Dechirure mental, impassivite faciale.
Elle se regarda dans le miroir de la salle de bain. À côté, dans sa chambre, une chaise se renversa, elle entendit des papiers s'envoler et sa mère continuait à lui hurler dessus.
Mais c'est comme si elle n'entendais pas.
Dans la glace se reflétait ce visage neutre qu'on lui reprochait souvent d'avoir.
Elle entendait crier sa génitrice, lui déblatérer sa rage, mais elle ne semblait pas s'en préoccuper.
Elle se concentrais sur ce point fixe, son regard dans le vide.
C'était pire que d'habitude.
Elle n'avait jamais vue sa mère comme ça, le visage déformé par une folie et une rage deconcertante, balayant les objets de la chambre de la jeune fille sur son passage.
Le cri de la femme résonnais dans la maison comme un écho.
Elle se mit à la menacer, la jeune fille ne réagissais pas.
Ce visage toujours neutre.
Sa mère s'en alla rageusement, après l'avoir méchamment pointé du doigts.
La brune regarda l'état de sa chambre. Les papiers sur son bureau étaient à terre, sa chaise renversée à l'autre bout de sa chambre et ses dessins sur lequel elle s'était appliqué étaient déchirés. La porte de la maison claqua.
Elle n'avait que deux heures pour ranger ce qu'elle n'avait pas mise en désordre.
Mais elle gardait ce visage neutre.
Les larmes dévalèrent lentement sur ses joues et sa vue se brouilla, mais son visage resta neutre.
Sans émotion.
Elle sentait ce liquide rouler doucement sur ses pommettes mais n'y prêtait pas attention.
Elle gardait optimisme, le plus qu'elle pouvait en tout cas, pensant qu'au moins, la femme avec qui elle vivait n'avait pas encore levé la main sur elle.
Et elle craignais que ça ne soit qu'une question de temps.
Elle ramassa tout et rangea comme elle pouvait, le plus soigneusement possible.
Son visage éternellement neutre.
Elle ne s'autorisait pas à laisser apparaître ses sentiments.
Elle ne souriais pas, parce que ça signifiait qu'elle était heureuse et elle ne le méritais pas.
Elle ne criais pas, parce que ça signifiais qu'elle attirerait l'attention et elle ne la méritais pas.
Elle ne pleurais pas parce que ça signifiait qu'elle voulait sortir de son malheur, ce malheur étant pourtant la seule chose qu'elle méritais à ce moment.
Les larmes couraient les unes après les autres sur son visage, mais elle ne pleurait pas.
Non, elle n'était pas triste, elle était neutre.
Et le liquide sur son visage n'était que la réaction de son système nerveux face à une situation particulière.
Comme à son habitude, elle était neutre.
Elle s'agenouilla. Il y avait cette évaluation sur le sol, qui indiquait 18,5/20.
Elle tenta de la ramasser mais, manque de chance, celle ci se déchira.
La jeune fille avait beaucoup étudié pour obtenir cette note, et tout avait disparu.
Alors elle pris le reste de bout de papier, et le déchira plus qu'il ne l'était encore.
Elle se délectait du bruit que gémissait le papier sous la torture de ses doigts.
Il ne restait que des confettis de ce qui était autrefois une interrogation réussie, et la fille se remarqua à elle même quelque chose d'idiot.
Déchirer.
Elle aimait bien ce mot.
Sans vraiment savoir pourquoi, elle le trouvait puissant. Étais-ce parce qu'elle le côtoyait si souvent ?
A force de rencontre, elle le voyait comme ce vieil ami qu'on est heureux de retrouver.
Elle aimait le mot déchirer parce qu'elle sentait le monde partir loin autour d'elle et que ce mot était représentatif de tout ses sentiments en même temps.
Son âme se déchirant à chaque crise de sa mère.
Sa vie se déchirant à chaque jour qui passait.
Son cœur se déchirant à chaque fois qu'elle voyait la personne qu'elle aimait.
Son estime d'elle même se déchirant à chaque fois qu'elle recevait ses notes de contrôle.
Et ce monde.
Ce monde se déchirant tout autour d'elle dans une danse folklorique l'étouffant.
Elle vit alors son reflet dans le miroir de sa seconde chambre.
Elle ne méritait pas de chambre, et elle en avait 3, elle ne savait plus bien pourquoi, elle avait oublié. Son souvenir s'étant déchiré.
Sa mâchoire qu'elle trouvait trop carré, ses boutons d'acné déformant son visage en quelque chose de vilain, sa lèvre inférieur qu'elle voyait mal taillée, ses cheveux gras et ses yeux humides. Et elle se surpris à vouloir se déchirer elle même.
Plus physiquement que mentalement.
Et son espoir se déchira à cette pensé, alors qu'elle se détestait de replonger aussi facilement la dedans.
La claque mentale que l'horrible gamine reçu la réveilla, et elle eut envie de hurler.
Elle le pouvait.
Elle en avait le droit, étant donné qu'elle était seule chez elle.
Mais elle ne l'eut jamais fait.
Ce n'était pas comme si elle n'essayait pas.
Elle avait plusieurs fois ouvert la bouche en grand et plissé les yeux pour tout cracher.
Mais ça restait toujours bloqué dans sa gorge. Et à chaque bruitage, elle frémissais, craignant le retour de son aîné, trop de temps était passé, elle n'avait pas pleuré, elle combattait pour ne pas se déchirer, rien n'était véritablement rangé, et son hurlement restait toujours coincé dans sa gorge asséchée.
Elle se précipita pour tout remettre en ordre du mieu qu'elle pouvait, se pressant, manquant de glisser dans les escaliers, cherchant un sac poubelle, et tout ça avec ce visage neutre. N'importe qui aurais rajouté un semblant de vie dans ses expressions faciales durant tout ces gestes mais elle, non.
Elle était complètement neutre, et son envie de montrer qui elle était réellement était la seule chose qui n'était pas déchirée.
Alors elle retira son âme de son corps, collant ce visage neutre qu'elle se réservait seulement dans les situations critique de manière éternelle sur son visage, et placé son esprit entre ses barreaux glacés, qu'elle appelait plus communément cerveau.
Alors maintenant, elle arrêterait ne serais ce que d'essayer d'étirer un sourire, elle resterait neutre, se concentrant sur son impassivité.
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