-"Quel est mon aliment préféré ? Je ne sais pas, cela varie. Je suis a-amoureuse de Harry Styles." Je me regardais dans le miroir tout en énonçant ces phrases. Je n'avais presque pas bégayé, c'était le résultat de deux jours d'efforts. Je souris. Il faudra que j'exerce ça demain, au lycée.

*

- "Joyeux anniversaire Harry !"

- "Bon anniv' bébé, je peux m'emballer dans un papier cadeau pour toi, si tu veux."

- "Harry, appelle-moi au cas où, si tu veux fêter ton anniversaire avec un peu plus d'intimité."

Je levai la tête de mon livre et vis Harry entouré de plusieurs filles toutes plus mignonnes les unes que les autres. Alors c'était son anniversaire ? pensai-je avec une pointe de jalousie en apercevant toutes ces belles filles. Je m'approchai de quelques pas vers lui mais une fille me barra la route en me jetant un regard noir.

- "T'es qui toi ?" demanda-t-elle sèchement.

- "J-Je m'appelle..." Je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'on me poussa par terre. Mes genoux en subirent le coup et une douleur me gagna. Je grimaçai alors que les autres personnes me regardaient sans même agir juste en rigolant. Les filles qui m'entouraient ricanèrent.

- "En fait, je m'en fous de ton nom, la Coincée. Tu ne fais absolument pas partie du même monde que lui donc tu n'as pas à t'approcher d'Harry." La fille aux cheveux blonds me méprisa du regard et je baissai la tête en sentant ma respiration s'accélérer.

- "M-Mais j-je dois juste faire u-un exposé av-avec Harry, je..." Je relevai les yeux et croisai le regard du bouclé. Son expression indifférente blessa mon cœur. Il ne m'aidait même pas, étais-je donc si insignifiante pour lui ?

- "Harry, tu connais cette fille ?" questionna la voix suraigüe de la blonde à Harry avec plusieurs battements de cils. Je suppliai Harry du regard mais celui-ci sourit narquoisement en me regardant de haut. Je fronçai les sourcils avec inquiétude. Son attitude n'annonçait rien de bon.

- "Non." dit-il clairement. Mon coeur en prit un coup et je m'étais sentie comme la chose la plus inutile au monde. Je me sentais manquer d'air, ma poitrine me faisait mal et mes poumons semblaient étouffer. Je sentis des larmes glacées couler le long de mes joues puis ce fut le noir total.

Je papillonnai des yeux avant de tourner la tête sur le côté. J'étais sur un lit blanc dans la pièce que je reconnus être l'infirmerie du lycée.

- "Merci beaucoup Harry de l'avoir ramenée ici." s'exprima Madame Delinicci, l'infirmière, avec une voix douce.

- "De rien, Calice." La voix d'Harry se fit tellement tendre qu'elle m'en donnait un coup de poing au coeur.

- "Harry, appelle moi Madame Delinicci ! Nous sommes au lycée." soupira Madame Delinicci, énervée par le comportement insolent du bouclé.

- "Mais amour, tu ne m'as même pas souhaité un joyeux anniversaire, je ne suis même pas allé au Black Day parce que je voulais passer le jour de mon anniversaire avec toi..."  se plaignit Harry d'une voix enfantine. J'avalai douloureusement la boule de sanglots dans ma gorge.

- "Harry !" le réprimanda Calice. "Je ne suis pas ta petite-amie, il est temps que tu l'acceptes, je vais me marier avec l'homme que j'aime." Un silence retentit, des chuchotements puis des pas s'éloignèrent.

La porte s'ouvrit et je refermai les yeux rapidement, pour faire semblant de dormir. En quoi Harry était-il si intime avec l'infirmière au point de l'appeler par son prénom et de lui parler si familièrement ? Je sentis une pointe d'irritation se montrer et ma conscience me cria que c'était de la jalousie. Je n'avais jamais ressenti un tel sentiment, j'avais l'impression que cette sensation possédait quelque chose de malsain.

- "Mademoiselle Scott, il est temps de vous réveiller." L'infirmière caressa chaleureusement mon épaule et j'ouvris doucement des yeux. Un sourire traversa son visage soigneusement maquillé.

Madame Delinicci devait avoir dans les vingt-cinq ans. Elle était encore tellement jeune et belle. Ses cheveux étaient blonds et légèrement ondulés, ses lèvres avait une teinte de rouge pourpre et ses yeux penchaient dans le gris-bleu clair. Tout mon opposé. J'avalai le goût amer qui s'infiltrait dans ma bouche. Sa gentillesse étincelait, me démoralisant complètement.

- "Bonjour Madame Delinicci." la saluai-je. "Qu'est-ce que je fais ici ?" demandai-je en faisant l'effort de ne pas bégayer. Si Harry aimait ce genre de femmes, il fallait que je sois à la hauteur de ses attentes.

- "Vous vous êtes évanouie dû au stress. Du moins c'est ce que Monsieur Styles m'a expliquée." J'acquiesçai d'un signe de la tête.

- "C'est lui qui m'a amenée ici ?"

- "Oui, il vous a porté dans ses bras mais cela ne devait pas être un problème pour lui, vous semblez être très mince, êtes-vous sûre de bien manger ?" plaisanta-t-elle avant de lâcher un rire cristallin. Ses ondulations se balancèrent en même temps ce qui créait une aura charismatique et charmeuse. Je baissai les yeux, intimidée.

- "Hum, e-est-ce que vous connaissez Harry ?" demandai-je et elle cligna des yeux avec surprise avant de feuilleter un bloc-notes.

- "Eh bien, je le connais depuis qu'il est enfant. Mais je l'ai revu, il y a quelques temps seulement." Elle me sourit.

Me sentant ombragée par la beauté de cette femme, je laissais mon regard divaguer au sol.

- "Puis-je m'en aller ?"

- "Attends, encore une chose." Elle ferma le bloc-notes sèchement me faisant sursauter avant de me sourire. "Serais-tu, d'une quelconque façon, intéressée par Harry ?" Ses yeux étaient vides et son sourire semblait un tantinet forcé.

- "Eh bien, j-je..." Mes joues rougissèrent en pensant à ses deux fossettes incrustées dans ses joues lorsqu'il souriait. Elle se racla la gorge.

- "Harry est un garçon renfermé et a vécu beaucoup de choses tragiques récemment, je ne pense pas que ce genre d'homme te conviendrait, ma belle." Elle sourit mais ses yeux ne montraient que de la pitié.

- "Cela ne vous... Cela ne vous regarde pas." dis-je sèchement en ouvrant la porte menant au couloir.

- "Fais attention à tes sentiments ! N'essaie pas d'en chercher plus sur Harry, ton coeur pourrait se briser." Elle chuchota la dernière partie de sa phrase et je fermai la porte avant de m'appuyer contre le mur.

Qu'est-ce qu'elle voulait dire par "ton coeur pourrait se briser" ?