17. r u s é

Je fermai les yeux profitant de l'instant. Le baiser était assez rude, presque sauvage. Nos bouches s'entrechoquaient et nos langues dansaient ensemble. Je me sentais rougir durant le baiser mais mes mains ne pouvaient s'empêcher de se balader dans la chevelure sauvage d'Harry. Les siennes, quant à elles, tenaient ma taille et la collaient contre lui.

Nos gestes étaient vifs, agités et maladroits. Harry mordillait parfois ma lèvre inférieure avant de la relâcher pour ensuite reprendre le baiser. Le poison semblait faire effet dans mon ventre, des picotements irréguliers, des petites douleurs plaisantes ne faisaient que de s'intensifier.

A bout de souffle, je me retirai du baiser avec regret. Nos fronts étaient collés. Mes bras entouraient sa nuque et je jouais avec les boucles qui y tombaient. Harry gardait ses yeux fermés tandis que je retraçai mentalement les traits si parfaits de son visage angélique. Ma respiration chaude et irrégulière se mélangeait à la sienne, mentholée.

Je me sentais complètement troublée par ce baiser si soudain. Il est arrivé comme ça, comme si on avait besoin de ça, que ça nous était vital. Et ça l'était pour moi, c'était vital, un besoin excessif.

Je ne pus m'empêcher de connecter une nouvelle fois nos lèvres, dans un simple petit baiser innocent. Harry se retira juste après et commençait à marquer ma peau de petits bisous dans le cou.

Je me sentais étrange, mordais ma lèvre inférieure en fermant les yeux grâce au bien que cela me procurait. Il mordit la peau près du creux de mon cou et je laissai échapper un petit cri. Il l'aspirait et je faisais une légère grimace due à la souffrance, c'en était insupportable.

Il finit par la lâcher pour mon plus grand bien. Il éloigna son visage et un sourire satisfait gagna son visage. J'essayai d'apercevoir ce qu'il m'avait fait.

- "T-Tu m'as fait un bleu." chuchotai-je faiblement, encore toute retournée.

- "Non, un suçon, chérie." Il me fit un petit clin d'oeil narquois. Mes joues se teintèrent de rouge et j'acquiesçai timidement d'un hochement de tête.

- "Tu... Tu es tout décoiffé." remarquai-je pour changer de sujet.

- "La faute à qui, à ton avis ?" quémanda-t-il de manière rhétorique en gardant son sourire insolent. Je tentai de cacher mon visage dans mes mains, terriblement embarrassée.

- "J-Je dois y al-aller." bégayai-je et il pouffa mais n'objecta pas. Je rangeai mes livres dans mon sac de cours sous le regard perçant d'Harry. "Tu ne rentres pas chez toi ?" l'interrogeai-je maladroitement, les yeux rivés au sol. Harry était redevenu comme il était, froid et indifférent.

- "J'ai des affaires à régler." m'informa-t-il.

- "Oh." marmonnai-je bêtement. Je me retournai et me mis en marche. Ne te retourne pas, ne te retourne pas, ne te retourne pas, me suppliai-je mentalement. Ma tête se tourna instantanément vers Harry. Il me regardait partir. Il baissa les yeux lorsque les miens entrèrent en contact avec les siens et se mit à marcher non-chalammant à mon opposé, les mains dans les poches sans même se retourner.

Et, plus il avançait, plus je sentais la distance entre nous s'agrandir. Allait-il de nouveau s'éloigner de moi ? Ou bien... au contraire, allions-nous nous rapprocher ?

Je fermai les yeux puis les rouvrit pour regarder le ciel qui commençait à se couvrir. Je soupirai et réfléchis puis repris ma marche. Je parcourai les quartiers de Londres, mes pieds me guidaient seuls comme si j'avais appris le chemin par coeur. Mes pas étaient lents et tout se passait au ralenti. Un sifflement bourdonnait incessamment dans mes oreilles. Le portail noir aux courbes et aux motifs qui me donnaient un frisson à chaque fois que je les observais se dressait devant moi. J'ouvris le portail et un son grinçant me fit grimacer.

Mon coeur rata un battement. J'avançai dans les allées. Un tournant à droite, un autre à gauche. Je m'arrêtai devant la pierre avec le nom gravé dessus : "Isaac Scott, 1978-1999". Je m'agenouillai et caressai le doux marbre vernis de la tombe.

- "Bonjour Papa, j'espère que tout se passe bien là-haut, et que tu veilles bien sur Maman, Serena, Effie, Janeth e-et moi... Surtout Serena et Maman. Serena est toujours aussi tendue depuis ton départ, elle est toujours plongée dans son travail et ne pense même plus à Maman. D'ailleurs, Maman n'a toujours pas tourné la page sur toi, elle ne cesse de regarder avec nostalgie des photos de votre mariage, parfois en pleurant." Je soupirai. "Comment avez-vous fini ensemble Maman et toi ? Était-ce douloureux, compliqué ou encore facile ? Je n'arrive pas à savoir ce qu'Harry pense... Il est imprévisible. Je lui cours après, il me rejette, je m'isole puis il revient, je lui cours encore après et ce cycle se répète incessamment sans le moindre progrès dans notre relation. Du moins... jusqu'à aujourd'hui." Cela sonnait plus comme une question. "Nous nous sommes embrassés... Mais... Nous n'avons quasiment pas parlé de ça, il est, ensuite, directement parti... ou peut-être bien qu'il me fuyait, je ne sais pas... Je ne sais plus." soufflai-je, perdue. "Il est tellement incompréhensible. Peut-être devrais-je abandonner ?" susurrai-je en mordant ma lèvre inférieure. Je me relevai et observai la tombe. "Je t'aime Papa, sache que tu me manques terriblement."

Et je me suis mise à pleurer, les perles salées qui coulaient au même rythme que celles de la pluie battante tant ma peine était immense.

**

Il était huit heure et trois minutes du matin. J'étais au lycée, assise sur le banc du hall à attendre. Vous vous demandiez sûrement qui est-ce que j'attendais ? Harry Styles. Oui, certaines personnes diraient que lui et moi, nous n'avions absolument rien à faire ensemble, que nous ne venons pas du même monde. Moi aussi, c'est ce que je pense et c'est aussi ce que je veux briser : ce maudit stéréotype. J'inspirai un grand coup. Je relevai la tête de mon livre et observai autour de moi, voulant repérer le bouclé. Une masse de boucles brunes apparut dans mon champ de vision et mon coeur rata un battement. Un inconscient sourire se glissa sur mon visage. Je me suis levée et j'ai avancé jusqu'à lui.

- "Hey Harry." ai-je murmuré timidement. Harry ne semblait pas m'avoir entendu. Je me penchais un peu. "Harry ?" Il avait ses écouteurs dans les oreilles. Je souris et me rapprochai de lui. J'attrapai l'un de ses écouteurs et le plaçai dans l'une de mes oreilles. Il tourna sa tête vers moi, en fronçant les sourcils. "Qu'est-ce que c'est ?" demandai-je en entendant du rap.

- "50 cent." rétorqua-t-il. J'hochai la tête.

- "J'aime bien." déclarai-je. Harry soupira et enleva les écouteurs de nos oreilles.

- "Pourquoi tu es toujours là ? Es-tu un petit chien ou quelque chose dans le genre ?" intervint-t-il avec fatigue. Offensée, je fronçai les sourcils.

- "Lorsque tu sauras ce qu'est le respect d'autrui, appelle moi surtout." m'offusquai-je avec colère en m'éloignant.

- "Je rigolais, la Coincée." s'expliqua-t-il en enroulant ses bras autour de moi par derrière. Mes joues rougirent à ce contact soudain. "J'suis fatigué." grogna-t-il en plantant sa tête dans le creux de mon cou.

- "Q-Que fais-tu ?" bafouillai-je en essayant de me dégager.

- "Je recharge mes batteries." murmura-t-il en resserrant son étreinte pour m'empêcher de bouger. Les élèves qui passaient dans les couloirs nous regardaient étrangement et je ne pouvais que me sentir gênée et agréablement surprise. Soudain il me lâcha et je ne pus que ressentir un manque.

- "Bonjour Mademoiselle Scott." La voix de Madame Delinicci parvint à mes oreilles. "Harry." le salua-t-elle en hochant la tête vers mon bouclé. C'est donc pour ça qu'il m'avait lâchée. Une once de tristesse passa dans mes yeux, ma poitrine était serrée. Il l'aimait après tout.

Mais alors pourquoi m'avait-il embrassée ?

- "Calice." chuchota Harry avec de la douceur dans sa voix. "Comment va..." Il déglutit. "... James ?" Alors que je me demandais de qui ils parlaient, Madame Delinicci lui fit un magnifique sourire.

- "Tout va mieux." l'informa-t-elle puis elle le prit par le bras avant de sourire une fois de plus. "Je voulais vous apprendre une très bonne nouvelle... Je suis enceinte." annonça-t-elle. Le temps sembla se figer dans l'esprit d'Harry. Il s'était immobilisé et son teint avait blêmi. Je le regardai avec un air inquiet.

- "Harry ?" murmurai-je en lui touchant affectueusement le bras. Ses yeux clignèrent et il sembla revenir à lui. Il passa une main dans ses cheveux avant de pincer l'arête de son nez en fermant les yeux. Il inspira profondément avant de rouvrir les yeux brusquement et d'enlever sa main de son nez, la laissant retomber le long de son corps.

- "Très bien. Félicitations." dit-il et je ne saurais déterminer si c'était sincère ou non mais je devinais que non. Ses pupilles s'étaient dilatées et j'avouai trouver cela quelque peu effrayant.

- "Je suis heureuse que tu le prennes bien." soupira Madame Delinicci avec soulagement.

- "Je ne m'intéresse plus à toi car..." Harry me regarda et mon coeur palpita de bonheur. Il s'avança et me prit par la taille avant de poser ses lèvres sur les miennes. Son baiser était doux et semblait presque amoureux. Mon coeur battait à tout rompre. Il se retira soudainement au bout de plusieurs secondes. "J'ai une petite-amie." annonça-t-il en la regardant. J'étais légèrement, ou plutôt, complètement sonnée. Dans ma tête, des milliers de mini-moi étaient en train de danser la salsa en criant à tue-tête avec des voix de lilliputiens : "Oui ~ !" ou des "Il l'a dit ~ !".

- "Bravo." nous félicita Madame Delinicci. "Je dois y aller, j'ai un rendez-vous médical à faire passer à des dernières années." Elle nous sourit puis partit en balançant sa belle chevelure dorée. Harry enleva sa main de ma hanche créant un incroyable manque. Ma lèvre inférieure se retrouva coincée entre mes dents et un goût métallique s'infiltra dans ma bouche mais je n'en avais rien à faire. Je me sentais heureuse, ou plutôt, terriblement heureuse. Soudain je réalisai que c'était vraiment trop beau pour être vrai. Mon excitation retomba et je me tournai vers Harry. Il suivait Madame Delinicci du regard jusqu'à ce qu'elle tourne dans le coin du couloir.

- "Harry, pourquoi as-tu dit que nous étions en c-couple ?" chuchotai-je comme si c'était un secret. Harry se retourna et m'observa d'un regard indescriptible.

- "N'est-ce pas le cas ?" clama-t-il et un sourire mystérieux se hissa sur son visage. Harry ? Moi ? En couple ? Ma gorge s'assécha ; j'étais sans voix.

- "Plaît-il ?" soufflai-je en baissant les yeux, soudainement timide.

- "Après tout, tu es amoureuse de moi non ?" Je sentis mes pommettes se réchauffer. J'humectai mes lèvres avant de parler :

- "Et... Et toi, H-Harry ? Si tu ne m'aime pas, cela ne sert à rien d'être en couple, si ?" Une lumière s'alluma dans son regard pendant plusieurs secondes avant qu'elle ne s'éteigne. Un mirage ? Il détourna les yeux.

- "Je... ne te déteste pas." Cela ressemblait plus à une question.

- "Alors pour quelle autre raison sortirais-tu avec moi ?" m'enquis-je en pinçant mes lèvres l'une contre l'autre. Il me fixa avec attention.

- "Disons que..." Harry s'approcha de moi et attrapa mon menton entre son pouce et son index avant de le relever pour placer mes yeux devant ses yeux. "C'est un défi." Il sourit alors que la confusion se répandit en moi. "Je te donne un délai d'un mois pour me faire tomber amoureux de toi." articula-t-il. "Je suppose que je te facilite la tâche en nous faisant passer pour un couple."

Mes yeux louchèrent sur ses lèvres qui paraîssaient si appétissantes alors que ma tête s'inclinait inconsciemment de haut en bas.

- "Mais... Qu'est-ce que tu y gagnes à la fin ?" quémandai-je alors qu'il réfléchit.

- "Soit, je gagne un coeur brisé." susurra-t-il en pointant ma poitrine du doigt. "Soit, je perds mon coeur qui se noiera dans un poison amoureux et qui, lentement mais sûrement, nous brisera tous les deux."

Donc, dans tous les cas, je serai perdante ? Je suppose qu'il fallait m'y attendre...

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