25| Un élixir mystérieux
Quand son repos vint à son terme le lendemain matin, Netanya était déjà de retour. Assise à la même place que la journée précédente, elle accueillit Mabel avec un fastueux petit déjeuner.
La britannique, qui remarqua en s'asseyant qu'elle ne ressentait plus aucune douleur à l'abdomen, fut cependant incapable d'entamer ses œufs brouillés. Sous l'insistance de son amie, la sorcière picora tout de même le morceau de pain qui se trouvait sur le plateau. Au bout d'une vingtaine de minutes, et grâce à l'aide d'Oscar que Netanya avait amené à son arrivée, Mabel en vit le bout.
Alors qu'elle reposait le petit bousouflet violet au ventre gonflé dans sa cage, elle sentit son estomac lui remonter dans la gorge. Cette nausée soudaine refusa de la quitter pendant l'heure qui suivit et sembla prendre une dimension plus inquiétante encore quand la médicomage Atkins, habillée de l'uniforme bleu ciel de l'hôpital, pénétra dans la chambre, une plume et un parchemin enchanté flottant dans son sillage.
— Comment allez-vous aujourd'hui, Mlle Cole ? demanda-t-elle d'un ton guilleret.
— Il semblerait que je n'ai plus mal à l'abdomen, admit Mabel difficilement.
Elle s'adossa à son oreiller et serra le poing, paniquée par la conclusion que tirerait la jeune femme une fois son examen fini.
— Je vais vérifier cela.
La médicomage repoussa les draps qui recouvraient Mabel et posa sa paume à plat sur la robe de chambre de la sorcière. Elle appuya légèrement contre son abdomen, tâtant la zone autour du nombril ainsi que ses côtes.
— Est-ce que vous avez mal ici ? demanda-t-elle en fixant Mabel de ses yeux sombres.
Mabel répondit par la négative. Elle ne ressentait aucun mal physique, à son plus grand désespoir.
La médicomage continua son examen pendant plusieurs autres secondes. Elle utilisa deux petits appareils magiques qui étonna Mabel mais celle-ci ne demanda pas à satisfaire sa curiosité. À vrai dire, elle se sentait incapable de prononcer un seul mot.
— Bon, tout m'a l'air parfait ! s'exclama finalement la jeune sorcière en retirant sa main de sur sa patiente.
La plume qui était restée immobile depuis le début de l'examen se mit à gratter furieusement sur le parchemin volant, comme si elle lisait dans les pensées de la sorcière Atkins.
— Vous êtes guérie, conclut cette dernière avec un grand sourire.
Mabel se figea. Le poids de cette phrase s'écroula sur ses épaules. Ses yeux se fixèrent sur l'aigle brodé au niveau de l'épaule gauche de l'uniforme de la médicomage. Ses grandes ailes brunes ouvertes, le rapace semblait prendre son envol. La sorcière aurait voulu pouvoir en faire autant. Cependant, elle ne le pouvait pas. Elle devait rester dans cet hôpital jusqu'à ce que Percival se réveille. Et tout lui révéler.
— En tout cas, je vous conseille de faire plus attention à l'avenir. En cas de choc brutal, venez-nous voir aussitôt, continua la médicomage. Et vous pouvez prendre votre temps pour vous rhabiller et récupérer vos affaires.
Mabel acquiesça et alors que la médicomage s'apprêtait à partir de la pièce, elle reprit :
— Ah oui, d'ailleurs, votre ami Curtis m'a prévenu qu'il repasserait dans la journée pour vous voir, il serait bon que vous le préveniez de votre départ.
Sur ces mots, elle disparut dans le couloir agité de l'hôpital pour sorciers.
Mabel posa une main tremblante sur son abdomen.
— Quand je suis passée chez toi ce matin, j'en ai profité pour te prendre des vêtements propres. Je les ai mis dans la salle de bain, indiqua Netanya d'un signe de tête.
Mabel la remercia d'un hochement de la tête tandis qu'elle posait ses pieds nus sur le sol glacial. Alors que la veille seulement, le simple fait de se mettre debout l'avait fait grimacer de douleur, désormais, elle ne ressentait absolument rien. Son corps fonctionnait de nouveau à plein régime, à sa plus grande horreur.
Elle n'avait donc plus de raison de repousser l'inévitable.
Elle trouva les habits en question sur un petit tabouret de la salle de bain simplette. Une douche et un cabinet de toilette se trouvaient sur sa gauche. Face à elle, elle découvrit un lavabo surmonté d'un petit miroir tacheté de petits détritus noirs.
Mabel referma la porte derrière elle et contempla son reflet en silence.
Si son regard n'avait pas été aussi dénué de vie, elle aurait pu paraître en pleine forme. Cela brisa son âme en deux. Son corps ne reflétait pas un dixième de ce qu'elle ressentait à l'intérieur. Dans une sorte de pensée sordide, elle aurait préféré que celui-ci soit aussi brisé que son esprit et son cœur.
La tristesse l'envahissait doucement tandis que son regard se posait sur la fine ligne blanche qui traversait sa tempe et son arcade sourcilière droite. Cette cicatrice était un souvenir du jeune Obscurial. Une blessure que Percival avait soigné cette fameuse journée d'octobre. Cette journée où leur relation avait pris une tournure différente. Cette journée où elle l'avait embrassé pour la première fois et où il lui avait rendu son baiser.
Ils avaient été si heureux ensemble mais cela n'avait duré que quelques mois avant que la réalité ne vienne détruire leur bonheur. Pourquoi le destin ne pouvait-il pas les laisser tranquille ? N'avaient-ils pas suffisamment souffert ?
Mabel retira sa robe de chambre qui tomba en un tas informe sur le sol. Elle aperçut son corps nu dans le miroir et s'en détourna aussitôt. Elle se cacha derrière le rideau de douche et posa ses paumes contre ses paupières. Son corps la dégoûtait. Elle ne pouvait même pas apercevoir un bout de chair sans sentir son estomac se retourner. Cette affaire avec Grindelwald en était la cause mais elle savait aussi qu'elle avait dû mal à accepter qu'un étranger l'ai déshabillé à son arrivée à l'hôpital. Qu'on lui avait consciemment retiré ses vêtements, nettoyé sa peau du sang de Percival puis rhabillé dans l'hideuse robe de chambre rose qu'elle avait délaissé sur le sol dallé. Tout cela pendant qu'elle était inconsciente, sans qu'elle ne puisse exprimer son consentement. C'était comme si elle n'avait plus voix au chapitre quant aux personnes qui avaient le droit de toucher son propre corps.
Cette pensée lui glaça le sang et sans ouvrir les yeux, elle chercha aveuglément le robinet métallique. Le mécanisme grinça lors de sa rotation avant de faire tomber une avalanche d'eau gelée sur la sorcière.
Sa respiration se bloqua tandis qu'elle obligeait son corps à rester immobile. L'eau engourdissait ses muscles progressivement malgré son cœur battant à toute allure pour les réchauffer. Frissonnante, elle finit finalement par couper l'eau. Elle rouvrit les yeux et agrippa le bloc de savon jaunâtre qui traînait près du robinet. Elle le frotta alors avec acharnement contre chaque cellule de son épiderme, savonnant et savonnant jusqu'à ce que sa peau lui hurle d'arrêter. Elle ne le faisait pas. Peut-être ne pouvait-elle pas faire disparaître ces attouchements indésirables de sa mémoire mais elle pouvait essayer de les faire disparaître de son corps. Elle continua jusqu'à ce qu'elle soit satisfaite. Jusqu'à ce qu'elle fût sûre que chaque parcelle de sa peau avait été décontaminé.
Les mains rougies, elle laissa retomber le savon contre le sol et remit en marche l'eau glacée. Elle tenta de rester sous le jet le plus longtemps possible, chassant les derniers résidus étrangers de sa peau puis, dans un gémissement de désespoir, coupa l'arrivée d'eau et s'écroula au sol. Le mur carrelé glacé épousa son dos et Mabel se recroquevilla sur elle-même.
Les genoux remontés sous son menton, elle se laissait penser, pour la première fois depuis son réveil, à la réaction de Percival lorsqu'elle lui avouerait tout ce qui s'était passé. Se sentirait-il trahi ? Déçu ? Dégoûté ? Horrifié ?
Valait-il mieux pour elle qu'une autre personne se charge de lui annoncer les évènements récents ? Quelqu'un l'avait-il déjà fait ?
Car Mabel ne savait pas si Percival s'était réveillé pendant qu'elle dormait encore. Netanya ayant passé la matinée à son chevet ne l'aurait pas su non plus. Peut-être était-il revenu à lui et avait déjà été briefé sur la situation par un agent du MACUSA ?
Mabel redouta alors le regard qu'il lui réserverait quand elle pénétrerait dans sa chambre. Elle préférait de loin qu'il soit encore inconscient, malgré l'égoïsme d'une telle demande.
Honteuse, elle cacha son visage entre ses bras pour repousser la voix accusatrice qui lui soufflait à l'oreille que tout était de sa faute, qu'elle attirait la mort sur ceux qu'elle aimait.
Elle enfonça ses ongles dans la peau de ses bras. Les voix étaient froides et distantes mais elle les entendait se rapprocher.
— Taisez-vous, souffla-t-elle, tremblotante. Taisez-vous !
Elle ne put dire combien de temps elle resta repliée sur elle-même à chasser ces voix familières qui l'enterraient plus bas que terre. Elle se souvint simplement du contact doux et chaud d'une serviette de bain la recouvrant et de la voix de Netanya qui lui intimait de se calmer.
— Tout va bien, je suis là. Calme-toi.
La britannique s'exécuta avec difficulté, faisant ainsi taire les voix, comme chassées par la réalité. Car seule son amie était présente dans la pièce. Elle venait encore une fois de perdre le contrôle.
Elle s'en était doutée pendant toute sa crise mais dans ces situations, elle ne contrôlait plus son esprit. Seule une présence extérieure semblait réussir à lui faire reprendre pied. Une présence qui avait longtemps été celle de Percival.
— Je ne peux pas le perdre, marmonna-t-elle en serrant ses jambes plus près de sa poitrine.
Cette affirmation lui fit comme un coup au cœur. Elle ne supporterait pas de le perdre mais avait-elle vraiment son mot à dire ? C'était la décision de Percival si, oui ou non, il lui pardonnerait.
— Écoutes Mabel, je ne peux pas parler en son nom mais je tiens quand même à mettre certaines choses au clair. (Netanya glissa un bras autour des épaules de son amie.) Tu n'as rien à te reprocher, tu m'entends ? Rien. C'est vrai que je ne sais pas tout ce qui s'est passé au cours de ces derniers jours mais j'en ai appris suffisamment pour en déduire ça. Je sais que tu culpabilises fortement, que tu penses que tout est de ta faute, mais ce n'est pas vrai. Tu t'es retrouvé dans une situation qui nous aurait tous berné si elle nous était arrivée et tu as fait de ton mieux pour la régler. Tu t'es même mise en danger pour retrouver Grav- Percival.
Son regard fixé sur ses pieds, Mabel serra la mâchoire. Tout était de sa faute, les voix avaient raison malgré ce que Netanya disait.
— J'aurais dû le voir, il y avait trop d'indices. Son comportement n'était pas le même.
— Une personne peut avoir un comportement différent de temps à autres, selon ce qui se passe dans sa vie ; elle a des hauts et des bas, comme tout le monde, alors comment aurais-tu pu imaginer cela ? Ce genre d'évènement, ce n'est pas courant. On ne subtilise pas l'identité d'une personne tous les jours. Donc non, tu n'aurais pas dû le voir. Même avec des indices, comment aurais-tu pu imaginer une seule seconde que l'homme qui se tenait en face de toi n'était pas Percival ? C'était improbable, impensable. Tu ne dois pas te rendre coupable pour ça !
— Tu ne comprends pas... Certaines fois, je me demande si j'aurais un jour découvert la vérité si Scamander ne l'avait pas fait... (Mabel s'arrêta. Elle frotta une tâche imaginaire sur sa main avant de reprendre.) Et j'ai du mal à imaginer que toute cette situation ne soit pas de ma faute. Pourquoi Grindelwald aurait-il pris l'apparence de Percival si ce n'était pour m'atteindre ? Je mets en danger tous ceux que j'aime. D'abord, Victoria, Spencer, Kyle, Matthew et Ophelia puis maintenant Percival... Je n'ai pas envie que toi et Curtis soyez les prochains.
La voix de Mabel se brisa. Elle avait enfin exprimé haut et fort ce qu'il la tiraillait depuis cet accident, ce que son subconscient tentait de lui faire admettre.
— Il serait peut-être bon que je parte. Vous seriez tous plus en sécurité.
— Ne dit pas n'importe quoi ! Tout ceci n'est pas de ta faute, tu ne nous mets pas en danger, protesta Netanya. Dans notre profession, il est normal d'être blessé, légèrement tout comme mortellement. Et cette probabilité est encore plus forte quand on se retrouve sur le chemin du mage noir le plus dangereux de notre époque. Nous savons tous dans quoi nous nous embarquons en acceptant ce travail. Tu ne peux pas te blâmer pour nos choix et nos destinées.
Mabel renifla. Elle reconnaissait la justesse des mots de Netanya, elle avait simplement du mal à les appliquer. Sa culpabilité était trop forte pour qu'elle puisse disparaître aussi facilement.
Sentant qu'elle n'arriverait à rien pour l'instant, Netanya se leva, entraînant Mabel avec elle. Elle la serra longuement dans ses bras avant de lui dire :
— Cela ira mieux une fois que tu l'auras vu.
Elle fit un signe de tête en direction des vêtements toujours posés sur le petit tabouret puis, elle quitta la salle de bain.
Mabel, qui agrippait la serviette blanche qui la recouvrait comme si sa vie en dépendait, prit plusieurs secondes pour se calmer. Elle imagina Percival, dans son lit d'hôpital, inconscient, et sut qu'elle se devait de le voir. De lui dire en face qu'elle était désolée pour tout ce qui lui était arrivé. Elle le dirait jusqu'à temps qu'il se réveille et soit en mesure de la comprendre. Puis, elle déposerait son cœur entre ses mains et attendrait son jugement.
Elle s'habilla lentement, laissant à ses mains tremblantes le temps de faire leur travail. Les minutes défilaient sans que Mabel n'en soit consciente et elle se trouva bien assez tôt à déposer un pied, puis un autre, dans le couloir bruyant de l'hôpital. Elle suivit Netanya le long du couloir en mode automatique. Ses yeux scannaient chaque nouvelle porte qui apparaissait dans son champ de vision, se demandant avec frisson derrière laquelle se trouvait celui qu'elle cherchait. Elle traversa deux couloirs avant de s'arrêter.
La porte numérotée 126 était la grande gagnante.
Netanya lui lança un regard compatissant et alors qu'elle lui demandait si elle était prête à entrer, une voix féminine les interrompit.
— Mlle Cole, je vous attendais.
La britannique sentit son cœur s'arrêter. Qu'avait-elle fait pour mériter un tel karma ?
La présidente Picquery les rejoint près de la porte d'un pas assuré malgré son expression fatiguée et lasse. Paul, un Auror du département, la suivait en silence.
Mabel jeta un regard désespéré à la porte, puis à Netanya. Elle ne pouvait pas remettre à plus tard ses retrouvailles avec Percival. Non pas parce qu'elle était si près de but mais plutôt parce qu'elle avait peur que si elle n'entrait pas dans sa chambre à cet instant précis, elle n'ait plus le courage de le faire après.
— Madame la présidente, salua Netanya en croisant ses mains derrière son dos. Est-ce à propos de l'affaire en cours ?
Picquery acquiesça sans quitter Mabel du regard.
— J'ai besoin de m'entretenir un instant avec vous. Je me doute que vous savez déjà le sujet que je compte aborder.
Mabel eut un sourire triste. Le fameux interrogatoire qu'elle avait tant évité l'avait rattrapé.
— Bien sûr, Madame la présidente.
— Nous ne pouvons décemment pas faire cela dans le couloir, suivez-moi, fit cette dernière en s'éloignant.
Mabel, vaincue, se détourna de la porte pour la suivre. Netanya n'avait cependant pas dit son dernier mot.
— Cela ne peut-il pas attendre quelques minutes ? Après tout, Mlle Cole est celle qui a retrouvé le directeur Graves, peut-être pouvons-nous lui laisser quelques minutes pour le voir ?
Picquery jaugea les deux sorcières du regard. Mabel ne sut ce qui la convainquit mais à sa plus grande surprise, la présidente accepta d'un signe de tête.
— Vous avez cinq minutes. Après ça, rejoignez-moi dans le bureau au bout du couloir, l'informa-t-elle avant de repartir, suivit de Paul.
— Merci, souffla Mabel en direction de son amie une fois que la présidente se fut suffisamment éloignée.
Sans perdre une seconde, Netanya lui ouvrit la porte de la chambre et Mabel s'y engouffra, la peur au ventre. La porte se referma derrière elle et ce fut le silence complet.
La chambre était absolument identique à celle que Mabel avait occupé. Deux fenêtres, une commode, une porte menant à une salle de bain, un fauteuil et enfin un lit.
De là où elle se tenait, la sorcière pouvait voir Percival, dans une chemise de pyjama blanche, allongé et inconscient. Les mains reposant sur son estomac, il était aussi livide qu'un cadavre.
Mabel porta la main à son cœur alors que sa respiration devenait bruyante et erratique.
Il paraissait mort.
Pour apaiser ses craintes, elle s'approcha de lui. Chaque pas résonnant contre le sol dallé. Son premier réflexe fut de poser sa main sur celles du sorcier. Elles étaient chaudes.
Ce contact fit disparaître toutes les tensions du corps de la sorcière. Elle sentit une larme de joie couler sur sa joue.
Elle fit glisser sa main le long du drap fin qui remontait jusqu'à la poitrine du sorcier puis effleura de ses doigts la mâchoire barbue de Percival.
Ses yeux fermés étaient cernés. Ses cheveux poivre et sel habituellement impeccables étaient emmêlés. Néanmoins, les coupures qui avaient marqués son visage quand la sorcière l'avait retrouvé avaient disparues. Tout comme les ecchymoses qui avaient ornées ses phalanges. Il allait mieux. Il irait mieux.
Physiquement, du moins.
Mabel se pencha pour déposer un baiser sur sa joue avant de lui murmurer :
— J'espère que tu pourras me pardonner un jour.
Elle se dirigea ensuite vers la porte. Netanya avait eu raison, elle se sentait mieux désormais. Elle savait que le plus dur restait à venir mais au moins, elle avait passé cette étape. Cela lui donnait plus de force pour la suite.
En sortant, elle fit un signe de tête rassurant à son amie puis se dirigea vers la salle que la présidente avait mentionnée. Elle n'eut pas de mal à la trouver car Paul montait la garde devant la porte. Il lui sourit gentiment, ses cheveux blonds tombant contre son front, alors qu'il la faisait entrer dans la pièce puis refermait la porte derrière elle.
Mabel se trouvait dans une petite salle de repos composée de deux tables et plusieurs chaises. La présidente l'attendait. La sorcière s'assit en face de sa supérieure.
— Je ne compte pas vous retenir longtemps, commença Picquery en joignant les mains sur la table. Grindelwald nous a fourni la plupart des éléments dont nous avions besoin pour mettre de l'ordre dans cette histoire. Je tiens simplement à écouter votre version des faits.
Mabel remua nerveusement sur sa chaise.
— Par où voulez-vous que je commence ?
— Par le tout début. La raison de votre transfert puis votre rapprochement avec le directeur Graves.
Mabel serra les poings sous la table ; elle n'avait pas voulu en parler. Cependant, elle n'avait pas le choix. Elle prit une profonde inspiration et raconta tous les évènements qui s'étaient passé en Angleterre et qui avait mené au début de sa relation avec Percival. De son obsession pour Grindelwald aux mois tranquilles que Percival et elle avaient vécus ensemble ainsi que les changements légers qu'elle avait aperçu dernièrement chez lui. Quand elle dut avouer qu'elle s'était fait berner, comme les autres, par le petit jeu de Grindelwald, elle surprit le regard compatissant de la présidente. Enfin, elle partagea ses théories sur le moment où avait débuté cette supercherie, selon elle. La présidente acquiesça mais n'ajouta rien. Un silence inconfortable s'installa entre les deux sorcières.
— Avez-vous besoin d'autres informations ? demanda Mabel en posant ses paumes à plat contre ses cuisses. (La présidente fit non de la tête et Mabel prit son courage à deux mains.) Qu'est-il advenu de Grindelwald ?
Son cœur battant à tout rompre, elle fixa Picquery. Cette question lui avait brûlé les lèvres depuis son réveil le jour d'avant.
— Il est retenu prisonnier dans un lieu tenu secret. Et il y restera, je peux vous l'assurer.
Mabel sentit une pointe de soulagement naître en elle mais elle fut rapidement chassée par un fort pressentiment : celui que le mage noir ne resterait pas enfermé définitivement. Que quelle que soit la prison dans laquelle il était détenu actuellement, il en trouverait la sortie.
Cependant, Mabel refusa de s'attarder sur ce problème. Des soucis plus urgents se pressaient à la porte.
— Suis-je en état d'arrestation ?
— Non, vous ne l'êtes pas.
— Et M. Graves ?
La présidente plongea son regard dans le sien.
— Je m'entretiendrais avec lui à son réveil et si ce que vous m'avez dit est vrai, alors il ne devrait pas avoir de problèmes non plus.
— Très bien. Merci beaucoup.
Mabel se leva. Elle souhaitait rapidement sortir de cette pièce au cas où Picquery changerait d'avis entre temps.
— Attendez, s'il vous plaît. J'ai une dernière chose à vous demander, l'interrompit la présidente. Rasseyez-vous, ce que je vais dire ne va pas être facile à entendre.
Mabel s'exécuta, non sans ressentir l'envie pressante de disparaître en courant. Le ton de la présidente ne laissait aucun doute sur le fait que l'annonce qui allait suivre risquait de mettre la britannique plus bas que terre.
— Que se passe-t-il ?
Cela ne pouvait pas concerner Grindelwald, il était emprisonné. Percival ? La présidente venait de lui dire qu'il n'était pas en danger et de toute manière, il n'était même pas encore réveillé. Cela ne pouvait donc que la concerner, elle.
Quand la présidente reprit la parole, Mabel fut suspendue à ses lèvres :
— Je suppose que vous avez appris pour la fouille que nous avons effectuée chez M. Graves. Lors de cette recherche, nous avons trouvé certaines choses qui nous laisse à penser que Grindelwald pourrait bien avoir ensorcelé plus de sorciers que simplement le directeur. Vous, par exemple.
La présidente toucha nerveusement l'une de ses boucles d'oreilles tombantes en or. Elle sembla particulièrement gênée à l'idée d'aborder le sujet qui allait suivre.
— Quel type d'ensorcellement ? la pressa Mabel.
— Sur le plan de travail de la cuisine, nous avons trouvé six ingrédients qui une fois réunis créé un élixir très puissant et efficace. Il y avait du mucus de Veracrasse, de l'asphodèle, des œufs de Serpencendre, de la poudre de raifort ainsi que des os et du sang humain.
La présidente lança un regard pressant à Mabel, lui implorant presque d'en trouver la signification par elle-même. Cette dernière se racla la mémoire, à la recherche de l'élixir qui résultait de ces six ingrédients particuliers. Elle n'avait jamais été particulièrement douée en cours de potion et la plupart de ses notions remontaient à ses dernières années à Poudlard cependant, un déclic se produisit dans un recoin de son esprit et son visage se décomposa.
— Vous êtes sûre qu'il n'y avait pas aussi des ailes de fée ou de la mandragore ?
— Seulement ces six ingrédients. Disposés très visiblement.
Comme s'il avait voulu qu'ils soient découverts, songea amèrement Mabel et elle vit la même pensée dans les yeux de la présidente.
— Vous voulez que je passe un test, en conclut-elle.
— Oui, d'ici quelques jours. Vous comprenez bien que j'ai besoin de savoir la vérité.
Mabel accepta. Elle avait besoin de savoir la vérité elle aussi.
— Je n'ai pas à vous dire que cela doit rester confidentiel. Vous pouvez en parler à vos proches mais cela ne doit pas s'ébruiter en dehors de votre cercle. Pour votre sécurité. (La présidente se leva et lissa son manteau.) Et notre bien à tous.
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