— Tu peux mettre cette boule juste au-dessus ? Je suis trop petite, me demande Emma qui se hisse tant bien que mal sur la pointe des pieds. 

Je prends la boule en forme de renne des mains de mon amie et la glisse dans notre sapin de Noël. Je recule ensuite afin d'admirer notre sapin qui commence enfin à ressembler à un véritable sapin de Noël, si bien-sûr on oublie les boules kitchs que mon amie a tenu à placer sur les branches.

— Oli n'était pas censé venir nous aider ? me questionne-t-elle ensuite en s'asseyant dans le canapé, une tasse de thé dans les mains.

— Oui, mais je suppose qu'il est occupé. Ils ont un concert jeudi à Nouméa. Il doit passer son samedi à se préparer et répéter, je réponds avec un faux sourire sur le visage.

Au fond, j'ai vraiment espéré qu'il soit là aujourd'hui, mais je commence peu à peu à prendre l'habitude de le voir uniquement de temps en temps. Quand tout a commencé il y a un mois, j'avais l'impression de vivre un rêve éveillé, mais tout en ayant conscience qu'une relation avec Olivio serait bien différente d'une relation avec un homme lambda. Cependant, je vois la distance qui nous sépare comme un cadeau, me laissant le temps d'assembler les morceaux, les pièces du puzzle de mon histoire avec Alec, pour le jour où je lui en parlerai. Il a déjà essayé gentiment de me demander d'en parler, mais j'ai toujours réussi à m'échapper, comme sauvée par le gong.

— Enfin, il aurait pu te prévenir quand même ! s'agace ma meilleure amie.

Je me contente d'esquisser un léger sourire, car je sais qu'elle a raison, mais je refuse de lui accorder ce point. Je prends d'autres boules dans le carton et continue de décorer le sapin en pensant au garçon que j'aime.

Une heure plus tard, je suis installée dans le canapé, les dernières photos prises pour mon projet photo sur mes genoux. Je continue de les annoter avec mon Sharpie, Promesses dans les oreilles.

Emma est elle au téléphone avec Allie. Elles se racontent les derniers potins de l'école, du moins j'en ai l'impression en entendant Emma pousser des cris d'exclamation depuis sa chambre. Au moins, elle est vraiment heureuse en ce moment, et encore plus depuis qu'elle a appris que Constance et Nathan étaient sous tension en ce moment. J'ai beau lui expliquer qu'elle ne devrait pas se réjouir, je la comprends à moitié.

Je commence à bailler, tandis que le Soleil me fait ses adieux pour aujourd'hui. Il est déjà plus de dix-sept heures, et je n'ai toujours aucune nouvelle de Olivio. Je pose mes photos sur le côté et déverrouille mon téléphone en quête d'un peu de divertissement pour penser à autre chose. Aucune trace des deux frères, même sur Instagram. Moi qui avais fondé tous mes espoirs en ce réseau pour avoir des nouvelles de mon petit-ami. Je ramage en me jetant contre le dossier de mon fauteuil. Est-ce que ça va être comme ça tout le...?

Je rêve ou je viens d'entendre la porte se refermer dans un clic très léger ? Le parquet grince, et alors mon coeur saute dans ma poitrine. Je sais que c'est lui, discret et plein de grâce. Olivio.

Des mains dont je connais la douceur par coeur, se glissent sur mes yeux et des lèvres pulpeuses se posent sur mon crâne. C'est tellement horrible d'être tant dépendante d'un homme. Tellement dépendante que je connais chaque particule de son corps par coeur. Du moins, celles avec lesquelles j'ai déjà été en contact.

— Je t'ai manqué ? 

Quelle question ? Bien-sûr que oui.

— J'ai été bien occupée aujourd'hui, alors un peu, je souffle en empilant mes clichés. 

— Tu avances bien dans ton projet ? me demande-t-il en s'asseyant sur l'accoudoir de mon fauteuil. 

— Tu sais bien que mon avancée dépend de toi, je grimace.

  — C'est un reproche ? dit-il en arquant un sourcil.

— Non, je...pas dans ce sens-là.

— Non, mais parce que si c'est une manière de dire qu'on se voit pas assez, je...

— Je savais dans quoi je m'engageais en sortant avec toi, Olivio. Ce n'est pas un reproche. Juste un manque affectif, je réponds en posant ma main sur ses lèvres pour qu'il se taise.

Il se jette alors sur moi et me prend dans ses bras avec force. Je me sens bien, couverte par tout cet amour. Bien que je sois quand même écrasée. Il se glisse ensuite sur le fauteuil et m'aide à me relever pour que je m'assois sur lui. Commence alors une danse endiablée entre nos langues en quête du moindre contact. Peu à peu sa bouche quitte mes lèvres, et je le sens doucement embrasser mon cou, plein d'hésitation. J'ai toujours trouvé amusantes les pincettes qu'il prend avec moi. Il est plein de timidité, de tendresse. Je viens alors coller mon cou plus près de ses lèvres, pour l'inciter à ne pas avoir peur. Ce qu'il comprend assez rapidement. Ses dents en viennent même à frôler ma peau. Seigneur.

— Ouais, j'ai la dalle. T'imagine même pas, se plaint Emma depuis sa chambre.

J'en avais presque oublié qu'elle était là.

Oli, lui, plein de panique, se détache de moi assez brusquement et colle son dos au dossier. Il écarte ses mains de moi, d'une manière très peu naturelle et se place droit comme un piquet.

Emma sort de sa chambre d'un pas nonchalant et continuant à discuter avec son interlocutrice comme si nous n'étions pas là. J'ai à la fois envie d'exploser de rire devant la situation, mais aussi de ne plus bouger, totalement gênée.

— Tu sais que le sapin est fini depuis une heure, Oli ? dit-elle en criant depuis la cuisine.

Donc, elle nous avait bien vu.

Mon petit-ami me regarde les yeux écarquillés, toujours sans oser faire un mouvement, puis se décide enfin à poser une main dans mon dos. Mon corps s'embrase déjà. Foutus hormones du début de relation.

Ma meilleure amie revient de la cuisine, un morceau de fromage en main et s'assied sur le canapé. Elle a raccroché avec Allie et nous regarde, ou plutôt nous examine comme si nous étions des extraterrestres.

— Vous aviez prévu quoi avant que je n'arrive et vous interrompe ? nous questionne Emma en s'installant en position indienne.

Olivio et moi nous regardons sans trop savoir quoi répondre. Il a l'air encore plus pris au dépourvu que moi et je sens son corps se raidir sous le mien. Il est vraiment mal à l'aise.

— On discutait des photos de mon projet de fin de semestre, j'annonce avec mon plus beau sourire.

— Tu feras croire ça à d'autres, Blaze.

Je déteste vraiment quand elle m'appelle par mon nom de famille. Et elle ne l'emploie que lorsqu'elle veut me faire passer aux aveux, comme dans le cas présent. Nous sommes cuits.

— Et je peux savoir ce que tu insinues ?

Le rappeur se raidit encore plus sous mes cuisses, de plus en plus gêné. Je viens de poursuivre un sujet en terrain glissant.

— Bah, que peuvent bien faire deux jeunes amoureux aux hormones déchaînées ? lâche Emma avec un regard accusateur.

Qu'est-ce qui lui prend d'évoquer un sujet aussi personnel devant Oli ? J'ai déjà beaucoup de mal à parler de ma vie sexuelle quand nous sommes que toutes les deux, mais là, devant lui. C'est pire. Surtout que ça le concerne et que je ne peux pas imaginer ce qui se passe dans sa tête.

— On peut changer de sujet, Emma ?

— Quand tu auras répondu à ma question.

— Tu sais quoi ? Tu voulais savoir, et bien tu vas être servie. Oui, le sujet d'une vie plus intime m'a traversé l'esprit il y a à peine quelques minutes, mais surtout pas quand mon amie est à quelques mètres de là, je bougonne.

Cette fois-ci, je sens Olivio se détendre et il presse sa main dans mon dos. Attendez. Est-ce que ça veut dire que je viens de le rassurer ? Il ne pense tout de même pas que je refuse d'aller plus loin avec lui...

Je me lève précipitamment et embarque Emma dans sa chambre, laissant le rappeur seul au salon. Elle s'assied sur son lit en désordre, et je ferme la porte avant de l'y rejoindre.

— Tu m'expliques ton comportement ? je grommelle en la fixant droit dans les yeux.

— Je voulais t'aider. Mais apparemment, ma technique n'était pas la bonne, dit-elle en baissant les yeux.

M'aider à faire quoi ? A faire flipper le garçon avec qui j'ai une relation amoureuse depuis seulement un mois ?

— Tu dis sans arrêt qu'il est trop timide avec toi, alors je voulais qu'il comprenne qu'il n'avait pas à l'être.

— Lui laisser comprendre en m'arrachant de la bouche que j'ai peut-être envie d'aller plus loin ? je traduis en fixant le sol.

— Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tu es partiellement sincère dans ce que tu dis ? Tu vas bien ? s'inquiète ma meilleure amie en me prenant les mains.

Je me suis trop menti à moi-même et peut-être que je vais enfin devoir cracher le morceau. Mais aussi ai-je peut-être toujours le choix de cacher la sombre vérité au sujet de Alec à Emma. Le seul qu'il va falloir que j'informe c'est Oli. Je suis rongée de l'intérieur à force de tout garder pour moi, enfermé dans un petit coffre fermé à double tour, au fin fond de mon coeur en reconstruction.

— Je ne sais pas si je suis prête, ni si je le serais un jour, je souffle.

— Tu veux dire que tu ne ressens rien avec Oli ? m'interroge Emma, qui cherche à comprendre.

— Non, loin de là, je commence en rougissant. C'est juste que je suis effrayée. Te donner corps et âme à quelqu'un pour au final être brisée...

— Tu parles encore d'Alec ?

J'acquiesce d'un signe de tête, puis passe mes mains sur mon visage. Je déteste la dépendance à une personne, mais encore plus lorsque celle-ci fait partie de notre passé. Un passé qu'on voudrait oublier et supprimer une bonne fois pour toute de la corbeille.

Emma passe ses bras autour de moi, puis pose sa tête sur mon épaule droite. Je sais que c'est sa manière à elle d'essayer de me réconforter, mais cette fois-ci ce ne sera pas assez. Seuls les bras de Olivio et sa compréhension face à une vérité dont il ignore encore tout, pourront me faire aller mieux.

J'en ai besoin. Nous en avons besoin.

Emma se détache brusquement de moi, le visage paniqué.

— Quoi ? je demande inquiète.

— Il était derrière la porte.

....Mon estomac se noue en un millier de noeuds...

— Oli ? je parviens à dire au bord de la crise de nerfs.

— Oui.

Le moment que je redoutais va finalement arriver plus tôt que prévu. S'il a entendu l'intégralité de notre conversation, mon passé avec Alec va resurgir d'ici peu.

Ce soir.

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Je suis tellement désolée pour cette absence interminable. Je vais pas vous mentir. J'ai eu énormément de difficulté à écrire ces temps-ci. J'ai dû m'adapter à ma nouvelle vie seule en appart, le confinement est venu tout détruire. Merci man. Les cours à distance c'est assez compliqué. Vous imaginez, moi qui suis en école d'ingénieur en packaging, faire des tests sur le bois chez moi ? J'ai pas le matériel. C'est un peu freestyle avec mes profs. Et pour finir avec la liste des petits soucis, mon précieux, mon adoré syndrome de la page blanche ! On l'applaudit très fort mesdames et messieurs.

Du coup, j'espère que ce chapitre sera à la hauteur de vos attentes et que vous ne m'en voulez pas pour cette fin horrible. On se retrouve au prochain chapitre (dans peu de temps j'espère), mais également dans une nouvelle histoire qui sortira à la fin de l'année. Je préviens d'avance. Ce n'est pas une fanfiction, mais j'espère tout de même retrouver certains d'entre vous. Ce serait très encourageant pour moi, et j'espère de tout même que vous aimerez. En tout cas, il y aura forcément de l'amour dans ce prochain roman ! Vous commencez à me connaître, non ?