La lune, légère, délicate, vivante et éclatante...
Du haut de son royaume d'ébène, supplantait mon paradis.
Le fouet solitaire de cette mer conquérante titillait mes sens.
Entrelacée entre deux vides,
Les yeux secs, je regardai au loin, avec un sourire salvateur.
Un ange, deux anges, trois anges...
M'exclamais-je en apercevant au loin trois silhouettes ailées,
Glissant entre les vagues.
Prise de fou rires et de fascination,
Je me sentais revivre, retrouvant des émotions perdus.

C'est si beau d'aimer....

Ma jolie robe devenait d'autant plus belle au clair de lune.
Rayonnant d'une teinture safran,
Absorbant le peu d'éclat que je gardais délicieusement dans ma propre chair.
Cette chair aux multiples écorchures,
D'où fuitaient toutes mes aspirations futures, vers un monde lointain, emporté par le courant du grand large.
Entre déni et ressentiment, je me surpris à sourire.
Une sirène... Deux Sirènes.. Tiens.. Une bébé sirène aussi.. Elle est si mignonne.
Affirmais-je prise dans mes hallucinations.
Et mes lèvres meurtris réitèrent une mélodie nocturne, sans voix, ni aucune intonation..

C'est si beau d'aimer...

Le moment approchait...
Mon cœur signalait la finalité.
Mon cœur signalait mes maux.
Pourquoi pouvais-je ressentir ses battements?
Alors que je n'étais supposé rien ressentir?

Comment pouvais-je encore avoir mal?
La lune, complice, mettait mes souffrances à nus.

Mes yeux, pouvaient-ils encore voir?
Si oui, que pouvais-je voir encore?

Et mes sensations?
Et mon toucher?
Étais-je encore en vie?

Le sable devint soudain chaud,
Le ressac plus délicat.
Le ciel, à l'allure animé, était le théâtre d'un festival des plus extravagants.
Un ange.. Non.. Un démon.. Et un autre.. Avec un autre.. Ils dévorent la sirène.. C'est.. C'est magnifique.
Charmée par ce spectacle des plus étranges,
Je tendis la main pour atteindre ce monde lointain.

C'est alors que deux ailes noires vinrent à ma rencontre. Il souriait.
D'une telle gentillesse, d'une telle servitude que je me laissais lentement guider.
Des flammes... Du noir... Du désespoir...
Le parfum des Lys exaltait mon âme.
Annonçant cette réalité anodine vers laquelle j'étais prédestinée.
D'une impulsion muette, je souris une dernière fois à mes peines, mes douleurs, mes regrets...
Me délectant de mes ultimes paroles ici bas.

C'est si beau d'aimer...