Chapitre 6 : Les catacombes.

SAMEDI, 22:04


Malgré un mal de crâne poignant et du fluide lui gênant l'œil droit, Scottie se releva en se dépoussiérant les vêtements. Elle observa le trou se trouvant au dessus de sa tête. Il n'avait suffit que d'un petit espace pour la faire tomber, une place précise. Pour Scottie, c'était l'œuvre d'un esprit. 

Elle alluma sa lampe torche et examina où elle était tombée. Une grande salle en pierre où était exposée différentes armes du Moyen-Âge, des tapisseries et divers objets sous des draps poussiéreux. 

Scottie se dirigea vers une large porte en bois. En essayant de l'ouvrir, elle constata que la porte était verrouillée. Elle fouilla dans ses poches sans trouver les clés. Retournant à son point de départ, elle posa la lampe sur le côté et remua le tas de bois moisi. Quelque chose gênait sa vue. Elle se frotta les yeux et sentit alors le liquide qui tombait sur ses cils. 

À l'aide de sa lampe, elle établit qu'il s'agissait de sang. Le sien. 

Scottie déchira un bout de drap et s'en servit pour tout essuyer. Ensuite, elle put deviner si sa blessure était grave ou non. La tête avait tendance à saigner abondamment. Finalement, elle jugea que ce n'était qu'une petite coupure. 

Ne trouvant toujours pas les clés, elle se releva et essuya ses mains sur son jean. Puis, elle les mit de façon à former un mégaphone. 

  – Eh oh ! Vous m'entendez ? 

Aucune réponse ne vint. 

Scottie ne traîna pas plus longtemps. Équipée de sa lampe torche, elle fit le tour du sous-sol. 

  – De toute façon, je serais descendue un jour ou l'autre, se dit-elle. 

De nombreux bibelots inondaient les étagères. Une chaudière en mauvais état, et probablement incapable de fonctionner à nouveau, était branchée dans un des coins de la salle. 

Brusquement, derrière elle, un bocal fut brisé. 

Scottie fit volte-face et se retrouva une nouvelle fois nez à nez avec l'enfant du puits. 

Sans aucune parole, ce dernier tourna la tête et commença à marcher. 

  – Tu veux que je te suive ? 

Scottie commença à déambuler entre les étagères et finit sa course devant un mur en béton. L'enfant à côté d'elle traversa le mur en lui jetant un regard apeuré. Le mur fut imbibé d'eau. Scottie le toucha du bout des doigts et eut un frisson. L'excitation prenait le pas sur le bon sens. 

Avec une détermination sans faille, elle enleva tout le matériel disposer devant le mur. Après son balayage, elle découvrit alors une mystérieuse plaque en fer rouillé. Quatre clous lui permettaient de tenir. 

Scottie chercha de quoi défoncer la plaque et, trouvant des outils de bricolage, se mit au travail. Après plusieurs minutes à s'acharner sur les clous, la plaque céda, révélant un tunnel étroit, creusé dans la terre. Scottie pouvait entendre les insectes et même les rats faire des allers-retours dans cette galerie. 

Dorénavant, Scottie ne pouvait pas retenir sa profonde envie d'aventures. 

Attrapant sa lampe, elle s'engagea dans le tunnel en rampant. 

Soudain, un bruit sourd, de métal, attira l'attention de Scottie. Avec sa lampe, elle examina son entrée. La plaque de fer était revenue à sa place et, malgré les coups de pieds de la jeune fille, elle ne voulait pas bouger. Autrement dit, Scottie n'avait pas d'autres choix sinon de continuer à avancer. 

Au bout d'un moment, Scottie se rendit compte que le tunnel s'élargissait. Puis, les galeries devinrent de véritables tubes de deux mètres de haut et trois mètres de large. Scottie se retrouva devant un choix compliqué. En effet, à la sortie de son tunnel, elle tomba sur un carrefour avec trois chemins. 

L'enfant n'avait pas réapparu, malheureusement. La jeune fille ne savait plus où aller, alors elle se servit de ses connaissances pour choisir. Tout d'abord, elle essaya de sentir le vent. Puis, l'odeur. Enfin, l'humidité. Toutes des indications précieuses selon son livre sur les labyrinthes. 

Scottie ne savait pas ce qu'elle cherchait, ce que cet esprit voulait lui montrer, ce qu'elle découvrirait au bout de son chemin, mais elle était déterminée à tout voir, à tout connaître, et à tout balayer. Elle s'engagea dans le tunnel du milieu. Les gouttes d'eau tombant de la terre, l'odeur de pluie dans les airs, cela l'avait mis sur la voie. Si le garçon avait été noyé, alors suivre cette piste semblait logique. 

Au bout de plusieurs minutes de marche, elle se retrouva dans une sorte d'impasse. En effet, le tunnel s'était transformé en une rivière souterraine, où il n'y avait aucune prise au sec. Avec seulement sa lampe, Scottie n'arrivait pas à voir le fond. Elle tourna sur elle même à la recherche d'un bout de bois, revient même sur ses pas pour enfin trouver une racine, qu'elle arracha à pleines mains. 

Ensuite, elle enfonça son bâton de fortune dans l'eau et conclut qu'elle n'était pas très profonde, et que la jeune fille pourrait continuer en marchant dedans. Les cheveux bien attachés, ses objets précieux dans ses poches de manteau, elle descendit doucement dans l'eau glacée. Une sensation de brûlure vint chatouiller sa peau, à travers ses vêtements. L'eau lui arrivait au milieu des cuisses. 

La vase l'empêchait de marcher correctement et bloquait certains de ses mouvements mais, la lampe bien en l'air, Scottie continuait à avancer énergiquement. 

Soudain, quelque chose frôla sa cheville. 

Immédiatement, Scottie s'arrêta et examina l'eau. Cependant, elle était trop sombre pour y voir ne serait-ce que la couleur de l'eau. La chose la frôla à nouveau. Des rires d'enfants suivis de cris se répétèrent en boucle, en écho dans ces galeries. 

Scottie savait que l'esprit voulait lui dire, à sa manière, quelque chose de spécifique. Alors, elle devinait qu'il ne la tuerait pas. C'est cela qui lui évitait la panique car, en absence de fer ou de sel, elle ne valait rien. 

Une lumière se fit dans son esprit. Elle fouilla vivement dans ses poches et en sortit son couteau suisse. Avec un sourire, elle le mit en place et le pointa dans l'obscurité. 

  – Que veux-tu me dire ? 

La garçon du puits apparut sur la rive, à l'endroit où le chemin prenait fin. Scottie leva sa lampe vers son visage, toujours aussi verdâtre et visqueux. 

  – Ils doivent partir ! Elle est réveillée ! s'écria l'enfant. 

  – Qui est réveillé ? 

L'enfant pointa du doigt la poche de Scottie. La jeune fille attrapa l'objet qui avait suscité son attention. C'était le collier rouge qu'elle avait pris dans la chambre des parents. À la lueur de la lampe, la pierre envoyait des rayons rouges sur les murs de terre et sur l'eau. 

  – Cécile Menard, chuchota Scottie. 

  – Ils doivent partir ! répéta l'enfant. 

Scottie fronça les sourcils. 

  – Tu ne m'inclus pas ? 

Le petit garçon riva des yeux noirs sur Scottie, qui ne broncha pas. 

  – Tu es dangereuse. 

Puis, brusquement, Scottie fut aspirée dans l'eau. Lâchant sa lampe et le collier, elle se débattit autant qu'elle put. Dans la noirceur de la nappe, la lampe se mit à clignoter, sentant les dommages de l'eau sur elle, et éclaira le collier qui se déposa délicatement sur des roches. 

Scottie, se débattant toujours contre une force invisible qui l'empêchait de remonter à la surface, vit une ombre s'approcher d'elle en rampant sous l'eau. 

Elle cessa de bouger et attendit que cette ombre avance davantage. Une fois assez près, elle brandit son couteau suisse et tenta de toucher l'esprit. Perdant de plus en plus d'oxygène, ses poumons la déchiraient. Elle sentait son corps brûler de l'intérieur. Elle sentait toute cette pression qui l'entourait. 

Malheureusement, par une manœuvre qu'elle n'arriva pas à distinguer, Scottie se planta le couteau dans la cuisse. Elle hurla, et ses ondes balayèrent l'eau. Du sang se mélangea à l'eau, formant une peinture claire. L'ombre se retira dans les profondeurs des ténèbres tandis que Scottie remontait à la surface en attrapant sa lampe. 

Malgré les clignotements incessants et les extinctions fréquentes, Scottie eut assez de lumière pour continuer sa marche. À chaque pas, elle serrait les dents. L'eau et la saleté n'arrangeaient pas les choses. Elle n'avait pas encore retirer le couteau, et sentait cette chose qui la gênait de l'intérieur. 

Sa lampe s'éteignit au moment où un jet de lumière extérieure attira son attention. Une lumière douce et argentée. Celle de la lune. 

Scottie se positionna dessous ce rond de clarté. Elle remarqua qu'il s'agissait de l'entrée du puits. 

La jeune fille essaya de sauter pour attraper les bords de pierre et grimper. Sans lampe, elle ne pouvait pas continuer plus loin. Il lui fallait en chercher une autre, et de quoi se protéger, avant de retourner en bas. 

Seulement, sa blessure la lança et elle cria de douleur. 

Après un moment de réflexion, Scottie arracha avec difficulté une des manches de sa veste pour en faire un bandeau. Elle leva la jambe en serrant les dents. Puis, en prenant son courage à deux mains, elle empoigna le couteau suisse et tira dessus avec force. Son hurlement résonna dans toute la cavité. 

En se pressant, elle fit plusieurs tours de sa jambe avec son pansement provisoire. Fière de sa résistance, elle souffla un grand coup. Il fallait qu'elle remonte. C'est avec cette pensée en tête qu'elle essaya de sauter encore et encore. N'y arrivant pas, elle fouilla l'eau pour trouver de quoi la surélever. 

Avec plusieurs rochers, Scottie se créa une estrade bancale. Gagnant quelques centimètres, son saut atteint cette fois sa cible et elle réussit à s'accrocher aux pierres. 

À ce moment-là, les rires enfantins reprirent. Scottie grimpa de quelques mètres afin d'être entièrement dans le tube, avec tous les membres sur des prises. Les rires s'accentuèrent. Des ombres se battaient dans l'eau, en dessous d'elle. 

Scottie employa toutes ses forces à remonter. Ignorant les nombreuses toiles d'araignées et les bruits incessants au fond du puits, elle parvient au sommet. Cependant, le paysage n'était pas ce qu'elle attendait. 

Debout, devant le puits, boitant avec le jean en sang, Scottie se retrouvait devant une scène d'horreur. Des milliers de corbeaux étaient morts, écrasés par terre ou pendus sur des branches. Les mouches dansaient au dessus des cadavres, et la lune semblait sourire à ce paysage. 

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