Courte histoire: Nature
Les mains et les pieds liés, serrés par un lourd métal lice et froid, je clignais des yeux en tentant de voir dans l'obscurité qui m'englobait de toute part. On aurait dit la peau visqueuse d'un serpent noir tant l'endroit était d'une humidité glaciale.
Je ne m'y habituerais jamais...
Je tentais difficilement de bouger mon corps tordu de douleur. J'avais cette impression que de multitude de clous traversaient ma chaire... le moindre espace de muscles et de peau.
Ils m'avaient fait tant de mal, tant de torture depuis mon enfance... et tout ça pour quoi? Pour assouvir leur désir macabre de violence contre des espèces différentes d'eux.
Je mettais mes mains et mes pieds au sol alors que mon corps tremblait. D'une poussée de toute ma volonté, je chancelais sur mes jambes lourdes. Je grognais en mettant mes bras contre les murs métalliques de la boîte vibrante dans laquelle ils me traînaient jour et nuit. Ils me laissaient sortir à quelques reprises de ma prison de fer... mais seulement pour les heures de torture... devant leurs semblables ou non.
Parfois, si j'étais chanceuse, j'avais l'occasion d'entre-croiser des êtres différents d'eux et de moi... mais je savais, à leur costume ringard, qu'ils leurs réservaient le même sort.
Des spectacles, comme ils aimaient si bien dire. Des parades en tissu éponge, des acrobaties de plus en plus haut et de plus en plus dangereux, mais surtout... le feu... ce qu'ils réservent pour moi seule. Ils disent que, vu ma grande et large carrure, ça accentue l'intrigue. Ils crient avec leur sourire cruel lorsqu'ils me fouettent à tour de rôle pour me forcer à passer à travers les flammes, léchant les poils et la peau de mes larges membres.
Ça, c'est sans compter le costume ridicule à paillettes qu'ils me forcent à porter à chacune de leurs séances qu'ils disent inoubliable. Pour eux et leurs semblables.
Pas pour moi.
J'ai l'impression que je vais mourir grillée à chaque fois.
La boîte se secouait violemment de droite à gauche, cognant ainsi mon corps endolorie contre les parois étroit du métal épais. Après un long crapahutage violent, tout s'arrêtait. Je restais un moment à écouter, mais s'était le silence total. Un silence lourd d'appréhension. Où étions-nous maintenant? Allais-je bientôt devoir faire face à une nouvelle torture?
Puis il y eut des voix criardes et alarmées.
Y avait-il quelques choses d'horribles de l'autre côté? Étais-je en sécurité dans ma minuscule boîte qui empestait de mes excréments?
Je ne comprenais pas ce que les voix disaient, mais leurs tonalité hystérique me réjouissaient grandement malgré ma peur.
Eux aussi la méritait, cette angoisse qui vous noue les entrailles comme si une main les tordait d'un côté puis de l'autre comme une serviette mouillée.
Pendant un court instant, je souhaitais fortement qu'il s'agissait de ma famille qui venait enfin me sauver après toutes ses longues années. Il était facile pour mon espèce de terrorisé mes malfaiteurs... sauf lorsqu'ils nous effrayaient aussi, pour la plupart... ce qui était mon cas. Depuis qu'ils m'avaient arrachée à ma famille, lorsque j'étais encore très jeune, je vivais sous leur joux, dans leurs tortures macabres et leurs jeux dangereux. La tristesse me submergeait en sachant bien qu'il était impossible qu'il s'agissait de mes parents, voir ma sœur.
Ils ont dû m'oublier depuis le temps...
Quelque chose grinçait près de ma boîte et je sursautais en l'entendant. Le bruit se répétait de nouveau jusqu'à ce que des petites marques apparaissent sur l'un des murs métalliques de ma cage. Bon cœur bondissait dans ma poitrine en reconnaissant l'origine de ses marques.
Des griffes. Bien aiguisées.
Des petits puits de lumière sortaient des trous laissés par les marques. Un grognement rageur résonnait de l'autre côté, puis un coup violent me faisait basculer sur le dos. Un trou griffu faisait passer un peu plus de lumière dans ma geôle. Des griffes noirs passaient dans les trous avant de tirer sûr le métal. Mes yeux rencontraient les siens, aussi sombre que la nuit dans la clarté du jour. Mon cœur battait de plus en plus vite. Je ne le connaissais pas, mais sa carrure large et haute, plus imposant que moi, ne pu me trompé.
Nous nous ressemblions.
C'était bien la première fois depuis longtemps que je n'avais pas rencontré quelqu'un comme moi.
Il grognait en se dégageant de l'ouverture qu'il venait de faire. Maladroitement, je le rejoignais de l'autre côté pour m'apercevoir que tous les autres blocs sur les machines roulantes étaient tout aussi défoncées. Une couche froide et blanche que je voyais pour la première fois étaient répandu sur le sol à des tas de kilomètres autour de nous. Je jetais un regard à mon sauveur et dans notre langage silencieux, il me dit qu'il s'agissait de neige. Il me regardait de la tête aux pieds en me demandant pourquoi je portais quelque chose sur le corps. Je déchirais le costume ridicule qu'ils avaient oublié de m'enlever et je me sentais enfin libre.
Notre espèce n'avais pas besoin de ce genre de chose. Notre corps, remplie de poils de toutes parts nous protégeait déjà. Du coin de l'œil, je vu l'un d'eux, petit comparer a nous. Mon sauveur se mettait à grogner des avertissements, mais l'humain, comme ils s'appellent, ne faisait que s'approcher doucement dans son costume contre le froid. Quelque chose de long, tout aussi métallique que les prisons, mais beaucoup plus petit pour lui permettre de le tenir, était maintenu dans ses deux mains gantées.
D'instinct, je poussais mon sauveur et une boule de métal passa près de nous alors que nous tombions au sol. Mon sauveur fût plus rapide que moi à se relever et il rugit sauvagement en courant vers l'humain qui tremblait. Je me sauvais tant bien que mal dans la forêt environnante et peu de temps après, mon sauveur me suivait de près. Il me guidait dans les bois et nous retrouvâmes d'autres de notre espèce. Je fus enfin soulager de ma peine et ma torture.
Car dorénavant, je vivrai avec les miens...
Les ours.
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