10.
Hello mes Danettes Liégeoises au Caramel ❤️,
Je reviens vers vous avec ce chapitre très très sympa à mon humble avis haha🤔. Vous m'en direz des nouvelles.
Sinon, je vous aime un peu plus chaque jour pour vos messages, vos commentaires, vos votes et les nombres de lectures qui ne cessent d'augmenter à ma grande surprise sur les trois histoires. Quand je suis archi triste, suffit que je lise des commentaires ou des messages et mon coeur se réchauffe. Ah là là, je prie Dieu pour vous rencontrer un jour. Vraiment 🙏🏾.
Des bisoooouus mes amours !
PEACE AND LOVE-
-JFL
PSS: Je vous propose aussi de lire tout le chapitre avec la chanson " Cold Water" de Major Lazer que je kiffe depuis des années. Elle vient tout juste de sortir et je trouve qu'elle colle assez bien avec le chapitre, surtout vers la fin. Elle est en média et vous n'êtes pas obligés de le faire. 😌
***
Billie Fernandez
Une fois qu'Edna est partie, sa belle-soeur m'avait harcelé de questions sur notre road trip et le pourquoi du comment.
Je n'avais répondu que vaguement et avec énormément de nonchalance ce qui la fit capituler bien rapidement.
Fatima avait bien veillé à ce que je me trouve dans la salle des professeurs, pour que je puisse potasser sur mes cours, sur lesquels je n'avais carrément rien fait.
De toute manière, tout se déroulait au feeling avec moi. Je savais que j'allai assurer. C'était plus ma tasse de thé que les trucs où je devais user de ma force corporelle, ce que je n'avais pas. En tout cas, j'allai déchirer. J'en étais certaine.
Apparement, j'étais attendue avec impatience par les élèves et l'enseignant en question.
Beaucoup de personnes étaient passées avant moi mais, elles n'étaient pas restées plus de deux mois.
J'avais demandé pourquoi à Fatima mais, elle m'avait sourit avant d'aller rejoindre sa classe.
Je me suis donc concentrée à être parfaite tout en sirotant un café de mauvais goût, parce qu'ils n'avaient plus de thé et encore moins un Latte au caramel. Je devrais peut-être l'imposer.
C'est enfin l'heure.
Étrangement, je ne suis même pas angoissée, même lorsque la directrice de l'école vient me chercher pour m'emmener dans la salle de classe.
— Ça va aller ? Vous le sentez bien ? me questionne-t-elle avec un léger sourire.
— Ouiii ! dis-je avec assurance. J'aime bien les gosses alors aucun souci.
Elle rit doucement et rétorque :
— Je tiens à vous avertir, ce n'est pas une classe facile.
— Comment ça ? Vous attisez ma curiosité là, Madame.
— Vous allez le découvrir par vous même, Billie.
Elle frappe à la porte sans me laisser le temps de réaliser ses propos et des cris me proviennent aux oreilles.
Lorsque je disais que j'aimais bien les enfants, je parlais des enfants calmes. Pas de ce type d'enfants agités !
Ils sont juste ... j'ai déjà envie de me barrer là ! Ce sont des petits monstres et ...
J'écarquille les yeux face aux cris de la directrice pour leur demander de se calmer, sauf qu'ils n'écoutent pas vraiment et leur enseignant est obligé d'intervenir avec sa grosse voix à faire pâlir les morts pour obtenir le silence complet.
— Il n'y a que comme ça que vous vous calmez, balance l'enseignant.
— On aime trop votre grosse voix M'sieur ! dit l'un des élèves avec un petit ricanement.
Quel insolent !
Ses camarades attestent et avant que le chahut ne reprenne, la directrice leur ordonne de se lever et c'est ce qu'ils font en râlant, puis ils se rassoient après son autorisation.
À notre époque, on nous le demandait même pas. Les choses ont bien changés dis donc !
— Bien. Je suis ici pour vous présenter votre assistante linguistique de français. C'est à vous de jouer très chère, dit-elle avec un sourire espiègle.
Toutes les têtes se tournent vers moi et j'arbore un sourire gauche, accompagné d'un geste de la main.
— Salut tout le monde.
Je me rends compte que je l'ai dit en anglais et que je devrais peut-être le faire en français avec mon accent qui plait tant aux touristes.
— Bonjour les jeunes !
Je me la joue cool et pose mon sac ainsi que mon ordinateur sur le bureau de l'enseignant.
Billie, tu peux le faire !
Je bloque une mèche de mes cheveux à moitié peigné derrière mon oreille (Edna ne me l'avait même pas fait remarquer, j'en suis certaine qu'elle l'avait faite exprès) et tape des mains pour me donner le courage.
— Je me présente, je suis Billie Fernandez. J'ai 25 ans et je vais vous donner quelques cours de français.
Silence. Silence. Silence.
Aucune réaction de leur part.
Alors, je ris nerveusement en lançant un bref regard vers ma patronne et le professeur plutôt mignon, je dois bien l'admettre mais, je n'avais pas le temps d'étudier le cas.
Je retourne mon attention vers les élèves et demande si l'un d'entre eux a compris ce que j'avais dit.
Une petite blonde lève la main avec un sourire adorable et je me décide de l'interroger.
— Déjà, je m'appelle Claire et j'ai 11 ans et j'ai compris ce qu'elle a dit les gars ! fait-elle avec dédain ce qui me choque presque. Elle a dit que c'est une sorcière qui mange ses crottes de nez et les enfants !
Quoi ?
Tous les élèves se mettent à rire alors que je suis sous le choc. Cette petite est une vraie peste. Et en plus, elle est fière d'elle. Dommage que les gifles soient interdites, parce que je lui en aurais collé une bonne paire à cette langue bien pendue.
— Claire, tu es vraiment agaçante, commente le prof dont je ne savais pas le nom. Bon, arrêtez et comportez-vous comme des grands. Je vous rappelle que vous allez bientôt entrer au collège !
Eh bien, pour des futurs collégiens, ils leur manquaient beaucoup de maturité.
Mais bon, je n'allai pas me laisser faire. C'était mal me connaitre, surtout après ce qu'il m'était arrivé ce week-end.
— Claire, ma petite puce, dis-je avec beaucoup de sarcasme pour qu'elle comprenne que je n'allai pas être comme les autres, tu as entièrement raison. Je suis une sorcière et je mange les enfants. Mais les gosses qui te ressemblent. Tu vois, je leur coupe la langue en premier. Mais, je ne mange certainement pas mes crottes de nez. Mes petits rats m'ont dit que toi, tu faisais pipi au lit. Comme c'est vilain !
Un nouveau silence plonge la salle de cours et là, je sens le regard choqué de la directrice ainsi que du professeur.
Oups ! J'y étais peut-être allée un peu fort. Vu la mine interloquée de la gamine, ça ne sent pas bon. Et évidemment, ses camarades éclatent de rire en balançant « Claire fait pipi au lit ! » ce qui fait que ses yeux se chargent rapidement d'eau.
— T'es trop forte sorcière, Billie ! Moi, c'est Jack, s'adresse-t-il à moi, après s'être levé.
Il me tend sa main alors que je me sens mal pour la petite qui se met à pleurer et la directrice madame Johnson secoue la tête.
Ça y'est ! Je suis virée.
Elle va consoler la petite pendant que je chasse le bonhomme en lui demandant de retourner à sa place, ce qui le fait rire avec ses copains.
Bon, je dois me ressaisir.
Je jette un coup d'oeil vers le type qui me sourit, mal à l'aise. Il est vraiment vraiment mignon. Il est brun avec les cheveux courts et bien coiffés. Bien sûr, il arbore un style de professeur.
Je m'avance vers lui et lâche :
— Je ne sais pas comment vous vous appelez, mais je tiens à ce job. Alors, je vais sortir de cette classe et refaire mon entrée. Vous, installez mon ordinateur et allez sur Youtube. Mettez ... « Hollaback Girl » de Gwen Stefani. Merci.
Je lui donne une tape à l'épaule avant de m'éclipser.
Je ferme la porte derrière moi et attends plusieurs minutes avant d'entendre son cri puis le silence. Cinq secondes plus tard la musique retentit. J'entre dans la classe en dansant comme une idiote mais, en rythme ce qui en fait glousser certains. J'ai enfin attiré leur attention et c'est le principal.
Alors je m'arrête et fais signe au type d'éteindre la musique.
— Je suis Billie. Vous êtes des élèves. Et, on va apprendre le français. Mais, pas de façon ennuyante ! Nan les gars ! D'une façon intéressante et sur les sujets qui vous intéressent. D'accord ? Si vous êtes opérationnels, je veux que vous disiez en français, avec un air hautain, parce que certains français sont hautains, un peu comme les anglais d'ailleurs « Oui ma chère ! ». Faites comme les acteurs ! Allez, à 3 ! 1 ... 2 ... 3.
— Oui ma chère ! disent-ils à l'unisson.
— Plus fort !
— Oui ma chère !
— Ah, c'est bien mieux ! répliqué-je, satisfaite. Aujourd'hui, on va parler des super héros. Mais en français bien sûr. Avec des simples phrases. Ouvrez vos cahiers les gars !
Je jongle entre les deux langues ce qui ne les gêne pas.
Je me sens plus à l'aise et l'enseignant au nom inconnu rejoint madame Johnson au fond de la classe, pendant que je prends un feutre pour écrire au tableau mon prénom et le mot « super héros » en français.
— T'as le même prénom que la fille dans la chanson de Michael Jackson, déclare une élève.
Je me retourne et lui souris.
— Serait-ce un sujet dont vous aimeriez parler dans ce cours ?! Les prénoms du monde ?
— Oui, répondent-ils en français.
— Alors, on va le faire. Merci à ...
— Mathilda, achève-t-elle.
***
Finalement, c'était un succès.
Ils ont été attentifs et ils ont participé. Très souvent en même temps mais, je voyais bien qu'ils avaient envie d'apprendre des mots en français. Certains petits étaient tellement culottés qu'ils m'avaient demandés, comment on demandait un numéro à une française ou encore les gros mots.
Ça m'avait bien fait rire mais, le sujet des super héros a été un bon choix.
La fin des deux heures n'allait pas tarder d'une minute à l'autre, alors je décide de conclure en anglais sur cette première séance.
— Bon, voilà, c'est fini. J'espère que ça vous a plu et que je vous ai plu ...
— Moi, je t'épouse quand tu veux Billie ! crie un dénommé Matt.
— Tu n'es pas trop mon genre mais ...
— Je suis le genre à tout le monde ! Attends que je grandisse un peu et ...
— Tu peux me laisser finir Matt ? Merci mon grand. Alors, je disais que ça a été un plaisir ce cours. Je m'excuse encore une fois auprès de Claire ...
— Moi aussi je te pardonne Billie, me coupe-t-elle à son tour.
Décidément, je ne finirai jamais !
Et la sonnerie retentit donc je parle en vitesse.
— On se retrouve vendredi et j'attends vos cinq phrases sur le super héros que vous seriez si vous l'étiez ! Bonne appétit !
Ils ont déjà pour la plupart disparut et c'est essoufflé que je me laisse tomber sur la chaise avec des auréoles sous les aisselles et en nage.
Les enfants, ce n'est pas une partie de plaisir.
J'entends des applaudissements et relève ma tête vers mes spectateurs qui ont l'air d'être fier de moi.
— Merci.
— C'était très bien Billie. Vraiment très bien, répète-t-elle. Bien que le début a été à la limite de la catastrophe, vous avez su gérer ! Et, j'adhère complètement à votre façon d'enseigner. C'est ludique et une manière d'apprentissage intéressante. J'aime beaucoup.
Je ne sens presque plus mes chevilles avec ses compliments qui m'emplissent d'une immense joie, alors je souris tout simplement.
— Vous êtes la première assistante linguistique qui a su les gérer. Et au fait, je m'appelle Henry. Henry Wilson.
Il me tend la main que je serre.
— Désolée pour les présentations tardives. En tout cas, ce n'est pas une classe facile à gérer tous les jours. J'ai l'impression d'avoir fait un marathon.
— Oh croyez-moi que vous les avez vu sous leur plus beau jour, rit-elle. Ils sont pires certains jours.
— Tellement affreux qu'elle est obligée de venir ou Fatima. Ils ont peur d'elle car d'après eux « Elle, elle fait des réelles menaces ! Vous, ce n'est que des paroles en l'air ! », dit-il avec le sourire.
Je pouffe et confirme ses dires tout en rangeant mes affaires.
Et en parlant du loup, Fatima apparait avec deux autres collègues.
— Alors, ça a été ?
Je laisse Johnson et Wilson leur raconter ma première matinée dont je suis très fière.
J'en profite pour le raconter brièvement en message à Edna, qui me manque étrangement et dont j'ai envie d'avoir une sérieuse discussion sur tout ce qu'il s'est passé.
À Edna Lova ❤️:
J'ai cartonné ! J'ai tout déchiré ! Tu vas être fière de moi.
Et on doit ABSOLUMENT parler Edna. Je ne veux pas de non-dits entre nous.
— Je suis trop trop fière de toi Billie ! me complimente Fatima. On commençait à désespérer ici.
L'équipe m'avait proposé de déjeuner avec eux, ce que je n'ai pu refuser puisque je n'avais rien à faire, puis me retrouver seule à l'appartement ne me donnait pas envie.
— Je suis contente d'avoir réussi, dis-je. Ce n'était pas gagné.
— Je sais mais je savais que tu réussirais.
Tout le monde mange tranquillement et je croise les yeux d'Henry. Il détourne aussitôt mon regard et Fatima rit faiblement avant de chuchoter :
— Je pense que tu lui as tapé dans l'oeil.
J'évite tout juste de m'étrangler après ce qu'elle vient de dire. Ça nous attire des regards mais, elle les rassure d'un geste de la main, avant qu'ils ne reprennent leur conversation.
— T'es malade de dire des choses comme ça ?! J'ai conscience de mon potentiel d'action Fatima mais, j'ai déjà un mec qui n'est pas encore mon mec mais, qui le sera.
Elle fronce les sourcils et réarrange son turban savamment placé sur sa tête et qui lui donne un air de reine africaines, tout ça avec un sourire espiègle.
— Raconte ! Je veux savoir !
— Une prochaine fois ! dis-je. Mais, je suis prise. Il est quand même mignon. Je dois y aller Fatima. Je vais aller à l'église puis après, je vais chercher Edna. J'ai envie d'aller la chercher, tiens !
Je lui embrasse la joue, salue le corps enseignant rapidement même si la directrice veut me noyer de remerciement et je me casse de l'école.
C'est avec le sourire aux lèvres que je me rends à l'église car finalement, je me sens ... bien.
Je ne peux définir cette sensation qui est en moi mais, elle me rend différente.
***
C'est avec une certaine impatience que je rentre dans le confessionnal pour parler à mon Père.
Je crois qu'il m'a reconnu car il a soupiré avant de faire le signe de croix.
Je peux me vexer mais, je ne suis pas d'humeur car je suis bien trop heureuse.
— Vous êtes de retour ! lance-t-il avec une voix pleine de sarcasme.
— Je vous ai manqué n'est-ce pas ? Nan ! Ne me répondez pas. Je le sais.
Il se retient de soupirer ce qui me fait glousser.
— Vous êtes trop marrant mon Père ! Sincèrement, vous deviez être content d'avoir une jeune femme comme moi qui vient vous parler. Vous pourrez parler de moi aux journalistes lorsque je serai mondialement connue.
— Je le ferai avec plaisir ! Qu'avez-vous à me raconter depuis la dernière fois ?
— Eh bien, Dieu a vraiment entendu mes prières. Il m'arrive des trucs inimaginables.
— Comme ?
— Être en charge de sauver le monde d'un complot inconnu pour le moment.
Pour lui, je ne suis tellement pas crédible que je peux lui dire tout ce que je veux.
— Eh bien, voilà une grande mission que le Seigneur vous a confié.
Il marmonne je sais quoi pour ne pas que je comprenne ce qu'il dit. Il doit surement penser que Dieu a fait une erreur vis-à-vis de moi.
— Je ne suis pas seule. Il y a ma meilleure amie, Edna. Bon, c'est comme ma soeur. Je vous en ai déjà parlé ?! Je ne sais plus ... Bref, ça va être chaud patate !
Nos regards se croisent à travers les petits trous. Il a l'air désespéré ce qui me fait éclater de rire. Il me fait signe de me calmer.
— Vous êtes dans une église ! Je vous prierai de vous calmer.
— Ça va ! Je ris ! Dieu a toléré le rire quand même ! Mon coco, faut vous décoincer un peu le cu...
Nouvel échange du regard dont je lis très bien le sien et je souris faussement parce que je sais que j'ai clairement merdé là.
Pourquoi je suis toujours aussi maladroite verbalement ?! Je ne comprends point ...
— Pardon mon Père ! C'est sorti tout seul. Je me calme. Je me calme.
J'expire et j'inspire avant de me donner des petites claques.
— Bon ... j'ai trouvé un nouvel emploi. J'apprends le français à des gosses.
— C'est bien. Es-tu satisfaite ?
— Oui. Pour le moment. Mon Père ?
— Oui mon enfant ?
— Pourquoi les femmes ne pourraient pas épouser plusieurs hommes ? Je vous demande ça parce que je suis tombée amoureuse d'un mec qui s'appelle Douglas. C'est le père de mes enfants à venir et tout mais ... imaginez que je rencontre un autre mec comme lui, comment je fais ?
Il ricane, interloqué par mes propos mais se décide de répondre :
— Je n'ai jamais eu à faire à une fidèle comme vous mais ... si c'est le père de vos enfants à venir et si vous êtes amoureuse, il n'y a pas de risque que vous voyez les autres hommes comme lui. Il sera le seul.
— Bonne réponse. J'ai une autre question : vous avez peur du changement ?
— Comment ça ?
— Eh bien, le changement ! En général !
— Le changement est toujours effrayant. Surtout si c'est signe de renouveau. De perte.
— Donc vous avez pe...
Je ne parviens pas à finir ma phrase qu'une intense douleur me prend au bras.
Je laisse échapper un gémissement qui provoque encore la colère de mon Père. Je n'entends que vaguement ses propos car un flash surgit.
Je distingue vaguement un type, habillé d'un costume qui vaut des fortunes. Il est escorté par plusieurs hommes et il a l'air d'être très vigilant concernant ses déplacements et d'ailleurs, il reçoit un coup de fil et il dit « Tuez-là ». Il raccroche ensuite puis le flash commence à se dissiper.
La dernière chose que je vois, c'est une montre. Une montre de très grande marque.
— Mademoiselle, ça va ?
J'ouvre les yeux et rencontre les yeux d'un bleu azur du Père.
— Je crois qu'on tente de tuer Edna.
Et je sombre.
***
Edna Fall
Je referme la porte derrière moi et m'installe sur la chaise qui se trouve en face de son bureau.
Je suis stressée sans raison apparente et lorsque je rencontre son regard, je le masque du mieux que je le peux.
Il continue d'écrire je ne sais quoi avant de refermer le dossier et il me scrute du regard.
Ça me gêne presque néanmoins, je ne lâche pas.
Il finit par souffler et s'abaisse légèrement pour plonger son regard dans le sien.
— Tu nous as fait très peur Edna. Où étais-tu durant tout ce temps ?
Tout ça pour ça ?!
Le soulagement m'envahit que je lâche échapper un soupir et mes épaules s'abaissent.
— Je suis partie en road trip avec Billie. J'en avais besoin.
Il me sonde du regard quelques secondes avant de se redresser complètement.
— Tu as des problèmes ? L'affaire sur laquelle vous travaillez, est beaucoup trop difficile ? Il faut que tu parles. Je ne veux pas que tu exploses comme l'autre fois à l'encontre d'Elliott. Vous êtes d'ailleurs tous les deux étranges.
— Ce n'est rien de tout ça.
— Arrête de mentir, Edna. Jessica Shawn sait des choses que je ne sais pas et toi, tu les sais.
Je ne dis rien et préfère juste abaisser mon regard. Je l'avais oublié cette bonne femme. Peut-être que je devrais la contacter. Ça serait une bonne idée, tiens !
Depuis ce pop-up, ma vie qui avait un semblant de sens n'en a plus. Je commence à mentir, je commence à être moins confiante et je commence à éprouver des peurs que je n'aurais jamais cru ressentir.
Pourtant, je me dois de rester forte. Je dois l'être parce que je sais que ce qui nous attend ne sera pas facile et je ne veux pas décevoir. On compte sur Billie et moi. Et ce programme est d'une grande importance.
Girl Power ... Sauver le monde ... Dangers causés par les hommes ...
Ces mots se répètent dans un coin de mon esprit sans que je ne le désire spécialement. Et là, à cet instant, je me les répète.
— Et ... tu ne pouvais pas envoyer un message ? J'ai failli lancer des recherches, Ed !
— Le but de partir sur un coup de tête, c'est de ne pas donner de nouvelles. Puis, si tu veux tout savoir Anthony, le mariage est l'un des facteurs.
Il hausse les sourcils et je poursuis sur ma lancée car je sais que je tiens le bon fil.
— Vendredi soir, mes amies et moi sommes parties diner chez la mère d'Elliott et le sujet de discussion à dériver sur le mariage qu'on ne peut éviter. Sur le moment, je n'ai pas paniqué. Mais ... samedi en me réveillant, ça a été différent. J'ai paniqué alors que je ne panique jamais, souligné-je en adoptant le bon ton de voix. Et Billie m'a proposé de partir sur la route pour décompresser de tout ça. Et tu as raison. Madame Shawn m'a confié une mission dont je ne suis pas certaine de réussir alors ...
Ses traits se radoucissent et je suis presque choquée qu'il me croit aussi facilement.
— Fallait venir m'en parler. Vous avez imaginé la peur de vos parents ?
— Après notre départ, oui.
— Tu sais, je comprends. J'aurais agi semblablement. Mais, reste forte. Ce n'est qu'une ... petite période de turbulence, Edna. Je crois en toi. Et, en Billie aussi. J'ai toujours du mal à réaliser que vous avez arrêtés ces hommes l'autre fois mais, peu importe cette mission de la plus haute importance, je crois en vous.
J'hoche la tête en esquissant un petit sourire et me passe une main dans les cheveux pour définitivement décompresser.
— Bon. Je ne vais pas te retenir plus longtemps. Tu as énormément de boulot à rattraper, dit-il en appuyant sur le « énormément ».
— J'en ai conscience, Chef.
— C'est bien. Elliott et Gideon vont t'aider vu que vous êtes une équipe. Un trio surprenant et intéressant à étudier. Très intéressant même.
Avec cette intonation de voix, je comprends clairement le sous-entendu dont il veut parler, d'ailleurs, ça lui arrache un sourire plein de taquineries.
Je ricane donc et me lève sur le champ pour me tirer de son bureau avant qu'il ne joue à l'interrogatoire.
— Ne fuis donc pas ! T'es comme ma fille Edna et tu le sais !
— Ouais bah je n'en parle même pas à mon père alors ...
— Il y a donc quelque chose ?
Il joue des sourcils et je pose une main sur ma hanche.
— Je n'ai jamais dit ça. Mais, tu connais un minimum Idriss Fall pour savoir comment il est.
Il rit en confirmant mes dires.
Anthony a dû voir mon père deux-trois fois depuis que je bosse au poste. Et à chaque fois, Anthony me répétait à quel point mon père était un comique de première et un père aimant même s'il était contre mon métier. Bien sûr, Anthony tentait de lui retourner le cerveau pour lui faire comprendre que j'étais faite pour ça.
— Eh bien, à moi, tu peux m'en parler. Tu fais tourner la tête à beaucoup de gars ici.
— Que des mots ! balancé-je, embarrassée.
Franchement, je n'y croyais pas une seule seconde. Deux ans que j'étais aussi et aucun prétendant ne m'avait fait signe.
— Je peux t'assurer que c'est vrai. Après, je ne balancerai pas les noms.
— Génial parce que je ne veux pas savoir puis j'attends toujours mon prince charmant du genre à la Kofi Sirobe, Shemar Moore, Trey Songz, Boris Kodjoe ...
— Ouais la liste est longue, j'ai compris, me coupe-t-il en riant doucement. Ah les filles et les mecs qu'elles n'auront jamais ...
— On en parle de vous les mecs qui fantasmaient sur des femmes refaites ?! Il ne vaut mieux pas Patron !
Il secoue la tête toujours hilare tout en me fixant.
— Je préfère clairement te voir comme ça Edna. Rayonnante et souriante.
Sa confession me touche beaucoup et il ajoute :
— C'est pourquoi, j'aimerais te demander, avant que tu ne quittes mon bureau, si tu n'as pas un souci avec un certain Aaron ?!
Toute joie se dissipe de mon corps et je me raidis face à ce nom.
Je fronce donc les sourcils et m'avance vers son bureau, curieuse de savoir où il voulait en venir.
Personne ne connaissait l'existence d'Aaron au poste sauf Elliott, Gideon, Cassandra et Marilyn.
En avaient-ils parlés ?
— Aaron ...
— Ton ex ...
Oh mon Dieu. Je ne veux même pas imaginer ce qu'il a fait. À la tête du chef, je comprends que c'est tout une autre histoire.
Je me rassois, abasourdie et le Chef me confie la nouvelle.
— Il est venu nous rendre visite au poste et il a failli en découdre avec Elliott. Heureusement que nous étions là ...
— Pourquoi il est venu ici ? m'empressé-je de demander. Qu'est-ce qu'il voulait ? Je ... Je suis choquée Anthony !
— Il te cherchait apparemment et il voulait que tu annules ton mariage avec Elliott. Elliott lui a dit de s'en aller, tout en spécifiant que vous alliez vous marier et ton ex a commencé à s'exciter comme jamais en disant qu'il le tuerait et s'en prendrait à tes proches, si vous ne vous voyez pas pour discuter ... Bref, Elliott a évité un crochet de sa part et on a sorti ce type du poste. Il voulait clairement qu'Elliott le frappe pour porter plainte. Était-il violent avec toi ?
— Non ! répondé-je d'une voix aiguë. Aaron n'a jamais été violent avec moi et avec personne d'ailleurs.
— Eh bien, on a tous pensé que tu avais disparus à cause de lui, car il a balancé que Billie et toi étiez partis à cause de nous, lundi matin. C'est pour ça que je t'ai demandé tout ça.
Dans mon cerveaux, c'est l'éruption.
Comment pouvait-il savoir que Billie et moi étions partis ? Comment avait-il eu le culot de se ramener sur mon lieu de travail ? Comment osait-il menacer mes proches sans me regarder droit dans les yeux ?!
C'était définitivement un salopard fini.
Décidément, Aaron a une personnalité que je ne connais pas et que je vais me faire le plaisir de découvrir.
La minute de silence est bien longue et mes pensées sont totalement s'en dessus-dessous. Une colère endormie se réveille en moi.
Je redresse donc ma tête vers Anthony qui me scrute, inquiet.
— Il n'est aucunement la raison de mon départ. Vraiment. Je peux y aller ?
Ça fait tilt dans la tête de mon patron tandis que je me dirige vers la porte, sans attendre sa réponse.
— Qu'est-ce que tu vas faire ?
— Mon job, Chef. Mon job.
Je quitte son bureau sous ses cris. Je passe juste dans les vestiaires pour récupérer ma veste et mon arme qui était dans mon sac sauf qu'il m'intercepte et évidemment, les collègues sortent de notre unité pour voir ce qu'il se passe.
Ces dernier temps, me montrer en spectacle fait partie de mon passe-temps.
— Tu ne vas aller voir ce type Edna ! Tu as du travail à rattraper ! Tu penses que tu vas régler ça toute seule ?! Nous sommes là pour t'aider ...
Girl Power ... Monde en perdition à cause des hommes ... Sauver le monde ...
Je serre les poings sans le lâcher du regard, même si je ne comprends pas un seul de ces mots. J'ai la sensation d'être dans un monde parallèle et je sens que l'implant fait son effet. La douleur est là mais, elle me nourrit d'une chose sur laquelle je ne pourrais pas mettre de mot dessus.
— Laisse-moi passer Anthony, dis-je calmement.
Son expression du visage change immédiatement à mes propos et il plisse les yeux comme s'il voyait une autre personne devant lui.
— Edna ...
— Je dois y aller.
Je le contourne et il fait la regrettable erreur de me toucher.
Ne répondant plus de moi même, j'attrape cette main qui me touche et applique une prise qui le fait gémir de douleurs. Je le pousse violemment qu'il en tombe au sol, sous le regard ulcéré de tout le monde mais étrangement, je m'en contre-fiche.
J'aime bien cette nouvelle force.
Je dévale les escaliers en ayant ces regards curieux sur moi et je suis toujours sous cette indifférence totale.
Je quitte le poste telle une bête de foire et lorsque je m'engouffre dans une voiture de police, pour me lancer à la recherche d'Aaron, je vois mes collègues me regarder avec inquiétude.
Je démarre en trombe sans vraiment savoir où je vais mais je sais que je vais le trouver.
***
Sur l'avenue de Time Square, la circulation est toujours aussi dense.
Je regarde dans le rétroviseur, impatiente que la circulation reprenne, sauf que je sursaute presque de terreur en voyant que mes yeux sont d'une couleur d'un noir opaque.
Et c'est horrible.
Je ferme les yeux effrayés avant de les rouvrir et mes yeux sont normaux.
Ai-je rêver ? Je les touche tandis que les klaxons résonnent autour de moi.
Je démarre aussitôt me demandant si ce n'est pas pour ça qu'on me regardait comme une folle lorsque j'étais au poste de police, quand je remarque un type, une capuche sur la tête, un sourire meurtrier sur la face, de l'autre côté de la rue.
Je connais ces traits.
C'est lui.
C'est Aaron.
Je sors mon gyrophare pour me mettre à le suivre. Je coupe clairement la route et il se met à courir à travers les passants.
Plusieurs mètres plus tard, je sais que la voiture va me ralentir alors, je la gare à l'arrache et quitte mon véhicule en courant et je le course aussi vite que possible.
Il bouscule des gens sans état d'âme et j'essaye de faire plus attention.
Il bifurque à droite et j'en fais de même avant de traverser la route où les véhicules sont prioritaires. Il se fait klaxonner comme pas possible en slalomant entre elles à la perfection et j'en fais de même sauf qu'une forte douleur me reprend au bras et me tétanise presque sur place.
Ce n'est surement pas le moment.
La douleur me freine grandement mais, je vais puiser au plus profond de moi pour continuer cette course poursuite.
— Arrête-toi Aaron, articulé-je.
Un cri de douleur m'échappe et je m'arrête, le souffle court et une vision qui veut surgir.
Une voiture m'évite de justesse et je me laisse transporter par cette vision qui est horrifiante.
Je vois ma propre mort sur ce passage piéton par un chauffard expérimenté dans le domaine. La voiture au vitre teintée fonce droit devant moi tandis que je suis figée sur place. Le chauffard a un sourire carnassier aux lèvres et il sait qu'il va réussir.
Il le sait.
Je tente de sortir de cette vision mais, je me sens projeter dans une autre où la jeune femme va subir le même sort que les trois autres victimes que nous avons eu. Elle se débat et je veux essayer de l'aider mais, je sais que ce n'est pas possible.
Je tends ma main malgré tout, la rage au ventre et parviens à faire un pas ce qui me choque quand on hurle mon prénom.
Je sors immédiatement de cette vision, constate que je suis sur ce passage piéton où la voiture au vitre teintée fonce droit vers moi.
Comme dans ma vision.
Je ne peux pas bouger. Je suis liquéfiée et figée.
Autrement dit, je ferme les yeux pour subir cet impact que je ne peux éviter.
End of my time.
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« Abandonner, céder, lâcher, capituler, ne plus se battre ... tellement de mots pour exprimer cette perte de courage qui nous habite chaque jour de notre vie. Notre vie est semée d'obstacle et face à celle-ci, on baisse les bras. On abandonne, on cède, on lâche et on ne se bat plus ... Tout ça pourquoi ? Parce que l'obstacle est trop dur à surmonter ?! FOUTAISES ! N'abandonnez pas, ne cédez pas, ne lâchez pas et battez-vous ! S'il est là, ce putain d'obstacle, c'est parce que vous pouvez vous en sortir sinon, il ne serait pas là, à vous narguer. Faites en sorte de vous en sortir, peu importe le prix que ça va vous coûter et ne vous laissez pas faire par l'obstacle car, tout peut être évité si vous voyez l'obstacle à temps». JFL
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