2. i n s o l e n t
Le jour de notre véritable rencontre fut l'un des jours les moins banals de ma vie.
Je m'étais levée de mauvaise humeur ce matin-là. Les murs de ma maisons étaient assez fins tout comme ceux de la voisine. Cette dernière et son mari n'avaient pas cessé leurs ébats de toute la nuit. Je n'avais donc pas pu dormir, voilà pourquoi j'avais dû forcé sur l'anticernes ce matin-là. J'étais tellement fatiguée, on aurait dit que je dormais debout et j'avais même failli partir en pantoufles à l'école. C'était assez pathétique à voir, ma mère ne m'avait fait aucune réflexion mais j'avais compris par son expression qu'elle se retenait de rire.
J'étais arrivée en retard au lycée, j'avais dû sonner au portail mais personne ne m'avait répondu. Cinq minutes plus tard, le gardien qui m'avait aperçue était venu m'ouvrir et j'avais à peine balbutié quelques mots pour le remercier que je devais courir jusqu'au bâtiment pour éviter de perdre plus de temps.
Je m'étais ensuite rendue à mon casier dans le but de prendre mes livres mais la lanière de mon sac s'était coincée dans le casier d'au-dessus. La proviseur m'avait croisée dans les couloirs puis m'avait conseillée de laisser mon sac dans mon casier mais d'aller malgré tout en cours. Je devais donc m'y rendre les mains vides, j'avais l'air d'une idiote... J'arrivai enfin en cours avec vingt minutes de retard.
- "B-Bonjour, excusez-moi p-pour le retard..."bégayai-je, les yeux rivés vers le sol mais Madame Potty me coupa.
- "Vingt et une minutes de retard Mademoiselle Scott, c'est inexcusable ! Et puis où est votre sac ? Vous n'allez pas en cours pour ne rien faire, je devrais vous expulser de mon cours. Quelle est votre excuse ?" s'exclama-t-elle en faisant de grands gestes avec les mains, mimique qui était typique de cette professeure. J'avais sursauté ridiculement et les gens de la classe avaient pouffé de rire. Ils se moquaient ouvertement : certains imitaient mon bégayement, d'autres mimaient Madame Potty. Je m'étais sentie rougir de honte, c'était plus qu'embarrassant. J'étais comme une souris au milieu d'une horde de matoux affamés.
- "J-Je.." balbutiai-je, incapable de placer un mot. Un grand fracas retentit alors suivi d'un "boom". L'attention se dirigea vers le fond de la classe et tous les élèves éclatèrent de rire. J'osai à peine lever les yeux pour voir ce qu'il se passait. Un élève était tombé de sa chaise, il avait été poussé par quelqu'un par ce que j'avais compris. Harry Styles était assis derrière lui.
Il sourit avec un air narquois et je compris que c'était lui qui avait fait tomber l'élève. L'élève s'appelait Louis, je crois. Celui-ci se retourna vers Harry et lui murmura quelques mots à l'oreille avec un air énervé. Harry éclata de rire et ce son parut magnifique à mes oreilles. J'avais trouvé que son rire était la plus belle mélodie que je n'avais jamais entendue même si je ne pourrais jamais me l'avouer...
Madame Potty avait alors soupiré, exaspérée par le comportement de ses élèves puis m'avait ordonnée d'aller m'asseoir à ma place. Les élèves n'avaient cessé de bavarder à propos d'Harry et de ses idioties alors que je me rendais le plus discrètement possible tout au fond de la salle. Je m'étais assise sur la chaise près de la fenêtre. Un bureau auquel étaient assignés deux élèves me séparait du nouveau, Harry.
Je n'avais pu m'empêcher de jeter un coup d'oeil vers lui. Il était en train d'écouter discrètement de la musique, des écouteurs dans les oreilles. Il se fichait complètement des règles. Il m'avait sauvée de cette humiliation en face de tout le monde mais je ne savais vraiment pas s'il l'avait fait exprès. J'aurais bien aimé le lui demander mais je n'oserai jamais, il était bien trop intimidant.
Je soupirai doucement et détournai le regard pour le poser sur la fenêtre. Harry était quelqu'un de mystérieux, il attirait beaucoup l'attention par son aspect physique, tout le monde le voulait comme ami ou plus mais celui-ci semblait toujours être en train de les repousser. Nous deux venions de dimensions complètement différentes. Un second soupir franchit la barrière de mes lèvres. De toutes manières, ma dimension différait de toutes celles des autres. Ma présence avait toujours été considérée comme intrusive. On pouvait en conclure que j'étais le cas à part, celui dont personne ne s'intéressait avec plus d'attention que ça. Cette facette de ma personnalité peu charismatique m'irritait au plus haut point. Pourquoi n'avais-je jamais pu m'intégrer ? La même question tournait en boucle dans mon esprit depuis des années. Mais la question qui me vint à l'esprit ce jour-là était : comment avait-il fait pour s'intégrer aussi vite en quelques jours alors que, depuis des années, je peinais à ouvrir ma bouche pour faire entendre ma voix ?
Peut-être parce qu'il était agréable à regarder et attirait les foules juste par son aura intrigante. Les gens étaient toujours en train de tourner autour de lui depuis qu'il était arrivé dans ce lycée. Ceux qui me connaissaient depuis des années lui payaient plus d'attention qu'ils ne m'en avaient jamais donné. Les questions à son sujet fusaient dans le lycée mais aussi dans ma tête. Je me demandais aussi pourquoi il était arrivé ici deux mois après la rentrée. Pourquoi est-ce qu'il évitait tout le monde ? Pourquoi avait-il l'air aussi... indifférent ? insolent ? Si les personnes de mon lycée ne le savaient pas, je ne le saurais peut-être jamais alors.
- "Mademoiselle Scott, pouvez-vous répéter ce que je viens de dire ?" Je sursautai lorsque Madame Potty plaqua ses mains sur ma table. Figée par la peur et le visage face au sol, ma voix toute chevrotante s'éleva dans un murmure :
- "N-Non.."
- "Très bien, en plus d'arriver en retard, mon cours ne vous intéresse pas. Alors je vais vous suggérer la présentation d'un exposé sur les raisons des problèmes d'endettement chez trois pays Européens que je vous citerai en fin d'heure." J'écarquillai les yeux, surprise et honteuse. Un éclat de rire nous interrompit et je reconnus les doux rires d'Harry. Mon ventre se tordit en un nœud éphémère à la fois agréable et inconnue. Cette sensation était fine et, pour une raison qui m'était étrangère, une certaine excitation coulait dans mes veines causant à mes joues de se teinter d'un rouge écarlate. Je me sentais heureuse rien qu'en entendant ses rires ? Eprouver un tel sentiment à l'égard de quelqu'un d'autre ? Jamais je n'avais expériencé une telle sensation auparavant.
- "Styles. Si vous trouvez cela si marrant, pourquoi ne pas faire l'exposé avec Anzel, histoire de vous mettre dans l'ambiance de ce lycée." Madame Potty rit nerveusement d'une façon assez effrayante. Harry ne dit rien mais posa ses yeux sur moi, je sentais ses iris verts brûler ma peau jusque dans mon coeur. Et là, au lieu d'être habituellement déçue d'être avec quelqu'un d'autre pour faire un exposé, je m'étais sentie excitée. Mon ventre s'était encore retourné et je compris, grâce à toutes ces réactions hors du commun : le poison de l'amour venait de conquérir mon âme en emportant mon coeur et ma raison.
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