de la planète Terre. En même temps, je suis joyeuse alors que j'ai échappé à la mort aujourd'hui ... C'est peut-être pour ça, d'ailleurs.
Cet implant avait définitivement des effets étranges sur ma personne.
J'avais envie de moins me prendre la tête pour ma carrière et vivre au jour le jour. Savourer l'instant présent et ...
— Tu ... vas bien ? bafouille-t-il en m'interrogant.
— Oui, je vais bien Gideon. Mis à part quelques courbatures et égratignures, je vais bien.
De toute façon, mon état ne pouvait pas être pire à cet instant. Après le long week-end que nous avions passés à subir des tests, mon corps tenait assez bien le choc.
Il me fixe avant de regarder par-dessus son épaule la voiture de police du Chef.
— Il nous a raccompagné, dis-je en anticipant sa question.
Il hoche la tête et plisse ses lèvres entre elles avant de taper dans ses mains et de les frotter entre elles, un sourire craquant aux lèvres.
— Génial. Je suis content de savoir que ça va. C'est ... vraiment perturbant tout ce qui t'arrive. Et, tu n'as même pas l'air choqué par la journée que tu as passé et ... ouais, ça m'inquiète pour toi, avoue-t-il. Je ... J'ai peur pour toi. Tu ... es différente. Je le sens. Et, je ne veux pas te perdre, conclut-il.
Ses paroles me vont droit au coeur et elles y propagent un sentiment de bien-être diffus qui envahit tout mon corps. Ça faisant longtemps qu'un homme ne m'avait pas dit ça. Le dernier en date était Aaron.
D'ailleurs, je devais absolument savoir s'il était là avant mon accident raté...
— Tu vois, tu n'es même plus concentrée, Edna. Qu'est-ce qui ne va pas ? Avant, tu te confiais à moi sans hésiter.
— Je ne sais pas vraiment, répondé-je. Il se passe des choses que je ne contrôle pas. Et, je ne sais pas si ça m'effraie réellement ou si ... je ne sais pas très bien. Tout se réorganise dans ma tête et ça me perturbe beaucoup.
Il pose sa main tiède sur ma joue et je savoure la douceur de celle-ci avant de m'approcher de lui pour l'enlacer comme si ma vie en dépendait.
Et ça me fait du bien de le ressentir resserrer notre étreinte.
Ça faisait du bien de se savoir, aimée sentimentalement parlant. Je n'avais plus vraiment de doute sur les sentiments de Gideon envers moi.
— Je sais que ce n'est pas réciproque Edna, me confie-t-il, mais ça ne change rien au fait que tu peux compter sur moi. Toujours. Je ne te laisserais pas. Même si tu me le demandais.
Je m'écarte de lui en laissant une infime distance entre nos deux visages, me préoccupant que de cet instant présent, oubliant complètement qu'un gâteau m'attendait, oubliant complètement les problèmes qui me tombaient dessus sans crier gare.
— Qui t'as dit que ce n'était pas réciproque ? murmuré-je sans le quitter du regard.
Et prise d'une soudaine assurance, je pose mes mains sur ses joues et plaque tout simplement mes lèvres sur les siennes.
La sensation est agréable et lorsqu'il m'attire contre lui, je me dis que rien ne vaut une vie normale avec des gens qu'on apprécie.
Elliott avait peut-être raison. J'avais tellement été touchée par ma rupture avec Aaron que je n'avais plus prêté au fait que j'avais le droit de retomber une nouvelle fois, éperdument amoureuse de quelqu'un. Et surtout, je n'avais pas à avoir peur de l'amour, certes, c'était un risque à prendre, mais je devais avancer.
Et ... peut-être que je voulais et que j'étais prête à avancer avec Gideon.
— Ahhhhh Dieu mais pourquoi ? Mais pourquoi ?
Je sursaute de terreur et pousse tellement fort Gideon qu'il trébuche, et qu'il dégringole des marches du perron. Mon coeur cesse de battre et je rabats mes deux mains sur ma bouche.
— Wayewohhhhh ! En plus tu tentes de le tuer ?! s'écrit mon père. Mais, c'est quoi ça ?! Edna Fall ! Mais, c'est.quoi.ça ?!
Je ne me préoccupe pas des cris de mon paternel et descends pour voir si tout va bien et aide Gideon à se relever. Il grimace de douleurs tout en tentant de le masquer.
— Je suis vraiment vraiment vraiment désolée Gideon, lui dis-je. J'ai juste flippé et ...
Il pouffe en me regardant et je me retiens de rire surtout lorsque mon père ricane nerveusement et que tout le monde s'est rameuté sous ses cris.
Mais qu'est-ce qu'il m'avait pris aussi de faire ça sous le perron de mes parents ?
— En plus, il rigole ! Ah bon ? Tu es comme ça, Gideon ! Hanna va chercher le balai, je vais aller en prison aujourd'hui même...
— Tu es sérieux pas P'pa?! glousse Hanna.
Il lui lance un regard meurtrier et elle s'en va, hilare tandis que je veux expliquer la situation à mon père, mais il se lance dans l'explication de la scène qu'il a vu, puis à la fin, tout le monde rit ce qui l'agace aussitôt.
— Vous riez ? Vous RI-EZ ?! Il a posé ses lèvres sur ... Oh mon Dieuuuuu. Mais c'est comment ?! Je croyais qu'il aimait les gar...
— Papa ! le coupé-je. C'est trop long à expliquer et ça ne te regarde pas. Voilà.
— Voilà ?! VOI-LÀ. Hé hé hé ! Tu es culottée Edna ! Tu crois que je suis né de la dernière pluie, c'est ça ?!
— Non, dis-je avec le sourire aux lèvres, mais je suis une adulte.
— Adulte ?! Ça veut dire quoi même pour toi ?! Si ça veut dire que je ne peux pas te chicoter ...
— Bien sûr que tu le peux, rétorqué-je en levant les yeux, mais ... Bon, eh bah, vue la situation autant le dire, on s'aime bien lui et moi alors ...
Il fait semblant de s'appuyer sur ma mère pour prétendre un malaise, mais ma mère est toute heureuse, comme tout le monde finalement.
— J'ai toujours su que tu finirais avec Gideon, intervient mon frère avec un large sourire. Tu parlais trop de lui. Gideon par-ci, Gideon par-là ... Allez, entre mon gars !
Ma mère me fait un clin d'oeil et tata Maria dit à sa fille que c'est à son tour de se trouver un petit copain charmant.
Mon père est littéralement déconcerté. C'est Russell qui lui dit que les histoires des jeunes sont compliquées et mon patron l'affirme donc ils l'emmènent avec eux.
Je me retrouve donc avec Billie, Hanna et Fatima qui font une danse de la joie. Je lève les yeux, excédée.
— Tu as deux mecs ! DEUX mecs ! s'écrit Hanna. Un que tu vas marier et un qui est ton petit-copain. Ça marche vraiment le dicton qui dit « Un de perdu, dix de retrouvés ».
— Ouais mais là, c'est deux de trouvés, me taquine Billie.
— Papa a vraiment vu la scène ? demande Fatima. Mon beau-père va en faire des cauchemars ...
— Il va vous tuer Edna ! ajoute Hanna.
— Mais grave ! Nan mais Edna, t'as tout déchiré ..., rétorque ma meilleure amie.
— Taisez-vous ! les coupé-je. Vous avez été silencieuses ce soir et ça m'a fait du bien ! Alors, aucun commentaire. On mange le gâteau et on se tire Billie.
Je les empoigne par le bras tandis qu'elles ricanent comme des hyènes.
Dans le salon, Gideon n'est pas mal à l'aise et mange même tranquillement son gâteau qu'il commente.
— Votre gâteau est excellent Idriss. Vraiment.
— Ouais. Mange bien. On va régler ça tout à l'heure. Truand, vaurien, enfant du diable ...
— Mais laisse-le tranquille papa, rit Zack. Edna est une grande fille. Puis, tu as toujours aimé Gideon, admet-le.
— Oui mais je ne pensais pas que ...
— Oui, il t'a toujours apprécié Gideon, adjuge ma mère.
Mon père fixe Gideon et dès que j'apparais dans son champ de vision, il m'attrape par le bras.
— Donc, le mariage avec l'autre, comment ça va se passer ?!
— C'est pour le travail Idriss, explique Antony. Ne t'en fais pas mon ami, Gideon est un homme bien et Elliott l'est aussi mais parfois, le travail prend le dessus sur la vie personnelle.
— Exactemente Idriss, appuie Maria en jetant un coup d'oeil à Billie. Parfois, on pense avoir le choix, mais on ne le peut vraiment pas.
Je veux regarder Billie, parce que je sais que ces paroles implicites lui sont destinées, mais je ne peux pas, puisque mon père veut que je lui explique la situation de A à Z, sinon il m'avertit que j'aurai sa mort prématurée sur la conscience.
Je ris donc avant de lui embrasser la joue, tout en lui disant à quel point je l'aimais.
Ah là, là. Mon père, cet acteur.
***
Billie Fernandez
On se sépare après ce diner qui m'avait foutu les jetons.
Alors, qu'il n'en était rien.
Mis à part, une vision dont je devais absolument parler à Edna et qui m'avait fait re-considérer la situation de Russell McCarthy...
Ma mère et Eva se promettent de se voir cette semaine, car il ne fallait pas oublier que le faux mariage d'Edna approchait à grand pas, Idriss force mon géniteur et Anthony pour qu'ils aillent boire un café dans la semaine. Anthony Taylor finit par accepter avant de s'en aller avant nous, étant un grand fan d'Idriss avant de s'en aller car son épouse l'attendait où du moins, l'assiette qu'Eva et Maria lui avait donné.
Et nous, nous rions entre « jeunes ».
Zack est clairement heureux de savoir que sa soeur est en couple avec Gideon et Fatima aussi, même si elle doit penser comme Hanna et moi.
Edna a du agir comme ça sur un coup de tête sans réellement réfléchir à la situation. Elle est tellement naïve de ce côté là, que je vais peut-être devoir lui remettre les pendules à l'heure sur la situation. Même si j'étais heureuse pour elle et Gideon bien sûr. Malheureusement, mon instinct me disait qu'elle allait peut-être le regretter ou en souffrir tous les deux de cette relation.
Oui, je l'avais poussé dans les bras de Gideon, mais maintenant que c'était fait, ça ne me plaisait plus trop.
Gideon était comme un poisson dans l'eau. Il avait obtenu ce qu'il voulait depuis qu'il connaissait Edna. Finalement, lui avoir déclaré ses sentiments l'avaient aidés.
— Il faut qu'on se fasse une sortie, un de ces quatre, dit Zack.
— J'espère que je compte, intervient Hanna.
— Mais oui, petit tête !
Il l'étreint ce qui fait sourire Edna et Fatima. Zack était tellement protecteur avec nous, mais pas dans le genre de grand-frère agaçant et prise de tête.
— En plus, la nounou qui garde Jamal est adorable, commente Fatima.
— Il me manque mon Jamal. On passera le voir Billie et moi, dit Edna.
— Pas de souci...
— Si Raymondo ! Estoy llegando ! Estoy con mis amigos , por supuesto ! dit ma mère au téléphone. ( Oui, Raymondo. J'arrive ! Je suis avec mes amis, voyons ! )
Elle finit par raccrocher en jurant et salut une dernière fois ses amis de longues dates avant d'être suivi de Russell qui compte la déposer chez elle.
— Je rentre mi corazon. Ray est en train de s'impatienter, dit-elle en m'embrassant les deux joues ou plutôt tout le visage.
— Arrête ! rigolé-je.
— Tu m'as trop manqué. Je te le jure. Bon, on y va. Et merci de ce que tu as fais pour ton père ..., me chuchote-t-elle.
— Il peut me déposer ?
Je ne sais pas pourquoi cela est sorti, mais c'est sorti. Nous échangeons un regard et ma mère tente de masquer sa joie sauf qu'elle le fait trop mal, car elle commence à faire la croix et à regarder le ciel, les larmes aux yeux.
— Mais ... tu ne rentres pas avec Edna ? fait-elle.
— Gideon et elle vont faire un tour, menté-je. Tu peux Russell ?
Celui-ci a le regard ébahi, presque comme tout le monde. C'est tellement inattendu de ma part que ça leur en bouche en coin.
— Euh ... oui. Bien sûr. Bien sûr.
— Chouette, fais-je avec nonchalance alors qu'à l'intérieur de moi, c'était la tempête. Bon, bisous tata Eva, tonton Idriss !
Je leur donne une brève accolade et l'homme que j'ai toujours considéré comme mon père de coeur me fit :
— Je suis fier de toi Billie, me confie-t-il après mon accolade. Le pardon apaise le coeur et l'esprit.
Je ne sais pas quoi lui répondre alors j'esquisse un sourire et je dis au revoir aux autres.
Edna me regarde partir, inquiète mais je sais ce que je fais.
(NDA : À écouter avec "I hate you, I love you" de Gnash. Ce type est un magicien et les gens le découvrent que maintenant. Anyway en média ou signe sonore 😁)
Nous entrons donc dans la voiture assez luxueuse de mon géniteur.
La douleur reprend sauf que je la fais taire en pensant à autre chose que celle-ci, ce qui marche plutôt bien.
Même si, elle se fait persistante car ma rancœur envers lui et bien présente, surtout dans cette voiture qu'il a pu se louer.
Et dire qu'avec ma mère, nous avions connus des jours difficiles, car nous n'avions pas assez d'argent. Heureusement qu'Idriss l'aidait sans demander de remboursement.
Russell savait-il tout ça ?
Je croise son regard dans le rétroviseur avant de le détourner. Ma mère meuble le silence et je l'en remercie.
Après une bonne vingtaine de minutes de route, nous arrivons devant le bâtiment de mon enfance.
Il coupe le moteur tandis que ma mère lui tape la bise et je quitte la voiture pour l'attendre à l'extérieur. Elle finit par en sortir le sourire aux lèvres et me serre encore une fois contre elle.
— Sois compréhensible avec lui hein ? Por favor ?
— Je ne comptais pas lui demander sa version des faits ce soir, avoué-je.
Elle fronce les sourcils et me demande ce que je comptais faire alors. J'hausse les épaules pour toutes réponses.
— C'est déjà un énorme effort que tu fais. Je t'en remercie ma chérie. Te quiero.
— Tu n'as pas à le faire Mama. Et je t'aime aussi. J'ai réalisé des choses et puis, c'est tout.
Elle penche sa tête sur le côté avec un sourire attendri et me répète encore une fois, à quel point je lui avais manquée durant ces derniers jours.
— Mais, je vois une nouvelle Billie que j'apprécie tout autant que l'ancienne, ajoute-t-elle. Tu ... grandis.
Je lève les yeux et l'enlace une dernière fois. Qu'est-ce que je l'aime cette femme ! Elle est tout pour moi. C'était l'une des personnes pour lesquelles je sacrifierai ma vie sans me poser des questions. Et, elle aussi m'avait énormément manqué.
Je finis par la relâcher et elle me fait promettre de l'appeler avant de s'en aller.
Je la regarde entrer dans le bâtiment puis je respire un bon coup, avant de pénétrer dans l'habitacle de la voiture.
La brulure refait surface tandis que j'attache ma ceinture.
— Je ne te donne pas mon adresse, tu dois savoir où je vis, laché-je, sarcastique, en rappel à sa visite surprise.
Il ne dit rien et démarre.
Je me laisse transporter par le paysage nocturne de New-York que j'aime tant. Toutes ses lumières et l'immensité de ses bâtiments, son rythme soutenu même en pleine soirée d'hiver.
Et en fermant les yeux, des souvenirs de ma jeunesse me submergent. Beaucoup sont peuplés d'Edna et de sa famille. De leur soutien inconditionnel et de leur amitié sans faille. Beaucoup de moments de bonheur. Mais, il y a ces soirs là qui me reviennent à l'esprit. Lorsque ma mère pleurait car elle croulait sous les factures, qu'elle n'avait aucun soutien financier, qu'elle n'avait pas d'homme à aimer et qu'elle était désespérée.
Ces soirs-là, j'en voulais horriblement à cet homme. À mon géniteur.
— Tu peux être honnête avec moi Billie...
Sa voix me sort de mes pensées et je me redresse pour me tenir bien droite sur le siège confortable.
Je sens son regard inquiet sur moi et il bifurque à gauche. Nous sommes bientôt arrivés.
— Je te déteste.
C'était la chose qui voulait sortir. Et, j'ai dû le répéter jusqu'à qu'on arrive, le moral dans les chaussettes, les visions voulant apparaitre.
Il finit par se garer et coupe le moteur encore une fois.
C'est dans ce silence pesant, de regret qu'il lâche :
— Moi aussi je me déteste Billie. Sache-le.
Je tourne ma tête dans sa direction et le scanne du regard. Ce que j'ai vu dans ma vision, m'intime de croire en ce qu'il a dit.
Je revois ses larmes lorsqu'on ...
— Tu es occupé ? Quand est-ce que tu retournes à Londres ? l'interrogé-je.
— Non. Et, je m'en vais en fin de semaine, normalement, ajoute-t-il.
J'acquiesce et soupire.
— Eh bien, je suis fatiguée ce soir. Mais, demain, on peut en discuter tranquillement, autour d'un déjeuner.
Son regard s'illumine et il accepte sans réfléchir.
— Cool. On se dit rendez-vous au alentour de 13 heures ?
— Ça sera parfait, Billie. Merci.
— Ne me remercie pas encore, Russell. Bonne fin de soirée.
Je quitte sa voiture sans attendre sa réponse mais il en sort et me dit :
— Sache que je n'ai pas passé un seul jour de ma vie, depuis ta naissance, à penser à toi. Crois-le ou non, mais un parent n'oublie jamais son enfant. Surtout son premier-né, même s'il l'abandonne.
Je ne me retourne pas à ses dires et me dirige juste vers l'entrée du bâtiment sans savoir quoi penser de ses propos.
***
— Alors ? Je suis tout ouïe, Billie.
Edna vient se poser sur ma couette, déjà prête à se coucher tandis que j'éteins mon ordinateur.
Étrangement, mon histoire avance bien et prend une tournure intéressante.
Je le pose sur ma table et lui demande comment s'est passé son tour du quartier avec Gideon.
— Ça s'est bien passé, dit-elle évasive, mais arrête de me faire languir Billie. Je suis encore choquée de l'effort que tu as accompli ce soir. Et, tu arrives vraiment bien à contrôler tes visions. Comment tu fais ?
— Moi aussi, je me choque, avoué-je. Et, je pense à des choses que j'aime. Ça marche sur moi, en tout cas. Et toi ? On a tant de choses à se raconter.
— C'est vrai ! Commençons par ordre chronologique. Attends, je vais faire du thé.
Son enthousiasme me fait sourire et elle s'en va.
Pendant ce temps, je regarde mon téléphone que j'ai nettoyé de tous ses appels en absence ainsi que de ses messages.
Évidemment, nous avons avertis les filles de notre retour et nous avions prévus pour samedi soir, une soirée Disney pour qu'on se fasse pardonner. Nous avions acceptées sans hésiter.
Ce que je retenais le plus de tous ces appels et messages, ce sont de Douglas. Il avait vraiment été inquiet. Et comme une conne, je lui avais répondu avec un simple « Je vais bien » et depuis, aucune réponse.
Bon sang ! J'avais prévu des projets géniaux avec lui. C'était l'homme de ma vie quand même. Ne me demandez pas pourquoi mais je le savais.
Bon ... pour l'instant il n'avait pas répondu.
Il devait m'en vouloir.
Je repose mon téléphone en soupirant sauf qu'il se met à vibrer. Je saute presque pour le récupérer, le coeur battant. C'est lui. J'ouvre le message avec un sourire aux lèvres.
De Douglas ❤️:
Je suis content que tu ailles bien. Je suis impatient de te revoir.
Et tu m'as étrangement manqué.
Je voulais que tu le saches.
Passe une bonne nuit, très chère Billie.
Douglas.
Je me laisse pousser un cri de joie avant de me laisser tomber sur mon oreiller comme une gamine.
Je lui ai manqué !!!!!!!!! Il veut me revoir.
— T'es sérieuse d'hurler comme une dingue ?
Je me redresse en vitesse et balance à Edna que j'ai manqué à mon futur mari (qui ne le sait pas encore) et qu'il est pressé de me revoir.
Elle secoue la tête et me tend ma tasse pleine de thé à la vanille. L'odeur m'envoute déjà ainsi que le sentiment amoureux que Douglas me procure.
— Il m'aime Edna, il m'aime, dis-je.
— Toi, tu crois vraiment que l'amour, ça se fait en un regard. Nous ne sommes pas dans un conte de fée Billie, pitié !
— Eh bien avec Douglas, c'est ce qui est arrivé. Bref, je vais te raconter ma première journée de travail ....
Et c'était parti pour une longue discussion.
Elle était fière de moi, car elle avait un immense sourire sur la face et elle avait ri lorsque je lui avais dit que mon nouveau collègue, Henry Wilson avait le béguin pour moi.
— T'es tellement irrésistible ma Billie.
— T'as vu ça ! Et heureusement que je ne fais pas de sport et que je n'ai pas forcément le corps d'un top model. T'imagines ! J'en ferai tourner des têtes ...
On poursuit notre conversation avec l'incident de cette après-midi, mais elle tente de l'éviter.
— Il faut qu'on en parle de tout ça, appuyé-je.
— Demain, promis ...
Et on finit par déboucher sur la fin de soirée. Je m'apprête à lui raconter ma vision, mais je lui annonce que je vais déjeuner avec Russell ce qui la surprend encore une fois, alors je me lance dans mes explications.
En fait, cette vision fut très brève.
Je l'avais vu se prendre des coups par des types masqués et il leur hurlait, malgré la douleur de ne pas nous faire du mal. Et les hommes lui disaient « Tu vas partir Russell ou on les tuera. Et tu le sais ! ».
Puis, une autre vision avait pris le dessus et je voyais Russell en larmes, nous regardait de loin, au parc, un sourire triste aux lèvres.
J'étais encore un bébé mais j'avais croisé son regard. Maman était de dos sur le banc et lisait un bouquin. Il avait levé sa main dans ma direction et m'avait envoyé un baiser.
Du haut de mes 6 mois et dans ma poussette, j'avais montré mes deux dents pour imiter un sourire.
Et, il était parti pour ne jamais revenir.
— Il est parti parce qu'il n'avait pas le choix, conclus-je.
— Je suis désolée Billie.
— Ne prenons pas de conclusions hâtives malgré tout. Je veux vraiment qu'il me raconte tout. Je veux savoir pourquoi il est parti et pourquoi, il ne s'est pas battu pour nous.
— Billie. S'il n'en avait fait qu'à sa tête, le pire aurait pu vous arriver, souligne-t-elle. Il a agi en père de famille. Quitte à vous blesser, il valait mieux qu'il parte. C'est ... ce que j'aurais fait dans sa situation. Je préfère subir la haine de mes proches que d'avoir leur mort sur ma conscience. Tu ne ramènes personne d'entre les morts, mais tu peux pardonner et être pardonné avec le temps.
Nous nous regardons et je suis la première à détourner le regard.
Elle avait raison.
Malheureusement, la douleur de l'abandon était toujours présente. Trop présente sur mon coeur ...
— Tu penses que je fais une erreur avec Gideon ?
Je reporte mon regard vers le sien et elle esquisse un sourire. Je ne pense pas que ça soit le moment d'être franche avec elle, alors je décide de détourner ma réponse par une question.
— Comment Elliott va réagir ? C'est ça la vraie question.
Elle hausse les épaules avant de se glisser sous la couette. Avec tout ce qu'il s'était passé, on avait quand même un peu peur de dormir, seules.
— Moi, je pense que ça ne va pas trop lui plaire, répondé-je.
— Je n'ai qu'une vie Billie, me dit-elle. J'ai eu de la chance aujourd'hui.
Je fais comme elle et éteint la lampe de chevet avant de me coucher.
— On va s'en sortir Edna, déclaré-je après plusieurs minutes de silence. Je suis prête à réussir cette mission qu'ils nous ont donnés. Sauvons l'humanité.
— Sauvons l'humanité, répète-t-elle.
Sans crier gare, Morphée vient nous chercher.
***
À 8 heures tapante, nous nous trouvions devant l'élégant immeuble du FBI.
Edna m'avait faite remarquer que nous étions suivies et effectivement, Jessica n'avait pas plaisanté avec notre surveillance.
À peine, avions-nous fait un pas à l'entrée, qu'une assistante nous avait demandée de la suivre.
Je voyage mon regard partout face au lieu. C'est tellement beau. Tout est en verre et très épuré.
Nous prenons l'ascenseur et elle appuie sur le dernier étage du bâtiment.
Je m'accroche au bras d'Edna à cause de la vitesse de l'ascenseur ce qui la fait doucement ricaner et nous arrivons enfin.
Je me précipite presque de l'ascenseur pour en sortir et on suit l'assistante très bien habillée, je devais l'admettre.
Elle frappe à la porte et la voix douce et confiante de Jessica résonne.
Elle est déjà à son bureau, en train de noter je ne sais quoi sur un dossier et lève à peine les yeux vers nous.
Quelle arrogance !
En même temps, vu son poste et la beauté qu'elle a, elle peut se le permettre. Je ferai bientôt pareille, après j'ajouterai « Je rigole Coco ! J'aime juste voir mon effet sur la figure des gens ! ».
— Laissez-nous Margaret, dit-elle.
— Bien Madame.
La dénommé Margaret s'en va et nous nous retrouvons devant le bureau de Jessica qui nous invite à nous asseoir d'un simple geste de la main.
J'échange un rapide coup d'oeil avec Edna et on s'installe sans broncher. Son bureau est clairement à son image. Beau, sexy, empreint d'une certaine mysticité et d'arrogance à cause des meubles. Ouais, son bureau avait sa personnalité. Tout était savamment choisi pour lui correspondre avec des tons qui jouaient entre le chaud et le froid.
Elle termine sa note, referme son dossier et dépose élégamment son style plume sur son bureau avant de nous saluer avec un sourire qui se veut chaleureux.
Son visage rayonnait et aucune trace de fatigue n'apparaissait tandis que nous, c'était tout le contraire.
— Avez-vous passé une agréable nuit ?
La connasse. Elle voyait bien nos yeux cernés - et les miens étaient terribles avec ma peau blanche- et notre état vestimentaire.
— On aurait aimé dormir beaucoup plus ... commencé-je.
— Mais comme on craignait réellement l'escadron d'agents du FBI, on s'est réveillée plus tôt, conclut Edna.
— Ça me fait plaisir de vous l'entendre dire, dit-elle avec un sourire hypocrite. Ce n'est qu'en coopérant ensemble qu'on pourra fournir d'excellents résultats. C'est ce que nous voulons tous, n'est-ce pas ?
— Concrètement, qu'attendez-vous de nous ? demande Edna. Vous êtes juste l'interface entre nous et ce groupe mystérieux qui nous a élu, mais c'est quoi le but de tout ça ?
— Mis à part sauver le monde d'un danger dont on ne sait rien ? répliqué-je.
Elle croise ses doigts après avoir repoussé ses magnifiques cheveux roux et semble réfléchir à ce qu'elle va nous dire. Ça ne lui prend que quelques instants avant qu'elle ne délie sa langue.
— Si, cet implant marche parfaitement et que vous accomplissez la mission qui vous est incombé, nous pourrons avoir d'autres candidates à la tête de notre protection, et je parle à l'échelle planétaire, bien sûr, elles seront consentantes et elles auront préalablement subis des tests, un peu comme ...
— Les Amazones dans le DC Comics de Wonder Woman, dit Edna.
— Exactement, dit-elle avec le sourire. C'est un excellent exemple. J'aime beaucoup cet exemple. Mais, nous ne sommes pas là pour parler de ça. Tout d'abord, ...
Elle ouvre un tiroir et en sort un chèque de 50 000 dollars qu'elle tend à Edna.
— Ça sera suffisant pour votre mariage ? Si, vous avez besoin de plus, surtout n'hésitez pas. Les frais d'un mariage sont coûteux, alors vous n'avez rien à payer.
Edna et moi, avons la bouche ouverte devant ce chèque. Nous n'avions jamais tenu un chèque de 50 000 dollars en main.
— Ce n'est pas suffisant ? demande-t-elle.
— C'est que, ... j'espère qu'on va être payée à la fin de notre mission suicidaire, dis-je.
— Bien sûr, quelle question ! Je ne peux pas encore vous dire le montant, mais il ne vaudra jamais ce que vous allez faire pour les citoyens du monde ...
— Ça veut dire ... qu'on va être millionnaire ? questionné-je, excitée.
— Évidemment. Vous serez peut-être milliardaire dans quelques années, tiens !
Elle sait me parler cette femme.
— Quelle est la mission Jessica ? fais-je. Fallait être clair depuis le début voyons !
À moi, le luxe, les shoppings illimités et la nourriture à gogo et ...
— Merci pour le chèque Jessica, mais on va se débrouiller, dit Edna lui en tendant son chèque. Ce n'est qu'un bout de papier après tout alors que l'argent est invisible ...
Quoi ? Mais elle est folle !
Je lui prends des mains et le fourre dans mon sac.
— Il faut parler « argent » avec moi, certainement pas avec elle, rétorqué-je. En plus, elle se marie par obligation alors 50 000 dollars, ce n'est même pas suffisante à mon avis.
Jessica sourit et me dit qu'elle reviendra vers moi pour me demander si nous avions besoin davantage d'argent.
Bien sûr qu'on en aura besoin. Qui refuse l'argent ?
On ne compte pas Edna, elle est fatiguée.
— Bon. Parlons de choses sérieuses.
Elle sort un dossier classé confidentiel qu'elle nous tend.
— Voici ce que j'ai recueilli sur l'Ordre Suprême. Ça me vient tout droit de la CIA. C'est une secte apparement, qui est d'une puissance incontestable, mais dont on se sait très peu de choses. Mis à part le fait que de nombreux politiciens et hommes fortunés y appartiennent, explique-t-elle. Et, ils préparent un sale coup. Lequel ? Nous ne savons pas. C'est à vous de le découvrir.
— Comment voulez-vous qu'on le sache, étant des jeunes femmes lambdas sans avoir suivi une formation d'agent spécial pour ça ? l'interrogé-je. Pourquoi ne pas mettre sur cette affaire les meilleurs agents spéciaux de la planète ?
— Parce que seuls des personnes lambdas peuvent le savoir Billie, dit Edna. Nous sommes des personnes lambdas avec une particularité.
— C'est ça, acquiesce Jessica. Vous êtes notre seul issu.
— Je crois que l'Ordre Suprême a un lien avec les crimes commis sur les jeunes femmes, ajoute-t-elle. J'en suis même certaine. L'Ordre Suprême doit se douter pour les implants Jessica. Ces femmes qui meurent, ce sont des sacrifices. Ce sont des femmes carriéristes et ambitieuses qui peuvent changer la donne. Elles désiraient ou désirent changer le monde. Je suis l'une d'entre elles et Billie aussi en est une, dit-elle en se levant d'un bond. Ils sélectionnent ces femmes par des caractéristiques précises.
Elle commence à déambuler en prenant sa tête entre ses mains. Je comprends que ça carbure dans sa tête et moi, ça monte lentement, mais ses dires font leur effet.
Elle venait dire des choses très pertinentes.
— L'Ordre Suprême sait pour nous et c'est pour ça qu'il veut nous supprimer, fais-je. Ça veut dire qu'il y a un traitre chez vous, Jessica. Il rapporte ce que vous faites.
Jessica se retient d'écarquiller les yeux avant de prendre son téléphone. Elle n'appuie que sur le bouton « 1 » et elle dit :
— Il y a un traitre parmi nous et il balance les informations à l'Ordre.
Elle acquiesce simplement puis elle raccroche.
— Il faut qu'on découvre qui est la future victime de ses barbares, dit-elle.
— Parce que s'ils ne parviennent à faire leur sacrifice, ça retardera leur plan, finit Edna.
Une boule se réfugie dans mon estomac et Edna acquiesce.
Ça me fait peur ces moments d'actions.
— Billie ne bosse pas. Travaillez avec elle. Je prends la relève durant le déjeuner, car elle a un truc à faire. Moi, je dois aller travailler. On se tient au courant.
— Mais ...
Elle s'en va et je me retrouve avec Jessica. Était-elle sérieuse ? Peut-être que j'avais envie de rentrer à la maison, rattraper mes séries. Puis, c'était Edna le cerveau, pas moi. J'étais nulle pour l'enquête.
Je soupire donc et gémis de détresse. Jessica me regarde avec neutralité et dit :
— Elle croit en vos capacités, Billie. Croyez en vous aussi.
— Mais, je suis nulle au Cluedo. Je perds tout le temps.
— Eh bien, nous n'avons pas le choix car c'est une véritable partie qui commence Billie.
***
— Le sacrifice doit se produire aujourd'hui, dit l'homme au combiné d'une voix dure et qui se veut effrayante à cause des modifications de voix apportées. Vous avez lamentablement échoué avec la précédente.
— Je sais Monsieur ...
— Je n'en ai rien à faire de vos excuses pathétiques. Faites ce qu'il y a à faire. Et au plus vite.
L'Ordre Suprême vient de lui raccrocher au nez et ça l'irrite au fond de lui cet irrespect total de sa personne.
Mais, il n'avait pas le choix que de se résigner.
Edna Fall n'était pas morte. Et même lui ne comprenait comment elle avait échappé à ce talentueux tireur à gage qui n'avait jamais échoué.
Il ne comprenait pas, mais il parviendrait à la tuer avec son amie Billie qui rêve de gloire et de fortune de ses propres mains s'il le fallait. Après, voir la vie s'éteindre dans le regard d'un autre ne le gênait plus.
Il regarde sa récente montre Rolex qu'il acquit. Il en porterait une autre demain probablement.
Il n'est que 10 heures.
Le sacrifice devait se faire pour 18 heures.
Il était impatient de supprimer sa 4ème victime avec ses confrères, avant de mettre son plan d'approche pour mettre fin à Billie et Edna, ce qui leur fera 6 victimes et il n'en restera que 4 avant que la machine ne soit enclenchée, sans retour en arrière possible.
Il sourit en décrochant son téléphone et appelle ses confrères pour voir si tout est mis en place. Si la proie est prête.
Et c'est le cas.
Il raccroche, appelle son assistante du haut de sa tour d'ivoire qui débarque aussitôt.
— Annulez tous mes rendez-vous de l'après-midi Nathalia. Je vais retrouver un vieil ami.
— Ça sera fait mieux Monsieur.
Il s'approche de son immense vitre et contemple la magnifiante ville de New-York avec un sourire carnassier.
***
« Faire le mal, répandre le mal, agir pour le mal ... qu'est-ce que ça apporte à ces gens ? Il y a-t-il une réelle raison ? Une réelle explication à leurs atrocités ? Sont-ils fous ? Anormalement constitués ? Vide de toute humanité ? Tant de questions concernant les actes de l'Homme sur cette Terre d'accueil qu'Ils souillent au nom de diverses raisons, sans réellement réfléchir aux conséquences et à ses répercussions, car l'Homme est égoïste et ne pense qu'à son propre intérêt, sa propre satisfaction et au plaisir qu'il aura face à ses monstruosités que le Diable lui a suggéré avant de s'en aller, à la recherche de nouveaux damnées qu'il emporte avec lui dans son sillage malfaisant ». JFL
***
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