Corsica
Bientôt je reverrai tes courbes féminines,
Respirerai de ton odeur le nouveau jour,
Abandonnerai tout, quitterai mes racines,
Pour me perdre à mon tour au creux de tes contours ;
Personne ne saura me garder loin de toi,
Et même si plusieurs laissent voir quelques charmes,
Femmes aux attraits plaisants, attachants je conçois,
Au-dessus de toutes, chacune tu désarmes ;
Ta beauté ne saurait souffrir d'autres rivales,
Envieuses de ta force, elles ne peuvent rien dire,
Écartées face à ton caractère infernal,
Se taisent en silence pour calmer leurs soupirs...
Pourtant je t'ai trompée, je suis partie un soir
Que l'été achevait, j'ai délaissé ta peau,
Enivrée de ma soif car je portais l'espoir
De conquérir au loin les mystérieux flambeaux.
J'ai parcouru le monde et ses terres brûlées,
Ses landes dures et froides, appelant l'infortune,
Des campagnes enceintes puis leurs enfants de blé,
Traversé les villes qui chantent sous la lune ;
J'ai vu des océans de couleur aux reflets
Orangés, des maisons aveuglées de soleil,
Des tours si grandes que le ciel les camouflait,
Et des cabanes en bois où l'ouragan sommeille ;
J'ai goûté aux épices, aux breuvages inconnus,
J'ai dévoré de tout, bouffé des crocodiles,
Croqué des chaires iodées jusqu'à leurs coques nues
Qui rendraient fous les fous, blanchiraient les asiles ;
J'ai empoigné au vol la valse des corps,
Et poursuivi les ombres âgées de l'Atlantique,
Dont les peaux doucement flétries, satinées d'or,
Révèlent le soir leurs formes fantomatiques...
Me battant sous la pluie contre les voiles humaines,
Des vagues plus hautes que les maisons de sable,
Conduisant les bateaux, tenant ferme les rennes,
Pour guider ces chevaux de l'eau jusqu'à l'étable,
J'ai côtoyé la mort et son souffle plaintif,
Ai entrevu son gouffre dans les yeux d'un homme,
Puis ai rendu visite à d'autres corps chétifs,
Esprits qui s'effaçaient sous les coups de la gomme ;
Mais tu étais partout, me guidait à travers
Les lourdeurs empêtrées de ces journées amers,
Par une image de toi, au creux de l'hiver,
Une odeur de maquis, les notes d'un concert...
Et apparaît la fresque adorée devant moi,
De montages et de mers, emmêlées par ta voix,
Où les anges jaloux descendent quelquefois,
Car il n'y a de paradis qu'un seul endroit.
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