Je cours.

Je cours au travers du village parce que c'est toujours la seule et unique chose qui me défoule vraiment quand je suis mêlée.

Et Dieu sait que je suis souvent mêlée.

Une intersection, tourne à droite, puis tout droit. Je ne m'arrête pas, jamais, pas tant que mes pensées ne se soient rangées.

J'ai vu une belle fille à une crèmerie cette semaine. Pas parlées, juste regardées. Je devrais y retourner, elle me plaisait.

Mais encore une fois, toujours mêlée.

Virage à gauche, vers le café.

Du café, ça me ferait du bien...Je m'arrête.

Toujours à m'imaginer que quelqu'un d'intéressant viendra un jour me parler au café. On est tous fait comme ça j'imagine. Dernière fois que je suis venue, c'était avec mon amie.

Elle m'avait avoué s'imaginer des scénarios comme ça elle aussi. On est deux.

On était deux. Maintenant il n'y a que moi, seule. Je cherche des personnes précises, je crois. C'est pour ça.

Un cappuccino, comme d'habitude. En fait, c'est parfois un latté, aussi. Réconfortant, mais je sais que dans une quinzaine de minute mon cœur le regrettera. Il le regrette toujours. Un beau gars sur un ordi deux tables plus loin...mais je suis toujours mêlée, en fait.

Ce n'est pas gentil, ce que ma tête me fait.

Mêler quelqu'un de mêlé, ce n'est pas gentil.

Rapide coup d'œil, peut-être l'interceptera-t-il?

Une fille entre, jolie, hipster, différente, belle... Jolie. Rapide coup d'œil, encore. Je ne suis pas bonne là-dedans. Mais j'essaie, qui sait?

Je ne sais que dire, que faire. Elle me regarde, sourit. Elle rit, ça me gêne. Je me referme.

J'ai l'air extravertie, mais au fond, je suis comme les autres. Je suis mélangée, dans mes pensées, dans ma tête. Je suis timide, comme tout le monde.

On s'appelle et on déjeune, on boit et on rigole, mais au fond, ça nous rend mal à l'aise.

Je quitte le café, je cherche où aller.

Je veux partir, loin, loin loin....

***

Marie-Fleur