Il fait nuit. Depuis un moment, déjà.

La fatigue est là, mais le sommeil se fait désirer.

Les paupières ne sont pas encore lourdes.

Et les machineries du cerveau tournent à plein régime.

Idées, images, rêveries se succèdent.

Les minutes passent.

Dehors, une voiture de temps en temps, ou un voyou ivre pour hurler à la Lune.

Des mots s'entremêlent inconsciemment, chaotiques et automatiques.

Fruit d'inspirations fugaces, ils prennent corps et s'écrivent.

Noir sur blanc à la lumière blafarde d'un document texte.

Piquant les yeux mais pas le cœur.

Avant de s'endormir.

C'est plus marrant que d'écrire une introduction ordinaire, mais je vais en faire une quand même. Bon.

À vrai dire, l'idée de faire de la poésie ne m'a jamais vraiment effleurée. De la poésie classique, j'entends : rimes, codes de versification, tout ce bazar-là. C'est génial mais trop compliqué à mon goût. En lire, déjà, c'est bien.

Ce recueil, du coup, est plus ou moins un recueil de poésie. Plus parce qu'il y a quand même cette volonté de jouer avec le langage, et moins parce que... parce que.

Le principe est de proposer quelque chose de spontané, tout le contraire de poèmes aux vers travaillés et retravaillés jusqu'à ce qu'ils atteignent la bonne longueur. Un peu comme l'écriture automatique expérimentée par les surréalistes au début du XXe siècle. Ici, disons que c'est semi-automatique. Il y a quand même une inspiration de base, concrète, derrière la plupart de ces textes. C'est dans l'exécution que ça part en roue libre, que la pensée ne s'embarrasse plus trop de filtre et que tout se fait assez naturellement.

L'exercice est très intéressant. En retirant le côté lent et très réfléchi de l'écriture « scénarisée », on obtient quelque chose de plus brut, comme un bloc de nouilles instantanées pas cuites... Enfin.

Ça n'a peut-être pas grand-sens à la lecture, parce que je n'explicite pas ce qui m'a inspirée (pourquoi pas si ça intéresse, éventuellement) et que j'écris ces poèmes désarticulés dans un état de fatigue, mais bon. J'espère que ce n'est pas trop mauvais.

Bonne lecture !