28| Un geste désespéré

« Grindelwald de nouveau en cavale. »

La phrase sauta aux yeux de Mabel et se marqua au fer rouge sur son visage déformé par le choc et la peur.

Elle n'en croyait pas ses yeux et pourtant, cela était écrit noir sur blanc.

Clouée sur place, la trentenaire détourna son regard de la photographie du mage noir, désormais libre, pour lire l'article qui venait de bousculer sa vie.

Il contenait peu d'informations mais Mabel apprit tout de même que, grâce à des complices, Grindelwald s'était échappé lors de son transfert en direction d'Azkaban, qu'il avait tué plusieurs personnes pour ce faire et, plus principalement, qu'il était encore dans la région de New York.

Si près.

Trop près, pensa-t-elle avec peur.

Lors de leur déménagement, Percival avait insisté pour qu'ils ne s'éloignent pas trop de la grande ville. Que partir au bout du pays ne changerait pas grand-chose. Qu'ils avaient simplement besoin d'éviter tout contact avec d'autres sorciers. Mabel avait été d'accord avec lui : partir loin n'aurait rien changé mais, désormais que Grindelwald était libre, elle regrettait sa décision. Elle était persuadée qu'elle se serait sentie plus en sécurité à l'autre bout du monde.

Et au moins, leur éloignement aurait pu expliquer la raison du silence radio du MACUSA. Le hibou relayant la nouvelle de l'évasion de Grindelwald aurait eu besoin de temps pour les atteindre et les avertir mais ce n'était pas le cas ici. Le couple était à seulement une heure et demi du Congrès alors pourquoi la présidente ne les avait-elle pas prévenus ne serait-ce que du transfert de Grindelwald ? Et d'ailleurs, pour quelle raison totalement insensée avait-elle décidé de faire cela ? Ne savait-elle pas à qui elle avait affaire ?

Mabel se frotta les tempes. La nouvelle commençait à prendre vie dans son esprit et elle prenait donc conscience que le cauchemar recommençait sauf que cette fois-ci, elle s'y était attendu. Cela n'atténuait cependant pas son impact, comme le prouvait les mains crispées de Percival sur le journal, comme s'il souhaitait lui faire subir mille souffrances. Mabel se sentit dévastée par la tristesse. Elle qui avait pensé bêtement qu'ils auraient eu plus de temps devant eux, qu'elle aurait pu aider Percival à oublier sa vendetta. Mais l'attente était finie. Il allait venir pour eux. Ou plutôt pour elle.

Mabel posa aussitôt une main protectrice au niveau de son bas-ventre, là où l'enfant du mage noir, encore invisible à l'œil nu, grandissait à son rythme.

Son geste sembla faire prendre conscience à Percival de la présence de la sorcière à ses côtés. Il s'adoucit très légèrement et passa un bras protecteur autour des épaules de Mabel. Puis, il jeta un dernier regard à la photographie du journal, replia ce dernier et le fit disparaître dans une boule de feu bleue au creux de sa main. Les cendres se déposèrent au sol et s'éparpillèrent au loin grâce au vent.

Même si l'image de Grindelwald venait d'être dispersée dans la campagne environnante, Mabel sentait encore sa présence inquiétante autour d'elle et cette situation oppressante lui fit penser à un proverbe américain : waiting for the other shoe to drop. (= attendre que l'autre chaussure ne tombe.)

Et c'était ce qu'il venait de se passer. L'autre chaussure venait de tomber. En plein sur sa tête.

Elle avait su que le mage noir s'évaderait tôt ou tard. Elle n'avait simplement pas anticipé qu'elle ressentirait une telle frayeur quand cela arriverait.

Elle frissonna et Percival déposa un baiser sur sa tempe avant d'enserrer sa taille avec son autre bras.

Mabel se lova contre lui, à la fois pour profiter de ce réconfort bienvenu mais aussi dans la crainte qu'ils n'aient plus l'occasion de partager un tel moment d'intimité plus tard. Puis, elle fit entendre son interrogation :

— Pourquoi le MACUSA ne nous a-t-il pas prévenu ? La présidente m'avait pourtant assuré qu'elle nous tiendrait au courant de tout, s'insurgea-t-elle en se souvenant de la promesse de Picquery de ne jamais laisser Mabel dans le noir quant au sort du mage noir.

Elle se souvenait aussi de son autre promesse : celle de lui fournir une garde rapprochée d'Aurors en cas de situation urgente.

Il n'y avait pas plus urgent que cette situation.

Et pourtant, pas de nouvelles du Congrès, de la présidente ou même d'un seul Auror envoyé pour les protéger.

Picquery avait pourtant semblé aussi déterminée que Mabel à faire en sorte que jamais Grindelwald ne puisse mettre la main sur son enfant. La communauté magique n'avait pas besoin que le plus dangereux des mages noirs ne se mette à élever son successeur.

La voix lente de Percival lui répondit :

— Parce qu'ils ne savent pas où nous sommes.

Mabel releva la tête avec brutalité, manquant de se faire mal. Les regards des deux sorciers s'accrochèrent. Celui de Percival était dénué de remords. Celui de Mabel était médusé.

— Comment ça ? Percival ! Tu m'avais pourtant promis que tu informerais la présidente de tous nos mouvements ! Tu es fou ! Pourquoi ne l'as-tu pas fait ? s'emporta-t-elle, plus par peur que réelle colère.

Elle avait délégué la tâche de communiquer avec la présidente au sorcier parce qu'il le lui avait demandé. Il lui avait dit qu'il serait le mieux placé pour dialoguer avec Picquery en raison de leur relation de travail et, ainsi, plus à même à défendre leurs intérêts. Mabel était donc perdue.

— Tu sais aussi bien que moi que le Congrès n'est pas fiable. En tout cas, pas en ce qui concerne notre sécurité, répondit-il avec une pointe de honte. Le bâtiment n'est pas impénétrable et les employés ne sont pas dignes de confiance. Je ne pouvais pas leur révéler notre position sans nous mettre en danger. (Le regard trahi que Mabel lui lança le poussa à s'expliquer davantage.) Plus il y a de personnes à connaître l'endroit où nous nous cachons, plus Grindelwald a de chances de nous retrouver. Je ne compte pas lui faciliter la tâche. Et de toute manière, le MACUSA en sait déjà bien trop, finit-il en déposant un regard distant sur le ventre de Mabel.

La trentenaire tressaillit et ressentit le besoin de protester.

— Seulement une poignée de hauts-gradés sont au courant.

— Pour l'instant. Mais la nouvelle finira par s'ébruiter, comme toujours. Je connais ces sorciers, ce sont des politiciens. Ils jouent avec nos vies aussi facilement qu'avec des jouets. S'ils peuvent gagner quelque chose en révélant cette information, alors ils le feront. Et à ce moment-là, tu seras en danger.

— Que peuvent-ils me faire de plus ? répliqua-t-elle dépitée.

Elle ne pensait pas qu'un ou deux ministres ne puissent lui faire plus de mal que Grindelwald.

— Tu ne comprends pas. Ce ne sera plus eux le problème mais tous les autres sorciers. À qui faire confiance quand chaque voisin ou commerçant pourra être celui qui voudra jouer au héros et empêcher l'enfant de Grindelwald de voir le monde ?

Mabel fut estomaquée par une telle idée. Elle refusait de croire que certaines personnes puissent en venir à vouloir la tuer pour cette raison. Puis, une idée plus sombre lui traversa l'esprit.

— C'est ce que tu voudrais ? Qu'il disparaisse ? demanda-t-elle d'une voix tremblante en reculant et en protégeant son bas-ventre avec ses bras.

Elle s'en voulait d'avoir à poser la question mais le silence de Percival sur ce sujet la faisait s'inquiéter à chaque jour qui passait. En deux mois, ils n'avaient pratiquement jamais parlé de ce bébé, qui était un cadeau empoisonné de leur pire ennemi. Mabel, qui avait elle-même eut des pensées morbides à ce sujet au tout début, ne pouvait s'empêcher de penser que Percival était peut-être toujours bloqué à ce niveau.

— Bien sûr que non, protesta-t-il en ramenant Mabel dans son étreinte. Il se massa le front avec sa main droite avant de finalement ajouter : Je ne laisserai personne te faire du mal.

Mabel n'était pas entièrement convaincue par sa réponse. Elle sentait qu'il était hésitant, qu'il ne lui disait pas tout mais, au cours des deux derniers mois, elle avait appris à se contenter de ces demi-vérités et donc, elle se laissa guider de nouveau contre le torse du sorcier.

Elle enserra la taille de Percival avec ses bras. Malgré son comportement, elle avait peur pour lui.

Car elle avait déduit une autre demi-vérité au cours de leur conversation : la seconde raison pour laquelle Percival n'avait pas prévenu le MACUSA de leur nouveau lieu de résidence. C'était parce qu'il ne voulait pas que, en cas d'affrontement avec le mage noir, des Aurors viennent s'interposer entre les deux sorciers et l'empêcher ainsi de se venger.

Elle nicha son visage dans le cou de l'américain et le supplia silencieusement de ne pas faire de bêtises. De ne pas faire quelque chose qui le hanterait toute sa vie. Elle ne voulait pas qu'il utilise un sortilège impardonnable, elle ne voulait pas qu'il tue Grindelwald.

Car cet affrontement serait différent des autres. Si l'un des deux combattants venait à mourir, ce ne serait pas un accident, non ce serait un meurtre et Mabel ne voulait pas que Percival ne franchisse ce pas. Elle ne voulait pas le perdre.

Et peut-être aussi avait-elle peur qu'il ne soit pas assez fort et que ce soit Grindelwald qui sorte vainqueur d'un tel duel.

Son désespoir se fit sentir à travers son étreinte et Percival y répondit en faisant pianoter ses doigts contre les hanches de la sorcière. Se mouvant à un rythme particulier, les coups étaient soit courts soit longs et Mabel se mit à déchiffrer le message en morse, ce code moldu qu'ils avaient découvert il y a quelques semaines, qu'il lui communiquait.

Le couple n'utilisait que très rarement ce moyen de communication. Il était long et fastidieux. De plus, ils ne l'avaient appris que pour s'assurer de leur identité. De manière à ce que si Grindelwald venait à retenter son horrible petit jeu de Polynectar, alors Mabel ait un moyen de connaître la vérité. Percival lui avait promis de ne jamais révéler ce code. Il avait approfondi ses capacités en occlumancie et si cela ne suffisait pas, alors il se scellerait la gorge.

Ses doigts calleux se déposèrent une dernière fois contre la hanche de la britannique. Un coup long pour terminer son message. Mabel déposa un baiser dans le cou de Percival avant de lui répondre.

._ _ _ . _ ._ .. _ _ . ._ .._ ... ... ..

Je t'aime aussi.


Si seulement les deux sorciers avaient pu rester pour toujours dans cette étreinte, avait pensé Mabel dès le lendemain matin, alors qu'ils se terraient tous les deux dans leur cachette, tiraillés entre peur, désespoir et impatience.

Ces sentiments étaient abreuvés par le journal qu'ils recevaient tous les jours sans faute et qui leur rappelait constamment que Grindelwald était toujours dans la nature, probablement encore aux Etats-Unis et échappait avec facilité aux Aurors.

Chaque nouvel article semblait attiser la haine de Percival et Mabel en venait presque à penser qu'il commençait à ressentir le besoin de partir à la recherche du mage noir lui-même.

Vigilant, le sorcier passait ses journées à arpenter leur terrain et ses alentours, et il s'éloignait tous les jours un peu plus. Il était passé de la maison, aux autres habitations moldus qui l'entouraient, puis au village. Mabel sentait que, tôt ou tard, il finirait par la quitter pour accomplir ce qu'il sentait être de sa responsabilité. Au début, elle avait tenté de le faire changer d'avis, de l'aider à oublier, mais la situation était trop pesante et elle-même était toujours sur le qui-vive. Elle ne dormait presque plus et passait le reste du temps à garder un œil sur Percival.

Les jours passaient et leurs cernes s'accentuaient. Coupée de tout contact extérieur, Mabel devenait folle et elle se demandait comment réagissaient Curtis et Netanya. Mabel ne les avait pas contactée depuis l'annonce de l'évasion de Grindelwald. Ils l'avaient alors supplié de les laisser l'aider mais elle avait refusé pour ne pas compromettre leur position et aussi ne pas les mettre en danger. Elle avait promis de les recontacter un peu après mais elle se le refusait jusqu'à maintenant. Qu'aurait-elle de plus à dire ?

Percival lui fournit un sujet de discussion possible le soir-même mais celui-ci la mettait dans une telle colère qu'elle n'aurait, de toute manière, pas eu l'envie d'en parler.

— Il est hors de question que je te quitte ! s'indigna-t-elle en agrippant un cousin du canapé et en le lançant à la figure du sorcier.

Percival l'esquiva avec facilité.

— Tu seras en sécurité là-bas.

— Je n'ai pas besoin d'être en sécurité, j'ai besoin de toi !

— Je te rejoindrai, promit-il.

— Comment peux-tu en être sûr ? Il est trop puissant, tu le sais très bien. Je ne supporterai pas de te perdre.

— Qu'est-ce que je suis censé faire ? Me cacher ici pour toujours ? s'impatienta Percival en haussant le ton. C'est mon devoir de te protéger. J'y ai déjà failli une fois mais cela ne se reproduira pas.

— Ce n'est pas en partant te faire tuer que tu me protégeras !

— Ce n'est pas en restant ici non plus, rétorqua-t-il d'un ton ferme et Mabel sut qu'aucun des deux ne changerait d'avis.

— Si tu pars, alors ne t'embêtes pas à revenir, lâcha-t-elle finalement avant de quitter la pièce précipitamment et de s'enfermer dans leur chambre.

Tremblante de la tête aux pieds, elle s'allongea sur le lit. Elle regrettait déjà ses paroles. Mais d'un autre côté, elle espérait que ce soit suffisant pour que Percival reste. Après tout, il souhaitait tuer Grindelwald pour elle. Peut-être que s'il réalisait qu'il risquait de la perdre en faisant cela, il changerait d'avis. Ou peut-être que Mabel se donnait trop d'importance et que Percival était trop obnubilé par sa haine pour penser à quoi que ce soit d'autre.

Mabel se leva pour ouvrir la porte. Elle entendit Percival marcher en long et en large dans le salon. Il avait besoin de réfléchir. Elle retourna dans le lit en laissant la porte grande ouverte, comme une invitation, et pria pour qu'il comprenne son regret et vienne la rejoindre.

Exténuée par cette dispute et les trois jours d'insomnie qu'elle avait vécus, Mabel s'endormit peu de temps après. Elle aurait pu dormir pendant de longues heures si elle n'avait pas été réveillée en sursaut au milieu de la nuit.

Encore à moitié endormie, elle se redressa brusquement en posant inconsciemment sa main contre son ventre. Le réveil sur sa droite indiquait quatre heures du matin. Elle se frotta les yeux et déposa sa main sur le côté gauche du lit : la place de Percival. Vide mais tiède. Et quand elle y déposa le regard, elle vit que les draps étaient repoussés.

Il l'avait rejoint.

Et il était partit précipitamment. Les battements du cœur de la sorcière doublèrent alors qu'elle s'élançait hors du lit et triplèrent quand elle atteint la cuisine.

Ses pieds nus s'égratignèrent contre le verre brisé répandu au sol et sa peau frissonna au contact du vent glacial qui s'engouffrait par les fenêtres brisées, mais elle s'en moquait.

Au milieu du carnage de la pièce se tenaient deux hommes. Percival, baguette à la main et surpris par l'arrivée de sa compagne. Et Grindelwald, s'aidant de la table renversée pour se remettre debout.

Mabel sentit son souffle se coincer dans sa gorge à la vue de son visage pâle recouvert de sang au niveau du nez, de ses cheveux blond platine ébouriffés et de la lueur de malice qui traversa son regard quand elle pénétra dans la pièce.

Elle sut alors qu'elle avait tout gâché. Elle eut à peine le temps de plonger ses yeux désolés dans ceux horrifiés de Percival que déjà, elle sentait le souffle caractéristique d'une personne transplanant derrière elle puis la baguette du mage noir s'enfoncer dans son cou.

Le retournement de situation laissa place à un silence glaçant seulement perturbé par les rideaux aux fenêtres claquant au vent.

— Je te remercie de ton arrivée, Mabel, murmura Grindelwald avec le fantôme d'un sourire.

Mabel eut un hoquet de peur et le souffle qui était resté coincé dans sa gorge s'échappa à l'air libre, provoquant un mur de vapeur qui la coupa momentanément du regard de Percival.

Quand elle put de nouveau le voir, elle vit son regard meurtrier se poser sur le mage noir.

— Lâchez votre baguette, ordonna Grindelwald à Percival.

Mabel sentit la douleur dans sa voix et y vit une lueur d'espoir. Il était blessé. Elle avait visiblement eu tort de douter de la puissance de Percival.

— Ne l'écoute pas, il ne me fera rien.

Mabel savait que Grindelwald ne la tuerait pas. Elle portait son enfant. Et Percival devait le savoir aussi car ses doigts agrippèrent plus fermement sa baguette.

— Je ne peux peut-être pas la tuer, c'est vrai, mais je peux la faire souffrir, menaça le mage noir en enfonçant plus profondément sa baguette dans le cou de Mabel qui grimaça de douleur. Lâchez votre baguette, M. Graves. Je ne veux pas avoir à vous tuer, vous êtes un sorcier puissant et votre présence dans mes rangs serait un atout formidable.

Percival fronça les sourcils.

— Je ne compte pas rejoindre votre camp. Je vais vous tuer.

— Je me doutais que vous diriez ça, répondit Grindelwald.

Sans retirer sa baguette du cou de Mabel, il agita son autre main en direction de Percival qui se raidit aussitôt. Mabel fut pétrifiée sous le choc. Un sortilège informulé.

— Je vous connais bien mieux que vous ne le pensez, M. Graves. Après tout, j'ai vécu dans votre peau quelques temps.

L'impuissance qui ressortait du regard de Percival, désormais pétrifié, brisa le cœur de Mabel. Elle avait tout gâché.

— Ne tente rien, Mabel, sinon je le tue, prévint son pire ennemi en retirant sa baguette du cou de la sorcière et en venant se placer face à elle.

Mabel eut un mouvement de recul. L'odeur de sang qui émanait du visage du mage noir lui donnait des nausées aussi fortes que le simple souvenir de ce qu'il lui avait fait.

Elle porta la main à sa bouche pour retenir un haut le cœur et l'autre contre son bas-ventre et les yeux dépareillés du mage noir suivirent son geste.

Il eut un léger sourire satisfait ce qui mit les larmes aux yeux à Mabel.

— Je suis désolé d'en être arrivé là, vraiment, confia-t-il en voyant l'expression brisée de la britannique. Mais je manquais de temps.

Se moquait-il d'elle ? Son visage ne trahissait aucun remord. Comme ce jour-là, dans le métro de New York, elle eut envie de le frapper au visage. Elle repensa aussitôt à sa baguette magique cachée sous son oreiller et se demanda comment elle avait pu être aussi stupide pour partir sans.

— Tu es un monstre, articula difficilement la sorcière.

L'odeur entêtante du sang la rendait nauséeuse et elle recula encore en plissant le nez jusqu'à toucher le comptoir de la cuisine.

— Tu finiras par changer d'avis, répondit le sorcier avec assurance.

Mabel aurait voulu ricaner.

— Je ne partirai pas avec toi.

— Tu le feras si tu souhaites qu'il reste en vie.

Grindelwald désigna Percival du menton. Ce dernier était rouge de colère. Mabel se sentait prise au piège mais surtout confuse.

— Pourquoi est-ce que tu fais ça ?

Gardant sa main sur sa bouche et son nez, Mabel se décala sur sa droite. Son comportement donnait simplement l'impression qu'elle s'éloignait de l'odeur qui la rendait malade mais elle souhaitait surtout s'approcher de la chambre afin de récupérer sa baguette.

Grindelwald n'y vit que du feu et se dirigea vers l'évier de la cuisine pour se passer de l'eau sur le visage. Mabel en profita pour se déplacer à l'autre bout du comptoir. La planche à découper et les deux couteaux bagarreurs de la dernière fois y reposaient.

— Tu ne te rends pas compte de ta puissance, répondit finalement Grindelwald en se retournant vers elle, le sang lavé de sa peau mais le nez toujours brisé. Tu es une sorcière talentueuse. Très peu ont gravit aussi vite les échelons du Ministère de la magie. Tu aurais pu devenir ministre si je n'étais pas passé par là, fit-il avec un regard désolé. Pour être honnête, je pensais que tu serais capable de supporter leur mort.

Mabel oublia tout de son plan. Elle dévisagea le sorcier avec fureur.

— Supporter leur mort ?! s'étrangla-t-elle. Tu as tué toute mon équipe !

— Tu es bien plus fragile émotionnellement que je ne l'avais pensé mais cela n'enlève rien à tes qualités.

La britannique n'en croyait pas ses oreilles.

— Qu'est-ce que cela veut dire ?!

— J'ai gardé un œil sur toi après notre rencontre à Minsk, fit-il en s'accoudant face à elle de l'autre côté du comptoir. (Mabel grimaça au mot de « rencontre ». Elle n'aurait pas désigné ce moment comme cela.) Tu t'es montrée déterminée à me retrouver et j'ai trouvé cela admirable. Tu faisais aussi preuve d'une force mentale impressionnante mais d'une faiblesse émotionnelle tout aussi déstabilisante. Je t'ai vu souffrir pendant très longtemps mais jamais tu n'as baissé les bras, C'est là que j'ai réalisé que je ne pouvais pas trouver meilleure candidate pour porter mon enfant. Tu es une combattante, Mabel, la complimenta-t-il ce qui eut l'effet d'un coup de poignard en plein cœur pour la sorcière. J'aurais aimé faire les choses différemment mais je manque cruellement de temps.

— Candidate ? C'est un jeu pour toi ? s'indigna-t-elle tout en digérant difficilement les propos du sorcier blond.

Il l'avait observé pendant des années, il était donc probablement bel et bien entré par effraction chez elle quand elle était arrivée à New York et surtout, il avait pris l'apparence de Percival simplement pour se servir d'elle comme incubateur humain.

— Pas du tout. Je n'aurais pas laissé n'importe quelle femme porter mon enfant.

Percival émit un grognement étouffé. Une veine qui traversait son front semblait prête à exploser.

Mabel se sentit envahi par la colère et le désespoir. Grindelwald était fou. Et il ne partirait pas sans elle.

Profitant du fait que Percival ait distrait Grindelwald, elle agrippa le couteau aiguisé qui reposait sur le comptoir et le dirigea vers son ventre. Puisqu'elle ne pouvait pas s'en servir contre le mage noir, alors elle s'en servira contre elle-même.

Elle lança un regard désolé à Percival qui lui répondit par une expression terrifiée.

Il avait compris qu'il était hors de question qu'elle laisse Grindelwald élever cet enfant. Elle refusait de croire que sa malfaisance puisse être héréditaire mais si elle laissait cette âme innocente entre ces mains, alors il la corromprait. Elle préférait mettre fin à leur deux vies plutôt que de laisser faire cela.

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