15. j a l o u x
Deux jours plus tard, les cours reprenaient et pour tout vous dire, j'avais attendu ce jour avec impatience. D'ailleurs je m'étais levée ce matin avec un immense sourire aux lèvres qui ne voulait pas s'en aller. Pourquoi ? Je ne sais pas. Même Isabella était assez suspicieuse en me voyant ce matin.
Elle m'avait posée des questions sur la raison de mon sourire mais je n'ai répondu que vaguement et elle avait fini par abandonner. Durant ce week-end, j'avais beaucoup mangé pour ne plus me retrouver dans le même état que lorsque j'étais chez Harry.
- "Tu ne viens pas au bahut ?" m'enquis-je, surprise. Elle fut prise d'une affreuse toux.
- "Je..." Elle toussa une fois de plus. "Je suis malade alors je n'irai pas aujourd'hui." J'acquiescai d'un signe de tête et elle me sourit. "T'en profitera pour aller draguer ton bouclé." Elle me fit un clin d'oeil et je fis mine de ne pas comprendre. "Tu crois vraiment que je ne me souviens plus du baiser sauvage que tu lui as donné l'autre nuit ?" Elle fut prise d'un fou rire mélangé à sa toux.
- "En attendant, je ne suis pas celle qui aie embrassé un mur en lui donnant le nom de Lorenzo." dis-je, vexée. Isabella eut une expression embarrassée qu'elle déguisa en une toux soudaine.
Vingt minutes plus tard, j'étais arrivée au lycée. La sonnerie retentit immédiatement. Les élèves se précipitèrent dans les couloirs tandis que je rentrai dans la salle de classe. Une fois tous assis dans le calme, la professeur rentra. Je regardai autour de moi et repérai Harry, assis tout au fond de la salle à son habituelle place. Je mordis anxieusement ma lèvre inférieure.
- "Chers élèves, aujourd'hui nous allons changer les places." annonça Madame Potty en posant sèchement son sac sur son bureau me faisant sursauter. Des râles parcoururent la salle.
- "Mais pourquoi ~ ?" bougonna l'élève se nommant Louis.
- "Pour séparer les élèves bruyants bien sûr." sous-entendit-elle sur un ton froid en lui lançant regard noir. Quelques élèves se mirent à rire et Louis roula des yeux. Elle nous afficha le plan de classe au tableau. J'étais donc à côté d'Harry et d'une autre fille que je ne connaissais pas. Le hasard faisait bien les choses ou bien peut-être que c'était le destin ? Un sourire s'immisça entre mes lèvres et je jetai un coup d'oeil discret à Harry. Il me fixait mais impossible pour moi de déterminer le sentiment qui scintillait dans la clarté verte de ses yeux.
Quelques minutes plus tard, j'étais installée à ma nouvelle place. Harry était à ma gauche, son coude gauche sur la table et sa joue reposant dans la paume de sa main, observant la fenêtre. À ma droite, une fille nommée Darlee qui portait des habits très courts et peu attirants.
J'étais entre eux deux, le visage pourpre caché derrière le rideau de mes cheveux que j'avais placé devant mon visage. On devait sûrement me prendre pour ce fantôme assez connu pour ses airs terrifiants au Japon mais j'étais tellement heureuse d'être à côté d'Harry qu'on lirait presque sur mon visage que j'étais amoureuse de lui. J'étais donc obligée de me cacher pour ne pas qu'on le découvre. Je décrochais complètement du cours, trop occupée à détailler Harry du coin de l'oeil en risquant parfois quelques regards discrets vers lui.
Je sursautai en sentant quelqu'un me tapoter le bras. Je tournai légèrement la tête vers la droite croyant être prise sur le fait et vis finalement la fille superficielle me regarder de travers.
- "Donne ça à Harry." me dicta-elle. Je fronçai les sourcils à sa demande -- non -- à son ordre impoli mais je fis quand-même un signe de tête affirmatif. Elle me donna un bout de papier avant de tourner son visage vers la droite pour continuer de parler avec son amie.
Je risquai un coup d'oeil furtif vers Harry et remarquai le fil blanc et fin de ses écouteurs passant dans sa manche. Il écoutait donc de la musique. Je pinçai mes lèvres l'une contre l'autre avant de déplier lentement le bout de papier. Un numéro de téléphone était inscrit ainsi que le prénom de la fille suivis d'une courte phrase qui me fit grincer des dents :
"Appelle moi pour qu'on s'amuse ensemble un de ces quatre ;) !"
Irritée, je pris mon stylo bille bleu avant de rajouter des courbes aux zéros pour leur donner la forme de huit et aux trois pour les faire ressembler à des neufs. Je souris diaboliquement et tapotai le biceps tatoué et très musclé d'Harry. Celui-ci pivota sa tête vers moi. Je lui tendis le papier qu'il prit et lit.
Ses yeux dévièrent sur moi et il me fit signe de se rapprocher. Il frôla de ses lèvres mon oreille en laissant quelques poils de ma peau s'hérisser et me chuchota :
- "La jalousie est un très vilain défaut Anzel." Son souffle chaud cognait contre ma peau et je sentis mon rythme cardiaque s'accélérer au point d'avoir eu peur qu'il l'entende. Je fermai les yeux et humai l'odeur enivrante de son eau de Cologne. "Mais je te laisse faire ce que tu veux avec ce bout de papier. Brûle le, déchire le, redonne le, fais comme il te plaît, bébé." Au dernier mot, je sentis mon coeur défaillir mais il se retira malgré moi et me tendit le papier. En le prenant, nos doigts se touchèrent et un choc électrique parcourut mon corps. Bouleversée par la précédente action, je retirai en vitesse ma main. J'analysai ensuite le papier et décidai de le jeter à la poubelle plus tard.
- "Mademoiselle Scott, Monsieur Styles, j'aimerai vous voir à la fin de l'heure." nous informa Madame Potty.
L'heure se termina enfin et je me levai dans le but d'aller voir la professeure. Harry poussa un soupir et se leva pour me suivre. Madame Potty commençait à nous demander comment avançait le fameux exposé et si on avait bientôt terminer ainsi que d'autres détails peu importants. Je répondais par de courtes réponses tandis qu'Harry était silencieux, semblait écouter à moitié et répliquait seulement par des "mmh" qui - je l'avoue - me faisait hésiter sur la positivité ou la négativité de ses réponses. Madame Potty finit par nous libérer et on sortit de la salle de classe.
Nous avançions côte à côte dans le couloir, dans un silence confortable mais assez gênant pour ma part. Harry me jetait de temps à autre quelques coups d'œil et je faisais de même. Parfois nos yeux se croisaient mais nous détournions tous deux le regard. Soudainement, il brisa le silence.
- "Qui est Ted ?" Je fronçai les sourcils et osai enfin le regarder.
- "Je... De qui tu parles ?" murmurai-je faisant semblant de ne pas savoir.
- "L'autre jour, tu avais prononcé ce nom." dit-il sur un ton assez dur. Je baissais la tête, cherchant mes mots. Je finis par relever la tête en l'entendant s'arrêter. Il me considérait silencieusement, la mâchoire tendue et les sourcils froncés, comme énervé. Il poussa un soupir de colère et passa une main dans ses boucles pour les remettre en place. "Serait-ce ton... ex ?" m'interrogea-t-il. Je ne pus m'empêcher d'exploser de rire en me pliant en deux. Harry rougit de honte et marmonna : "Elle va me rendre fou.". Enfin, de ce que j'avais compris. Une fois mon fou rire passé, je pris un petit air gêné.
- "Disons que... hum." toussotai-je avec honte. "C'est une... peluche." Cela sonnait plus comme une question. Harry fit une tête bizarre avant de lâcher un sourire.
- "Zéro expérience sociale, uh." remarqua-il et je me sentis vexée par cette triste vérité.
- "C'était un nounours que mon père m'avait offert avant de mourir lorsque j'étais petite." murmurai-je, une boule dans le ventre. "Je la serre toujours contre moi lorsque je traverse des temps difficiles." Harry me lança un regard d'excuse.
- "Tu sais que je ne suis pas le genre d'homme à faire des câlins et tous ces trucs de faible, n'est-ce pas ?" Je me mis dos à lui et me remise à marcher.
- "C'est pour ça que je t'aime, je suppose." lui avouai-je. Je me tournai légèrement pour observer sa réaction et le surpris à mordre sa lèvre tout en me détaillant. Il fit quelques pas vers moi en secouant sa tête.
- "Arrête de me dire des trucs comme ça." râla-t-il en se remettant à marcher à mes côtés, les mains dans les poches.
- "Pourquoi ?" questionnai-je, intriguée.
- "Sinon je vais tomber amoureux de toi." Je m'arrêtai brusquement de marcher, les yeux grands ouverts avant de me tourner vers lui. Il semblait sceptique à ce qu'il venait de dire.
- "Q-Qu..." bégayai-je, le coeur battant la chamade.
- "Je rigolais juste bébé." m'annonça Harry et je fermai les yeux au coup de poignard que je reçus dans le coeur. Trop beau pour être vrai, idiote. J'en ai assez d'espérer.
- "Tu es tellement..." commençai-je, d'une voix lasse et brisée. Je refermai ma bouche et repris la marche en contenant ma colère.
- "Énervée ?" Il fit un sourire narquois et je soupirai.
- "Laisse moi tranquille Harry." Je mordis furieusement ma lèvre inférieure en essayant de contenir les larmes qui menaçaient de couler. Harry n'eut pas le temps de répondre qu'une voix nous interrompit.
- "Anzel Scott." Je me retournai et vis le professeur, Monsieur David Reenfield. C'est un professeur d'art assez jeune qui fait partie de mes professeurs favoris. Il me fit un magnifique sourire qui me fit craquer malgré moi. "J'aimerai vous parler, seul à seule." dit-il en regardant Harry. Celui-ci le toisa étrangement.
- "On a cours." Harry fit sur un ton banal et assez insolent.
- "Mais vous n'y êtes pas." Monsieur Reenfield sourit une fois de plus. Je ne pus m'empêcher de loucher sur son sourire resplendissant. Comment cet homme fait-il pour sourire tout le temps ? J'aimerai tant qu'Harry sourisse plus souvent, comme ça je pourrai voir ses fossettes si mignonnes ressortir et ses yeux briller d'une malice enfantine.
- "De quoi voulez-vous me parler Monsieur Reenfield ?"
- "J'aimerai vous aidez à vous améliorer en art, j'ai vu que c'est seulement dans cette matière que votre moyenne est assez juste. C'est pour cela que j'aimerai que vous preniez des cours particuliers avec moi, une ou deux fois par semaine. Réfléchissez-y, s'il vous plaît." me conseilla-t-il en posant gentiment sa main sur mon épaule. J'hochai la tête en réfléchissant.
- "J'en parlerai à ma mère, je..." Je fus coupée par Harry.
- "Faites comme si j'étais pas là surtout." Je fronçai les sourcils avec incompréhension. "Ouais j'vais retourner en cours, je vous laisse baiser ensemble." cracha Harry en nous regardant méchamment. La tristesse m'envahit à ce qu'il venait de dire.
- "Ne vous inquiétez pas Anzel... On dirait qu'il tient beaucoup à vous. Mais bon, ce garçon a toujours eu un fort caractère. Cela lui passera un jour." Il me fit un sourire réconfortant et j'acquiesçai vaguement pas très convaincue en scrutant la silhouette d'Harry s'éloigner rapidement.
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