Chapitre 7 : Un cadeau empoisonné

A l'orée du bois, le petit groupe se fit attaquer par un Pikachu sauvage, déterminé à en découdre avec le moindre étranger. Il mit à terre tous nos pokémon excepté le salamèche de Red, qui lutta jusqu'à l'épuisement. Il évitait toujours les attaques du Pokémon, mais ne le touchait que rarement en contrepartie. Les deux créaient des étincelles à chaque contact physique. Mais, même titubant de fatigue, les deux continuaient les assauts, aucun ne lâchait prise. Red dut se résoudre à rappeler son starter. Tamao avait déjà était mis à terre. Mais la petite souris tomba d'épuisement à leur pieds. Red le prit, lui administra de faibles soins et le captura afin qu'il se repose. A son réveil, il pulvérisa complètement la Pokéball, mais en reconnaissance envers Red pour avoir pris soin de lui, il décida de rester. Les autres lui pardonnèrent bien vite la raclé qu'ils s'étaient prises et tous les Pokémon s'entendirent vite avec lui.

La forêt de Jade était sombre et très dense, de telle manière qu'il était aisé de s'y perdre. Notre petit groupe ne savait donc pas si ils empruntaient le bon chemin ou même si ils tournaient en rond. Ils rencontrèrent quelques Dresseurs, tout autant perdus qu'eux. Grace à ces combats, leurs pokémon prirent pas mal d'expérience.

Soudain, après un combat contre un jeune scout, une vive lumière apparut, émanant d'à côté de Yellow. Lorsque la lumière se tarit, ses deux chenilles avaient laissé place à deux cocons. Beez était devenu un Coconfort, et Ageha un Chrysacier.

Après avoir erré quelques heures, les adolescents décidèrent de se poser et de manger les quelques provisions qui leur restaient.

- Regardez notre état au tout début de l'après-midi! s'insurgea la brune juste près le repas, on tiendra pas longtemps comme ça! Arrêtons-nous là pour la journée. Les garçons, vous allez chercher du bois pour le feu, Yellow et moi on va chercher à manger. De retour ici dans trois heures au maximum c'est clair!

Le groupe s'est donc séparé. Les garçons firent plusieurs voyages et ramenèrent un énorme tas de bois, installèrent les quatre tentes et attendirent tranquillement les filles qui ne revinrent que les trois heures écoulées, les bras chargés de baies, de fruits et de légumes. Elles avaient aussi trouvé des dresseurs qui avaient accepté de leur céder de la viande séchée.

Ce fut donc une après-midi qu'ils passèrent à se reposer, à rire et à parler de tout et de rien.

Et alors que le soleil tombait lentement à l'horizon, Yellow nous souhaita au-revoir pour aller dormir. Nous sommes restés une demi heure encore, et quand je me levai pour rejoindre ma tente, je pus l'entendre très distinctement.

- Adieu.

Je me suis stoppée, immobilisée, avant de me retourner vers la source vocale, c'était bien évidemment Blue. En plongeant dans son regard, je pus voir que ce n'était pas une blague, et qu'il allait cette fois nous... me quitter définitivement. Alors mes membres ont commencé à trembler, les larmes se sont agglutinées à mes yeux, aucun son n'est sorti de ma bouche. Red a commencé à paniquer, Blue a eu un petit sourire triste et est allé dans sa tente, et là j'ai senti mes cordes vocales se déverrouiller et un hurlement a pris naissance de cette boule de tristesse et de rage qui était apparue dans mon ventre et était remontée jusqu'à ma gorge pour s'extérioriser et résonner dans la nuit descendante. Red, désorienté a fini par me laisser seule alors que la pluie commençait à tomber du ciel. Mon hurlement s'est peu à peu tari au fur et à mesure que les étoiles s'allumaient dans le ciel. Ce déchaînement de rage et de tristesse dévastatrice se sont mués en une sorte de murmure rauque et mélodieux.

- As-tu oublié? Vraiment....

C'est donc en proie à son désespoir que la jeune leaf laissa sa voix chargée d'émotion et de sentiments tout relâcher dans la nuit, sous la pluie battante. Elle dansait autour du feu qui s'éteignait lentement, tout comme sa joie de vivre et toute parcelle de bonheur en elle. Sa voix vibrait et s'envolait vers les cieux, et cherchait à atteindre le coeur de son ami. Tout ce dont elle se libérait, traversait le monde en espoir de rentrer en résonance avec les sentiments du jeune Chen.

[0:25] Dans sa tente, celui-ci était en pleurs, collé à la toison. Il ne voulait pas l'abandonner, il ne voulait pas partir, et plus que tout, il la voulait pour lui avec lui, mais il ne pouvait s'y résoudre sans la blesser ou se blesser lui-même. Il l'entendait, il la voyait, il sentait tout, toutes les émotions de cette fille qu'il avait sans cesse repoussée à contre cœur et qu'aujourd'hui il voulait juste serrer contre lui.

[1:00] Je te revois, toujours arrogant, toujours fier, toujours magnifique. Je me revois, lorsqu'il y avait des gens autour lors de fêtes du village, te tenir par la manche pour te garder près de moi. Je te revois quand en cours tu rêvassais mais que tu t'en sortais quand même avec des notes de génie, je revois ton sourire éblouissant qui attirais toutes les filles, et je revois cette lueur de doute dans tes yeux. Quand tu allais me laisser et que je t'ai retenu par le poignet pour te faire rester ce fameux soir, ces mots que j'ai murmurés, ce baiser que l'on s'est échangé, je ressens encore l'importance de se souvenir en moi.

[1:48] Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi tu t'en vas? Je te veux près de moi, j'ai besoin de toi! Je sais que je dois devenir un peu autonome mais... Ne suis-je vraiment rien pour toi? Regarde-moi, je suis là, mais à tes yeux je disparais, je le sens. Je t'en prie accorde-moi ça et reste, je ne demanderai plus rien d'autre...

[2:13] NON!! Tu n'as pas le droit! Ou tu vas aller sans no... sans moi?! Je ne peux pas y croire! Tu ne pars pas! Tu es encore là hein! Bien sûr que tu es encore là! Tu ne partiras jamais! On n'a qu'à... s'arrêter là. Rentrons à la maison, rien n'est arrivé, je recommencerais tout s'il le faut. Mais... c'est... juste impossible...

[3:00] Je ne suis rien à tes yeux, c'est ça? Ce baiser ne représentait vraiment rien? Toutes nos soirées sur la falaise, ensemble?

- AS-TU OUBLIE LE SON DE MA VOIX? MAIS MÊME SI TU T'EN SOUVENAIS, CELA NE CHANGERAIT RIEN!

[3:30] Je t'en prie, je t'en supplie à genoux, je t'en conjure! auprès de moi! à tes côtés! juste une chose! Qu'une demande! Tout reprendre à zéro! s'il te plaît juste ça! RESTE!

- POUR UNE DERNIÈRE FOIS, JUSTE UNE DERNIÈRE FOIS, J'AIMERAIS TELLEMENT POUVOIR ENTENDRE LE SON DE TA VOIX! POUR UNE DERNIÈRE FOIS, JUSTE UNE DERNIÈRE FOIS, MÊME SI JE SAIS BIEN QUE TU NE REVIENDRAS PAS!

[3:55] Je dois te laisser partir, accepter ton choix. Je dois arrêter et me calmer. Je dois te lâcher. Je ne dois plus espérer, c'est fini. Plus rien ne pourra te faire changer.

- MAIS UNE DERNIÈRE FOIS, J'AIMERAIS POUVOIR TE REMERCIER!

Et alors les larmes jusque là retenue lors de la chanson, dévalèrent les joues de le jeune fille. Et sous la pluie, elle s'endormit près des braises fumantes d'un feu trop vite éteint.

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