Chapitre Dix-huit - Réaction

Un jour complet est passé depuis l'arrivée des deux scientifiques. C'était le temps qui leur avait fallu pour s'intégrer au groupe. Lougaroc avait décidé de rejoindre les policiers pour remplacer Absol de manière temporaire. Elle semblait vraiment tenir à se faire pardonner pour ce qu'elle avait fait. Les deux autres s'étaient alliés avec les explorateurs pour construire une masure temporaire. D'après leurs estimations, ils allaient avoir besoin d'au moins six mois pour étudier le cas de Massko et trouver une solution. Heureusement pour eux, les compagnons les accueillaient à cœur joie. Tout le monde avait espoir en eux. Tous voulaient croire au rétablissement de leur tant aimé secouriste. Grimpal était particulièrement inquiet à son sujet. Cela faisait trois jours qu'il n'était pas sorti de chez lui et les seules personnes qu'il avait vues depuis étaient Vraal, Vigaume et Grimpal. Les raisons pour lesquelles il se cachait étaient inconnue. Cela pouvait être autant de la crainte de recommencer ou la honte de s'être emporté au point d'attaquer son ami.
Mentali passa la tête par l'entrée de l'habitation :
-Est-ce que je peux entrer ? fit-elle de sa belle voix.
-Fais comme chez toi. A qui ai-je l'honneur ? demanda Massko d'un ton ravi.
-Je suis Mentali, scientifique spécialisée dans l'aura.
Massko s'assombrit soudainement. Il savait qui elle était. Il avait déjà entendu ce nom. C'était elle qui avait envoyé le frism. Massko l'avait caché aux autres afin que personne n'apprenne pour son problème d'instabilité. Seulement, tout le monde savait désormais. Massko se vit contraint de reconnaître son impuissance : il avait besoin d'aide. Il avait envie d'aller mieux. Bien qu'une voix dans sa tête lui hurlait de ne pas écouter Mentali, une autre voix lui ordonna de lui faire confiance. Cette seconde voix, c'était la raison.
-Je t'écoute, lança finalement le pokémon-gecko.
-J'aimerais que tu me dises comment tu te sens lorsque tu perds contrôle.
-Eh bien... Contrairement à ce que tout le monde pense, ça n'arrive pas que dans les combats. Il m'arrive parfois d'avoir des coups de sang qui me font déborder de violence. Avant que ça arrive, je ressens comme une douleur dans la poitrine ainsi que l'adrénaline qui monte. C'est comme si... je devais déverser ma force sur quelqu'un. Grimpal pense que c'est parce que mon corps n'est pas assez fort pour contenir mon aura mais je sais que ce n'est pas ça. C'est une conséquence, certes, mais l'élément déclencheur est tout autre.
-Et connais-tu ce facteur déclencheur ? Si tu pouvais me le donner, on pourrait trouver un moyen d'empêcher que ça se reproduise.
-Mentali... Je vais devoir t'expliquer l'origine de ce qui m'arrive. Es-tu sûre de vouloir l'entendre ?
-Evidemment ! Peu importe la raison, il faut que tu guérisses. Je suis prêt à encaisser ton histoire.
-Très bien... Tout remonte à il y a presque six ans...
commença Massko.
Mentali écoute l'histoire de toute son âme. Au fur et à mesure que l'histoire progressait, elle sentait son corps se décomposer. Rien de ce qu'elle avait pu imaginer n'atteignait l'histoire de Massko. Des larmes de tristesse coulèrent sur ses yeux mais son visage était parfaitement figé. Une pensée traversa l'esprit de la femelle : Cours ! Fuis ! Tu n'as rien à faire là ! Ce n'est pas de ton gabarit ! Mais Mentali tint bon. Elle était sûre d'une chose : elle avait bien fait de venir. Massko baissa la tête, honteux. Son histoire terminait, il attendait un commentaire de Mentali. Cette dernière lui sourit gracieusement et dit "Tu n'as pas à t'en faire. Ce sera long mais je suis sûre que nous trouverons une solution !". Mentali se tourna et quitta la masure avant même que la réponse de Massko ne lui parvienne. Elle ne voulait pas en entendre plus. Les autres compagnons sont-ils au courant ?! pensa-t-elle, paniquée. Si ce n'est pas le cas, on court à la catastrophe ! Mentali commença à accélérer le pas à travers le camp à la recherche de Grimpal ou de Givrali. Elle avait bien en tête de raconter à l'un des deux tout ce qu'elle savait de Massko. Elle pouvait sentir son cœur se serrer. Le destin du pokémon-gecko allait s'annoncer tragique, elle pouvait le sentir. Si elle et son frère n'arrivait pas à le sauver, Massko emprunterait un chemin dont on ne peut plus s'échapper. Mentali pressa encore le pas. Elle avait beau être consciente qu'une minute de plus ou de moins ne changerait rien, elle sentait que si elle ne se hâtait pas, tout était perdu. Elle n'était sûrement pas loin de la vérité.
Elle se précipita vers Grimpal lorsqu'elle le vit proche du tunnel d'urgence.
-Grimpal ! s'époumona-t-elle de toutes ses forces.
-Mentali ! Ça fait plaisir de voir que ça va mieux !
-Est-ce que je peux te parler... en privé ?
-C'est si urgent ?
-Question de vie ou de mort.
-J'arrive tout de suite. Vous avez entendu ? Je vous laisse, continuez de renforcer le tunnel
, ordonna Grimpal en s'adressant aux quelques secouristes.
L'état agité de Mentali avait déjà alerté Grimpal. Les deux pokémons montèrent sur la Colline à l'Arbre. Grimpal força la femelle à reprendre son calme pour enfin se prononcer sur ce qu'elle avait à dire. Mentali, très loin d'avoir repris son fameux calme, plongea ses yeux dans ceux de Grimpal et commença à parler :
-C'est à propos de Massko. Je sais que tu ne saisis pas la nature de ce qui lui arrive mais sais-tu seulement pourquoi ça arrive ?
-Non, absolument pas. Pourquoi ? Ne me dit pas qu'il le sait !
-Bien sûr ! Mais pourquoi n'en a-t-il parlé à personne ?!
s'étrangla Mentali.
-Alors explique-moi ! Peut-être nous pourrons faire quelque chose à son sujet !
Mentali hocha la tête et prit une grande respiration. Sa voix mourut dans sa gorge. Elle n'arrivait plus à regarder Grimpal dans les yeux. Ce qu'elle était sur le point de lui dire le briserait. Mais pourtant elle savait comment le lui dire. Elle savait comment il allait réagir. Elle savait quelles mesures il prendrait vis-à-vis du mal de Massko. Elle savait que tout ça allait mal finir. Elle savait que c'était mal de le lui dire.
-J-Je... Je pense que Massko avait raison de garder ça pour lui... lâcha-t-elle enfin, la culpabilité du témoin et la honte la rongeant jusque dans son âme.
-Pardon ?! s'étrangla Grimpal. Mais alors que peux-tu me dire à la fin ?!
-Eh bien... Massko... Je ne pense pas qu'on puisse le guérir.
-Quoi ?! C'est pas vrai...
-Je pense qu'il n'y a qu'une solution : faire la même chose avec lui qu'avec Lougaroc. Il faut réussir à agir psychologiquement pour séparer ses deux personnalités.
-Et ce sera long ?
-Oui. Entre six mois et un an.
-C'est trop long ! C'est la guerre, Mentali !
-Et tu préfèrerais que ce soit la guerre au sein de ta propre compagnie, peut-être ? Je n'ai rien d'autre à proposer. Ce qu'a Massko... est incurable. La seule chose qui le guérira est la mort. C'est attaché à son âme, à son aura. On ne peut plus rien y faire.
-Je... Je comprends. D'accord. Faites ce que vous avez à faire. Je vous confie sa garde. Mais je vous en prie, limitez les risques. Je ne peux pas le perdre.
Mentali hocha la tête d'un air grave. Son sérieux était revenu violement sous le coup de l'inquiétude. Elle regarda Grimpal lui tourner le dos et descendre la colline d'un air abattu. Elle était ensevelie de tristesse. C'est comme si... la Vie elle-même tendait à mettre fin à la leur. Peu importe la tournure que prendront les choses, ça ne pourra pas bien finir. Massko en a déjà conscience. Mentali ne se faisait pas d'illusions. Elle et son frère seraient impuissants face à Massko. C'était un duel entre eux et son mal qu'ils ne pouvaient gagner. Massko avait en lui le destin. Sa mort était gravée dans son âme comme une bombe à retardement. La question qui trottait dans la tête de Mentali était : "Combien de personnes entrainera-t-il dans sa chute.". De cette même question en découlait une autre bien plus importante : "Pouvons-nous l'aider à limiter les dégâts ?". Mentali suivit Grimpal vers le village, la mort dans l'âme.

Zoroark esquiva la gerbe d'eau qui devait l'atteindre. Il ne chercha pas à riposter, au contraire. Il se contenta de provoquer Vigaume. "Alors comme ça, tu as pris ta force de ta mère ? Pas de chance !" le nargua-t-il. Les deux combattants s'affrontaient amicalement dans le but de voir si Vigaume était prêt à se battre aux côtés des explorateurs comme il le voulait. Vraal, sur le côté, regardait le combat en souriant. Elle prenait son pied. De son point de vue, Vigaume réussissait tout ce qu'il faisait. Il se sortait toujours des pires situations par sa seule hargne et intelligence. Le voir se faire malmener par l'adulte le plus immature de la Compagnie était plutôt réjouissant. Vigaume lui semblait beaucoup moins impressionnant maintenant.
Zoroark recula afin d'esquiver une charge de Vigaume. Celui-ci lança une gerbe de boue dans sa direction à l'instant précis où il toucha le sol. Zoroark l'avait malgré tout vu venir et balaya la boue comme si c'était de la poussière. Soudain, Vigaume lui tomba sur la nuque de toutes ses forces. Zoroark se figea. Il était dans l'incompréhension la plus totale. Il se leva doucement et saisit le pauvre pokémon qui avait tenté de le plaquer. Vigaume n'était clairement pas assez lourd pour mettre au sol son mentor de cette façon. Mais le regard noir que lui jeta le pokémon sombre lui glaça le sang.
-Comment as-tu fais ça ? grogna Zoroark. Comment t'es-tu téléporté du sol sur ma nuque en moins d'une seconde et ce, sans objet ? Explique-moi !
-J-Je vais t'expliquer ! Repose-moi, Zoroark !
Le mentor reconnut qu'il s'était emporté. Ce ne fut pas pour autant que son regard plein de reproches disparut. Le pokémon avait triché mais là n'était pas le problème. Zoroark était d'ailleurs plutôt enclin à ce que son apprenti ne soit pas loyal. Après tout, un combat doit être remporté par tous les moyens. Seulement, ce qu'il avait fait était physiquement impossible. Pour son attaque Coud'Boue, Vigaume avait balancé tout son poids en arrière. Normalement, le temps de récupérer son équilibre, Zoroark aurait eu le temps de contrer l'attaque. Seulement, durant ce laps de temps minuscule, il s'était retrouvé au-dessus de lui comme par miracle. C'était donc impossible. Et Vigaume devait en donner l'explication.
"C'est Vraal qui m'a aidé ! Elle m'a téléporté au-dessus de toi pour que je puisse te porter ce coup ! Depuis l'affrontement contre Raikou... En fait, lorsque Célébi a appris pour notre expédition en solitaire, elle a décidé d'apprendre quelques trucs à Vraal. La téléportation en fait partie. Mais Vraal a réussi à développer son tour jusqu'à être capable de téléporter une cible unique et sur une courte portée. Pas mal, hein ?". Vigaume semblait véritablement fier de lui et de sa petite stratégie. Zoroark savait très bien qu'il allait lui passer un savon pour avoir triché, bien qu'il aime le voir tout tenter. Cependant il comptait bien s'intéresser au cas de Vraal. Cette dernière allait être le partenaire de Vigaume pour un bout de temps, ça semblait évident. La fille de Massko semblait avoir un grand potentiel et bien différent de celui de sa mère. Elle devait tenir cette force de son père, évidemment. Mais Zoroark était curieux de voir de quelle façon elle allait développer ses pouvoirs.

Luxray regarda tristement Feuforêve. Elle était enfouie dans la fourrure du mâle et elle pleurait. Cela faisait plus d'une heure qu'elle était dans cet état. Luxray était peiné pour elle. Après tout, elle avait été forte face à Absol. Elle avait tout fait pour se montrer positive. Elle tenait absolument à lui prouver qu'elle s'en sortirait sans lui. Mais face à ce triste spectacle, Luxray avait la réponse. La femelle n'arrivait pas à se remettre de l'état du pauvre pokémon ténébreux. Luxray enlaça tendrement Feuforêve.
-Tu sais, il pourra toujours être heureux... Même s'il ne se bat plus aux côtés des policiers... chuchota-t-il.
-Je-Je sais... se lamenta Feuforêve. Mais Absol ne mérite pas ça... Il s'est tant donné pour nous ces dernières années. Il m'a sauvé la mise tant de fois. Il était prêt à se sacrifier pour nous faire gagner un peu de temps face à Raikou. Absol était un combattant de valeur. Et aujourd'hui, c'est terminé...
-Tout ira bien, Feuforêve. Je suis là...
murmura Luxray en collant la pauvre femelle en détresse au creux de son cou.
-Je sais que tu es là pour moi... Je t'aime, Luxray...
-Moi aussi, Feuforêve...

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