Prologue

Mars 1924. Minsk, Biélorussie.

Mabel Cole ne voyait pas plus loin que le bout de son nez.

Les sorts volaient autour d'elle alors que le brouillard qui l'entourait devenait plus opaque.

Après des années d'expérience dans la traque de Mages Noirs, elle n'avait encore jamais vu cela. Ils étaient arrivés à six. Une équipe d'Aurors surentraînés. Et voilà qu'ils tombaient tous comme des mouches.

La sorcière ne voulait pas l'admettre mais elle était terrifiée.

Elle entendit le bruit sourd d'un corps tombant au sol à quelques mètres sur sa gauche et se demandant lequel de ses amis venait de trouver la mort. Son cœur se serra à cette pensée et elle resserra son emprise sur la baguette magique qu'elle tenait dans sa main gauche, ses phalanges aussi blanches que le brouillard qui l'entourait.

Elle aperçut un éclair vert sur sa droite et se dirigea anxieusement dans cette direction. Elle avançait lentement mais même à cette vitesse, elle faillit trébucher quand elle se prit les pieds dans une masse immobile et dure. Elle se baissa lentement, attentive au moindre bruit mais seul un silence de mort régnait autour d'elle.

Elle baissa les yeux et tomba sur le regard vide d'une jeune femme rousse. Victoria, sa plus jeune recrue. Mabel détourna la tête. Elle n'avait pas voulu l'emmener. Victoria n'était parmi eux que depuis deux ans, elle n'était pas prête et l'Auror le savait. Pourtant, elle s'était laissée convaincre par l'enthousiasme de sa jeune collègue et avait accepté de l'emmener avec elle. La mort de Victoria était sa faute. Leur mort à tous était sa faute.

L'Auror se releva et un bruit sec retentit derrière elle, celui d'un sorcier qui transplane. Mabel se retourna, parant du même coup le sort Imobilis du sorcier. Un rire froid retentit et la sorcière sentit ses poils se dresser sur ses bras. Elle avait paré son sort trop facilement. Il jouait avec elle.

Après tout, pour quelle autre raison se serait-il donné la peine de créer ce brouillard étouffant et de les faire tomber un à un alors même qu'il aurait pu tous les tuer d'un seul coup de baguette magique.

Les exploits de Gellert Grindelwald étaient connus de tous. Elle savait qu'il en était capable.

Mabel tournait sur elle-même, lentement, à la recherche d'une silhouette mais rien n'apparut.

À certains moments, elle entendait les chaussures du sorcier frotter contre le béton au sol. Un cri étouffé se fit entendre à quelques mètres d'elle et Mabel s'avança dans cette direction, la baguette tendue devant elle.

De la sueur perlait sur son front alors même que la température avoisinait zéro. Avait-elle été naïve de penser qu'elle pouvait se confronter au célèbre Grindelwald ?

Le bruit distinctif d'un sorcier transplanant retentit de nouveau derrière elle et cette fois elle fut la première à lancer son sort. Il lui revint en pleine figure. Les bras collés contre ses flancs, ses pieds cimentés au sol, elle était aussi immobile qu'une statue.

Elle détestait se retrouver dans cette situation.

- Impressionnant.

La voix lui parvint de derrière elle. Une voix froide et cruelle. Mabel sentit des frissons parcourir tout son corps. Pétrifiée et glacée jusqu'au sang, elle entendit le son des chaussures du sorcier battre le pavé dans son dos, lentement et délibérément.

Son souffle lui parvint dans son cou et si elle l'avait pu, elle aurait sursauté. Elle détestait se trouver dans une telle position de vulnérabilité. Elle détestait se sentir aussi apeurée. Elle avait attrapé et capturé une dizaine de Mangemorts et de mage noirs de la pire espèce, pourquoi était-ce différent avec lui ?

Elle n'eut pas à réfléchir longtemps.

Parce qu'aucun auparavant n'avait tué autant des siens.

Le mage noir contourna Mabel et bientôt ils se retrouvèrent face-à-face. Mabel fit de son mieux pour conserver une expression neutre. Elle ne lui donnerait pas la satisfaction de voir sa peur.

Le fameux Grindelwald, en chair et en os. Sa peau était pâle et livide et ses cheveux blonds lui donnaient l'apparence d'un fantôme. Excellente comparaison vu la difficulté que les Aurors du monde entier avait de le trouver.

- Selon l'un des Aurors que je viens de tuer, vous êtes celle qui m'a retrouvé.

Le mage noir avait prononcé ces mots d'une voix froide et calculée qui fit parcourir des frissons dans le corps de la sorcière, toutefois elle continua à toiser l'homme d'un regard qu'elle espérait aussi dur que possible.

- Vous n'étiez pas aussi bien caché que vous ne le pensiez.

Un sourire de prédateur s'étira sur les lèvres du fantôme et il toisa l'Auror du regard pendant ce qui parut être une éternité.

Mabel Cole se refusait à détourner le regard. Au contraire, elle plongeait avec dégoût ses yeux marron dans ceux dépareillés du mage. Elle sentait sa mort approcher et elle ne partirait pas en suppliant pour sa vie.

Le mage dû voir la farouche détermination dans son regard car il lui annonça, pratiquement comme un défi :

- Nous verrons bien si vous serez capable de renouveler votre exploit.

Sur ces mots, il transplana, libérant par la même occasion la jeune femme de son emprise. Celle-ci tomba au sol, le souffle court. Ses genoux claquèrent contre le sol dur et froid et ses mains s'égratignèrent sur des gravats, laissant une traînée de sang sur le béton.

Elle assista alors avec horreur à la dispersion du brouillard autour d'elle et à l'apparition de cinq cadavres.

Le teint pâle et les yeux grands ouverts, elle les reconnaissait tous.

C'était son équipe. Ceux qu'elle avait sélectionnés et entraînés pendant des années.

Leurs cadavres resteraient gravés à jamais dans son esprit.

Leurs morts alimenteraient sa haine.

Elle retrouverait Gellert Grindelwald et ce jour-là, un seul d'entre eux en sortirait vivant.

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