Chapitre 21
Neoxys n'était plus qu'une pauvre marionnette apathique. Assis sur un fauteuil en cuir noir, les membres entravés par des sangles, le programme faisait face à un écran vide de contenu. Ses vêtements lui avaient été retirés, seul un caleçon dissimulait l'intimité qu'il aurait eu s'il avait été humain. Le reste de son anatomie présentait des traces de cicatrices. De longues balafres longeaient l'intérieur de ses cuisses, traversaient son abdomen, traçaient des courbes régulières sur ses épaules affaissées. De minuscules piqûres s'éparpillaient dans le creux de son cou jusqu'au dessus de sa poitrine. Un liquide translucide coulait des commissures de ses lèvres. Ses yeux semblaient éteints. Ils scrutaient un point quelconque de la pièce, complètement inexpressifs.
Des fils s'enracinaient à la naissance de ses cheveux et englobaient sa tête. Ce complexe dispositif s'illuminait grâce à des leds bleus et rouges qui oscillaient, se relayant sans cesse.
Bronol déglutit, profondément perturbé par cette vision. Il posa la main contre le visage de son ami. Aucune réaction.
« Neoxys ? » Répéta t-il.
Le programme demeura impassible.
Bronol prit une longue respiration puis entreprit de le défaire de ses liens.
« Arrête ! » Cria Ascuns en courant vers lui. « J'ai déjà vu pleins de films sur ça. Ils lui ont fait un lavage de cerveau et dès qu'il sera libre, Neoxys va nous attaquer. »
Bronol secoua la tête.
« - Non. Pas lui. Il est beaucoup plus fort que ça.
- Et si tu as tort ?
- Alors je le ramènerai à la raison. »
Il débrancha la machine infernale et souleva Neoxys pour le remettre sur pieds. Le programme resta statique un moment puis releva lentement la tête vers Bronol. Ce dernier sourit, soulagé.
« Tout va bien ! Tu es avec nous. On est là pour te sauver !
- Sau... Ver ? » S'étonna bêtement Neoxys.
Il cligna plusieurs fois les yeux, ballotta la tête de gauche à droite, les traits de son visage se durcirent. Il repoussa Bronol d'une main. Ce dernier fut propulsé contre l'écran. Il le brisa dans sa chute et s'enfonça dans le sol en laissant l'empreinte de sa silhouette. Le choc de cette attaque étourdit Bronol. Il se releva maladroitement et fit face à Neoxys qui lui assena une balayette dans les rotules. Bronol tomba à genoux. Son adversaire arma son bras pour attaquer de nouveau mais Ascuns se précipita sur lui. Déséquilibré, Neoxys se pencha dangereusement vers le jeune humain et le frappa brutalement d'un coup de tête. Ascuns ressenti la collision comme un éboulement s'abattant sur son front. Néanmoins, il s'accrocha à l'épaule de Neoxys et bloqua son bras pour le gêner dans son combat.
« JE TE L'AVAIS DIT ! » Hurla le jeune humain à l'attention de Bronol.
Neoxys repoussa Ascuns et agita la main. L'étudiant flotta dans l'air l'espace d'un instant. Une sphère l'enveloppa et rétrécit. Le garçon dû se mettre en position fœtale, les parois le bloquaient mais ne l'écrasaient pas. Le programme arbora distraitement un sourire satisfait en se dirigeant vers la porte.
Bronol bondit pour faire barrage de son corps. Il empoigna le visage de Neoxys pour forcer son ami à le regarder dans les yeux.
« - C'est MOI ! Inutile de te battre. Tu n'es plus en danger.
- Déchet... » Cracha difficilement Neoxys.
Le mot coupa le souffle de Bronol. Des larmes montèrent mais il s'interdit de les autoriser à couler sur ses joues. Ascuns commençait à suffoquer, il devait réagir vite.
« - Oui... Je suis un déchet. Tout comme toi ! Être un déchet signifie que nous n'avons plus de valeur en tant que programme, mais parce que nous sommes devenus plus que ça. Nous sommes vivants ! Nous n'avons plus besoin d'être utiles pour exister. Nous devons juste suivre nos envies et nos rêves. Souviens toi de tes rêves. Souviens toi de qui tu es Neoxys.
- Deo... Neo... Xyyyys. » Siffla le programme, perturbé.
Il semblait se calmer, Bronol s'approcha.
« Il n'y a pas si longtemps tu as dit qu'on était amis, et tu avais raison. Je n'étais juste pas prêt à accepter ce que j'étais devenu. »
Il serra la main de son ami et plongea son regard dans celui de Neoxys. Il reprit, plus calmement.
« - Si cela dois te ramener à la raison, je vais t'expliquer pourquoi, il y a des années, j'ai dû te quitter... »
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