CHAPITRE 7

Il sortit de la voiture en premier, me laissant livrée à moi-même dans cette voiture bien trop luxueuse pour moi. Notre première vraie discussion depuis mon arrivée et j'ai pourtant l'impression que sa mauvaise humeur est de retour. À vrai dire, il n'était pas non plus très aimable lors de notre petite discussion. Six mois à tenir avec un enfant pourri gâté... c'est bien ma veine.

Je décide enfin de sortir lorsque le regard se pose sur celui d'un Isaak exaspéré, il attendait depuis 2 minutes que je me décide à sortir afin de pouvoir refermer sa voiture.

Je claque la portière pour lui montrer qu'il n'avait pas à montrer ce visage de haine à mon égard.

-"Tu crois que j'ai toute la journée?" soupire mon cher ami...

Je souffle sur une mèche qui se trouvait devant mes yeux et lui passe devant sans rien dire, la journée m'a trop épuisée pour me battre dans un combat perdu d'avance. L'ignorance est la pire des souffrances, non ?

Je l'entends grommeler et claquer fort la porte d'entrée derrière lui. Comme si la porte lui avait fait quelque chose...

Je décide de monter mes affaires dans ma chambre. Je dépose mon nouveau livre sur mon lit. Le regardant du coin de l'œil, je n'ose pas imaginer ce que je vais trouver à l'intérieur. Ma flemmardise légendaire m'a eue, je n'ai pas lu une ligne du résumé, ce livre peut autant parler de roi que d'un mercenaire qui tue tout le monde. Mais la jeune fille du magasin de livre m'a envoutée ! Je n'ai pas su dire non.

Mon ventre gronde et me surprend à demander vulgairement de le remplir. Un soupir s'échappe entre mes lèvres. Je n'ai pas envie de me fatiguer encore à dialoguer avec Isaak... Mais je ne veux pas non plus mourir de faim.

Mon ventre a eu raison de moi, me voilà à dévaler les escaliers afin de pouvoir me nourrir. Je me dirige toute guillerette dans la salle à manger, pensant déjà au magnifique sandwich que je vais me faire. Dans la pièce se trouve Isaak mangeant nonchalamment un morceau de fromage plutôt suspect. Je décide de l'ignorer et de me concentrer sur mon sandwich. Du beurre, de la moutarde, du jambon, des tomates ! Que du bon !

-"Mange pas trop, mon père a commandé chez un traiteur pour le dîner." soupire Isaak.

Ma bouche reste muette, j'ai reçu l'information mais rien ne m'oblige à répliquer. Mon sandwich arrive au terme de sa confection. Ma bouche grande ouverte, je le croque à pleine dent. Je sens tout de même un regard qui me brûle la nuque.

-"Je n'ose pas savoir ce que tu peux faire avec ce genre de coup de dent..." Sa phrase était remplie de sous-entendu.

-"T'as raison, fais gaffe ça risque de faire mal." soufflai-je froidement avant de sortir de la salle à manger.

Je me dirige vers le salon afin de déguster plus amplement mon mets délicieux. Dans un élan, mon corps s'affale sur le canapé devant la télé. Je n'ose pas l'allumer, je ne dois pas non plus penser que tout m'est permis ici, ce n'est pas réellement chez moi.

Je sors mon téléphone afin de pouvoir naviguer sur les réseaux sociaux pour m'occuper l'esprit. Dans mon angle mort, Isaak se met sur le canapé à côté du mien, il ne décroche plus son regard de son téléphone. Il reçoit une notification qui le fait rire et sourire. Le son du clavier me guide sur la piste d'un potentiel message qu'il aurait reçu.

L'échange dure au moins vingt minutes, vingt minutes de sonneries de notifications agaçantes. Lorsqu'une énième notification bipa, je râle.

-"Est-ce que ce serait trop demandé de te demander d'enlever le son de ton téléphone? C'est énervant, ce bruit."

Il allait répondre, mais ce fut à moi de recevoir un message. Embêtée, je porte mon attention dessus en allumant mon écran, mais ce que j'y lis me glace le sang. Mon teint devient livide, presque transparent, mes yeux dans le vide, je lâche mon téléphone par terre.

Le message en question,

Inconnu : Je sais où tu es, tu ne te cacheras pas éternellement. Tu m'appartiens, Venus. Ne t'avise plus de m'échapper.

Mon ouïe se brouille, et je n'entends que les battements de mon cœur ainsi que ma respiration, qui devient de plus en plus saccadée. Il m'a retrouvée, qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire ? Comment est-ce possible ? Je suis au milieu de nulle part. Ma respiration se saccade. Un sentiment de crainte mélangé à du stress me prend aux tripes.

Je n'avais pas fait attention, mais quand ma vue revient, je vois Isaak accroupi par terre devant moi avec mon téléphone en face de ses yeux. Il lève un sourcil, la lumière de mon écran épouse les formes de son visage. Un voile d'inquiétude apparaît dans ses yeux.

-"C'est qui ce taré ?" souffle Isaak.

Je n'ose pas parler, j'avale ma salive difficilement. Je ne veux pas que mon passé vienne entraver mon présent. Je ne veux pas non plus revivre cette souffrance. Tout ça, c'est la faute de ma mère... j'ai beau prier Dieu avant de dormir, je me réveille tous les jours avec le fardeau qu'était ma mère.

-"Vee, parle-moi. C'est quoi ce message ?" Je n'avais jamais entendu la voix d'Isaak être aussi douce et réconfortante.

Je reprends gentiment mes esprits en secouant doucement la tête. Mon regard se pose dans le sien. Je n'ose rien dire. Une envie que tout ça s'arrête traverse mes pensées. Mais je ne veux pas que les Rainer en pâtissent. Isaak va devoir prendre son mal en patience, car je ne lui dirai rien.

-"C'est rien, sûrement un de mes ex qui veut me faire peur." mens-je en me levant d'un coup. Ma main s'empare violemment de mon téléphone.

Isaak reste bouche bée, il semble redevenir comme avant, car le voile de douceur qui s'était posé sur ses yeux change du tout au tout en son regard nonchalant habituel.

-"Mouais, tu m'en diras tant." peste Isaak en se levant, il passe à côté de moi tout en m'effleurant l'épaule avec la sienne.

Me voilà seule dans cette immense pièce avec d'immenses problèmes. Je me dirige vers une fenêtre, les carreaux laissant passer encore un peu de lumière du coucher de soleil. D'un coup, une goutte d'eau vient se poser contre la fenêtre, suivie de plusieurs autres, bientôt le ciel se teinte de gris. J'ouvre la fenêtre afin de respirer un peu cet air humide. Ma tête à moitié dehors, quelques gouttes embrassent mon visage ainsi que le vent cru du soir.

Pourquoi, quand j'arrive à me faire une petite place, une ombre réapparaît sur le tableau ? Lui, Bran, ce monstre que ma mère a laissé entrer dans nos vies, il ne me laissera jamais tranquille. Bran, le mari drogué de ma mère mais également mon démon, mon agresseur, mon bourreau. Tout en lui me répugne, ses cheveux à moitié gris, pour la plupart du temps gras et sales, ses petits yeux ronds bruns remplis de malveillance, sa carrure de stick-man et son haleine fétide et acide... Un frisson me parcourt rien qu'en pensant que cet homme a pu une fois poser la main sur moi. Je me dégoûte de n'avoir pas su quoi faire... mais comment aurais-je pu ? Son corps tout entier me retenait.

La pluie se faisant plus forte me ramène à la réalité. Je referme la fenêtre, les moulures autour de celle-ci suintent à cause de l'eau qui est entrée lors de ma petite douche. Un soupir passe entre mes lèvres, la vie n'est pas sensée être aussi compliquée à vivre... Il y a tellement pire dans la vie, mais lui en fait partie.

Je regarde le salon d'un air triste. Les deux canapés en velours rouges trônent au milieu de la pièce, la table basse accompagnée de vases et de fleurs est disposée de sorte que les deux canapés puissent l'atteindre. Le tapis en damier noir et blanc apporte une touche moderne au salon. Au coin à gauche, à l'opposé de la porte du salon, un piano à queue au vernis brillant qui aurait pu en aveugler plus d'un. Je ne dirais pas que les goûts pour la déco de Dan étaient spéciaux, mais j'ai rarement vu un plafond et des murs blancs avec moulures ainsi que du carrelage brun clair en carrés. Le contraste des couleurs de cette pièce est frappant. Mais le côté cozy fait oublier le malaise de la couleur aléatoire.

Je ne suis là que depuis quelques jours, mais je n'ai déjà pas envie de partir d'ici. Même si le caractère d'Isaak laisse un peu à désirer et que mon école abrite certainement des dealers, j'ai pu me faire des amies en quelques jours et ça, c'est un exploit pour moi.

---



Je suis en train de lire mon nouveau livre lorsque Dan nous appelle pour le dîner.

Scarlette regardait la scène devant elle, du rouge vif partout sur le sol, des corps sans vie étalés, parfois les uns sur les autres. Au milieu, il était là, avec un regard animal. Ses cheveux d'argent me rappelaient quelque chose, c'est celui qui se trouvait dans mes rêves. Pourquoi a-t-il tué toute ma famille... ? Qu'ai-je mérité pour tout ce sang ?

Ce livre, bien que je ne sois qu'au chapitre trois, me plonge dans un univers fantastique. J'ai déjà hâte de continuer!

D'un pas enjoué et de meilleure humeur, je descends les escaliers afin de retrouver Dan et Isaak à la cuisine. Mon parcours s'arrête lorsque je vois une femme attendre devant la porte. Elle est rayonnante. De longs cheveux bouclés blonds encadrent un visage doux et souriant. Sa silhouette élancée et fine s'avance vers moi.

-"Bonjour, tu dois être Venus! Je suis Dasha!" Sans préciser son lien avec Dan, elle me tend sa main afin de serrer la mienne.

Je lui souris et réponds à sa poignée de main. Elle paraît jeune mais les rides aux coins de ses yeux la trahissent, est-ce une connaissance de Dan ? Ou d'Isaak ? Isaak n'a pas manqué d'air s'il invite une de ses conquêtes ici.

-"Vee, s'il te plaît, Venus ça fait trop... trop planète?" plaisantai-je.

Je l'invite à me suivre dans la cuisine. Sur mes talons, elle marche d'un pas assuré. Je passe ma tête par la porte de la cuisine afin d'annoncer Dasha.

-"Hum, une certaine Dasha est arrivée."

Je vois à la tête d'Isaak que ce n'est pas une de ses conquêtes, il paraît même surpris, comme s'il ne connaissait pas cette fameuse Dasha.

Dan était en train de disposer les plats sur la table avec un sourire satisfait.

-"Dash! Entre donc! Ça me fait plaisir que tu sois là!" Dit Dan avec beaucoup d'entrain.

Je me dirige vers une chaise afin de laisser champ libre à la femme qui se tenait derrière moi. Mon regard se porte vers le visage d'Isaak. Il n'a pas l'air ravi, il a un regard fermé et un flot de questions semblent lui traverser l'esprit. Isaak m'imité et s'assied à côté de moi tout en ne détachant pas du regard la nouvelle venue.

Visiblement ce n'est ni sa tante ni sa sœur... Qui est-elle ?

Dan invite Dasha à s'asseoir en face de moi, il lui tire la chaise devant lui et d'un geste de main lui présente la place. La chaise en bois de chêne semble petite à côté de lui et de sa carrure d'armoire à glace.

-"Bonjour, Isaak c'est ça ? J'ai beaucoup entendu parler de toi !" Souffle gentiment la femme à Isaak qui, lui, n'a pas changé de visage.

-"Mangez, vous devez avoir faim après cette journée de cours !" Intime Dan à notre égard.

Je décide de franchir la ligne et de commencer à manger en prenant un des sushis qui jonchent la table.

-"Aujourd'hui j'ai fait venir un traiteur afin de vous annoncer une petite nouvelle me concernant, on ne se connaît pas depuis longtemps Vee mais tu fais déjà partie de la famille !" La rapidité à laquelle j'ai fait "partie de sa famille" me surprend un peu mais réconforte un peu plus mon cœur en mille morceaux.

Je sens le poing d'Isaak se serrer sous la table. Ça n'annonce rien de bon, je devrais me gaver vite fait bien fait avant que le plateau de ces merveilleux sushis arrive dans la tête de son père... Je sens que la révélation qu'il compte faire risque de faire des blessés.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top