17| Escapade en terre moldue
Il fallut plusieurs heures à la sorcière pour dénicher les vieux plans poussiéreux des souterrains. Elle dut fouiller moults étagères et tiroirs des archives de la ville pour réussir à mettre la main dessus. Pas peu fière d'elle, Mabel transplana au MACUSA avec rapidité, prête à livrer les plans à Percival et chasser cette créature toute la journée s'il le fallait. Elle se sentait revigorée. Leur équipe de recherche n'avait pas eu de meilleures avancées depuis longtemps.
Pleine d'énergie et impatiente, Mabel se précipita vers l'entrée du bâtiment, manquant de justesse de bousculer une employée, qu'elle reconnut comme étant Tina Goldstein en s'excusant. En la laissant passer devant elle, Mabel voulu profiter de l'occasion pour prendre de ses nouvelles mais cette dernière était accompagnée. Ou du moins, elle semblait escorter un sorcier. Mabel trouva cela très étrange considérant que Tina était au département des permis de baguettes et n'avait donc pas de mission de terrain qui pouvait expliquer ceci mais elle ne dit rien et laissa la femme brune et l'homme châtain passer devant elle.
En voulant pénétrer dans le bâtiment à son tour, elle tomba nez à nez avec Curtis et Netanya.
Curtis, le bras enveloppant les épaules de Netanya, semblait l'emmener quelque part. Mabel fut soudain terrifiée à l'idée que quelque chose ait pu arriver à son amie.
— Ne t'inquiètes pas, Mabel. C'est juste une petite douleur au ventre, la rassura aussitôt Netanya.
Une main posée sur son ventre légèrement rebondi, cette dernière grimaçait de temps à autres mais ne semblait pas souffrir atrocement.
— Petite douleur ou non, il faut que tu voies un médecin, intervint Curtis qui fit taire la femme enceinte d'un regard quand celle-ci voulut protester. Mabel, tu peux la conduire à l'hôpital ? Je l'aurais fait mais Picquery ne m'a pas lâché de la matinée.
— Je m'en occupe, ne t'en fais pas. D'ailleurs Curtis, tu donneras ça à Graves, dit Mabel en lui tendant les plans du métro.
— Si jamais il revient travailler un jour, je le ferais. Picquery devient folle à l'attendre, c'est bien pour ça que je l'ai sur le dos. D'ailleurs, rassure-moi, vous avez trouvé quelque chose ? Si je remonte les mains vides, je suis mort !
— Les plans justement. On pense que la créature peut s'en servir pour se déplacer. Il faudrait s'y rendre pour les fouiller.
— Tu me sauves la vie !
Curtis la prit dans ses bras, visiblement soulagé.
— Et toi, Net', soigne-toi !
— Arrête de t'inquiéter pour moi.
Netanya déposa un baiser sur la joue du jeune homme avant de le chasser. Curtis lui lança un dernier regard soucieux avant de disparaître dans les entrailles du MACUSA.
— Ce sont probablement juste des crampes, prévint l'israélienne une fois seule avec Mabel.
— Il vaut mieux prévenir que guérir.
Mabel et Netanya se dirigèrent dans la ruelle et la britannique hésita.
— Tu peux transplaner avec un bébé ?
— Bien sûr.
Netanya eut un sourire amusé et Mabel se sentit idiote. Elle n'y connaissait vraiment rien en grossesse et très honnêtement, elle ne voulait pas vraiment avoir à en apprendre plus.
Elle demanda l'adresse de son hôpital à sa collègue et y transplana, non sans problème.
La sorcière sut qu'elle s'était trompée quelque part quand elle sentit des branches lui griffer les bras et des feuilles lui tomber sur la tête. Quand elle ouvrit les yeux, elle se rendit compte qu'elle les avait fait atterrir au beau milieu d'un parterre de buissons. Plusieurs oiseaux, qui se prélassaient sur les branches du chêne dans leur dos, prirent leur envol en piaillant.
— Pour la discrétion, on repassera, plaisanta-t-elle tout en jetant un rapide coup d'œil autour d'elle pour repérer de possibles témoins, sans en trouver.
— La première fois que j'ai transplané ici, j'ai atterri dans la mare là-bas, indiqua Netanya en riant. Tu ne peux pas faire pire.
La mare, qui se trouvait à une dizaine de mètres de là, était verdâtre et boueuse. Même pour tout l'or du monde, Mabel n'y aurait jamais mis les pieds. Elle eut donc du mal à retenir son rire en imaginant la situation.
— Les médecins ont eu la peur de leur vie en nous voyant arriver, Isaac et moi, couvert de boue.
Netanya souriait de toutes ses dents à l'évocation de ce souvenir. Elle ne semblait même pas se soucier des branches qui lui écorchaient les jambes alors qu'elle se frayait un chemin hors des buissons.
— Au moins, cette fois-ci, tu ne saliras par leur sol, ironisa Mabel en se dirigeant vers l'hôpital qui se trouvait en face d'elle.
De face, il ressemblait à une vieille université d'architecture géorgienne, avec ses briques marronâtre, ses grandes vitres blanches à carreaux et son toit en tuiles noires.
L'intérieur était aussi propre et classique que l'extérieur. Cependant, une touche luxueuse, que l'extérieur ne reflétait pas, y était apparente.
— Tu ne te refuses rien dis-moi, chuchota Mabel alors qu'elle marchait sur les dalles beiges et propres de l'hôpital.
À peine Mabel avait-elle fini sa phrase qu'une infirmière vint aussitôt à leur rencontre pour leur demander leur problème. Netanya lui expliqua sa situation ainsi que ses douleurs et la jeune employée aux longs cheveux roux se précipita pour lui amener un fauteuil roulant dans lequel s'asseoir avant de partir chercher le médecin traitant de la sorcière.
— Isaac voulait que j'aie les meilleurs traitements, expliqua Netanya en caressant son ventre distraitement.
Mabel se demanda si c'était pour soulager la douleur ou si c'était simplement un signe de l'affection qu'elle ressentait pour son mari et son futur enfant.
Gênée, sans vraiment savoir pourquoi, Mabel détourna le regard et le fixa sur son environnement.
Le hall de l'hôpital, où se trouvait une dizaine de chaises et un bureau pour l'accueil, était désert. La pièce, éclairée par deux lustres et décorée avec de nombreuses plantes vertes, était étonnamment accueillante.
Mabel n'avait pas l'impression d'être dans un hôpital et cela l'arrangeait bien. Elle détestait l'atmosphère qui y régnait habituellement.
— Tu y as déjà pensé ?, demanda Netanya en attirant l'attention de Mabel vers elle. À avoir des enfants, je veux dire.
La sorcière, décontenancée par une telle question, resta comme stupéfixée.
— Je- oui, ça m'est déjà arrivé d'y penser. Bien sûr. (Netanya, d'un regard tendre, la poussa à continuer.) Mais mon travail a toujours été le plus important pour moi donc je crois qu'inconsciemment, j'ai toujours considéré que cela ne m'arriverait pas et ça ne m'a jamais dérangé. (Mabel s'arrêta pour remettre un peu d'ordre dans ses pensées. Elle vit aussitôt le visage de Percival apparaître dans son esprit et tout redevint flou.) Et maintenant que ma vie est différente, je ne sais pas-, je ne sais plus ce que je veux.
— Ça viendra, Mabel, répondit Netanya d'un ton mystérieux, comme si elle en savait plus qu'elle ne voulait le dire.
Netanya prit la main de la sorcière dans la sienne. Les deux amies restèrent silencieuses, l'une à côté de l'autre. Mabel cligna des yeux plusieurs fois et fit de son mieux pour chasser ces pensées de son esprit. Elle ne voulait pas avoir à penser à ça. Elle savait que cela ne la ferait que douter. Si elle devait se mettre à réfléchir à une telle possibilité, dans les semaines, voire les mois qui viennent, alors elle ne le ferait pas seule. Percival avait son mot à dire dans cette histoire, lui aussi.
Elle inspira un grand coup et c'est ainsi qu'un détail attira son attention. En entrant dans la vieille bâtisse, les deux sorcières avaient laissé un peu de terre devant la porte et, malgré la saleté, le balai qui se trouvait au coin de la pièce ne s'était pas déplacé pour la nettoyer. Mabel se mit alors à observer la pièce d'un œil nouveau et ne remarqua absolument rien de magique.
— C'est un hôpital pour moldu ?, demanda-t-elle à voix basse, incrédule.
Netanya confirma d'un hochement de tête.
Mabel en était bouche bée. Elle n'avait jamais imaginé qu'un sorcier irait de son plein gré se faire soigner dans un hôpital pour moldu et pourtant Netanya était en train de le faire.
— Tu n'as pas peur qu'ils-
— Qu'ils blessent mon bébé ? Bien sûr que non. Les accouchements de sorciers et de moldus sont similaires. Que j'aille dans cet hôpital ou un autre, cela ne changerait pas grand-chose.
Mabel acquiesça silencieusement. Elle n'y avait jamais pensé mais cela lui paraissait sensé et, de toute manière, elle n'avait pas suffisamment de connaissances sur le sujet pour réfuter l'affirmation de son amie.
— Pourquoi choisir la science plutôt que la magie, alors ?
Mabel était sincèrement intéressée.
— Pour m'habituer à la nouvelle vie qui m'attend. Une vie sans magie. Même si je ne sais pas si je peux la qualifier de nouvelle. J'ai vécu toute mon enfance dans ce monde, c'est comme rentrer à la maison après des années d'absence. C'est presque apaisant.
Netanya ferma les yeux et sourit, replongeant dans des souvenirs qu'elle seule pouvait connaître.
— Mabel, je ne voudrais pas t'embêter, reprit-elle en rouvrant les yeux, mais pourrais-tu prévenir Isaac de ma présence ici ? Il m'en voudra si je ne le fais pas.
— Avec plaisir, répondit aussitôt Mabel qui voyait bien l'amour déborder des yeux de Netanya à l'évocation de son mari.
Mabel n'eut qu'à s'imaginer dans la même situation pour savoir qu'elle donnerait tout pour que Percival soit présent à ses côtés.
— Où est-ce que je peux le trouver ?
— La caserne entre Maple et Brown.
Mabel promit à Netanya d'être rapide et s'éclipsa du bâtiment.
Sans surprise, et comme souvent quand elle transplanait directement à l'intérieur d'un lieu inconnu, Mabel se retrouva coincée dans une minuscule pièce plongée dans les ténèbres. Elle se débattit pour sortir sa baguette de son étui.
— Lumos.
Une forte lumière blanche émana du bout de sa baguette en frêne et Mabel put distinguer les contours d'une porte en face d'elle. Elle l'entrouvrit et la lumière naturelle du soleil pénétra dans l'espace clos – un cagibi, cette fois-ci - dans lequel elle avait atterri. Elle éteint la lumière de sa baguette et la rangea à l'abri des regards indiscrets avant de sortir.
En se déplaçant dans le couloir propre et éclairé par deux fenêtres dans lequel le cagibi débouchait, elle entendit des éclats de conversation enjoués ainsi que le son distinctif de métaux s'entrechoquant. Elle se dirigea vers la porte sur sa gauche, dont semblait provenir les sons.
Elle tomba alors sur des objets qui l'étonna. Elle n'avait eu aucune idée de ce en quoi consistait le travail d'Isaac auparavant mais, à la vue des deux gros véhicules rouges qui occupaient ce garage, elle eut un déclic. Un pompier était un de ces moldus qui éteignaient des feux.
Elle les avait déjà vu à l'œuvre une fois, quand elle était plus jeune. Elle les avait trouvés courageux mais aussi stupides. Se jeter comme cela dans les flammes, c'était inconscient. Désormais, Mabel ne le pensait plus. Après tout, elle était la première à se jeter dans la gueule du loup avec le métier qu'elle exerçait.
En s'approchant du véhicule sur sa droite, elle reconnut le gros tuyau gris accroché sur le côté du véhicule et qui servait à projeter de l'eau sur le feu.
— Un problème, M'dame ?, demanda un homme qui sortit de sous le véhicule, faisant sursauter la sorcière.
Il s'assit sur la planche à roulettes dont il s'était servi pour glisser de sous la voiture et essuya ses mains noircies sur un torchon qui était déjà extrêmement sale. Mabel le vit ensuite s'essuyer le front avec et ne sut dire si sa peau fut plus ou moins propre après cela. Elle mourut alors d'envie de lui donner un torchon humide pour qu'il enlève toute la crasse de son visage mais se rappela de la raison de sa présence dans ce bâtiment.
— Je recherche Isaac. Il travaille ici. Est-ce que vous pouvez me dire où il se trouve ?
— Vous pourrez l'trouver dans la salle de repos derrière vous, l'informa-t-il au plus grand soulagement de la sorcière. Z'êtes sa femme ? Parce qu'on en a énormément entendu parler mais on n'l'a encore jamais rencontré. On en vient à s'demander si elle est même réelle.
— Oh, elle est bel et bien réelle, croyez-moi. Ce n'est simplement pas moi. Je suis l'une de ses amies, elle m'a envoyé chercher son mari.
L'homme sembla déçu. Il lui désigna la salle de repos du doigt avant de se rallonger sur sa planche à roulettes. Mabel le remercia chaleureusement et se retourna vers la porte dont les rires de l'autre côté se faisaient entendre clairement. Cependant, au lieu de se diriger vers celle-ci, elle refit face au pompier, la curiosité l'emportant sur sa mission.
— Excusez-moi mais pourquoi vous cachez vous sous cette voiture ?
— J'me cache pas, répondit-il à la fois amusé et interloqué. J'la répare. Elle refuse de démarrer depuis hier soir et j'essaie de trouver c'qui cloche.
— Et vous êtes obligés de regarder en dessous pour cela ? Vous n'avez pas de solutions plus rapides ?
— Comment ça ?
— Je ne sais pas trop, je pensais que, peut-être, vous auriez pu avoir un instrument spécial pour cela. Je ne m'y connais pas vraiment en réparation, bredouilla Mabel qui se sentait mal pour cet homme.
S'il avait été sorcier, il aurait réglé son problème en moins de temps qu'il lui aurait fallu pour avoir cette discussion avec elle.
— Si seulement... Non, faut tout faire à la main et ça peut durer longtemps. J'vais donc y retourner mais ça a été un plaisir d'vous rencontrer, M'dame. Et vous direz à cette fameuse Netanya qu'toute la caserne meurt d'impatience d'la rencontrer, termina-t-il en se glissant sous la voiture rouge.
Une grosse barre en métal au bout ouvert dans la main, il se remit aussitôt à faire du bruit et Mabel se demanda comment Netanya pouvait bien faire pour renoncer à la magie. Mabel, elle, n'en serait jamais capable.
Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas immédiatement le silence qu'elle avait provoqué en entrant dans la salle de pause. Isaac, qui l'avait aussitôt reconnu, se dirigea vers elle.
Dans son tee-shirt moulant immaculé blanc et son pantalon bleu marine, il était une copie conforme des quatre autres hommes présents dans la salle. La seule chose qui le démarquait était son teint hâlé et l'inquiétude qui se lisait sur son visage.
— Est-ce que Netanya va bien ?, demanda-t-il dès qu'il fut à sa hauteur.
— Oui et non. Je viens de la déposer à l'hôpital. (Les yeux d'Isaac s'écarquillèrent sous le choc.) Elle souffre de crampes mais ne t'en fait pas, cela n'a pas l'air sérieux. Cependant, elle tenait à ce que tu sois averti et que, si possible, tu viennes l'y retrouver.
Le moldu se retourna aussitôt face à ses collègues pour leur expliquer la situation et ceux-ci le poussèrent à partir sans attendre. Mabel et lui transplanèrent donc quelques secondes plus tard.
Dans l'hôpital, ils durent traverser deux étages et cinq couloirs avant de trouver la salle d'examen dans laquelle Netanya avait été amené, ce qui accrut considérablement l'anxiété de son mari. Aussitôt qu'il l'aperçut sur un lit, bordée d'une couverture blanche, il se précipita à son chevet.
— Est-ce que tu vas bien ?, demanda-t-il à sa femme avant de se tourner vers le docteur assis près du lit. Est-ce qu'il y a un souci avec le petit ?
— Tout va bien, ne vous inquiétez pas, le rassura le médecin alors que Netanya prenait la main d'Isaac dans la sienne. Nous avions juste affaire à de vilaines crampes abdominales, pas de quoi se faire de soucis. Je prescris juste un peu de repos pour notre jeune mère. N'oubliez-pas ce que je vous ai dit : ne vous-
— Surmenez pas !, finit Netanya à la place du médecin.
L'homme à la blouse et la sorcière eurent un sourire complice.
— Surtout n'hésitez pas à revenir à la moindre alerte et prenez soin de vous.
Sur ces mots, le médecin quitta la chambre, laissant le couple et Mabel seuls.
— Merci d'être venu, murmura Netanya à Isaac. Je t'aime.
— Je t'aime aussi, susurra-t-il en l'embrassant sur le front.
Face à cet élan d'affection, Mabel se trémoussa sur le seuil de la porte.
— Je suis contente de voir que tu vas bien, dit-elle avec douceur.
Le duo se tourna pour la regarder. Mabel les trouva adorables. Et se sentit aussi de trop.
— Merci d'avoir été le chercher, Mabel, je t'en dois une.
— Ne t'en fais pas pour ça, Net', c'était la moindre des choses. Et maintenant que vous êtes réunis, je vais vous laisser. Prends-soin de toi !
Netanya lui fit un signe de la main et Isaac lui lança un sourire reconnaissant.
Mabel s'engouffra dans le premier placard qu'elle trouva et transplana. À peine eut-elle rejoint son bureau que Curtis apparut devant elle avec une expression troublée :
— Comment va Netanya ?
— Elle va bien. C'étaient de simples crampes. Elle est encore à l'hôpital avec Isaac. Le médecin lui a conseillé de se reposer donc elle ne reviendra que demain, expliqua Mabel.
Le souci de Curtis disparut progressivement de ses yeux et il retourna s'asseoir sur sa chaise avec un soulagement palpable.
Mabel lui laissa quelques secondes pour digérer l'information et pour lui laisser le temps de lui poser d'autres questions mais quand il n'en fit rien, elle se lança :
— Tu as fini par te débarrasser de la présidente ?
— Ah, ne m'en parle pas ! J'ai bien cru qu'elle allait me mettre en pièces quand je suis remonté tout seul tout à l'heure. Heureusement pour moi, Graves est arrivé quelques secondes après. Picquery n'était pas heureuse d'avoir dû l'attendre aussi longtemps, tu aurais dû voir son expression, c'était terrifiant ! Je suis parti aussi vite que je l'ai pu.
Mabel acquiesça d'un air absent. Elle priait pour que la présidente n'ait pas été trop dure avec Percival. Elle savait que s'il se faisait remonter les bretelles par sa supérieure, sa résolution de la matinée de passer plus de temps avec elle risquait de disparaître.
Pour avoir une idée de la situation, elle s'éclipsa, en début d'après-midi, jusqu'au bureau de son compagnon mais ses coups à la porte restèrent sans réponse. Elle se demanda alors s'il était parti fouiller le métro sans elle. Elle fut légèrement blessée à cette idée mais se souvient de leur conversation, plus tôt dans la matinée, que leur sortie ensemble serait une exception. Elle en déduit que leur vieille règle de ne plus partir en mission ensemble était redevenu d'actualité. Elle fut néanmoins déçue de ne pas pouvoir participer activement à la recherche de la créature et pour s'occuper les idées le reste de l'après-midi, elle se mit à trier les petites notes qui recouvraient le grand panneau d'affichage en liège qui trônait dans le bureau des Aurors.
Servant de fourre-tout depuis plusieurs années, des centaines de petits mots se chevauchaient, rendant impossible toute idée de chronologie ou d'importance. Aidée de Curtis, qui cherchait lui aussi désespérément à s'occuper, elle y passa de nombreuses heures. Ils retirèrent tous les mémos vieux de plusieurs années et ceux d'affaires résolus. Puis, ils classèrent la trentaine restante par date. Les deux Aurors finirent leur tâche un peu après cinq heures et, pour la première fois depuis qu'elle était arrivé au MACUSA, Mabel fut l'une des premières employées à partir.
En route vers la sortie, elle s'arrêta de nouveau au bureau de Graves mais, là encore, personne ne vint lui ouvrir la porte quand elle frappa. Elle retourna donc chez elle en se demandant anxieusement quel homme elle retrouverait le soir-même. Le Percival distant et travailleur ou bien celui affectueux et présent.
S'il comptait passer la voir tout court.
La sorcière se félicita tout de même d'avoir glissé une petite note lui proposant de la rejoindre chez elle dans la soirée sous la porte avant de partir. Elle avait alors pensé ne pas le voir avant des heures mais Percival apparut sur le pas de sa porte moins d'une heure après.
Mabel ne put contenir sa joie. Elle avait été si persuadée qu'il allait passer sa soirée à travailler au Congrès qu'elle lui sauta au cou dès qu'elle le vit. Ne s'embêtant pas à fermer la porte d'entrée, ils passèrent de longues minutes à s'embrasser sur le seuil de son appartement, à la vue de tous.
Mabel se laissa envahir par toutes ses petites sensations familières qui lui avait tant manqué : la rugosité de ses mains sur sa peau, la légère démangeaison que provoquait son début de barbe sur ses joues, la douceur de son écharpe glissant entre ses doigts.
Lui mordillant tendrement la peau du cou, Percival lui susurra à l'oreille :
— Tu as toujours le chic pour m'accueillir.
Ses yeux dilatés plongèrent dans ceux de la sorcière et celle-ci voulut aussitôt se réapproprier ses lèvres.
Elle préféra à la place leur accorder un peu d'intimité et le fit rentrer dans son appartement avant de fermer la porte d'entrée. Elle prit le manteau du sorcier de ses épaules et le rangea dans son armoire. Percival ne la quitta pas des yeux. Il sembla se tendre légèrement.
Un bruit métallique retentit du manteau quand celui-ci cogna contre le fond de l'armoire.
— Tu as oublié quelque chose dans ta poche ?, demanda-t-elle en se penchant vers le manteau pour en récupérer l'objet et le rendre à Percival.
L'américain se matérialisa aussitôt derrière elle et, l'enserrant tendrement mais fermement par la taille, il l'arrêta dans son geste.
— Ne t'embêtes pas, ce sont simplement quelques pièces.
Il ponctua ses paroles d'un baiser dans son cou et Mabel se retourna pour lui faire face. Percival en profita pour refermer la porte de l'armoire d'un geste de la main.
— Tu es bien détendu ce soir, plaisanta la britannique en enroulant ses bras autour du cou de son compagnon. Tout s'est bien passé avec la présidente ? J'ai entendu dire qu'elle t'avait cherché toute la matinée.
Percival, la tête toujours nichée dans le cou de la sorcière, se contenta d'humer contre sa peau un long moment avant de lui répondre :
— Je peux gérer Picquery, ne t'en fais pas pour moi.
— Je sais bien que tu peux la gérer, je ne veux juste pas que tu t'attires des problèmes.
Percival lui fit face.
— Tu t'inquiètes trop.
Mabel faillit éclater de rire. Elle n'aurait jamais pensé entendre ces mots de la bouche de Percival. Cela en était risible. Lui qui avait passé les dernières semaines, voire les derniers mois, à s'inquiéter. À propos de la créature. À propos de Grindelwald. À propos d'elle.
Mais ce soir, il semblait totalement déconnecté de tous ces problèmes. Il semblait détendu et surtout, Mabel remarqua que ses cernes commençaient enfin à s'atténuer. Et juste pour cela, elle ne voulut pas l'embêter avec le travail. Et quand il se remit à l'embrasser, plus fermement et plus passionnément, elle comprit que lui non plus, ne voulait plus parler de cela.
Elle répondit à son baiser avec tout autant de fougue. Il n'avait pas été aussi passionnel avec elle depuis longtemps et elle ne s'était pas rendu compte, avant ce soir, à quel point cela lui avait manqué.
Elle se laissa guider jusque dans sa chambre et les deux sorciers se tinrent compagnie toute la nuit.
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