23| Recherche
Tap tap tap tap tap tap tap tap tap.
À un rythme rapide et régulier, le pied de Mabel s'abattait sur le parquet en bois foncé du petit salon dans lequel elle se trouvait. Le bruit de ses coups retentissait dans tout l'appartement et rendait la sorcière folle. Mais elle ne pouvait pas s'arrêter ; c'était comme si son corps avait sa propre volonté. Si Mabel posait sa main sur sa cuisse, pour empêcher sa jambe droite de tressauter furieusement, alors c'était la gauche qui prenait le relais, et ainsi de suite.
Alors Mabel tentait d'ignorer le bruit énervant qu'elle provoquait inconsciemment en occupant ses pensées d'une autre manière. Se cachant le visage entre ses mains, elle réfléchissait à la foutue énigme que lui avait donné ce foutu mage noir.
Là où la tristesse a obscurci la joie. Là où la mort a remplacé la vie. Là où il est devenu celui qu'il est aujourd'hui.
Mabel avait beau s'attarder sur chaque mot, ses pensées étaient bien trop désorganisées et incohérentes pour donner du sens aux propos lunaires de Grindelwald. De plus, à chaque fois que la britannique rouvrait les yeux, son regard tombait sur le stupide morceau de parchemin vierge posé sur la table basse devant elle. Curtis le lui avait fourni un peu avant pour qu'elle y couche ses idées mais très clairement, à en voir l'absence totale l'écriture sur la surface blanche du papier, elle n'en avait aucune.
Et ça la rendait folle.
L'horloge tournait et Mabel n'avait aucune idée d'où pouvait bien se trouver Percival.
C'était comme si elle le trahissait une nouvelle fois.
La sorcière se releva du canapé où elle était assise d'un bond, comme si elle en avait été délogée par un ressort invisible, et se mit à marcher le long de la pièce éclairée par deux fenêtres. Sa main sur son abdomen, elle grognait de douleur et de frustration sous le regard calculé de Netanya, assise sur un fauteuil à quelques pas d'elle.
Penchée en avant et ses avant-bras reposant sur ses cuisses, Netanya se terrait dans le silence. Elle n'avait pas prononcé un mot depuis leur départ de la station de métro seulement quelques minutes auparavant. Mabel en connaissait la raison et cela la mettait extrêmement mal à l'aise. Netanya avait entendu, comme tous les autres sorciers présents dans l'étroit couloir du métro, la phrase que Grindelwald avait prononcé très distinctement en direction de Mabel.
Une phrase qui sous-entendait très clairement un évènement passé que Mabel aurait préféré garder sous silence. Une phrase qui la plaçait sous le feu des projecteurs et attiserait les rumeurs à son sujet. Mais surtout, une phrase qui ne manquerait pas d'éveiller les soupçons, comme elle avait pu le constater quand le regard de la présidente s'était figé sur elle. Un regard inquisiteur qui ne présageait rien de bon. Mabel s'était aussitôt éclipsée dans un couloir adjacent pour transplaner à l'extérieur de cette fétide station de métro. Pour réfléchir. Mettre de l'ordre dans ses idées. Et surtout, retrouver Percival. C'était la raison pour laquelle Curtis, Netanya et elle, s'étaient réfugiés dans l'appartement du jeune sorcier peu de temps après.
Sur l'instant, elle n'avait peut-être eu aucune idée de l'endroit où commencer ses recherches mais elle avait su, sans aucun doute, qu'elle ne pouvait pas être retardée par ses pairs. Que si elle se faisait arrêter pour questionnement maintenant, alors elle ne ressortirait pas du Congrès avant un interrogatoire complet et fastidieux qui lui ferait perdre tout espoir de retrouver Percival avant qu'il ne soit trop tard.
Car depuis que Grindelwald avait été arrêté, Mabel sentait un compte à rebours s'être déclenché au-dessus de sa tête. La nouvelle de l'arrestation du mage noir serait à la première page de l'édition du soir du New York Ghost et Mabel redoutait que les sbires du sorcier, sentant le vent tourner, décident de se débarrasser des témoins gênants toujours en vie.
Mabel porta son index à sa bouche à cette pensée, la détresse lui faisant reprendre une fâcheuse habitude. Une vive douleur traversa aussitôt son doigt. En baissant le regard sur son ongle, elle vit qu'elle l'avait déjà mordillé jusqu'au sang.
— Mabel, reviens t'asseoir, tu n'as pas l'air bien, fit remarquer Netanya sans bouger d'un centimètre, une pointe de douceur dans la voix.
Mabel s'exécuta sans oser regarder son amie. Elle avait peur qu'au moindre contact visuel avec elle, cette dernière décide de lui demander ce que toute cette situation signifiait et ainsi confirmer ses soupçons probables : que Mabel puisse entretenir une relation avec leur supérieur et que, de cette façon, elle s'était fait berner par le pire des mages noirs.
La britannique ne pensait pas pouvoir en parler sans craquer de nouveau. Et elle se le refusait. Si elle le faisait, elle avait peur d'être assailli par tant de souffrances, autant physiquement qu'émotionnellement, qu'elle ne puisse pas se relever avant longtemps.
De plus, elle se sentait sale. Comme si elle avait commis un acte affreux et impardonnable et redoutait de voir ces mêmes sentiments dans les yeux de son amie.
Un grincement discret indiqua son retour sur le canapé de Curtis. Sa jambe repris aussitôt du service et le tapement sourd s'éleva de nouveau dans l'air. Le parchemin vierge semblait se moquer d'elle. Mabel fut donc soulagée quand Curtis déposa un plateau ovale sur celui-ci, le cachant à la vue de la sorcière et révélant plutôt trois tasses fumantes. Le sorcier lui en tendit une et quand leur main s'effleura, il fronça les sourcils au contact de sa peau gelée. Mabel ramena précipitamment la tasse vers elle, faisant tomber deux gouttes de thé chaud sur la table.
Quand Curtis prit la parole, Mabel pria pour qu'il ne fasse pas allusion à sa température étrange.
— Pendant que j'étais dans la cuisine, j'ai repensé à ce que Grindelwald a dit. Sur la tristesse et la mort, peut-être parlait-il d'un hôpital ? Est-ce que tu sais si Graves a eu une maladie ? Ou l'un de ses proches ? demanda Curtis à Mabel en s'asseyant à son tour.
Son visage était concentré et neutre et Mabel le remercia intérieurement.
— Il n'a jamais été malade. Et personne dans sa famille n'a fait de séjours prolongés dans un hôpital non plus.
Mabel garda certains détails intimes pour elle. Percival était secret, il n'aurait pas voulu... Non, il ne voudrait pas, se reprit-elle, qu'elle divulgue des informations personnelles sur sa famille à ses employés. De plus, Mabel ne se sentait pas encore suffisamment à l'aise pour parler de lui à ses amis. Elle avait passé tellement de temps à garder sa relation secrète qu'en parler lui donnait le sentiment de commettre une grave erreur.
Netanya intervint :
— Ce n'est pas un hôpital. Grindelwald a parlé de la joie et de la vie. Il doit forcément faire référence à un endroit où Graves a été heureux dans son passé. Avant que cela ne change.
— Là où il est devenu celui qu'il est aujourd'hui..., marmonna Mabel.
La sorcière ne connaissait le sorcier que depuis sept mois, elle l'avait donc toujours connu austère et renfermé. Elle jeta un regard à Netanya. Son amie était arrivée au MACUSA il y a plus de dix ans. Mabel s'humecta les lèvres avant de lui demander :
— As-tu remarqué un changement dans son comportement depuis ton arrivée au Congrès ? Peut-être que si on arrive à trouver le moment où il a changé, on pourra trouver le lieu où il est retenu, s'expliqua-t-elle aussitôt quand Netanya planta son regard dans le sien.
Mabel avait tellement redouté de croiser le regard de son amie, d'y voir du dégoût ou de la colère, qu'elle fut incroyablement surprise quand elle n'y décela que de la sympathie. Mabel connaissait la rigueur et la droiture d'esprit de son amie et elle était infiniment soulagée de voir que celle-ci ne semblait pas lui en vouloir pour son incartade. Peut-être cela venait-il de sa situation : enceinte d'un moldu, qui la rendait plus compatissante.
— Je l'ai toujours connu comme cela. Froid, distant, professionnel, indiqua Netanya d'un ton presque admirateur. Il a dû changer avant son arrivée au MACUSA. Je miserais sur un évènement dans son enfance ou dans son adolescence.
— Cela a pu se passer à Ilvermorny. Je connais bien l'actuelle directrice, je peux la contacter pour en savoir plus, renchérit Curtis.
Il déposa son regard sur Mabel, lui demandant l'autorisation pour aller fouiller dans le passé de son compagnon, mais la sorcière n'écoutait déjà plus.
Sa tasse de thé, maintenue dans sa main immobile, Mabel retournait les phrases de Netanya dans sa tête.
...un endroit où Graves a été heureux dans son passé... un évènement dans son enfance ou son adolescence...
L'image d'un enfant souriant, assis nonchalamment sur un tronc d'arbre, surgit dans son esprit. Son sourire joyeux immortalisé en noir et blanc et conservé dans un cadre en bois noir.
Posée sur la commode de la chambre de Percival, cette photographie le représentait lui, lorsqu'il avait 9 ans, entouré de ses parents.
Son père, un homme impressionnant, posait sa main sur la tignasse brune de l'enfant, comme s'il ébouriffait ses cheveux, et sa mère, une magnifique jeune femme, regardait son fils avec tendresse.
Mabel avait attendu plusieurs semaines avant de questionner Percival sur cette photographie personnelle, le temps pour leur relation de devenir plus forte et intime. Elle avait voulu en savoir plus sur sa famille. Son vœu avait été exaucé quand il lui avait raconté l'histoire qui s'était déroulée seulement cinq mois après la prise de vue de cette adorable photographie.
Mabel se souviendrait toujours du profond désespoir qu'elle avait lu dans son regard lors de son récit. L'enfant malheureux de cette période réapparaissant sur ses traits et extériorisant sa douleur. Une douleur liée à la perte d'un être cher. Une douleur qui avait transformé un endroit chaleureux en prison sombre.
— Je sais où il est, murmura-t-elle, à la fois horrifiée et soulagée.
Soulagée car elle l'avait enfin retrouvé. Horrifiée car elle redoutait l'état dans lequel elle le retrouverait.
— Où est-il ? demanda aussitôt Curtis en déposant brusquement la tasse qu'il tenait dans sa main sur la table basse.
Mabel l'imita, comme Netanya, et le trio se leva comme un seul homme.
— Dans sa maison d'enfance ! s'exclama Mabel, une pointe de frustration filtrant de son ton.
C'était d'une telle évidence maintenant qu'elle y pensait, elle se demandait comment elle n'avait pas pu le deviner avant.
La sorcière se précipita au bout de la pièce pour récupérer son manteau qui était posé sur un siège. L'inquiétude devait se lire sur son visage car quand elle fut prête à transplaner, Netanya lui dit d'un ton rassurant :
— On va le retrouver.
Elle prit sa main dans la sienne, et le geste réconfortant qu'elle voulut faire se transforma en inspection. Netanya déposa précipitamment son autre main sur la peau froide de son amie avant de s'exclamer :
— Nom d'un gobelin, Mabel, tu es gelée !
La britannique se détacha de son amie avec empressement.
— On doit partir, il ne nous reste peut-être plus beaucoup de temps.
Mabel repensa à l'état grave dans lequel elle avait vu Percival, lors de son rêve, deux nuits auparavant. Il avait perdu tellement de sang...
— Mabel, protesta Netanya, ce n'est pas normal !
— On réglera ça plus tard, la coupa Curtis avec un regard suppliant.
Il savait que se battre sur ce sujet ne servirait à rien à part leur faire perdre du temps car Mabel ne se ferait pas soigner avant que Percival ne soit sain et sauf. Il pria pour que Netanya s'en rende compte à son tour. Ce fut le cas, à son grand soulagement. Netanya et lui agrippèrent donc chacun un poignet gelé de Mabel et se laissèrent transplaner en direction de la maison où avait grandi Percival.
Ce fut l'air vivifiant de début de matinée qui les accueilli, suivi de chant d'oiseaux et du vent faisant bruisser les feuilles des chênes environnants.
L'endroit était calme.
De grandes plaines s'étendaient à perte de vue tout autour de la petite maison en bois qui se tenait au bout d'un sentier de terre envahi de mauvaises herbes.
Cette vue ramena Mabel un mois et demi en arrière, quand elle s'était retrouvée au même endroit en compagnie de Percival.
Cela avait été un jour terne et gris qui avait concordé parfaitement avec la raison de leur présence.
Percival et elle avaient fait le tour de la maison en piteuse état, en gardant une distance respectueuse avec celle-ci, comme si le sorcier rechignait à y poser ne serait-ce qu'un seul orteil. Le sorcier s'était dirigé d'un pas résolu vers le jardin qui se trouvait à l'arrière de la maison. Il portait un grand bouquet de lys blanches à la main qui masquait difficilement le trouble qui se lisait dans ses yeux. Un trouble qui s'était accentué quand il s'était arrêté face à une large pierre tombale indiquant le nom de deux personnes.
Dominée par un grand chêne centenaire, la tombe était recouverte de feuilles mortes orangées que Percival avait fait disparaître d'un mouvement de main. Il avait posé un genou à terre, face à ses deux parents, puis déposé la gerbe de fleurs.
Il était resté dans cette position pendant de longues secondes quand Mabel avait déposé sa main sur son épaule. La main gantée de Percival avait alors recouvert la sienne et il s'était relevé, sans un mot. Son magnifique visage craquelé par la souffrance, il s'était détourné de la famille qu'il avait perdu pour se concentrer sur celle qu'il lui restait.
— Merci d'être venu, lui avait-il chuchoté alors qu'ils transplanaient tous les deux vers New York.
Cette journée-là avait marqué un nouveau pan dans leur relation. Un niveau de confiance et de confort qu'aucun des deux sorciers n'avaient jamais connus jusqu'alors et avait fait comprendre à la sorcière que cette maison et tous les souvenirs qu'elle contenaient avait forgé le Percival qu'elle connaissait.
C'était dans cette maison, au toit en tuiles marron, qu'il avait appris l'assassinat de son père par un autre sorcier, seulement cinq mois après la prise de vue de la photographie.
C'était dans cette maison que Percival avait vu sa mère se refermer sur elle-même. Qu'il l'avait vu plonger dans les ténèbres, tout droit dans une dépression sans fond, qui avait provoqué son suicide de nombreuses années plus tard, quand son fils fut en âge de pourvoir pour lui-même.
C'était dans cette maison qu'il avait perdu son innocence, sa naïveté enfantine. Qu'il s'était juré de venger son père. De protéger sa mère. De devenir un sorcier si puissant que personne ne pourrait s'attaquer à ses proches de nouveau.
Mabel sentit son cœur se briser. La douleur la fit faire un pas en avant. Puis un autre. Elle atteignait le bout du sentier de terre, suivit de Curtis et Netanya, quand elle les vit.
Trois sorciers.
Assis tranquillement sur une vieille table de pique-nique.
Jouant aux cartes.
Mabel sentit la colère l'envahir. Elle franchit la clôture en bois qui entourait l'entrée de la maison en braquant sa baguette sur les sbires de Grindelwald.
— Ne bougez-plus ! ordonna-t-elle en s'approchant.
Les trois sorciers se retournèrent, pris de court. En les examinant de près, Mabel fut étonnée de voir à quel point ils ressemblaient à n'importe quel sorcier lambda. Ils n'avaient ni cicatrices barrant leurs visages, ni tatouages montrant leur affiliation à une idéologie. Ils étaient parfaitement normaux.
Le plus jeune des trois, dont le visage était tacheté de tasses de rousseur leva les mains en signe de paix.
— Quel est le problème ? demanda-t-il d'un ton calme qui fit ricaner les deux autres sorciers.
Le plus proche de Mabel, un homme d'une trentaine d'années, déposa ses cartes sur la table avant de se retourner vers elle. Il se leva, suivit des deux autres.
— Vous n'avez pas entendu ce que je viens de vous dire ? s'énerva Mabel en pointant sa baguette sur le plus défiant des trois.
— Oh oui, on a entendu. C'est simplement que vous arrivez comme ça, en donnant des ordres, et ça a tendance à mettre à cran mes amis, reprit le jeune sorcier roux.
Il dévisagea Curtis et Netanya quelques instants avant de poser son regard sur Mabel.
— Je vous reconnais, lança-t-il d'une voix laconique.
L'un de ses compères s'étonna de sa phrase et le trentenaire brun précisa :
— C'est la britannique.
L'éclat de compréhension qui traversa son visage dégoûta Mabel.
— Nous sommes là pour récupérer Graves et vous allez nous laisser faire, expliqua-t-elle d'un ton ferme.
Elle s'apprêtait à se diriger vers la porte d'entrée de la maison, ne souhaitant pas perdre plus de temps avec ses trois idiots quand deux d'entre eux levèrent leur baguette dans sa direction, prêts à l'en empêcher.
— Je ne peux pas vous laisser faire ça, on a des ordres.
Mabel sentit son cœur louper un battement. Percival était donc bien dans cette maison.
— Grindelwald a été arrêté, vos ordres n'ont plus lieu d'être, répondit Netanya avec véhémence.
Les trois sorciers se figèrent. Leur cerveau semblait marcher à toute allure, essayant de deviner si les propos de Netanya étaient vrais.
— Dans ce cas-là..., fit le plus jeune en baissant les bras lentement. J'imagine que l'on devrait se rendre.
Son sourire hautain fit se tendre les trois Aurors qui prirent chacun un sorcier en ligne de mire.
Le plus jeune continua à baisser ses bras de manière lente et calculée ; Mabel ne sut pas à quel moment il donna l'ordre à ses complices d'attaquer. Les sorts sortirent des baguettes des trois sorciers au moment-même où le plus jeune sortait sa baguette de sa manche et attaquait Netanya.
Le vert rencontra le blanc en explosant de toute part.
Mabel eut du mal à contenir le sort lancé par le sorcier le plus âgé du trio. Elle voyait sa magie faiblir et le sort mortel se rapprocher dangereusement d'elle. Sa douleur à l'abdomen la déconcentrait et elle sentait qu'elle ne pourrait pas tenir bien plus longtemps.
Elle jeta un regard en coin à Curtis sur sa gauche qui se battait avec acharnement mais qui ne gagnait pas plus de terrain qu'elle. C'était tout juste s'il arrivait à contenir le sort de son adversaire. Quant à Netanya, Mabel l'aperçu se jeter au sol pour se cacher derrière un arbre quand sa baguette lui fut arrachée des mains par le sort du jeune sorcier roux.
Mabel sentit une pierre tomber dans son estomac. Ils avaient sous-estimé les sbires de Grindelwald et en payaient désormais le prix. Mabel priait pour que leur aventure ne se termine pas ici, alors qu'ils étaient si près de délivrer Percival.
Ils ne pouvaient cependant pas abandonner, ils devaient donner tout ce qu'ils pouvaient. Par-dessus son épaule, Mabel cria à Curtis :
— Tirs croisés ?
— Dans trois, répondit-il d'une voix concentrée.
Mabel hocha la tête, commençant le compte à rebours alors qu'elle voyait le vert du sort de son adversaire s'avancer inexorablement vers elle. C'était une méthode risquée, une qu'ils n'avaient encore jamais testé et Mabel espérait de tout son cœur qu'ils soient capables de la réussir. Sinon, ils mourraient tous les deux.
Trois secondes plus tard, elle se jeta sur sa gauche précipitamment, sentant le souffle magique du sort passer à quelques centimètres de son dos. Elle se retourna et pointa sa baguette sur sa cible.
— Stupéfix.
Le sorcier brun qui attaquait Curtis s'effondra au sol, inconscient. Et quand Mabel réalisa qu'aucun sort ne l'avait touché dans la seconde qu'il lui fallut pour s'en prendre à l'adversaire de Curtis, elle sut que son ami avait réussi, lui aussi. Elle se retourna pour observer l'homme qui l'avait attaqué, effondré sur le sol. Le soulagement l'envahit et Mabel se retourna vers Netanya pour l'aider à l'instant même où une forte détonation retentit dans l'air et la fit se figer.
Il fallut à Mabel plusieurs secondes pour comprendre la scène à laquelle elle assistait. Le jeune sorcier aux cheveux roux, effondré au sol, et criant de douleur. Du sang coulant d'une plaie à la cuisse. Et Netanya, à trois mètres de lui, tenant l'arme moldue, qu'elle portait toujours sur elle, dans les mains.
La sorcière rangea l'instrument dans son holster à la cuisse tandis qu'elle s'avançait vers le sorcier pour récupérer sa baguette, comme si rien de tout cela n'était étonnant.
— C'est la première fois que je la vois l'utiliser..., marmonna Curtis avec étonnement quand il rejoint Mabel. C'est plus efficace que je l'aurais pensé.
Mabel se précipita à côté de Netanya alors que cette dernière stupéfixiait le sorcier pour le faire taire et soigner sa plaie. Netanya lui lança un regard calme :
— Je m'occupe de les surveiller et de prévenir le MACUSA, va récupérer Graves.
Mabel n'eut pas besoin de se le faire dire deux fois. Elle se précipita sur la porte d'entrée en bois foncé, brisa l'enchantement qui la protégeait, et l'ouvrit en grand dans un grincement sonore.
Un nuage de poussière l'attaqua et la fit toussoter. Mabel fit une rapide inspection de la pièce : un salon, avant de repérer un couloir. Elle s'y engouffra, en repensant à la chambre d'enfant qu'elle avait vu dans son rêve. Curtis la suivit.
Mabel ouvrit deux pièces vides avant d'atteindre la bonne.
L'odeur de poudre du coup de feu de Netanya avait quasiment disparu de ses narines pour être remplacé par l'odeur âcre de sang séché.
Elle reconnut la fenêtre en face d'elle, celle qui avait projeté l'éclat de la lune sur la tache de sang au sol. Une tache de sang asséchée mais toujours bien visible. Tout comme la traînée de sang qui disparaissait derrière un lit d'enfant renversé. Mabel sentit son cœur tomber dans sa poitrine et les jambes tremblantes, elle se dépêcha de le contourner.
Elle avait peur. Peur de l'état dans lequel elle retrouverait Percival. Peur de le retrouver simplement pour le perdre dans la seconde qui suivrait. Et peur de s'être trompé. D'avoir cultivé tant d'espoirs au cours des dernières minutes pour ne trouver personne derrière ce lit.
Mais ce ne fut pas le cas.
Au contraire, elle fut accueillie par la même vision que lors de son rêve.
Percival, affaissé contre le mur, inconscient.
L'espoir et le soulagement se déversa dans les veines de Mabel.
— Percival !
Elle s'effondra à côté de lui, sous le regard de Curtis, et déposa sa main contre le cou tâché de sang noir de Percival.
Un battement faible se fit sentir, suivi d'un deuxième, puis d'un troisième.
Mabel fut secouée de sanglots de soulagement et prenant le visage émacié du sorcier dans ses mains, elle s'excusa.
— Pardonne-moi, Percival. Pardonne-moi !
Les yeux fermés, elle agrippa le corps inerte du sorcier et le supplia de se réveiller. Elle se sentait devenir plus faible de secondes en secondes. L'adrénaline quittait son corps et tous ses membres commençaient à devenir plus lourd. Quant à son abdomen, c'était comme si on venait de la poignarder à de multiples reprises. Bientôt la douleur fut si forte, qu'elle s'effondra contre le mur, lâchant l'homme qu'elle aimait par la même occasion.
Curtis se hâta à ses côtés mais Mabel ne quittait pas Percival des yeux, malgré la douleur qui lui déchirait les entrailles. Avant de perdre connaissance, elle entendit de nombreuses voix s'approcher et elle sut que les autres Aurors étaient arrivés. Qu'ils s'occuperaient de Percival. Que tout ne pouvait qu'aller mieux dorénavant.
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