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"Mais tu sais que j'en ais marre ! Tu sais que je n'en peux plus !
Je me retourne soudainement pour m'en aller, mais Hayia me retient par le bras.
-Yori !
De ma main libre, j'essuie la larme qui vient de couler sur ma joue. La tête toujours tournée vers la forêt, je n'arrive plus très bien à contenir ce que je ressens. Je suis perdue. Cependant, je ne veux pas que mon amie me voit dans cet état. Énervée, J'ai l'habitude, mais triste... C'est encore autre chose.
J'attend quelques secondes afin d'être certaine de pouvoir contrôler ma voix.
-Laisses moi faire, arêtes de me retenir ! Toujours... Tu n'a pas à choisir ma vie !
D'un violent coup je sort de son emprise et part sans me retourner.
Cela fait bien longtemps que l'on se connait. Hayia est ma meilleure amie, elle a toujours été là pour moi et en a fait certainement plus que ce que je ne pourrai jamais lui rendre. Tout ce que j'ai su lui apporter étaient des complications.
Elle a une vie normale, née d'une famille au revenu moyen, allant dans un lycée public et passant son temps libre sur internet, comme la plupart des adolescents. Sa vie aurait été tellement plus simple sans m'avoir connue. Je veux dire... J'aime Hayia et elle me dira toujours que notre rencontre a été une des meilleures choses de sa vie, mais je reste persuadée que la fille au sale caractère que je suis, qui a pourtant tout pour être heureuse, ne fait que lui apporter de mauvaises choses.
Je sais très bien qu'elle n'y est pour rien. Je sais très bien que je devrais lui faire un câlin, la remercier, écouter ses conseils raisonnables et réfléchis.
J'ai envie de lui faire un câlin d'ailleurs, très envie, même. Mais je ne suis pas capable de m'exprimer ainsi. Si je ne le fait pas par la colère alors je sombre, mais je ne veux pas sombrer, alors je passe mon temps à rejeter ce que je ressens et à le remplacer par ce sentiment néfaste.
Je m'appelle Yori, aux premiers abords, fille parfaite, née d'une famille très aisée, que beaucoup nomeraient de "Bourges".
Depuis longtemps, on m'a appris à sourire hypocritement à tout va, à être gracieuse, éduquée, respectueuse et aimante. Peut être un peut trop...
Mes parents ont tenus à ce que je fasse du sport, de la musique et que je prenne de multiples cours privés.
La tenue équestre blanche, couleur ridicule à porter pour un sport avec des animaux et de la terre, mais bien vue, fait partie de mon quotidien.
Je joue du violon et de la contre-basse. Mes parents estiment cependant mon niveau médiocre et veulent me faire faire du piano.
Aussi tel un bon parti qui jouerait pour son mari, mon bon parlé et ma grande connaissance de la langue anglaise me donne un "atout considérable" disent-ils.
Ils sont vieux jeux et d'un autre monde. la famille dans laquelle je vis fait partie des inombrables familles friquées qui croient inlassablement aux pouvoirs de la compétence et de la superficialité.
Sans comprendre pourquoi, je me prend soudainement un arbre.
-Aiieee !
Sans m'en rendre compte, poussée par mes pensées, je me suis mise à courir et les larmes avaient caché ma vue. Mon crâne me fait maintenant terriblement mal.
Revenue a la réalité, je ne sais plus où aller. Je viens de remballer ma meilleure amie, et il est hors de question de rentrer chez moi.
Alors, cet arbre étant ma seule compagnie, je décide de m'asseoir contre lui.
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