Chapitre 2 : Le puits mystérieux.
SAMEDI, 16:24
Scottie allait entrer la clé dans la serrure lorsque des aboiements la firent sursauter. La clé tomba lourdement au sol, comme si elle subissait la gravité plus qu'à l'habituel.
– Super, manquait plus qu'un méga chien de la mort qui tue, rouspéta Beth.
– Ton cousin, rit Jay en désignant Thomas.
Ce dernier eut un rire forcé et leva les yeux au ciel.
Scottie ramassa les clés. Les aboiements avait cessé, mais elle sentait dans l'air un certain malheur. Elle n'arrivait pas à définir ce sentiment. C'était comme si le vent cherchait à la prévenir de quelque chose. Malgré elle, Scottie sourit.
Puis, les aboiements reprirent de plus belle. Plus intense, se répandant sur toute la colline. Impossible de définir la position exacte du chien. Il semblait être partout, pourtant il n'apparaissait nulle part.
– Les propriétaires n'ont pas précisé qu'il y avait un chien ici, dit Thomas.
– C'est un chien sauvage, affirma Scottie.
– Il commence à m'énerver ! Je ne pourrais jamais dormir avec tout ce vacarme, râla Beth.
– Tu comptais dormir ? Je suis déçu, sourit Jay.
Beth embrassa furtivement son copain puis piqua son ventre avec son index pour le taquiner.
Le chien n'avait pas arrêté. Scottie n'avait toujours pas ouvert la porte. Elle essayait de déterminer où se cachait l'animal, mais les sons se mélangeaient tous dans l'air de la colline.
– Scottie, où est Olympe ? demanda Thomas soudainement.
Le groupe se tourna pour n'apercevoir qu'une multitude d'arbres et de plantes mortes. Les aboiements n'étaient plus là. Le vent s'était stoppé. Les nuages gris annonçaient un futur orage.
Scottie appela le nom de son amie à plusieurs reprises.
– Elle était derrière nous ! dit-elle.
Le silence était pesant. Olympe ne répondait pas aux appels vocaux et téléphoniques, ces derniers se coupant surtout à cause du manque de réseau.
Brusquement, un hurlement déchira la forêt. Des corbeaux s'envolèrent à l'est du manoir.
Sans réfléchir, Scottie s'élança dans les bois en laissant ses affaires derrière elle. Elle n'avait que les clés de la bâtisse et sa lampe de poche, qu'elle tenait fermement dans ses mains.
La jeune fille n'était pas tellement inquiète pour Olympe, elle supposait seulement qu'un cri signifiait une apparition surnaturelle. Pour la première fois de sa vie, elle tenait peut-être autre chose que de simples témoignages d'enfants de son quartier sur la fameuse ombre.
Scottie courut à en déchirer ses poumons, sautant les diverses souches et ronces sur son passage.
Elle finit par trouver Olympe, assise par terre, couverte de terre et d'égratignures.
Olympe avait son appareil photo en main, et faisait glisser les clichés avec une mine concentrée. Lorsqu'elle aperçut Scottie, qui s'appuyait contre un arbre et reprenait lentement sa respiration, la jeune fille se releva d'un bond et fit quelques grands pas vers elle.
– J'viens d'me faire attaquer, déclara Olympe.
En effet, ses vêtements étaient déchirés et sales. Ses mains et sa figure présentaient de petites entailles.
– Les corbeaux ? demanda Scottie en observant le ballet d'oiseaux au dessus de leur tête.
– Ouais, les piafs. J'ai pris une photo du puits et, d'un coup, je me suis retrouvé par terre avec des oiseaux sur la gueule. J'ai rien compris à ma vie.
– Le puits ?
Olympe désigna un amas de pierres, situé sous un hêtre tortillard, dont les feuilles jaunâtres tombaient à petit feu.
Plusieurs pierres, plus anciennes que celle de la façade du manoir, et surtout recouvertes de mousse sombre, étaient empilées. Des planches de bois à moitié détruites recouvraient l'entrée. Un vieux sceau cassé était posé juste à côté, aspiré par la terre.
Scottie et Olympe s'approchèrent.
– Il n'y a rien sur la photo que tu as prise ? l'interrogea Scottie.
– Nope, Dana, que dalle.
Olympe était la seule personne du groupe à appeler Scottie par son véritable nom. Les deux filles se connaissaient depuis la primaire, une longue route avait été faite ensemble, mais Olympe n'avait jamais voulu la nommer autrement. Pour elle, les noms représentaient une identité, pas un simple mot de passe pour interpeller une personne.
Les deux jeunes filles se penchèrent au dessus du puits. Rien que l'obscurité et le silence.
Scottie commença à enlever quelques planches qui l'empêchaient d'avoir une bonne vue. Les frottements résonnèrent dans le tronc.
Avec sa lampe de poche, Scottie éclaira le fond. Il y avait pléthore de toiles d'araignées, et plus aucune eau ne traversait ce puits. Il avait été complètement abandonné. Scottie n'avait qu'une envie, descendre dans ce lieu et visiter la cavité. Cependant, elle devait se faire une raison. Elle n'était pas équipée pour une expédition souterraine.
– Partez, murmura subitement une petite voix.
Scottie lança un regard étonné à Olympe et, ensemble, elles se retournèrent. Personne. Seulement des traces de glissades et des plumes noires embrassant les cailloux.
– Partez, répéta la voix.
Scottie fit volte-face, pour ne trouver que le vide devant elle.
– C'était la voix d'un enfant, remarqua Scottie.
– Quoi ?
– Tu n'as pas entendu ?
– Nope, pas le moins du monde.
Le son des gouttes de pluie se fit entendre, mais l'eau ne semblait pas tomber du ciel.
Scottie promena sa lampe autour d'elle et s'arrêta devant ce qui lui semblait être une illusion.
Un petit garçon au teint verdâtre, les yeux entièrement blancs, complètement nu, se tenait au milieu des branchages entremêlés au hêtre. Des gouttes d'eau tombaient de ses cheveux et de son corps, formant une petite flaque à ses pieds.
Son visage se déforma, et sa bouche s'ouvrit comme un trou noir.
– PARTEZ !
Puis, il disparut en explosant. Un mélange de poussière et d'eau se déversa sur le sol.
– Tu as vu ça ? demanda Scottie, à la fois émerveillée et choquée.
Olympe la regarda. Un ridicule échange de regards se produisit, pendant lequel Olympe tentait de comprendre l'enthousiasme de son amie.
– Tu n'as pas vu ça ? s'insurgea Scottie.
– Désolée, l'amie, j'aurai dû sortir mon troisième œil.
– Il était juste là !
– Qui ?
– Un enfant. C'était un enfant, qui avait l'air de s'être noyé ! Attend, viens avec moi.
Scottie se dépêcha à l'endroit exact de l'apparition. Malheureusement pour elle, le sol était aussi sec que le sable des déserts. La jeune fille soupira.
– Je te jure que je l'ai vu, insista Scottie.
– J'te crois, Dana. Bon, faudrait p't'être qu'on retourne vers les autres, ils doivent s'inquiéter.
Scottie hocha la tête, déçue. Une preuve, il ne lui fallait qu'une preuve et tout le monde la croirait. Elle deviendrait celle qu'il faut suivre, celle à qui il faut faire confiance. Scottie avait besoin de preuves.
Lorsque les deux filles revinrent à l'entrée du manoir, leurs amis se rongeaient les sangs.
Beth était assise sur les marches et tripotaient ses ongles vernis, tandis que Jay faisait les cent pas derrière elle. Thomas avait le téléphone collé à l'oreille, et râlait contre le réseau. Quand les trois amis virent Olympe et Scottie ressortirent de la forêt, ce fut un soulagement immense.
– Plus jamais vous me faites ce genre de coup, je vous préviens, cria Beth.
Olympe l'a pris en photo. Le flash éblouit Beth quelques instants.
– Elizabeth énervée, magnifique photo, dit Olympe.
– Ça t'amuse, peut-être ?
– Un peu. Ça va, on est pas morte.
– Encore heureux ! Mais, c'est quoi toutes ces égratignures ?
– Un combat épique entre des piafs et moi, assura Olympe avec un grand sourire.
– Les oiseaux ont gagné, à ce que je vois, rit Jay en venant entourer Beth avec ses bras.
Thomas ignora les autres pour se concentrer uniquement sur Scottie.
– Tu n'es pas blessée ?
– J'ai vu un esprit, a affirmé Scottie en esquivant la question.
La jeune fille s'avança vers la porte du manoir et enfonça la clé dans la serrure.
– Cette nuit va être magique, annonça-t-elle en ouvrant les deux portes avec force et conviction.
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