Chapitre Trente-Neuf - Jusqu'au bout
Regigigas fut le premier à attaquer. Il utilisa Marto-Poing, profitant de sa taille gigantesque pour écraser le pokémon. Mais Jungko était déjà sur lui. Il n'essaya même pas de l'attaquer. Il voulait d'abord asseoir sa suprématie, montrer à tous qu'il dominait tout, sur tous les plans. Il posait gracieusement sur l'épaule du gigantesque pokémon. Sa queue pointue frottait doucement contre l'une des articulations rocheuses du pokémon légendaire, menaçant de piquer à tout instant. Avec la puissance qu'avait acquis Jungko lors de la transcendance, pour peu que sa queue cache un poison, il y passerait sans aucun doute. Une idée horrifiante fit irruption dans la tête de Regigigas : et si ce potentiel poison dans sa queue était si puissant qu'il pouvait nous poursuivre dans la réalité ? Et si Jungko était désormais capable de tuer un être vivant en s'attaquant à son esprit ? En prenant conscience de cette possibilité effrayante, Regigigas balança une lourde main sur son épaule. Jungko n'avait pourtant pas l'air d'avoir bougé mais Regigigas venait pourtant de perdre cette fameuse main. Il poussa un hurlement terrible, essayant de comprendre à quel moment il avait frappé. Il avait simplement projeté sa main sur son épaule pour se débarrasser du danger mais sa main n'était jamais arrivée. Jungko se déplaçait-il plus vite que la lumière ? Plus vite que ce que les pokémons pouvaient voir ? Comment affronter un pokémon qu'on ne peut pas attraper ? songea Regigigas en tombant au sol. Une plaie béante s'était ouverte en son centre. Une seconde plus tard, le pokémon avait disparu. Le combat avait duré quinze secondes. La plupart des membres du Conseil se jetèrent des regards apeurés, cherchant une solution en urgence. Pouvaient-ils lutter ? Cresselia n'attendit pas une seconde de plus. Elle profita d'un Spatio-Rift pour se ruer sur Jungko dans l'espoir de le toucher ne serait-ce qu'une seule fois. Elle lança une Onde Boréale dans l'ombre du Spatio-Rift, profitant de la déformation spatiale pour attaquer dans une angle mort. L'idée était parfaite et Jungko en paya les frais. Il esquiva sans mal l'attaque de Palkia mais l'Onde Boréale le toucha de plein fouet. Seulement, Jungko absorba l'attaque. L'onde s'était pliée face à lui et il l'avait aspiré. Ça ne sert à rien... Jungko se repositionna mais brisa ensuite complètement sa position de combat. "Cette bataille est vaine. Je ne peux tuer personne et vous ne pouvez pas me vaincre. Je ne fais que m'épuiser dans cette forme transcendée, et sachez que ça ne me fait pas spécialement plaisir de vous affronter. J'ai un immense respect pour la plupart d'entre vous. Je finirai par vous tuer dans le monde physique, c'est un fait. En attendant, cessons ce combat inutile."
Arcéus tiqua. Le combat n'était pas fini. Le plan ne se déroulait pas comme prévu. Il jeta un regard à Créhelf qui secoua la tête en guise de réponse. C'est trop tôt ! pensa Arcéus en grinçant des dents. Le régent de la planète réfléchit alors à toute vitesse. Le combat devait continuer. Sinon, Jungko conduirait le monde à sa perte. Il fallait le vaincre, maintenant. Ils n'avaient plus le choix. Arcéus tourna la situation encore et encore dans sa tête. Aucun moyen de prendre la vie de Jungko ne lui vint à l'esprit. Il baissa la tête, vaincu. Sous l'expression neutre de Jungko, il congédia alors tous les pokémons légendaires. Chacun disparurent un à un, seuls restèrent Créhelf et Cresselia. "Discutons ensemble, tu veux bien ?" demanda alors Arcéus. Jungko hocha la tête avec un sourire franc. Comment peut-il tantôt être aussi sauvage et assassin et ensuite sembler aussi amical ? Est-il manipulateur ? A moins qu'il se batte contre sa volonté... Mais je ne peux pas y croire, si c'était le cas, il ne nous menacerait pas et n'annoncerait pas qu'il nous tuera tous quoi qu'il arrive.
-Dis-moi, Créhelf, pourquoi es-tu encore là ? demanda le pokémon-gecko. Autant Arcéus et Cresselia, je comprends, ils ont un lien plus ou moins direct avec moi, mais toi ? J'aurais plutôt vu Dialga rester.
-T'es déçu, pas vrai ? ricana Créhelf sans cacher sa haine. Je savais que j'aurais dû me méfier de toi. Ton double du futur a failli avoir ma peau. Je pensais que c'était à cause d'un traumatisme dû au futur mais maintenant je comprends que tu n'es qu'un monstre.
-Aucune idée, je ne l'ai jamais rencontré.
-Jungko, pourquoi veux-tu éliminer Grimpal ? demanda alors Arcéus.
-Vous ne savez pas ? Je pensais qu'Yveltal vous aurez tout expliqué lui-même. Je suis prêt à accepter ma nouvelle vie d'assassin mais... Grimpal me manque terriblement. Tant que je n'efface pas toute image de lui de mon esprit, il continuera de me hanter jour et nuit. Je dois l'éliminer à cause de toute l'affection que j'ai pour lui. Vous savez, être un monstre nécessite de grands sacrifices. Mais moi, je n'ai guère eu le choix.
-Et si Grimpal meurt aujourd'hui, que feras-tu ?
-Je commencerais par vous éliminer. Parce que vous êtes tous une épine sur mon chemin. Je balaye tous les obstacles. Tout comme pour mon cas, je ne vais pas vous demander votre avis.
-Mais quel est la finalité de tout ça ?! s'énerva Cresselia. Se battre comme ça n'a aucun sens, tu comprends ! Tu ne fais que répandre le mal autour de toi !
-Cresselia... Que tu es naïve. Je ne peux pas ne pas tuer. Je ne peux pas mourir non plus. Alors je m'organise une belle vie malgré ces deux handicaps. Je ne peux rien faire d'autre. Et puis, entre nous, je vais façonner le monde à ma manière. Je vais éliminer tous les pokémons dangereux, tous les pokémons corrompus, il n'y aura plus aucun danger sur cette planète.
-En quoi éliminer vos protecteurs est une bonne idée alors ?! s'étrangla Cresselia.
-Je crois que je comprends... soupira Arcéus.
-Tout ce qui arrive à mon monde est de votre faute. La corruption a démarré par Darkrai, elle a ensuite réveillé Groudon, atteint Dialga, Noctunoir, Rayquaza, Kyurem, Munna, Archéduc. Les pokémons légendaires sont aussi dangereux que moi. La différence est que vous n'avez pas conscience de ce que vous représentez. A la fin de ma propre vie, je laisserai le monde sans pokémon légendaire. Seuls quelques humains et un nombre réduit de pokémons s'occuperont de bâtir un nouveau monde stable. Avec la façon dont vous gérez le monde, il ne faut pas être étonné que Jirachi, Victini et Mew aient pris la fuite.
-Je... gémit Cresselia.
-Nous faisons tous des erreurs. Jungko, tu es la seule personne de notre monde à faire du mal en voulant l'en empêcher. De ce que tu fais, je sens que tu transformes tes massacres en actes généreux sur le long terme. Mais nous ne pouvons pas te laisser faire.
-Et que comptez-vous faire ? Vous étiez ma dernière chance de me vaincre... J'ai tout essayé. Le suicide n'a pas marché. Vous n'arrivez pas non plus à m'arrêter. Grimpal et Ectoplasma n'y ont rien fait non plus. Je me suis fait à l'idée qu'il n'y avait plus rien à faire. Je suis immortel, Arcéus. Comparé à moi, tu sembles si faible, si fragile... Laissez-moi repartir. Laissez-moi regagner mon monde, j'ai du travail. Je viendrai vous éliminer en temps et en heure, faites-moi confiance.
Arcéus jeta un œil à Créhelf, inquiet. Celui-ci n'essaya même pas de répondre tant il était paniqué. Arcéus grogna avant de se redresser. "Je suis désolé Jungko, mais ce n'est pas fini ! Je suis ici pour te juger, mettre fin à tes agissements ! Je suis le dernier rempart de notre monde et je vais te vaincre !". Malgré sa grande taille et son corps volumineux, Arcéus bougeait à une vitesse incroyable. Même Cresselia avait du mal à distinguer ses mouvements. Mais Jungko le dépassait de si loin. Il esquivait chaque attaque sans aucun souci, courant, sautant, roulant. Armé de ses Lame-Feuilles, il annihilait les attaques successives d'Arcéus. Il ne cherchait pas à riposter, il s'efforçait de garder son calme afin de ne pas succomber à la violence. Après tout, je n'ai rien contre Arcéus, pourquoi m'énerverais-je contre lui ? L'état d'esprit actuel de Jungko se résumait en un seul mot : self-control. Jusque-là, il n'avait pas retenu ses coups car il ne devait pas perdre. La différence avec ce combat-là, c'est qu'il n'avait pas besoin de gagner. Il avait tout son temps pour faire comprendre à Arcéus que ce combat était inutile. Il n'avait qu'une hâte : retourner dans son monde et éliminer Grimpal. Et théorie, Jungko était ici hors de son corps. Mais la personne qui l'avait amené ici était Cresselia au travers du corps de Gobou. En conclusion, Grimpal et Jungko étaient immobiles dans le monde réel, face à face. Aucune échappatoire. Dès que Jungko regagnera son corps, il éliminerait Grimpal sans lui laisser le temps de dire un seul mot. Malgré les apparences de Jungko, il souffrait terriblement de devoir éliminer son meilleur ami. Mais il n'avait pas le choix. Il savait très bien aussi que chacun des mots de son ami viserait à le raisonner. Il ne devait pas le laisser faire sinon il sèmerait le doute dans son esprit de Jungko pourrait à nouveau partir dans un mauvais délire. Jungko était si proche de la fin, si proche. S'il perdait le contrôle encore une fois, il pourrait ne jamais s'en remettre ou alors éliminer quelqu'un dont la mort n'était pas nécessaire. Allez, Arcéus ! Laisse-moi partir ! Jungko ne tenait plus. Il glissa sous le ventre du régent avec une facilité déconcertante. Il sectionna les tendons de ses pattes avant d'un coup sec avant d'utiliser Ecras'face sur son abdomen. Arcéus tomba au sol, à la fois essoufflé et handicapé. Il cracha une gerbe de sang irréel aux pattes de Jungko qui le regardait d'un air attristé. "Laisse-moi partir, maintenant.". Arcéus mit quelques secondes avant de prendre une décision. Mais quelqu'un prit cette décision pour lui : "C'est bon, Cresselia, vas-y !" hurla enfin Créhelf. Jungko ne prit pas la peine de se retourner, attendant l'attaque de Cresselia. Ils n'ont toujours pas compris ? se demanda l'assassin. Cresselia apparut derrière lui et posa une patte sur son épaule. "Tu as perdu, Jungko !" dit-elle sur un ton triomphal. Jungko ouvrit de grands yeux, regardant tout autour de lui. Y avait-il quelque chose qu'il n'avait pas vu venir ? Est-ce que congédier les pokémons légendaires était une diversion ? Avaient-ils encore une carte à poser ? Mais Jungko se sentit s'évanouir : il repartait dans son corps. Tant mieux... Adieu, Grimpal. Jungko aperçut alors avec étonnement Gobou recroquevillé dans un coin. Il était tout tremblant, terrifié par ce qui allait arriver. Et tu as bien raison d'avoir peur. Je me demande ce qui arrive aux gardiens des humains une fois morts dans leur propre corps. Jungko ferma les yeux, la boule au ventre. Il était dans un état entre excitation et résignation. "C'est l'heure !" lança-t-il pour lui-même.
Jungko ouvrit les yeux, face à Grimpal. Son ancien partenaire se leva et jeta un œil à son ennemi. Il semblait le juger du regard, comme s'il ne ressentait pas le danger qui pesait sur lui. "Bon sang... J'espère que ça va marcher." fit une voix féminine derrière lui. Interloqué, Jungko essaya de se retourner. Seulement, il n'arrivait plus à bouger. Quoi ?! Comment ?! Un cordage enveloppait soigneusement les muscles de Jungko. Il était parfaitement immobilisé.
-Feunard ! s'écria Grimpal en sautant de réfugier près d'elle.
-Salut, Grimpal... murmura Feunard dans le creux de ses tympans. Ça fait plaisir de te voir...
-Hey Grimpal ! s'exclama à forte voix Azumarill. Je n'arrive pas à croire que tu aies survécu jusque-là !
-Qu'est-ce que tu veux... soupira Pijako. Les plans de Givrali sont toujours infaillibles.
-N'empêche, qui aurait pu croire qu'une simple corde pourrait arrêter le terrible Jungko ? lança Absol.
-Givrali m'avait dit que je pouvais lui faire confiance là-dessus. C'est Mentali qui lui avait fait la remarque suite à un entraînement entre Jungko et Lougaroc : Jungko a beau être surpuissant, ses muscles restent ceux d'un pokémon commun. Son âme est incalculable, son corps lui est parfaitement normal.
-Il nous a suffi de bien lacer ses bras et jambes et de coincer ses lames dans l'encadrement de ses bras. Si on rajouta à ça la tête parfaitement ligotée, Jungko ne peut plus faire un geste.
-S-Saletés ! pesta Jungko. Vous pensez vraiment que vous allez pouvoir me tuer comme ça ? Ne soyez pas idiots, vous n'arriverez pas à me garder prisonnier longtemps. Croyez-moi, une fois que je serai sorti, je ne vous épargnerai pas ! Même toi, Absol !
- Sauf si nous te guérissons de ta violence, pas vrai ? demanda Feunard avec un ton souriant.
-Et comment vous comptez faire, hein ?! Personne n'y est arrivé !
Feunard se positionna face à Jungko, le sourire aux lèvres. Elle se mit à hauteur de lui proposa alors quelque chose : "Jungko, Grimpal m'a dit que tu voulais être arrêté à tout prix. Voilà ce que le marché que je te propose : laisse-nous te guérir et tu nous laisseras t'éliminer. D'accord ? C'est tout ce qui nous reste.". Jungko finit par hocher la tête, vaincu. Il ne souhaitait que ça. Il préférait mourir que de tuer Grimpal. S'ils avaient enfin trouvé comment le vaincre, alors Jungko comptait bien leur laisser leur chance.
-Dis-moi d'abord, Grimpal, est-ce que tout ce qui est arrivé était prévu dans ton plan ?
-Oui ! Nous avons enchaîné bluff sur bluff pour que tu croies que nous déployions tout dans une dernière bataille. Que ce soit Zoroark et sa crise, Gobou, Cresselia, Arcéus, tout ça, c'était prévu par Givrali. Il fallait te faire croire à ce que nous essayions tout pour te piéger alors que le véritable piège se trouvait en parallèle de ton ultime combat contre les pokémons légendaires.
-Je reconnais bien là l'intelligence de Givrali... souffla Jungko avec un sourire au coin.
Feunard fit alors signe à Pijako d'approcher. Celui-ci se positionna face à Jungko et commença à parler.
-Jungko, es-tu prêt à m'écouter ?
-Oui, fit calmement l'assassin en levant un sourcil.
Pijako ferma les yeux, réfléchissant à ses prochains mots. Grimpal pouvait voir l'aura de Pijako encercler celle de Jungko et s'insuffler en lui. Il était sur le point d'utiliser la Voix de Commandement. S'il existe un moyen de sauver Jungko, alors ce doit être celui-là, c'est sûr et certain ! Tous les pokémons encerclèrent alors Pijako et Jungko, retenant leur respiration. La situation était tendue. L'avenir du monde dépendait du résultat de Pijako. Allait-il trouver les bons mots ? Pijako prit alors une grande respiration en harmonie avec celle de ses amis. Il ouvrit les yeux, conscient de la tâche cruciale qui lui incombait. De sa voix mélodieuse, il s'adressa alors à Jungko : "Jungko, à partir de maintenant, tu ne ressentiras plus aucune haine ni envie de meurtre. Tu auras l'envie de fuir les combats et ta propre force te répugnera. Désormais, tu ne seras plus capable d'aucune violence.".
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