Lettre 1: Mon cher capitaine

Mon cher capitaine,

Vous rappelez-vous cette chaude journée d'été. Les oiseaux gazouilliaient avec joie et les papillons s'étaient mis à danser. Nous nous étions donnés rendez-vous dans un café du vieux Montréal. À moins que vous ne m'aviez convié dans l'un de ceux de Laval.

Si tel est le cas, notre rendez-vous manqué serait dû à une malheureuse incompréhension de ma part. Et cela voudrait dire que se serait mon délit si je me sens seule chaque soir. Je me souviens que nous nous étions promis d'aller faire du canot sur les rives de Trois-Rivières. Vous m'aviez confiée que vous en faisiez souvent, étant jeune, avec votre père.

Encore aujourd'hui, je m'imagine comment aurait pu se dérouler cette magnifique journée. Le soleil des Laurentides aurait réchauffé votre peau déjà bronzé... alors que la mienne serait restée blanche comme toute l'année. Nous aurions dévalé les eaux profondes à grand éclat de rire, écoutant la douce mélodie du vent et des clapotis de ce liquide vivant. Vous m'auriez racontée des bêtises et moi... je vous aurais relaté les histoires du Québec, en chantant.

Vous vous seriez moqué de moi, de ma voix, des ritournelles, pour me taquiner... et moi, je m'en serais vexée. Et pourtant, malgré toutes nos différences, nous nous serions aimés. Et pour le dîner, nous aurions mangé les sandwichs que je nous aurais confectionné avec amour. Nous aurions parlé de tout et de rien, de nos désirs et nos futurs parcours.

Vous m'auriez parlé de l'océan, des bateaux et des voiles. Alors que moi, se serait de films, de musiques et de toiles. Vous m'auriez racontée vos voyages à travers le monde et moi, je vous aurais avoué que je n'étais jamais sortie des limites de Québec. Vous m'auriez confiée que vous trouviez difficile les hivers froids et les été secs.

Je vous aurais timidement dit, qu'avec moi, vous n'auriez jamais froid. Vous m'auriez sourit, de ce sourire qui fait battre les cœurs, comme si j'étais là plus belle et la plus facile des proies. Mais... nous savons tous les deux que se n'était pas le cas.

Dire que je vous aimais n'aurait pas été un mensonge. Car depuis ce rendez-vous manqué, vous hantez mon cœur et mes songes. Je m'imagine encore quel effet cela serait être de nouveau dans vos bras, alors que je marche dans les rues de Saint-Jérôme. Mon esprit vagabonde alors que j'essaie en vain de croquer la vie comme on croque une pomme.

C'est maintenant, après sept ans déjà, que j'arrive à écrire ses paroles, que j'ose écrire ce que j'ai sur le cœur. J'ai conscience que vous ne verrez jamais cette lettre... puisque j'ignore où vous êtes. Je mourrai peut-être sans savoir si votre cœur battait pour moi avec la même intensité que des trompettes.

Mais... j'ai toujours un brin d'espoir que nos chemins se croiseront de nouveau.

Avec tout mon amour, votre claire fontaine.

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