Le grand départ

Chapitre 1

La nuit tombait sur Bourg Palette, enveloppant le petit village dans une quiétude sereine. Seules les lucioles, dansant au gré du vent, éclairaient faiblement les chemins bordés d’herbe. Dans une maison modeste, à l'écart du cœur du village, une lumière vacillait derrière une fenêtre. Brown, âgé de 11 ans, était assis à son bureau. Devant lui, un carnet couvert de griffonnages, des plans et des notes sur des stratégies Pokémon qu’il peaufinait depuis des années.

Lux, son Évoli chromatique, dormait paisiblement sur son lit, son pelage doré brillant à la lueur de la lampe. Brown tourna son regard vers lui, un sourire discret aux lèvres. Cet Évoli, il l'avait trouvé il y a des années, abandonné et blessé dans la forêt proche. Depuis, ils étaient inséparables.

Le silence fut soudain brisé par un bruit sec. Quelqu'un frappait à la porte. Brown fronça les sourcils. À cette heure ? Il se leva, jetant un coup d'œil à Lux, qui dressa une oreille curieuse, avant de se diriger vers la porte.

En l'ouvrant, il découvrit une silhouette familière : le professeur Chen, un grand homme aux cheveux grisonnants et au sourire bienveillant, tenant une enveloppe scellée.
— Bonsoir, Brown, murmura Chen, sa voix grave mais chaleureuse. Désolé pour l’heure tardive, mais j’ai quelque chose d’important à te confier.

L'invitation

Brown invita Chen à entrer, refermant doucement la porte derrière lui. Le professeur posa l'enveloppe sur la table, son regard fixant le garçon avec une intensité inhabituelle.
— Brown, tu es ici depuis des années, vivant seul, à l’abri des regards. Mais je sais qui tu es vraiment. Je sais aussi de quoi tu es capable.

Ces mots frappèrent Brown comme une gifle. Son cœur accéléra, mais il se força à garder un visage neutre.
— Je ne vois pas de quoi vous parlez, répondit-il prudemment.

Chen sourit légèrement, comme s’il s’attendait à cette réponse. Il ouvrit l’enveloppe et en sortit un objet brillant : un Pokédex, rouge et flamboyant.
— Mon petit-fils, Green, et Alice Liddell ont déjà commencé leur voyage. Mais toi, Brown… ou plutôt, Okoda Wilfried Pascal… c’est ton tour.

Brown sentit un frisson lui parcourir l’échine. Cela faisait des années qu’il n’avait pas entendu son vrai nom.

Chen poursuivit :
— Ce Pokédex est spécial. Ce n’est pas juste un outil pour enregistrer des données Pokémon. C’est un symbole. Et toi, je te donne le titre de "Survivant". Tu es capable de surmonter bien plus que la plupart des dresseurs.

Le professeur lui tendit le Pokédex. Hésitant, Brown tendit une main tremblante pour le prendre. Lux sauta sur la table, curieux, et renifla l'objet.

— Pourquoi maintenant ? demanda Brown d'une voix basse.
— Parce que je crois en toi, répondit Chen. Et aussi parce que tu ne peux plus te cacher.

Brown comprit qu’il n’avait pas d’autre choix. Son regard se posa sur le Pokédex, puis sur Lux. Ce dernier émit un petit cri joyeux, comme pour l’encourager.

La Promesse à Red

Quelques heures plus tard, juste avant l’aube, Brown se tenait devant la maison de Red. La brume matinale enveloppait le village, et l'air était frais. Il hésita un instant, mais Lux, assis à ses pieds, donna un léger coup de tête contre sa jambe.

— Tu as raison, murmura-t-il à son compagnon.

Brown frappa doucement à la porte. Après quelques instants, Red apparut, les cheveux en bataille et les yeux encore endormis. Mais à la vue de son ami, il se réveilla immédiatement.
— Brown ? Qu’est-ce que tu fais là ?

— Je pars, répondit-il simplement.

Red sembla surpris, mais son expression se transforma rapidement en un sourire enthousiaste.
— Tu pars enfin ?! Alors, c’est décidé. On se retrouvera en finale, et je te battrai !

Brown esquissa un sourire.
— On verra. D’ici là, entraîne-toi bien, Red.

Ils échangèrent une poignée de main ferme. Ce n’était pas un adieu, mais le début d’une promesse qu’ils avaient scellée des années auparavant.

Le Départ

En revenant chez lui, Brown prit le temps de rassembler ses affaires. Il emporta des provisions, un couteau multifonction et un carnet de notes qu'il utilisait pour ses stratégies. Lux, perché sur son épaule, semblait impatient de partir.

Avant de quitter la maison, il jeta un dernier regard autour de lui. Cet endroit avait été son refuge, son cocon pendant des années. Mais il savait qu’il était temps de partir.

Alors qu’il s’aventurait sur le chemin menant hors de Bourg Palette, les premières lueurs de l’aube éclairèrent l’horizon. Une vague de nervosité, mais aussi d'excitation, monta en lui.

— Prêt, Lux ? murmura-t-il.

Évoli répondit par un cri joyeux.

Leur voyage venait de commencer.

Le soleil montait lentement à l’horizon, teintant le ciel de nuances d’or et de rose. Brown avançait sur le sentier menant à Jadielle, Lux trottant joyeusement à ses côtés. La fraîcheur matinale emplissait l’air, accompagnée par le chant des Roucool et le bruissement des feuilles.

Brown sortit de la poche de sa veste un pendentif brisé, qu’il fit tourner entre ses doigts. La moitié du médaillon étincelait faiblement à la lumière du matin. Ce bijou, symbole de son ancienne amitié avec Alice, était désormais une source de mélancolie. Leur rivalité, née d’une dispute anodine, n’avait fait que s’intensifier au fil des ans. Il ne pouvait s’empêcher de penser à leur dernière confrontation, marquée par des mots qu’ils ne pouvaient plus retirer.

— Tu crois qu’elle s’est calmée, toi ? murmura-t-il à Lux.

Évoli leva les yeux vers lui et pencha la tête, comme s’il réfléchissait sérieusement à la question. Brown soupira et rangea le pendentif dans sa poche.

Contrairement à ce qu’il redoutait, la Route 1 fut paisible. Les Pokémon sauvages semblaient éviter Brown et son équipe, probablement à cause de l’aura intimidante de Lux. Depuis leur entraînement intensif en pleine nature, ses compagnons étaient bien plus forts que la plupart des Pokémon des environs.

De temps en temps, Brown s’arrêtait pour observer les alentours, notant mentalement les ressources naturelles et les chemins les plus sûrs. C’était un réflexe qu’il avait acquis au fil des années. Il ramassa quelques baies mûres, s’assurant qu’elles n’étaient pas toxiques, avant de reprendre sa marche.

Il croisa quelques jeunes dresseurs, mais aucun ne sembla vouloir l’affronter. Leur enthousiasme et leur insouciance le firent sourire. Il se souvenait d’une époque où il aurait peut-être été comme eux, si sa vie avait été différente.

En milieu d’après-midi, Brown atteignit enfin les portes de Jadielle. La ville, animée par le va-et-vient des habitants et des visiteurs, lui semblait à la fois familière et étrangère. Il s’était souvent aventuré ici lorsqu’il était plus jeune, mais aujourd’hui, tout semblait différent.

— Bienvenue, Lux, murmura-t-il. Ça commence ici.

Lux sauta sur son épaule, curieux de tout ce qui l’entourait. Brown, lui, se concentra sur son objectif : l’arène. Mais alors qu’il s’engageait dans les rues principales, un sentiment d’appréhension monta en lui.

Il savait que la famille Okita Liddell possédait une maison ici. Alice y venait régulièrement, même si elle passait aussi beaucoup de temps à s’entraîner ailleurs. Il espérait ne pas croiser sa rivale, mais une part de lui redoutait cette rencontre.

L’arène de Jadielle se dressait fièrement au bout d’une rue bordée d’arbres. Son architecture imposante témoignait de son importance dans la région. Brown s’arrêta à bonne distance, étudiant les lieux.

— Tu penses qu’il est là, le champion ? murmura-t-il à Lux.

Mais avant que Lux ne puisse répondre par un cri, Brown aperçut une silhouette familière. Alice.

Elle se tenait devant l’arène, les bras croisés, parlant à un homme en uniforme. Ses cheveux bruns brillants étaient attachés en une queue-de-cheval haute, et elle portait une tenue de voyage élégante mais pratique. Son regard était déterminé, presque perçant, et Brown sentit son estomac se nouer.

— Génial… murmura-t-il.

Il recula instinctivement, se cachant derrière un arbre proche. Lux, sentant son malaise, descendit de son épaule et se colla à ses jambes. Brown observa la scène de loin, retenant son souffle.

Alice semblait en pleine discussion animée avec l’homme, probablement un employé de l’arène. Brown ne pouvait entendre leurs mots, mais son intuition lui disait que l’arène n’était pas ouverte pour le moment.

— Pourquoi faut-il que je tombe sur elle maintenant ? soupira-t-il à voix basse.

Brown décida qu’il valait mieux éviter tout contact. Si Alice le voyait, elle trouverait sûrement une raison de l’affronter, ou pire, de lui rappeler leur passé commun. Il jeta un dernier coup d’œil à l’arène, puis fit demi-tour, s’éloignant rapidement.

Il emprunta une ruelle discrète, prenant soin de rester hors de vue. Son cœur battait plus vite que lorsqu’il affrontait des Pokémon sauvages.

— On reviendra plus tard, dit-il à Lux. Ce n’est pas comme si on était pressés.

Lux émit un petit cri d’approbation, comme pour lui rappeler que leur voyage ne faisait que commencer.

Brown décida de se rendre au Centre Pokémon pour se reposer et planifier la suite. Tandis qu’il traversait les rues animées de Jadielle, une pensée persistante le hantait : s’il avait fui Alice aujourd’hui, combien de temps pourrait-il encore éviter cette confrontation ?

À suivre…

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