epilogue; myth of a rainbow in someone's clouds.
✩ La tête étoilée... ✩
T'es sûr d'avoir tout pris ?
Tu réfléchis l'espace d'un instant, et j'te vois silencieusement énumérer toutes tes possessions tout en jouant de tes doigts avec ta lèvre inférieure, avant d'finalement m'servir un grand sourire et m'annoncer que tout est bon.
Faudra r'venir demain, pour l'état des lieux.
Puis on pourra définitivement dire adieu à nos chambres respectives.
J'souris à mon tour.
Allez viens.
Les gars viennent ce soir pour la crémaillère et on a encore plein d'cartons à défaire.
Tu m'prends la main avec enthousiasme, et on s'dirige vers ta voiture afin d'prendre la route vers notre nouvel appartement.
Notre nouvel appartement...
Rien qu'la pensée qu'on va vivre ensemble m'rend euphorique, j'ai si hâte et si peur, j'suis si heureux et si anxieux, le mélange est bien étrange mais j'dois dire que c'est pas désagréable pour autant.
Si j'suis avec toi alors tout ira bien.
Ça fait pratiquement deux ans qu'on a commencé à s'fréquenter, et plus d'un an qu'on est ensemble, et à partir d'aujourd'hui, on vivra tous les deux sous le même toit.
Après avoir passé des mois à squatter la chambre de l'autre, il n'y aura plus de couloir pour nous séparer, plus de porte pour nous tenir éloignés.
On aura une cuisine rien qu'à nous où on pourra mettre d'la musique très fort tout en s'câlinant un peu, on aura plus à partager celle de la résidence.
On aura aussi une grande salle de bain où on pourra s'laver à deux, contrairement à nos anciennes douches déjà trop p'tites pour s'y tenir tout seul.
On aura un salon, un salon pour se poser toi et moi, et bavasser encore et encore, on pourra y travailler tous les deux, y jouer tous les deux, y vivre tous les deux.
Et surtout, on aura une belle chambre avec un lit king size, on aura plus à dormir par terre ou séparés, y aura plus d'risques que l'un d'nous tombe dans la nuit ou fasse mal à l'autre en dormant.
On sera bien, on sera heureux.
J'savais qu'l'argent d'mes parents me servirait un jour.
J'savais que j'faisais bien d'économiser, même si j'aurais jamais cru à une époque investir dans un appart pour deux.
Et surtout pas avec le gars qui hante le fond d'l'amphi.
Avec le gars qui disparaît à la fin de chaque cours.
Avec le gars que j'croisais sans voir dans l'couloir de l'étage.
Putain, jamais j'aurais cru tomber follement amoureux du gars d'la chambre d'en face.
Alors que j'grimpe côté passager, j'te vois contempler ton portable d'un air songeur l'espace d'un instant.
Un problème ?
Tu réponds pas tout d'suite, j'me d'mande même si tu m'as entendu ; pourtant, tu finis par sortir de ton espèce de phase, l'expression vaguement perdue, tu t'excuses et tu démarres le véhicule.
J'ai reçu un message de mon frère.
Mauvaise nouvelle ?
Tu m'réponds pas tout d'suite.
Non.
Il m'félicitait pour l'emménagement.
C'est une mauvaise chose ?
Non.
Alors pourquoi t'as l'air...
Soucieux ?
J'hoche la tête.
Il veut te rencontrer.
Oh...
Je soupire.
Mingyu a accepté ?
J'lui ai pas laissé le choix.
Pas d'insultes homophobes alors ?
Pas d'insultes homophobes.
M'en voilà comblé.
Il a compris que j't'aimais je suppose.
Ça m'fait sourire.
J'tourne la tête et j'te vois sourire à ton tour ; tu m'jettes un coup d'œil et on s'met à glousser légèrement, même si c'est ridicule, même si y a pas vraiment d'raison.
J't'embrasse brièvement à un feu rouge, on rit à nouveau, et j'me sens bien putain, j'me sens bien.
J'me sens bien.
J't'aime putain Minho, tu l'sais ça ?
J't'aime comme j'ai jamais aimé personne.
Tu sembles si heureux maintenant, si heureux, y a deux ans encore t'avais l'air si brisé, tu semblait bien petit à errer sans but dans ce monde trop grand.
Regarde toi maintenant.
Regarde toi...
J'ose croire qu'c'est l'amour qui t'a sauvé, mon amour, mais j'sais surtout qu'c'est toi qui as choisi d'aller mieux.
De refermer les blessures, comme j'l'ai choisi moi-même, autrefois.
J'sais très bien qu'tu l'as fait pour moi, j'le sais très bien et j'me sens si comblé de savoir où je t'ai mené, mais Minho, je suis aussi si fier, si fier du chemin que t'as parcouru.
Et même si la route est encore longue, même si tu auras mal, même si jamais la vie ne sera aussi belle qu'on aimerait le faire croire, je le sais, ensemble, on ira loin, on ira loin et on sera heureux à notre façon.
On sera heureux à notre façon...
Je t'aime Minho, je répète, plus calmement, le regard tourné vers la vitre et le visage serein.
J't'aime aussi Jisung.
J't'aime comme toutes les étoiles qui peuplent le ciel, et plus encore.
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