Je soupire et hausse les yeux au ciel. Nath commence à m'énerver sérieusement avec ses ricanements constants.  Lors du trajet il prend un malin plaisir à me raconter comment il a été recruté. Apparemment c'est grâce à ses dessins "splendides" et son humeur que "lui au moins" sait gérer ses émotions et... J'ai arrêté d'écouter quand il a commencé à me parler de ses "exploits" au sein de la résistance, préférant me concentrer sur quelque chose de plus important, comment va se passer ma rencontre avec les autres personnes comme moi. Celles qui ont aussi été embarquées sans leur avis dans cet endroit. Des potentiels rebelles. Avons nous ne serais ce que le choix ? Je n'en ai pas l'impression...

Nous marchons dans les couloirs beiges au sol blanc. Je joue nerveusement avec l'ourlet de mon maillot rougeâtre aux motifs d'un jaune délavé, usé par le temps mais dont je ne pourrais jamais me séparer: je l'ai eu par ma tante quelques temps avant qu'elle ne se suicide, trop fatiguée pour continuer à vivre avec la puce. Voilà pourquoi je la hais tant. Pourquoi je hais le gouvernement. Pourquoi je dois lutter tous les jours pour ne pas finir comme elle: une femme sans âme, usée par la puce et sans énergie vitale. Sans aucune raison de vivre.

Finalement, si je m'engage dans cette résistance, peut-être que j'aurais enfin l'occasion de venger ma tante. Peut-être que j'aurais ce but à atteindre avant de mourir. Peut-être que je ne finirais pas comme elle.

Cela me semble déjà plus attrayant qu'une simple question de dessin affiché.  Toujours avoir un but à atteindre avant de mourir.  Cela restera mon mentorat.