32. « Il n'y a pas grand chose à dire, Oli »

Un sourire. Voilà la seule chose que je peux afficher sur mon visage depuis notre conversation. Mes joues sont douloureuses, mais elles ne peuvent plus bouger. Je ne peux rien y faire, bien que je me doute avoir un air idiot.

Même l'arrivée de mon père n'éteint pas cette joie présente dans l'ensemble de mon corps.

C'est le fait de me voir qui te rend si heureuse ?

Il est debout devant moi, des petits fours dans ses mains. Il a dû croire que j'étais triste, car c'est la seule raison pour qu'il me propose à manger. Être triste.

Y'a un peu de ça, je réponds pour lui faire plaisir.

Et il y a beaucoup d'un garçon, ajoute-t-il du tac au tac.

Quoi ? Comment est-ce qu'il sait ? Il a encore placé un logiciel espion dans mon téléphone, comme quand j'étais en sixième ?

Avant d'essayer de mentir, sache qu'un père remarque tout de suite quand sa fille est amoureuse.

Amoureuse ? Il y va un peu fort. Je ne suis pas amoureuse de Olivio. Je l'apprécie et les sentiments que j'éprouve pour lui sont à mi-chemin entre l'amitié et des sentiments amoureux. Cependant, ils sont assez forts pour dire qu'il me plait.

C'est un type bien cette fois ? me demande-t-il en s'asseyant sur l'autre chaise de jardin.

Cette fois. Ce n'est plus douloureux, mais ça pique toujours de savoir que ton père est au courant de ta plus grosse erreur.

C'est lui qui m'a trouvé le soir où j'ai été trop loin. Bien entendu, j'ai dû passer aux aveux.

J'espère sincèrement, je souffle en baissant les yeux.

N'aie pas honte de t'être trompée la première fois. Tu resteras ma petite fille, déclare-t-il calmement en s'avançant vers moi.

Je m'avance plus près et le serre dans mes bras.

Je n'ai jamais été très expressive dans les démonstrations d'amour, mais cette fois j'en ai besoin. Mon père m'avait manqué. On s'est éloigné un temps, attendant que mes blessures guérissent et que ma honte diminue.

Je t'aime, papa.

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Le soleil est déjà haut dans le ciel. Deux jours se sont écoulés depuis mon arrivée, et durant ces heures, j'ai réussi à renouer un peu avec Daphné, bien que nous n'ayons jamais été vraiment proches. Elle ne parle jamais de sa vie privée, et selon elle c'est bien comme ça.

J'ai également revu d'autres amis de la prépa, à commencer par Éden, mon autre partenaire de khôlle avec Emma. J'ai aussi revu Enora, une amie du lycée qui m'a suivi en prépa et que j'ai un peu perdu de vue.

Mais le plus dur reste à venir. Je dois voir Ethan aujourd'hui et notre séparation a été assez difficile. Juste avant que je ne parte, il est venu me dire que je lui plaisais et je n'ai pas réussi à lui répondre. Je suis partie précipitamment, comme une voleuse. On ne s'est plus vraiment parlé depuis. Je n'ai eu des nouvelles que par l'intermédiaire de Emma.

Je suis assise à la terrasse d'un petit café de Metz, un Coca devant moi. J'attends impatiemment Ethan, bien que je sois stressée. On s'est envoyé quelques messages la veille, histoire de renouer un peu avant de se revoir.

Ethan arrive quelques minutes plus tard, une barbe mal rasée apparente, et le regard tourné vers le bas. Il m'adresse finalement un léger sourire en s'asseyant face à moi.

T'as l'air d'aller bien, souffle-t-il en avançant sa main droite vers la mienne.

Oui je vais bien, même très bien, mais je n'ai pas envie d'étaler ma joie, car toi ça n'a pas l'air d'aller.

Oui, ça va. Et toi, tu vas comment ?

Il hésite avant de me répondre, comme si ce qu'il voulait me dire allait avoir un impact sur la suite de notre conversation.

Je suis assez nerveux en fait. Je...pourquoi tu n'as jamais répondu ?

Aie. Sa réponse est pire que prévue.

Je baisse les yeux, posant mon regard sur nos doigts qui se frôlent sur la table en fer du petit café.

Est ce que j'ai eu envie de cette relation avec lui, un jour ? Parfois oui, mais d'autres jours non. L'ambiguïté de notre relation a toujours été problématique, et c'est pour ça que je n'ai pas répondu à sa déclaration.

Au moins, avec Olivio je suis sûre de vouloir quelque chose, mais comment entamer une relation quand je me sens mal d'avoir mis un râteau à un autre. Et puis, qui me dit que Oli veut quelque chose avec moi ? Il veut peut-être qu'on reste amis.

Je ne voulais pas te faire de mal, Ethan. Tu es mon ami et...

— Ne pas répondre a été pire pour moi, Charline.

Pas faux, mais j'ai été prise au dépourvu avec sa déclaration.

Et tu veux une réponse aujourd'hui ? je me risque à lui demander.

Il secoue la tête négativement.

Je ne comprends plus. Qu'est-ce que Ethan veut de moi ? Est-ce qu'il est passé à autre chose ? Je l'espère. J'étais persuadée qu'il aimait Léa, cette fille de notre classe, alors peut-être qu'il a fini par s'intéresser à nouveau à elle.

On reste amis, n'est-ce pas ?

Oui, totalement !

J'avais peur que tu ne veuilles plus, je souffle en souriant.

Je me risque à pendre ses mains dans les miennes et lui caresse les paumes.

Sinon, ça avance avec ce mec ?

Qu-Quoi ? Comment il sait pour Oli ? On ne s'est pas parlé depuis des mois.

Emma m'a dit, ajoute-t-il en riant devant ma mine étonnée.

Sacrée Emma. Elle n'est pas la reine des ragots pour rien.

Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? Tu sais qui c'est ? je demande en priant pour qu'il ignore qu'il s'agit de Oli.

Ethan me répond que non d'un signe de tête avant de boire dans mon Coca. Il semble tout de même affecté, comme s'il avait espéré que Emma avait raconté un mensonge.

Je me sens particulièrement con.

Tu vois quelqu'un ? je le questionne timidement.

J'ai pas réussi. Faut croire que je suis un vrai boulet, dit-il tristement.

Quoi ? Mais non. Ethan est un garçon formidable, qui n'a jamais eu de copine et qui n'a pas confiance en lui. C'est en partie pour ça que je me sens mal d'avoir refusé quelque chose avec lui.

Non, dis pas ça. Tu manques juste...

Je suis coupée par mon téléphone qui sonne sur la table du café. Le nom de Oli s'affiche et aussitôt mon cœur loupe un battement. Je sens également un sourire imbécile se dessiner sur mon visage.

C'est lui ? me questionne Ethan.

Visiblement, tout le monde arrive à savoir quand Olivio danse dans mon esprit.

Oui, mais je vais rappeler plus tard. T'en fais...

— Non, décroche. Moi j'y vais, souffle-t-il.

Il part déjà ? Étrange.

J'appuie sur le bouton vert de mon iPhone tandis que Ethan part en direction de la grande rue du centre ville. Je me sens à la fois mal pour lui, mais excitée que Olivio m'appelle.

J'ai vraiment cru que tu décrocherais pas, lance Oli directement.

Quoi ? Mais pour quelle raison ?

Après la discussion de l'autre soir, non sûrement pas.

— De l'autre soir ? Ah ouais...

Ne me dites pas qu'il a oublié qu'on s'est parlé brièvement l'autre jour. Une boule au ventre se forme dans mon ventre. S'il n'en a pas le souvenir, il vient seulement me parler du baiser accidentel.

Pourquoi tu dis rien ? me questionne Olivio.

Oh je sais pas, moi. Peut-être parce que tu te souviens plus du visage de tes fans que du fait de m'avoir parlé, je ramage sous les yeux des autres clients du café.

Je l'entends rire de l'autre côté de l'appareil. Mais quel blaireau !

Je plaisantais, Charline. J'ai pas oublié, dit-il très sérieusement.

Je souffle grossièrement, soulagée.

Et t'es pas Visionnaire, toi ?

— Si, mais le rapport ?

— Bah je me souviens aussi de ton visage alors, plaisante-t-il.

Encore heureux ! Ça fait seulement quelques semaines qu'on s'est pas vus.

Sinon, t'avais une raison particulière à cet appel ? je demande très curieuse.

Oui, je voudrais qu'on discute du pourquoi tu as commencé à m'éviter. C'est à cause du baiser n'est-ce pas ? déclare le rappeur à voix basse et doucement.

Il faut vraiment qu'on ait cette discussion maintenant ? Au téléphone, alors qu'il a un concert au Centre Bell après-demain ?

Il n'y a pas grand chose à dire, Oli. J'étais stressée, et j'ai paniquée, je murmure.

Il ne répond pas. J'entends simplement un souffle pesant, un souffle similaire à celui derrière ma porte ce soir là.

T'en as pas marre de cette excuse ? grogne-t-il.

J'en reste le souffle coupé. Il sous-entend que je mens et donc qu'il sait qu'il me plaît ? Comment il pourrait savoir d'ailleurs ? C'est délirant !

C'est la vérité, d'accord ? Je...tu délires, je me justifie.

Si c'est ce que tu veux te faire croire, ramage-t-il.

Ça suffit maintenant ! Il n'a pas fini de remettre en question ma parole ? A quoi il joue ? A la super star qui veut plaire ? Il est pathétique.

C'est plutôt toi qui as besoin de te sentir adulé ! je crie.

Les clients à la table d'à côté font de gros yeux. J'ai visiblement parlé trop fort.

Je m'excuse d'un signe de tête et en faisant la grimace, puis raccroche au nez de Oli sans prendre la peine d'écouter ce qu'il dit.

Quelle journée pourrie. Est-ce que je suis un boulet en amour ? Probablement. J'ai réussi à rendre la situation gênante avec Ethan, et j'ai hurlé sur Olivio alors qu'il a raison. Mais qu'est-ce qu'il lui a pris de se comporter comme ça, aussi ? Ça ne lui ressemble pas.

Je règle mon Coca, puis me lève et quitte le café à grandes enjambées. Je m'extirpe assez facilement de la grande rue commerçante, et vais m'asseoir sur un des sièges en pierre de la place de la République.

J'ai tant de souvenirs ici. On est souvent ici avec mes amis de prépa, pour manger un Mcdo entre midi et deux ou pour nous rendre au plan d'eau à la fin de notre première année. Mais cette fois je suis totalement seule, et la prépa me manque presque. À Toulouse, je n'ai que Emma, Nathan, Nora et Oli, si je puis dire. Comme quoi j'avais raison. Je suis une fille qui vit avec le mal du pays au creux des reins, bien que de temps en temps il s'évapore.

Mon téléphone vibre me signalant une nouvelle Story de Oli. Je me risque à regarder ?

Je déverrouille mon téléphone et ouvre son contenu. C'est une photo où il embrasse sur la joue une mannequin de Visionnaire. Lou-Ann quelque chose. Ça risque de ne pas plaire à certaines Visionnaires, et particulièrement à moi. Mon cœur en prend un coup, et surtout que j'ai l'impression d'être visée. Est-ce qu'il a fait exprès parce qu'il sait ce que je ressens et que je ne veux pas avouer ? Ça serait vraiment un coup bas de sa part et je doute qu'il en soit capable.

Ou peut-être qu'ils sortent ensemble. Mais elle n'a que 16 ans et lui, 23.

Je me sens très mal à cette pensée. J'ai l'impression de vivre le même début qu'avec Alec.

C'est moi ou il fait sombre d'un coup ? Non c'est juste un coup de chaud. Alors qu'il fait 10 degrés ? C'est ce que j'appellerais un coup de l'amour. Cupidon, sache que je te déteste.

Je me ressaisis, puis me lève doucement. Je vais retourner à ma voiture. Ça vaut mieux.

Mais qu'est-ce qui est mieux pour moi à l'avenir ? Dire à Olivio ce que je ressens ou passer à autre chose ? Ça nécessite une réunion d'urgence avec Alessa, Agathe et même Elie, pourquoi pas.

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Enfin ! J'avais promis d'être plus régulière, mais pour tout avouer je bosse sur un autre projet en ce moment, qui n'a rien à voir avec B et O.

J'ai envie d'écrire autre chose en ce moment, comme avant. Sauf que je sais que mon public ici est là pour la fanfic donc j'ai peur qu'il n'y ait pas de lecteurs.

Mais sinon promis cette fanfic sera terminée et il y en aura même d'autres. Bah oui, j'ai du temps avec la fin de la prépa.

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