41. « Tu ne dois pas pleurer »

Le paysage défile sous mes yeux tandis que notre taxi roule dans les rues de Toulouse. La tête collée contre la vitre, je laisse mon esprit s'envoler vers d'autres lieux.

Olivio, quant à lui se contente de me regarder et par moment, je lui jette un léger coup d'oeil, un mince sourire sur les lèvres. Je n'oserais sûrement jamais lui avouer, mais quand il est comme ça, je le trouve encore plus beau que d'habitude. J'admets que tout ça est très niais, mais c'est sans doute un effet secondaire des sentiments amoureux.


Le taxi s'arrête devant la bâtisse que je commence à si bien connaître. Un endroit qui devient peu à peu une nouvelle maison, un nouveau cocon dans lequel je me sens à l'aise.

Après avoir payé le chauffeur, Oli me prend la main et me demande de le suivre en fermant les yeux. J'obéis malgré la curiosité qui me crie de les ouvrir. J'avance péniblement et lentement, seulement guidée par la voix de mon petit-ami. Je manque de tomber à quelques reprises, mais c'est sans compter les mains de Oli qui me soutiennent au niveau des hanches. Nous arrivons finalement dans ce que je crois être la salle à manger, étant donné que nous n'avons gravi aucun escalier. Il s'arrête, vient se placer dans mon dos, sa tête posée sur mon épaule droite et me souffle doucement à l'oreille.

Tu peux les ouvrir.

J'obtempère et écarquille les yeux devant ce que je vois. La pièce a été totalement remise à neuve et c'est comme si ce qui avait été là un jour n'avait jamais existé. C'est simple, épuré et sans chichi, à l'image de Olivio. Et pourtant j'adore.

Sur la table trônent des réductions, un pichet rempli de je ne sais quelle boisson. Au-dessus, sur le mur est accrochée une banderole avec l'inscription "Bal de Noël", il y a des ballons à différents endroits de la pièce, ainsi qu'un endroit qui a été débarrassé et ressemble à une piste de danse.

Je me tourne alors vers mon petit-ami qui n'a rien dit depuis que je suis en admiration devant la pièce.

Comme je ne peux pas être ton cavalier pour un vrai bal, je me suis dit que je pourrais en faire venir une partie ici, dit-il gêné.

Je souris devant ce qu'il vient de me dire, bien qu'une partie de moi regrette de ne pas pouvoir nous afficher en public. Je m'approche encore plus de lui et viens planter mes lèvres sur les siennes. Il répond timidement à mon baiser et se laisse aller lorsque je passe mes bras autour de son cou. Petit à petit, je viens mordre sa lèvre inférieure et je sens un sourire se former contre mes croissants de chair. Il vient alors glisser ses mains dans mon dos afin d'approcher un peu plus nos deux corps.

Seulement, je me rends compte qu'il est sûrement temps de calmer un peu le jeu. Je ne suis pas prête à aller plus loin pour l'instant et je me vois mal lui dire non plus tard. Je sais à quel point ça peut être frustrant.

Je recule doucement et lui lâche un grand sourire avant de le prendre par la main et de l'amener sur sa piste de danse improvisée.

Tu sais danser au moins ? je lui demande ravie.

Oui, je pense, dit-il timidement.

Sauter et gigotter sur scène pendant un concert, ça ne compte pas.

Alors non, dit-il en tentant de cacher son sourire.

Tant mieux, parce que moi non plus.

Il semble étonnée de ma réponse, mais lance tout de même une musique depuis son téléphone connecté aux enceintes de la pièce. "The Night We Met" de Lord Huron démarre, la chanson pour slow par excellence. Je sens Olivio assez nerveux, alors je viens placer ses mains au niveau de ma taille, tandis que je passe mes bras autour de son cou. Nous commençons alors à danser, ou plutôt à faire du surplace. Mais c'est notre façon à nous de danser, alors tant qu'il ne m'écrase pas les pieds, je suis heureuse.

Tout au long de la chanson, je peux entendre le coeur du rappeur accélérer au rythme du mien. Ma tête posée contre lui, tout près de son cou, je me sens vraiment bien. Si bien que je voudrais que rien ne s'arrête. J'en oublie presque le temps qui défile, qu'autour de nous, quelque part dans les rues il y a des gens. A cet instant, c'est juste Olivio et moi.

La chanson finit par se terminer et je sors peu à peu de ma bulle, mais en regardant toujours amoureusement le garçon qui se trouve devant moi. J'aimerais avoir la force de lui dire, là maintenant. Car ça pourrait être le moment, mais mon coeur me fait signe que c'est encore un peu tôt. Je soupire discrètement avant de l'embrasser tendrement.

Le reste de la soirée se poursuit tranquillement tandis que nous alternons entre danse, petite pause au buffet et rires.

Minuit finit par nous rattraper, ainsi que la fatigue. Mais je ne suis pas Cendrillon alors je ne vais pas disparaître subitement. Cependant, je sens que c'est le moment pour lui donner mon petit cadeau et lui transmettre mes consignes.

J'avance doucement vers le rappeur qui s'est assis, fatigué par notre surplace et m'assieds sur ses genoux avant de lui tendre le petit carnet sur lequel j'ai collé un Post-It. Il fronce les sourcils, ne sachant pas ce que je veux en faire.

C'est ton cadeau de Noël. Tu verras, c'est simple. Mais promets-moi de ne pas l'ouvrir avant le 25 décembre, je lui dis en le regardant dans les yeux.

Il me sourit puis embrasse mon front avant de sortir une enveloppe de sa veste de costume. Cette fois, c'est moi qui le regarde curieusement. On dirait les enveloppes données par les grands-parents à Noël. Vous savez, celles avec la petite carte et l'argent. Il ne va quand même pas me payer pour être avec lui.

En ce qui te concerne, tu ne devras ouvrir ceci que le 31 à vingt-deux heures.

Le jour du réveillon pour la nouvelle année ? Olivio n'a visiblement pas compris le concept des cadeaux de Noël.

Tu sais que Noël c'est le 25 décembre ? je le questionne amusée.

En réponse, il me donne une petite tape sur l'épaule avant de se mettre à rire.

Bien-sûr que je le sais. Mais tu comprendras pourquoi tu dois ouvrir cette enveloppe ce jour-là, à ce moment précis, quand tu auras vu son contenu.

Je range délicatement la petite enveloppe dans mon sac avant de me lever. Il est l'heure pour moi de rentrer. Je suis morte de fatigue et j'ai un long trajet qui m'attend demain. Un trajet qui va sûrement me briser le coeur. L'absence d'Olivio va vraiment se ressentir.

Il me raccompagne jusque sur le pas de ma porte où nous nous regardons silencieusement pendant de longues secondes. Son regard chaleureux mais empli de passion me scrute tandis que la chaleur dans mon ventre se fait ressentir. J'aimerais qu'elle disparaisse mais c'est impossible. Je dois retrouver mes esprits.

Je me rappelle alors que demain je pars, et elle fuit mon corps subitement, laissant place à un nœud dans mon estomac. Les larmes me montent peu à peu, mais je les empêche de perler sur mes joues.

Tu ne dois pas pleurer, crevette.

Je souris en entendant le petit surnom qu'il m'avait donné dans ce même couloir. Je dépose ensuite mes lèvres sur les siennes, laissant mon corps me contrôler. Mes larmes coulent sur nos visages tandis que nos langues dansent ensemble. J'ignorais qu'il était possible de pleurer tout en éprouvant une passion intense. Mes mains viennent se plaquer ses joues afin d'approfondir encore un peu notre baiser. Soudainement, je sens deux mains se plaquer contre mes fesses, faisant échapper un léger gémissement d'entre mes lèvres. Moi qui avais toujours cru que Oli était vraiment timide.

Nous nous séparons quelques secondes plus tard, réalisant sûrement que nous sommes encore sur le pas de la porte. Je ris en y pensant puis tourne ma clé dans la serrure, avant d'entrer doucement chez moi.

Passe de bonnes vacances, ma petite crevette.

Je lui envoie un baiser de la main puis le regarde partir. Une fois que le contact visuel est rompu, je ferme la porte derrière moi et le reste de mes larmes coule.

Etrangement, ça me fait du bien de pleurer, car je sais que ce sont des larmes de manque et non de souffrance.


Emma rentre plusieurs heures plus tard, légèrement éméchée. Je la regarde passer devant moi, les yeux pétillants et un énorme sourire sur les lèvres. Elle a aussi a sûrement passé une soirée incroyable et ça me fait un bien fou de savoir que nos derniers moments ici de l'année sont des moments de bonheur.

Assise dans mon fauteuil, je peine à trouver le sommeil, ne cessant de me repasser la soirée dans la tête. Je repense également à mon arrivée ici, à ma souffrance à ce moment-là. Qui aurait cru que l'arrivée d'un garçon dans ma vie ait pu tout changer ? J'avais fait une croix sur l'amour, sur tout ce qu'il engendre, l'ayant catégorisé comme quelque chose qui fait souffrir, quelque chose d'effrayant et dont je ne voulais plus. Et puis il y a eu Olivio. Un prénom pour tant de choses.

Je m'endors quelques minutes plus tard, en boule dans mon fauteuil, le coeur empli de joie et l'esprit occupé par une seule personne. Oli.





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Je suis si contente de vous retrouver ! Mes partiels se sont finis ce matin et j'avais vraiment hâte d'écrire cet aprèm. Le chapitre est un peu plus court que ce je produis d'habitude, mais il faut le voir comme un chapitre tout mimi, de transition, sur ce qui va suivre.

Et je sais que je n'ai pas pour habitude de vous raconter toute ma vie personnelle, mais j'aimerais au moins que vous sachiez que l'avant dernier paragraphe, en plus d'être l'avis de notre Charline adorée, c'est aussi le mien en tant qu'auteure et femme dans la vie de tous les jours.

Alors je ne sais pas si certaines personnes sont dans ce cas-là, mais gardez en tête une chose, après la pluie vient le soleil. Et même si dans mon cas la pluie est tombée pendant plus de deux ans, le soleil a fini par pointer le bout de son nez.

@AgathePoliroid @AlessaSteiner vous voyez de quoi je parle ? :)

Alors ne désespérez pas ! Plein de bonnes choses pour 2021 !

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