Chapitre Dix-huit - S'échapper par delà la neige

Musique: Pokémon Donjon Mystère Equipe de secours Bleue: Escape through the snow


Nos pokemons  restèrent plusieurs secondes sans bouger plusieurs, figés de stupeur, prenant le temps de réaliser ce qui se passait. La petite troupe eût le temps d'atterrir et de se poster face aux trio, de manière symbolique. "Les amis..." fît Grimpal, la gorge nouée par les larmes. Roucarnage afficha un large sourire à ses deux amis avant de s'effondrer au sol, évanoui, anéanti de fatigue. Evoli descendit du dos du pokémon et, sans se préoccuper de lui, sauta sur Grimpal dans le même état d'émotion. Les deux pokémons restèrent collés l'un à l'autre plusieurs longues minutes. Arcko s'était blotti dans la fourrure de Zorua qui avait voulu rester à l'écart, gêné par la démonstration d'affection que lui faisait Arcko.
-Que faites-vous là ? lança l'ancien chef d'équipe, ému. Comment pouviez-vous savoir que nous étions là ? Et puis... Pourquoi avoir quitté la Place Pokémon et abandonné votre job de secouriste ?
-Doucement Arcko... Je ne peux pas répondre à tant de questions d'un coup. Et puis ce n'est pas le moment: nous devons abriter Roucarnage. Il a fait un si long voyage. Je ne pensais même pas qu'il aurait pu résisté à la moitié du chemin que nous avons parcouru. Nous lui devons une fière chandelle.
Arcko hocha la tête sans dire un mot. Il ordonna à Absol de venir l'aider à porter Roucarnage à l'intérieur. Ils rentrèrent tous les quatre, laissant Evoli et Grimpal seuls dehors. Les deux pokémons ne dirent pas un seul mot. Chacun profitait de la présence de l'autre. Grimpal aurait voulu abandonner son corps à ce moment et ainsi oublier qu'il y aurait un lendemain. Evoli aurait voulu immortaliser ce moment, comme si ces retrouvailles étaient l'accomplissement de toute sa vie. Après plusieurs autres longues minutes, ils décidèrent enfin de prendre leur respiration et de rentrer sans pour autant s'écarter afin de conserver leur contact physique. Collés, pratiquement enlacés, ils rentrèrent dans le tout petit abri bien trop étroit. Arcko était en train de présenter Absol à Zorua mais ces deux là semblaient déjà se détester : ils faisaient tout pour ne pas laisser leurs regards se croiser. Dans un premier temps, Grimpal en fût curieux, comme s'il devinait qu'ils se connaissaient. Mais l'idée que les deux fiers pokémons pouvaient entrer en compétition à cause de leur type lui parût plus vraisemblable. Le fait qu'ils puissent suffisamment se connaitre pour avoir un lien aussi fort comme la haine ou une simple animosité semblait tout à fait improbable. Arcko en profita pour raconter comment Absol les avait sauvés durant leur combat contre Artikodin. Evoli fît donc une magnifique révérence à cet étrange pokémon en guise de remerciement et de présentation.
Arcko et Grimpal passèrent la nuit à conter leur long périple à leurs quatre camarades. Roucarnage, qui s'était réveillé peu après la tombée de la nuit, leur raconta aussi comment ils avaient réussi à les retrouver. "Nous avons recruté trois nouveaux pokémons qui s'occupent de l'équipe le temps de notre absence. Ils sont dignes de confiance, ne vous inquiétez pas. En fait, le moral ne faisait que baisser au sein de l'équipe. Mais comme nous n'avons pas vu beaucoup d'équipes revenir, nous avons compris que vous étiez toujours en cavale. Nous ne pouvions plus attendre pour vous revoir. J'ai donc fini par proposer aux deux autres de m'accompagner pour partir à votre recherche et nous voilà." raconta Roucarnage. Il raconta aussi que c'était Zorua qui les avait guidés dans cette direction comme il l'avait fait au départ des deux fugitifs.
-Et d'ailleurs nous devons te remercier Zorua, nous savons grâce à Absol, que Feunard se trouve un peu plus loin. Nous touchons au but ! annonça Arcko à l'assemblée.
-Toujours prêt à t'aider l'ami ! Je suis content d'avoir pu vous être utile malgré le déroulement des événements
, fît Zorua, un sourire fier aux lèvres. Par ailleurs, tu sais que Roucarnage a fait le trajet de la Place Pokémon jusqu'ici sans faire une seule pause ? Cette tête brûlée est plus motivée qu'un Arcanin affamé pourchassant son repas. Ça ne m'étonne pas qu'il soit dans cet état. Tu aurais pu finir blessé ! reprocha-t-il à l'intention du volatile.
-Tu sais, je ne suis pas si mal en point... répondit-il se forçant à sourire malgré la douleur toujours vive.
-Parce que tu penses encore pouvoir te servir de tes ailes demain ? demanda Evoli avec un air de reproche aussi expressif que celui de son compagnon.
Roucarnage ne répondît pas. Ils avaient raison. Ses ailes ne le porteraient pas durant la longue traversée qui les attendait. Je n'avais pas le choix ! Nous avons déjà eu de la chance qu'ils se soient arrêtés aujourd'hui sinon nous ne les aurions jamais rattrapés, pensa-t-il. Mais une autre question tracassait Grimpal: "Dites vous trois... Avez-vous vu d'autres poursuivants ?". Personne ne répondit immédiatement. Zorua raconta comment ils avaient défait une douzaine d'équipes sur le chemin. Mais tous savaient que Grimpal pensait à l'équipe d'Alakazam. Et la réponse fût donnée par Evoli: "Nous ne les avons pas vus. Nous ne sommes même pas certains de connaître leur position. Ils peuvent être devant nous comme ils peuvent avoir cessé de vous poursuivre. Ils sont peut-être à quelques jours de marche de nous ou au contraire avoir pris une autre direction que la vôtre. Nous pouvons craindre de les croiser avant d'avoir rencontré Feunard comme nous avons aussi des chances de ne pas avoir à les affronter. Nous verrons bien. Mais nous allons devoir rester sur nos gardes en permanence.". Evoli avait pris son air sérieux, ce qui signifiait qu'elle était sûre de ce qu'elle disait et qu'il fallait l'écouter attentivement. Arcko, jugeant que la partie importante de la discussion était terminée, ordonna à Roucarnage d'aller se coucher. Cette fois-ci, c'est Arcko qui décida de monter la garde. Zorua se proposa aussi pour passer la nuit dehors. Absol se coucha dans un coin du refuge et garda une position lui permettant d'avoir un œil sur l'entrée de l'abri. Une fois de plus, Grimpal pût de nouveau partager un moment d'intimité avec Evoli. Ils discutèrent tous les deux une bonne partie de la nuit de ce qui s'était passé sur la place durant leur absence, de ce dont pouvais parler leur compagnons dehors et de comment ils s'étaient manqués. Ils ne se couchèrent que lorsqu'Absol, réveillé par leurs paroles, leur conseilla d'aller dormir. "Nous devrions écouter Absol... Il en sait plus que nous sur ce qu'on traversera demain. Allons nous reposer." glissa Evoli à Grimpal. Ils prirent soin d'être le plus proche possible l'un de l'autre, comme c'était le cas il n'y avait pas si longtemps encore pour profiter au maximum de cette chaleureuse proximité. 

Cette fois-ci, c'est Absol qui réveilla la troupe aux aurores. Il se justifia en disant qu'en partant maintenant, ils finiraient par trouver un endroit plus accueillant au bout de deux jours de marche seulement. Seule, Evoli douta que ce fut exact. Il fallait prendre en compte le peu d'endurance dont elle pouvait faire preuve. De plus, Roucarnage allait devoir marcher lui aussi. Or dans la neige et sans ses ailes, cela n'allait pas être simple. Ils devaient aussi penser que leur moral risquait de se détériorer ce qui pouvait aussi affecter leur progression. Elle compta aussi le temps qu'ils prendraient pour trouver de quoi manger car ils n'avaient déjà plus de réserves pour le lendemain. Tous ces facteurs inquiétaient Evoli mais elle ne voulait pas en faire part aux autres. L'épreuve en elle-même était déjà compliquée, elle décida de ne pas rajouter une difficulté supplémentaire car l'angoisse était destructrice. 
Elle alla rejoindre Zorua dès leur départ. Elle s'était dit qu'il allait avoir besoin de compagnie et que la seule qu'il pouvait accepter était la sienne. Zorua semblait confiant pour ce long voyage. Même après quelques longues heures de marche, il ne montrait aucun signe de souffrance. Mais Evoli le connaissait.  D'ailleurs, elle aussi n'en pouvait plus. Elle jeta un œil à chaque membre du groupe. Grimpal transportait Arcko, comme ils avaient décidé de le faire à tour de rôle. C'est en effet un moyen bien étrange et c'est une suite à la nuit qu'ils ont passée. pensa-t-elle, amusée. Absol, qui avait passé la majeure partie du temps en tête pour diriger la troupe, s'était mis à l'arrière du groupe pour aider Roucarnage à avancer malgré l'épaisse neige dans laquelle il s'enfonçait  à chaque pas. Absol le poussait du bout du museau tant bien que mal. Leur rythme avait déjà commencé à ralentir et Evoli savait que ça n'allait pas aller en s'arrangeant. La faim, la fatigue, l'inquiétude commençaient à se faire sentir et ce serait le signal : ils devraient s'arrêter. La nuit commençait à tomber. Evoli fît de nouveau le tour du groupe. Zorua s'était écarté pour dissimuler son état qui devait s'être dégradé. Roucarnage était capable d'utiliser ses ailes mais la nuit allait faire chuter la température et voler deviendrait dangereux. Cependant, il avait récupéré un bon moral et de l'énergie, poussant Zorua un peu comme l'avait fait Absol un peu plus tôt. Evoli se rappela que ses deux compagnons s'étaient beaucoup rapprochés lorsqu'ils avaient pris la direction de l'équipe. Arcko discutait avec Absol. Elle devinait sans mal qu'ils parlaient de la suite des événements. Arcko était très impliqué dans les manœuvres à exécuter et son rôle de chef semblait  lui manquer. Mais c'était Absol leur guide. Alors ils étaient tous les deux à l'avant pour décider quand la troupe devrait faire halte. Elle jeta un regard doux sur Grimpal, le remerciant de l'aider à avancer. Grimpal était trop épuisé pour répondre mais il continua à regarder devant, soutenant Evoli comme il le pouvait.
Ils passèrent la nuit dehors, profitant de l'absence de blizzard. Arcko et Absol les avaient réunis pour annoncer le programme du lendemain en optimisant au maximum la situation pour encourager l'équipe.
-Nous avons avancé, bien plus vite que prévu, commença Absol. A ce rythme, nous devrions sortir de ce désert demain avant la tombée de la nuit. Alors là, j'en doute... pensa Evoli.
-Nous n'avons plus grand-chose à manger. Nous ne pouvons manger que quatre pommes pour six ce soir et ne rien manger demain matin, fît Arcko, la mine sombre.
-Pour ma part, je ne vais rien manger. Je trouverai bien quelque chose en route demain, lança Absol.
-Je vous laisse les pommes, ce n'est pas grave si je ne mange rien aujourd'hui, dit Arcko sous le regard sévère de Grimpal. Cependant, le chef l'empêcha de répliquer.
-Je vais aussi passer mon tour, je pense, commença Roucarnage. Il fût immédiatement interrompu par Arcko:
-Non. Tu dois manger. Si quelqu'un flanche demain, ce sera sur tes ailes que nous nous reposerons. Alors nous allons avoir besoin de ta force. Surtout, si nous sommes perdus, ...
-Ce qui est probable puisque les points de repères sont devenus rarissimes
, intervint Absol, impassible.
-Alors tu t'envoleras pour nous donner des indications sur l'endroit où nous sommes.
-Mais s'il y a un blizzard, je ne pourrais pas voler...
fît Roucarnage inquiet.
-Eh bien il ne te reste qu'à prier pour que le ciel ne soit pas chargé demain, Roucarnage.
Evoli donna un coup de museau à Roucarnage pour qu'il cessa d'insister pour se sacrifier. L'oiseau renonça, vexé. "Je sais que tu voulais bien faire mais ils n'ont pas tort" chuchota la femelle au volatile. Arcko dispersa l'assemblée après avoir réparti les rations du jour. Evoli et Zorua décidèrent de les consommer au réveil seulement tandis que Grimpal tenta de convaincre Arcko de partager avec lui. Ils se couchèrent tôt, tous groupés, anticipant la nouvelle et difficile journée qui s'annonçait.

Grimpal marchait le pas trainant. Essoufflé et épuisé, il avançait sans regarder ce qui l' entourait. Il marchait dans les traces d'Absol. C'était le guide et, bien qu'ils soient dans un état certainement plus mauvais que le sien tous le suivaient. Ils étaient en file parfaite, contre le vent. Ils traînaient tous la patte. Seule leur volonté les faisait avancer. Roucarnage était derrière, probablement le plus éveillé de toute la troupe, il remettait dans le rang les pokémons qui s'en écartaient. Absol, qui ouvrait la marche, savait qu'ils étaient tous perdus. Mais il voulait avancer malgré tout. Il s'était dit qu'ils retrouveraient leur repères lorsque la tempête se calmerait. En réalité, il savait qu'ils étaient peut-être en train de rebrousser chemin et que, même avec de la visibilité, ils n'avaient aucun moyen de se repérer et la seule opportunité de progresser était d'avancer dans ce qui lui semblait être une seule et même direction. En fait, si le vent se calmait, c'est Roucarnage qui prendrait le relais aussitôt.
Zorua se rapprocha d'Evoli. Ils s'abritaient tant bien que mal derrière Grimpal. La pauvre femelle tremblait. Zorua aurait voulu faire quelque chose pour la réconforter mais lui-même était mal en point. C'était bien trop difficile de continuer. Cette tempête ne faisait que prendre de l'ampleur. Il serra les dents de frustration face à son impuissance. Il fallait tenir, l'endurance et la patience allaient être mises à rude épreuve. Non... Elles étaient déjà à vif. L'esprit du faible pokémon se brouilla. Il décida de se vider la tête de ses pensées et d'avancer comme si son corps ne contenait plus aucun esprit à affaiblir ni aucune volonté à entacher.
Roucarnage passa près des deux pokémons et les prît sur son dos. Ses pattes le faisaient souffrir mais c'était son rôle. Il devait porter son équipe. Il était le plan "B". Il ne devait pas perdre conscience. Arcko et Absol n'étaient plus dans son champ de vision. Seul Grimpal le guidait. Les deux petits pokémons pesaient si lourd sur son dos, comme si le poids de leur angoisse s'ajoutait au sien. Il rattrapa son chef comme il pût. Grimpal n'avait pas pris le temps de s'arrêter mais lui adressa un simple signe de tête en guise d'encouragement. La nuit allait bientôt tomber et ils ne pouvaient pas s'arrêter. Il n'y avait rien pour s'abriter. Le désert de glace, sans relief, n'offrait aucune alternative. Le froid allait revenir, frappant physiquement et moralement. De plus, une baisse de visibilité allait se rajouter aà ces difficultés. Nous ne sommes pas partis le bon jour... pensa Roucarnage. Nous aurions dû les rejoindre plus tôt. Ou alors nous aurions dû entreprendre ce voyage un ou deux jours plus tard.
Un peu plus loin, au bout du champ de vision du Gobou, se distinguaient deux ombres. Absol, le guide, et Arcko, le chef. Tous deux subissaient le voyage. Ils étaient côte à côte mais n'avaient pas dit un mot depuis le départ pour conserver leur force. Ils souffraient le martyr. Et c'était le mot exact. La faim était venu les agresser de l'intérieur. Le froid ne faisait qu aggraver leur état et leur hypoglycémie. Ils se vidaient de leurs forces, si force il y avait encore dans leur petit corps. Cependant, ils gardaient tous les deux la tête hautes, comme pour montrer que la tête du groupe était encore éveillée et que leurs yeux scrutaient encore l'horizon. Mais en réalité cette tête ne pouvait plus faire son travail et ces yeux ne pouvaient pas voir au-delà de quelques mètres.
Est-ce la fin ? pensa Arcko. Est-ce la fin de notre périple ? Est-ce ainsi que nous serons vaincus ? Est-ce que les équipes de secours ont cherché à nous perdre dans les terres inexplorées ?
Comment allons-nous survivre ? Pourrons-nous tenir une journée de plus ? Et surtout, si nous tenons, cela suffira-il à nous extirper de ce terrible endroit ?
Absol réfléchissait, sachant que seuls les prochains événements pouvaient lui apporter une réponse.
Jusqu'où allons-nous ? Et comment pouvons-nous être sûr que Feunard confirmera mon innocence ? Nous devrions rentrer. Nous ne devrions même pas être ici. J'aurais dû me rendre, je le savais... Les pensées de Grimpal résonnaient si intensément qu'elles le faisaient trembler plus que le froid.
En les rejoignant, j'ai mis Evoli et Zorua en danger... Si l'un de nous y laisse la vie, Je m'en voudrai toute ma misérable vie... Je ne pourrai plus être secouriste après avoir conduit des pokémons à leur mort. De plus, ni Arcko ni Grimpal ne me pardonneront. Mais par-dessus tout... Serais-je capable d'affronter Alakazam le moment venu ? Je prie pour qu'on ne les croise pas... Roucarnage se morfondait sur la part de responsabilité qu'il avait sur la vie de ses protégés.

Le groupe avançait sans communiquer. Lentement, mais vers quoi ? Il ne le savait pas. Avec de la chance,  il aurait peut-être un moyen de s'en sortir. Mais il faudrait vraiment savoir l'exploiter.
La troupe avançait, brisée, fragmentée, séparée, sectionnée. Chacun pour soi. La survie avant tout. Chacun assurait son rôle car il le devait. Chacun remettait en question intérieurement ce rôle qu'il assumait.
Tous avançait, sans réellement le réaliser. Ce passage-là !Celui-ci ! Ils ne savaient pas définir ce qu'ils traversaient. Ils ne savaient plus parler. Ils ne savaient plus réfléchir.
Le vent de face, sous la neige, sous l'épaisse neige. L'Equipe de secours Bleue bougeait mais surtout  luttait. Tous dans l'idée de sauver Grimpal. Tous dans l'idée de ramener les fugitifs chez eux. Tous dans l'idée de sauver le monde des catastrophes naturelles. Tous dans l'idée de survivre.
Survivre.

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