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Projet 7659
Date : 17-04-1997
Classifié confidentiel par le gouvernement américain
Nom du programme : Girl Power
Définition de Wikipédia :
Le girl power est un mouvement et phénomène culturel inspiré du féminisme, porté par les idoles de la musique pop (Madonna, Britney Spears, Christina Aguilera, etc.) et RnB (TLC, Destiny's Child, etc.) lancé par le groupe britannique Spice Girls en 1996 qui en font leur hymne. Cette philosophie est ensuite récupérée au sein du marché de la mode.
À ses origines, le phénomène girl power est associé au riot grrrl, mouvement musical féministe, et à la troisième vague féministe du début des années 1990.
À l'origine, le féminisme visait l'égalité des droits civils et politiques par rapport aux hommes. Les femmes recherchaient une stratégie de « libération » en réclamant l'autonomie dans leurs décisions.
Le « girl power » n'est pas un phénomène décrit comme un mouvement recherchant l'égalité, mais comme le portrait d'une avancée croissante des femmes dans la société occidentale, due aux efforts menés pour l'égalité des sexes.
Intention du créateur :
Montrer que les femmes peuvent atteindre des capacités semblables aux hommes voire supérieur à l'aide d'un implant électronique et informatisé contenant des données qualitatifs et quantitatifs.
Les conditions physiques de la porteuse de l'implant sont décuplées et son intelligence devient meilleur.
But principaux du programme :
- Créer des femmes soldats qui pourraient défendre la population contre les menaces futures ;
- Aucune nécessité d'avoir une formation de longue durée ;
- Rapidité d'adoption et d'adaptation à cet implant;
- Montrer aux hommes que les femmes ne sont pas forcément leur inférieur, mais peuvent être leur égal voire plus ;
- Encourager les femmes à se dépasser soi-même ;
- Avoir dans le paysage politique, financier et du business plus de femmes ;
- Encourager les femmes à faire des métiers différents des métiers catégorisés « métier de femmes »;
- Engager des jeunes femmes âgées de 18 à 28 ans ;
- Protéger notre planète et nous pensons que la femme a plus de capacité à le faire que l'homme qui ne cherche qu'à la détruire de part la corruption, l'argent, le sexe, la drogue et autres éléments qui attirent la haute sphère masculine;
- Obtenir un changement chez les femmes du monde entier et faire en sorte qu'elles se soutiennent sans se juger peu importe la couleur, la religion, les origines, les orientations sexuels etc ...
Budget du programme :
500 000 dollars
Essai du programme :
Sur 10 candidates pré-sélectionnées, pour le programme, aucune n'a réussit.
Toutes mortes sous la pression trop importante de l'implant.
Résultat du programme :
Échec total du programme
ABANDON IMMÉDIAT DU PROGRAMME
*
Billie Fernandez
— Billie, bouge tes fesses ton réveil sonne depuis 30 minutes !
Je grogne dans mon lit, je me demande pourquoi je dois aller travailler et pourquoi je dois me réveiller. Je hais le lundi. Comme plus de 80 % de la population mondiale voire un peu plus...
Je hais le lundi, comme les oignons crus dans la salade, comme le pop-corn qui nous colle aux fesses au cinéma - même si c'est bon le pop-corn bien sûr- comme la voix d'April Kepner dans Grey's Anatomy - en plus, elle se tape Jackson Avery alias Jesse Williams qui est l'homme de ma vie ...
Attendez, j'en ai pleins des hommes de ma vie ...
— LÈVE-TOI BILLIE, MERDE !
Je reçois un coup de ceinture sur la fesse, et malgré la couverture, ça me fait mal, donc je me redresse pour fusiller du regard ma meilleure amie et colocataire, Edna Fall.
— Mais t'es malade !? Je dors Edna, appuyé-je.
Je râle en me frottant la fesse agressée par son coup. Une grosse timbrée cette fille !
— Tu dois aller travailler. J'en ai marre de te réveiller chaque matin Billie ! se plaint-elle. T'es une grande femme tu sais ! Je n'ai pas à le faire.
Elle se permet de s'asseoir sur le bord de mon lit pour enfiler ses bottines à talons (on dirait qu'elle n'a jamais mal aux pieds) ultra-sexy qui font tomber les hommes comme des mouches dès qu'elle les porte. D'ailleurs, je me demande pourquoi ? Ce sont des bottes banales après tout ... Ah ! Je sais ...
Cette fille est belle et elle le sait.
Du haut de ses 25 ans, elle était pimpante et fraîche les 365/364 jours de l'année.
Sa peau est parfaite et noire. Attention ! On dit « noir » mais en fait, les noirs sont marrons, comme les blancs sont beiges, mates et différents variantes de couleurs, comme les noirs d'ailleurs.
Excusez-moi, je m'égare. Vous verrez, j'aime bien expliquer les choses dans le détail.
Bref, j'ai un jour, plus jeune hein, tenté de la croquer pour voir ...
Non non non ! Ne riez pas. J'étais éméchée (c'était la première et la dernière fois) alors voilà le pourquoi du comment. Malheureusement et heureusement, elle n'avait pas le goût du chocolat et elle m'avait frappée au visage sans ménagement avant de hurler au cannibalisme.
Toujours bourrée, j'avais ri comme une idiote alors qu'elle massait son bras avec la marque de mes dents. La marque était restée une semaine et elle ne m'avait pas approchée pendant cette semaine. C'était hi-la-rant.
Je reviens sur sa description qui me parait crucial, son sourire était parfait, tout blanc comme dans les publicités et sa taille était parfaite parce qu'elle a des jambes vertigineuses. Elle était tout simplement parfaite. C'était une intello', elle adorait les mathématiques et les sciences et les trucs compliqués, elle adorait passer sa journée à la bibliothèque, comme ça, pour rien. Elle avait du style, du goût. Ce n'était pas une larve comme moi. C'était une sportive, une bagarreuse, une vraie battante.
Un gros bémol : elle est chiante. Très chiante. Peut-être plus que moi même. Elle parle trop, se révolte trop, se plaint de tout et n'importe quoi !
Très souvent, je la regarde faire ses monologues et réponds par des petits hochements de tête pour faire genre que je l'écoute, que je crois en ses dires alors qu'en fait, je m'en tape comme du linge sale qui traîne au sol de ma chambre depuis trois jours.
Ah ! et elle est ordonnée aussi. Trop ordonnée et moi, bordélique. D'ailleurs, on se dispute tout le temps par rapport aux tâches ménagères et autres.
Moi, j'adore mon bordel organisé mais elle ne veut pas comprendre.
Normal, elle est bornée. Trop bor-née.
Encore une fois, plus que moi.
Parfois, je me demande pourquoi, nous sommes amies après tout ce temps ... On se supporte depuis notre première année en primaire. Ça fait de sacrée années hein ?!
Cela dit, revenons à ce réveil trop matinal et brutal pour moi...
Ah ouaiiiiis ! Je dois aller bosser. Qu'est-ce qu'il m'a pris de me coucher à 3 heures du matin pour regarder une énième fois Desperate Housewives ?!
Elle se lève d'un bond à seulement 7 heures 45 du matin et elle finit par se retourner vers moi avec un grand soupir d'exaspération.
— Billie, tu m'épuises. Tu vas être encore en retard.
— Je sais, dis-je en ronchonnant.
Je laisse tomber ma tête en arrière sur mon oreiller qui me rappelle vers les tréfonds du sommeil.
— Quand je rentre ce soir, tu as nettoyé ta chambre. Elle est dégueulasse pour une chambre de femmes de ton âge ! bougonne-t-elle.
— Mais ça signifie quoi ce type de propos ? Je pensais que tu étais féministe ...
— Tu peux me dire le rapport, Billie ? demande-t-elle en me toisant. Je te dis ça, pour toi. C'est important de vivre sainement. Purée ! Et aère aussi, ajoute-t-elle avec une grimace.
Elle sort de ma chambre en secouant la tête et je fais un doigt qu'elle ne voit pas.
— Bordel organisé merde ! grommelai-je.
Je me dépatouille de ma couette chaude, m'étire et je me dirige vers la salle de bain qu'on partage.
Elle s'y trouve aussi, en train de s'appliquer du mascara avec mon mascara qui m'a coûté 50 dollars. Je commence à allumer l'eau de la baignoire et la regarde, arranger ses cheveux courts qui sont bouclés sur sa petite tête toute mignonne.
Je suis persuadée qu'elle n'a même pas conscience de son potentiel d'action.
— Ce soir, on mange pizza, m'informe-t-elle. Je précommande et tu iras les chercher, parce que je dois aller chez mes parents. Maman t'a fait un gâteau à l'ananas et elle veut que je le récupère.
Je souris comme une idiote de première. Elle m'a parlée avec les sentiments là !
— T'es sérieuse, Edna ? Ce n'est pas une blague ?
— Euh ... j'ai l'air de plaisanter ?!
Je lève les yeux par sa rhétorique sarcastique. Elle me saoule dès le matin, mais à l'énoncé du gâteau, je ne peux plus lui en vouloir et je sautille comme une gamine.
Madame Eva Fall aka ma deuxième mère, était l'une des meilleures cuisinière de la planète. Ses plats, ses desserts, ses gâteaux me remplissaient à un point que je m'endormais direct après manger. Elle était la raison de ma prise de poids consécutive et je m'en fichais. Elle cuisinait tellement bien cette femme. Comment lui dire non lorsqu'elle me disait « Billie, ma fille mange ! Il y en aura assez pour tout le monde ! » avec le sourire et son léger accent lorsqu'elle parlait en anglais.
— Tu feras un gros gros bisou de ma part à Maman Eva Fall, c'est la meilleure ! Et à ton père. ll faut qu'ils m'adoptent sérieux !
— Je le ferais. Et je te rappelle que tu es une Fall, idiote ! dit-elle en me gratifiant d'une pichenette. Et appelle ta mère, d'accord ? À plus tard Billie et magne-toi les fesses ! Tu vas te faire virer sinon.
— Ne commences pas à professer tes trucs de sorcières sur moi !
Elle rigole et quitte la salle de bain à reculons tout en agitant ses longs doigts vernis et en disant n'importe quoi, pour me faire peur.
Moi, je me déshabille et me prépare à aller bosser en occultant sa demande d'appeler ma mère que vous rencontrerez bien assez tôt.
*
— Billie, tu es encore en retard ! s'exclame ma collègue d'accueil.
Je suis essoufflée et transpirante. Quelques cheveux de mon chignon me collent au front.
Les métros New-Yorkais, les taxis de merde et les gens sans aucune civilité, c'est insupportable ! En plus, avec des escarpins en plein mois de novembre, c'est le suicide.
Je dois admettre qu'avec le réchauffement climatique, le temps est assez cordial, mais quand même !
— Les trafics New-Yorkais, Jude ! je réponds en allant derrière le comptoir de l'accueil. C'est juste du grand n'importe quoi !
— Ouais, c'est ça ouais ! ricane-t-elle en me regardant me débattre avec la manche de mon manteau qui ne veut pas me lâcher le bras. Tu dis toujours ça et ça fait 6 mois que tu nous chantes la même chanson. Le patron est passé et il n'était pas content ! chantonne-t-elle.
Je réussis enfin à enlever mon manteau et relève ma tête vers elle.
Elle sourit en tournant doucement sur sa chaise roulante. Elle était en train de jubiler de mon état d'inquiétude.
— Et qu'est-ce qu'il a dit, Jude ?
— Qu'il repasserait tout à l'heure.
Je soupire, prends mes affaires que je vais ranger dans l'arrière pièce et retourne à l'accueil.
En fait, ça fait 6 mois que je travaille à l'hôtel New York Marriott Marquis, non loin de Times Square comme standardiste. C'est un hôtel très classe et très prisé des touristes du monde entier. Étant assez bonne en langue et polyglotte, et je vous expliquerai pourquoi tout à l'heure, j'ai obtenu facilement ce job.
J'obtiens toujours facilement du boulot, sauf que je ne les garde pas assez longtemps.
En tout cas, ça se passe bien sauf les problèmes de transports ...
Et là, j'ai la voix d'Edna en tête qui me souffle « Menteuse ! Tu ne te réveilles pas assez tôt ! ».
Je chasse sa tête de mon esprit et commence à bosser sous le regard excité de ma collègue Jude.
Jude Laughey a 26 ans et c'est une pimbêche de première. Ça fait deux ans qu'elle travaille ici. Elle est assez jolie, mais abuse un peu trop sur le maquillage à mon avis personnel. Particulièrement sur le fond de teint qu'elle applique très généreusement, mais elle est sympa et vraiment marrante quand elle le veut.
Bien sûr, ce n'est pas ma graaaannde copine. En tout cas, c'est une collègue que je supporte assez bien.
L'un de nos steward passe vingt minutes plus tard.
Je le reconnais à l'odeur de son parfum qu'il dose sans modération car selon lui « Peut-être que mon futur époux sentira cette odeur magnifique et qu'il tentera de me chercher avec ...» et lève ma tête vers lui, car il se poste devant nous et nous regarde avec le sourire.
Ah et oui, il est gay et le clame haut et fort.
— Salut Billie Jean, Salut Judie Prout !
On lui fait une grimace toutes les deux ce qui le rend hilare.
— Et arrête de m'appeler Billie Jean, Edward ! C'est Billie Fernandez !
— Et moi, ce n'est pas Prout. Gamin va !
Il rigole en se dandinant.
Ce mec est une vipère. Edward Barry est la commère de service. Du haut de ses 23 ans, qu'il adore crier sur tous les toits comme si c'était un âge important alors que c'est insignifiant, il sait tout ce qui se passe dans l'hôtel et n'hésite pas à colporter des ragots. Il se moque bien de jouer sur les stéréotypes des gays super efféminés et à la personnalité exacerbée. Ça ne le touche même pas un peu, le type de commentaires méchants qu'il peut recevoir. Il s'aime et il est fier de lui. D'ailleurs, ce petit con a une super belle gueule et se maquille 100 fois mieux que Jude et moi-même.
Bien sûr, ne vous imaginez pas qu'il se met du rouge à lèvres et autres hein ... Bon, je dois l'avouer qu'il le fait lorsqu'il va à des soirées.
Sinon, il a du style et un grand goût pour le mode. Il est toujours très bien habillé.
Il n'est pas méchant non plus, mais très bavard et très enquiquinant.
— Oh c'est bon ! Billie Jean, tu as dû l'entendre toute ta vie hein ! se justifie-t-il avec ses grandes manières.
Oui, j'ai effectivement entendu la blague « Billie Jean » toute ma vie.
Merci à Michael Jackson pour cette chanson - j'adore ce type mais cette chanson, je la déteste - et à mes parents qui étaient fan de lui. Ils n'ont pas cherchés midi à quatorze heures pour m'appeler Billie sans penser à la répercussion que ce prénom allait me coûter.
De plus, cette "Billie Jean" dans cette chanson est une jeune femme, danseuse apparemment, qui a mis le grappin sur « Michael » et qui prétend qu'il est le père de son fils. Et surtout, elle pense que c'est l'homme de sa vie alors que lui, il s'en fout !
Grosse blague ! Elle fait pitié cette jeune fille ! Son avenir montrait clairement qu'elle était foutue.
C'était le pire prénom que j'aurais pu avoir !
— Bref ! Le boss est fâché les filles, annonce-t-il. Et ton énième retard Billie, n'arrange pas les choses. Je suis sûr qu'il est au courant que sa femme le trompe avec son ennemi, déblatère-t-il.
— Ce n'est pas de ma faute si je suis en retard de quinze minutes ! je me défends.
Edward et Jude me regardent avant d'éclater de rire.
— Tu es supposée commencer à 8h30 mais tu arrives toujours à 9h30. Ce n'est plus quinze minutes ma chérie ! pouffe-t-elle avec dédain.
Je roule des yeux. Ils exagèrent.
— Oui, bah, ce n'est pas de ma faute, je grommelle.
— Tu me fais limite pitié, Billie Jean. Encore tu serais en retard à cause d'un petit copain qui te fait grimper au 7ème ciel chaque soir, je comprendrais, mais tu es célibataire depuis 150 ans comme une vieille peau alors ... tu n'as pas d'excuses. Jude te couvre toujours !
— Vrai ! s'exclame-t-elle.
— Je ne serai pas en retard demain les gars, dis-je.
— Tu as dit ça samedi, me rappelle-t-elle.
Je soupire et la voix profonde du directeur de l'hôtel nous fait tous les trois sursauter. Moi, encore plus.
Je tente de me faire toute petite mais impossible, il m'a vu.
— Billie Fernandez, dans mon bureau, dans 5 minutes ! ordonne-t-il.
Il s'en va comme il est apparu et Jude glousse de mon malheur.
— Je te l'avais dit ! dit-elle victorieuse.
— C'était sûr ! Tu as trop été dans l'abus Billie Jean, commente Edward avec une fausse moue navré. Après, peut-être qu'il veut que tu sois son amante pour se venger de sa femme. Tu es mignonne avec ton petit ventre et tes bourrelets, mais ça va ! Et, tu es une Latina, anglaise, blonde naturellement, avec des yeux verts, et c'est rare.
Je me lève en grognant.
Oui, mes caractéristiques génétiques avaient été irrespectueuses avec la personne que j'étais. Déjà que mon prénom n'était pas facile à porter, et bien lorsque je disais que ma mère était une mexicaine et que mon père était anglais et qu'ils étaient tous les deux étaient bruns et moi, blonde, ça pose problème.
Oui, je vous confirme, ils sont bien mes parents. Aucun échange à l'hôpital.
J'avais apparemment hérité de ma grand-mère paternelle que je ne connaissais pas, car mon connard de géniteur s'était tiré six mois après ma naissance.
Super vie hein !
— Pourquoi je vous ai raconté ma vie ?!
— Bon courage, Billie Jean ! lancent-ils avec un signe de main et le sourire.
Je leur fais une grimace et me dirige vers ma sentence imminente.
Je prends l'ascenseur pour arriver à l'étage où se trouve son bureau que je connais bien, l'ayant très fréquemment fréquenté de part mes retards et je me motive mentalement pour la confrontation.
Devant la porte de son bureau, je respire un bon coup avant de frapper.
Tout va bien se passer.
Il m'invite à entrer et je le fais en me montrant avec le sourire et confiante alors que je n'ai qu'une envie, me chier dessus.
Je ne peux pas perdre ce boulot. Edna va me tuer et ...
Je réalise enfin. Putain ! C'est de sa faute à cette sorcière !
— Ah Billie ! Asseyez-vous.
Je fais ce qu'il me dit en me disant que je vais tuer Edna tout à l'heure, et souris.
— Vous vouliez me voir ?
— Oui. Vous avez été encore une fois en retard ce matin.
— Je sais ! je soupire. Mais, j'ai une excuse.
— Billie, en 6 mois chez nous, vous êtes celle qui m'a sorti le plus d'excuse pour se justifier ses retards.
— Oui, mais je n'ai pas été tout le temps en retard !
Il me lance le regard « Tu te fiches de moi là ? » avant de dire :
— Sur 6 mois, vous avez été en retard 5 mois un peu près.
Bon ...
— Vous êtes une bonne salariée, mais je ne peux pas vous garder. Mon indulgence a des limites. Et ça donne une mauvaise image aux autres salariés. Ils peuvent penser à du favoritisme. Je suis désolé mais vous êtes virée. Vous terminez votre journée chez nous, vous récupérez votre salaire et votre solde de tout compte. Billie, je vous souhaite de changer par rapport à votre problème de retard. Un employeur ne peut garder un salarié qui l'est tout le temps. Ce n'est pas professionnel. J'ai été vraiment gentil car certains vous aurez viré au bout d'un mois.
— Quoi ? je m'exclame, outrée. Non, s'il vous plaît monsieur Thomas. Je ne serai plus en retard, je vous le promets ! dis-je en joignant mes deux mains pour le supplier comme une gamine.
— Malheureusement, c'est trop tard. Je vous ai déjà donné trop de chance. Sachez malgré tout que vous êtes un bon élément et que le fait que vous parliez plusieurs langues était très bon pour nous et que votre bonne humeur était agréable ...
Je me lève d'un bond, furieuse.
— Vous ne pouvez pas me dire ça si vous me virez ! Je ne sais pas pourquoi vous vous en prenez à moi, mais si c'est à cause de votre femme qui vous trompe avec le patron de l'hôtel qui nous fait concurrence, alors allez vous faire voir ! déclaré-je d'un trait.
Il se fige, je me fige et je pose mes deux mains sur ma bouche.
Et voilà ma maladresse légendaire qui a décidé de faire son apparition. Là. Maintenant.
Mon Dieu ! C'est la pire journée de ma vie. Ça m'apprendra à écouter, Edward.
Il lâche un petit ricanement nerveux après quelques secondes qui me paraissent des heures et je déglutis.
— Qu'avez-vous dit, Billie ?
Fais chier ! Bon, je dois assumer maintenant.
Je lisse ma veste, redresse ma tête et dis avec dédain :
— Je me casse d'ici monsieur Thomas et envoyez-moi mon due par courrier. Je ne resterai pas une minute de plus ici. Votre ingratitude envers mon travail est à un niveau que je ne peux tolérer une seconde de plus. Au revoir monsieur Thomas.
Je lui tourne le dos et il commence à me rappeler, mais je détale comme une gazelle pour éviter qu'il me question par rapport à sa femme qui le trompe.
L'ascenseur me ramène à l'accueil et Jude se lève direct pour savoir ce qu'il en est.
— Alors ?
— Ce connard m'a viré ! Je me casse Jude d'ici, de cet hôtel de merde !
— Awhh Billie Baby ! Je suis désolée.
Elle me suit dans l'arrière pièce et je mets avec hâte mon manteau.
— Tu vas nous manquer quand même, dit-elle avec une petite moue.
— Oui bah c'est la vie hein ! On se verra de temps en temps, mais pas trop parce que Edward et toi, vous n'êtes pas trop ma tasse de thé.
Elle sourit en coin et moi aussi.
— Mais raconte-moi ce qu'il s'est passé au moins.
— Et bien, je le lui ai mis bien profonde en disant que sa femme le trompait !
— Quoi ? s'étrangle-t-elle, estomaquée. T'as pas fait ça ?
— Bien sûr que si. Il me complimente pour me dire que je suis virée. C'est sorti comme ça !
Elle secoue la tête totalement ahurie.
Je la contourne pour sortir et Edward passe comme par hasard à ce moment-là avec des bagages d'un client.
Il écarquille les yeux en me voyant.
— Tu pars Billie Jean ?
— Je pars Edward Cullen.
Il me fait son regard blasé et je lui donne une tape amicale à l'épaule.
— On se reverra mon ami.
— Je compte sur toi Billie Jean. Tu me manqueras un petit peu.
On se fait la bise à distance et je souris une dernière fois à Jude avant de les laisser planter là et je quitte l'hôtel où j'ai travaillé pendant 6 mois.
Maintenant, je suis sans emploi.
Je crois que ça va être la rupture définitive avec Edna.
Et ça me saoule parce que je suis bien habillée alors que je n'ai rien à faire.
Je soupire et décide d'envoyer un message bien salé à Edna.
À Edna Lova ❤️:
J'ai été virée à cause de tes doigts de sorcière !
J'espère que tu vas inverser le sort parce que je sens que je vais te tuer Edna !
Je n'ai plus de boulot et je suis déjà en dépression. 😭
VILAIIIIIIINE !
J'envoie mon message mi-rageuse mi-heureuse, puis je fais défiler mes contacts pour tomber sur le numéro d'Amiri, une très bonne amie à Edna et à moi depuis le lycée, et je l'appelle.
Elle décroche assez rapidement alors que je me dirige vers la bouche de métro.
— Allô Billie ?
— Amiri, c'est moi. Je suis triste. Que fais-tu ?
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— J'ai perdu mon boulot à cause de la sorcellerie d'Edna et donc, j'ère comme une clocharde à 9 heures 50 précise dans la rue, expliqué-je après avoir regardé ma montre, le cœur lourd et en peine.
Elle rit et finalement, ça m'arrache un sourire. Je ne suis pas si triste que ça, vous savez.
Je n'ai jamais réellement aimé travailler.
Donc ... Je vais pouvoir faire des grasses matinées à nouveau, passer la journée au lit à ne rien foutre et vider mon compte le temps de me trouver un nouveau job avec du bon gros shopping en ligne.
Oh et manger comme une dingue !
Ahhh ! Rien que de penser à ça, ça me donne le sourire.
— Edna n'a rien à voir avec ça, dit-elle. Tu as toujours ton trouble du retard, je le sais.
— Oui, bon, je suis responsable en partie, admis-je. Bref, au lieu de me faire la discute, que fais-tu ?
Vous vous dites à cet instant précis mais « Billie est stupide ! Sa copine doit bosser ! ».
Et bien, oui elle bosse, mais jamais le lundi et en plus, elle se fait de l'argent en étant blogueuse. Elle n'a même pas besoin de se réveiller le matin très tôt pour aller travailler comme toute personnes normale. Il lui suffit juste de faire une vidéo, de la poster, créer des articles sur sa vie et d'obtenir son salaire cette veinarde ...
Mais si je faisais ça ?!
La journée n'est pas si mal que ça tout compte fait ...
— Je prépare ma vidéo de la semaine mais on peut se retrouver au Starbucks si tu veux, me propose-t-elle.
— D'accord, faisons cela. Après, on peut faire du shopping ? Je dois ... décompresser.
— Toujours avec moi. Bisous ma belle, à tout de suite.
— Yep.
Je raccroche et attends le métro tranquillement.
Une fois dedans, je décide d'écouter un peu de musique parce que je suis enfin libre de toute contrainte professionnelle pour quelques temps lorsque je reçois la réponse d'Edna.
De Edna Lova ❤️:
😜
Je reste bloquée devant mon téléphone pour sa désinvolture et son culot. Pas de mots, rien. Juste un émoji joyeux de merde.
Mais, c'est la raison de mon amour éternel pour elle.
Je décide malgré tout de ne pas lui répondre parce que je sais que ce soir, elle va me faire la morale comme si j'étais sa fille, alors autant faire comme si elle n'existait pas pour quelques heures.
*
Amiri m'a averti qu'elle serait un peu en retard, alors je déambule dans les rues sans trop savoir ma direction, mais je sais que je trouverais le Starbuck Coffee.
Je soupire en plongeant mes mains dans les poches de mon manteau qui m'a coûté une bonne centaine de dollars et j'arrive devant une église.
Elle est petite mais toute mignonne. Ça doit faire cinq bonnes années que je ne suis pas allée à l'église.
J'y allai avec ma mère plus jeune mais ça ne m'a jamais vraiment intéressé.
Pas que je ne crois pas en Dieu et son existence bien sûr, mais m'y rendre pour le prier, ça aussi c'était une corvée.
Poussée par un je ne sais quoi, je décide d'y entrer.
Comme beaucoup d'églises, c'est sombre pour apporter ce genre « d'intimité » avec le Seigneur.
Mais moi, ça, je ne comprends pas. Ça devrait être lumineux non ?
Les églises gospels sont mieux.
Je me décide quand même d'avancer puis je vais m'asseoir sur un banc après avoir fait le signe de la croix.
Quelques fidèles sont là pour prier alors que moi, je suis là pour ... avoir un peu plus chaud peut-être.
Mon Dieu ! Si Dieu m'entendait ! Mais ... Il m'entend ...
Je regarde devant tentant de me rappeler du nom des trucs. Quelques souvenirs me reviennent mais rien de très clairs.
Après plusieurs minutes, je pivote ma tête vers le petit coin sombre à ma gauche. C'est l'endroit où on se confesse. Ça aussi je ne me souviens plus du nom.
À vrai dire, je ne me suis jamais confessée et les cours religieux, je les séchais.
Que Dieu me pardonne.
Bon, il est peut-être l'heure de le faire à mes 25 ans.
Je me lève donc et je vais vers le confessionnal puisque ça m'est revenu subitement.
Je m'y installe et j'attends quelques minutes avant qu'un prête n'arrive et ne fasse coulisser la petite fenêtre qui nous sépare.
Je ne le vois pas et il ne me voit pas. Il se racle la gorge et j'en fais de même.
— Bonjour mon enfant, lance-t-il doucement.
— Bonjour mon ... mon père ?! C'est ça ?!
Il laisse échapper un petit rire.
— Oui, c'est ça.
— Ah tant mieux. Bon ... Je ne sais pas trop quoi dire, mais je ne viens pas confesser mes péchés. Parce qu'en fait, je ne pêche jamais.
Il rit doucement.
— Malheureusement, l'Homme est pêcheur.
— Ah vous avez dit l'homme, pas la femme mon père !
Je ris toute seule à ma blague stupide, puis je me ressaisis parce que je ne veux pas me faire punir par Dieu.
— Pardonnez-moi, mon père. Je suis un peu ... En fait, je crois en Dieu mais je ne prie pas. Je ne suis pas une fidèle ou autre. Je ... Je viens de me faire virer de mon travail. Encore une fois. Et ça me saoule. J'ai un gros souci. Je suis très souvent en retard. Mais vous allez être surpris parce que je suis en retard que lorsque je travaille. Sinon, pour des rendez-vous amoureux, des sorties entre copines et le reste, je suis à l'heure. Je pense que je ne suis pas faite pour travailler. Qu'en pensez-vous ?
— Mh. Qu'as-tu fait comme étude ?
— Des études littéraires. J'ai été diplômée il y a deux ans après avoir passé cinq ans sur les bancs de l'université. Et depuis, je fais des boulots qui n'ont aucun rapport avec ça.
— Et pourquoi ça ? Que voulez-vous devenir ?
Je réfléchis à sa question qui est très bonne.
En fait, je ne m'étais jamais posée cette question. Après le lycée, je voulais absolument faire des études littéraires car j'aime lire, tout comme Edna, mais des livres plus intéressants que les siens bien sûr, et j'aime écrire des petits histoires palpitantes avec de l'amour et de l'action. C'est une combinaison explosive selon moi. En plus, comme elle est policière, ses affaires mystères m'ont toujours nourris d'intérêt.
— Je ... Je ne sais pas.
— Si vous ne savez pas, c'est normal que vous soyez perdue.
— Dieu n'est pas supposé me guider ?!
Il rit doucement.
— Vous lui avez demandé ?
— Non, je dois l'admettre. Bon, je Lui demande et après ?
— Vous patientez.
— Patienter... Moi, je veux être utile mon père ! déclaré-je. Je veux une vie palpitante ! Je veux du changement ! Je veux de l'adrénaline, de la peur, la remise en question totale de mon existence sur cette planète ! Je veux ... Je veux ... Un truc de malade ! Comme ça, je pourrais écrire un best-seller, je deviendrais inoubliable, je serais dans l'histoire et je deviendrais aussi riche que celle qui a écrit un livre de sexe là. 50 nuances de Grey. Mon père ! Elle se fait de l'argent sur une histoire de sexe ! Bon, moi je ne veux pas de ça hein ...
Mon iPhone déclare sa présence avec sa sonnerie typique et je décroche.
Ah, c'est Amiri.
Je décroche en m'excusant auprès de mon père. Cette phrase sonne bizarre.
— Oui allô ?
— T'es où, Billie ? Je suis arrivée.
— Je me confesse à l'église et je prie Dieu. Je pense qu'il était temps.
— Hein ?
— Je suis là dans 10 minutes.
Je raccroche.
— Excuse-moi, mon père. Oui donc je vais devoir y aller, mais je crois que cette atmosphère commence à me faire de l'effet. Je ne suis pas faite pour travailler derrière un bureau ou un comptoir. Je suis faite pour vivre une histoire de dingue puis après la raconter à travers une histoire. Qu'en pensez-vous ?
— Eh bien ... si c'est dans votre destinée alors attendez que Dieu agisse pour que cela arrive.
— Super ! Priez pour moi et je vais prier ce soir. Merci mon père. C'était cool. Je reviendrai. Et merci.
Il rit doucement.
— Au revoir mon enfant.
— Salut.
Je quitte le confessionnal le sourire aux lèvres.
En fait, c'est super cool de se confesser. Je me sens plus légère.
*
— Naaaaan ! Tu lui as dit ça ?!
— Ouais ! confirmé-je à Amiri qui avait le regard choqué.
Je viens de lui raconter mon licenciement tout en buvant mon Latte au caramel avec un Cheesecake.
— Wow. Le pauvre !
— C'est sorti tout seul, déclaré-je. Je te jure.
Elle secoue ses magnifiques cheveux noirs tout lisse comme si elle faisait un brushing tous les jours alors que pas du tout.
Amiri était une magnifique japonaise avec des traits fins et tout mignon.
Edna et moi l'avions rencontrées au lycée. En première précisément. On avait de suite accrochées avec elle, car ce n'était pas le genre d'asiatique qui ne voulait pas se mélanger aux autres et qui étaient fermés d'esprit.
Attention ! Je ne fais pas d'amalgame. C'est un constat que j'avais souligné pendant mes études.
Mais Amiri, elle évitait ça. C'était une timbrée de la cervelle et elle était à mourir de rire.
En soirée, mon Dieu ! Elle prenait toute la piste de danse comme une délurée. Oui, certains asiatiques ... dansent.
Ne me prenez pas au mot aussi. Vous l'aurez remarqué, je suis assez franche.
En tout cas, on s'amusait trop avec elle et voilà, c'était notre copine. On l'aimait beaucoup. Surtout lorsqu'elle nous invitait à dîner chez ses parents et qu'on mangeait japonais gratuitement.
Ses parents avaient un restaurant japonais.
Non ! Je vous vois de loin. Je refuse, ce n'est pas cliché ! Ils ont compris le business de l'alimentation, les asiatiques, c'est tout. Tout de suite les grands mots, pff.
— Et qu'est-ce que tu faisais à l'église ? En plus, t'es conne ou quoi ? On ne répond pas au téléphone à l'église !
— Oh. Ce n'est pas grave. Mon père ne m'a rien dit.
— Ton père ?!
— Amiri. Mon père, le prête quoi ! Arrête de te la jouer blonde, ça ne te va, souris-je.
— Ha ha, très drôle. Et bon, ça s'est bien passé cette première confession ?
— Ça va. Il m'a guidé. J'attends le signe de Dieu maintenant.
Elle secoua la tête en riant.
— Je suis archi sérieuse. Je suis prête pour une nouvelle vie.
— Bien. Bon finis ton café qu'on se casse d'ici. Je veux faire chauffer ma carte !
— Ça se voit qu'il y en a qui ont de l'argent à dépenser, dis-je en mettant mon manteau.
— Oui. Tu n'as qu'à garder ton travail comme Edna.
— Dieu m'a réservé un tout autre avenir Amiri, crois-moi. Allez, on se tire.
Je ramasse mon sac et prends mon Cup de café.
Je m'avance vers la sortie alors qu'Amiri jacasse derrière moi des paroles qui ne m'intéressent pas vraiment lorsque j'entre en collision avec un type à capuche et veste noire.
Tout mon café se renverse sur l'avant de son gilet.
Je reste figée par l'action. C'est comme dans les films, tout se passe au ralenti.
Oh Dieu ! Enlève-moi cette maladresse s'il te plait.
Je relève ma tête vers lui en grimaçant.
— Pardon, dis-je navrée. Je vais vous ramener des serviettes, ne bougez pas !
Le mec regarde son état et je ne vois que ses yeux noirs qui me sondent. Il marche à reculons avant de quitter le café.
OOOO.KKKK
Il fume la moquette lui.
— Ce n'était pas l'homme de ta vie là ! commente Amiri avec un soupir.
Un employé du Starbuck vient nettoyer les dégâts et me donne des serviettes pour que je m'essuie.
— Alors là, pas du tout. Allez, viens. C'est l'occasion de m'acheter un nouveau chemiser. Ah et j'ai mal au bras. Il a de la force !
Je me frotte à l'endroit où son coude m'a frappé et le masse. Il ne s'est même pas excusé.
Connard.
***
Voilà le premier chapitre. J'étais trop impatiente de le poster. Je kiffe Billie et Edna aussi. Vous allez, elles ont deux personnalités différentes mais elles sont complémentaires.
Dites-moi vos avis.
En tout cas, moi je kiffe haha.
Je tiens à dire que peut-être que certains passages seront choquants, il y aura des propos que certains jugeront blasphématoires mais tout ça n'est qu'une histoire et je veux absolument sur la vision de certaines personnes par rapport à une religion, à une couleur de peau ou des propos racistes. Enfin à propos de tout. Déballons les choses hein ! ^^
Mais le centre de l'histoire, c'est ce programme et le mystère autour.
Vous savez toutes que le féminisme et tout, c'est vraiment un sujet actuel alors voilà, ça m'a trop inspiré et j'espère que les filles, ça va vous réveiller et pour les gars qui lisent, ne prenez pas mal certains jugements. On joue sur ça. ;)
Bref, le prochain chapitre, c'est notre chère Edna. Il n'y aura pas beaucoup de point de vue. Pas plus de 3 ou 4 en tout cas.
Pleins de poutous.
PEACE AND LOVE-
-JFL.
PS : Et oui, il y aura de la romance pour celles qui s'inquiètent hein.
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