L'homme de papier calque


Je t'aime.

Plein de montgolfières de mots en tête
Fondant sur la langue, timides
Refusant de s'envoler,
Indécis

Je t'aime.

Le silence en noeud coulant, les doutes en mistral
Amarres de peur
Comment dire ?
Muet

Je t'aime.

Comme solitaire dans la foule
De milliers d'isolés face à eux même
L'amour en lunettes noires, j'ai perdu ma canne,
Paumé

Je t'aime ?

D'autres bras, d'autres lèvres, d'autres parfums capiteux embrumant mes sens
Surcharge, empilés pour cacher
Seul le tien colle à ma mémoire,
Poisseux

Je t'aime.

Deux gosses, poignées de crayons colorés
Maladroits, du chocolat sur la joue
Mémoire salée, cacao de sanglots,
Amer

Je t'aime.

Mon cœur en puzzle
Tremble de penser au tien, si parfait
Les pièces éparpillées,
Incomplet

Je t'aime.

Homme de papier calque, à peine tracé, effacé
Spectateur éternel
Je n'ai plus de popcorn depuis longtemps,
Oublié

Je t'aime.

Ma main seule, la tienne dans la sienne
Mon doigt nu, mais les vôtres...
Un verre, deux verres, trois bouteilles,
Sans fond

Je saigne ?
Je t'aime.
Je pleure ?

Les mongolfières en cendres, sans gout sur ma langue

Tout est vide.
Je meurs ?
Non.

C'est la vie qui me colle, à présent.
Sans parfum.

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