Chapitre Huit - l'avant-guerre

Trois jours s'étaient écoulés depuis l'effroyable déclaration de Munna. Les Békipans avaient la formidable idée de répertorier les différents regroupements appartenant aux deux camps. Par exemple, sur les Terres des Plantes, deux troupes se distinguaient du côté de la civilisation : Grahyéna et sa troupe de secouristes et Alakazam et les villageois de la campagne. Ils s'étaient tous regroupés sur la Place Pokémon mais chaque membre des bataillons suivaient les ordres de son meneur. De l'autre côté, une seule armée se dessinait chez les pokémons sauvages et ce sous la tutelle monstrueuse de Sulfura et Artikodin. Ils avaient lancé un appel à tous ceux qui voulaient les rejoindre. Leur camp de base se trouvait au Mont Ardent bien que la Forêt Brumeuse semblait encore en état d'héberger la grande armée. Les tensions entre les deux camps étaient intenses mais aucun combat n'avait été engagé. Sur les Terres de Brume, seul la Compagnie Miracle se démarquait des autres petits regroupements de pokémons civilisés. Mais, pour une raison qui échappait à tout le monde, personne ne les rejoignait, comme si les pokémons civilisés n'avaient pas confiance en eux. L'organisation des compagnons était cependant assez efficace et elle dissuadait les pokémons sauvages non regroupés de les attaquer. Ils étaient assez préparés pour repousser n'importe qui ne l'étant pas. Mais leur effectif assez restreint allait leur causer préjudice et tout le monde le savait. Du côté des pokémons sauvages, on retrouvait deux armées bien distinctes mais encore trop jeunes pour avoir de l'ampleur : Raikou dirigeant une armée en devenir et Archéduc, déjà connu de tous pour ses exploits durant ses longs voyages. En bref, la Compagnie Miracle se trouvait face à deux ennemis représentant une menace réelle. Raikou et Archéduc n'étaient pas n'importe qui : leur force n'était plus à prouver et ils se servaient de leur influence pour monter leur armée. Mais Raikou, contrairement à Archéduc, était impatient et réactif. Il avait une idée bien précise derrière la tête : attaquer la Compagnie Miracle le plus vite possible et y causer les dégâts les plus importants. Et ce fut de cette façon que, après trois jours seulement de guerre passive, le premier combat de cette guerre civil eut lieu.

Grimpal regardait les enfants avec fierté. Ils étaient tous motivés à apprendre, tous motivés à se défendre en cas d'attaque. Du côté des adultes, les policiers patrouillaient toujours de façon si efficace, les secouristes continuaient d'entretenir les relations les plus amicales possibles avec les pokémons sauvages des environs et les explorateurs avaient renforcé tous les bâtiments du camp ainsi que les bordures de celui-ci. Si quelqu'un devait assaillir la Compagnie Miracle, il serait repéré facilement et n'arriverait normalement même pas jusqu'au camp. Et dans le cas dramatique où l'adversaire était plus fort que prévu, la nouvelle configuration du camp allait permettre aux combats de n'avoir pratiquement aucun dommage collatéral sur le camp et avantager les compagnons grâce à l'accès facile à l'entrepôt et leur sortie de secours. Même si l'ennemi était plus fort que les compagnons, ils sauraient s'enfuir en évitant le plus grand nombre de pertes. Et tout ça avait été possible en trois jours. Il y avait encore de quoi perfectionner le système mais c'était largement suffisant pour contrer un assaut important. Et ces fortifications allaient déjà être mises à l'épreuve, trois jours seulement après la déclaration de guerre. Absol et Roucarnage déboulèrent à toute vitesse dans le camp. Dès qu'ils aperçurent Grimpal, ils foncèrent vers lui sans se préoccuper des habitants autour d'eux. Leur agitation avait accaparé l'attention de tous les pokémons présents. Roucarnage allait se prononcer à voix haute avant qu'Absol ne le percute violemment. Le volatile lui adressa un regard interloqué avant que son compagnon ne lui désigne les quelques habitants intrigués. Roucarnage fit de nouveau face à Grimpal et prit la parole à voix basse.
-Grimpal, une armée fonce vers notre camp en ce moment même. Il me semble que c'est la troupe de Raikou !chuchota-t-il gravement.
-Quoi ? Attendez... Combien sont-ils ?
-Ils sont au moins deux fois plus nombreux que la Compagnie au grand complet.
-Bon... Surtout, restez calme. Il faut se préparer à la défense.
-Ils ont le double de nos effectifs, Grimpal !
Ça et ils ont Raikou, le félin légendaire de la foudre !
-Oui, mais nous avons Massko et Zoroark qui sont au moins aussi forts que lui. Sans oublier vous deux, Ectoplasma ou encore Scalproie. Nous sommes moins nombreux mais je ne doute pas de notre force. Et nous nous battons sur nos propres terres. Nous devrions gagner facilement. Contentez-vous de m'écouter. Roucarnage, rappelle tous les autres policiers en patrouille. Absol, demande à Kirlia de contacter tous ceux qui sont en mission pour leur dire de revenir. Ensuite, tu demanderas à tout le monde de se rassembler au pied du promontoire. Et dépêchez-vous !
-Oui !
affirmèrent-ils avec force et conviction.
Ça y est... Ils arrivent. Il va falloir se battre. Même si nous remportons le combat, comment faire pour qu'il nous soit profitable ? Roucarnage avait déjà disparu et Absol venait de demander à la cantonade où se trouvait Kirlia. Grimpal secoua la tête : il devait trouver Givrali pour discuter stratégie avec elle. Le plus important était comment faire pour que tous les pokémons sauvages qu'ils allaient affronter soient exclus de la guerre sans pour autant avoir à les tuer. Grimpal comptait bien insister sur ce point : ce n'est pas en tuant quelques-uns de leurs adversaires qu'ils les feraient définitivement capituler. Comment organiser les groupes de combat ? Quel rôle allaient prendre les enfants durant la bataille, et les habitants ? Comment gérer les objets avec efficacité malgré le chaos de l'escarmouche ? Autrefois, Grimpal avait su gérer de tels affrontements. Mais cette fois-ci, gagner ne suffisait pas. Et Grimpal était bien décidé à faire de ce combat le début de la fin de la guerre.

Tout le monde était rassemblé. Du coin de l'œil, Grimpal aperçut Célébi hocher la tête pour confirmer qu'il ne manquait personne. Grimpal et Givrali était sur le promontoire. Le couple symbolique de la Compagnie Miracle allait donner les ordres à exécuter pour surmonter cette nouvelle épreuve. Personne n'avait peur contrairement à ce que s'attendait Grimpal. Givrali avait raison : c'était de la nervosité. Ils avaient tous hâte de découvrir la façon dont ils devaient mener le combat. Grimpal s'éclaircit la gorge avant de s'adresser à toute la Compagnie. "Ecoutez-moi ! Comme vous le savez, l'armée de Raikou fond droit sur nous. Ils seront là dans moins d'une heure et croyez-moi, vous serez prêts à les accueillir ! Tout d'abord, sachez que je veux que les équipes restent entre elle. Vous avez tous créé des liens puissants entre vous depuis la création de la Compagnie. Vous connaissez vos partenaires, vos coéquipiers, plus que vous ne me connaissez moi-même. Les secouristes seront sous les ordres de Massko et Pikachu comme à leur habitude. Il en va de même pour les policiers avec Ectoplasma et les explorateurs avec Zoroark et Givrali. Quant à moi, je vais m'occuper de ceux qui ne font partie d'aucune équipe. Cependant, je tiens à laisser le choix aux habitants ordinaires : soit vous choisissez de me rejoindre sur le front et vous serez donc sous mon commandement, soit vous rejoindrez les enfants en retrait et les défendrez au péril de votre vie et ce sous la direction de Célébi. Je compte aussi établir à nouveau le système de binôme. Le principe est simple : choisissez un partenaire au sein de votre équipe. Vous vous surveillerez mutuellement. Si l'un des deux tombe au combat, l'autre devra le mettre en sécurité avec les enfants et rejoindra le bataillon de Célébi. Pour toute blessure grave vous empêchant de vous rétablir avec les Baies Oran, c'est Célébi qu'il faut retrouver encore une fois. Je rappelle aussi qui si nous devons battre en retraire, le tunnel de Sablaireau dans le flanc de la colline à l'arbre est enfin terminé. Et le lac est sûrement une échappatoire aussi sûre que le tunnel. Je sais que ça fait beaucoup d'informations d'un seul coup mais il faut faire vite pour se préparer. Maintenant, je vais emmener les enfants et les habitants avec moi pour s'organiser tandis que Givrali va expliquer aux combattants quelle est sa stratégie. Ne m'attendez pas pour prendre place ! Compagnons : bonne chance !" Grimpal sauta sans attendre du haut promontoire. Il se dirigea vers la place principale du camp avec à sa suite la dizaine d'enfants et la douzaine d'habitants.

Givrali dévisageait un à un les nombreux combattants face à elle. Ils étaient au nombre de vingt-cinq. L'armée qui arrivait vers eux était estimée à soixante-dix pokémons sauvages. Ils allaient devoir exécuter la stratégie de Givrali avec efficacité s'ils voulaient avoir une chance. "Soyez bien attentif. Ce que je vais vous dire, je ne le répèterai pas. Avant de parler stratégie, je vais vous communiquer les ordres de Grimpal. Comme vous le savez, nos adversaires viennent détruire notre camp et tuer Grimpal. En théorie, ils n'ont rien de personnel contre vous. Soyons francs une minute. Vous vous voyez comme des héros, n'est-ce pas ? Peu importe à quelle équipe vous appartenez ni à quel chef vous avez prêté allégeance. Rassurez-vous, vous êtes des héros ! Vous avez sauvé des vies et assuré la sécurité et le développement de tous les habitats, civilisés comme sauvages. Avant le début de la guerre, vous étiez acclamés peu importe où vous alliez. Vous savez tous que vous faites le bien autour de vous. Alors vous devez et je suis sûre que vous serez d'accord avec moi, défendre vos vies et celle de vos compagnons à tout prix ! Mais, je tiens à vous rappeler qui sont vos adversaires. Ce sont des pokémons vivant dans une communauté différente de la nôtre et nous voyant comme dangereux. Eux aussi ont une vie, eux aussi sont les héros de chez eux. Mais eux ne vous verrons pas comme ça. Ils tenteront de vous tuer car vous êtes nocifs pour leur communauté. S'ils y parviennent, ils rentreront en héros chez eux. Et nous gagnerons quoi à les tuer ? A tuer des héros ? De vrais héros différents des nôtres ? Nous ne pouvons pas nous le permettre. C'est un ordre que je vous donne à tous : ne blessez ni tuez personne ! La première personne qui tuera un adversaire sans y avoir été contraint se verra banni de la Compagnie Miracle. Est-ce que c'est compris ?!" Givrali avait mis toute sa force dans sa voix, dans son discours. Elle avait fait partie des pokémons sauvages avant de rencontrer Zoroark, elle savait qui ils étaient, en partie du moins. Elle ne pouvait pas se résoudre à les affronter. Et pourtant, ils allaient attaquer. D'une minute à l'autre, ils seraient dans le camp, prêts à tout détruire. Givrali baissa la tête. La foule devant elle ne disait rien, sûrement perturbée par l'impératif imposée par le stratège. Ils allaient se battre tels de justiciers face à des personnes qui n'ont aucune mauvaise intention de leur point de vue. Givrali avait raison : le meilleur moyen de leur montrer qu'ils n'étaient pas un problème était de les vaincre sans pour autant devenir agressifs ni meurtriers. Givrali reprit son souffle et se lança une seconde fois : "L'objectif est simple : les forcer à capituler en minimisant les morts et les blessés de chaque parti. Pour les convaincre que nous ne sommes pas des assassins, il faudra prendre l'avantage de manière significative et ne pas en profiter ! C'est difficile à croire mais il n'y a que ça pour les inciter à stopper le combat. S'ils sont en position de faiblesse mais que nous leur accordons notre clémence, ils finiront par capituler, ne voyant pas en nous ce qu'ils nous reprochaient en venant ici. Et pour prendre cet avantage, le principe est simple : il nous faudra vaincre leurs leaders ! Ils viendront en compagnie de Raikou, nous le savons déjà. Mais ce n'est pas tout ! Je doute que Raikou soit le seul à diriger une troupe de plus de cents combattants. Il a falloir trouver qui sont à la tête de chaque détachement et les pousser à se replier. Et pour ce faire, il va falloir être organisé. Tout d'abord, l'Equipe Outre-Tombe, avancez je vous prie."
Ectoplasma se démarqua de la foule, se mettant exactement sous Givrali. En quelques secondes, Absol, Feuforêve, Pyroli ainsi que cinq autres pokémons le rejoignirent. Ils représentaient fièrement l'élite des combattants présents sur la place, entraînés au combat pour arrêter les hors-la-loi. Le calme exhalait de leur corps comme si ils avaient été préparés toute leur vie à ce moment. "Ectoplasma, ton équipe et toi serez les piliers du front. Vous n'êtes pas nombreux mais vous savez vous battre en infériorité numérique. Vous devrez tenir vos positions le plus longtemps possible et repérer les cibles à abattre." Givrali fit un mouvement de tête, invitant les nominés à rejoindre leur poste aux portes de la Compagnie. Givrali balaya l'assemblé d'un regard froid. "Massko, rassemble ton équipe et vient au pied du promontoire." Massko se leva et fit un grand signe de la patte à l'assemblée. Bientôt, douze pokémons, parmi lesquels on retrouvait Pikachu, Galifeu, Draco et bien d'autres, encadraient le promontoire. Givrali ne put s'empêcher de sourire à Massko. C'était une vieille amitié qui venait de se refléter dans ce sourire hors-contexte. "Bien... Massko, divise ton groupe en deux, toi et Pikachu à la tête de chacun. Massko, ton détachement aura pour objectif de tomber Raikou. Il faudra être rapide, efficace et prêt à affronter sa garde rapprochée. Je sais que tu es capable d'affronter seul à seul leur meneur mais tâche de prendre les plus forts membres de ton équipe afin de faire face aux proches du pokémon légendaire. Quant à toi, Pikachu, je veux que tu assailles tous les groupes qu'Ectoplasma aura repérés. Dès qu'il signalera quelqu'un qui peut être un commandant, tu l'intercepteras avec ton équipe et vous le ferez tomber au plus vite. Si tu peux faire ça, la bataille peut être considérée comme remportée." Givrali fit de même avec Massko et Pikachu. Les deux meneurs se saluèrent avant de prendre deux chemins différents, leur groupe derrière eux. Massko s'interrompit en sautant aux côtés de Givrali. Il vint rapidement lui glisser un message dans l'oreille. "Je t'en prie, ne laisse pas Célébi rejoindre le combat." Givrali écarquilla les yeux. Alors qu'elle allait exiger une réponse, Massko était déjà reparti. Mettre à part Célébi ?! Mais elle est la seule personne qui pourra nous sauver si ça tourne mal ! Et elle sait se battre, c'est même Massko qui le lui a appris ! Comment peut-il dire une chose pareille ?! L'esprit de Givrali s'était embrouillé. Massko venait de lâcher une demande lourde sur les épaules de la femelle. Elle comptait justement sur Célébi pour remonter le temps si le combat tournait au vinaigre. Et voilà que, sans raison apparente, elle était censée la mettre à l'écart. Quoi que tu aies en tête, Massko, j'espère que ça ne causera pas notre perte. On verra si j'ai eu raison de te faire confiance. Givrali secoua la tête frénétiquement pour chasser les mauvaises pensées qui n'avaient pas leur place dans un temps aussi critique. "Zoroark, mes explorateurs, rapprochez-vous." Les membres sous les ordres de Givrali et de son partenaire se rallièrent à ses côtés. Ils étaient au nombre de quinze, presque que des nouvelles têtes datant des cinq dernières années. "Kirlia, j'ai une mission spéciale pour toi. Je veux que tu t'occupes de toutes les communications entre les groupes. Chaque information que transmet Ectoplasma doit arriver aux oreilles de tout le monde. Ce sera épuisant, je sais, mais si tu t'occupes de faire le relais dans l'entrepôt tu auras tout le nécessaire pour régénérer tes forces. Nous sommes à moins de cinquante contre plus de cent. Si nous ne sommes pas synchronisés, nous perdront à coup sûr. Zoroark, tu ne prendras pas le contrôle de notre équipe cette fois-ci. Je veux que tu sois en duo avec Grimpal et que tu suives ses ordres à la lettre. Je suis sûr que vous deux ferez la différence lors de la bataille. Entre tes illusions et ses capacités défensives, vous pourrez renverser un combat. Si à un endroit du champ-de-bataille ça vire au massacre, Kirlia vous le dira et vous interviendrez. Vous serez notre équipe d'intervention d'urgence. Les autres, vous vous répartirez dans le camp. Vous connaissez nos différents points stratégiques. Vous vous mettrez par deux pour les défendre. Vous protégerez donc le camp d'invasion en profondeur ! Je compte sur vous, c'est vous qui empêcherez nos adversaires de détruire ce que nous avons construit durant ces cinq dernières années." Givrali sonna le ralliement avant de disperser la troupe. Le combat était à leur porte mais Givrali avait pris toutes les précautions pour surmonter l'escarmouche. Ils viendraient à bout de Raikou, elle le savait, mais la question qui tournait et retournait dans sa tête était : A quel prix ?

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