2; the boy crying after the moon.

✩ Les mains abîmées... ✩

J'y aurais sans doute pas cru si on m'l'avait dit y a d'ça quelques mois, mais pourtant, c'est bien en train d'arriver. 

J'passe le nouvel an au milieu des champs, sans alcool pour pimenter la soirée et sans musique pour déchirer les tympans, simplement allongé sur le sol frais en compagnie du garçon qui m'plaît. 

C'est tellement pas dans mes habitudes, d'passer la nuit dehors à observer les étoiles, mais pourtant, elles sont si belles ce soir, que j'me demande soudainement pourquoi j'ai pas fait ça avant.

P't-être que j'comprenais pas trop c'qu'elles pouvaient avoir de si fascinant avant d'les avoir sous les yeux, qui sait.

J'suis un enfant d'la ville, après tout ; les astres, on les voit jamais quand on a grandi dans des rues toujours éclairées, même une fois minuit passé.

Toi, par contre, t'as l'air dans ton élément, avec tes yeux qui brillent et ton visage apaisé. 

J't'ai rarement vu aussi serein, ça m'a ému.

On parle pas, on ose pas (ou plutôt, toi t'as pas vraiment besoin d'parler, et pour une fois, moi j'sais pas quoi dire).

Ca m'arrive pas souvent, d'être à court de mots, pourtant.

Mais face à l'immensité du ciel, on s'sent tout p'tit ; le spectacle qui s'déroule sous mes yeux m'est si nouveau, et j'arrive pas à m'en détacher.

Sauf pour t'regarder toi, parce que j'te trouve encore plus magnifique que toutes ces étoiles, mais ça, c'est pas vraiment l'genre de trucs que j'peux m'permettre de balancer comme ça ; pas qu'j'en ai pas envie, ni qu'j'en suis pas capable d'ailleurs, j'veux surtout pas t'faire peur, plutôt.

T'es si fragile Minho, si fragile et si fort à la fois.

J'sais pas trop comment j'le sais, c'est un truc que tu dégages, peut-être.

Un truc qu'on comprend à force de traîner avec toi.

T'es tellement secret, j'arrive pas vraiment à t'cerner ni à t'comprendre, pourtant, j'commence à t'connaître maintenant.

J'me pose plein d'questions sur toi, tellement que j'pense quasi qu'à toi, depuis qu'on a commencé à s'fréquenter, tous les deux.

J'réalise que j'te fixe depuis trop longtemps lorsque tu finis par tourner ta tête vers moi, pour m'observer avec curiosité.

Ça s'voit sur ton visage que ça t'met un peu mal à l'aise, et qu'tu saisis pas vraiment mon comportement non plus, alors, j'm'empresse d'me reconcentrer sur le ciel.

Tu fais ça souvent ?

Tu m'réponds à peine, maugréant quelque son semblant vouloir dire oui.

Le silence se fait de nouveau, j'me sens presque coupable d'l'avoir gâché avec mon interrogation, pourtant, j'ai vraiment envie d'savoir, j'ai vraiment envie d'te découvrir un peu plus maintenant.

D'un seul coup, tu t'remets à parler.

Tu t'redresses, tout en m'demandant si j'connais des constellations.

Sauf qu'à part la grande ourse, j'ai aucune idée d'la gueule des autres.

J'm'assois avec toi, de nouveau incertain, et j'attend qu'tu continues, sans doute un peu perdu parce que j'vois pas trop où tu veux en v'nir.

Tout c'que j'remarque, c'est notre proximité physique soudaine et à quel point j'ai envie d't'embrasser.

Tu commences à m'en apprendre certaines (qu'tu qualifies d'aisément repérables), puis tu t'laisses embarquer finalement par ton propre discours, tu dévies un peu du sujet principal, commences à m'parler d'l'espace en général.

Et tu m'racontes à quel point ça t'fascine, l'astronomie, et qu'tu rêves de travailler là-d'dans, qu'c'est ta plus belle passion, et des fois tu t'demandes si ton nom d'viendra éminent, dans l'domaine d'la recherche spatiale, t'aimerais faire une découverte extraordinaire, théoriser un truc important ; tu veux laisser ton empreinte, aussi petite soit-elle, pour prouver au monde qu't'as survécu à un univers aussi grand.

J'te trouve touchant quand tu causes de l'espace, c'est une nouvelle facette de toi qui s'découvre, et j'pensais pas t'voir t'exprimer avec autant d'passion et d'éloquence un jour.

Et tu m'racontes les planètes lointaines et les galaxies perdues, les étoiles qui s'éteignent et le vide qui s'étend, tu m'racontes à quel point l'univers est encore jeune et comment il finira dans des milliards de milliards de milliards d'années, et j'crois qu'j'ai arrêté d'suivre à un moment, parce que j'étais plus capable de dire de quoi tu parlais vraiment.

J'te trouve renversant, quand tu souris de la sorte, j't'avais jamais vu aussi lumineux, j'me sens comme envoûté et j'arrive pas à m'détourner ; m'détourner d'toi, d'ton aura et d'tout l'reste enfin d'compte.

Et tu m'racontes, j'ai l'impression, qui tu es vraiment.

J'ai envie d't'embrasser.

Tu t'interromps d'un seul coup, à l'entente d'ma requête, j'te vois rougir dans la nuit noire, ton regard fuit le mien, j'regrette presque instantanément c'que j'viens d'dire.

Pourtant, tu finis par m'murmurer un p'tit vas-y timide, les joues teintées par la gêne et la lumière de la lune, par l'envie et la lueur des étoiles.

Ça m'surprend tellement, qu't'acceptes, j'fais les yeux ronds avant d'me r'saisir soudainement.

J'm'approche doucement d'toi, comme pour t'laisser l'temps d'changer d'avis, d'me dire que non, c'est une erreur, on s'est p't-être mal compris.

C'pour dire à quel point j'ose pas y croire, à ton autorisation.

Nos visages n'sont plus qu'à quelques millimètres, et j'te fixe dans les yeux, y cherchant ton accord une dernière fois.

Mais y a aucune réticence dans ton r'gard ; d'l'appréhension, effectivement, d'la curiosité, sans doute, du désir, oh bordel oui, mais pas d'non à l'horizon.

Alors, j'me décide à tendrement sceller mes lèvres aux tiennes, passant une main dans ton cou, le pouce sur ta joue et les autres doigts dans ta nuque, à la base de tes ch'veux dont j'enroule quelques mèches rebelles autour d'mes phalanges.

J'sens mon ventre se tordre et une drôle de chaleur s'répandre dans tous mes membres, j'veux pas sonner cliché mais j'me sens un peu patraque.

Toi t'as l'air vaguement pétrifié sur le coup, mais tu finis par t'détendre, et répondre à mes actions à ton tour, et j'sens ta paume se poser contre ma pommette avec cette même incertitude qui t'caractérise tant.

Et j'crois que j'sais enfin d'quoi j'suis tombé amoureux chez toi.

J'commence à saisir c'que j'ai pu voir derrière ton apparence de grand timide, derrière ton silence fatigué et tes yeux scintillant.

C'que j'ai vu, c'est ta passion, ta flamme qui n'demande qu'à brûler malgré la peur de flamber trop fort, qui tente de s'sauver de l'extinction en s'nourrissant d'astronomie et d'poésie.

C'que j'ai vu, c'est le charisme que t'avais en osant r'vendiquer les dires de c'prof, y a quelques mois, ton besoin presque avide d'rendre justice aux étoiles.

C'que j'ai vu, c'est ton amour pour l'espace, ton amour pour le ciel.

C'que j'ai vu, c'est pas tes masques et ton allure, ni tes mensonges et tes faux-semblants ; c'que j'ai vu Minho, c'est toi, c'est qui t'es vraiment.

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