La forêt est mal famée la nuit. C'est un comble. Des villes sont mal famées, il y a du monde, d'étranges personnes que l'on ne veux pas rencontrer.
Mais la forêt... Personne ne se ballade dans une forêt de nuit. De plus, celle-ci est une propriété privée. Et... qu'elle devinette de savoir à qui elle appartient...? A la famille fondatrice de mon quartier, une des plus riches familles, celle face à laquelle tous les types du genre de mes parents essaient de faire bonne figure.

Je déteste toutes ces manières, tous ces adorateurs de ce monde si superficiel.

Mon téléphone sonne, il s'agit de mon cousin, il tombe bien car, malgré la chaleureuse compagnie de mon ami l'arbre, je commence à avoir froid.

- Oui? Je demande d'un sourire, sachant pourtant la raison de son appel.

- Yori, sa voix est toujours douce, compréhensive. Tu sais très bien que je ne pourrais pas toujours te sortir de ces bêtises. Sérieusement, ta mère a failli ne pas me croire, cette fois. Que tu était venu dormir à la maison ce soir.

-En même temps, ça n'est pas vrai... 

Je sourie toujours, mais cette fois, face à la maturité de mon cousin, je me rend compte à quel point la fausseté et l'enfantement que je fuis chez mes parents se retrouve chez moi dans ce que l'on pourrait définir de "gamineries". Quelle autre personne que moi aurait refusé la vie confortable dont je dispose ? Qu'elle personne ne regrette pas de ne pas pouvoir se payer des cours de sport, ou bien une chambre séparée de ses frères et soeurs, tandis que ma maison dispose d'une salle de piano, d'un bureau, de deux chambres d'amis et que je dispose moi même de ma propre salle de bain...
Qui d'autre que moi fuirait ce type de bonheur là ?

-Yuri ?... Yuri ?

Je n'ais pas envie d'aller chez mon cousin. Il est bien trop mature face à moi et me rappelle à quel point je peux ressembler à une adolescente en pleine crise.

-Yuri ?! Tu réponds oui !?

-Oui, désolée...

-Où est-tu ? Que je vienne te chercher...

- Je suis chez une amie, j'avais juste oublié de prévenir maman.

- C'est pour ça que tu ne réponds pas à ses appels... il annonce dubitatif.

Mes yeux se dirigent vers mon téléphone, effectivement, ma mère a essayé de me joindre depuis 15h.
Je lis ses messages, mettant mon téléphone en haut parleur.

- Ah oui... Elle se demandais juste pourquoi je ne suis pas allée à mes cours particuliers aujourd'hui.

-Comme à chaque fois que tu n'est pas chez une amie Yuri...

-... Si ! Je suis chez une amie je te dit !

- Chez qui ? Chez Hayia peut être ?

- Qui d'autre? Je répond.

-Justement... Tu sais que depuis le temps, je connais ton amie, et celle-ci​ m'a bien confirmé que tu n'étais pas avec elle actuellement.

- Oups...

- Yuri, tu es où !?

J'entends à sa voix qu'il commence à s'impatienter. Zep, de son surnom, est pourtant très patient.

-...

- Yuri, met la localisation de ton téléphone s'il te plaît. Demande t-il froidement.

- Quoi !? Noon !

- Yuri !

- Non, surement pas ! papa et maman vont savoir où je suis si ils regardent... Ce qu'ils feront sûrement !

- Alors dit moi où tu es !

Une once de désespoir se fit ressentir dans sa voix.

- Laisses moi raccrocher et va dormir Zep, je n'ai pas envie de venir chez toi.

Physiquement, je peux raccocher. Mais Zep m'a déjà fait promettre de ne pas le faire sans son autorisation car cela à déjà failli nous mettre tous les deux dans un sale petrain par ma seule et unique faute, il y a bien longtemps.
Hors, s'il y a une chose que je tien, c'est bien mes promesses.

- Justement, non, tu ne racrochera pas et moi non plus tant que je ne serai pas venu te chercher.

- La batterie de mon téléphone ne tiendra pas jusque là.

- Tu en a toujours une de rechange.

- Vide, menti-je.

- Yuri, je ne le répéterai pas, et tu sais que je fait ce que je dit, si d'ici une minute je ne sais pas où tu es, je rappelle ta mère et ça ne sera plus à moi à qui tu aura à faire.

- Non attend ! m'empressai-je.

Je n'ais pas le choix. Ma mère est une vraie plaie, tant pour délimiter la liberté de ses enfants que pour chercher à comprendre les choses. De plus, si Zep lui avoue que je ne suis pas chez lui, elle ne lui fera plus confiance, ce qui n'est ni bon pour moi, ni pour lui.

- Alors ?! S'impatiente t-il

- Je...je... Je ne sais pas où je suis, admis-je.

- Ne me prend pas pour un con Yuri ! Tu dépasses les bornes là !

L'énerver n'est pas de bon présage... Mais je dit vrai.

- Je ne ment pas ! Je suis dans la forêt des Spinz, j'étais avec Hayia, mais on s'est quittée et je ne regardais pas où j'allais.

- Quoi !? Ça va faire une heure qu'il fait nuit et tu me dit que tu es seule, perdue dans une forêt!?

- La forêt des Spinz ...

- Ça reste une forêt Yuri ! Une forêt qu'ils ont ouverts au public il y a de ça 2 ans !

- Oui... Ça ne change pas grand chose...

- Il y a quoi autour de toi ?

- Des avions voyons... Je suis entourée d'arbres Zep! Que des arbres ! C'est tout.

- J'arrive. Tu ne bouges pas.

Zep a raccroché soudainement et je me retrouve seule, ne sachant pas ce qu'il compte faire pour me retrouver, de nuit, parmis ces 6 hectares d'arbres.
Il aurait mieux fait d'aller dormir, tranquillement, plutôt que de vouloir absolument me chercher. Le jour est bien mieux pour retrouver son chemin.