Chapitre Vingt-Neuf - La fin du monde

Evoli s'allongea aux côtés de Grimpal. Elle avait mal partout mais cela lui importait peu. Ce qui comptait, c'est qu'ils avaient vaincu Groudon et que personne n'aie été gravement blessé. Elle avait raccompagné Zorua chez lui car il était le plus affecté de tous. Sa dernière attaque l'avait poussé au-delà de ses limites à tel point qu'il en était difficile pour lui de marcher. Grimpal avait épaulé Sablaireau pour le ramener chez lui. Lui ne sentait plus ses pattes. Il avait maintenu Groudon à la force de ses griffes plus de trois fois et son corps en payait le prix. "Au fait, Arcko n'est pas avec nous pour fêter notre victoire ce soir ?" demanda-t-elle, intriguée. Grimpal lui répondit qu'il avait décidé d'aller voir les Hélédelles chez eux pour prendre connaissance de ce qu'ils avaient fait lorsqu'ils les avaient laissé avec Tyranocif et Dracaufeu. Evoli soupira légèrement. Elle était soulagée que tout soit fini. Ils avaient réussi. Le monde était sauvé de la fureur de Groudon. Désormais, ils allaient reprendre le sauvetage comme avant. Comme avant... pensa-t-elle en baissant la tête. Elle s'inquiétait pour Roucarnage. Il n'était toujours pas revenu. Les sauveteurs avaient passé deux jours dans la Mine Magma. Cela faisait donc quatre jours que Roucarnage avait disparu. Elle savait qu'elle n'était pas la seule à s'inquiéter. Et Arcko devait l'être plus que quiconque. C'était la première recrue de leur équipe. Il était si proche du chef. Et voilà qu'il n'est plus là. Un manque terrible pesait sur le cœur de tous.

La nuit était tombée depuis longtemps. Le couple revenait de la Place Pokémon. Tout le monde s'était réuni et avait patienté au retour des Hélédelles. Ils avaient raconté à tous les autres ce qu'il s'était passé en bas et qu'au moment où ils parlaient, l'Equipe de secours Bleue était sûrement en plein combat contre Groudon. A leur retour, ils avaient été acclamés pour leur exploit. Comme l'avait dit Alakazam, personne ne les aurait cru capable d'un tel acte. Malheureusement, Arcko avait décidé de rejoindre directement les Hélédelles à leur retour. Seuls Evoli et Grimpal s'étaient donc rendus sur la Place pour raconter ce qu'ils avaient traversé. La nuit était tombée lorsqu'ils eurent fini leur discours. L'effort de prendre encore un dernier instant pour rappeler ce qui s'était passé en bas les avait lessivé. Leur moral était aussi bas que leur état de santé. Mais Evoli en était persuadée: Une bonne nuit de repos et tout redeviendra normal. Notre vie va pouvoir reprendre. pensait-elle. Je me demande vraiment ce qu'à prévu Arcko vis-à-vis de Roucarnage. Elle ferma les yeux en imaginant le chef donner des directives. Mais elle était trop fatiguée pour réfléchir à la meilleure option. Elle s'effondra sur les pattes de Grimpal qui vint poser son menton sur la tête de la femelle.
-Ça veut dire que nous ne sommes que tous les deux ce soir, Grimpal... dit-elle en souriant.
-Ça veut surtout dire que tu vas pouvoir dormir. Et attention, je te surveille ! Tu as intérêt à être en pleine forme demain, répliqua-t-il avec tendresse.
-Je t'aime, lança-t-elle avec la même douceur.
-Moi aussi, je t'aime.

Etrangement, Gardevoir ne lui eut pas rendu visite ce soir. Grimpal commença à croire qu'elle-même ne choisissait pas les fois où elle le rencontrait dans son sommeil. Il ouvrit les yeux lentement. La première chose qu'il vit fut Evoli, toujours affalée sur lui. La fatigue lui avait fait perdre sa grâce naturelle mais Grimpal en était amusé plus qu'autre chose. Il la déposa sur la couche avant de se diriger dehors. Dans l'entrée de leur base se tenait un pokémon. Bizarrement encore, le soleil était déjà bien haut dans le ciel et aucun de ses compagnons n'était arrivé. Seul se tenait debout Pikachu. La surprise de Grimpal le força à réfléchir sur l'objet de sa venue. Mais c'était une personne si originale et si étrange et que Grimpal n'arrivait pas à comprendre qu'il en déduit qu'il avait pu arrivé ici sans raison particulière. Il s'approcha gaiement pour aller saluer son ami.
-Bonjour Pikachu ! lança-t-il.
-Eh bien... J'ai failli m'inquiéter. Vous êtes matinaux normalement. Enfin... Après la journée que vous avez passé, vous méritez bien un peu de repos.
-Je ne te le fait pas dire... Alors, comment allez-vous chez les Rouges?
-Non, désolé, n'en parlons pas. Je suis venu en tant que Pikachu et non pas en tant que meneur de l'équipe Rouge.
-Ah bon... Alors je t'écoute.
Le pokémon-souris prit une grande inspiration, puis une deuxième et se lança: "Je ne sais pas par quoi commencer. En tant qu'ami, j'aurais tendance à te hurler dessus pour avoir pris tant de risques à répétition. Mais d'un autre côté, je devrais te remercier pour tout ce que tu as fait. Et en tant que meneur, je devrais aussi me fâcher pour ce que tu nous a fait subir ! Mais je dois aussi te féliciter pour tes exploits. Comme tu peux le voir, c'est tout un programme... Cela fait très longtemps que nous avons pas discuté juste toi et moi. Depuis ton exil il me semble. Est-ce que tu te rends compte des risques que vous vous êtes imposés durant ces deux longs mois ?! Vous avez failli y laisser la vie ! Plusieurs fois ! Alors que je t'avais dis que je te confiais la vie d'Arcko, de MON Arcko ! De plus, nous avons dû combler le vide que vous avez laissé. Nous avons été surmené pendant votre absence. Mais cela n'a pas été que négatif. Les pokémons ont reconnu notre valeur dans nos efforts. Tout comme vous, nous nous sommes donnés autant que possible pour vous couvrir. Et voilà que maintenant, vous avez décidé d'affronter Groudon, seuls contre lui ! Nous aviez-vous oublié ? Dois-je te rappeler que nous ne sommes pas votre faire-valoir ? Avec Arcko, nous nous sommes lancés en compétition. Amicale bien sûr. Mais comment puis-je te pardonner ?! Il a failli mourir plusieurs fois par ta faute ! Alors que je faisais confiance ! Et à cause de toi... A cause de toi nous passons au second plan à ses yeux... Poussifeu et moi... Et notre équipe passe au second plan aussi puisque vous prenez les devants à tout. Vous ne vous êtes même pas dit que peut-être nous étions sur la route pour vous rejoindre au fond de la Mine Magma ! Au péril de vos vies, vous vous êtes accaparés tout le mérite ! Et même si c'en était pas le but, te rends-tu compte à quel point c'est vexant pour nous tous ?" Pikachu bouillonnait de rage. Grimpal serrait les dents. Comme d'habitude, tout ce que disait le meneur était vrai. Ils avaient payé les conséquences de leurs bêtises, plus que tous les autres.
-Tu as raison Pikachu... Je suis désolé... fit Grimpal honteux.
-Non. Ce n'est pas ce que j'attends de toi Grimpal. J'ai dit que je venais en tant qu'ami, ton ami, pas celui d'Arcko. Relève la tête. Tout ça... Je voulais te dire que c'était terminé.
-Comment ça ?!
répliqua le pauvre pokémon qui subit le choix de Pikachu comme un couperet.
-C'est décidé Grimpal. Désormais, nous ne serons plus au second plan. A partir de maintenant, vous risquerez votre vie avec nous ! Nous refusons de vous laisser partir devant, indisciplinés comme vous êtes. Vous allez laisser faire les grands. Il est hors de question qu'Arcko soit le seul à couvrir tes arrières, Grimpal. Après tout, je suis ton ami non ?
Grimpal ne trouvait pas les mots. A la fois, il se sentait coupable et reconnaissant. Il était vrai que Pikachu veillait sur lui dans l'ombre depuis leur premier face-à-face. Il était rassuré de savoir que même l'Equipe de secours Rouge était derrière lui. Non, pas derrière, à mes côtés ! pensa Grimpal, heureux. Pikachu se retira brusquement comme à son habitude. L'étrange ami d'enfance d'Arcko ne finissait pas de le surprendre. Une fois seul, il baissa la tête et se mit à réfléchir. Tout va bien. La seule chose qu'il manque pour que la vie reprenne son cours est Roucarnage...

L'après-midi commençait lorsque Arcko réunit l'équipe presque complète. Seul Zorua était encore chez lui car il était trop mal en point pour participer aujourd'hui. Une question brulait sur toutes les lèvres: qu'allons nous faire pour Roucarnage ? Arcko commença à donner des directives banales à la grande surprise de tous. "Aujourd'hui je veux que vous passiez une journée de routine mais simple. Vous allez chacun travailler de votre côté et vous allez effectuer des missions simples et vous ménager. Des objections ?" Tout le monde se regardait de travers. Des grimaces apparurent sur le visage de Grimpal et Evoli. C'est Absol qui prit l'initiative de demander à Arcko. "Et... Pour Roucarnage ? Qu'est ce qu'on va faire ?" Arcko lâcha un long soupire affligé.
-Rien, répondit-il sèchement.
-Quoi ? lança Evoli.
-Tu peux pas le laisser comme ça ! Nous devons partir à sa recherche ! hurla Grimpal.
-Ils ont raisons, Arcko, ajouta Sablaireau, tu ne peux pas abandonner l'un des notre. Nous sommes une équipe, n'est-ce pas ?
-Ne soyez pas ridicule et ne remettez pas en cause mon choix
, continua le chef, borné en se détournant.
-Non Arcko ! Tu n'as pas le droit ! supplia Evoli. Toi plus que tous tu devrais savoir que...
-Oui je le sais bien !
la coupa-t-il dans un élan de furie qui l'avait poussé dans les larmes. Mais réfléchissez un peu ! On ne sait pas où il est et nous n'avons aucun indice. De plus on a besoin de nous ici. Nous ne pouvons pas faire comme vous et aller le chercher à l'autre bout du monde sans savoir si nous le retrouverons un jour... Je ne suis pas indifférent à ça et vous le savez... Mais je me dis que si nous partons et qu'il revient, qui nous le dira ? Et est-ce que lui restera en voyant que nous sommes partis ? La seule alternative est de l'attendre...
Tout le monde se tut. L'état d'Arcko affectait tout le monde. Ils avaient déjà vu Arcko dans un état où il avait été bousculé émotionnellement mais ici ça n'avait rien à voir. Arcko n'était plus lui-même. Tout le monde s'éloigna au fur et à mesure. Si bien qu'au bout de quelques minutes, il ne restait plus qu'Arcko recroquevillé sur le promontoire et Grimpal qui s'approcha de lui pour lui remonter le moral.

"Arcko... Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu n'es pas toi-même aujourd'hui..." Grimpal semblait bien trop inquiet au goût d'Arcko. Seulement, personne ne pouvait comprendre ce qu'il ressentait à l'instant. Depuis qu'il avait vu Grimpal affronter Sulfura et Artikodin jusqu'aux portes de la mort, Arcko faisait des cauchemars où ils voyaient ses amis disparaitre pour toutes les raisons possibles: la honte, l'impuissance, le destin, l'appel d'un autre devoir, un simple accident, un échec insurmontable moralement. Et ce cauchemar semblait se mettre en route. Il avait tout fait pour éviter ça, jusqu'à materner chaque secouriste en les gardant près de lui et en faisant tout pour éviter quelque danger. Et Roucarnage les avait abandonné. La raison ? Arcko ne voulait même pas en prendre conscience. Le pokémon-gecko raconta le contenu de ses cauchemars à son partenaire. Grimpal sembla comprendre ce qu'il ressentait mais que lui n'avait pas besoin de cauchemar pour ressentir la même chose. Le seul élément qui le faisait tenir face à l'absence soudaine de Roucarnage était la confiance qu'il avait placé en lui. "Roucarnage est fort. De plus, il est notre ami. S'il le peut, il reviendra." Grimpal avait l'air trop sûr de lui pour Arcko. S'il le peut... De toute façon nous ne pouvons rien faire. Arcko secoua la tête. Il ne se sentait pas mieux mais il devait mettre ça de côté car une longue journée l'attendait. Ses devoirs de chef nécessitaient une concentration maximale et il ne pouvait pas craquer devant ses propres amis. Leur briser le moral était la pire chose à faire. Et, si solution il y avait, alors il finirait pas la trouver. Il hocha la tête en murmurant une excuse brève pour son partenaire. "Tant que tu es là pour m'épauler, Grimpal, alors rien ne peut m'arrêter." La phrase affective du pokémon-gecko rendit le sourire aux deux chefs. Et, tous les deux, ils se dirigèrent vers la Poste Bekipan pour choisir une mission.
Ils croisèrent Médhyéna et Alakazam en chemin. Ils semblaient discuter de quelque chose toujours bien trop grand pour eux mais cette fois-ci, ils ne tinrent pas les deux acolytes hors de la discussion. Arcko fut touché par ce geste: Alakazam les considérait enfin comme des grands secouristes. Il réussit donc à attraper quelques bribes de la conversation.
-Les six oracles sont passés en action Alakazam, dit Médhyéna au grand leader.
-Comment ça ? répondit l'intéressé, intrigué.
-Nous avons repéré de signaux télépathique qui circulaient entre Xatu, Feunard et les autres endroits où on a estimé la présence des quatre autres oracles.
-Joignez-vous à nous, tous les deux !
fit amicalement Alakazam au jeune tandem. Mais la question qu'on doit se poser, Médhyéna, c'est: que cherchent-ils ?
-Nous savons ne savons pas... La seule chose qu'on sait, c'est que ceux qu'ils ont envoyé sont ici. Vous devriez les connaître d'ailleurs, Grimpal et Arcko. Zorua a été envoyé par l'oracle du nord-ouest. Nous ne le connaissons pas mais nous savons qu'il le représente.
Les deux chefs ouvrirent des yeux ronds. Alors comme ça, nous avons des élus parmi nous ! Mais pourquoi ne nous a-t-il rien dit ? pensa Arcko.
-Continue, Alakazam. Ça nous intéresse, lâcha Grimpal pendu aux lèvres du pokémon-psychique.
-Eh bien... Après Zorua... Nous avons Absol. Vous devriez le savoir. Il est l'envoyé de Feunard. Croyez-moi, lorsque nous vous avons attaqué, nous n'en savions rien. Sinon, nous l'aurions laissé vous amener à lui.
-Oui bon, n'en parlons plus. Ça nous le savions. Qui d'autre ?
-Euh... Ah oui ! Roucarnage est le représentant de notre cher Xatu ! ... Ai-je dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?
demanda le secouriste en voyant la mine déconfite d'Arcko.
-C'est que... Roucarnage a disparu...
-Ah je vois... Vous n'avez pas à vous inquiéter ! S'il est parti, c'est sûrement parce qu'il avait une mission de Xatu. Le mieux serait d'aller lui demander non ?
-Nous sommes presque sûrs qu'il est parti parce qu'il vous savait en danger.
-C'est une possibilité mais il faut l'écarter. Après tout, il serait entré dans la Mine Magma s'il voulait nous sauver. Or, il ne l'a pas fait. J'en déduis que c'est Xatu qui l'a envoyé. Ou alors, il est parti pour nous mais Xatu lui a donné une mission pour laquelle il a besoin de temps et d'être seul.
Grimpal et Arcko se regardèrent avec enthousiasme. "Alors en route pour la Colline des Anciens, Grimpal !" lança Arcko, fou de joie. Ensemble, ils oublièrent la mission qu'ils avaient choisi aux pieds d'Alakazam qui les regarda s'éloigner avec une pointe d'amusement dans le regard.

Ils étaient aux pieds de la Colline où siégeait Xatu. Ils s'étaient bien trop précipité et ils s'effondrèrent d'épuisement devant l'entrée de la grotte permettant l'ascension. Mais Arcko avait perdu sa bonne humeur. Il était soulagé certes mais: "Grimpal. Même si Xatu pourra nous confirmer que Roucarnage va bien, il ne le fera pas revenir. Ne te fais pas de fausse joie." Grimpal baissa la tête et après quelques secondes plongea son regard dans celui d'Arcko avec agacement. "Savoir qu'il va bien nous suffit ! Arrête de déprimer enfin ! Il reviendra ! Nous devons juste savoir comment il va." lança-t-il furieux. Arcko cilla. Grimpal avait raison. Roucarnage reviendra de lui-même. "Alors, on parle de moi ?" lança une voix qui venait du ciel. Roucarnage atterrit en trombe aux pattes d'Arcko. Les deux chefs le regardèrent avec un air effaré. Ils voulurent cracher leur inquiétude, leur joie de le revoir, leur soulagement. Mais Roucarnage ne leur en laissa pas le temps.
-Nous devons aller voir Xatu ! Maintenant ! lança Roucarnage qui n'arrivait pas à tenir en place.
-Comment peux-tu dire ça après nous avoir laissé...
commença Grimpal avant de se faire empoigner par Roucarnage.
-C'est pas important comparé à ce qu'il se prépare ! On y va !
Arcko fit un bond agile et se retrouva sur le dos de Roucarnage. Il n'affichait rien d'autre que de la détermination et de la concentration.
-Explique-nous au moins de quoi il en retourne, Roucarnage ! lança Grimpal presque paniqué.
-Il s'agit de la fin du monde.

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