Electhor dévisagea Sulfura et Artikodin avec colère. Il ne pouvait plus faire confiance en ses frères. Alors que le drame approchait, ils se rangeaient du côté adverse. Electhor grogna et s'envola en retrait. Malgré tout, aucun des deux autres volatiles ne semblaient vouloir engager le combat.
-C-Comment osez-vous ?! hurla l'oiseau de tonnerre. C'est de la pure trahison ! Qu'Artikodin hésite sur la loyauté des humains passe encore mais toi Sulfura ! Mais vous n'êtes même plus au stade d'hésitation ! Vous allez vous battre !
-Désolé Electhor mais nous devons purifier notre monde... soupira Sulfura le cœur brisé.
-Tu n'as toujours pas compris ? Ils finiront par diriger le monde. Eux ne sont pas dignes de confiance. Tu aurais dû l'avoir remarqué. Je me battrai ! tonna Artikodin. Ne vois-tu pas comment leurs manigances ont changé la face du monde ? Alors que les pokémons que nous protégions étaient unis, les humains que Arcéus a ramené les ont divisés.
-J'arrive pas à y croire... gémit tristement Electhor.
-Te rangeras-tu dans leur camp une fois le combat lancé ? demanda Sulfura, peiné.
-Sache que ni Sulfura ni moi ne te ferons de cadeau ! menaça Artikodin.
-Non. C'est un problème que les pokémons doivent régler entre eux. Les pokémons légendaires ne devraient même pas s'en mêler...
-Et tes pokémons à toi ? répliqua l'oiseau de glace en ignorant la dernière phrase de son frère.
-Ils prendront part au combat dans le camp qu'ils auront choisi à la condition qu'ils ne s'affrontent pas entre eux. Contrairement à vous, je veille sur mes pokémons. Vous les emmenez à l'abattoir...

Rayquaza s'arrêta brusquement. Il était haut dans le ciel. Il n'était plus dans le ciel. Il était dans l'espace. Alors qu'il scrutait le vide intersidéral, il avait senti un changement sur sa planète. Sa couleur semblait avoir changé brusquement. Non, ce n'était pas sa couleur mais plutôt ce qu'elle dégageait. La nature de l'aura de la planète avait changé. Cela ne pouvait signifier qu'une chose : l'une des grandes forces de ce monde avait brutalement changé. Au-delà de ce simple fait, Rayquaza en subissait déjà les conséquences. J'ai mal au cœur... Pourquoi est-ce que je me sens... en colère ? Pourquoi ai-je cette haine qui monte en moi ? J'ai envie de réduire le monde en miettes... Comme la dernière fois... Ce n'est pas normal. J'ai un très mauvais pressentiment. Rayquaza fit rapidement demi-tour avant de foncer sur la planète. Il faut que je rejoigne la Tour Céleste ! C'est une question de vie ou de mort !

Les trois djinns des sentiments se regardaient sans dire un mot. Un silence de mort pesait sur leurs épaules. La nouvelle venait de tomber : la fin du monde allait arriver. Personne ne l'avait estimé de cette envergure et encore moins de cette façon. Tous étaient menacés et chaque être vivant avait son rôle dans l'histoire. Cela semblait inévitable. Créfadet avança brusquement pour briser le silence.
-Que comptez-vous faire ?! s'emballa-t-il inconsciemment.
-J-Je ne sais pas... Je me sens mal... gémit Créfollet, recroquevillé.
-Je ne participerai pas au massacre, annonça Créhelf, ni moi ni aucun de mes pokémons.
-Je pense que c'est en effet la plus sage décision, confirma Créfadet.
-P-Pareil ! Trop de vies vont être mises en danger... surenchérit Créfollet, toujours sur la défensive.
Nouveau silence. Créfollet semblait sur le point de craquer. Alors qu'il avait toujours soigné son image digne et sérieuse, il se laissait emporter par l'émotion. Ceci dit, le drame qui s'annonçait était à la hauteur de ses inquiétudes. Créhelf semblait quant à lui avoir beaucoup réfléchi à la question. Il était déterminé à rester en dehors de cette triste histoire. Créfadet essayait tant bien que mal de voir plus loin que leur propre Donjon Mystère.
-Vous pensez vraiment que les humains sont des dangers ? demanda Créfadet d'un ton qu'il voulait neutre.
-Après Mystcliff et Grimpal ? Tu veux rire ? Bien sûr qu'on leur fait confiance, clama fermement Créhelf.
-Oui ! osa finalement Créfollet. Ils ont toujours agi en songeant au développement des pokémons. C'est injuste ce qui se passe ! Je refuse qu'un seul de mes pokémons ne meure dans cette lutte insensée, que ce soit pour ou contre Mystcliff.
-Mais devons-nous seulement avertir les explorateurs ? Cela limiterait les pertes...
-Non, coupa Créhelf. Si nous annonçons un truc pareil, nous allons créer la panique. Il y aura moins de blessés et de morts, certes, mais pas sur le long terme. Nous devons éviter de créer des scissions dans les camps sinon le résultat pourrait être dramatique.
-Alors quoi ?! s'indigna Créfollet. Nous restons là à ne rien faire ?
-Oui. Et nous empêchons nos pokémons de faire n'importe quoi. Je pense pas que tous feront comme nous mais moins de pokémons vont s'impliquer, mieux ce sera.

Dialga s'était immobilisé. Il regardait la scène, incrédule. Son cauchemar prémonitoire venait de prendre forme devant lui. Un nouvel étage venait d'apparaître dans la Tour du Temps. Dialga veillait sur tous les ajouts depuis que Grimpal l'avait libéré de l'emprise de Darkrai cinq ans auparavant. Il frissonnait. La raison qui l'avait poussé à détruire le Temps était pour éviter une fin du monde douloureuse. Il pensait que l'Apocalypse Silencieuse valait mieux que le sang et la mort qui s'annonçaient. Noctunoir s'approcha doucement, conscient que Dialga était en deuil.
-Tout ce temps... j'ai essayé d'éviter ce drame toute ma vie et le seul moyen que j'avais trouvé était une mort générale moins douloureuse... Ma vie entière est une trahison. J'ai trahi le monde et voilà que même après m'être repenti, le mal est toujours là. J'ai fait subir la souffrance ultime à un sauveur pour au final laisser l'Apocalypse de Sang arriver. A quoi je sers ? Dis-moi, Noctunoir...
-Dialga... soupira Noctunoir. Nous allons nous en sortir. Tu fais confiance à Grimpal, n'est-ce pas ? Ne désespères pas, je suis sûr qu'ils vont nous sortir de là.
-Noctunoir, regarde tes mains !
-M-Mes mains ? demanda Noctunoir, intrigué.
-Je t'ai pris sous mon aile, te promettant une vie de héros en devenant mon bras droit. Durant plus de cent ans, tu m'as épaulé sans dire un mot. Tu as fait tout ce que je t'ai ordonné sans contester en sachant pertinemment que ce que je te faisais faire était mal. Toutes ces expériences... C'est tant de douleur inutile...
-Mes mains...
-Elles sont pleines de sang, Noctunoir, du sang que je t'ai fait verser. Darkrai n'était pas le monstre, c'était moi. Je suis aussi horrible que l'Apocalypse elle-même. Qu'allons-nous faire ?
-J-Je... Je veux me racheter. Me racheter auprès des pokémons du monde. Dialga ! Avec ta permission, je veux que tu me laisses rejoindre le combat.
-Le combat ? Quel combat ? Il n'y aura qu'un massacre entre deux idéaux différents. Il n'en résultera rien de bon à part de la mort. Pourquoi voudrais-tu y aller ?
-Si je peux au moins sauver la vie d'une seule personne, alors le jeu en vaut la chandelle. Je t'en supplie, Dialga, laisse-moi y aller. Qui sait, peut-être que j'arriverai à sauver le monde. Même si ma participation augmente nos chances d'un infime pourcentage, il faut que je le fasse.
-Je ne peux pas te l'interdire au contraire. Mais c'est à moi de t'imposer une dernière chose...
-Tout ce que tu voudras.
-Reviens en vie. Reviens en vie et veille sur Célébi.

Xatu soupira longuement. Alakazam et Grahyéna se trouvaient derrière lui, alertes. Xatu consultait le ciel, en contact avec les autres oracles. Les six relais s'étaient mobilisés pour déterminer ce qu'était en train d'arriver. Ces pressentiments que les six oracles ressentaient indiquaient tous que quelque chose d'horrible allait arriver. Les plumes de Xatu tremblaient. La vision d'horreur qui l'assaillait était horrifiante, pesante, atroce, sanglante, déprimante, sans espoir. Xatu ouvrit les yeux rouges qui lui servaient à observer le crépuscule en général. Alakazam et Grahyéna s'étaient approchés encore plus pour l'aider à se relever. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il s'était effondré.
-Qu'est-ce que tu as vu Xatu ? demanda Alakazam avec douceur.
-Rien... rien de bon. De la mort et du sang, des trahisons et des larmes. Deux malheurs arrivent. Mais j'ai peur...
-Peur de quoi ? pressa Grahyéna.
-Personne, PERSONNE ne va se concentrer sur le bon problème. Le deuxième passera inaperçu aux yeux des pokémons. Les pokémons légendaires vont s'impliquer ou pas, le choix est leur, mais pourtant ils ne seront pas à l'abri du danger. Le temps est compté, si les pokémons sont trop longs, l'un des deux dangers deviendra irréversible et plongera le monde dans le silence morbide de la mort généralisée. Ni les pokémons communs ni les pokémons légendaires ne vont survivre.
-Combien de temps nous reste-t-il ?! s'emballa Alakazam.
-Trente jours à partir d'aujourd'hui. Si au bout de trente jours, la source du problème n'est pas éliminée, alors nous devrons faire face aux deux problèmes sans autre solution que l'extermination.
-L'extermination ? lâcha Grahyéna en tremblant de peur.
-Et encore... soupira Xatu. Seulement si nous réussissions à faire face. Quelque chose me dit que le deuxième de nos problèmes sera impossible à affronter de face. Non, pour moi, il n'y a qu'une seule solution : régler les deux problèmes à la source.
-Mais c'est quoi cette source à la fin ?! Et ces deux problèmes ?! Tu ne pourrais pas être plus précis ?! s'impatienta Grahyéna.
-Non. Malheureusement, l'ampleur de l'événement qui va s'abattre sur le monde est trop forte pour que je puisse supporter une vision précise de la chose.
-Mais qu'est-ce qu'on va faire Alakazam ? Nous allons tous mourir...
-Non ! Non... répliqua Alakazam les sourcils froncés. Nous allons nous battre ! Peu importe le résultat, si nous arrivons à régler ne serait-ce qu'un seul des deux problèmes, alors nous aurons eu raison.

Xerneas ferma les yeux. Il ressentait la présence de Yvetal dans l'Arbre de Vie. La connexion que les deux pokémons partageaient leur permettait de communiquer malgré une distance de plusieurs milliers de kilomètres. Mais malgré tout, Xerneas n'aimait pas que Yvetal engage une discussion avec lui car la raison était toujours mauvaise ou annonçait un événement tout aussi malheureux.
-Qu'est-ce que tu veux encore ? soupira Xerneas. Tout semble bien plus agité ces temps-ci. Tu ne vas pas me dire que c'est toi, quand même ?
-Non, non. Pas encore...
-Comment ça, pas encore ?! s'étrangla Xerneas qui faillit rompre la connexion par mégarde. Ai-je le droit à une explication ?
-Disons que... J'ai fait une bêtise. Il y a sept ans. Et... J'ai peur qu'elle nous retombe dessus dans le mois à venir.
-Cette agitation dans les Donjons Mystères viendrait de toi ?
-Non ! Non... Ce n'est pas moi. Euh... Moi... J'ai... Euh... Exaucé un souhait à un pokémon qui le méritait vraiment. Mais voilà... C'est en train de dégénérer et je ne peux rien y faire. C'est trop tard, je n'ai plus aucune emprise sur lui et je ne peux pas rompre notre contrat.
-Et quelle serait les pires conséquences de ta bêtise ?
-La... euh... mort de tous les pokémons vivants sur cette planète. Communs comme légendaires.
-J'arrive pas à y croire... Tes pouvoirs auront fini par avoir raison de nous. J'aurais dû faire confiance à mon instinct et demander à Arcéus de t'enlever tes pouvoirs. Tu n'es pas assez mature pour ce rôle.
-Mais... Non ! Je ne pouvais pas savoir que ce pokémon se révélerait être le tueur que nous redoutions tous ! Il faisait parti des gentils à l'époque...
-"Des gentils"... Non mais tu t'entends parler ? s'exaspéra Xerneas. Tu es ridicule. Incapable d'assumer tes propres erreurs. Que veux-tu que je fasse maintenant ?
-Je ne sais pas... J'en ai aucune idée. Je pensais que quelque chose te viendrait en t'en parlant.
-Eh bien non ! hurla Xerneas de rage. Tu vois pas que j'ai autre chose à gérer en ce moment ?! Comme par exemple une avalanche de haine et rage qui s'apprête à déferler sur notre monde ? Il manque tellement de personnes à l'appel. Les trois félins légendaires ont coupés les ponts avec les autres pour se préparer au combat. Latias et Latios se déplacent vers les Terres de Sable pour une raison qui m'échappe. Keldeo et Viridium ne semblent pas s'inquiéter beaucoup non plus. Cobaltium a parfaitement disparu. Jirachi a changé de dimension pour se cacher. Mew est toujours introuvable. Arcéus a décidé de ne pas intervenir. Réshiram et Zekrom ne savent toujours pas s'ils doivent prendre parti. Ho-Oh et Lugia sont trop occupés à veiller sur Groudon et Kyogre. Regigigas et sa bande ne sont même pas au courant de ce qui va se passer ce mois-ci. Donc... C'est clairement le bordel. Je ne sais plus quoi faire et personne ne sait plus où donner de la tête. Je suis parfaitement impuissant, le monde court à sa perte et toi tu viens m'annoncer un nouveau danger qui pourrait bientôt détruire le monde. Tu sais quoi ? Dégage. Débrouille-toi. Moi, je vais travailler sur ce problème là. Avec Grimpal, nous allons surmonter ça. Toi, tu t'occupes de ton malheur et tu ne nous en rajoutes pas plus sur le dos.
-M-Mais Grimpal est concerné...
-Je ne veux pas le savoir ! T'as qu'à régler ton problème avec Arcéus. Et t'as intérêt à faire en sorte que Grimpal ne soit pas dérangé par ta bêtise.
Xerneas tapa de la patte avec force, déconnectant Yvetal de son esprit sans même lui laisser le temps de répondre. Grimpal venait d'arriver dans la Forêt Initiale. D'ici quelques minutes, il serait là, fidèle à son poste.

Gobou et Cresselia s'avançaient doucement parmi l'agitation anormale dans le monde des esprits. Les deux amoureux ne s'étaient même pas rendu compte que les esprits bougeaient dans tous les sens sans vraiment aller quelque part. Le duo entra dans le bâtiment, commençant à s'apercevoir que quelque chose n'allait pas. Ils récupéraient quelques birbes de conversation. Danger, mort, apocalypse, combat. Gobou secoua la tête. Massko ? Non... C'est pas... Il faut que je m'active.
-Cresselia ! Je voulais savoir, est-ce que Darkrai est encore en vie ?
-Eh bien oui... Il est enfermé au sous-sol.
-Quoi ?! Mais comment avez-vous pu ?!
-C'est un pokémon légendaire. Il est le pokémon des cauchemars. Sans lui, le sommeil des pokémons ne seraient plus équilibrés. Nous ne pouvions pas l'exécuter.
-Et est-ce qu'il pourrait manipuler quelqu'un de là où il est ?
-Quoi ? Euh...
-Cresselia ! C'est une question de vie ou de mort ! tonna Gobou, tout sentiment rassurant volatilisé.
-Non ! Normalement il ne peut pas...
-Il faut aller voir, Cresselia ! Si cette agitation l'a libéré, je crains le pire.
-Tu t'inquiète pour Massko ? Mais ça ne colle pas. Cette agitation ne date que d'aujourd'hui et Massko est aux prises de ses cauchemars depuis sept ans. Ce ne peut être Darkrai.
-Il faut quand même que j'aille vérifier.
-Gobou... J'aime pas quand tu es comme ça... gémit Cresselia, les larmes aux yeux.
-Désolé, Cresselia. Je t'aime, tu le sais. Mais là, c'est mon équipe qui est en danger. Et peut-être même le monde entier. J'irai mieux une fois que ce sera fini. Quand Massko sera en sécurité, je pourrais retrouver le sommeil.
-D'accord... Allons-y, Gobou.
Cresselia avait commencé à guider Gobou à travers les couloirs. Gobou observait les pokémons qui couraient dans tous les sens. Il n'avait croisé aucun autre pokémon légendaire depuis qu'ils étaient arrivés alors qu'en général le bâtiment en abritait quatre ou cinq en permanence. Même Arcéus n'était pas sur place. Quelque chose ne va pas et ce n'est pas lié à Massko... songea Gobou. Mais ses pensées furent interrompues par un hurlement de douleur provenant du cachot. Gobou monta sur le dos de Cresselia qui accéléra autant qu'elle put. Les deux esprits arrivèrent devant la porte de la cellule de Darkrai. "Ouvre la porte, Cresselia, vite !" pressa Gobou. Le cri venait de Darkrai. Il était étalé par terre et se tordait de douleur. Il hurlait à la mort. Les convulsions dont il était la proie détruisaient son corps à petit feu. "Ça recommence ! Il arrive ! Ah !". Le hurlement du prisonnier résonna dans tout le bâtiment, témoignant de la souffrance qu'il subissait. Cresselia et Gobou se dévisagèrent. Non, ce n'est définitivement pas lié à Massko... Mais qu'est-ce qui se passe ici ? Le monde est-il en train de s'effondrer ?