ALVIFEA - #2 Salade de fruits
Après avoir passé un certain temps à baver devant cette paire de pastèques, je reçus finalement mon cocktail whisky-banane et le but d'une traite. Trente minutes d'attente pour deux secondes de plaisir, tu parles d'un investissement idiot. Encore pire qu'être précoce et chrétien.
Je reposa aussitôt mon verre, le claquant contre le bar fait de bois exotique. Je sentis tout de suite un regard malveillant se poser sur moi. Au début, je pensais à un colonel s'occupant du bar mais ce n'était qu'un simple client :
« Eh l'étranger, tu ne m'aurais pas volé avec style par hasard ? »
L'homme installé à ma gauche semblait vraiment remonté contre moi, même si je ne comprenais pourquoi. Il dégageait une odeur de charbon brûlé et portait une tenue banale : veste et jean noir. Seul détail original, une étoile cousue dans son haut. Mais de quoi se permettait-il lui ? C'est lui qui venait d'apparaître à côté de moi, c'est lui l'étranger ! Décidément, il avait pris un sacré melon.
Soudainement, une vague de chaleur m'envahissa. Ce raz-de-marée couplé à l'alcool qui circulait librement dans mes veines me poussait à relever le défi et à lui broyer les bijoux de famille s'il allait trop loin. Tant pis pour sa future descendance.
« En quoi cela vous dérange-t-il, je vous prie ?
- Ma voiture a eu un accident sur le parking. »
Il marqua une pause pour désigner du doigt ledit endroit, reposa son regard sur moi et continua d'un ton menaçant :
« Elle s'est accrochée, et ça a fait "HUNG" ! »
Oh non. Je n'aurais jamais pu imaginer quelque chose d'aussi terrible. Là c'est sûr, il cherchait bel et bien à se battre. Je voyais dans son regard qu'il n'allait pas tarder à me donner un coup de boule. Ma main se contractait tellement qu'elle aurait pu broyer un rat s'il s'était baladé dans le creux de ma main. Alors que l'agitation était à son point culminant, que les personnes présentes sur le ring s'entretuaient et qu'une foule s'était formée autour de cet orchidoclaste et moi, un silence de mort se fit et quelqu'un cria à en cracher ses poumons :
« ÇA SONNE SUR LE RING ! »
Tout le monde quitta ses activités et se jeta sous la structure la plus proche, comme si sa vie en dépendait. Une sorte de trou noir venait de se former au-dessus du ring, assombrissant l'entièreté de la pièce. Même les montagnes de muscles qui étaient — l'instant d'avant — possédés par une rage phénoménale fuyaient l'espace réservé aux combats comme la peste.
C'est en observant cette masse compacte noire qui semblait se foutre allègrement de la gravité que je compris. Putain de subconscient.
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