[Point de vue de Katsuki]

Je passe ma serviette sur ma nuque transpirante de nitroglycérine avant de l'agiter et de la poser sur le banc. Je tire sur mon débardeur noir de sport pour l'aérer et regarde le ciel parfaitement bleu, sans nuages à l'horizon, et le soleil suivant doucement son ascension.

En sortant mon téléphone de mon sac, je vérifie l'heure pour la dixième fois.

Qu'est-ce que tu fous foutue Uraraka ?!

Mon pied s'agite alors que la colère monte de plus en plus en moi, persuadé qu'elle m'a encore posé un lapin.

Pourtant j'ai été clair hier ! Ça me saoule ! Si j'avais un moyen de la faire bouger jusqu'ici. Il y a bien un moyen mais... RAAAAAH !

Je fouille dans mon répertoire téléphonique et retrouve le numéro du délégué qui avait insisté à la rentrée pour qu'on ait tous un moyen de le joindre en cas de problème. En entendant les premières tonalités, je cherche rapidement une excuse pour ma demande.

— ALLO ! IIDA TENYA A L'APPAREIL !

— C'est ton téléphone portable imbécile ! m'écrié-je. C'est moi qui t'appelle donc je sais que c'est toi !

— Bakugo ?! s'étonne-t-il toujours avec entrain. Je ne pensais pas que tu suivrais ma consigne de la rentrée !

— Va cr-... J'ai un truc à te demander délégué.

— Je t'écoute Bakugo !

— File-moi le numéro d'Uraraka.

Silence.

Bien sûr que ça ne serait pas si facile... Fais chier !

— Cette Tête d'œuf a oublié ses notes d'anglais hier matin en classe, mentis-je.

— Ah ! C'est étonnant que tu te prennes la peine de lui rendre auss-

— TU ME LE FILES OU PAS CE NUMÉRO ?!...

— La politesse Bakugo !

— ...S'il te plait délégué, dis-je en me tordant d'énervement sur le banc.

— Je te l'envoie par message ! C'est un geste vraiment bien de ta part Bakugo, j'espère que tu seras plus comme ç-

Je raccroche en soufflant et en me massant les tempes, tendu par ce que je viens de faire. Mon portable vibre instantanément, affichant la récompense pour l'effort que je viens de fournir.

Lorsque je compose son numéro, je deviens tout de suite plus tendu. Mon pied s'agite de plus en plus et je me frotte les cheveux par réflexe.

Je suis stressé ? Pourquoi je serais stressé ! Je vais juste appeler Uraraka ! Ok c'est la première fois que j'appelle une fille mais je n'ai pas à être stressé, je suis au-dessus de ça ! Je vais lui crier un bon coup dessus et ça ira !

Je colle mon portable à mon oreille et attends, chaque tonalité résonnant de plus en plus dans ma tête.

— Allo ? s'interroge la voix d'Uraraka à l'autre bout du fils. Qui est-c-

— T'ES OU ?! m'écrié-je en perdant dès la première seconde mon sang-froid.

— B-Bakugo ?! Comment tu as eu mon numéro ?

— T'es pas sur le terrain d'entrainement ! Je t'attends depuis deux heures !

— Ah... Tu n'as pas vu les infos d'hier soir ?... Ahah...

Sa voix, d'habitude naturellement enjouée, est différente... Inquiète ?

— Qu'est-ce qu'il s'est passé hier soir ?!

— Est-ce que je peux te retrouver dans le parc derrière le square dans une heure ?

— ...D'accord mais prends tes affaires d'entraînements !

En raccrochant à Uraraka je ne suis plus tendu pour les mêmes raisons.

✩✩✩

« Bakugo ! »

Assis sur un banc en pierre sous un des cerisiers du parc, je pousse mon sac par réflexe lorsque j'entends la voix d'Uraraka au loin. En tenue de sport et avec son sac à dos rose, elle s'assoit à la place que je lui ai libérée et me fait un grand sourire.

Et pourtant, elle semble ailleurs.

— Pourquoi t'étais pas là ce matin ?!

— J'ai passé la soirée au téléphone avec mes parents. Ils s'inquiétaient après ma déposition au commissariat hier soir.

— HEIN ?!

Uraraka se met à tout m'expliquer, qu'hier lorsque je l'ai quitté au centre commercial, elle a retrouvé Deku prisonnier de la menace du super-vilain que nous avions affronté au SCA, Tomura Shigaraki. Après qu'il ait quitté le centre commercial, elle dut fait une déposition à la police mais également en informer ses parents inquiets.

Et alors qu'elle me raconte tout cela, ma colère devient silencieuse. Je serre les poings et rage qu'un vilain se soit présenté hier au centre commercial sans qu'on ne le remarque, qu'il se soit exclusivement intéressé à Deku mais surtout parce que ça semble inquiéter Uraraka.

Même son sourire ne cache pas son inquiétude et j'enrage encore plus en entendant à nouveau « Deku ».

Deku par-ci, Deku par-là... Foutu nerd. Pourquoi est-ce qu'ils sont amis tous les deux ?!

— ...Et je m'inquiète pour tout le monde. Avec ce qui s'est passé à Hosu quand on était en stage... Ce que Deku, Iida et Todoroki ont affronté, ça m'angoisse. S'il y a une nouvelle menace, j'ai peur de ne pas être à la hauteur, d'être à la traîne et qu'on soit tous dépassé.

— Tu n'as pas à t'en faire pour ça.

Mon ton calme me surprend autant qu'elle et, même si j'aime bien lui crier dessus, je sens que ce n'est pas la meilleure des choses à faire alors qu'elle est inquiète.

— T'as pas à t'inquiéter pour ça Uraraka, on a déjà tous affronté des vilains et tu l'as bien vu : la seconde A est la meilleure. Je suis le numéro un, même si Double face m'a donné une victoire à demi-teinte.

— Oui mais j-

— Avec moi, t'as pas à t'inquiéter je t'ai dit ! Je suis destiné à être le meilleur et peu importe ce qu'y arrive, je défoncerais les vilains sur ma route !

Je me lève du banc, mes mains sur les hanches et je fixe l'horizon en grognant.

« Mais ce n'est pas suffisant. Si tu veux être sûre de toi, sûre de pouvoir te défendre seule, je vais devoir t'entraîner à fond pour que tu crois en toi. Personne ne doit avoir à te protéger. Tu dois viser la première place et personne ne protège les héros, ce sont eux qui protègent les autres. »

J'ai fait mon petit discours d'une voix posée même si je fronce les sourcils comme si on venait de m'énerver.

Mais alors que je baisse la tête vers Uraraka, la façon dont elle me regarde avec admiration me trouble et me force à détourner la tête.

POURQUOI EST-CE QUE TU ROUGIS CRÉTIN ?!

— Hmhm, repris-je en élevant la voix, voilà pourquoi il ne faut pas que tu manques des entraînements comme ça ! Si t'es inquiète, si t'as peur, va te défouler en t'entraînant ! Les héros au top du classement ne se morfondent pas !

— D'accord !

— Maintenant tu bouges du banc et tu vas faire dix tours de parc !

— Hein ?! Mais j-

— Y'A PAS DE HEIN ! Tu le fais sinon je t'explose !

— D'accord ! s'écrie-t-elle alors qu'elle part en courant. Merci Bakugo !

Elle me sourit une dernière fois avant de commencer son entrainement alors que je la regarde partir. Je frotte mes cheveux et lève la tête vers le ciel, gêné par notre échange.

Qu'est-ce qui me prend d'encourager quelqu'un ?! Et pourquoi est-ce que son air émerveillé m'a serré le cœur ?! RAAAAH ! Va crever toi et ton sourire, Uraraka !

Est-ce que le petit discours de Kacchan vous a plu ? Et sa petite tactique pour récupérer le numéro d'Ochaco ? 😉

J'espère que ce chapitre vous a plu ! N'hésitez pas à voter si c'est le cas et à me donner votre avis en commentaire :D

PLUS ULTRA !✩